dimanche 28 août 2016

Le Dictionnaire Infernal de AARON à CHASTETE

                                          PRÉFACE
L’immense réunion de matières, toutes adhérentes par quelque point, que comprend le Dictionnaire infernal, forme un tel pandémonium d’aberrations et de germes ou de causes d’erreurs, qui côtoient presque toujours la vérité, qu’il n’y a que l’Église, dont le flambeau ne pâlit jamais, qui puisse être, en ces excentricités, un guide sûr. Les ouvrages qui, avant ce livre, ont traité de ces matières si variées, et qui sont dans chaque spécialité extrêmement nombreux, ne sont généralement, à peu d’exceptions près, que d’indigestes amas d’idées extravagantes, ou d’incomplètes compilations, ou d’interminables discussions désordonnées, ou de mauvais livres dans tous les sens de ce mot. Le lecteur qui veut un peu connaître ce mystérieux dédale des croyances faussés ou dénaturées, et faire la collection des ouvrages rares et recherchés, mais très-peu lus, dont elles sont le sujet, doit, pour cela, dépenser de grandes sommes, consacrer des années à ces recherches, et hasarder sa foi en plusieurs cas. Tous ces frais, toute cette peine et ce péril seront épargnés par cette nouvelle édition du Dictionnaire infernal.
Nous disons « cette nouvelle édition, » parce que, dans les deux premières, publiées en 1818 et en 1825, l’auteur, en combattant l’énorme phalange des erreurs populaires et des impostures mystérieuses, est tombé lui-même dans des égarements non moins funestes. Il cherchait alors la vérité hors de son centre ; au lieu de s’appuyer sûr l’Église, où elle siège toujours inaltérable, il s’était ébloui aux lueurs d’une philosophie orgueilleuse et sans autorité, dont les enseignements pris d’en bas égareront longtemps encore les esprits frivoles. Entraîné là trop longtemps, il eut, en 1841, l’insigne bonheur de sortir des steppes où la lumière lui manquait et de la retrouver dans les seules doctrines où elle est indéfectible et toujours sûre. Il a donc entièrement refondu ses travaux, en reconnaissant que les superstitions, les folles croyances, les sciences et les pratiques occultes, insurrections plus ou moins tacites contre la religion, ne sont venues que des déserteurs de la foi, ou par l’hérésie, ou par le schisme, ou par des voies moins déterminées ;
Tout homme qui étudiera l’histoire avec des intentions droites reconnaîtra que l’Église a constamment lutté contre les superstitions et les fourberies infernales ; qu’elle n’a jamais cessé de répandre la lumière sur les fausses croyances, sur les folles terreurs et sur les pratiques périlleuses des docteurs en sciences secrètes.
Pour ne citer que quelques témoignages, saint Augustin dit que les superstitions sont l’opprobre du genre humain. Origène les condamne avec plus de force que les encyclopédistes, et surtout avec plus de poids. Le pape Léon X notait d’infamie ceux qui se livraient aux divinations et autres pratiques superstitieuses. Le quatrième concile de Carthage les exclut de l’assemblée des fidèles. Le concile provincial tenu à Toulouse en 1590 ordonne aux confesseurs et aux prédicateurs de déraciner, par de fréquentes exhortations et par des raisons solides, les pratiques superstitieuses que l’ignorance a introduites dans la religion. Le concile de Trente, après avoir condamné ces diverses erreurs, enjoint formellement aux évêques de défendre aux fidèles tout ce qui peut les porter à la superstition et scandaliser le prochain.
Nous réunirions au besoin mille témoignages pareils. Contentons-nous d’ajouter, sans craindre un démenti de quelque poids, que l’Église a seule les moyens et les grâces nécessaires pour dissiper ces égarements si souvent dangereux et toujours abominables.
Ce qui peut-être n’a pas été remarqué suffisamment au milieu des clameurs intéressées des philosophes, c’est que les seuls hommes qui vivent exempts de superstitions sont les fidèles enfants de l’Église, parce qu’eux seuls possèdent la vérité. Les douteurs, au contraire, semblent tous justifier cette grande parole, que ceux qui se séparent de Dieu ont l’esprit fourvoyé ; car, parmi eux, les plus incrédules sont aussi les plus superstitieux. Ils repoussent les dogmes révélés, et ils croient aux revenants ; ils ont peur du nombre 13 ; ils ont un préjugé contre le vendredi ; ils recherchent l’explication des songes ; ils consultent les tireuses de cartes ; ils étudient l’avenir dans des combinaisons de chiffres ; ils redoutent les présages. On a cité un savant de nos jours qui poursuit l’élixir de vie ; un mathématicien célèbre qui croit les éléments peuplés, par les essences cabalistiques ; un philosophe qui né sait pas s’il croit à Dieu et qui exécute les cérémonies du grimoire pour faire venir le diable.
Ce livre donc reproduit les aspects les plus étranges des évolutions de l’esprit humain ; il expose tout ce qui concerne les esprits, lutins, fées, génies, démons, spectres et fantômes, les sorciers et leurs maléfices,’les prestiges des charmeurs, la nomenclature et les fonctions des démons et des magiciens, les traditions superstitieuses, les récits de faits surnaturels, les contes, populaires. Il ouvre les cent portes fantastiques de l’avenir, par la définition claire des divinations, depuis la chiromancie des bohémiens jusqu’à l’art de prédire par le marc de café ou le jeu de cartes. L’astrologie, l’alchimie, la cabale, la phrénologie, le magnétisme, ont leur place en des notices qui résument par quelques pages de longs et lourds in-folio. Enfin, le spiritisme, les tables parlantes et les progrès du magnétisme se trouvent dans ces pages. Depuis quarante-cinq ans, l’auteur n’a cessé d’agrandir ce patient travail, en poursuivant ses recherches dans des milliers de volumes. Avant lui, personne n’avait songé à réunir en un seul corps d’ouvrage toutes les variétés que rassemble le Dictionnaire infernal ; et nul ne peut nier l’utilité de cette entreprise.
Les superstitions et les erreurs ont toujours pour fondement une vérité obscurcie, altérée ou trahie ; les éclairer, c’est les combattre. Si on les groupe, elles font saillie, et leurs difformités se révèlent. Ainsi, peu à peu, on produit la lumière dans ces pauvres intelligences qui refusent de s’élever jusqu’aux mystères sublimes de la foi, et qui s’abaissent à croire fermement les plus grossières impostures. On donne aussi des armes aux amis de la vérité, pour confondre les déceptions auxquelles se soumettent des esprits qui se croient supérieurs, parce qu’ils ne sentent pas leur faiblesse.
Par-dessus ces avantages, on a voulu satisfaire le goût de notre époque, qui exige des lectures piquantes, et, les sujets aidant, on a pu lui offrir très-fréquemment ces excentricités, ces singularités, cet imprévu et ces émotions dont il est si avide.
L’auteur de cette sixième édition, en la revoyant avec grand soin, l’a augmentée de 800 articles ; et l’éditeur l’a illustrée de 550 gravures, parmi lesquelles 72 portraits de démons, dessinés, d’après les documents de Wierus et des plus curieux démonographes, par M. L. Breton.
                                                                A
Aaron, magicien du Bas-Empire, qui vivait du temps de l’empereur Manuel Comnène. On conte qu’il possédait les Clavicules de Salomon, qu’au moyen de ce livre il avait h ses ordres des logions de démons et se mêlait de nécromancie. On lui fit crever les yeux ; après quoi on lui coupa la langue, et ce ne fut pas là une victime de quelque fanatisme ; on le condamna comme bandit : on avait trouvé chez lui, entre autres abominations, un cadavre qui avait les pieds enchaînés et le cœur percé d’un clou. (Nicétas, Annales, liv. IV.)
Abaddon, le destructeur ; chef des démons de la septième hiérarchie. C’est quelquefois le nom de l’ange exterminateur dans l’Apocalypse.
Abadie (Jeannette d’), jeune fille du village de Siboure ou Siboro, en Gascogne. Delancre ; dans son Tableau de l’inconstance des démons, raconte que Jeannette d’Abadie, dormant, un dimanche (le 13 septembre 1609), pendant la sainte messe, un démon profita du moment et remporta au sabbat (quoiqu’on ne fît le sabbat ni le dimanche ni aux heures des saints offices, temps où les démons ont peu de joie). Elle trouva au sabbat grande compagnie, vit que celui qui présidait avait à la tête deux visages, comme Janus, remarqua des crapauds royalement vêtus et très-honorés, et fut scandalisée des débauches auxquelles se livraient les sorcières. Du reste, elle ne fit rien de criminel et fut remise h son logis par le même moyen de transport qui l’avait emmenée. Elle se réveilla alors et ramassa une petite relique que le diable avait eu la précaution d’ôter de son cou avant de l’emporter, II paraît que le bon curé a qui elle confessa son aventure lui fit comprendre en vain les dangers qu’elle avait courus ; elle retourna au sabbat et y fit sans scrupule tout ce que Satan ou ses représentants lui conseillaient de faire, se disant à elle-même qu’en faisant le mal prescrit elle n’en était pas responsable.
Abalam, prince de l’enfer, très-peu connu. Il est de la suite de Paymon
Abano est un philosophe, astrologue et médecin, né dans le village d'Abano ou Apono près de Padoue, en 1250. C'était le plus habile magicien de son temps, disent les démonomanes. Il s'acquit la connaissance des sept arts libéraux, par le moyen de sept esprits familiers qu'il tenait enfermés dans des bouteilles ou dans des boîtes de cristal. Il avait, de plus, l'industrie de faire revenir dans sa bourse tout l'argent qu'il avait dépensé.
Il fut poursuivi comme hérétique et magicien. Et s'il eût vécu jusqu'à la fin du procès, il y a beaucoup d'apparence qu'il eût été brûlé vivant, comme il le fut en effigie après sa mort. Il mourut à l'âge de 70 ans.
Cet homme avait, dit-on, une telle antipathie pour le lait, qu'il n'en pouvait sentir le goût ni l'odeur. Thomazo Garsoni dit, entre autres contes merveilleux sur Pierre d'Apone, que, n'ayant point de puits dans sa maison, il commanda au diable de porter dans la rue le puits de son voisin, parce qu'il refusait de l'eau à sa servante. Malheureusement pour ces belles histoires, il paraît prouvé que Pierre d'Apone était une sorte d'esprit fort qui ne croyait pas aux démons.
Les amateurs de livres superstitieux recherchent sa Géomancie. Mais ne lui attribuons pas un petit livre qu'on met sur son compte et dont voici le titre: Les œuvres magiques de Henri-Corneille Agrippa, par Pierre d'Aban, latin et français, avec des secrets occultes, réimprimé en 1788.
On dit dans ce livre que Pierre d'Aban était disciple d'Agrippa. La partie principale est intitulée Heptaméron, ou les Eléments magiques. On y trouve les sûrs moyens d'évoquer les esprits et de faire venir le diable. Pour cela il faut faire trois cercles l'un dans l'autre, dont le plus grand ait neuf pieds de circonférence, et se tenir dans le plus petit, où l'on écrit les noms des anges qui président à l'heure, au jour, au mois, à la saison, etc.
Abaris, grand prêtre d’Apollon, qui lui donna une flèche d’or sur laquelle il chevauchait par les airs avec la rapidité d’un oiseau ; ce qui a fait que les Grecs l’ont appelé l’Acrobate. Il fat, dit-on, maître de Pythagore, qui lui vola sa flèche, dans laquelle on doit voir quelque allégorie. On ajoute qu’Abaris prédisait l’avenir, qu’il apaisait, les orages, qu’il chassait là peste ; on conte même que, par ses sciences magiques, il avait trouvé l’art de vivre sans boire ni manger. Avec les os de Pélops, il fabriqua une figure de Minerve, qu’il vendit aux Troyens comme un talisman ; descendu du ciel : c’est le Palladium qui avait la réputation de rendre imprenable là ville où il se trouvait.
Abdeel (Abraham), appelé communément Schoenewald (Beauchamp), prédicateur à Custrin, dans la Marche de Brandebourg, fit imprimer à Than, en 1572, le Livre de la parole cachetée, dans lequel il a fait des calculs pour trouver qui est l’Antéchrist et à quelle époque il doit paraître. Cette méthode consisté à prendre au hasard un passage du prophète Daniel ou de l’Apocalypse et à donner à chaque lettre, depuis a jusqu’à z, sa valeur numérique. A vaut 1, b vaut 2, c vaut 3, et ainsi de suite. Abdeel déclare que l’Antéchrist est le pape Léon X. Il trouve de la même manière les noms des trois anges par lesquels l’Antéchrist doit être découvert. Ces trois anges sont Huss, Luther et un certain Noé qui nous est inconnu.
Abd-el-Azys, astrologue arabe du dixième siècle, plus connu en Europe sous le nom d’Alchabitius. Son Traité d’astrologie judiciaire a été traduit en latin par Jean de Séville (Hispalensis), L’édition la plus recherchée de ce livre : Alchabitius, cum commento, est celle de Venise, 1503, in-4° de 140 pages.
Abélard, Abailard, ou encore Abeilard (Abaelardus en latin), Pierre alias Petrus en religion (né en 1079 au Pallet près de Nantes - mort le 21 avril 1142, au prieuré Saint-Marcel près de Chalons-sur-Saône) est un philosophe, dialecticien et théologien chrétien, père de la scolastique et inventeur du conceptualisme.
Né dans une famille de souche poitevine établie dans le duché de Bretagne, il a été abbé du Rhuys mais a exercé principalement dans le domaine royal (Ile-de-France actuelle), d'où sa renommée à travers tout l'Occident, comme professeur appointé par des familles aristocratiques et comme compositeur de chansons pour goliards, a été un phénomène social du début du XIIe siècle qui aboutira à l'extension du statut de clerc au corps enseignant et étudiant.
Auteur latin, entre autres, de Oui et non (la), qui a été le premier ouvrage à être diffusé, de son vivant, à un large public non spécialisé, il est un des principaux acteurs du renouveau des arts du langage au sortir d'un Haut Moyen Âge carolingien entrant dans la réforme grégorienne. Il initie au sein des écoles cathédrales les études aristotéliciennes et fonde en 1110 à Sainte Geneviève le premier collège qui, préfigurant l'Université, échappe à l'autorité épiscopale. Il se fait moine en 1119 à Saint-Denis mais voit en 1121 au concile de Soissons son cours Théologie du souverain bien dénoncé pour sabellianisme et livré à un autodafé. En 1125, son traité d'éthique Connais-toi toi-même inaugure le droit moderne en fondant la notion de culpabilité non plus sur l'acte commis mais sur l'intention. Apologiste de la femme et partisan de l'éducation de celle-ci, il fonde en 1131 en Champagne la première abbaye qui suive une règle spécifiquement féminine, le Paraclet, refuge de femmes savantes pour lesquelles il produit un important corpus de musique liturgique. En 1140, sa Théologie pour les étudiants fait l'objet d'une seconde condamnation pour hérésie au concile de Sens.
Instrument de propagande au gré des disgrâces du second personnage de l'état, le Chancelier Etienne de Garlande, Abélard, protégé du rival des Capétiens, le comte de Champagne Thibault, a été un objet de gloire et de scandale, plus encore à l'occasion d'un fait divers, la castration dont il a été victime en 1117 et qui a motivé la rédaction de la première autobiographie où le récit subjectif et le romanesque l'emportent sur le didactique et l'édification, Histoire de mes malheurs. Sa liaison initiée en 1113 avec celle qui deviendra la mère de son fils Astralabe, Heloïse, annonçant le modèle de l'amour courtois, est devenue un mythe fondateur de l'amour libre et les lettres échangées par le couple, Lettres des deux amants et Lettres d'Abélard et d'Héloïse, un monument de la littérature où la liberté du propos intime est servie par un style moderne. Le 16 juin 1817, les restes de la nonne amoureuse et de son époux moine sont transférés au cimetière du Père-Lachaise, où leur mausolée se visite (division 7).
Il est plus célèbre aujourd’hui par ses tragiques désordres que par ses ouvrages théologiques, dont les dangereuses erreurs lui attirèrent justement les censures de saint Bernard. Il mourut en 1142. Vingt ans après, Héloïse ayant été ensevelie dans la même tombe, on conte (mais c’est un pur conte) qu’à son approche la cendre froide d’Abeilard se réchauffa tout à coup, et qu’il étendit les bras pour recevoir celle qui avait été sa femme. Leurs restes étaient au Paraclet, dans une précieuse tombe gothique que l’on a transportée à Paris en 1799, et qui est présentement au cimetière du Père-Lachaise.
Abeilles. C’était l’opinion de quelques démonographes que si une sorcière, avant d’être prise, avait mangé la reine d’un essaim d’abeilles, ce cordial lui donnait la force de supporter la torture sans confesser  ; mais cette découverte n’a pas fait principe.
Dans certains cantons de la Bretagne, on prétend que lès abeilles sont sensibles aux plaisirs comme aux peines de leurs maîtres, et qu’elles ne réussissent point, si on néglige de leur faire part des événements qui intéressent la maison. Ceux qui ont cette croyance ne manquent pas d’attacher à leurs ruches un morceau d’étoffe noire lorsqu’il y a une mort chez eux, et un morceau d’étoffe rouge lorsqu’il y a un mariage ou toute autre féte.
Les Circassiens, dans leur religion mêlée de christianisme, de mahométisme et d’idolâtrie, honorent la Mère de Dieu sous le nom de Mérième ou de Melissa. Ils la regardent comme la patronne des abeilles, dont elle sauva la race en conservant dans sa manche une de leurs reines, un jour que le tonnerre menaçait d’exterminer tous les insectes. Les revenus que les Circassiens tirent de leurs ruches expliquent leur reconnaissance pour le bienfait qui les leur a préservées.
Solin a écrit que les abeilles ne peuvent pas vivre en Irlande ; que celles qu’on y amène y meurent tout à coup ; et que si l’on porte de la terre de cette île dans un autre pays et qu’on la répande autour des ruches, les, abeilles sont forcées d’abandonner la place, parce que cette terre leur est mortelle. On lit la même chose dans les Origines d’Isidore. « Faut-il examiner, ajoute le père Lebrun dans son Histoire critique des superstitions, d’où peut venir cette malignité de la terre d’Irlande ? Non, car il suffit de dire que c’est une bourde, et qu’on trouve en Irlande beaucoup d’abeilles. »
Abel , est un personnage de la Genèse (premier livre de la Bible) et du Coran. Il est le deuxième fils d'Adam et Eve. Son frère aîné, Caïn, le tue par jalousie car Dieu a préféré l'offrande de son cadet à la sienne.
fils d’Adam. Des docteurs musulmans disent qu’il avait quarante-huit pieds de haut. Il se peut qu’ils aient raisonné d’après un tertre long de cinquante-cinq pieds, que l’on montre auprès de Damas, et qu’on nomme la tombe d’Abel.
Les rabbins ont écrit beaucoup sur Abel. Ils lui attribuent un livre d’astrologie judiciaire qui lui aurait été révélé et qu’il aurait renfermé dans une pierre. Après le déluge, Hermès-Tri smegiste le trouva : il y apprit l’art de faire des talismans sous l’influence des constellations. Ce livre est intitulé Liber de virtutibus planetarum et de omnibus rerum mundanarum virtutibus. Voy. le traité De essentiis essentiarum, qu’on décore faussement du nom de saint Thomas d’Aquin, pars IV, cap. ii. Voy. les Légendes de l’Ancien Testament.
Abel de la Rue, dit le Casseur, savetier et mauvais coquin qui fut arrêté, en 1582, à Coulommiers, et brûlé comme sorcier, magicien, noueur d’aiguillettes, et principalement comme voleur et meurtrier.
Aben-Ezra, fameux rabbin d’Espagne (dont le nom propre étoit Abraham) a mérité d’être surnommé le Sage par les Hébreux ses compatriotes. Il a composé de très-bons livres sur l’écriture, sur la grammaire, l’arithmétique, l’astronomie, & sur plusieurs autres sujets. Son style est fort concis, ce qui a donné occasion de faire quelques livres nommés Biurim ou Eclaircissemens, pour expliquer ses commentaires sur l’écriture. Ces commentaires ont été imprimés dans les grandes bibles de Venise & de Basle : & ceux qui en ont lu quelques exemplaires manuscrits, ont observé qu’il y a beaucoup de fautes dans les imprimés. Ses livres de grammaire ont été imprimés à Venise en 1546, avec ceux de quelques autres grammairiens. Le olus rare des livres d’Aben-Ezra, qui a aussi été imprimé a Venise, est intitulé, Jesud mora, c’est-à-dire, le fondement de la crainte. Buxtorf témoigne ne l’avoir jamais vu ; mais le pere Morin & M. Simon en ont vu des exemplaires manuscrits. Ce dernier dit que ce n’est point un livre de grammaire, comme Buxtorf l’a cru ; mais plutôt un livre de théologie, dont le but est d’exhorter à l’étude du Talmud. Ce rabbin vivoit dans le XII siécle, & mourut à Rhodes l’an 1174, âgé de soixante & quinze ans. On transporta ses os dans la terre-sainte. Il étoit excellent philosophe, astronome, médecin, poëte, cabaliste & interpréte de l’écriture. Ses commentaires sur la bible sont fort estimés. Il y avance néanmoins quelques sentimens que les critiques n’approuvent point ; il prétend que Moïse ne passa pas au travers de la mer Rouge, mais qu’il y fit un cercle pendant que l’eau étoit basse, afin que Pharaon fût submergé. Il n’est pas difficile de voir que cette conjecture n’a aucun fondement dans l’écriture, & qu’elle est contraire aux termes dont Moïse s’est servi pour rapporter ce miracle. * Genebrard. in chron. Sixt. Senn. bibliot. sacr. l. 4. Buxtorf de abb. Elv. M. Simon, hist. critiq. le P. Morin, exerc. bibl. Nouvelle histoire des Juifs, ou suite de Joseph, depuis J.C. jusqu’à présent.
Aben-Ragel, astrologue arabe, né à Cordoue au commencement du cinquième siècle. Il a laissé un livre d’horoscopes, d’après l’inspection des étoiles, traduit en latin sous le titre De judiciis seu fatis stellarum, Venise, 1485 ; rare. On dit que ses prédictions, quand il en faisait, se distinguaient par une certitude très-estimable.
Abigor, Eligos ou Eligor,  est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques. Le Lemegeton le mentionne en 15e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Eligos est un grand duc de la monarchie infernale. Il se montre sous la forme d'un beau cavalier, portant la lance, l'étendard et un serpent. Il connaît l'avenir et est un spécialiste des secrets de la guerre. Il enseigne comment les soldats devraient s'affronter. Il permet d'obtenir l'amour des seigneurs et des grands de ce monde. Il gouverne 60 légions infernales. La Pseudomonarchia Daemonum le mentionne en 12e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires.
Abominations, voir SABBAT
Abou-Ryhan, autrement appelé Mohammed-ben-Ahmed, astrologue arabe, mort en 330. Il passe pour avoir possédé à un haut degré le don de prédire les choses futures. On lui doit une introduction a l’astrologie judiciaire.
Aboyeurs. Il y a en Bretagne et dans quelques autres contrées des hommes et des femmes affectés d’un certain délire inexpliqué, pendant lequel ils aboient absolument comme des chiens. Quelques-uns parlent à travers leurs aboiements, d’autres aboient et ne parlent plus. Le docteur Champouillon a essayé d’expliquer ce terrible phénomène, en l’attribuant aux suites d’une frayeur violente. Il cite un jeune conscrit de la classe de 1853 qui, appelé devant le conseil de révision, réclama son exemption pour cause d’aboiement ; il racontait qu’étant mousse à bord d’un caboteur, il avait été précipité à la mer par un coup de vent ; l’épouvante l’avait frappé d’un tel anéantissement, qu’il n’en était sorti que pour subir des suffocations qui l’empêchèrent de parler pendant une semaine. Lorsque la parole lui revint, elle s’entrecoupa à chaque phrase de cris véhéments, remplacés bientôt par des aboiements saccadés qui duraient quelques secondes. Ces spasmes furent reconnus bien réels, et le conscrit fut réformé.
Mais il y a en Bretagne des aboyeuses qui apportent en naissant cette affreuse infirmité implantée dans quelques familles. Les bonnes gens voient là un maléfice, et nous ne savons comment, expliquer une si triste misère.
Nous pourrions citer un homme qui, dans l’agonie qui précéda sa mort, agonie qui dura trois jours, ne s’exprima que par des aboiements et ne put retrouver d’autre langage. Mais celui-là, dans la profanation des églises, en 1793, avait enfermé son chien dans un tabernacle.
Nous connaissons aussi une famille où le père et la mère devenus muets, nous ne savons par quelle cause ni pour quelle cause, n’ont que des enfants muets. Ainsi les frères et les sœurs ne poussent que des cris inarticulés et ne s’entendent pas autrement pour les plus urgents besoins de la vie.
Abracadabra est, traditionnellement, la formule prononcée lorsque se produit quelque chose de magique.
C'est à la fois une formule magique et rituelle performative, une incantation et un mot mystique. Il est utilisé afin d'invoquer par la magie des esprits bénéfiques pour être protégé ou guéri des maladies. Cette expression est aussi utilisée par les magiciens modernes lorsqu'ils prétendent invoquer des puissances paranormales ou surnaturelles pour contribuer à leurs illusions.
Plusieurs étymologies d'origines orientales ou moyen-orientales sont attestées. Elle peut venir d'une transformation de l'araméen « adhadda kedhabhra » qui veut dire « que la chose soit détruite », ou « évra kedebra » qui veut dire « je créerai d'après mes paroles. ». Elle pourrait provenir de l'hébreu « Ha brakha dabra » (« הברכה דברה »), qui signifie « la bénédiction a parlé », ou « Abreg ad Hâbra », « envoie ta foudre jusqu'à la mort ».
Autre étymologie, défendue notamment par le Robert historique de la langue française, la formule, attestée en latin tardif, serait empruntée au grec. Elle proviendrait du nom d'Abraxas, dieu intermédiaire dans le système gnostique de Basilide (mort en 130). Ces mots grecs ont été expliqués par E. Katz comme des lectures en boustrophédon (écriture continue de gauche à droite puis de droite à gauche) d'une formule hébraïque arba (quatre), dâk (du verbe « casser ») arba, c’est-à-dire « le quatre (cryptogramme pour le Tout-Puissant ainsi qu'important symbole pythagoricien) anéantit les quatre (éléments) » .
Son usage est répandu dans la gnose et la pensée pythagoricienne ésotérique. Déclinée jusqu'à sa dernière lettre par ordre rétrograde sous forme triangulaire, elle passe pour un puissant talisman. C'est ainsi qu'on la trouve dans ses premières occurrences écrites datée du IIe siècle. Dans le poème de l'érudit romain Serenus Sammonicus, De Medicina Praecepta, il est prescrit à toute personne atteinte de fièvre hémitritée ou demi-tierce de porter une amulette ou un phylactère contenant le mot écrit sous la forme d'un cône inversé. On retrouve la trace de cette formule dans les contes rapportant la fabrication d'un Golem. En façonnant une forme de vie à partir d'argile, l'homme se place dans la position de Dieu au moment de la création de l'univers mais dépourvu du souffle divin, il doit se contenter d'utiliser la puissance de la langue de la création. Le rabbin trace les lettres du mot Vérité (aleph-mem-tav) sur le front de la créature et prononce la formule magique. Cependant, cela ne suffit jamais et la créature finit par se retourner contre ceux qui l'ont créée. L'effacement de la lettre aleph donne Mort (mem-tav) et met fin à l'enchantement. Enfin, selon la tradition biblique, il faudrait en fait utiliser la formule « abra-ka-amra », « il a crée comme il a dit".
ABRACADABRA
ABRACADABR
ABRACADAB
ABRACADA
ABRACAD
ABRACA
ABRAC
ABRA
ABR
AB
A
Abraxas (grec : Αβραξας), Abrasax, ou encore Abracax, est un terme gnostique, utilisé notamment par Basilide, qui désigne les 365 émanations du dieu suprême. Ce serait en effet une transcription altérée d'un cryptogramme d'origine hébraïque, dont l'interprétation isopséphique renvoie à 365. Le terme se retrouve gravé sur des amulettes ou des talismans qu'on appelle abraxas par métonymie. Pour les chrétiens orthodoxes le terme désigne un démon.
Selon Jacques Basnage, Abraxas tire son origine des Égyptiens, car on a trouvé un grand nombre d’amulettes sur lesquelles est représenté Harpocrate assis sur son lotus avec un fouet à la main, et le mot abrasax
.Ce serait un cryptogramme d'origine hébraïque, écrit initialement sur deux lignes ABRA / XAS, qui lues en boustrophédon hébraïque, font ARBA / XAS, c'est-à-dire : « Que Dieu (ARBA) protège (XAS) ».
Il apparaît sous la forme d'une chimère avec une tête de coq, des serpents à la place des pieds et un fouet à la main. D'autres prétendent qu'il se montre avec une tête de lion ou encore de roi portant une couronne.
Plusieurs interprétations du terme existent.
Les basilidiens, hérétiques du IIe siècle,, auraient utilisé le terme pour désigner l'ensemble des éons, émanations divines, sortes de génies ou anges, qui présidaient aux 365 cieux. D'autres interprètent le terme comme étant le dieu suprême, mais ce n'est pas conforme à la doctrine de Basilide.
Le terme abraxas composé de sept lettres fait référence dans le système gnostique aux sept planètes (et par extension aux sept archanges, aux sept péchés, aux sept jours, etc.) Décomposées selon le système grec de numérotation (A=1, B=2, R=100, X=60, S=200), puis additionnées, les sept lettres du terme donnent le nombre de jours du cycle annuel, soit 365. Par une logique semblable à celle de la Grande Année, il pourrait être le symbole de la totalité de la Création, du cosmos et de la Connaissance (gnosis).
Selon Saint Jérôme, Abraxas correspondrait au nom mystique et caché de Mithra ou du Soleil, dont la somme des lettres, en grec (αβραξας), donne le nombre 365 correspondant aux jours d'une année solaire.
Abraham. Tout le monde connaît l’histoire de ce saint patriarche, écrite dans les livres sacrés. Les rabbins et les musulmans l’ont chargée de beaucoup de traditions curieuses, que le lecteur peut trouver dans les Légendes de l’Ancien Testament.
Les Orientaux voient dans Abraham un savant astrologue et un homme puissant en prodiges. Suidas et Isidore lui attribuent l’invention de l’alphabet, qui est du à Adam. Voy. CADMUS.
Les rabbins font Abraham auteur d’un livre De l’explication des songes, livre que Joseph, disent-ils, avait étudié avant d’être vendu par ses frères. On met aussi sur son compte un ouvrage intitulé Jetzirah, ou la Création, que plusieurs disent écrit par le rabbin Akiba. Voy. ce nom. Les Arabes possèdent ce livre cabalistique, qui traite de l’origine du monde : ils l’appellent le Sepher. On dit que Vossius, qui raisonnait tout de travers là-dessus, s’étonnait de ne pas le voir dans les livres canoniques. Postel l’a traduit en latin : on l’a imprimé à-Paris en 1552 ; à Man loue en 1562, avec cinq commentaires ; à Amsterdam en 1642. On y trouve de la magie et de l’astrologie. — « C’est un ouvrage cabalistique très-ancien et très-célèbre, dit le docteur Rossi. Quelques-uns le croient composé par un écrivain antérieur au Talmud, dans lequel il en est fait mention. » — Le titre de l’ouvrage porte le nom d’Àbraham ; mais ajoutons qu’il y a aussi des opinions qui le croient écrit par Adam lui-même.
Abrahel, démon succube, connu par une aventure que raconte Nicolas Remy dans sa Démonolâtrie, et que voici ; — En l’année 1581, dans le village de Dalhem, au pays de Limbourg, un méchant pâtre, nommé Pierron, conçut un amour violent pour une jeune fille de son voisinage. Or cet homme mauvais était marié ; il avait même de sa femme un petit garçon. Un jour qu’il était occupé de la criminelle pensée de son amour, la jeune fille qu’il convoitait lui apparut dans la campagne : c’était un démon sous sa figure. Pierron lui découvrit sa passion ; la prétendue jeune fille promit d’y répondre, s’il se livrait à elle et s’il jurait de lui obéir en toutes choses. Le pâtre ne refusa rien, et son abominable amour fut accueilli. — Peu de temps après, la jeune fille, ou le démon qui se faisait appeler Abrahel par son adorateur, lui demanda, comme gage d’attachement, qu’il lui sacrifiât son fils. Le pâtre reçut une pomme qu’il devait faire manger à l’enfant ;
l’enfant, ayant mordu dans la pomme, tomba mort aussitôt. Le désespoir de la mère fit tant d’effet sur Pierron, qu’il courut à la recherche d’Abrahel pour en obtenir réconfort. Le démon promit de rendre la vie à l’enfant, si le père voulait lui demander cette grâce a genoux, en lui rendant le culte d’adoration qui n’est du qu’à Dieu. Le pâtre se mit à genoux, adora, et aussitôt l’enfant rouvrit les yeux. On le frictionna, on le réchauffa ; il recommença à marcher et à parler. Il était le-même qu’auparavant, mais plus maigre, plus hâve, plus défait, les yeux battus et enfoncés, les mouvements plus pesants. Au bout d’un an, le démon qui l’animait l’abandonna avec un grand bruit, et l’enfant tomba à la renverse…
Cette histoire décousue et Incomplète se termine par ces mots, dans la narration de Nicolas Remy : « Le corps de l’enfant, d’une puanteur insupportable, fut tiré avec un croc hors de la maison de son père et enterré dans un champ. » — Il n’est plus question du démon succube ni du pâtre.
Absalom ou Avshalom (אַבְשָׁלוֹם - Père/Chef de la paix ou Le père/chef est la paix) est un personnage biblique. Il est le troisième fils de David, roi d'Israël, et réputé pour être le plus bel homme du royaume. Son histoire est racontée dans le Deuxième livre de Samuel.
Un jour, Tamar, sœur d'Absalom, est violée par Amnon, qui est le fils aîné de David, et le demi-frère d'Absalom et de Tamar. Deux ans plus tard, Absalom fait tuer Amnon par des serviteurs, lors d'un festin auquel il a convié tous les fils du roi (2 Sam 13:18-28). Absalom s'enfuit alors auprès de son grand-père maternel, Talmaï, roi de Geshour (voir Josué 12:5 et 13:2), et n'est réadmis dans les faveurs de son père que trois ans plus tard.
Quatre ans plus tard, il fomenta une révolte à Hébron, l'ancienne capitale d'Israël. Absalom était à présent l'aîné des fils de David, et la narration dans les chapitres 15 à 20 (après la naissance de Salomon et avant les querelles entre Salomon et Adonias) suggère son ressentiment de n'être pas destiné à succéder à son père sur le trône.
Tout Israël et tout Juda vinrent grossir ses rangs, et David, ne pouvant compter que sur sa garde crétoise et quelques recrues de Gath, prit la fuite. Les prêtres étant restés à Jérusalem, deux d'entre eux, Jonathan et Ahimaaz, lui servirent d'espions. Absalom atteignit la capitale, et s'entretint avec Achitophel, prêtre réputé. La poursuite continua, et David dut se réfugier au-delà du Jourdain.
Une bataille se tint dans la « forêt d'Éphraïm » (une localité à l'ouest du Jourdain ?), où l'armée d'Absalom fut totalement mise en déroute. Lui-même, en fuyant, se prit les cheveux (qu'il portait longs) dans les branches d'un chêne. On a écrit bien des choses supposées à propos de sa chevelure. Lepellelier, dans sa dissertation sur la grandeur de l’arche de Noé, dit que toutes les fois qu’on coupait les cheveux d’Absalon, on lui en ôtait trente onces… Toutefois, David avait ordonné à ses hommes de faire preuve d'égards et de douceur à celui qui était son plus vieux fils vivant. En revanche, Joab, général du roi, était mû par des sentiments moins mesurés et, comme un soldat refusait de le faire pour mille shekalim, il transperça à 3 reprises le poitrail d'Absalom, qui se débattait toujours dans les branches.
En dépit de la victoire de ses troupes, David fut consumé de chagrin.:
Abstinence. On prétend, comme nous l’avons dit, qu’Abaris ne mangeait pas et que les magiciens habiles peuvent s’abstenir de manger et de boire.
Sans parler des jeûnes merveilleux dont il est fait mention dans la vie de quelques saints, Marie Pelet de Laval, femme du Hainaut, vécut trente-deux mois (du 6 novembre 1754 au 25 juin 1757) sans recevoir aucune nourriture, ni solide ni liquide. Anne Harley, d’Orival, près de Rouen, se soutint vingt-six ans en buvant seulement un peu de lait qu’elle vomissait quelques moments après l’avoir avalé. On citerait d’autres exemples.
Dans les idées dés Orientaux, les génies ne se nourrissent que de fumées odorantes qui ne produisent point de déjections.
Abundia, fée bienfaisante honorée en Thuringe comme protectrice. Elle visite les maisons, où elle mange et boit avec ses compagnes ce qu’on leur a préparé, mais sans que rien des mets soit diminué par elles. Elles soignent les étables ; et on a des marques de leur passage par des gouttes de leurs cierges de cire jaune, qu’on remarque sur la peau des animaux domestiques.
Acatriel, Dans la religion chrétienne, un démon est un esprit surnaturel, souvent un ange déchu et généralement malveillant. Il est souvent représenté comme une force qui peut être évitée ou contrôlée. Un démon est un mauvais esprit qui a le pouvoir de posséder un humain. Les démons sont les serviteurs de Satan.
Cependant, loin de cette vision judéo-chrétienne, pour d’autres les démons ne sont pas forcément mauvais.
Par exemple, dans la Kabbale, on trouve le mot « shedim » qui est un nom hébreu désignant les démons bienveillants. Et, toujours selon la Kabbale juive, Acatriel ou Akatriel, fait partie des shedim. C’est même l’un des trois princes des bons démons. C’est donc un démon qui apporte la bonne connaissance aux hommes et donne de l’imagination aux enfants. Parfois, il peut être l’ami imaginaire des enfants afin de leur faire comprendre des notions comme la peur, l’illusion, les tabous…
Dans la magie kabbalistique, Acatriel permet d’entrer en contact avec les anges et n’a donc aucune fonction maléfique. C’est pourquoi il est souvent invoqué dans des rituels de magies kabbalistiques.
Pour les démonologues, Acatriel est un puissant démon malveillant, même si certains disent qu’il peut être un démon familier.
On ne retrouve pas ce démon dans la liste des 72 démons du « Lemegeton et de la Goétie » de Samuel Mathers, ni dans la liste des 69 démons de la « Pseudomonarchia daemonum » de Jean Wier.
On trouve Acatriel dans la liste des 333 démons élaborée par Collin de Plancy. Ce dernier le considère comme un puissant démon, malveillant, mais parfois familier.
Il y a très peu de représentations de ce démon. Certains le voient avec des ailes noires tenant un livre, le livre de la connaissance.
Le pire que j’ai pu lire concernant Acatriel, dont on connaît très peu de choses, c’est de dire qu’il est Lucifer, car son nom donne le chiffre 666 par une méthode douteuse de numérologie. Et l’auteur continue en disant que donc, Acatriel/Lucifer est le jumeau de Jésus-Christ. Bon, là c’est un peu pousser le bouchon loin.
Dans tous les cas, malveillant ou pas, bon ou mauvais, Acatriel reste un démon. Et comme tout démon qui se respecte, il n’est pas bon de s’y frotter.
Acca Larentia est une obscure déesse chtonienne de Rome (que certains identifient à la déesse sabine Larenta ou Larunda).
Selon les légendes, Acca Larentia (ou Laurentia, ou même Larentina) est la femme du berger Faustulus, la nourrice de Romulus et Rémus et mère de douze enfants, en l'honneur desquels on aurait institué le collège des douze Frères Arvales. Selon Tite-Live, cette Acca Larentia est une prostituée surnommée Lupa, d'où l'allaitement légendaire de la Louve.
Selon Aulu-Gelle, Acca Larentia est simplement une prostituée que son commerce a enrichie et qui, à sa mort, lègue sa fortune à Romulus (ou au peuple romain).
Il existe ainsi une légende se rapportant à cette autre (?) Acca Larentia :
« Sous le règne de Romulus, ou bien celui d'Ancus Marcius, un jour de fête, le gardien du temple d'Hercule à Rome, invita le dieu lui-même à prendre part à un jeu de dés, à condition que le vainqueur fournirait à l'autre un repas et une belle fille. Le dieu accepta et gagna la partie ; le gardien lui offrit un repas dans le temple, et lui procura les faveurs de la plus belle fille de Rome, en ce temps-là, Acca Larentia. Lorsque Hercule la quitta, il lui conseilla, comme récompense, de se mettre au service du premier homme qu'elle rencontrerait. Cet homme fut un Etrusque, du nom de Tarutius, qui l'épousa. Tarutius était fort riche, et il ne tarda pas à mourir. Acca Larentia hérita de sa fortune, qui consistait en vaste domaines, voisins de Rome. Elle-même, à sa mort, les légua au peuple romain. Cette version de la légende a été évidemment inventée pour donner des titres juridiques à la possession de territoires revendiqués par Rome. Dans sa vieillesse, Acca Larentia disparut sans laisser de traces, au Vélabre, à l'endroit même où était enterrée l'autre Larentia, la femme de Faustulus. »
— Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine.
Accidents. Beaucoup d’accidents peu ordinaires, mais naturels, auraient passé autrefois pour des sortilèges. Voici ce qu’on lisait dans un journal de 1841 : — « Mademoiselle Adèle Mercier (des environs de Saint-Gilles), occupée il y a peu de jours a arracher dans un champ des feuilles de mûrier, fut piquée au bas du cou par une grosse mouche qui, selon toute probabilité, venait de sucer le cadavre putréfié de quelque animal, et qui déposa dans l’incision faite par son dard une ou quelques gouttelettes du suc morbifique dont elle s’était repue. La douleur, d’abord extrêmement vive, devint insupportable. Il fallut que mademoiselle Mercier fut reconduite chez elle et qu’elle se mît au lit. La partie piquée s’enfla prodigieusement en peu de temps : l’enflure gagna. Atteinte d’une fièvre algide qui acquit le caractère le plus violent, malgré tous les soins qui lui furent prodigués, et quoique sa piqûre eût été cautérisée et alcalisée, mademoiselle Mercier mourut le lendemain, dans les souffrances les plus atroces. »
Le Journal du Rhône racontait ce qui suit en juin 1841 : — « Un jeune paysan des environs de Bourgoin, qui voulait prendre un repas de cerises, commit l’imprudence, lundi dernier, de monter sur un cerisier que les chenilles avaient quitté après en-avoir dévoré toutes les feuilles. Il y avait vingt minutes qu’il satisfaisait son caprice ou son appélit, lorsque presque instantanément il se sentit atteint d’une violente inflammation à la gorge. Le malheureux descendit en poussant péniblement ce cri : J’étouffe ! J’étouffe ! Une demi-heure après il était mort. On suppose que les chenilles déposent dans cette saison sur les cerises qu’elles touchent une substance que l’œil distingué à peine ; mais qui n’en est pas moins un poison. C’est donc s’exposer que de manger ces fruits sans avoir pris la sage précaution de les laver. »
Accouchements. Chez les Grecs, les charmeuses retardaient un accouchement, un jour, une semaine et davantage ; en se tenant les jambes croisées ét lesdoigls entrelacés à la porte de la pauvre femme prise des douleurs de l’enfantement. Voy. AETITE.
Accouchements prodigieux. Torquemada, dans son Examéron, cité une femme qui mit au monde sept enfants à la fois, à Médina del Campo ; une autre femme de Salamanque qui en eut neuf d’une seule couche. Jean Pic de la Mirandole assure qu’une femme de son pays eut vingt enfants en deux grossesses, neuf dans l’une et onze dans l’autre. Voy. IRMENTRUDE, TRAZEGNIES, IMAGINATION. Torquemada parle aussi d’une Italienne qui milan inonde soixante-dix enfants a la fois ; puis il rapporte, comme à l’abri du doute, ce que conte Albert le Grand, qu’une allemande enfanta, d’une seule couche, cent cinquante enfants, tous enveloppés dans une pellicule, grands comme le petit doigt et très-bien formés.
Acham, démon que l’on conjure le jeudi. Voy. CONJURATIONS.
Acham n’apparaît pas dans la liste des 69 démons de la « Pseudomonarchia daemonum » de Jean Wier.
Ce démon n’apparaît pas non plus dans la liste des 72 démons du « Lemegeton et de la Goétie » de Samuel Mathers.
Par contre, Collin de Plancy le met dans sa liste de 333 démons. Le démonologue dit simplement qu’Acham est un démon que l’on conjure le jeudi. Conjurer veut dire que les sorciers peuvent l’appeler le jeudi.
Dans le livre ‟Grimorium Verum” de Joseph H. Peterson, Acham est nommé. L’auteur dit de ce démon qu’il préside le jeudi.
Dans le grimoire du pape Honorius, Acham est aussi le démon qui préside le jeudi.
Dans le livre ‟Le Prince de ce monde : Précis de démonologie occidentale et dictionnaire des démons” écrit par Anubis et Nahéma-Nephthys et publié aux éditions Jourdan, Acham est aussi appelé Silcharde.
Ce livre nous dit qu’Acham est le démon du jeudi et qu’il est lié à la planète Jupiter. Il nous dresse un portrait de ce démon que je vous donne :
  • Les fonctions magiques du démon :
Acham préside à tout travail de réussite, de gloire, de victoire et de renommée. Il donne de l’argent inattendu, donne la réussite sociale, facilite les issues heureuses des procès et des litiges officiels, calme les ennemis et peut faire le bien comme le mal.
Je précise que le livre écrit par Anubis et Nahéma-Nephthys est un livre de sorciers qui sert à invoquer des démons. Je ne le conseille pas. Sachez que si l’on invoque un démon, il y aura toujours un prix à payer. Si Acham vous donne la gloire ou de l’argent, il vous retira autre chose, et vous serez certainement malheureux. L’argent ne fait pas le bonheur.
Les fonctions de visualisations
Acham apparaît sous la forme d’un homme vêtu de bleu, armé d’une épée à la peau rouge et chevauchant un cerf. Il surgit aussi sous l’apparence d’une belle jeune femme à la peau rouge et couronnée de laurier. On le voit comme un roi couronné, vêtu de bleu et marchant avec orgueil, suivit d’un petit démon qui porte sa traîne et sa cape.
Tantôt apparaissant comme un roi, tantôt comme une reine, Acham serait-il un démon androgyne ? Je plaisante bien sûr, car il faut savoir que si son apparence diffère ainsi c’est pour mieux tromper les hommes. Il apparaît comme nous voulons qu’il apparaisse.
Ses fonctions magiques
Acham se conjure le jeudi et on lui fera offrande d’un morceau de pain. On l’invoque entre 3 h et 4 h du matin (heure solaire) ou à la 3e heure nocturne. Le démon comprend pourquoi on l’appelle, puisque le jeudi est le jour de Jupiter, dieu du tonnerre et de la foudre. Acham possède une conjuration spécifique. Il a le mérite de donner des résultats durables, bien que son action soit lente à démarrer.
Chers lecteurs, je ne vous donnerai pas la formule de conjuration, car vous savez déjà mon opinion sur ce sujet. Dans ce paragraphe, les auteurs nous disent que ce démon peut donner, mais que reçoit-il en échange ? Bref, il n’est pas bon d’appeler, de conjurer un démon. En plus, faut lui donner du pain ! Ce n’est pas risible ça ? Vous croyez vraiment qu’un démon se contente d’un morceau de pain ? Moi, personnellement, j’en doute.
Achamoth, esprit, ange ou éon du sexe féminin, mère de Jéhovah, dans les stupides doctrines des valentiniens.
Acharai-Rioho, chef des enfers chez les Yakouts. Voy. MANG-TAAR
L’Achéron (en grec ancien : Αχέρων ; latin : Achĕrōn / Achĕruns) est un fleuve côtier d'Epire, en Grèce. Il se jette dans la mer Ionienne à huit kilomètres de Parga, dans la baie de Phanari (« du fanal »). Son nom moderne est Acherontas (grec : Αχέροντας), Phanariotikos (Φαναριώτικος), Mavropotamos (Μαυροπόταμος, « fleuve obscur / noir ») ou fleuve de Kamariotis (Καμαριώτικο ποτάμι).
Dans l'Antiquité, il remplissait le lac Achérousia au nord de l'actuelle Préveza, progressivement transformé en marais (Acherousia 'Elos : marais achérontiques) puis asséché dans les années 1930.
Dans la mythologie grecque, l'Achéron est une branche de la rivière souterraine du Styx, sur laquelle Charon transportait en barque les âmes des défunts vers les Enfers. Il reçoit deux affluents en sens contraire : le Cocyte et le Phlégéthon.
Dieu fleuve, il est fils d'Hélios (le Soleil) et de Gaïa (la Terre) et est marié à la nymphe Orphné. Il est le père d'Ascalaphe.
Zeus le précipita aux Enfers pour avoir étanché la soif des Titans. Charon manœuvre sa barque sur l'Achéron qui charrie d'énormes blocs de rochers.
Achérusie ou Achérusia, dans la mythologie grecque, (en grec Αχερουσια λιμνη ou Αχερουσις était le nom donné à des lacs ou des marais, ayant été, comme l'Achéron, connectés aux enfers. 
Le lac d’où découlerait cette croyance est le lac Achérusia du Nome de Thesprotie, à travers lequel coulait l'Achéron. Parmi les autres lacs et marais du même nom et portant la même croyance, on peut citer le lac d'Hermione, un autre situé près d'Héraclès du Pont, un autre encore entre Cumes et Misène et un dernier près de Memphis (Égypte).
Le terme Achérusia a part la suite désigné lui même les enfers.
Achguaya-Xerac. Voy. Guayotta.
Achmet fils de Sereim (en grec Άχμὲτ υἱὸς Σερείμ, en latin Achmet Sereimi filius) est le nom fictif de l'auteur du plus long des huit traités byzantins d'oniromancie qui nous sont parvenus.
L'auteur se présente comme le fils de l'interprète des songes du calife al-Mamun (règne. 813 - 833), et laisse entendre qu'il exerce la même fonction auprès d'un « maître » (δεσπότης) qu'il ne nomme pas. Il prétend s'être inspiré des plus grandes autorités de son art : Syrbachan, qui l'exerça auprès d'un roi indien, Baran, au service du roi de Perse Saanisan, Tarphan, qui officia auprès d'un pharaon d'Égypte. L'Inde, la Perse et l'Égypte sont donc les trois références mythiques.
Ce discours est un artifice littéraire : le nom d'auteur est emprunté à Muhammad Abu Bakr ibn Sirin (v. 650 - v. 730), secrétaire d'Anas ibn Malik, considéré chez les musulmans comme un grand interprète de songes, et à qui la tradition attribue des traités d'oniromancie. Ce personnage a donc vécu bien avant l'époque du calife al-Mamun. En fait, l'auteur de l'ouvrage byzantin est clairement un chrétien hellénophone de Constantinople.
Cependant l'artifice n'est pas purement gratuit : l'oniromancie était une spécialité du monde arabo-musulman, et les comparaisons entre le traité byzantin et les ouvrages arabes antérieurs ou contemporains révèlent des analogies frappantes : notamment avec le Muntahab al-Kalam (l'un des textes arabes anciens les plus importants sur le sujet, attribué traditionnellement, mais faussement, à Ibn-Sirin), avec le traité d'interprétation des songes par les astres placé par l'Occident médiéval sous le nom d'« Aboumazar » (c'est-à-dire Abou Ma'shar al-Balkhî), avec le Ta'bīr al-Ru'yā d'Ibn Qoutayba, avec le traité d'Ibn Shahin al-Zahiri (un Égyptien du IXe siècle), etc. En fait, l'Oneirocriticon d'Achmet apparaît comme une adaptation pour un public byzantin et chrétien de ce matériel arabo-musulman.
Une référence encore plus présente est bien sûr l'Oneirocriticon d'Artémidore de Daldis : même principes d'interprétation, cas de songes évoqués assez proches. En fait cet ouvrage antique, traduit à
Bagdad au IXe siècle par Hunayn ibn Ishaq, était une référence commune aux Arabes et aux Byzantins. Le traité d'Achmet doit également beaucoup à la tradition byzantine des textes appelés Songes de Daniel : les interprétations communes de songes sont très nombreuses avec les textes de cette veine contenus dans les manuscrits Palat. gr. 319 et Berol. Phillips 1479, notamment.
Quant à la datation du traité d'Achmet, il est donc sans doute nettement postérieur au règne du calife al-Mamun († 833) ; d'autre part, le texte est cité dans deux manuscrits du XIe siècle (dont le Laurent. plut. 87, 8). Il faut le situer à la fin du IXe ou au Xe siècle (peut-être sous le règne de l'empereur Léon VI selon Maria Mavroudi).
L’Oneirocriticon d'Achmet fut traduit en latin dès le XIIe siècle (alors que celui d'Artémidore ne le fut, autant qu'on sache, qu'en 1539) : en 1165, Pascalis Romanus  (un clerc de la cour de l'empereur Manuel Comnène originaire de Rome) l'intégra en l'adaptant dans son Liber thesauri occulti (composé à partir de plusieurs sources comme le De divinatione de Cicéron, Artémidore et Achmet, avec une coloration astrologique absente chez ce dernier) ; le livre de Pascalis est d'ailleurs nettement plus court que celui d'Achmet, et il se référait peut-être à un abrégé. En 1175/76, une version également abrégée de l'Achmet est traduite formellement en latin (sous le titre De interpretatione somniorum) par Léon Tuscus (« Léon le Toscan »), un autre Italien au service de Manuel Comnène, lequel s'intéressait beaucoup aux sciences occultes. Dans la préface, adressée à son frère le théologien Ugo Etherianus, Leo Tuscus révèle l'occasion de cette traduction : Hugues a vu en rêve le Basileus, monté sur un cheval de bronze et entouré des sages antiques, lisant un texte latin, puis s'interrompant et l'interrogeant ; le rêve s'est réalisé car Manuel a conclu une querelle théologique grâce à une solution proposée par Hugues dans un de ses traités ; Léon a donc décidé de traduire l'Achmet. C'est ainsi que le traité se répand en Occident dès la fin du XIIe siècle et y connaît un grand succès (une quinzaine de manuscrits latins, dont le plus ancien est le Bodl. Digby 103, de la fin du XIIe siècle). Une traduction française en exista rapidement sous le titre Exposicion des songes. D'autres textes occidentaux du Bas Moyen Âge, comme l'Expositio somniorum du manuscrit Paris. lat. 16.610 (XIIIe siècle), ou le Libellus de pronosticatione sompniorum de Guillaume d'Aragon (début du XIVe siècle, avec la référence à « Syrbachan Indus », etc.), en sont directement inspirés.
Le texte a été pour la première fois imprimé dans une traduction latine de Jean Leunclavius (Apomasaris apotelesmata, sive de significatis et eventis insomniorum, ex Indorum, Persarum, Ægyptiorumque disciplina, ex bibliotheca J. Sambuci, Francfort, 1577). L'editio princeps de l'original grec est due à Nicolas Rigault dans son volume Artemidori Daldiani et Achmetis Sereimi filii Oneirocritica ; Astrampsychi et Nicephori versus etiam oneirocritici (Paris, Marc Orry, 1603).
Aconce (Jacques), curé apostat du diocèse de Trente, qui, poussé par la débauche, embrassa le protestantisme en 1557, et passa en Angles-terre. La reine Élisabeth lui lit une pension. Aussi il ne manqua pas de rappeler diva Elisabetha, en lui dédiant son livre Des stratagèmes de Satan. Mais nous ne mentionnons ce livre ici qu’à cause de son titre ; ce n’est pas un ouvrage de démonomanie, c’est une vile et détestable diatribe contre le Catholicisme.
Adalbert, hérétique qui fit du bruit dans les Gaules au huitième siècle ; il est regardé par les uns comme un habile faiseur de miracles et par les autres comme un grand cabaliste. Il distribuait les rognures de ses ongles et de ses cheveux, disant que c’étaient de puissants préservatifs ; il contait qu’un ange, venu des extrémités du monde, lui avait apporté des reliques et des amulettes d’une sainteté prodigieuse. On dit même qu’il se consacra des autels à lui-même et qu’il se fit adorer. Il prétendait savoir l’avenir, lire dans la pensée et connaître la confession des pécheurs rien qu'en les regardant. Il montrait impudemment une lettre de Noire-Seigneur Jésus-Christ, disant qu’elle lui avait été apportée par saint Michel. Baluze, dans son appendice aux Capitulaires des rois francs, a publié cette lettre, dont voici le litre : — « Au nom de Dieu : Ici commence la lettre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est tombée à Jérusalem, et qui a été trouvée par l’archange saint Michel, lue et copiée par la main : d’un prêtre nommé Jean, qui l’a envoyée à la ville de Jérémie à un autre prêtre, nommé Talasius ; et Talasius l’a envoyée en Arabie à un autre prêtre, nommé Léoban ; et Léoban l’a envoyée à la ville de Betsamie, où elle a été reçue par le prêtre Macarius, qui l’a renvoyée à la montagne du saint archange Michel ; et par le moyen d’un ange, la lettre est arrivée à la ville de Rome, au sépulcre de saint Pierre, où sont les clefs du royaume des deux ; et les douze prêtres qui sont à Rome ont fait des veilles de trois jours, avec des jeûnes et des prières, jour et nuit, » etc. El Adalbert enseignait à ses disciples une prière qui débutait ainsi :
« Seigneur, Dieu tout-puissant, père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Alpha et Oméga, qui êtes sur le trône souverain, sur les Chérubins et les Séraphins, sur l’ange Uriel, l’ange Raguel, l’ange Cabuel, l’ange Michel, sur l’ange Inias, l’ange Tabuas, l’ange Simiel et l’ange Sabaoth, je vous prie de m’accorder ce que je vais vous dire. »
C’était, comme on voit, très-ingénieux. Dans un fragment conservé des mémoires qu’il avait écrits sur sa vie, il raconte que sa mère, étant enceinte de lui, crut voir sortir de son côté droit un veau ; ce qui était, dit-il, le pronostic des grâces dont il fut comblé en naissant par le ministère d’un ange. On arrêta le cours des extravagances de cet insensé en l’enfermant dans une prison, où il mourut.
Adam, le premier homme. Sa chute devant les suggestions de Satan est un dogme de la religion chrétienne.
Les Orientaux font d’Adam un géant démesuré, haut d’une lieue ; ils en font aussi un magicien, un cabaliste ; les rabbins en font de plus un alchimiste et un écrivain. On a supposé un testament de lui ; et enfin les musulmans regrettent toujours dix traités merveilleux que Dieu lui avait dictés.
Adam (l’abbé). Il y eut un temps où l’on voyait le diable en toutes choses et partout, et peut-être n’avait-on pas tort. Mais il nous semble qu’on le voyait trop matériellement. Le bon et naïf Césaire d’Heisterbach a fait un livre d’histoires prodigieuses où le diable est la machine universelle ; il se montre sans cesse et sous diverses figurés palpables. C’était surtout à l’époque où l’on s’occupait en France dé l’extinction des templiers. Alors un certain abbé Adam, qui gouvernait l'abbaye des Vaux-

de-Gernay,   au diocèse de Paris, avait l’esprit tellement frappé de l’idée que le diable le guettait, qu’il croyait le reconnaître à chaque pas sous des formes que sans doute le diable n’a pas souvent imaginé de prendre. — Un jour qu’il revenait de visiter une de ses petites métairies, accompagné d’un serviteur aussi crédule que lui, l’abbé Adam racontait comment le diable l’avait harcelé dans son voyage. L’esprit malin s’était montré sous la figure d’un arbre blanc de frimas, qui semblait venir à lui. — C’est singulier, dit un de ses amis ; n’étiez-vous pas la proie de quelque illusion causée par la course de votre cheval ? — Non, c’était Satan. Mon cheval s’en effraya ; l’arbre pourtant passa au galop et disparut derrière nous, il laissait une certaine odeur qui pouvait bien être du soufre. — Odeur de brouillard, marmotta l’autre. — Le diable reparut, et cette fois c’était un chevalier noir qui s’avançait vers nous pareillement. — Éloigne-toi, lui criai-je d’une voix étouffée. Pourquoi m’attaques-tu ? Il passa encore, sans avoir l’air de s’occuper de nous. Mais il revint une troisième fois, ayant la forme d’un homme grandit pauvre, avec un cou long et maigre. Je fermai les yeux et ne le revis que quelques instants plus tard sous le capuchon d’un petit moine. Je crois qu’il avait sous son froc une rondache dont il me menaçait. — Mais, interrompit l’autre, ces apparitions ne pouvaient-elles pas être des voyageurs naturels ? — Comme si on ne savait pas s’y reconnaître ! comme si nous ne l’avions pas vu derechef sous la figure d’un pourceau, puis sous celle d’un âne, puis sous celle d’un tonneau qui roulait dans la campagne, puis enfin sous la forme d’une roue de charrette qui, si je ne me trompe, me renversa, sans toutefois me faire aucun mal ! — Après tant d’assauts, la route s’était achevée sans autres malencontres. Voy. Hallucinations.
Adamantius était un ancien médecin, portant le titre de latrosophista. On sait peu de son histoire personnelle, sauf qu'il était juif de naissance, et qu'il était l'un de ceux qui ont fui Alexandrie au moment de l'expulsion des Juifs de cette ville par le patriarche Cyrille d'Alexandrie en 415. Il se rendit à Constantinople, a été persuadé d'embrasser le christianisme, apparemment par l'archevêque Atticus de Constantinople, et puis revint à Alexandrie.
Il était l'auteur d'un traité grec physiognomonie dans deux livres. Il existe encore, et emprunte dans une grande mesure (comme Adamantius l'avoue lui-même) à partir de Palémon l'œuvre sur le même sujet. Il est dédié à "Constance", qui est censé par Fabricius être le même Constantius qui a épousé Placidia, la fille de Théodose le Grand, et qui a régné pendant sept mois en collaboration avec l'empereur Honorius. Il a été publié la première fois en Grèce à Paris en 1540. Plusieurs de ses prescriptions médicales sont conservées par Oribase et Aetius.     
Adamites (ou adamiens) étaient un mouvement religieux intermittent inspiré par la nostalgie de l'Éden.
Pour Jean-Luc Bouland, dans Tout en nu (1997), c'est le premier mouvement nudiste organisé connu, revendiquant le retour au paradis d'Adam et Ève.
Pour Marc-Alain Descamps, dans Vivre nu (1987), « Les mouvements nudistes ont été créés par le christianisme. Avant lui, il n'existait ni interdiction ni proscription du nu dans toute l'Antiquité, que ce soit chez les Celtes, les Grecs, ou les Romains, donc personne ne cherchait à le défendre. »
Rattachés au christianisme, les adamites tentaient d'imiter Adam avant la chute. Suivant l'amour libre, ils rejetaient le mariage de même que le travail et vivaient nus le plus souvent possible, dans une sorte d'état d'innocence originelle. Après une notoriété rapidement éclipsée dans l'Antiquité (IIe siècle ap. J.-C.), les adamites réapparaissent en Europe vers la fin du XIIIe siècle, en Autriche, en Bohême et en Flandres, mais les pillages dont ils se rendent coupables, ainsi que leur doctrine théologique indisposent les autorités. Persécutés, ils tentent de survivre mais, avant la fin du XVe siècle, ils auront tous disparu.
Le fond de leur proposition était que « l'homme doit être aussi heureux ici-bas qu'il sera un jour dans le ciel » (Tommaso Campanella, La Cité du Soleil, 1568).
Certains pensent que la peinture de Jérôme Bosch, Le Jardin des délices, pourrait être une représentation de la mythologie adamite, car la secte des Frères du Libre-Esprit suivant ses principes se développait à Bois-le-Duc, la ville où il résidait.
Adelgreiff (Jean-Albert), fils naturel d’un pasteur allemand, qui lui apprit le latin, le grec, l’hébreu et plusieurs langues modernes. Il devint fou et crut avoir des visions. Il disait que sept anges l’avaient chargé de représenter Dieu sur la terre et de châtier les souverains avec des verges de fer. Il signait ses décrets : « Jean Albrecht Adelgreiff, Kihi Schmalk hitmandis, archi-souverain pontife, roi du royaume des cieux, juge des vivants et des morts, Dieu et père, dans la gloire duquel le Christ viendra, au dernier jour, Seigneur de tous les seigneurs et Roi de tous les rois. » Il causa beaucoup de troubles par ses extravagances, qui trouvèrent, comme toujours, des partisans. On lui attribua des prodiges, et il fut brûlé à Königsberg comme magicien, hérétique et perturbateur, le 11 octobre 1636. Il avait prédit avec assurance qu’il ressusciterait le troisième jour, ce qui ne s’est pas vérifié.
Adeline, ou plutôt Edeline. Voy. ce mot.
Adelites, devins espagnols qui se vantaient de prédire par le vol ou le chant des oiseaux ce qui devait arriver en bien ou en mal.
Adelung (Jean-Christophe), littérateur allemand, mort a Dresde en 1806. Il a laissé un ouvrage intitulé Histoire des folies humaines, ou Biographie des plus célèbres nécromanciens, alchimistes, devins, etc. ; sept parties ; Leipzig. 1785-1789.
Adeptes, nom que prennent les alchimistes qui prétendent avoir trouvé la pierre, philosophale et l’élixir de vie. Ils disent qu’il y a toujours onze adeptes dans ce monde ; et, comme l’élixir ¡es rend immortels, lorsqu’un nouvel alchimiste a découvert le secret du grand œuvre, il faut qu’un des onze anciens lui fasse place et se retire dans un autre des mondes élémentaires.
Adès, ou Hadès,  est une divinité chthonienne, frère aîné de Zeus et de Poséidon. Comme Zeus gouverne le Ciel et Poséidon la Mer, Hadès règne sous la terre et pour cette raison il est souvent considéré comme le « maître des Enfers ». Il est marié à Perséphone. Il correspond au Sarapis ptolémaïque et au Pluton romain.
Il est le quatrième enfant de Cronos (Saturne pour les romains) et de Rhéa, et le frère d'Hestia, Déméter, Héra, Zeus et Poséidon. Comme eux, il est avalé par son père et n'est libéré que lorsque Zeus, sauvé par Rhéa, oblige Cronos à tous les régurgiter.
Il prend part à la titanomachie et reçoit des Cyclopes la kunée, un casque merveilleux qui rend invisible, alors que Zeus reçoit le foudre et Poséidon le trident. Ce casque merveilleux, peut le rendre même invisible aux yeux des dieux, ce qui est impossible pour les autres dieux, qui ne peuvent se rendre invisibles qu'aux mortels.
Au terme de la guerre contre les Titans, Hadès reçoit en partage les « ombres brumeuses » et réside avec elles dans les Enfers. Roi des morts, sa principale mission est d'empêcher ceux-ci de quitter les Enfers, car leur vue remplirait d'horreur les hommes comme les dieux. Pindare lui donne pour attribut un sceptre grâce auquel il conduit les morts, un rôle qui relève normalement d'Hermès psychopompe. Dans Les Perses, le nom d'Hadès est invoqué en même temps que celui d'Hermès et Gaïa pour faire revenir sur terre l'âme de Darius.
Eschyle le présente par deux fois comme le juge des morts. Dans Les Suppliantes, Danaos clame que « là-bas aussi Quelqu'un fait justice des crimes, dit-on – un autre Zeus : à lui, chez les défunts, le dernier Jugement. » Dans Les Euménides, le chœur déclare de même qu'« Il se fait rendre de terribles comptes, / le Prince des morts, là-bas sous la terre, / et dans son grand Livre, / son œil vigilant ne laisse rien perdre. »
On peut rapprocher ces mentions des propos d'Agamemnon prenant à témoin de son serment Zeus, Hélios et « vous qui, sous le sol / tirez punition des morts qui font de faux serments », c'est-à-dire Hadès et Perséphone. Ailleurs, Althée, mère de Méléagre, demande à Hadès et Perséphone la mort de celui qui a tué ses frères. Malgré tout, l'idée de jugement dernier se rattache plus aux traditions égyptiennes qu'à celles des Grecs.
Il est parfois compté parmi les douze Olympiens, bien que cela soit contraire à la tradition dominante : il ne sort que rarement de son royaume, l'exception la plus notable étant l'enlèvement de Perséphone. Hadès est par ailleurs assez discret dans la mythologie, étant essentiellement lié à des légendes impliquant des héros : Orphée, Thésée et Héraclès sont parmi les rares mortels à le rencontrer lors de leur catabase. Inversement, il donne à Sisyphe, Protésilas et Eurydice l'autorisation de quitter les Enfers.
Dionée raconte dans l’Iliade comment Héraclès blesse Hadès d'une flèche à l'entrée des Enfers et « le laisse au milieu des morts » ; Hadès doit monter dans l'Olympe pour se faire soigner par Péan. Les commentateurs antiques ont fourni plusieurs explications à ce passage curieux : l'épisode peut prendre place lors de la descente aux Enfers du héros pour capturer Cerbère. Ce pourrait également être une allusion à l'attaque d'Héraclès contre les Pyliens, qui ont apporté leur soutien à Orchomène contre Thèbes, ou encore au massacre des fils de Nélée à Pylos par le héros.
C'est en tout cas au cours de la descente aux Enfers qu'Héraclès tue l'une des vaches qu'Hadès possède sur Érythie, l'île rouge, pour offrir un sacrifice de sang aux âmes des morts. Le berger, Ménétès, fils de Ceutonymos, défie le héros à la lutte pour l'en empêcher, mais doit se retirer du combat les côtes cassées.
L'enlèvement de Perséphone par Hadès est le mythe le plus populaire rattaché au dieu ; on le trouve déjà chez Hésiode sous une forme très résumée : « Aïdôneus ravit [Perséphone] à sa mère, et le prudent Zeus la lui accorda. »
Dans sa forme plus complète, narrée par l’Hymne homérique à Déméter, Hadès enlève Perséphone avec l'autorisation de Zeus, alors que la jeune fille est occupée à cueillir des fleurs en compagnie d'Océanides, d'Athéna et d'Artémis dans la plaine de Nysie. Sa mère Déméter la cherche partout sur Terre ; Hélios, dieu du soleil, lui apprend finalement que sa fille se trouve dans le royaume des morts. En colère, Déméter quitte le séjour des dieux pour se réfugier sur la terre et pour se venger, elle empêche les semences de germer.
Zeus doit alors tenter une réconciliation et, par l'intermédiaire d'Hermès, ordonne à son frère de rendre Perséphone à sa mère avant que la Terre entière ne meure de faim. Hadès accepte de la laisser partir, mais lui donne un grain de grenade à manger. Quand Déméter revoit de nouveau sa fille, elle comprend immédiatement le problème et prévient cette dernière que si elle a mangé la nourriture des morts, elle devra rester aux Enfers un tiers de l'année (l'hiver), ne pouvant remonter dans l'Olympe que les deux tiers restants, « quand la terre est verdoyante de toutes sortes de fleurs » — ou, dans des versions ultérieures, six mois aux Enfers et six mois dans l'Olympe. Perséphone avoue qu'elle a mangé un grain de grenade — ou, dans une version tardive, est dénoncée à Hadès par un dénommé Ascalaphe.
On prête à Hadès, avant qu'il n'épouse Perséphone, une aventure avec Menthé, fille du fleuve Cocyte. Après avoir été délaissée, Menthé se venge en dénigrant sans cesse sa rivale. Elle est transformée en plante, la menthe, par Perséphone elle-même ou sa mère. Dans une autre version, Perséphone piétine la malheureuse avant d'opérer la métamorphose.
Leucé, une autre nymphe fille d'Océan, est enlevée par Hadès et changée par Perséphone (ou Hadès) en peuplier blanc. Elle est jalouse de Perséphone.
Selon la Souda, un lexique byzantin tardif (Xe-XIe siècle), il aurait une fille du nom de Macaria, déesse de la mort « heureuse ».
Très peu de lieux de culte lui sont destinés, au point qu'un scholiaste de l'Iliade déclare qu'il n'en existe aucun. En réalité, la cité d'Élis, dans le nord ouest du Péloponnèse, possède bien un temple d'Hadès, ouvert une seule fois par an et seulement pour le prêtre du dieu. Pausanias note que « les Éléens sont les seuls à [s]a connaissance qui rendent un culte à Hadès », mais donne par ailleurs des indications sur un culte à Coroné ; Strabon évoque également un culte à Hermioné.
Hadès est « Zeus souterrain », à rapprocher du « Zeus chtonien » qu'Hésiode recommande au laboureur d'invoquer avant de mettre la main à la charrue. Il est plus couramment vénéré sous des épiclèses qui ont une valeur d'euphémisme. Il est ainsi nommé Πλούτων / Ploútôn, « le Riche », car il est maître des richesses du sol, qu'elles soient minérales ou végétales ; un temple lui est consacré sous ce nom à Éleusis et il reçoit des honneurs à Athènes.
On lui sacrifie des brebis ou des taureaux noirs durant la nuit. Euripide indique qu'Hadès ne fait pas l'objet de libations rituelles.
Dieu des morts, craint, il est représenté comme un homme mûr, barbu, tenant la corne d'abondance, symbole des richesses du sol dont il est le maître. Il arrive que les vases le nomment explicitement Plutôn. Pour autant, il ne doit pas être confondu avec Ploutos, personnification de la richesse.
L'enlèvement de Perséphone est le sujet d'une fresque du IVe siècle av. J.-C., dans le tombeau dit « de Perséphone » à Vergina ; peut-être est-elle une œuvre du Nicomaque dont, selon Pline l'Ancien, une composition sur le même sujet se trouve sur le Capitole, à Rome. Le mythe est également représenté sur des vases attiques, lucaniens et campaniens, des plaques de terre cuite de Locres, des bas-reliefs de sarcophage ou encore des monnaies.
Une explication étymologique souvent donnée pour le mot « Hadès » le décompose en un α-ϝἰδής / a-widếs (du verbe εἴδω / eídô, « voir »), qui signifierait « invisible ». Or, d'un point de vue linguistique, l'hypothèse ne tient pas. En effet, le préfixe privatif, issu de la vocalisation d'un *n, est nécessairement bref, alors que Ἅιδης comporte un (alpha long) initial. L'aspiration est également gênante. Il ne s'agit donc que d'une étymologie populaire, existant déjà dans l'Antiquité. Aucune hypothèse concernant le nom du dieu n'est réellement convaincante.
Adhab-Algab, purgatoire des musulmans, où les méchants sont tourmentés par les anges noire Munkir et Nékir.
Adjuration, formule d’exorcisme par laquelle on commande, au nom de Dieu, à l’esprit malin de dire ou de faire ce qu’on exige de lui.
Adonis, démon brûlé. Selon les démonologues, il remplit quelques fonctions dans les incendies. Des savants croient que c’est le même que le démon Thamuz des Hébreux.
Adoration du crapaud. Les sorciers n’adorent pas seulement le diable dans leurs hideuses assemblées. Tout aspirant qui est reçu le sorcier après certaines épreuves reçoit un crapaud, avec l’ordre de l’adorer ; ce qu’il fait en lui donnant un baiser en signe de révérence. Voy. Sabbat.
Adramelech, également appelé Adrammalech, est un démon, grand chancelier des Enfers, intendant de la garde-robe du souverain des démons, président du haut-conseil des diables. Il était adoré des Assyriens et notamment à Sépharvaïm, où ils brûlaient des enfants sur ses autels. Il revêt l'apparence d'un paon ou d'un mulet ou d'un dragon selon les rabbins ou encore revêt la forme d'un homme à tête de hibou.
C’est le 8e des 10 archidiables ; chancelier de l'ordre de la mouche (grand-croix), un ordre fondé par Belzébuth.
Il a également été lié à l'ange Asmodée, en tant que l'un des trônes puissants.
Le nom d'Adramelech est cité par Anton Szandor Lavey parmi les noms infernaux de sa Bible Satanique.
Adranos ou Adranus (en grec ancien 'Αδρανός) était un dieu du feu adoré par les Sicules, une ancienne population de Sicile. Son culte a eu lieu sur toute l'île, mais plus particulièrement dans la ville d'Adranon, l'Adrano moderne, près du mont Etna. Adranos lui-même aurait vécu sous le mont Etna, avant d'en être chassé par le dieu grec Héphaïstos (Vulcain pour les romains). Selon , environ un millier de chiens sacrés étaient gardés près de son temple dans cette ville. Selon Hésychios, Adranos aurait été le père des Paliques, nés de la nymphe Thalie.
Adrien. Se trouvant en-Mésie, à la tête d’une légion auxiliaire, vers la fin du règne de Domitien, Adrien consulta un devin (car il croyait aux devins et à l’astrologie judiciaire), lequel lui prédit qu’il parviendrait un jour à l’empire. Ce n’était pas, dit-on, la première fois qu’on lui faisait cette promesse. Trajan, qui était son tuteur, l’adopta, et il régna en effet.
On lui attribué en Écosse là construction de la muraille du Diable.
Fulgose, qui croyait beaucoup à l’astrologie, rapporte, comme une preuve de la solidité de cette science, que l’empereur Adrien, très habile astrologue, écrivait tous les ans, le premier jour du premier mois, ce qui lui devait arriver pendant l’année, et que, l’an qu’il mourut, il n’écrivit que jusqu’au mois de sa mort, donnant à connaître par son silence qu’il prévoyait son trépas. Mais ce livre de l’empereur Adrien, qu’on ne montra qu’après sa mort, n’était qu’un journal.
Aétite, espèce de pierre qu’on nomme aussi pierre d’aigle, selon la signification de ce mot grec, parce qu’on prétend qu’elle se trouve dans les nids des aigles. Matthiole dit que les aigles vont chercher, cette pierre jusqu’aux Indes, pour faire éclore plus facilement leurs petits. De là vient qu’on attribue à l’aétite la propriété de faciliter l’accouchement lorsqu’elle est attachée au-dessus du genou d’une femme, ou de le retarder si on la lui met à la poitrine. — Dioscoride dit qu’on s’en servait autrefois pour découvrir les voleurs. Après qu’on l’avait broyée, on en mêlait la cendre dans du pain fait exprès ; on en faisait manger à tous ceux qui étaient soupçonnés. On croyait que, si peu d’aétite qu’il y eût dans ce pain, le voleur ne pouvait avaler le morceau. Les Grecs modernes emploient encore cette vieille superstition, qu’ils rehaussent de quelques paroles mystérieuses. Voy. Alphitomancie
Ævoli (César), auteur ou collecteur d’un livre peu remarquable, intitulé Opuscules sur les attributs divins et sur le pouvoir qui a été donné aux démons de connaître les choses secrètes et de tenter les hommes. Opuscula de divinis attributis et de modo et poteslate quam dæmones habent intelligendi et passiones animi excitandi, in-4° ; Venise, 1589.
Agaberte. « Aucuns parlent, dit Torquemada, d’une certaine femme nommée Agaberte, fille d’un géant qui s’appelait Vagnoste, demeurant aux pays septentrionaux, laquelle était grande enchanteresse ; et la force de ses enchantements était si variée qu’on ne la voyait presque jamais en sa propre figuré. Quelquefois c’était une petite vieille fort ridée, qui semblait ne se pouvoir remuer, ou bien une pauvre femme malade et sans forces ; d’autres fois elle était si haute qu’elle paraissait toucher les nues avec sa tête. Ainsi elle prenait telle forme qu’elle voulait aussi aisément que les auteurs écrivent d’Urgande la Méconnue. Et, d’après ce qu’elle faisait, le monde avait opinion qu’en un instant elle pouvait obscurcir le soleil, la lune et les étoiles, aplanir les monts, renverser les montagnes, arracher les arbres, dessécher les rivières, et faire autres choses pareilles, si aisément qu’elle semblait tenir tous les diables attachés et sujets a ses volontés. »
Agarès, démon, Voy. Aguarès.
Agate, pierre précieuse à laquelle les anciens attribuaient des qualités qu’elle n’a pas, comme de fortifier le cœur, de préserver de la peste et de guérir les morsures du scorpion et de la vipère.
Agathion, démon familier qui ne se montre qu’à midi. Il parait en forme d’homme ou de bêle ; quelquefois il se laisse enfermer dans un talisman, dans une bouteille pu dans un anneau magique.
Agathodémon est une divinité de l'Égypte antique, dont le nom signifiait en grec αγαθος δαιμων (« le bon génie »), épithète d'un dieu souvent invoqué lors des banquets.
En Égypte, sa plus ancienne mention se situe dans un texte démotique du IIe siècle avant notre ère. Reconnu à l'époque gréco-romaine, Alexandre le Grand lui aurait fait construire un temple à Alexandrie.
Agathodémon avait l'apparence d'un serpent et détenait une fonction de protection du foyer, de la famille, ce qui faisait de lui une divinité de premier plan.
Il était assimilé à d'autres divinités égyptiennes tel que Sarapis, Khnoum, Shaï ou encore Shou.
Dans la tradition de l'hermétisme, Hermès Trismégiste retranscrivit et déposa dans un temple, à l'usage de son fils Tat, les enseignements antédiluviens de son grand-père, Thot. Ces écrits avaient été gravés sur des tables par son père Agathodémon.
Agla, sigle ou mot cabalistique auquel les rabbins attribuent le pouvoir de chasser l’esprit malin. Ce mol se compose des premières lettres de ces quatre mots hébreux : Athah gabor leolam, Adonaï : « Vous êtes puissant et éternel, Seigneur. » Ce charme n’était pas seulement employé par les Juifs et les cabalistes, quelques chrétiens hérétiques s’en sont armés souvent pour combattre les démons. L’usage en était fréquent au seizième siècle, et plusieurs livres magiques en sont pleins, principalement l’Enchridion attribué ridiculement au pape Léon III. Voy. Cabale.
Aglaophotis, sorte d’herbe qui croît dans les marbrières de l’Arabie, et dont les magiciens se servaient pour évoquer les démons. Ils employaient ensuite l’anancitide et la syrrochite, autres ingrédients qui retenaient les démons évoqués aussi longtemps qu’on le voulait. Voy. Baaras.
Agnan, ou Agnian, démon qui tourmente les Américains par des apparitions et des méchancetés. Il se montre surtout au Brésil et chez les Topinamboux. Il paraît sous toutes sortes de formes, de façon que ceux qui veulent le voir peuvent le rencontrer partout.
Agobard (saint) (769? — 840 Saintes), est un homme d'Église du haut Moyen Âge. Il fut évêque de Lyon à deux reprises sous le règne de Louis le Pieux. Il contribua à faire de sa cité épiscopale l'un des centres de la Renaissance carolingienne.
Si l'on peut se fier à l'unique source ancienne qui ait paru exploitable en la matière, les « Annales Lyonnaises » (nom pompeux donné à quelques notes en marge d'un vieux manuscrit lyonnais), Agobard serait né en Espagne en 769, aurait gagné la région de Narbonne en 782 et se serait établi à Lyon en 792. L'origine hispanique, ou du moins septimanienne, du personnage, est vraisemblable ; en revanche, son ascendance wisigothique n'est qu'une hypothèse. Si Agobard passa plusieurs années à Narbonne, il est probable qu'il connut Benoît d'Aniane. Nous ne savons rien de cette adolescence languedocienne, mais il est certain qu'elle fut studieuse. À son arrivée à Lyon — que certains préfèrent situer en 795 ou en 798 —, le jeune homme rejoignit l'entourage de l'évêque Leidrade, qui l'ordonna prêtre plus tard, peut-être en 804 (date donnée par les « Annales Lyonnaises »).
En 813, alors que les ennuis de santé de Leidrade s'aggravaient, ce dernier fit d'Agobard son chorévèque et coadjuteur. En 814, Leidrade voulut se démettre de ses fonctions épiscopales et, avant de se retirer au monastère de Saint-Médard de Soissons, proposa lui-même Agobard à sa succession. La légitimité du nouvel évêque faisait problème, car c'était Leidrade lui-même qui avait intronisé son protégé. Des objections canoniques s'élevèrent et la crise se prolongea jusqu'en août 816, date à laquelle, au cours du synode d'Aix-la-Chapelle, l'épiscopat d'Agobard fut enfin reconnu, ce qui permit à Leidrade de regagner définitivement sa retraite francilienne. Aucun document sûr ne prouve qu'Agobard reçut, à ce moment-là ou plus tard, le titre d'archevêque.
En octobre 816, à Reims, le nouvel évêque de Lyon participa, en compagnie du pape Étienne IV, au sacre de l'empereur Louis le Pieux.
En 825, Agobard prit parti dans la querelle des images, où il exprima des vues sinon ouvertement iconoclastes, du moins fort hostiles au culte iconique. Telles qu'elles se manifestent dans son traité De picturis et imaginibus (dont l'attribution, jugée alors incertaine, a été l'objet de débats dans les années 1945-1980), ses positions et son argumentation semblent très proches de celles de Claude de Turin, lequel paraît bien s'être inspiré de cet ouvrage, mais se montra plus radical, dans son diocèse piémontais, en passant de l'iconophobie théorique et verbale à la pratique iconoclaste.
En 833, Agobard embrassa la cause de Lothaire dans le conflit qui opposait celui-ci à son père Louis le Pieux. En effet, il craignait que la politique de Louis ne nuisît à l'unité de l'Empire, et par conséquent à l'unité du peuple chrétien. Au lendemain de la désertion pro-lotharienne du "Champ du Mensonge" (Lügenfeld), qui eut lieu à fin du mois de juin 833, c'est lui qui fut chargé, pour le plaid (assemblée générale) de Compiègne du 1er octobre 833 — au cours duquel Louis le Pieux, relégué pour y faire pénitence au monastère de Saint-Médard de Soissons, fut publiquement humilié —, de rédiger le manifeste justifiant le coup d'État aux yeux du peuple franc : cet écrit (« Pour les fils de Louis le Pieux et contre son épouse Judith », en latin Libri duo pro filiis et contra Iudith uxorem Ludouici Pii) constitue un réquisitoire implacable contre la politique de l'empereur assorti d'une condamnation sans appel du comportement et des mœurs de son épouse Judith, laquelle, sous sa plume, devient l'incarnation de l'archétype de la "reine adultère". L'évêque de Lyon ajouta à cette charge violente l'opuscule intitulé « Charte sur la pénitence de l'empereur Louis » (Cartula de Ludouici imperatoris paenitentia).
L'empereur ne devait pas oublier de tels affronts, dont il tira vengeance dès qu'il eut repris l'avantage. Comme d'autres évêques, au premier rang desquels figurait Ebbon de Reims, Agobard fut déposé par ordre de Louis le Pieux au cours du plaid de Thionville (février-mars 835). Il partit alors pour l'exil en Italie, d'où il riposta aux réformes liturgiques d'Amalaire, son successeur désigné, en composant les deux traités De modo regiminis ecclesiastici ad clericos et monachos Lugdunenses et De correctione antiphonarii. Il retrouva néanmoins son siège épiscopal en 839 ou peut-être dès les derniers mois de 838, à la suite du plaid de Quierzy (septembre 838) qui, entre autres mesures, condamna la doctrine d'Amalaire.
Agobard mourut le 6 juin 840 à Saintes, où il avait accompagné dans son expédition en Aquitaine Louis le Pieux, lequel décéda à son tour deux semaines plus tard, dès son retour à Ingelheim.
À Lyon, Agobard poursuivit l'action de Leidrade visant à l'élévation spirituelle des religieux de la cité. Il développa, avec l'aide du diacre Florus, la bibliothèque et le scriptorium de Saint-Jean. Il fit copier 21 traités de Tertullien dans un manuscrit que nous avons conservé, le précieux codex Agobardinus (Paris, BNF, latin 1622).
À plusieurs reprises, il défendit les biens de l'Église contre les assauts de seigneurs locaux.
Lorsqu'il fut déposé, il s'opposa de loin aux tentatives de son successeur Amalaire de modifier le rite lyonnais, avec Florus resté diacre sur place.
Agobard a laissé une œuvre importante et variée (au moins vingt-quatre ouvrages d'authenticité certaine), dont la première édition est due à Jean Papire Masson (Paris, Denys Duval, 1605). Le même siècle vit paraître une deuxième et meilleure édition, exécutée par Étienne Baluze (Paris, François Muguet, 1665-1666).
Dans ses écrits, Agobard attaque les superstitions, l'adoptianisme et le culte des images. Soucieux d'une Église au-dessus du monde matériel, il s'oppose à la pratique de l'Église privée.
Son objectif principal est de préserver l'unité de l'Empire chrétien.
Agobard lutta toute sa vie pour l'unité de l'Empire chrétien, dans une perspective de christianisation du monde. Pour cela, il tenta d'infléchir, avec d'autres réformateurs, la politique impériale. Il fut à l'origine de la suppression de la personnalité des lois en Burgondie, dès 817, dans une volonté d'unité des lois s'appliquant aux chrétiens, et parce que la loi burgonde (qui s'appliquait à Lyon) avait été promulguée par un roi arien. Dans cette optique, il milita pour l'uniformisation de toutes les lois dans l'ensemble de l'Empire, même si cela semblait irréalisable à d'autres réformateurs.
Lorsque l'empereur Louis le Pieux souhaita avantager le dernier de ses trois fils (Charles le Chauve, né en 823) en modifiant les principes de succession au trône fixés par l’Ordinatio Imperii de 817, Agobard, avec de nombreux autres évêques, se déclara contre lui. Il assista ainsi à la repentance de l'empereur à Soissons en 833 et réaffirma, à cette occasion, son soutien à Lothaire.
Entre 823 et 827/828, Agobard n'écrivit pas moins de cinq lettres contre les juifs lyonnais. Ceux-ci avaient obtenu de Louis le Pieux des droits importants les plaçant hors de la juridiction de l'évêque, et à part dans la cité lyonnaise. Ils étaient jugés par un "Magister Iudaeorum" indépendant, et placés sous la protection de l'empereur. Ils étaient également exonérés de péage et jouissaient, en termes de justice et de religion, de garanties importantes qui rendaient leur situation enviable au point que des chrétiens assistaient aux offices de la synagogue, cessaient tout travail le samedi et suivaient des règles de pureté rituelle en matière d'alimentation.
Or, Agobard milita toute sa vie pour l'unité du peuple chrétien et du monde carolingien. Source de division, le particularisme pratiqué par l'empereur lui apparaissait comme une erreur qu'il fallait combattre sans répit. La réflexion d'Agobard eut probablement pour point de départ la permission donnée par Louis aux juifs de ne pas faire baptiser leurs esclaves : ce privilège remettait en question la mission de salut universel attribuée à l’imperium Christianum et portait atteinte à l'unité de la cité. Les protestations de l'évêque de Lyon auprès de l'empereur n'eurent point d'effet.
Mais l'antijudaïsme d'Agobard était également religieux. Dans le traité adressé à Louis le Pieux et intitulé « Sur les superstitions et les erreurs du judaïsme" (De Iudaicis superstitionibus et erroribus ; composé vers 826/827), l'évêque de Lyon insiste sur le devoir de mission de l'Église envers les juifs, et exprime ses craintes devant le prosélytisme de ces derniers. Un sentiment similaire l'anime lorsque, notamment dans sa lettre à Nimfridius de Narbonne intitulée « Qu'il faut se garder de manger avec des juifs ou de les fréquenter » (De cauendo conuictu et societate Iudaica ; peut-être rédigé vers 827), il exhorte ses ouailles à éviter toute relation familière avec des membres de la communauté hébraïque.
Dans un écrit parvenu jusqu'à nous sous le titre (qui n'est peut être qu'une description du livre par son copiste) de Livre contre l'absurde croyance du vulgaire à propos de la grêle et du tonnerre, l'évêque de Lyon combat la croyance aux tempestaires de son diocèse, magiciens soi-disant doués du pouvoir de provoquer des intempéries par leurs incantations et qu'on croyait jouer le rôle d'intermédiaires auprès des habitants de la "Magonie" (pays imaginaire), censés venir, sur des vaisseaux voguant dans les nuages, acheter aux tempestaires les récoltes humaines. Agobard s'indigne qu'on croie possible de modifier le climat par la magie. Il se fonde sur l'idée, longuement développée à l'aide de "témoignages" (testimonia) bibliques, que l'Écriture attribue toujours à Dieu seul la maîtrise du temps et des météores. Sa réfutation des superstitions ne s'appuie aucunement sur des arguments rationnels : ainsi, il ne recourt jamais à des auteurs tels que Pline l'Ancien ou Plutarque. Pour lui, la croyance aux tempestaires et aux "Magoniens" est assurément une absurdité, mais c'est surtout une erreur et un péché. Agobard condamna également les ordalies ou "jugements de Dieu", dans un traité intitulé « Sur les sentences divines, contre le "jugement de Dieu" » (De diuinis sententiis. Contra iudicium Dei).
Agobard fut honoré, dès les premières décennies qui suivirent sa mort, par un culte local, attesté dans le Lyonnais, le Jura (Martyrologe de Saint-Claude) et en Bourgogne (Chronique de Saint-Bénigne de Dijon) ; sa vénération ne fut toutefois pas reconnue, au Moyen Âge, par l'Église de Rome. Aux Temps Modernes, la reconnaissance de la sainteté d'Agobard connut une suspension entre 1775 et 1844, pour les raisons mentionnées ci-après.
Les écrits d'Agobard ont été mis à l'Index au XVIIe siècle à cause de la position de leur auteur sur le culte des saints. Agobard, d'autre part, fut longtemps tenu pour un gallican avant l'heure, en raison de sa vision d'une Église où l'autorité vient des conciles et des évêques, et où le pape est essentiellement vu comme le simple garant de l'unité de l'Église.
Agraféna-Shiganskaia. L’une des maladies les plus générales sur les côtes nord-est de la Sibérie, surtout parmi les femmes : c’est une extrême délicatesse des nerfs. Cette maladie, appelée mirak dans ce pays, peut être causée par le défaut absolu de toute nourriture végétale ; mais la superstition l’attribue à l’influence d’une magicienne nommée Agraféna-Shiganskaia, qui, bien que morte depuis plusieurs siècles, continue, comme les vampires, à répandre l’effroi parmi les habitants et passe pour s’emparer des malades, — M. de Wrangel, qui rapporte ce fait dans le récit de son expédition au nord-est de la Sibérie, ajoute que parfois on trouve aussi des hommes, qui souffrent du mirak ; mais ce sont des exceptions.
Agrippa (Henri-Corneille), médecin et philosophe, contemporain d’Érasme, l’un des savants hommes de son temps, dont on l’a appelé le Trismégiste ; né à Cologne en 1486, mort en 1535, après une carrière orageuse, chez le receveur général de Grenoble, et non à Lyon ni dans un hôpital, comme quelques-uns l’ont écrit, il avait été lié avec tous les grands personnages et recherché de tous les princes de son époque. Chargé souvent de négociations politiques, il fit de nombreux voyages, que Thevet, dans ses Vies des hommes illustres, attribue à la manie « de faire partout des tours de son métier de magicien ; ce qui le faisait reconnaître et chasser incontinent ».
Entraîné par ses études philosophiques dans des excentricités où la magie intervenait, comme de nos jours le magnétisme et le spiritisme, il s’est égaré dans la théurgie des néo-platoniciens et s’est posé « héritier de l’école d’Alexandrie. » Il a donc fait réellement de la magie, comme l’en accusent les démonologues, ou du moins il l’a tenté. Il s’est occupé aussi de l’alchimie, sans grand succès probablement, puisqu’il mourut pauvre. Il avait des prétentions à pénétrer l’avenir, et on raconte qu’il promit au connétable de Bourbon des succès contre François Ier, ce qui était peu loyal, car il était alors le médecin de Louise de Savoie. On croit pouvoir établir aussi qu’il avait étudié les arts extranaturels dans ces universités occultes qui existaient au moyen âge.
Sa Philosophie occulte lui attira des persécutions. On y voit, malgré d’habiles détours, les traces évidentes de la théurgie. Aussi il a laissé une certaine réputation parmi les pauvres êtres qui s’occupent, de sciences sécrètes, et on a mis sous son nom de stupides opuscules magiques. On croyait encore sous Louis XIV qu’il n’était pas mort. Voyez sa légende, où il est peut-être trop ménagé, dans les Légendes infernales.
Aguapa, arbre des Indes orientales dont on prétend que l’ombre est venimeuse. Un homme vêtu qui s’endort sous cet arbre se relève tout enflé, et l’on assure qu’un homme nu crève sans ressource. Les habitants attribuent à la méchanceté du diable ces cruels effets. Voy. Bohn-Upas.
Aguarès ou Agarès est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
Le Lemegeton le mentionne en 2e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Aguarès est un duc et est sous le pouvoir de l'Orient. Il gouverne 31 légions d'esprits. Il a l'aspect d'un gentilhomme qui chevauche un crocodile, un épervier au poing. Il rassemble les fuyards de l'armée infernale et les fait revenir à l'attaque. Il donne le don des langues et a le pouvoir de causer des tremblements de terre.
La Pseudomonarchia Daemonum le mentionne également en 2e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires.
Aguerre (Pierre d’). Sous Henri IV, dans cette partie des Basses-Pyrénées qu’on appelait le pays de Labour, on fit le procès en sorcellerie à un vieux coquin de soixante-treize ans, qui se nommait Pierre d’Aguerre, et qui causait beaucoup de maux par empoisonnements, dits sortilèges. On avait arrêté, en même temps que lui, Marie d’Aguerre et Jeanne d’Aguerre, ses petites-filles ou ses petites-nièces, avec d’autres jeunes filles et les sorcières qui les avaient menées au sabbat. Jeanne d’Aguerre exposa les turpitudes qui se commettaient dans les grossières orgies où on l’avait conduite ; elle y avait vu le diable en forme de bouc. Marie d’Aguerre déposa que le démon adoré au sabbat s’appelait Léonard, qu’elle l’avait vu en sa forme de bouc sortir du fond d’une grande cruche placée au milieu de l’assemblée, qu’il lui avait paru prodigieusement haut, et qu’à la fin du sabbat il était rentré dans sa cruche.
Deux témoins ayant affirmé qu’ils avaient vu Pierre d’Aguerre remplir au sabbat le personnage de maître des cérémonies, qu’ils avaient vu le diable lui donner un bâton doré avec lequel il rangeait, comme un maître de camp, les personnes et les choses, et qu’ils l’avaient vu à la fin de l’assemblée rendre au diable son bâton de commandement, le vieux coquin, qui avait bien d’autres méfaits, fut condamné à mort comme sorcier avéré. Voy. Bouc et Sabbat.
Aigle. L’aigle a toujours été un oiseau de présage chez les anciens. Valère-Maxime rapporte que la vue d’un aigle sauva la vie au roi Déjotarus, qui ne faisait rien sans consulter les oiseaux ; comme il s’y connaissait, il comprit que l’aigle qu’il voyait le détournait d’aller loger dans la maison qu’on lui avait préparée, et qui s’écroula la nuit suivante.
De profonds savants ont dit que l’aigle a des propriétés surprenantes y entre autres celle-ci, que sa cervelle desséchée, mise en poudre, imprégnée de suc de ciguë et, mangée en ragoût, rend si furieux ceux qui se sont permis ce régal, qu’ils s’arrachent les cheveux, et se déchirent jusqu’à ce qu’ils aient complètement achevé leur digestion. Le livre qui contient cette singulière recette donne pour raison de ses effets que « la grande chaleur de la cervelle de l’aigle forme des illusions fantastiques en bouchant les conduits des vapeurs et en remplissant la tête de fumée ». C’est ingénieux et clair.
On donne en alchimie le nom d’aigle à différentes combinaisons savantes. L’aigle céleste est une composition de mercure réduit en essence, qui passe pour un remède universel ; l’aigle de Vénus est une composition de vert-de-gris et de sel ammoniac, qui forment un safran ; l’aigle noir est une composition de celle cadmie vénéneuse qui se nomme cobalt, et que quelques alchimistes regardent comme la matière du mercure philosophique.
Aiguilles. On pratique ainsi, dans quelques localités, une divination par les aiguilles. — On prend vingt-cinq aiguilles neuves ; on les met dans une assiette sur laquelle on verse de l’eau. Celles qui s’affourchent les unes sur les autres annoncent autant d’ennemis.
On conte qu’il est aisé, de faire merveille avec de simples aiguilles à coudre, en leur communiquant une vertu qui enchante. Kornmann écrit ceci : « Quant à ce que les magiciens, et les enchanteurs font avec l’aiguille dont on a cousu le suaire d’un cadavre, aiguille au moyen de laquelle ils peuvent lier les nouveaux mariés, cela ne doit pas s’écrire, de crainte de faire naître la pensée d’un pareil expédient… »
Aiguillette. On appelle nouement de l’aiguillette un charme qui frappe tellement l’imagination de deux époux ignorants ou superstitieux, qu’il s’élève entre eux une sorte d’antipathie dont les accidents sont très-divers. Ce charme est jeté par des malveillants qui passent pour sorciers ou qui le sont. Voy. Ligatures.
Aimant (Magnes), principal producteur de la vertu magnétique ou attractive. — Il y a sur l’aimant quelques erreurs populaires qu’il est bon de passer en revue. On rapporte des choses admirables, dit le docteur Brown, d’un certain aimant qui n’attire pas seulement le fer, mais la chair aussi. C’est un aimant très-faible, composé surtout de terre glaise semée d’un petit nombre de lignes magnétiques et ferrées. La terre glaise qui en est la base fait qu’il s’attache aux lèvres, comme l’hématite ou la terre de Lemnos. Les médecins qui joignent cette pierre à l’aétite lui donnent mal à propos la vertu de prévenir les avortements.
On a dit de toute espèce d’aimant que l’ail peut lui enlever sa propriété attractive ; opinion certainement fausse, quoiqu’elle nous ait été transmise par Solin, Pline, Plutarque, Matthiole, etc. Toutes les expériences l’ont démentie. Un fil d’archal rougi, puis éteint dans le jus d’ail, ne laisse pas de conserver sa vertu polaire ; un-morceau d’aimant enfoncé dans l’ail aura la même puissance attractive qu’auparavant ; des aiguilles laissées dans l’ail jusqu’à s’y rouiller n’en retiendront pas moins cette force d’attraction. On doit porter le même jugement de celle autre assertion, que le diamant a la vertu d’empêcher l’attraction de l’aimant, Placez un diamant (si vous en avez) entre l’aimant et l’aiguille, vous les verrez se joindre, dussent-ils passer par-dessus la pierre précieuse. Les auteurs que nous combattons ont sûrement pris pour des diamants ce qui n’en était pas.
Mettez sur la même ligne, continue Brown, cette autre merveille contée par certains rabbins, que les cadavres humains sont magnétiques et que, s’ils sont étendus dans un bateau, le bateau tournera jusqu’à ce que la tête du corps mort regarde le septentrion. — François Rubus, qui avait une crédulité très-solide, reçoit comme vrais la plupart de ces faits inexplicables. Mais tout ce qui tient du prodige, il l’attribue au prestige du démon[2], et c’est un moyen facile de sortir d’embarras.
Disons un mot du tombeau de Mahomet. Beaucoup de gens croient qu’il est suspendu, à Médine, entre deux pierres d’aimant placées avec art, l’une au-dessus et l’autre au-dessous ; mais ce tombeau est de pierre comme tous les autres, et bâti sur le pavé du temple. — On lit quelque part, à la vérité, que les mahométans avaient conçu un pareil dessein ; ce qui a donné lieu à la fable que le temps et l’éloignement des lieux ont fait passer pour une vérité, et que l’on a essayé d’accréditer par des exemples. On voit dans Pline que l’architecte Dinochàrès commença de voûter, avec des pierres d’aimant, le temple d’Arsinoé à Alexandrie, afin de suspendre en l’air la statue de celle reine ; il mourut sans avoir exécuté ce projet, qui-eût échoué. — Rufin conte quel dans le temple de Sérapis, il y avait un chariot de fer que des pierres d’aimant tenaient suspendu ; que ces pierres ayant été ôtées, le chariot tomba et se brisa. Bède rapporte également, d’après des contes anciens, que le cheval de Bellérophon, qui était de fer, fut suspendu entre deux pierres d’aimant.
C’est sans doute à la qualité minérale de l’aimant qu’il faut attribuer ce qu’assurent quelques-uns, que les blessures faites avec des armes aimantées sont plus dangereuses et plus difficiles à guérir, ce qui est détruit par l’expérience ; les incisions faites par des chirurgiens avec des instruments aimantés ne causent aucun mauvais effet. Rangez dans la même classe l’opinion qui fait de l’aimant un poison, parce que des auteurs le placent dans le catalogue des poisons. Gardas de Huerta, médecin d’un vice-roi espagnol, rapporte au contraire que les rois de Ceylan avaient coutume de se faire servir dans des plats de pierre d’aimant, s’imaginant par là conserver leur vigueur.
On ne peut attribuer qu’à la vertu magnétique ce que dit Ætius, que si un goutteux tient quelque temps dans sa main une pierre d’aimant, il ne se sent plus de douleur, ou que du moins il éprouve un soulagement. C’est à la même vertu qu’il faut l’apporter ce qu’assure Marcellus Empiricus, que l’aimant guérit les maux de tête. Ces effets merveilleux ne sont qu’une extension gratuité de sa vertu attractive, dont tout le monde convient. Les hommes, s’étant aperçus de celle force secrète qui attire les corps magnétiques, lui ont donné encore une attraction, d’un ordre différent, la vertu de tirer la douleur de toutes les parties du corps ; c’est ce qui a fait ériger l’aimant en philtre.
On dit aussi que l’aimant resserre les nœuds de l’amitié paternelle et de T union conjugale, en même temps qu’il est très-propre aux opérations magiques. Les basilidiens en faisaient des talismans pour chasser les dénions. Les fables qui regardent les vertus de celle pierre sont en grand nombre. Dioscoride assure qu’elle est pour les voleurs un utile auxiliaire ; quand ils veulent piller un logis, dit-il, ils allument du feu aux quatre coins, et y jettent des morceaux d’aimant. La fumée qui en résulte est si incommode, que ceux qui habitent la maison sont forcés de l’abandonner. Malgré l’absurdité de cette fable, mille ans après Dioscoride, elle a été adoptée par les écrivains qui ont compilé les prétendus secrets merveilleux d’Albert le Grand.
Mais on ne trouvera plus d’aimant comparable à celui de Laurent Guasius. Cardan affirme que toutes les blessures faites avec dés armés frottées de cet aimant ne causaient aucune douleur.
Encore une fable : je ne sais quel écrivain assez grave a dit que l’aimant fermenté dans du sel produisait et formait le petit poisson appelé rémore, lequel possède la ver tu d’attirer l’or du puits le plus profond. L’auteur de celle recette savait qu’on ne pourrait jamais le réfuter par l’expérience  ; et c’est bien dans ces sortes de choses qu’il ne faut croire que les faits éprouvés.
Aimar. Voy. Baguette divinatoire.
Ajournement. On croyait assez généralement autrefois que, si quelque opprimé, au moment de mourir, prenait Dieu pour juge, et s’il ajournait son oppresseur au tribunal suprême, il se faisait toujours une manifestation du gouvernement temporel de la Providence. Le mot toujours est une témérité, car on ne cite que quelques faits à l’appui de celle opinion. Le roi de Castille Ferdinand IV fut ajourné par deux gentils­ hommes injustement condamnés, et mourut au bout de trente jours. Énéas Sylvius raconte, et c’est encore un fait constaté, que François Ier, duc de Bretagne, ayant fait assassiner son frère (en 1450), ce prince, en mourant, ajourna son meurtrier devant Dieu, et que le duc expira au jour fixé.
Nous ne mentionnerons ici l’ajournement du grand maître des templiers, que l’on a dit avoir cité le pape et le roi au tribunal de Dieu, que pour faire remarquer au lecteur que cet ajournement a été imaginé longtemps après le supplice de ce grand maître. Voy. Templiers.
Akbaba, vautour qui vit mille ans en se nourrissant de cadavres. C’est une croyance turque.
Akhmin. Ville de la moyenne Thébaïde, qui avait autrefois le renom d’être la demeure des plus grands magiciens. Paul Lucas parle, dans son second voyage, du serpent merveilleux d’Akhmin, que les musulmans honorent comme un ange, et que les chrétiens croient être le démon Asmodée. Voy. Haridi.
Akiba, rabbin du premier siècle de notre ère, précurseur de Bar-Cokébas. De simple berger, poussé par l’espoir d’obtenir la main d’une jeune fille dont il était épris, il devint un savant renommé. Les Juifs disent qu’il fut instruit par les esprits élémentaires, qu’il savait conjurer, et qu’il eut, dans ses jours d’éclat, jusqu’à quatre-vingt mille disciples… On croit qu’il est auteur du Jetzirah ou livré de la création, attribué aussi par les uns à Abraham, et par d’autres à Adam même.
Akouan, démon géant, qui, dans les traditions persanes, lutta longtemps contre Roustam, et fut enfin, malgré sa masse énorme, tué par ce héros. — Roustam est en Perse un personnage que l’on ne peut comparer qu’à Roland, chez nous.
Alain de l’Isle (Insulensis). religieux bernardin, évêque d’Auxerre au douzième siècle, autour vrai ou supposé de l’Explication des prophéties de Merlin (Explanaliones in prophetias Merlini Angli ; Francfort, 1608, in-8°). Il composa, dit-on, ce commentaire, en 1170, à l’occasion du grand bruit que faisaient alors lesdites prophéties.
Un autre Alain ou Alanus, qui vivait dans le même siècle, a laissé pour les alchimistes un livre intitulé Dicta de lapide philosophico, in-8°; Leyde, 1600.
Alaric, roi des Goths et premier roi du premier royaume d’Italie (car il y en a eu quatre avant nos jours, et aucun n’a pu durer). Olympiodore nous a conservé un récit populaire de son temps, suivant lequel, lorsque Alaric voulut envahir la Sicile, il fut repoussé par une statue mystérieuse qui lui lançait des flammes par l’un de ses pieds et des jets d’eau par l’autre. Il se retira à Cosenza, où il mourut subitement peu de jours après (an 410).
Alary (François), songe-creux, qui a fait imprimer à Rouen, en 1701, la Prophétie du comte Bombaste, chevalier de la Rose-Croix, neveu de Paracelse, publiée en l’année 1609, sur la naissance de Louis le Grand.
Alastor, démon sévère, exécuteur suprême des sentences du monarque infernal. Il fait les fonctions de Némésis. Zoroastre l’appelle le bourreau ; Origène dit que c’est le même qu’Azazel ; d’autres le confondent avec l’ange exterminateur. Les anciens appelaient les génies malfaisants alastores, et Plutarque dit que Cicéron, par haine contre Auguste, avait eu le projet de se tuer auprès du foyer de ce prince pour devenir son Alastor.
Albert le Grand, Albert le Teutonique, Albert de Cologne, Albert de Ratisbonne, Albertus Grotus, car on le désigne sous tous ces noms (le véritable était Albert de Groot), savant et pieux dominicain, mis à tort au nombre des magiciens par les démonographes, fut, dit-on, le plus curieux de tous les hommes. Il naquit dans la Souabe, à Lawigen sur le Danube, en 1205. D’un esprit fort grossier dans son jeune âge, il devint, à la suite d’une vision qu’il eut de la sainte Vierge, qu’il servait tendrement et qui lui ouvrit les yeux de J’esprit, l’un des plus grands docteurs de son siècle. Il fut le maître de saint Thomas d’Aquin. Vieux, il retomba dans la médiocrité, comme pour montrer qu’évidemment son mérite et sa science étendue n’étaient qu’un don miraculeux et temporaire. — D’anciens écrivains ont dit, après avoir remarqué la dureté naturelle de sa conception, que d’âne il avait été transmué en philosophe ; puis, ajoutent-ils, de philosophe il redevint âne.
Albert le Grand fut évêque de Ratisbonne, et mourut saintement à Cologne, âgé de quatre-vingt-sept ans. Ses ouvrages n’ont été publiés qu’en 1651 ; ils forment vingt et un volumes in-folio. En les parcourant, on admire un savant chrétien ; on ne trouve jamais rien qui ait pu le charger de sorcellerie. Il dit formellement au contraire : « Tous ces contes de démons qu’on voit rôder dans les airs, et de qui on tire le secret des choses futures, sont trop souvent des absurdités ou des fourberies. » — C’est qu’on a mis sous son nom des livres de secrets merveilleux, auxquels il n’a jamais eu plus de part qu’a l’invention du gros canon et du pistolet que lui attribue Matthieu de Luna.
Mayer dit qu’il reçut des disciples de saint Dominique le secret de la pierre philosophale, et qu’il le communiqua à saint Thomas d’Aquin ; qu’il possédait une pierre marquée naturellement d’un serpent, et douée de cette vertu admirable, que si on la mettait dans un lieu fréquenté par des serpents, elle les attirait tous ; qu’il employa, pendant trente ans, toute sa science de magicien et d’astrologue à faire, de métaux bien choisis et sous Inspection des astres, un automate doué de la parole, qui lui servait d’oracle et résolvait toutes les questions qu’on lui proposait : c’est ce qu’on appelle l’androïde d’Albert le Grand ; que cet automate fut anéanti par saint Thomas d’Aquin, qui le brisa à coups de bâton, dans l’idée que c’était un ouvrage ou un agent du diable. On sent que tous ces petits faits sont des contes. On a donné aussi à Virgile, an pape Sylvestre II, à Roger Bacon, de pareils androïdes. Vaucanson a montré que c’était un pur ouvrage de mécanique.
Une des plus célèbres sorcelleries d’Albert le Grand eut lieu à Cologne. Il donnait un banquet dans son cloître à Guillaume II, comte de Hollande et roi des Romains ; c’était dans le cœur de l’hiver ; la salle du festin présenta, à la grande surprise de la cour, la riante parure du printemps ; mais, ajoute-t-on, les fleurs se flétrirent a la fin du repas. À une époque où l’on ne connaissait pas les serres chaudes, l’elegante prévenance du lion et savant religieux dut surprendre. — Ce qu’il appelait lui-même ses opérations magiques n’était ainsi que de la magie blanche.
Finissons en disant que son nom d’Albert le Grand n’est pas, un nom de gloire, mais la simple traduction de son nom de famille, Albert de Groot. On lui attribue donc le livre intitulé les Admirables secrets d’Albert le Grand, contenant plusieurs traités sur les vertus des herbes, des pierres précieuses et des animaux, etc., augmentés d’un abrégé curieux de la physionomie et d’un préservatif contre la peste, les fièvres malignes, les poisons et l’infection de l’air, tirés et traduits des anciens manuscrits de l’auteur qui n’avaient pas encore paru, etc., in-18, in-24, in-12. Excepté du bon sens, on trouve de tout dans ce fatras, jusqu’à un traité des fientes qui, « quoique viles et méprisables, sont cependant en estime, si on s’en sert aux usages prescrits (les engrais) ». Le récollecteur de ces secrets débute par une façon de prière ; après quoi il donne la pensée du prince des philosophes, lequel pense que l’homme est ce qu’il y a de meilleur dans le monde, attendu la grande sympathie qu’on découvre entre lui et les signes du ciel, qui est au-dessus de nous, et par conséquent nous est supérieur.
Le livre Ier traite principalement, et dé la manière la plus inconvenante, de l’influence des planètes sur la naissance des enfants, du merveilleux effet des cheveux de la femme, des monstres, de la façon de connaître si une femme enceinte porte un garçon ou une fille, du venin que les vieilles femmes ont dans les yeux, surtout si elles y ont de la chassie, etc. Toutes ces rêveries grossières sont fastidieuses, absurdes et fort sales. On voit au livre II les vertus de certaines pierres, de certains animaux, et les mer-, veilles du monde, des planètes et dès astres. — Le livre III présente l’excellent traité des fientes, de singulières idées sur les urines, les punaises, les vieux souliers et la pourriture ; des secrets pour amollir le fer, pour manier les métaux, pour dorer l’étain et pour nettoyer la batterie de cuisine. Le livre IV est un traité de physiognomonie, avec des remarques savantes, des observations sur les jours heureux et malheureux, des préservatifs contre la fièvre, des purgatifs, des recettes de cataplasmes et autres choses de même nature. Nous rapporterons en leur lieu ce qu’il y a de curieux dans ces extravagances, et le lecteur, comme nous, trouvera étonnant qu’on vende chaque année par milliers d’exemplaires les secrets d’Albert le Grand aux habitants malavisés des campagnes.
Le solide Trésor du Petit Albert, ou secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique, traduit exactement sur l’original latin intitulé Alberti Parvi Lucii liber de mirabilibus naturæ arcanis, enrichi de figures mystérieuses et la manière de les faire (ce sont des figures de talismans). Lyon, chez les héritiers de Beringos frères, à l’enseigne d’Agrippa. In-18, 6516 (année cabalistique). — Albert le Grand est également étranger à cet autre recueil d’absurdités, plus dangereux que le premier, quoiqu’on n’y trouve pas, comme les paysans se l’imaginent, les moyens d’évoquer le diable. On y voit la manière de nouer et de dénouer l’aiguillette, la composition de divers philtres, Fart de savoir en songe qui on épousera, des secrets pour faire danser, pour multiplier les pigeons, pour gagner au jeu, pour rétablir le vin gâté pour faire des talismans cabalistiques, découvrir les trésors, se servir de la main de gloire, composer l’eau ardente et le feu grégeois, la jarretière et le bâton du voyageur, l’anneau d’invisibilité, la poudre de sympathie, l’or artificiel, et enfin des remèdes contre les maladies, et des gardes pour les troupeaux. Voy. ces divers articles.
Albert d’Alby, auteur de l’Oracle parfait. Voy. Cartomancie, à la fin.
Albert de Saint-Jacques († 1680) est un carme déchaux français, auteur d'ouvrages de spiritualité.
Christophe Mercier est né à Dole (France), au commencement du XVIIe siècle, quand la Franche-Comté dépendait des Habsbourg d'Espagne, tout comme les Pays-Bas méridionaux. C'est ainsi que Christophe entre dans la province wallo-belge de l'ordre des carmes déchaussés, sous le nom d'Albert de Saint-Jacques. Il réside quelque temps au désert de Marlagne, près de Namur (Belgique) À cette époque, les carmes belges réalisent les premières implantations de l'Ordre à Dole (1623) et à Salins (1627). Aussi une nouvelle province carmélitaine, dite de Bourgogne, est-elle créée en 1653 dans la Franche-Comté. Albert de Saint-Jacques en deviendra ultérieurement le supérieur. En 1668, il doit interrompre ses visites canoniques en Franconie et en Rhénanie. En effet, après une expédition victorieuse de Louis XIV en Franche-Comté, les membres du Parlement local ont désigné le carme comme leur représentant, et l'ont envoyé à Bruxelles afin qu'il assure les autorités espagnoles de leur loyalisme. Au terme d'une vie consacrée à la prédication et à la direction spirituelle, il décède en 1680, deux ans après le traité de Nimègue, ratifiant le rattachement de sa région à la France.
Albigeois, fusion de manichéens très perfides, dont l’hérésie éclata dans le Languedoc, et eut pour centre Albi. Ils admettaient deux principes, disant que Dieu avait produit de lui-même Lucifer, qui était ainsi son fils aîné ; que Lucifer, fils de Dieu, s’était révolté contre lui ; qu’il avait entraîné dans sa rébellion une partie des anges ; qu’il s’était vu alors chassé du ciel avec ses complices ; qu’il avait, dans son exil, créé ce monde que nous habitons, où il régnait et où tout allait mal. Ils ajoutaient que Dieu, pour rétablir l’ordre, avait produit un second fils, qui était Jésus-Christ.
Ce singulier dogme se présentait avec des variétés, suivant les différentes sectes. Presque toutes niaient la résurrection de la chair, l’enfer et le purgatoire, disant que nos âmes n’étaient que des démons logés dans nos corps en châtiment de leurs crimes. — Les Albigeois avaient pris, dès la fin du douzième siècle, une effrayante consistance. Ils tuaient les prêtres et les moines, brûlaient les croix, détruisaient les églises. De si odieux excès marquaient leur passage, que, les remontrances et les prédications étant vaines, il fallut faire contre eux une croisade, dont Simon de Montfort fut le héros. On a dénaturé et faussé par les plus insignes mensonges l’histoire de cette guerre sainte ; on a oublié que, si les Albigeois eussent triomphé, l’Europe retombait dans la plus affreuse barbarie. Il est vrai que leurs défenseurs sont les protestants, héritiers d’un grand nombre de leurs erreurs, et les philosophes, amateurs assez souvent de leurs désordres.
Albigerius. Les démonographes disent que les possédés, par le moyen du diable, tombent quelquefois dans des extases pendant lesquelles leur âme voyage loin du corps, et fait à son retour des révélations de choses secrètes. C’est ainsi, comme dit Leloyer, que les corybantes devinaient et prophétisaient, phénomènes que le somnambulisme expliquerait peut-être. Saint Augustin parle d’un Carthaginois, nommé Albigerius, qui savait par ce moyen tout ce qui se faisait hors de chez lui. Chose plus étrange, a la suite de ses extases, il révélait souvent ce qu’un autre songeait dans le plus secret de sa pensée.
Saint Augustin cite un autre frénétique qui, dans une grande fièvre, étant possédé du mauvais esprit, sans extase, mais bien éveillé, rapportait fidèlement tout ce qui se faisait loin de lui. Lorsque le prêtre qui le soignait était à six lieues de la maison, le diable, qui parlait par la bouche du malade, disait aux personnes présentes en quel lieu était ce prêtre à l’heure où il parlait et ce qu’il faisait, etc. On prétend que Cagliostro en faisait autant. Ces choses-là sont surprenantes. Mais l’âme immortelle, suivant la remarque d’Aristote, peut quelquefois voyager sans le corps.
Albinos. Nom que les Portugais ont donné a des hommes d’une blancheur extrême, qui sont ordinairement enfants de nègres. Les noirs les regardent comme des monstres, elles savants ne savent â quoi attribuer cette blancheur. Les albinos sont pâles comme des spectres ; leurs yeux, faibles et languissants pendant le jour, sont brillants à la clarté de la lune. Les noirs, qui donnent aux démons la peau blanche, regardent les albinos comme des enfants du démon. Ils croient qu’ils peuvent les combattre aisément pendant le jour, mais que la nuit les albinos sont les plus forts et se vengent. Dans le royaume de Loango, les albinos passent pour des démons champêtres et obtiennent quelque considération à ce titre.
Vossius dit qu’il y a dans la Guinée des peuplades d’albinos. Mais comment ces peuplades subsisteraient-elles, s’il est vrai que ces infortunés ne se reproduisent point ?
Il paraît que les anciens connaissaient les albinos. « On assure, dit Pline, qu’il existe en Albanie des-individus qui naissent avec des cheveux blancs, des yeux de perdrix, et ne voient clair que pendant la nuit. » Il ne dit pas que ce soit une nation, mais quelques sujets affectés d’une maladie particulière. « Plusieurs animaux ont aussi leurs albinos, ajoute M. Salgues ; les naturalistes ont observé des corbeaux blancs, des merles blancs, des taupes blanches ; leurs yeux sont rouges, leur peau est plus pale et leur organisation plus faible. »
Alborak. Voy. Borak.
Albumazar, astrologue du neuvième siècle, né dans le Khorassan, connu par son traité astrologique intitulé Milliers d’années, où il affirme que le monde n’a pu être créé que quand les sept planètes se sont trouvées en conjonction dans le premier degré du Bélier, et que la fin du monde aura lieu quand ces sept planètes, qui sont aujourd’hui (en 1862) au nombre de cinquante et une, se rassembleront dans le dernier dégrèves Poissons. On a traduit en latin et imprimé d’Albumazar le Tractatus florum aslrologiæ, in-4°, Àugsbourg, 1488. On peut voir dans Casiri, Biblioth. arab. hispan., t. Ier, p. 351, le catalogue de ses ouvrages.
Albunée ou Albunea, plus connue sous le nom de sibylle tiburtine, est une nymphe qui compte parmi les plus fameuses sibylles de l'antiquité romaine grâce à ses dons de prophétie.
Elle rend ses oracles dans un bois près de Tibur (aujourd'hui Tivoli), là où l'Anio se jette dans le Tibre avec un bruit semblable au tonnerre, tel Jupiter. D'autre part, il se trouve près de ses chutes un lac d'où s'exhalent des vapeurs empoisonnées qui font croire aux Romains que le lieu est inspiré par les Dieux. Ce lac pourrait correspondre à la zone de Tivoli Terme célèbre depuis l'Antiquité pour ses eaux thermales sulfurées.
Les habitants de Tibur lui érigent au IIe siècle av. J.-C. le temple de la Sibylle sur les sommets de la ville pour célébrer son culte, temple qui est toujours visible de nos jours au centre de Tivoli à côté de celui de Vesta. Voy. Sibylles.
Alchabitius. Voy. Abd-el-Azys.
Alchimie. L’alchimie ou chimie par excellence, qui s’appelle aussi philosophie hermétique, est cette partie éminente de la chimie qui s’occupe de l’art de transmuer les métaux. Son résultat, en expectative, est la pierre philosophale. Voy. Pierre philosophale et Gobineau.
Alchindus, que Wierus met au nombre des magiciens, mais que Delrio se contente de ranger parmi les écrivains superstitieux, était un médecin arabe du onzième siècle qui employait comme remède les paroles charmées et les combinaisons de chiffres. Des démonologues l’ont déclaré suppôt du diable, a cause de son livre intitulé Théorie des arts magiques, qu’ils n’ont point lu. Jean Pic de la Mirandole dit qu’il ne connaît que trois hommes qui se soient occupés de la magie naturelle et permise : Alchindus, Roger Bacon et Guillaume de Paris. Alchindus était simplement un peu physicien dans des temps d’ignorance. À son nom arabe Alcendi, qu’on a latinisé, quelques-uns ajoutent le prénom de Jacob ; on croit qu’il était mahométan. — On lui reproche d’avoir écrit des absurdités. Par exemple, il pensait expliquer les songes en disant qu’ils sont l’ouvrage des esprits élémentaire qui se montrent à nous dans le sommeil et nous représentent diverses actions fantastiques, comme des acteurs qui jouent la comédie devant le public ; ce qui n’est peut-être pas si bête.
Alcoran. Voy. Koran.
Alcyon. Une vieille opinion, qui subsiste encore chez les habitants des côtes, c’est que l’alcyon ou martin-pêcheur est une girouette naturelle, et que, suspendu par le bec, il désigne le côté d’où vient le vent, en tournant sa poitrine vers ce point de l’horizon. Ce qui a mis cette croyance en crédit parmi le peuple, c’est l’observation qu’on a faite que l’alcyon semble étudier les vents et les deviner lorsqu’il établit son nid sur les îlots, vers le solstice d’hiver. Mais cette prudence est-elle dans l’alcyon une prévoyance qui lui soit particulière ? N’est-ce pas simplement un instinct de la nature qui veille à la conservation de cette espèce ? « Bien des choses arrivent, dit Brown, parce que le premier moteur l’a ainsi arrêté, et la nature les exécute par des voies qui nous sont inconnues. »
C’est encore une ancienne coutume de conserver les alcyons dans des coffres, avec l’idée qu’ils préservent des vers les étoffes de laine. On n’eut peut-être pas d’autre but en les pendant au plafond des chambres. « Je crois même, ajoute Brown, qu’en les suspendant par le bec on n’a pas suivi la méthode des anciens, qui les suspendaient par le dos, afin que le bec marquât les vents. Car c’est ainsi que Kirker a-décrit l’hirondelle de mer. » Disons aussi qu’autrefois, en conservant cet oiseau, on croyait que ses plumes se renouvelaient comme s’il eut été vivant, et c’est ce qu’Albert le Grand espéra inutilement dans ses expériences.
Outre les dons de prédire le vent et de chasser les vers, on attribue encore à l’alcyon la précieuse qualité d’enrichir son possesseur, d’entretenir l’union dans les familles et de communiquer la beauté aux femmes qui portent ses plumes. Les Tartares et les Ostiaks ont une très-grande vénération pour cet oiseau. Ils recherchent ses plumes avec empressement, les jettent dans un grand vase d’eau, gardent avec soin celles qui surnagent, persuadés qu’il suffit de loucher quelqu’un avec ces plumes pour s’en faire aimer. Quand un Ostiak est assez heureux pour posséder un alcyon, il en conserve le bec, les pattes et la peau, qu’il met dans une bourse, et, tant qu’il porte ce trésor, il se croit à l’abri de tout malheur. C’est pour lui un talisman comme les fétiches des nègres. Voy. Âme damnée.
Aldon. Voy. Granson.
Alectorienne (Pierre). Voy. Coq.
Alectryomancie ou Alectromancie. Divination par le moyen du coq, usitée chez les anciens.
Voici quelle était leur méthode : — Ou traçait sur le sable un cercle que l’on divisait en vingt-quatre espaces égaux. On écrivait dans chacun de ces espaces une lettre de l’alphabet ; on mettait sur chaque lettre un grain d’orge ou de blé ; on plaçait ensuite au milieu du cercle un coq dressé à ce manège ; on observait sur quelles lettres il enlevait le grain ; on en suivait l’ordre, et ces lettres rassemblées formaient un mot quu donnait la solution de ce que l’on cherchait à savoir. Des devins, parmi lesquels on cite Jamblique, voulant connaître le successeur de l’empereur Valens, employèrent l’alectryomancie ; le coq tira les lettres Théod… Valens, instruit de cette particularité, fit mourir plusieurs des curieux qui s’en étaient occupés, et se défit même, s’il faut en croire Zonaras, de tous les hommes considérables dont le nom commençait par les lettres fatales. Mais, malgré ses efforts, son sceptre passa à Théodose le Grand. — Cette prédiction a dû être faite après coup.
Ammien-Marcellin raconte la chose autrement. Il dit que sous l’empire de Valens on comptait parmi ceux qui s’occupaient de magie beaucoup de gens de qualité et quelques philosophes. Curieux de savoir quel serait le sort de l’empereur régnant, ils s’assemblèrent la nuit dans une des maisons affectées à leurs cérémonies : ils commencèrent par dresser un trépied de racines et de rameaux de laurier, qu’ils consacrèrent par d’horribles imprécations ; sur ce trépied ils placèrent un bassin formé de différents métaux, et ils rangèrent autour, à distances égales, toutes les lettres de l’alphabet. Alors le mystagogue le plus savant de la compagnie s’avança, enveloppé d’un long voile, la tête rasée, tenant à la main des feuilles de verveine, et faisant à grands cris d’effroyables invocations qu’il accompagnait de convulsions. Ensuite, s’arrêtant tout à coup devant le bassin magique, il y resta immobile, tenant un anneau suspendu par un fil. C’était de la dactylomancie. À peine il achevait de prononcer les paroles du sortilège, qu’on vit le trépied s’ébranler, l’anneau se remuer, et frapper tantôt une lettre, tantôt une autre. À mesure que ces lettres étaient ainsi frappées, elles allaient s’arranger d’elles-mêmes, à côté l’une de l’autre, sur une table où elles composèrent des vers héroïques qui étonnèrent toute l’assemblée.
Valens, informé de cette opération, et n’aimant pas qu’on interrogeât les enfers sur sa destinée, punit les grands et les philosophes qui avaient assisté à cet acte de sorcellerie : il étendit même la proscription sur tous les philosophes et tous les magiciens de Rome. Il en péril une multitude ; et les grands, dégoûtés d’un art qui les exposait à des supplices, abandonnèrent la magie à la populace et aux vieilles, qui ne là firent plus servir qu’à de petites intrigues et à des maléfices subalternes. Voy. Coq, Mariage, etc.
Alès (Alexandre), ami de Melanchthon, né en 1500 à Édimbourg. Il raconte que, dans sa jeunesse, étant monté sur le sommet d’une très-haute montagne, il fit un faux pas et roula dans un précipice. Comme il était près de s’y engloutir, il se sentit transporter en un autre lieu, sans savoir par qui ni comment, et se retrouva sain et sauf, exempt de contusions et de blessures. Quelques-uns attribuèrent ce prodige aux amulettes qu’il portait au cou, selon l’usage des enfants de ce temps-là. Pour lui, il l’attribue à la foi et aux prières de ses parents, qui n’étaient pas hérétiques.
Alessandro Alessandri, en latin Alexander ab Atexandro, — jurisconsulte napolitain, mort en 1523. Il a publié un recueil rare de dissertations sûr les choses merveilleuses. Il y parle de prodiges arrivés récemment en Italie, de songes vérifiés, d’apparitions et de fantômes qu’il dit avoir vus lui-même. Par la suite, il a fondu ces dissertations dans son livre Genialium dierumn où il raconte toutes sortes de faits prodigieux. Voy. Possessions et Spectres, et les Légendes des esprits et démons.
Aleuromancie, divination qui se pratiquait avec de la farine. On mettait des billets roulés dans un tas de farine ; on les remuait neuf fois confusément. On partageait ensuite la masse aux différents curieux, et chacun se faisait un thème selon les billets qui lui étaient échus. Chez les païens, Apollon était appelé Aleuromantis, parce qu’il présidait à cette divination. Il en reste quelques vestiges dans certaines localités, où l’on emploie le son au lieu de farine. C’est une amélioration.
Alexandre le Grand, roi de Macédoine, etc. Il a été le Sujet de légendes prodigieuses chez les Orientaux, qui ont sur lui dés contes immenses. Ils l’appellent Iskender. Les démonographes disent qu’Aristote lui enseigna la magie ; les cabalistes lui attribuent un livre sur les propriétés des éléments ; les rabbins écrivent qu’il eut un songé qui l’empêcha de maltraiter les Juifs, lorsqu’il voulut entrer en conquérant dans Jérusalem.
La figure d’Alexandre le Grand, gravée en manière de talisman sous certaines influences, passait autrefois pour un excellent préservatif. Dans la famille des Macriens, qui usurpèrent l’empire du temps de Valérien, les hommes portaient toujours sur eux la figure d’Alexandre ; les femmes en ornaient leur coiffure, leurs bracelets, leurs anneaux. Trebellius Pollio dit que cette figure est d’un grand secours dans toutes les circonstances de la vie, si on la porte en or ou en argent… Le peuple d’Antioche pratiquait cette superstition, que saint Jean Chrysostome eut beaucoup de peine à détruire.
Alexandre de Paphlagonie, imposteur et charlatan du genre d’Apollonius de Tyane, né au deuxième siècle, en Paphlagonie, dans le bourg d’Abonotique. Ses pauvres parents n’ayant pu lui donner aucune éducation, il profita, pour se pousser dans le monde, de quelques dons qu’il tenait de la nature. Il avait le teint net, l’œil vif, la voix claire, la taille belle, peu de barbe et peu de cheveux, mais un air gracieux et doux. Il s’attacha, presque enfant, à une sorte de magicien qui débitait des philtres pour produire l’affection ou la haine, découvrir les trésors, obtenir les successions, perdre ses ennemis, et autres résultats de ce genre. Cet homme, ayant reconnu dans Alexandre un esprit adroit, l’initia à ses secrets. Après la mort du vieux jongleur, Alexandre se lia avec un certain Cocconas, homme malin, et ils parcoururent ensemble divers pays, étudiant l’art de faire des dupes. Ils rencontrèrent une vieille dame riche, que leurs prétendus secrets charmèrent, et qui les fit voyager à ses dépens depuis la Bithynie jusqu’en Macédoine. — Arrivés en ce pays, ils remarquèrent qu’on y élevait de grands serpents, si familiers qu’ils jouaient avec les enfants sans leur faire de mal ; ils en achetèrent un des plus beaux pour les scènes qu’ils se proposaient de jouer. Ils se rendirent à Abonotique, où les esprits étaient grossiers, et là ils cachèrent des lames de cuivre dans un vieux temple d’Apollon qu’on démolissait, Ils avaient écrit dessus qu’Esculape et son père viendraient bientôt s’établir dans la ville.
Ces lames ayant été trouvées, les habitants se hâtèrent de décerner un temple à ces dieux, et ils en creusèrent les fondements. — Cocconas mourut alors de la morsure d’une vipère. Alexandre se hâta de prendre son rôle, et, se déclarant prophète, il se montra avec une longue chevelure, une robe de pourpre rayée de blanc ; il tenait dans sa main une faux, comme on en donne une à Persée, dont il prétendait descendre du côté de sa mère ; il publiait un oracle qui le disait fils de Podalyre, lequel, à la manière des dieux du paganisme, avait épousé sa mère en secret. Il faisait débiter en même temps une prédiction d’une sibylle qui portait que des bords du Pont-Euxin il viendrait un libérateur d’Ausonie.
Dès qu’il se crut convenablement annoncé, il parut dans Abonotique, où il fut accueilli comme un dieu. Pour soutenir sa dignité, il mâchait là racine d’une certaine herbe qui le faisait écumer, ce que le peuple attribuait à l’enthousiasme divin. Il avait préparé une tête habilement fabriquée, dont les traits représentaient la face d’un homme, avec une bouche qui s’ouvrait et se fermait par un fil caché. Avec cette tête et le serpent apprivoisé qu’il avait acheté en Macédoine, et qu’il cachait soigneusement, il prépara un grand prodige. Il se transporta de nuit à l’endroit où l’on creusait les fondements du temple, et déposa dans une fontaine voisine un œuf d’oie où il avait enfermé un petit serpent qui venait de naître. Le lendemain matin, il se rendit sur la place publique, l’air agité, tenant sa faux à la-main, et ceint d’une écharpe dorée. Il monta sur un autel élevé, et s’écria que ce lieu était honoré de la présence d’un dieu. À ces mots, le peuple accouru commença à faire des prières, tandis que l’imposteur prononçait dés mots en langue phénicienne, ce qui servait à redoubler l’étonnement général. — Il courut ensuite vers le lieu où il avait caché son œuf, et, entrant dans l’eau, il commença à chanter les louanges d’Apollon et d’Esculape, et à inviter ce dernier à se montrer aux mortels ; puis, enfonçant une coupe dans la fontaine, il en retira l’œuf mystérieux. Le prenant dans sa main, il s’écria : « Peuples, Voici votre Dieu ! » Toute la foule attentive poussa des cris de joie, en voyant Alexandre casser l’œuf et en tirer un petit serpent qui s’entortilla dans ses doigts.
Chacun se répandit en accents de joie ; les uns demandant au dieu la santé, les autres les honneurs ou des richesses. — Enhardi par ce succès, Alexandre fit annoncer le lendemain que le dieu qu’ils avaient vu si petit lit veille avait repris, sa grandeur naturelle.
Il se plaça sur un lit, revêtu de ses habits de prophète, et, tenant dans, son sein le serpent qu’il avait apporté de Macédoine, il le laissa voir entortillé autour de son cou et traînant une longue queue ; il en cachait la tête sous son aisselle, et faisait paraître à la place la figure humaine qu’il avait préparée. Le lieu de la scène était faiblement éclairé ; on entrait par une porte et on sortait par une autre ; sans qu’il fût possible, à cause de l’affluence, de s’arrêter longtemps. Ce spectacle dura quelques jours ; il se renouvelait toutes les fois qu’il arrivait quelques étrangers. On fit des images du dieu en cuivre et en argent.
Alexandre, voyant les esprits préparés, annonça que le dieu rendrait des oracles, et qu’on eût à lui écrire des billets cachetés. Alors, s’enfermant dans le sanctuaire du temple qu’on venait de bâtir, il faisait appeler ceux qui avaient donné des billets, et les leur rendait sans qu’ils parussent avoir été ouverts, mais accompagnés de la réponse du dieu. Ces billets avaient été lus avec tant d’adresse qu’il était impossible de s’apercevoir qu’on eût rompu le cachet, Des espions et des émissaires informaient le prophète de tout ce qu’ils pouvaient apprendre, et ils l’aidaient à rendre ses réponses, qui d’ailleurs étaient toujours obscures ou ambiguës, suivant la prudente coutume des oracles. On apportait des présents pour le dieu et pour le prophète.
Voulant nourrir l’admiration par une nouvelle supercherie, Alexandre annonce un jour qu’Esculape répondrait en personne aux questions qu’on lui ferait : cela s’appelait des réponses de la propre bouche du dieu. On opérait cette fraude par le moyen de quelques artères de grues, qui aboutissaient d’un côté à la tête du
dragon postiche, et de l’autre a la bouche d’un homme caché dans une chambre voisine ; — à moins pourtant qu’il n’y eût dans son fait quelque magnétisme. — Les réponses se rendaient en prose ou en vers, mais toujours dans un style si vague, qu’elles prédisaient également le revers où le succès. Ainsi l’empereur Marc-Aurèle, faisant la guerre aux Germains, lui demanda un oracle. On dit même qu’en 174 il fit venir Alexandre à Rome, le regardant comme le dispensateur de l’immortalité. L’oracle sollicité disait qu’il fallait, après les cérémonies prescrites, jeter deux lions vivants dans le Danube, et qu’ainsi l’on aurait l’assurance d’une paix prochaine, précédée d’une victoire éclatante. On exécuta la prescription. Mais lés deux lions traversèrent le fleuve a la nage, les barbares les tuèrent, et mirent ensuite l’armée de l’empereur en déroute ; à quoi le prophète répliqua qu’il avait annoncé là victoire, mais qu’il n’avait pas désigné le vainqueur.
Une autre fois, un illustre personnage fit demander au dieu quel précepteur il devait donner à son fils ; il lui fut répondu : — Pythagore et Homère. L’enfant mourut quelque temps après. — L’oracle annonçait la chose, dit le père, en donnant au pauvre enfant deux précepteurs morts depuis longtemps. S’il eût vécu, on l’eût instruit avec les ouvrages de Pythagore et d’Homère, et l’oracle aurait encore eu raison.
Quelquefois le prophète dédaignait d’ouvrir les billets, lorsqu’il se croyait instruit de la demande passes agents ; il s’exposait à de singulières erreurs. Un jour il donna un remède pour le mal de côté, en réponse à une lettre qui lui demandait quelle était la patrie d’Homère. On ne démasqua point cet imposteur, que l’accueil de Marc-Aurèle avait entouré de vénération. Il avait prédit qu’il mourrait à cent cinquante ans, d’un coup de foudre, comme Esculape : il mourut dans sa soixante-dixième année, d’un ulcère à la jambe, ce qui n’empêcha pas qu’après sa mort il eût, comme un demi-dieu, des statues et des sacrifices.
Alexandre de Tralles, médecin, né à Tralles, dans l’Asie Mineure, au sixième siècle. On dit qu’il était très-savant ; ses ouvrages prouvent au moins qu’il était très-crédule. Il conseillait à ses malades les amulettes et les paroles charmées. Il assure, dans sa Médecine pratique, que la figure d’Hercule étouffant le lion de la forêt de Némée, gravée sur une pierre et enchâssée dans un anneau, est un excellent remède contre la colique. Il prétend aussi qu’on guérit parfaitement la goutte, la pierre et les lièvres par des phylactères et des charmes. Cela montre au moins qu’il ne savait pas les guérir autrement.
Alexandre III (Né à Roxburgh le mort le ) est un roi d'Écosse issu de la maison de Dunkeld. Il est le fils unique du roi Alexandre II et de sa seconde épouse Marie de Coucy. Il règne de 1249 à 1286.
Alexandre est le seul fils né de l'union d'Alexandre II et de Marie de Coucy († 1284). Lorsque le roi Alexandre II meurt le 8 juillet 1249, la couronne d'Écosse passe à son fils. Ce dernier, né à Roxburgh le 4 septembre 1241, à peine âgé de huit ans, devient roi sous le nom d'Alexandre III le 13 juillet. La cérémonie de couronnement traditionnelle a lieu à Scone. Le jeune roi est acclamé par la communauté des Scots, assis sur un trône sur l'ancien symbole de la « Pierre de la destiné », consacré, investi avec un manteau de sacre, pendant que sa généalogie est proclamée par un barde gaélique. Les magnats du royaume lui jurent ensuite obéissance.
Alexandre III, roi d’Ecosse. Il épousa en 1285 Yoletle, fille du comte de Dreux. Le soir de la solennité du mariage, on vit entrer à la lin du bal dans la salle où la cour était assemblée un spectre décharné qui se mit à danser, suivi d’une ombre voilée. Les gambades du spectre troublèrent lés assistants ; les fêtes furent suspendues, et des habiles déclarèrent que cette apparition annonçait la mort prochaine du roi. En effet, la même année, dans une partie de chasse, Alexandre, montant, un cheval mal dressé, fut jeté hors de selle et mourut de la chute
Alexandre VI, Rodrigo de Borja, né Roderic Llançol i de Borja le à Xàtiva (royaume de Valence, couronne d'Aragon), mort le , devenu Rodrigo Borgia après son arrivée en Italie, fut pape sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503.
Il est connu pour ses mœurs dissolues. Son pontificat est marqué en 1493 par la bulle Inter caetera, qui partageait le Nouveau Monde entre l'Espagne et le Portugal.
Elu pape en 1492 ; pontife qui a été jugé sur un misérable pamphlet laissé par un chanoine laïque, son ennemi. Quelques sots écrivains affirment qu’il avait à ses ordres un démon familier, qui passa ensuite aux ordres de César Borgia.
Alfader, dieu très-important dans la théogonie Scandinave. Avant de créer le ciel et la terre, il était prince des géants. Les âmes, des bons doivent vivre avec lui dans le Simle ou le Wingolff ; mais les méchants passent aux mains d’Héla, qui les envoie au Niflheim, la région des nuages inférieurs au neuvième monde. L’Edda lui donne divers noms : Nikar (le sourcilleux), Svidrer (l’exterminateur), Svider (l’incendiaire), Oske (celui qui choisit les morts), etc. — Le nom d’Alfader a été donné aussi à Odin.
Alfares, génies Scandinaves. Les bons sont appelés lios ou lumineux, les méchants docks ou noirs.
Alfridarie, espèce de science qui tient de l’astrologie et qui attribue successivement quelque influence sur la vie aux diverses planètes, chacune régnant à son tour un certain nombre d’années. Voy. Planètes.
Alfs, demi-lutins en Angleterre et dans le Nord. — Voy. Elfes.
Algol. Des astrologues arabes ont donné ce nom au diable.
Aliorumnas, sorcières qui, bannies par Félimer, roi des Goths, avaient dans les déserts contracté des mariages avec les dénions et furent mères des Huns, dès Avares et des Hongrois.
Alice de Télieux, nonne du monastère de Saint-Pierre de Lyon, qui s’échappa de son couvent, au commencement du seizième siècle, en un temps où cette maison avait besoin de réforme, mena mauvaise vie et mourut misérablement, toutefois dans le repentir. Son âme revint après sa mort et se manifesta à la manière de ce qu’on appelle aujourd’hui les esprits frappeurs. Cette histoire a été écrite par Adrien de Montalembert, aumônier de François Ie.
Alkalalaï, cris d’allégresse des Kamtschadales ; ils le répètent trois fois à la fêté des balais, en l’honneur de leurs trois grands dieux, Filiat-Chout-Chi, le père ; Touïta, son fils, et Gaëlch, son petit-fils. La fête des balais consiste, chez ces peuples sales, à balayer avec du bouleau le foyer de leurs cabanes.
Aliette. Voy. Etteila.
Allan-Kardec. Voy. Kardec
Alléluia, mot hébreu qui signifie louange à Dieu. Les bonnes gens disent encore dans plusieurs provinces qu’on fait pleurer la sainte Vierge lorsqu’on chante alléluia pendant le carême.
Il y avait à Chartres une singulière coutume. À l’époque où l’on en cesse le chant, l’Alléluia était personnifié et représenté par une toupie qu’un enfant de chœur jetait au milieu de l’église et poussait dans la sacristie avec un fouet. Cela s’appelait l’Alléluia fouetté.
On appelle trèfle de l’Alléluia mie plante qui donné, vers le temps de Pâques, une petite fleur blanche étoilée. Elle passe pour un spécifique contre les philtres.
Allix. Voici un de ces traits qui accusent l’ignorance et la légèreté des anciens juges de parlement. — Allix, mathématicien, mécanicien et musicien, vivait à Aix en Provence, vers le milieu du dix-septième siècle ; il fit un squelette qui, par un mécanisme caché, jouait de la guitare. Bonnet, dans son Histoire de la musique, page 82, rapporte l’histoire tragique de ce pauvre savant. Il mettait au cou de son squelette une guitare accordée à l’unisson d’une autre qu’il tenait lui-même dans ses mains, et plaçait les doigts de l’automate sur le manche ; puis, par un temps calme et serein, les fenêtres et la porte étant ouvertes, il s’installait dans un coin de sa chambré et jouait sur sa guitare des passages que le squelette répétait sur la sienne. Il y a lieu de croire que l’instrument résonnait à la manière des harpes éoliennes, et que le mécanisme qui faisait mouvoir les doigts du squelette n’était pour rien dans la production des sons. (Nous citons M. Fétis sans l’approuver, et nous le renvoyons aux automates musiciens de Vaucanson, qui n’étaient pas des harpes éoliennes). — Quoi qu’il en soit, poursuit le biographe, ce concert étrange causa de la rumeur parmi la population superstitieuse de la ville d’Aix ; Allix fut accusé de magie, et le parlement lit instruire son procès. Jugé par la chambre de la Tournelle, il ne put faire comprendre que l’effet merveilleux de son automate n’était que la résolution d’un problème mécanique. L’arrêt du Parlement le condamna à être pendu et brûlé en place publique, avec le squelette complice de ses sortilèges ; la sentence fut exécutée en 1664. »
Almanach. Nos ancêtres traçaient le cours des lunes pour toute l’année sur un petit morceau de bois, carré qu’ils appelaient al-mon-agt (observation de toutes les lunes) : telles sont, selon quelques auteurs, l’origine des almanachs et l’étymologie de leur, nom.
D’autres se réclament des Arabes, chez qui al-manack veut dire le mémorial.
Les Chinois passent pour les plus anciens faiseurs d’almanachs. Nous n’avons que douze constellations ; ils en ont vingt-huit. Toutefois leurs almanachs ressemblent à ceux de Matthieu Laensberg par les prédictions et les secrets dont ils sont farcis.
Bayle raconte l’anecdote suivante, pour faire voir qu’il se rencontre des hasards puérils qui éblouissent les petits esprits et donnent un certain crédit à l’astrologie. Guillaume Marcel, professeur de rhétorique au collège dé Lisieux, avait composé en latin l’éloge du maréchal dé Gassion, mort d’un coup de mousquet au siège de Lens. Il était près de le réciter en public, quand on représenta au recteur de F université que le maréchal était mort dans la religion prétendue réformée, et que son oraison funèbre ne pouvait être prononcée, dans une université catholique. Le recteur convoqua une assemblée ou il fut résolu, à la pluralité des voix, que l’observation était juste, Marcel ne put donc prononcer son panégyrique ; et les partisans de l’astrologie triomphèrent en faisant remarquer à tout le mondé que, dans l’almanach de Pierre Larrivey pour cette même année 1648, entre autres prédictions, il se trouvait écrit en gros caractères : LATIN PERDU !
Almanach du diable, le titre de ce fascicule attire l’œil et aiguise la curiosité, et c’est d’ailleurs l’intention que l’auteur, soi-disant le démon biblique Asmodée, revendique dans sa préface. « L’Almanach du Diable, contenant des prédictions très curieuses et absolument infaillibles pour l’année 1737 », suggère au lecteur un recueil parodique assaisonné d’une pointe d’humour caustique.
L’Almanach est composé à la manière d’un ouvrage imprimé classique. Il commence par une préface de l’auteur où ce dernier détaille l’objectif qu’il poursuivait et les difficultés qu’il a rencontrées lors de la rédaction de son œuvre, sans oublier d’introduire quelques jeux de mots : le risque de vexer certaines personnes qu’il aurait malencontreusement omis de citer, et la question de trouver une imprimerie où tirer le recueil. Celle des Nouvelles ecclésiastiques, revue janséniste clandestine, aurait pu convenir, « mais où diable la trouver ? ». La solution finit par s’imposer : le Seigneur Lucifer aura sa propre imprimerie, et notre diable d’auteur parvient à obtenir un « permis d’imprimer et de colporter » ainsi qu’une « approbation authentique de diablerie », reproduits à la suite de la préface. L’auteur termine sur une note bien sensée pour un diable, qui laisse entrevoir une appréhension toute humaine quant à la manière dont sera reçu le texte : « Quand on a aimé à rire des autres, il faut souffrir à son tour qu’ils rient de nous. La moitié du monde, comme vous le sçavez, se moque de l’autre, et le sage rit de tout ».
Le permis d’imprimer parodie les privilèges royaux : Lucifer n’est pas « par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre », mais « par la colère de Dieu souverain des Enfers » ; en guise de salut, il souhaite à ceux qui ces présentes verront « grand appétit et gousset bien garny ». L’autorisation vise à permettre à Asmodée, « inspecteur général de nos chaudières », de couvrir les dépenses extraordinaires qu’il a dû avancer en raison du grand nombre de nouveaux sujets que l’Enfer a accueilli ces dernières années grâce aux guerres de Louis XV. Il est à noter que, à l’instar du roi de France, Lucifer exige que deux exemplaires soient déposés dans sa Bibliothèque publique. Instauré par François Ier en 1537 dans un but de conservation de la mémoire écrite, le dépôt légal a perduré aux siècles suivants, ajoutant à ses avantages patrimoniaux un exercice facilité de la censure.
Suivent ensuite l’approbation susmentionnée, puis une liste de 67 prédictions. La cible de ces prophéties ? Les « people » bien sûr, les célébrités du moment, courtisans, dignitaires ecclésiastiques et autres beaux parleurs, personnages dont se raillaient déjà La Rochefoucault et La Bruyère au siècle précédent. Il s’agit d’un texte à clef : personne n’est cité nommément, le but du jeu étant pour le public de trouver qui se cache derrière chaque personnage, et pour l’auteur d’éviter la censure. Il est difficile aujourd’hui de résoudre la plupart de ces énigmes : ce qui était frais dans l’esprit des lecteurs a peu souvent survécu dans la mémoire collective. Ainsi la 12e prédiction fait référence au dramaturge Le Franc de Pompignan, dont les pièces sont aujourd’hui peu connues :
Fier du succès d’une grande élégie [une pièce intitulée Didon]
Que ces déclamateurs auront seuls fait valoir,
Il viendra encore leur offrir la tragédie, [Zoraïde]
Mais n’ayant plus de quoi payer la Compagnie,
Il ne pourra pas la faire recevoir.
Certaines prédictions sont générales (« deux grands rimeurs, l’un jeune l’autre vieux [c’est-à-dire Voltaire et Rousseau], très jaloux de leur renommée, se lâcheront cent traits injurieux […] »), d’autres, comme celle concernant Le Franc de Pompignan, font référence à un événement ayant eu lieu en 1736.
Les thèmes abordés sont divers, mais les prédictions tournent très souvent autour du jansénisme, de leur querelle avec les jésuites et de la bulle Unigenitus. Contrairement aux jésuites qui, pour l’expliquer simplement, considèrent que les hommes peuvent par leurs actions obtenir la grâce de Dieu, les jansénistes estiment que tout est écrit d’avance et que la grâce de Dieu est accordée indépendamment de notre comportement. Ils s’attirent ainsi l’animosité du pape Clément XI, qui fulmine en 1713 la bulle Unigenitus, condamnant 101 propositions tirées de l’ouvrage janséniste de référence de Pasquier Quesnel, les Réflexions morales. Cette bulle va être fortement contestée et l’affaire se poursuivra encore pendant une cinquantaine d’années.
Cette forte présence de la cause janséniste dans l’Almanach du Diable a laissé supposer que l’auteur en était un neveu de l’auteur des Réflexions morales. Emprisonné à la Bastille, il se pend le 1er juin 1738 sans avoir avoué… le mystère reste donc entier. L’ouvrage a été aussitôt interdit, les exemplaires brûlés. Il est par conséquent rare d’en trouver. Celui qui est exposé ici est une copie manuscrite, peut-être effectuée à partir d’un original ayant échappé à la censure. Car après tout, que peut la censure contre le Diable ?

Almoganenses, nom que les Espagnols donnent à certains peuples inconnus qui, par le vol et le chant des oiseaux, par la rencontre des bêtes sauvages et par divers autres moyens, devinaient tout ce qui devait arriver. « Ils conservent avec soin, dit Laurent Valla, des livres qui traitent de cette espèce de science ; ils y trouvent des règles pour toutes sortes de pronostics. Leurs devins sont divisés en deux classes : finie de chefs ou de maîtres, et l’autre de disciples ou d’aspirants. » — On leur attribue aussi fart d’indiquer non-seulement par où ont passé les chevaux et les autres bêtes de somme égarées, mais encore le chemin qu’auront pris une ou plusieurs personnes ; ce qui est très-utile pour la poursuite des voleurs. Les écrivains qui parlent des Almoganenses ne disent ni dans quelle province ni dans quel temps ont vécu ces utiles devins.
Almuchefi, miroir merveilleux. Voy. Bacon.
Almulus (Salomon), auteur d’une explication des songes en hébreu, in-8°. Amsterdam, 1642.
Alocer, Allocer ou Alloces est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
Le Lemegeton le mentionne en 23e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Alocer est un duc des enfers. Il apparaît avec une tête de lion et des yeux ardents, chevauchant un énorme cheval. Il ne s'exprime qu'avec gravité. Il connaît les secrets de l'astronomie et des arts libéraux. Il est à la tête de 36 légions.
La Pseudomonarchia Daemonum le mentionne en 57e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires.
Le dictionnaire infernal le mentionne comme « un puissant démon, qui se montre vêtu en chevalier, monté sur un cheval énorme ; sa figure rappelle les traits du lion ; il a le teint enflammé, les yeux ardents ; il parle avec gravité. On assure qu'il rend ceux qu'il protège heureux dans leur famille. ».
Alogricus. Voy. Alruy.

Alomancie (de grec halo, 'sel' et manteia, 'divination'), également appelé adromancie, ydromancie, idromancie et halomancie, est une ancienne forme de divination. Il ressemble à beaucoup d'autres formes de divination, le devin jette des cristaux de sel dans l'air et il interprète les tendances pour que les cristaux de sel tombent au sol ou ils se déplacent dans l'air. Le devin peut également interpréter des motifs formés à partir de résidu d'une solution de sel pour évaporer dans la cuve. Les interprétations exactes sont inconnues, mais elles suivent probablement une méthode similaire à l'aleuromancie..
Le sel est souvent lié avec de la chance et un peu de cette ancienne tradition qui peut être vu dans les superstitions, tel que le malheur perçu lorsque la salière est renversée et la coutume jetée en utilisant du sel sur l'épaule gauche pour recevoir de la bonne chance.
L'une de ces formes se compose de la coulée de sel dans un feu, elles sont considérées comme un type de pyromancie.
Alopécie, sorte de charme par lequel on fascine ceux à qui l’on veut nuire. Quelques auteurs donnent le nom d’alopécie à l’art de nouer l’aiguillette. Voy. Ligatures.
Aloros. C’est le nom que les Chaldéens donnaient à leur premier roi ; et, selon leurs traditions, il avait reçu le sceptre de la main de Dieu même en personne.
Alouette. Voy. Casso.
Alp est une créature fantastique des croyances allemandes. Il provient vraisemblablement de l'elfe, mais a fait l'objet d'un syncrétisme important par assimilation aux créatures du cauchemar. Les témoignages en parlent comme du double d'une personne endormie.
Alpes. Les Alpes, les Pyrénées et tous les pays de montagnes ont été chez nous et ailleurs les principaux foyers de magie. Voy. Sorciers.
Alphitomancie, divination par le pain d’orge. Cette divination importante est très-ancienne. Nos pères, lorsqu’ils voulaient dans plusieurs accusés reconnaître le coupable et obtenir de lui l’aveu de son crime, faisaient manger à chacun des prévenus un rude morceau de pain d’orge. Celui qui l’avalait sans peine était innocent : le criminel se trahissait par une indigestion. C’est même de cet usage, employé dans lés épreuves du jugement de Dieu, qu’est venue l’imprécation populaire : « Je veux, si je vous trompe, que ce morceau de pain m’étrangle ! »
Voici comment se pratiqué cette divination, qui, selon les doctes, il est d’un effet certain que pour découvrir ce qu’un homme a de caché dans le cœur. On prend de la pure fariné d’orge ; on là pétrit avec du lait et du sel ; on n’y met pas de levain ; on enveloppe ce pain compacte dans un papier graissé, on le fait cuire sous la cendre ; ensuite on le frotte de feuilles de verveine et on le fait manger à celui par qui on se croit trompé, et qui ne digère pas si la présomption est fondée.
Il y avait près de Lavinium un bois, sacré où l’on pratiquait l’alphitomancie. Dés prêtres nourrissaient dans une caverne un serpent, selon quelques-uns ; un dragon, selon d’autres. À certains jours on envoyait des jeunes filles lui porter à manger ; elles, avaient les yeux bandés et allaient a la grotte, tenant à la main un gâteau fait par elles avec du miel et de la farine d’orge, « Le diable, dit Delrio, les conduisait leur droit chemin. Celle dont le serpent refusait de manger le gâteau n’était pas sans reproche. »
Alphonse X, roi de Castille et de Léon, surnommé l’astronome et le philosophe, mort en 1284. On lui doit les Tables Alphonsines. C’est lui qui disait que, si Dieu l’avait appelé à son conseil au moment de là création, il eût pu lui donner de bons avis. Ce prince extravagant croyait à l’astrologie. Ayant fait tirer l’horoscope de ses enfants, il apprit que le cadet serait plus heureux que l’aîné, et il le nomma son successeur au trône. Mais, malgré la sagesse de cet homme, qui se jugeait capable dé donner des conseils au Créateur, l’aîné tua son frère cadet, mil son père dans une étroite prison et s’empara de la couronne ; toutes choses que sa science ne lui avait pas révélées.
Alpiel, ange ou démon qui, selon le Talmud, a l’intendance des arbres fruitiers.
Alrinach, démon de l’Occident, que les démonographes font présider aux tempêtes, aux tremblements de terre, aux pluies, à la grêlé, etc. C’est souvent lui qui submerge les navires. Lorsque se rend visible, il paraît sous les traits et les habits d’une femme.
Alrunes, démons succubes ou sorcières qui furent mères des Huns. Elles prenaient toutes séries de formes, mais ne pouvaient changer de sexe. Chez les Scandinaves, on appelait alrunes des sortes de fétiches nommés ailleurs Mandragores. Voy. ce mot.
Alruy (David), imposteur juif qui, en 1199, se prétendant de la race de David, se vanta d’être le Messie destiné à ramener les Juifs dans Jérusalem, Le roi dé Perse lé fit mettre en prison ; mais on voit dans benjamin de Tudèle, qui le cite, qu’il s’échappa en se rendant invisible. Il ne daigna se remontrer qu’aux bords de la mer. La, il étendit son écharpe sur l’eau, planta ses pieds dessus et passa la mer avec une légèreté incroyable, sans que ceux qu’on-envoya avec des bateaux a sa poursuite le pussent arrêter. — Cela le mit en vogue comme grand magicien. Mais enfin le scheik Aladin, prince turc, sujet du roi de Perse, fit tant à force d’argent, avec le beau-père dé David Alruy ou Alroy, lequel beau-père était peu délicat, que le prétendu Messie fut poignardé dans son lit. « C’est toujours la fin de telles gens, dit Leloyer ; et les magiciens juifs n’en ont pas meilleur marché que les autres magiciens, quoi que leur persuadent leurs talmudistes, qu’ils sont obéis de l’esprit malin. Car c’est encore une menterie du Talmud des Juifs, qu’il n’est rien de difficile aux sages, maîtres et savants en leurs lois, que les esprits d'enfer et célestes leur cèdent, et que Dieu même (ô blasphème !) ne leur peut résister… » — Ce magicien est appelé encore dans de vieux récits Alogricus. Il est enterré dans une île mystérieuse de l’Inde.
Altangatufun, idole dès Kalmouks, qui avait le corps et la tête d’un serpent, avec quatre pieds de lézard. Celui qui porte avec vénération son image est invulnérable dans les combats. Pour en faire l’épreuve, un khan lit suspendre cette idole attachée à un livré, et l’exposa aux coups dès plus habiles archers leurs ; traits ne purent atteindre le livre, qu’ils percèrent au contraire dès que l’idole en fut détachée. C’est là une légende de Cosaques.
Alveromancie ou Aleuromancie. Voy. ce mot.
Amadeus, visionnaire qui crut connaître par révélation deux psaumes d’Adam : le premier, composé en transport de joie à la création de la femme ; le second, en triste dialogue avec Ève après la chute.
Amaimon. Voy. Amoymon.
Amalaric, roi d’Espagne, qui épousa la princesse Clotilde, sœur du roi des Francs Childebert. La pieuse reine, n’approuvant pas les excès de son mari, tombé dans l’arianisme, le barbare, après d’autres mauvais traitements, lui fit crever les yeux. Clotilde envoya à son frère un mouchoir teint de son sang, et Childebert marcha aussitôt avec une année contre Amalaric. La justice des hommes fut prévenue par la justice éternelle. Tandis que le bourreau de Clotilde s’avançait au-devant des Francs, il tomba percé d’un trait percé par une main invisible. Des légendaires ont écrit que cette mort était l’ouvrage du diable ; mais le trait ne venait pas d’en bas.
Amalarie (Madeleine), sorcière qui allait au sabbat, et qui, chargée de onze homicides, fut mise à mort à soixante-quinze ans dans la baronnie de la Trimouille, à la fin du seizième siècle.
Amane. Le soleil, sans doute. C’était le dieu d’une secte des Parsis, qui l’honoraient par un feu perpétuel.
Amant (Jean d’), médecin empoisonneur qui fut accusé de magie et signalé à l’évêque de Fréjus au treizième siècle. Il avait une médecine empirique au moyen de laquelle il se vantait de pouvoir allonger la vie ou la raccourcir. Nous ignorons ce qu’il advint de fui.
Amarante, fleur que l’on admet parmi les symboles de l’immortalité. Les magiciens attribuent aux couronnés faites d’amarante de grandes propriétés, et surtout, la vertu de concilier les faveurs et la gloire à ceux qui les portent.
Amazeroth. Reginald Scott, qui a fait, comme Wierus, un dénombrement des puissances de l’enfer, cite Amazeroth comme un duc, ayant soixante légions sous ses ordres.
Amasis. Hérodote raconte qu’Amasis, roi d’Égypte, eut l’aiguillette nouée, et qu’il fallut employer les plus solennelles imprécations de la magie pour rompre le charme, Voy. Ligatures.
Amazones, nation de femmes guerrières, dont Strabon regarde à tort l’existence comme une fable. François de Torre-Blanca dit qu’elles étaient sorcières ; ce qui est plus hasardé. Elles se brûlaient la mamelle droite pour mieux tirer de l’arc ; et le père Ménestrier croit que la Diane d’Éphèse n’était ornée de tant de mamelles qu’à cause que les Amazones lui consacraient celles qu’elles se retranchaient. On dit que cette république sans hommes habitait la Cappadoce et les bords du Thermodon. Les modernes ont cru retrouver des peuplades d’Amazones en voyant des femmes armées sur les bords du Maragnon, qu’on a nommé pour cela le fleuve des Amazones. Des missionnaires en placent une nation dans les Philippines, et Thévenot une autre dans la Mingréдie. Mais, dit-on, une république de femmes ne subsisterait pas six mois, et ces États merveilleux ne sont que des fictions inventées pour récréer l’imagination. Cependant, un curieux passage nous est fourni par les explorations récentes de M. Texier dans l’Asie Mineure : il a découvert une enceinte de rochers naturels, aplanis par Part, et sur les parois de laquelle on a sculpté une scène d’une importance majeure dans l’histoire de ces peuples. Elle se compose de soixante figures, dont quelques-unes sont colossales. On y reconnaît l’entrevue de deux rois qui se font mutuellement des présents.
Dans l’un de ces personnages, qui est barbu ainsi que toute sa suite, et dont l’appareil a quelque chose de rude, le voyageur avait d’abord cru distinguer le roi de Paphlagonie ; et dans l’autre, qui est, imberbe ainsi que les siens, il voyait le roi de Perse, monté sur un lion et entouré de toute la pompe asiatique. Mais en communiquant ses dessins et ses conjectures aux antiquaires de Smyrne, qu’il a trouvés fort instruits, M. Texier s’est arrêté a l’opinion que cette scène remarquable représentait l’entrevue annuelle des Amazones avec le peuple voisin, qui serait les Leuco-Syriens ; et la ville voisine, ou le témoignage des géographes Pavait empêché de reconnaître Tavia, serait Thémiscyre, capitale de ce peuple.
Ambrosius ou Ambroise, roi d’Angleterre. — Voy. Merlin.
Amdusias ou Amduscias est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques. "Grand-Duc aux enfers. Il a la forme d'une licorne; mais lorsqu'il est évoqué, il se montre sous une figure humaine. Il donne des concerts, si on les lui commande; on entend alors, sans rien voir, le sons des trompettes et des autres instruments de musique. Les arbres s'inclinent à sa voix. Il commande vingt-neuf légions."
Le Lemegeton le mentionne en 67e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Amdusias est un grand duc des Enfers. Il a la forme d'une licorne mais lorsqu'il est invoqué, il se montre sous figure humaine. Il est précédé par la musique de trompettes et d'autres instruments. Il est capable d'incliner les arbres. Il commande à 29 légions infernales.
La Pseudomonarchia Daemonum le mentionne en 53e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires.
Un monstre du bestiaire de Castelain Curse Of Darkness semble directement inspiré du démon, s’appelant Amduscias, et ayant l'apparence d'une licorne bipède.
Âme. Tous les peuples ont reconnu l’immortalité de l’âme. Les hordes les plus barbares ne l’ont jamais été assez pour se rabaisser jusqu’à la brute. La brute n’est attachée qu’à la terre : l’homme seul élève ses regards vers un plus noble séjour. L’insecte est à sa place dans la nature ; l’homme n’est pas à la sienne.
La conscience, le remords, ce désir de pénétrer dans un avenir inconnu, ce respect que nous portons aux tombeaux, cet effroi de l’autre monde, cette croyance aux âmes qui ne se distingue que dans l’homme, tout nous instruirait déjà quand même la révélation ne serait pas là pour repousser nos doutes. Les matérialistes, qui, voulant tout juger par les yeux du corps, nient l’existence de l’âme parce qu’ils ne là Voient point, ne voient pas non plus le sommeil ; ils ne voient pas le vent ; ils ne comprennent pas la lumière, ni l’électricité, ni cent mille autres faits que pourtant ils ne peuvent nier.
On a cherché dé tout temps à définir ce que c’est que l’âme, ce rayon » Ce souffle de la Divinité. Selon les uns, c’est la conscience, c’est l’esprit ; selon d’autres, c’est cet espoir d’une autre vie qui palpite dans le cœur dé tous lés hommes. C’est, dit Léon l’Hébreu, le cerveau avec ses deux puissances » le sentiment et le mouvement volontaire. C’est une flamme, à dit un autre. Dicéarque affirmé que l’âme est une harmonie et une concordance dès quatre éléments.
Quelques-uns sont allés loin, et put voulu connaître la figure de l’âme. Un savant a même prétendu, d’après les dires d’un revenant, qu’elle ressemblait à un vase sphérique de verre poli, qui a des yeux de tous les côtés.
L’âme, a-t-on dit encore, est comme une vapeur légère et transparente qui conserve la figure humaine. Un docteur talmudique, vivant dans un ermitage avec son fils et quelques amis, vit un jour l’âme d’un de ses compagnons qui se détachait tellement de son corps, qu’elle lui faisait déjà ombre à la tête. If comprit que son ami allait mourir, et lit tant par ses prières, qu’il obtint que cette pauvre âme rentrât dans le corps qu’elle abandonnait. « Je crois de celle bourde ce qu’il faut en croire, dit Leloyer, comme de toutes les autres bourdes et braveries des rabbins. »
Les Juifs se persuadent, au rapport du Hollandais Hoornbeeck, que les âmes ont toutes été créées ensemble, et par paires d’une âme d’homme et d’une âme de femme ; de sorte que les mariages sont heureux et accompagnés de douceur et de paix, lorsqu’on se marie avec l’âme à laquelle on a été accouplé dès le commencement ; mais ils sont malheureux dans le cas contraire. On a à lutter contre ce malheur, ajoute-t-il, jusqu’à ce qu’on puisse être uni, par un second mariage, à l’âme dont on a été fait le pair dans la création ; et cette rencontre est rare.
Philon, Juif qui à écrit aussi sur l’âme, pense que, comme il y à de bons et de mauvais anges, il y a aussi de bonnes et de mauvaises âmes, et que les âmes qui descendent dans les corps y apportent leurs qualités bonnes ou mauvaises. Toutes les innovations dés hérétiques et des philosophes, et toutes lés doctrines qui n’ont pas leur base dans les enseignements de l’Église, brillent par de semblables absurdités.
Les musulmans disent que les âmes demeurent jusqu’au jour du jugement dans le tombeau, auprès du corps qu’elles ont animé. Les païens croyaient que les âmes, séparées de leurs corps grossiers et terrestres, conservaient après la mort une formé plus subtile et plus déliée de la figure du corps qu’elles quittaient, mais plus grande et plus majestueuse ; que ces formes étaient lumineuses et de la nature dès astres ; que les âmes gardaient dé l’inclination pour les choses qu’elles avaient aimées pendant leur vie, et que souvent elles se montraient autour de leurs tombeaux. Quand l’âme de Patrocle se leva devant Achille, elle avait sa voix, sa taille, ses yeux, ses habits, du moins en apparence, mais non pas son corps palpable.
Origène trouve que ces idées ont une source respectable, et que les âmes doivent avoir en effet une consistance, mais subtile ; il se fonde sur ce qui est dit dans l’évangile de Lazare et du mauvais riche, qui ont fous deux des formes, puisqu’ils se parlent et se voient, et que le mauvais riche demande une goutte d’eau pour rafraîchir sa langue. Saint Irénée, qui est de l’avis d’Origène, conclut du même exemple que les âmes se souviennent après la mort de ce qu’elles ont fait en cette vie.
Dans la harangue que fit Titus à ses soldais pour les engager à monter à l’assaut de la tour Antonia, au siège de Jérusalem, on remarque une opinion qui est à peu près celle des Scandinaves. Vous savez, leur dit-il, que les aines de ceux qui meurent à la guerre s’élèvent jusqu’aux astres, et sont reçues dans les régions supérieures, d’où elles apparaissent comme de bons génies ; tandis, que ceux qui meurent dans leur lit, quoique ayant vécu dans la justice, sont, plongés sous terre dans l’oubli et les ténèbres.
Il y a parmi les Siamois une secte qui croit que les âmes vont et viennent où elles veulent après la mort ; que celles des hommes qui ont bien vécu acquièrent une nouvelle force, une vigueur extraordinaire, et qu’elles poursuivent, attaquent et maltraitent celles des méchants partout où elles les rencontrent. Platon dit, dans le neuvième livre de ses Lois, que les âmes de ceux qui ont péri de mort, violente, poursuivent avec fureur, dans l’autre inonde, les âmes de leurs meurtriers. Cette croyance s’est reproduite souvent et n’est pas éteinte partout.
Les anciens pensaient que toutes les âmes pouvaient revenir après la mort, excepté les aines des noyés, Servius en dit la raison : c’est que l’âme, dans leur, opinion, n’était autre chose qu’un feu, qui s’éteignait dans l’eau ; comme si le matériel pouvait détruire le spirituel.
On sait que la mort est la séparation de l’âme d’avec le corps. C’est une opinion de tous les temps et de tous les peuples que les âmes en quittant ce monde passent dans un autre, meilleur ou plus mauvais, selon leurs œuvres. Les anciens donnaient au batelier Caron la charge de conduire les âmes au séjour des ombres. On trouve une tradition analogue à cette croyance chez les vieux Bretons. Ces peuples plaçaient le séjour des âmes dans une île qui doit se trouver entre l’Angleterre et l’Islande. Les bateliers et pêcheurs, dit Tzetzès, ne payaient aucun tribut, parce qu’ils étaient chargés de la corvée de passer les âmes ; et voici comment cela se faisait : — Vers minuit, ils entendaient frapper à leur porte ; ils suivaient sans voir personne jusqu’au rivage ; là ils trouvaient des navires qui leur semblaient vides, mais qui étaient chargés d’âmes ; ils les conduisaient à l’île des Ombres, où ils ne voyaient rien encore ; mais ils entendaient les âmes anciennes qui venaient recevoir et complimenter les nouvelles débarquées ; elles se nommaient par leurs noms, reconnaissaient leurs parents, etc. Les pêcheurs, d’abord étonnés, s’accoutumaient à ces merveilles et reprenaient leur chemin. — Ces transports d’âmes, qui pouvaient bien cacher une sorte de contrebande, n’ont plus lieu depuis que le Christianisme est venu apporter la vraie lumière.
On a vu parfois, s’il faut recevoir tous les récits des chroniqueurs, des âmes errer par troupes. Dans le onzième siècle, on vit passer près de la ville de Narni une multitude infinie de gens
vêtus de blanc, qui s’avançaient du côté de l’Orient. Cette troupe défila depuis le matin jusqu’à trois heures après midi. Mais sur le soir elle diminua considérablement. Tous les bourgeois montèrent sur les murailles, craignant que ce ne fussent, des troupes ennemies ; ils les virent passer-avec une extrême surprise. Un citadin, plus résolu que les autres, sortit de la ville ; remarquant dans la foule mystérieuse un ¡homme de sa connaissance, il l’appela par son nom et lui demanda ce que voulait dire cette multitude de pèlerins. L’homme blanc lui répondit : « Nous, sommes des âmes qui, n’ayant point expié tous nos péchés et n’étant pas encore assez pures, allons ainsi dans les lieux saints, en esprit de pénitence ; nous venons de visiter le tombeau de saint Martin, et nous allons à Notre-Dame de Farfe. »
Le bourgeois de Narni fut tellement effrayé de cette vision, qu’il en demeura malade pendant un an. Toute la ville de Narni, disent de sérieuses relations fut témoin de cette procession merveilleuse, qui se fit en plein jour.
N’oublions pas, à propos du sujet qui, nous occupe, une croyance très-répandue, en Allemagne : c’est qu’on peut vendre son âme au diable. Dans tous les pactes faits avec l’esprit des ténèbres, celui qui s’engage vend son âme. Les Allemands ajoutent même qu’après cet horrible marché le vendeur n’a plus d’ombre. On conte à ce propos l’histoire d’un étudiant qui lit pacte avec le diable pour devenir l’époux d’une jeune dame dont il ne pouvait obtenir la main. Il y réussit en vertu du pacte. Mais au moment de la célébration du mariage, un rayon de soleil frappa les deux époux qu’on allait unir ; on s’aperçut avec effroi que le jeune homme n’avait pas d’ombre : on reconnut qu’il avait vendu son âme, et tout fut rompu.
Généralement les insensés qui vendent leur âme font leurs conditions, et s’arrangent pour vivre un certain nombre d’années après le pacte. Mais si on vend sans fixer de terme, le diable, qui est pressé de jouir, n’est pas toujours délicat ; et voici un trait qui mérite attention :
Trois ivrognes s’entretenaient, en buvant, de l’immortalité de l’âme et des peines de l’enfer. L’un d’eux commença à s’en moquer, et dit là-dessus des stupidités dignes de la circonstance. C’était dans un cabaret de village. Cependant survient un homme de haute stature, vêtu gravement, qui s’assied près, des buveurs et leur demande de quoi ils rient. Le plaisant villageois le met au fait, ajoutant qu’il fait si peu de cas de son âme, qu’il : est prêt à la vendre au plus offrant et à bon marché, et qu’ils en boiront l’argent. « Et combien me la veux-tu vendre ? » dit le nouveau venu. Sans marchander, ils conviennent du prix ; l’acheteur en compte l’argent, et ils le boivent. C’était joie jusque-là. Mais, la nuit venant, l’acheteur dit : « Il est temps, je pense, que chacun se retire chez soi ; celui qui a acheté un cheval a le droit de l’emmener. Vous permettrez donc que je prenne ce qui est à moi. » Or, ce disant, il empoigne son vendeur tout tremblant, et remmène où il n’avait pas cru aller si vite ; de telle sorte que jamais plus de pays n’en : ouï nouvelles. Voy. Mort.
Âme damnée. On donne ce nom, à Constantinople, à l’alcyon voyageur, qui est très commun dans ce pays. Quelque rapide, que soit son vol, il n’est jamais accompagné d’aucun bruit. On ne le voit jamais se poser, ni chercher, ni prendre sa nourriture. Il a le clos noir, le ventre blanc. Il plane toute la journée sur le Bosphore, et ne s’en écarte rarement que pour y revenir avec précipitation.
Âme des bêtes. Dans un petit ouvrage très-spirituel sur l’âme des bêtes, un père jésuite a ingénieusement développé cette singulière idée de quelques philosophes anciens, que les bêtes étaient animées par lès démons les moins coupables, qui faisaient ainsi leur expiation. Voy. Albigeois.
Âme du monde. « La force, sans cesse changeante, du sein de laquelle s’épanchent et se précipitent sur nous tant de merveilles, c’est l’âme du monde, » nous dit Cornélius Agrippa, le grand héritier de l’Ecole d’Alexandrie, et cette âme fécondé toute chose, tout être que la nature enfante ou que façonne l’art ! Elle le féconde en y infusant ses propriétés célestes. Arrangées selon la formule que la science enseigne, ces choses reçoivent le don de nous communiquer leurs vertus. Il suffit alors de les porter sur soi pour qu’elles opèrent sur le corps et sur l’âme. Tout aussitôt vous les sentez produire en vous la maladie ou la santé, l’audace ou la peur, la tristesse ou la joie, et nous devenons par elles tantôt un objet de faveur et d’amour, tantôt un objet de haine, d’horreur et d’abomination. « Ainsi, ajoute M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, que nous transcrivons ici, l’âme du monde, la grande force universelle et fluidique, devient sous nos doigts l’âme des talismans et des charmes du magnétisme ou de la sorcellerie ! Quel autre trait nous peindra plus au vif sa nature !… »
Amenon. Les Chaldéens comptaient ce héros parmi leurs rois. Ils disaient qu’il a régné douze sares. Or, s’il faut en croire les doctes, le sare est de trois mille six ans. Ce qui ferait un règne assez long.
Améthyste est une variété de quartz violet (dioxyde de silicium), diaphane à translucide dont la teinte est due aux traces de fer. Ce minéral est utilisé en joaillerie et classé comme pierre fine.
Autrefois la neuvième en ordre sur le pectoral du grand prêtre des Juifs.
Le mot vient du grec ancien ἀμέθυστος / améthustos, adjectif verbal composé du verbe μεθύω / methúô (« être ivre »), et du préfixe privatif ἀ- / a- . La pierre aurait été ainsi nommée parce qu'elle a la couleur du vin coupé d'eau, dont le titre alcoolique est moindre. Par rapprochement, elle passait pour préserver de l'ivresse.
Amiante (nom masculin) ou « asbeste » en vieux français, est un terme désignant certains minéraux à texture fibreuse utilisés dans l’industrie. Ce sont des silicates magnésiens ou calciques ayant des propriétés réfractaires. Les diverses catégories d’amiante correspondent à plusieurs espèces minérales. Pline et les démonographes disent excellente contre les charmes de la magie.
Amilcar, général carthaginois. Assiégeant Syracuse, il crut entendre, pendant son sommeil, une voix qui l’assurait qu’il souperait le lendemain dans la ville. En conséquence, il fit donner l’assaut de bon matin, espérant enlever Syracuse et y souper, comme le lui promettait son rêve. Il fut pris par les assiégés et y soupa en effet, non pas en vainqueur, ainsi qu’il s’y était attendu vinais en captif, ce qui n’empêcha pas le songe d’avoir prédit juste.
Hérodote conte encore qu’Amilcar, vaincu par Gélon, disparut vers la fin de la bataille, et qu’on ne le retrouva plus, si bien que les Carthaginois le mirent au rang de leurs dieux et lui offrirent des sacrifices.
Ammon. Voy. Jupiter-Ammon.
Amniomancie, divination sur la coiffe ou membrane qui enveloppe quelquefois la tête des enfants naissants, ainsi nommée de cette coiffe que les médecins appelaient en grec amnios. Les sages-femmes prédisaient le sort futur du nouveau-né par l’inspection de celle coiffe ; elle annonçait d’heureuses destinées si elle était rouge, et des malheurs si elle présentait une couleur plombée. Voy. Coiffe.

Amon, ou Aamon, grand et puissant marquis de l’empire infernal. Il a la figure d’un loup, avec une queue de serpent ; il vomi t de là flamme ; lorsqu’il prend la forme humaine, il n’a de l’homme que le corps ; sa tête ressemble à celle d’un hibou et son bec laisse voir des dents canines très-effilées. C’est le plus solide des princes des démons. Il sait le passé et l’avenir, et réconcilie, quand il le veut, les amis brouillés. Il commande à quarante légions.
Les Égyptiens voyaient dans Amon ou Amoun leur Dieu suprême ; ils le représentaient avec la peau bleue, sous une forme assez humaine.
Amour. Parmi les croyances superstitieuses qui se rattachent innocemment à l’amour, nous citerons celle-ci, qu’un homme est généralement aimé quand ses cheveux frisent naturellement. À Roscoff, en Bretagne, les femmes, après la messe, balayent la poussière de la chapelle de la Sainte-Union, la soufflent du côté par lequel leurs époux ou leurs fiancés doivent revenir, et se-flattent, au moyen de cet inoffensif sortilège, de fixer le cœur de celui qu’elles aiment. Dans d’autres pays on croit stupidement se faire aimer en attachant a son cou certains mots séparés par des croix. Voy. Philtres. Voy. aussi Rhombus.
Il y a eu des amants entraînés par leurs passions qui se sont donnés au démon pour être heureux. On conte qu’un valet vendit son âme au diable à condition qu’il deviendrait l’époux de la fille de son maître, ce qui le rendit le plus infortuné des hommes.
On attribue aussi à l’inspiration des démons certaines amours monstrueuses, comme la passion de Pygmalion pour sa statue. Un jeune homme devint pareillement éperdu pour la Vénus de Praxitèle ; un Athénien se tua de désespoir aux pieds de la statue de la Fortune, qu’il trouvait insensible. Ces traits ne sont que des folies déplorables, pour ne pas dire plus.
Amoymon, ou Amaimon, l’un des quatre rois de l’enfer, dont il gouverne la partie orientale. On l’évoque le matin, de neuf heures à midi, et le soir de trois à six heures. Asmodée est son lieutenant et le premier prince de ses États.
Amphiaraus, devin de l’antiquité, qui se cacha pour ne pas aller à la guerre de Thèbes, parce qu’il avait prévu qu’il y mourrait ; ce qui eut lieu lorsqu’on l’eut découvert et forcé à s’y rendre. Mais on ajoute qu’il ressuscita. On lui éleva un temple dans l’Attique, près d’une fontaine sacrée par laquelle il s’était glissé en revenant des enfers.
Il guérissait les malades en leur indiquant des remèdes dans des songes, coin me font de nos jours ceux qui pratiquent le somnambulisme magnétique. Il rendait aussi par ce moyen des oracles, moyennant argent. Après les sacrifices, le consultant s’endormait sur une peau de mouton, et il lui venait un rêve qu’on savait toujours interpréter après l’événement. On lui attribue des prophéties écrites en vers, qui ne sont pas venues jusqu’à nous. Il inventa la pyromancie. Voy. ce mot.
Amphiloque, devin qui, après sa mort, rendit des oracles en Cilicie.
Amphion. Dans la mythologie grecque, Amphion (en grec ancien Ἀμφίων / Amphíôn) est le fils de Zeus et d’Antiope et frère jumeau de Zéthos (en grec ancien Ζῆθος, Zēthos) . Tous deux font partie d'un des deux grands mythes sur la fondations de Thèbes, pour en avoir construit le mur.
Amphion et Zéthos, sur l’ordre de leur grand-oncle Lycos, roi de Thèbes, sont abandonnés enfants sur le mont Cithéron et recueillis par des bergers.
Amphion devient un grand poète et musicien, comme Orphée. Orphée avait le pouvoir d’entraîner les animaux par son chant ; Amphion, lui, pouvait par le même moyen déplacer des pierres. En effet, pour venger sa mère, maltraitée par Dircé, il tue celle-ci puis bâtit les remparts de Thèbes uniquement à l’aide de sa flûte et de sa lyre. Il rendit Niobé mère de plusieurs enfants, les Niobides, tous massacrés - à un enfant près - par Artémis et Apollon pour venger leur mère, insultée par Niobé. Selon Ovide, Amphion se suicide de désespoir après la mort de ses enfants. Selon Hygin, il essaye de s’attaquer au temple d’Apollon par vengeance, mais le dieu le transperce de ses flèches. Héraclide, dans son ouvrage intitulé Recueil des musiciens célèbres, a écrit que la citharodie (chant accompagné de la cithare) et la composition citharodique furent inventés par Amphion, qui reçut apparemment les leçons de son père.
Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos de Samos, Amphion et Zéthos étaient tous deux d'excellents joueurs de lyre, qui faisaient payer leur spectacle. À cette époque, les gens n'avaient pas d'argent (Palaiphatos dit à d'autres endroits de son ouvrage qu'il fait référence à une époque où la monnaie n’existait pas encore). Amphion et son frère demandaient, à ceux qui voulaient les entendre, de travailler à l'édification des remparts - de là naquit la légende que les murs furent construits au son de la lyre.
Amphisbène, serpent auquel on attribue deux têtes aux deux extrémités, par lesquelles il mord également. Le docteur Brown a combattu cette erreur, que Pline avait adoptée, « On ne nie point, dit Brow, qu’il n’y ait eu quelques serpents à deux têtes, dont chacune était à l’extrémité opposée. Nous trouvons dans Aldrovandi un lézard de cette même forme, et tel était, peut-être l’amphisbèrie dont Cassien du Puy montra la figure au savant Faber. Cela arrive quelquefois aux animaux, qui font plusieurs petits à la fois, et surtout aux serpents, dont les œufs étant attachés les uns aux autres, peuvent s’unir sous diverses formes et s’éclore de la sorte. Mais, ce sont là des productions monstrueuses, contraires à cette loi suivant laquelle toute créature engendre son semblable, et qui sont marquées comme irrégulières dans le cours général de la nature. Nous douterons donc que l’amphisbène soit une race de serpents à deux têtes, jusqu’à ce que le fait soit confirmé. »
Amrita ou Amrit (sanskrit : अमृत; pendjabi : ਅੰਮ੍ਰਿਤ; tibétain : བདུད་རྩི་, Wylie : bdud rtsi.) est, dans le monde indien, un nectar d'immortalité comparable à l'ambroisie. Elle est la boisson des deva, les dieux de l'hindouisme qui leur a donné l'immortalité. Amrita ou amrit signifie littéralement en sanskrit « non-mort » ; de « a » privatif exprimant la négation et de « mrit » ou « mrita », mort. Le terme est généralement traduit par « nectar d'immortalité ». Amrita est utilisé dans les Védas pour désigner le soma, une boisson hallucinogène utilisée dans certains rites.
Amschaspands. Génies du premier ordre chez les Persans, Ils sont au nombre de six, et ont pour chef Ormusd ou Ormouzd. Ils président avec lui aux sept planètes.
Amulette, préservatif. On appelle ainsi certains remèdes superstitieux que l’on porte sur soi ou que l’on s’attache au cou pour se préserver de quelque maladie ou de quelque danger. Les Grecs les nommaient phylactères, les Orientaux, talismans. C’étaient des images capricieuses (un scarabée chez les Égyptiens), des morceaux de parchemin, de cuivre, d’étain, d’argent, ou encore des pierres particulières où l’on avait tracé certains caractères ou certains hiéroglyphes.
Comme cette superstition est née d’un attachement excessif à la vie et d’une crainte puérile de tout ce qui peut nuire, le Christianisme n’est venu à bout de la détruire que chez les fidèles. Dès les premiers siècles de l’Église, les Pères et les conciles défendirent ces pratiques du paganisme. Ils représentèrent les amulettes comme un reste idolâtre de la confiance qu’on avait aux prétend us génies gouverneurs du monde. Le curé Thiers Va rapporté un grand nombre de passages des Pères à ce sujet, et les canons de plusieurs conciles.
Les lois humaines condamnèrent aussi l’usage des amulettes. L’empereur Constance défendit d’employer les amulettes et les charmes à la guérison des maladies. Cette loi, rapportée par Ammien Marcellin, fut exécutée si sévèrement, que Valentinien fit punir de mort une vieille femme qui ôtait la fièvre avec des paroles charmées, et qu’il fit couper la tête à un jeune, homme qui touchait un certain morceau de marbre en prononçant sept lettres de l’alphabet pour guérir le mal d’estomac.
Mais comme il fallait des préservatifs aux esprits fourvoyés, qui sont toujours le plus grand nombre, on trouva moyen d’éluder la loi. On fit des amulettes avec des morceaux de papier chargés de versets de l’Écriture sainte. Les lois se montrèrent moins rigides contre cette coutume, et on laissa aux prêtres le soin d’en modérer les abus.
Les Grecs modernes, lorsqu’ils sont malades, écrivent le nom de leur infirmité sur un papier triangulaire qu’ils attachent à la porte de leur chambre. Ils ont grande foi a cette amulette.
Quelques personnes portent sur elles le commencement de l’Évangile de saint Jean comme un préservatif contre le tonnerre ; et, ce qui est assez particulier, c’est que les Turcs ont confiance à cette même amulette, si l’on en croit Pierre Leloyer.
Une autre question est de savoir si c’est une superstition de porter sur soi les reliques des saints, une croix, une image, une chose bénite par les prières de l’Église, un Agnus Dei, etc., et si l’on doit mettre ces choses au rang des amulettes, comme le prétendent les protestants. — Nous reconnaissons que si l’on attribue à ces choses la vertu surnaturelle de préserver d’accidents, de mort subite, de mort dans l’état de péché, etc., c’est une superstition. Elle n’est pas du même genre que celle des amulettes, dont le prétendu pouvoir ne peut pas se rapporter à Dieu ; mais c’est ce que les théologiens appellent une vaine observance, parce, que l’on attribue à des choses saintes et respectables un pouvoir que Dieu n’y a point attaché, un chrétien bien instruit ne les envisage point ainsi ; il, sait que les saints ne peuvent nous secourir que par leurs prières et par leur intercession auprès de Dieu. C’est pour cela que l’Église a décidé qu’il est utile et louable de les honorer et de les invoquer. Or c’est un signe d’invocation et de respect à leur égard de porter sur soi leur image ou leurs reliques ; de même que c’est une marque d’affection et de respect pour une personne que de garder son portrait ou quelque chose qui lui ait appartenu. Ce n’est donc ni une vaine observance ni une folle confiance d’espérer qu’en considération de l’affection et du respect que nous témoignons à un saint, il intercédera et priera pour nous. Il en est de même des croix et des Agnus Dei.
Cri lit dans Thyræus qu’en 1568, dans le duché de Juliers, le prince d’Orange condamna un prisonnier espagnol à mourir ; que ses soldats l’attachèrent à un arbre et s’efforcèrent de le tuer à coups d’arquebuse ; mais que leurs balles ne l’atteignirent point. On le déshabilla, pour s’assurer s’il n’avait pas sur la peau une armure qui-arrêtât le coup ; on trouva une amulette portant la figure d’un agneau : on la lui ôta, et le premier coup de fusil l’étendit roide mort.
On voit dans la vieille chronique de don Ursino que quand sa mère l’envoya, tout petit enfant qu’il était, à Saint-Jacques de Compostelle, elle lui mit au cou une amulette que son époux avait arrachée à un chevalier maure. La vertu de cette amulette était d’adoucir la fureur des bêtes cruelles. En traversant une forêt, une ourse enleva le petit prince des mains de sa nourrice et l’emporta dans sa caverne. Mais, loin de lui faire aucun mal, elle l’éleva avec tendresse ; il devint par la suite très-fameux sous le nom de don Ursino, qu’il devait à l’ourse, sa nourrice sauvage, et il fat reconnu par son père, à qui la légende dit qu’il succéda sur le trône de Navarre.
Les nègres croient beaucoup à la puissance des amulettes. Les bas Bretons leur, attribuent lé pouvoir de repousser le démon. Dans le Finistère, quand on porte un enfant au baptême, on lui met au cou un morceau de pain noir, pour éloigner les sorts et les maléfices que les vieilles sorcières pourraient jeter sur lui. Voy. Alès.
Amy, grand président aux enfers, et l’un des princes de la monarchie infernale. Il paraît là-bas environné dé flammés mais il affecte sur la terre des traits humains. Il enseigne les secrets de l’astrologie et des arts libéraux ; il donne de bons domestiques ; il découvre à ses amis les trésors gardés par les démons ; il est préfet de trente-six légions. Des anges déchus et des puissances sont sous ses ordres. Il espère qu’après deux, cent mille ans il retournera dans le ciel pour y occuper le septième trône ; ce qui n’est pas croyable, dit Wierus.
Amyraut (Moïse), théologien protestant, né dans l’Anjou en 1596, mort en 1664. On lui doit un Traité des songes, aujourd’hui peu recherché.
Anabaptistes, S. m. plur. (Théologie) secte d'hérétiques qui soutiennent qu'il ne faut pas baptiser les enfants avant l'âge de discrétion, ou qu'à cet âge on doit leur réitérer le baptême, parce que, selon eux, ces enfants doivent être en état de rendre raison de leur foi, pour recevoir validement ce sacrement.
Ce mot est composé d', de rechef, et de ou de , baptiser, laver, parce que l'usage des Anabaptistes est de rebaptiser ceux qui ont été baptisés dans leur enfance.
Les Novatiens, les Cataphryges, et les Donatistes, dans les premiers siècles, ont été les prédécesseurs des nouveaux Anabaptistes, avec lesquels cependant il ne faut pas confondre les évêques catholiques d'Asie et d'Afrique, qui dans le troisième siècle soutinrent que le baptême des hérétiques n'était pas valide, et qu'il fallait rebaptiser ceux de ces hérétiques qui rentraient dans le sein de l'Eglise. Voyez REBAPTISANS.
Les Vaudois, les Albigeois, les Pétrobrusiens, et la plupart des sectes qui s'élevèrent au XIIIe siècle, passent pour avoir adopté la même erreur : mais on ne leur a pas donné le nom d'Anabaptistes, car il parait d'ailleurs qu'ils ne croyaient pas le baptême fort nécessaire. Voyez ALBIGEOIS, etc.
Les Anabaptistes proprement dits, sont une secte de Protestants qui parut d'abord dans le XVIe siècle en quelques contrées d'Allemagne, et particulièrement en Westphalie, où ils commirent d'horribles excès. Ils enseignaient que le baptême donné aux enfants était nul et invalide ; que c'était un crime que de prêter serment et de porter les armes ; qu'un véritable chrétien ne saurait être magistrat : ils inspiraient de la haine pour les puissances et pour la noblesse ; voulaient que tous les biens fussent communs, et que tous les hommes fussent libres et indépendants, et promettaient un sort heureux à ceux qui s'attacheraient à eux pour exterminer les impies, c'est-à-dire ceux qui s'opposaient à leurs sentiments.
On ne sait pas au juste quel fut l'auteur de cette secte : les uns en attribuent l'origine à Carlostad, d'autres à Zuingle. Cochlée dit que ce fut Balthasar Pacimontan, nommé par d'autres Hubmeïr, et brulé pour ses erreurs à Vienne en Autriche, l'an 1527. Meshovius, qui a écrit fort au long une histoire des Anabaptistes, imprimée à Cologne en 1617, leur donne pour premier chef Pelargus, qui commença, dit-il, à ébaucher cette hérésie en 1522. Leur système parait avoir été développé successivement en Allemagne par Hubmeïr, Rodenstein, Carlostad, Westenberg, Didyme, More, Mansius, David, Hoffman, Kants ; et par plusieurs autres, soit en Hollande, soit en Angleterre.
L'opinion la plus commune est qu'elle doit son origine à Thomas Muncer de Zwickau, ville de Misnie, et à Nicolas Storch ou Pelargus de Stalberg, en Saxe, qui avaient été tous deux disciples de Luther, dont ils se séparèrent ensuite, sous prétexte que sa doctrine n'était pas assez parfaite ; qu'il n'avait que préparé les voies à la réformation, et que pour parvenir à établir la véritable religion de Jésus-Christ, il fallait que la révélation vint à l'appui de la lettre morte de l'écriture. Ex revelationibus divinis judicandum esse, et ex bibliis, dicebat Muncerus.
Sleidan est l'auteur qui détermine plus précisément l'origine des Anabaptistes, dans ses commentaires historiques. Il observe que Luther avait prêché avec tant de force pour ce qu'il appelait la liberté évangélique, que les paysans de Souabe se liguèrent ensemble, sous prétexte de défendre la doctrine évangélique et de secouer le joug de la servitude. Obductâ causâ quasi doctrinam Evangelii tueri, et servitutem abs se profligare vellent. Ils commirent de grands désordres : la noblesse, qu'ils se proposaient d'exterminer, prit les armes contre eux ; et après en avoir tué un grand nombre, les obligea à poser les armes, excepté dans la Thuringe, où Muncer, secondé de Pfiffer, homme hardi, avait fixé le siège de son empire chimérique à Mulhausen. Luther leur écrivit plusieurs fois pour les engager à quitter les armes, mais toujours inutilement : ils rétorquèrent contre lui sa propre doctrine, soutenant que puisqu'ils avaient été rendus libres par le sang de Jésus-Christ, c'était déjà trop d'outrage au nom chrétien, qu'ils eussent été réputés esclaves par la noblesse ; et que s'ils prenaient les armes, c'était par ordre de Dieu. Telles étaient les suites du fanatisme où Luther lui-même avait plongé l'Allemagne par la liberté de ses opinions. Il crut y remédier en publiant un livre dans lequel il invitait les Princes à prendre les armes contre ces séditieux qui abusaient ainsi de la parole de Dieu. Il est vrai que le comte de Mansfeld, soutenu par les princes et la noblesse d'Allemagne, défit et prit Muncer et Pfiffer, qui furent exécutés à Mulhausen : mais la secte ne fut que dissipée et non détruite ; et Luther, suivant son caractère inconstant, désavoua en quelque sorte son premier livre par un second, à la sollicitation de bien des gens de son parti, qui trouvaient sa première démarche dure, et même un peu cruelle.
Cependant les Anabaptistes se multiplièrent et se trouvèrent assez puissants pour s'emparer de Munster en 1534, et y soutenir un siège sous la conduite de Jean de Leyde, tailleur d'habits, qui se fit déclarer leur roi. La ville fut reprise sur eux par l'évêque de Munster le 24 Juin 1535. Le prétendu roi, et son confident Knisperdollin, y périrent par les supplices ; et depuis cet échec la secte des Anabaptistes n'a plus osé se montrer ouvertement en Allemagne.
Vers le même temps, Calvin écrivit contre eux un traité qu'on trouve dans ses opuscules. Comme ils fondaient surtout leur doctrine sur cette parole de Jésus-Christ, Marc XVI. vers. 16. quiconque croira et sera baptisé, sera sauvé, et qu'il n'y a que les adultes qui soient capables d'avoir la foi actuelle ; ils en inféraient qu'il n'y a qu'eux non plus qui doivent recevoir le baptême, surtout n'y ayant aucun passage dans le nouveau-Testament où le baptême des enfants soit expressément ordonné : d'où ils tiraient cette conséquence, qu'on devait le réitérer à ceux qui l'avaient reçu avant l'âge de raison. Calvin et d'autres auteurs furent embarrassés de ce sophisme ; et pour s'en tirer, ils eurent recours à la tradition et à la pratique de la primitive Eglise. Ils opposèrent aux Anabaptistes Origène, qui fait mention du baptême des enfants ; l'auteur des questions attribuées à saint Justin, qui en parle aussi ; un concile tenu en Afrique, qui, au rapport de S. Cyprien, ordonnait qu'on baptisât les enfants aussitôt qu'ils seraient nés ; la pratique du même saint docteur à ce sujet ; les conciles d'Autun, de Mâcon, de Girone, de Londres, de Vienne, etc. une foule de témoignages des Peres, tels que S. Irénée, S. Jérôme, S. Ambroise, S. Augustin, etc.
Ces autorités, toutes respectables et toutes fortes qu'elles soient, faisaient peu d'impression sur des esprits aheurtés à décider tout par les Ecritures, tels qu'étaient les Anabaptistes : aussi les Théologiens catholiques se sont-ils attachés à trouver dans le nouveau-Testament des textes capables de les terrasser, n'employant contr'eux les arguments de tradition que par surabondance de droit. En effet, les enfants sont jugés capables d'entrer dans le royaume des cieux, Marc, IX. vers. 14. Luc, XVIII. vers. 16. et le Sauveur lui-même en fit approcher quelques-uns de lui et les bénit. Or ailleurs, ch. III. v. 5. S. Jean assure que quiconque n'est pas baptisé ne peut entrer dans le royaume de Dieu ; d'où il s'ensuit qu'on doit donner le baptême aux enfants.
Ce que répondent les Anabaptistes, que les enfants dont parle Jésus-Christ étaient déjà grands, puisqu'ils vinrent à lui, et conséquemment qu'ils étaient capables de produire un acte de foi, est manifestement une interprétation forcée du texte sacré, puisque dans S. Matthieu et dans S. Marc ils sont appelés de jeunes enfants, ; dans S. Luc, , de petits enfants ; et que le même évangéliste dit expressément qu'ils furent amenés à Jésus-Christ : ils n'étaient donc pas en état d'y aller tous seuls.
Une autre preuve non moins forte contre les Anabaptistes, c'est celle qui se tire de ces paroles de saint Paul aux Romains, ch. v. vers. 17. " que si à cause du péché d'un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justice régneront ils dans la vie par un seul homme, qui est Jésus-Christ ". Car si tous sont devenus criminels par un seul, les enfants sont donc criminels ; et de même si tous sont justifiés par un seul, les enfants sont donc aussi justifiés par lui : or on ne saurait être justifié sans la foi ; les enfants ont donc la foi nécessaire pour recevoir le baptême, non pas une foi actuelle, telle qu'on l'exige dans les adultes, mais une foi suppléée par celle de l'Eglise, de leurs pères et mères, de leurs parrains et marraines. C'est la doctrine de S. Augustin : satis piè recteque credimus, dit-il, lib III. de liber. arb. c. XVIII. n°. 67. prodesse parvulo eorum fidem à quibus consecrandus offertur : et il ajoute ailleurs que cette imputation de foi est très-équitable, puisque ces enfants ayant péché par la volonté d'autrui, il est juste qu'ils soient aussi justifiés par la volonté d'autrui. Accommodat illis mater Ecclesia aliorum pedes ut veniant, aliorum cor ut credant, aliorum linguam ut fateantur, ut quoniam quod aegri sunt, alio peccante praegravantur, alio pro eis confitente salventur. Serm. 176, de verbis Apostoli.
A cette erreur capitale, les Anabaptistes en ont ajouté plusieurs autres des Gnostiques et des anciens hérétiques : par exemple, quelques-uns ont nié la divinité de Jésus-Christ, et sa descente aux enfers ; d'autres ont soutenu que les âmes des morts dormaient jusqu'au jour du jugement, et que les peines de l'enfer n'étaient pas éternelles. Leurs enthousiastes prophétisaient que le jugement dernier approchait, et en fixaient même terme.
Les nouveaux Anabaptistes se bornent aux trois principales opinions des anciens, n'attaquent point les puissances, du moins ouvertement, et ne se distinguent guère en Angleterre des autres sectes que par une conduite des mœurs, et un extérieur extrêmement simple et uni, en quoi ils ont beaucoup de conformité avec les Quakers. Voyez QUAKERS.
A mesure que les Anabaptistes se sont multipliés, leurs diverses sectes ont pris des dénominations distinctives, tirées, soit du nom de leurs chefs, soit des opinions particulières qu'elles ont entées sur le système général de l'Anabaptisme. On les a connus sous les noms de Munceriens, Catharistes, Enthousiastes, Silentieux, Adamistes, Georgiens, Indépendants, Hutites, Melchiorites, Nudipedaliens, Mennonites, Bulcholdiens, Augustiniens, Servetiens, Monasteriens ou Munsteriens, Libertins, Deorelictiens, Semperorants, Polygamites, Ambraisiens, Clanculaires, Manifestaires, Babulariens, Pacificateurs, Pastoricides, Sanguinaires, etc. On peut principalement consulter sur cette hérésie Sleidan. Meshovius, hist. des Anabapt. Spon. ad an. 1522 et 1523. Dupin, hist. du XVI. siècle. (G)

Voy. Jean de Leyde et Muncer.
Anagramme. Il y eut des gens, surtout dans les quinzième et seizième siècles, qui prétendaient trouver des sens cachés dans les mois qu’ils décomposaient, et une divination dans les anagrammes. On cite comme une des plus curieuses celle que l’on fit sur le meurtrier de Henri III, Frère dit Jacques Clément, où l’on trouve : C’est l’enfer qui m’a créé. — Deux religieux en dispute, le père Proust et le père d’Orléans, faisaient des anagrammes ; le père Proust trouva dans le nom de son confrère : l’Asne d’or, et le père d’Orléans découvrit dans celui du père Proust : Pur sot.
Un nommé André Pujon, de la haute Auvergne, passant par Lyon pour se rendre à Paris, rêva la nuit que l’anagramme de son nom était : pendu à Riom. En effet, on ajoute que le lendemain il s’éleva une querellé entre lui et un homme de son auberge, qu’il tua son adversaire, et qu’il fut pendu huit jours après sur la place publique de Riom. — C’est un vieux conte renouvelé. On voit dans Delancre[1] que le pendu s’appelait Jean de Pruom, dont l’anagramme est la même.
J.-B. Rousseau, qui ne voulait pas reconnaître son père, parce que ce n’était qu’un humble cordonnier, avait pris le nom de Verniettes, dont l’anagramme fut faite ; on y trouva : Tu te renies. On fit de Pierre de Ronsard rose de Pindare, — L’anagramme de monde, est démon ; l’anagramme d’Amiens, en amis ; celle de Lamartine, mal t’en ira ; celle de révolution française, un Corse te finira ; en 1848, on à trouvé insolemment dans ces trois noms : A. Thiers, Odilon Barrot, Chambolle, trois Aliboron de la Chambre.
On donna le nom dé cabale à la ligue des favoris de Charles II d’Angleterre, qui étaient Clifford, Ashley, Buckingham, Arlington, Lauderdale, parce que lès initiales des noms de ces cinq ministres formaient le mot cabal.
On voulut présenter comme une prophétie cette anagramme de Louis quatorzième, roi de France et de Navarre : « Va, Dieu confondra l’armée qui osera te résister… »
Parfois les anagrammes donnent pourtant un sens qui étonne. Qu’est-ce que la vérité ? Quid est veritas ? demande Pilate à l’Homme-Dieu ; et il se lève sans attendre la réponse. Mais elle est dans la question, dont l’anagramme donne exactement : Est vir qui adest, c’est celui qui est devant vous.
Les Juifs cabalistes ont fait des anagrammes la troisième partie de leur cabale : leur but est de trouver dans la transposition des lettres ou des mots des sens cachés ou mystérieux. Voy. Onomancie.
Anamelech, ou Anamalech, démon obscur, porteur de mauvaises nouvelles. Il était adoré à Sépharvaïm, ville des Assyriens. Il s’est montré sous la figure d’une caille. Son nom signifie, à ce qu’on dit, bon roi ; et des doctes assurent que ce démon est la lune, et Adramelech le soleil. Il joue un rôle dans le poème où Gessner a chanté la mort d’Abel.
Anancitide. Voy. Aglaophotis.
Anania ou Anagni (Jean d’), jurisconsulte du quinzième siècle, à qui on doit quatre livres De la nature des démons, et un traité De la magie et des maléfices. Ces ouvrages sont peu connus. Anania mourut en Italie en 1458.
Ananisapta, terme de Magie, espèce de talisman ou de préservatif contre la peste et les autres maladies contagieuses, qui consiste à porter sur soi ce mot écrit ananisapta.
Delrio le regarde comme un talisman magique, et fondé sur un pact avec le démon, et le met au nombre de ceux qu'on portait comme des préservatifs contre les fièvres pestilentielles, et qui étaient conçus en trois vers écrits d'une certaine manière qu'il n'explique point, et dont il ne cite que celui-ci :
Ananischapta ferit, mortem quae laedere quaerit.
Il en cherche l'origine dans le Chaldéen ou l'Hébreu , choneni, miserere mei, et , schophet, par lesquels on implore la miséricorde d'un juge, mais non pas celle de Dieu. Ana, , ajoute-t-il, dans les mystères de la cabale, signifie un esprit où sont les notions innées, et auquel préside l'ange que les cabalistes appellent , anim, qui manifeste à l'homme la vérité ; d'où vient le mot , henag, que d'autres prononcent ana, et qui signifie idole ; d'où vient , anani, divination, et schaphat, , qui signifie que cette idole ou ce mauvais ange juge que la maladie nait de maléfice, et en indique le remède. Il dit encore que les cabalistes ont voulu mettre dans le mot ananisapta, autant de mots différents qu'il y a de lettres, et qu'ainsi ce mot signifie A. antidotum, N. Nazareni, A. auferat, N. necem, I. intoxicationis, S. sanctificet, A. alimenta, P. pocula, T. Trinitas, A. alma ; qui signifient que la mort de Jésus-Christ qui a été injuste de la part des Juifs, frappe de la part de Dieu la mort, c'est-à-dire le démon, etc. et il traite cette explication de rêverie : la sienne est un peu plus savante ; c'est au lecteur à juger si elle est plus sensée. Delrio, disquisit. magic. lib. III. part. II. quaest. 4. sect. viij. pag. 463. et 464. (G)

Anansié, nom d'une grosse araignée à laquelle les Nègres de la Côte-d'Or attribuent la création de l'homme et qu'ils révèrent comme une divinité particulière. Voy. Araignée.
Anarazel, démon chargé de la garde des trésors souterrains qu'il transportent d'un lieu à un autre, pour les soustraire aux recherches des hommes. C'est lui qui ébranlent les fondements des maisons, et fait souffler des vents accompagnés de flammes. Quelquefois il forme des danses qui disparaissent tout à coup, inspire la terreur par un grand bruit de cloches et de clochettes, ranime les cadavres pour un moment, mais ne peut user du commerce des femmes.
Anathème. Ce mot, tiré du grec, signifie exposé, signalé, dévoué. On donnait chez les païens le nom d’anathèmes aux filets qu’un pêcheur déposait sur l’autel dès nymphes de la mer, au miroir que Laïs consacra à Vénus, aux offrandes de coupes, de vêtements, d’instruments et de figures diverses. On l’appliqua ensuite aux objets odieux que l’on exposait dans un autre sens, comme la tête ou les dépouilles d’un coupable ; et l’on appela anathème la victime vouée aux dieux infernaux. Chez les Juifs l’anathème a été généralement pris ainsi en mauvaise part ; chez les chrétiens c’est la malédiction ou l’être maudit. L’homme frappé d’anathème est retranché de la communion des fidèles.
Il y a beaucoup d’exemples qui prouvent les effets de l’anathème ; et comment expliquer ce fait constant, que peu d’excommuniés ont prospéré ? — Voy. Excommunication.
Les magiciens et les devins emploient une sorte d’anathème pour découvrir les voleurs et les maléfices : voici cette superstition. Nous prévenons ceux que les détails pourraient scandaliser qu’ils sont extraits des grimoires. — On prend de l’eau limpide, on rassemble autant de petites pierres qu’il y a de personnes soupçonnées, on les fait bouillir dans cette eau, on les enterre sous le seuil de la porte par où doit passer le voleur ou la sorcière, en y joignant une lame d’étain sur laquelle sont écrits ces mots : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. On a eu soin de donner à chaque pierre le nom de l’une des personnes qu’on a lieu de soupçonner. — On ôte le tout de dessus le seuil de la porte au lever du soleil ; si la pierre qui représente le coupable est brûlante, c’est déjà un indice. Mais, comme le diable est sournois, il ne faut pas s’en contenter ; on récite donc les sept psaumes de la pénitence avec les litanies des saints ; on prononce ensuite les prières de l’exorcisme contre le voleur ou la sorcière ; on écrit son nom dans un cercle, on plante sur ce nom un clou d’airain de forme triangulaire, qu’il faut enfoncer avec un marteau dont le manche soit de bois de cyprès, et on dit quelques paroles prescrites à cet effet. Alors le voleur se trahit par un grand cri.
S’il s’agit d’une sorcière, et qu’on veuille seulement ôter le maléfice pour le rejeter sur celle qui-l’ a fait, on prend, le samedi, avant le lever du soleil, une branche de coudrier d’une année, et on dit l’oraison suivante : « Je te coupe, rameau de cette année, au nom de celui que je veux blesser comme je te blesse. » On met la branche sur la table, en répétant trois fois une certaine prière qui se termine par ces mots : Que le sorcier ou la sorcière soit anathème, et nous saufs !…
Anatolius, philosophe platonicien, maître de Jamblique, et auteur d’un traité Des sympathies et des antipathies, dont Fabricius a conservé quelques fragments dans sa Bibliothèque grecque.
Anaxilas, philosophe pythagoricien qui vivait sous Auguste. On, l’accusa de magie, parce qu’il faisait de mauvaises expériences de physique, et Auguste le bannit. Il fut l’inventeur du flambeau infernal, qui consiste à brûler du soufré dans un lieu privé de lumière, ce qui rend les assistants fort laids.
Andaine, fée suzeraine ou reine, qui chassait avec sa suite dans les bois du château de Rasnes, et qui en épousa lé seigneur.
Anderson (Alexandre). Voy. Vampires, à la fin de l’article.
Andrade, médecin qui eut des révélations en 853. Elles sont peu curieuses ; cependant Duchesne les a recueillies dans sa collection des historiens français.
Andras est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
Le Lemegeton le mentionne en 63e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Andras, grand marquis aux Enfers, est représenté avec le corps d'un ange, la tête d'un chat-huant, chevauchant un loup noir et armé d'un sabre effilé. Démon du crime et de l'avidité, il provoque volontiers la discorde et aime susciter des querelles. Il gouverne 30 légions infernales.
La Pseudomonarchia daemonum le mentionne en 54e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires.
André (Tobie), auteur d’un livre Sur le pouvoir des mauvais anges, rare et peu recherché.
Andreæ (Jean-Valentin), luthérien, né dans le duché de Wurtemberg en 1596, mort en 1654. Ses connaissances confuses, son activité mal réglée, les mystérieuses allusions qui se remarquent dans ses premiers ouvrages, Vont fait regarder comme le fondateur du fameux ordre des Rose-Croix. Plusieurs écrivains allemands lui attribuent au moins la réorganisation de cet ordre secret, affilié depuis à celui des Francs-maçons, qui révèrent encore la mémoire d’Andreæ. — Ses ouvrages, au nombre de cent, prêchent généralement la nécessité des sociétés secrètes, surtout la République Clirislianopolitaine, la Tour de Babel, le Chaos des jugements portés sur la fraternité de la Rose-Croix, l’idée d’une société chrétienne, la Réforme générale du mondé, et les Noces chimiques de Chrétien Rosencreutz. — On attribue, à Andreæ des voyages merveilleux, une existence pleine de mystère, et des prodiges qu’on à copiés récemment en grande partie dans la peinturé qu’on nous a faite des tours de passe-passe de Cagliostro.
Andriague, animal fabuleux, espèce de cheval ou de griffon ailé, que les romans de chevalerie donnent quelquefois aux magiciens, qu’ils prêtent même leurs héros, et qu’on retrouve aussi dans des contes de fées.
Andrealphus ou Androalphus est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
Le Lemegeton le mentionne en 65e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Andrealphus est un puissant marquis ayant l'apparence d'un paon faisant beaucoup de bruit. Il peut également prendre forme humaine. Il est capable d'enseigner parfaitement la géométrie et de transformer un homme en oiseau. Il est à la tête de 30 légions infernales.
La Pseudomonarchia daemonum le mentionne en 55e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires.
Il est également un des personnages d'In Nomine Satanis/Magna Veritas (jeu de rôle) où il est le prince-démon du sexe.
Androgina. Bodin et Delancre content qu’en 1536, à Casale, en Piémont, on remarqua qu’une sorcière, nommée Androgina, entrait dans les maisons, et que bientôt après on y mourait. Elle fut prise et livrée aux juges ; ceux qui touchaient ces loquets mouraient en peu de jours. « La même chose advint à Genève en 1563, ajoute Delancre, si bien qu’elles y mirent la pesté, qui dura plus de sept ans. Cent soixante-dix sorcières avaient été exécutées à Rome pour cas semblable, sous le consulat de Claudius Marcellus et de Valerius Flaccus : mais la sorcellerie n’étant pas encore bien reconnue, on les prenait simplement alors pour ce qu’elles étaient : des empoisonneuses… »
Androïdes, automates à figure humaine. — Voy. Albert le Grand.
Âne. Les Égyptiens traçaient son image sur les gâteaux qu’ils offraient à Typhon, dieu du mal. Les Romains regardaient la rencontre de l’âne comme un mauvais présage. Mais cet animal était honoré dans l’Arabie.
Certains peuples trouvaient quelque chose de mystérieux dans cette innocente bête, et on pratiquait autrefois une divination dans laquelle on employait une tête d’âne. Voy. Képhalonomancie. Ce n’est pas ici le lieu de parler de la fête de l’Âne. Mais relevons une croyance populaire qui fait de la croix noire qu’il porte sur le dos une distinction accordée à l’espèce, à cause de l’ânesse de Bethphagé. C’est un fait assez singulier.
Chez les indiens du Maduré, une des premières castes, celle des cavaravadouks, prétend descendre d’un âne ; ceux de cette caste traitent les ânes en frères, prennent leur défense, poursuivent en justice, et font condamner à l’amende quiconque les charge trop ou les bat et les outrage sans raison. Dans les temps dé pluie, ils donneront le couvert à un âne avant de le donner à son conducteur, s’il n’est pas de certaine condition.
Voici une vieille fable sur l’âne : Jupiter venait de prendre possession de l’empire ; les hommes, à son avènement, lui demandèrent un printemps éternel, ce qu’il leur accorda ; il chargea l’âne de Silène de porter sur la terre ce présent. L’âne eut soif, et s’approcha d’une fontaine ; le serpent qui la gardait, pour lui permettre d’y boire, lui demanda le trésor dont il était porteur, et le pauvre animal troqua le don du ciel contre un peu d’eau. C’est depuis ce temps, dit-on, que les vieux serpents changent de peau et rajeunissent perpétuellement.
Mais il y a des ânes plus adroits que celui-là : à une demi-lieue du Kaire se trouvait, dans une grande bourgade, un bateleur qui avait un âne si instruit que les manants le prenaient pour un démon déguisé. Son maître le faisait danser ; ensuite il lui disait que le soudan voulait construire un bel édifice, et qu’il avait résolu d’employer tous les ânes du Kaire à porter la chaux, le mortier et la pierre. Aussitôt l’âne se laissait tomber, raidissait les jambes, et fermait les yeux comme s’il eût été mort. Le bateleur se plaignait de la mort de son âne, et priait qu’on lui donnât un peu d’argent pour en acheter un autre.
Après avoir recueilli quelque monnaie : Ah ! disait-il, il n’est pas mort, mais il a fait semblant de l’être, parce qu’il sait que je n’ai pas le moyen de le nourrir. — Lève-toi, ajoutait-il. — L’âne n’en faisait rien. Ce que voyant, le maître annonçait que le soudan avait fait crier à son de trompe que le peuple eût à se trouver le lendemain hors de la ville du Caire pour y voir de grandes magnificences. — Il veut, poursuivait-il, que les plus nobles dames soient montées sur des ânes…
L’âne se levait à ces mots, dressant là tête et les oreilles en signe de joie. — Il est vrai, reprenait le bateleur, que le gouverneur de mon quartier m’a prié de lui prêter le mien pour sa femme, qui est une vieille roupilleuse édentée.
L’âne baissait aussitôt les oreilles, et commençait à clocher comme s’il eût été boiteux.
Ces ânes merveilleux, disent les démonographes, étaient sinon des démons, au moins des hommes métamorphosés ; comme Apulée, qui fut, ainsi qu’on sait, transmué en âne. L’auteur du Speculum naturæ raconte la légende de deux femmes qui tenaient une petite auberge auprès de Rome, et qui allaient vendre leurs hôtes au marché après les avoir changés en pourceaux, en poulets, en moutons. Une d’elles, ajoute-t-il, transforma un comédien en âne, et comme il conservait ses talents sous sa nouvelle peau, elle le menait dans les foires des environs, où il lui gagnait beaucoup d’argent. Un voisin acheta très-cher cet âne savant. En le lui livrant, la sorcière se borna à lui recommander de ne pas le laisser entrer dans l’eau, ce que le nouveau maître de l’âne observa quelque temps. Mais un jour le pauvre animal, ayant trouvé moyen de rompre son licou, se jeta dans un lac, où il reprit sa forme naturelle, au grand étonnement de son conducteur. L’affaire, dit le conte, fut portée au juge, qui fit châtier les deux sorcières.
Les rabbins font très-grand cas de l’ânesse de Balaam. C’est, disent-ils, un animal privilégié que Dieu forma à la fin du sixième jour. Abraham se servit d’elle pour porter le bois destiné au sacrifice d’Isaac ; elle porta ensuite la femme et le fils de Moïse dans le désert. Ils assurent que cette ânesse est soigneusement nourrie, et réservée dans un lieu secret jusqu’à l’avènement du Messie juif, qui doit la monter pour soumettre toute la terre. Voy. Borack.
Angada, roi des singes ; il aida le dieu Rama (septième incarnation de Vishnou) dans son expédition contre Ravana.
Angat, nom du mauvais principe chez les habitants de Madagascar. Ils lui réservent toujours une portion des victimes qu'ils immolent au bon principe. Ils lui donnent aussi la forme du serpent, et supposent que ce génie cruel et sanguinaire a pris celle de ce reptile.
 Angelieri, Sicilien du dix-septième siècle qui n’est connu que par un fatras dont il publia deux volumes, et dont if en promettait vingt-quatre, sous le titre de Lumière magique, ou origine, ordre et gouvernement de toutes les choses célestes, terrestres et infernales, etc.. Mongitore en parle dans le tome Ier de sa Bibliothèque sicilienne.
Angélique, plante. De graves auteurs l'ont regardé comme utile contre les prétendues fascinations; ils ont approuvé qu'on la fit porter en amulette, au cou des petits enfants, pour les garantir des maléfices.
Angerbode ou Angurbode, femme gigantesque qui se maria avec Lock, selon l’opinion des Scandinaves, et qui enfanta trois monstres : le loup Fenris, le serpent Jormungandur et la démone Héla qui garde le monde souterrain.
Anges. Saint Augustin prouve que les anges ont été créés dans l’œuvre des six jours, car ils ne l’ont pas été avant, puisqu’il n’existait alors aucune créature ; ils ne l’ont pas été après, puis que Dieu dit dans l’Écriture : « Quand les astres furent formés, tous mes anges me louèrent à haute voix. » Ils ont probablement reçu l’existence quand le Créateur dit : « Que la lumière soit ! » parole qui s’applique toujours tout ensemble, suivant le grand évêque d’Hippone, au monde visible et au monde invisible.
Quel est leur nombre ? Daniel en vit mille millions qui servaient le Seigneur, et dix mille millions qui étaient devant lui. Les bienheureuses armées des esprits supérieurs forment, dit l’Aréopagite, une multitude que nous ne pouvons compter. Puisque Dieu veut la perfection dans ses ouvrages, poursuit l’Ange de l’école, plus une chose est parfaite, plus elle est multipliée ; de sorte que les substances immatérielles sont incomparablement plus nombreuses que les substances matérielles.
La théologie a donné des ailes aux anges, dit saint Dénis l’Aréopagite, pour marquer la célérité de leur mouvement. Tertullien reprend : Ils peuvent se transporter partout en un moment. Albert le Grand signale quelques erreurs sur le mouvement angélique. « Les uns croient, dit-il, que les anges se meuvent par la pensée. Opinion fausse. Quand je me représente Constantinople, Calcutta, Canton, ma pensée ne traverse pas les régions de l’Orient ; elle trouve là, dans mon cerveau, les idées qui fixent son regard. Si donc les esprits célestes se mouvaient comme la pensée, ils resteraient dans le même lieu. » Albert le Grand continue : « D’autres pensent que les anges se meuvent par l’effet des vertus qui leur obéissent. Cette opinion va droit à l’hérésie : elle est contraire à l’enseignement des livres saints. Commander à des forces actives, leur donner l’impulsion, les diriger en quelque sorte à travers l’espace, ce n’est pas se mouvoir soi-même. Or, l’Écriture sainte attribué en mille endroits le mouvement personnel aux célestes intelligences, D’autres disent enfin que les anges se meuvent par la faculté qu’ils ont d’être en même temps dans plusieurs lieux, même partout quand ils le désirent. Mais cette opinion mérite aussi la note d’hérésie. L’être qui est partout ne se meut point, et un esprit supérieur qui pourrait être partout serait immense, infini : il serait Dieu.
Les Juifs, à l’exception des sadducéens, admettaient et honoraient les anges, en qui ils voyaient, comme nous, des substances spirituelles, intelligentes, les premières en dignité entre les créatures, et qui, pour nous, n’ont au-dessus d’eux que la sainte Vierge.
Les rabbins, qui depuis la dispersion ont tout altéré, et qui placent la création des anges au second jour, ajoutent qu’ayant été appelés au conseil de Dieu, lorsqu’il voulut former l’homme, leurs avis furent partagés, et que Dieu fit Adam à leur insu, pour éviter leurs murmures. Ils reprochèrent néanmoins à Dieu d’avoir donné trop d’empire à Adam. Dieu soutint l’excellence de son ouvrage, parce que l’homme devait le louer sur la terre, comme les anges le louaient dans le ciel II leur, demanda ensuite s’ils savaient le nom de toutes les créatures ? Ils répondirent que non ; et Adam, qui parut aussitôt, les récita tous sans hésiter, ce qui les confondit.
L’Écriture sainte a conservé quelquefois, aux démons le nom d’anges, mais anges de ténèbres, anges déchus ou mauvais anges. Leur chef lest appelé le grand dragon et l’ancien serpent, à cause de la forme qu’il prit pour tenter la femme.
Zoroastre, enseignait l’existence d’un nombre infini d’anges ou d’esprits médiateurs, auxquels il attribuait non-seulement un pouvoir d’intercession subordonné à la providence continuelle de Dieu, mais un pouvoir aussi absolu que celui que les païens, prêtaient à leurs dieux. C’est le culte, rendu à des dieux secondaires que saint Paul a condamné.
Les musulmans croient que les hommes ont chacun deux anges, gardiens, dont l’un écrit le bien qu’ils font, et l’autre le mal. Ces anges sont si bons, ajoutent-ils, que, quand celui qui est sous leur garde fait une mauvaise action, ils le laissent dormir avant de l’enregistrer, espérant qu’il pourra se repentir à son réveil. Les Persans donnent a chaque homme cinq anges-gardiens, placés : le premier à sa droite pour écrire ses bonnes actions, le second à sa gauche pour écrire les mauvaises, le troisième devant lui pour le conduire, le quatrième derrière pour le garantir des démons, et le cinquième, devant son front pour tenir son esprit élevé vers Prophète. D’autres en ce pays portent le nombre des anges gardiens de chaque homme jusqu’à cent soixante ; ce qui est une grande vanité.
Les Siamois divisent les anges en sept ordres, et les chargent de la garde des planètes, des villes, des personnes. Ils disent que c’est pendant qu’on éternue que les mauvais anges écrivent les fautes des hommes.
Les théologiens admettent neuf chœurs d’anges, en trois hiérarchies les séraphins, les chérubins, les trônes ; — les dominations, les principautés, lès vertus des deux ; — les puissances, les archanges et les anges.
Parce que des anges, en certaines occasions où Dieu l’a voulu, ont secouru les Juifs contre leurs ennemis, les peuples modernes ont quelquefois attendu le même prodige. Le jour de la prise de Constantinople par Mahomet II, les Grecs schismatiques, comptant sur la prophétie d’un de leurs moines, se persuadaient que les Turcs n’entreraient pas dans la ville, mais qu’ils seraient arrêtés aux murailles par un Ange armé d’un glaive, qui les chasserait et les repousserait jusqu’aux-frontières de la Perse. Quand l’ennemi parut sur la brèche, le peuple et l’armée se réfugièrent dans le temple de Sainte-Sophie, sans avoir perdu tout espoir ; mais l’ange n’arriva pas, et la ville fut saccagée.
Cardan raconte qu’un jour qu’il était à Milan, le bruit se répandit tout à coup qu’il y avait un ange dans les airs au-dessus de fa ville. Il accourut et vit, ainsi que deux mille personnes rassemblées, un ange qui planait dans les nuages, armé d’une longue épée et les ailes étendues. Lés habitants s’écriaient que c’était l’ange exterminateur ; et la consternation devenait générale, lorsqu’un ecclésiastique fit remarquer que ce qu’on voyait n’était que la représentation dans les nuées d’tin ange de marbre blanc placé au haut du clocher de Saint-Gothard.
Angeweiller (Le comte d’) épouse de la main gauche une fée qui lui laisse des dons merveilleux. Voy. Fées.
Anguekkok est une espèce de sorcier auquel les Groenlandais ont recours dans tous leurs embarras. Ainsi, quand les veaux marins ne se montrent pas en assez grand nombre, on va prier l'anguekkok d'aller trouver la trois qui, selon la tradition, a traîné la grande île de Disco de la rivière de Baal, où elle était située autrefois, pour la placer à plus de cent lieues de là, à l'endroit où elle se trouve aujourd'hui.
D'après la légende, cette femme habile au fond de la mer, dans une vaste maison gardée par les veaux marins. Des oiseaux de mer nagent dans sa lampe d'huile de poisson, et les habitants de l'abîme se réunissent autour d'elle, attirés par sa beauté, sans pouvoir la quitter, jusqu'à ce que l'anguekkok la saisisse par les cheveux, et, lui enlevant sa coiffure, rompe le charme qui les retenait auprès d'elle.
Quand un Groenlandais tombe malade, c'est encore l'anguekkok qui lui sert de médecin, et qui se charge également de guérir les maux du corps et ceux de l'âme.  Voy. Torngarsuk.
Anguille. Les livres de secrets merveilleux donnent à l’anguille des vertus surprenantes. Si on la laisse mourir hors de l’eau, qu’on mette ensuite son corps entier dans de fort vinaigre mêlé avec du sang de vautour, et qu’on place le tout sous du fumier, cette composition « fera ressusciter tout ce qui lui sera présenté, et lui redonnera la vie comme auparavant ».
Des autorités de la même force disent encore que celui qui mange le cœur tout chaud d’une anguille sera saisi d’un instinct prophétique, et prédira les choses futures.
Les Égyptiens adoraient l’anguille, que leurs prêtres seuls avaient droit de manger.
On a beaucoup parlé, dans le dernier siècle, des anguilles formées dé farine ou dé jus de mouton ; c’était une de ces plaisanteries qu’on appelle aujourd’hui des canards.
M’oublions pas le petit trait d’un avare, rapporté par Guillaume de Malmesbury, doyen d’Elgin, dans la province de Murray, en Écosse, lequel avare fut, par magie, changé en anguille et mis en matelote.
Animaux. Ils jouent un grand rôle dans les anciennes mythologies. Les païens en adoraient plusieurs, ou par terreur, ou par reconnaissance, ou par suite des doctrines de la métempsycose. Chaque dieu avait un animal qui lui était dévoué.
Les anciens philosophes avaient parfois, au sujet des animaux, dé singulières idées. Celse, qui a été si bien battu par Origène, soutenait que les animaux ont plus de raison, plus de sagesse, plus de vertu que l’homme (peut-être jugeait-il d’après lui-même), et qu’ils sont dans un commerce plus intime avec la Divinité. Quelques-uns ont, cherché dans de telles idées l’Origine du culte que les Égyptiens rendaient a plusieurs animaux. Mais d’autres mythologues vous diront que ces animaux étaient-révérés, parce qu’ils avaient prêté leur peau aux dieux égyptiens en déroute et obligés de se travestir. Voy. Âme des bêtes.
Divers-animaux sont très-réputés dans la sorcellerie, comme le coq, le chat, le crapaud, le bouc, le loup, le chien, où parce qu’ils accompagnent les sorcières au sabbat, ou pour les présagés qu’ils donnent, où parce que les magiciens et les démons empruntent leurs formes. Nous en parlerons à leurs articles particuliers.
Dix animaux sont admis dans le paradis de Mahomet : la baleine de Jouas, la fourmi de Salomon, le bélier d’Ismaël, le veau d’Abraham, l’ânesse de Balaam, la chamelle du prophète Saleh, le bœuf de Moïse, le chien des sept dormants, le coucou de Balkis, reine de Saba, et la mule de Mahomet. Voy. Borack.
Nous ne dirons qu’un mot d’un e erreur populaire qui, aujourd’hui, n’est plus très-enracinée. On croyait autrefois que toutes les espèces qui sont sur la terre se trouvaient aussi dans la mer. Le docteur Brown a prouvé que cette opinion n’était pas fondée. « Il serait bien difficile, dit-il, de trouver l’huître sur la terre ; et la panthère, le chameau, la taupe ne se rencontrent pas dans l’histoire naturelle des poissons. D’ailleurs le renard, le chien, l’âne, le lièvre de mer ne ressemblent pas aux animaux terrestres qui portent le même nom. Le cheval marin n’est pas plus un cheval qu’un aigle ; le bœuf de mer n’est qu’une grosse raie ; le lion marin, une espèce d’écrevisse et le chien marin ne représente pas plus le chien de terre que celui-ci ne ressemble a l’étoile Sirius, qu’on appelle aussi le chien . »
Il serait long et hors de propos de rapporter ici toutes les bizarreries que l’esprit humain a enfantées par rapport aux animaux. Voy. Bêtes. etc.
Aniran, ange ou génie dont le nom est attaché à l'idée de la lumière, comme principe de la vertu qu'ont le feu et l'eau de purifier. Il préside aux noces, et à l'intendance sur tout ce qui arrive le 30° jour de chaque mois solaire de l'ancien calendrier persan, selon l'observation superstitieuse des mages. Ce 30° jour de chaque mois porte aussi le nom d'Aniran, et est consacré à ce génie, dont la fête se célébrait avec pompe, mais n'est plus observée que par les Parsis qui la célèbrent en secret.
Anjorrand. Voy. Denis.
Anka. Voy. Simorgue.
Annaberge, démon terrible parmi les démons gardiens des mines. Il tua un jour plusieurs ouvriers dans la riche mine d’argent de l’Allemagne appelée Corona Rosacea.
« L’annaberge se montrait sons la forme d’un houe avec des cornes d’or, et se précipitait sur les mineurs avec impétuosité, ou sous la forme d’un cheval, qui jetait la flamme et la peste par ses naseaux » Ce terrible annaberge pouvait bien n’être qu’un esprit très-connu aujourd’hui des chimistes sous le nom de feu grisou. La lampe de sûreté d’Humphrey Davy aurait été un talisman précieux aux mineurs de la Couronne de roses .
Annabry, l’un des sept princes de l’enfer qui se montrèrent un jour à Faust. Il était en chien noir et blanc, avec des oreilles longues de quatre aunes . Voy. Faust.
Anne l'Ecossaise, Voy. Auxonne.
Anneau. Il y avait autrefois beaucoup d’anneaux enchantés ou chargés d’amulettes. Les magiciens faisaient des anneaux constellés avec lesquels ou opérait des merveilles. Voy. Éléazar. — Cette croyance était si répandue chez les païens, que lei prêtres ne pouvaient porter d’anneaux, a moins qu’ils ne fussent si simples qu’il était évident qu’ils ne contenaient pas d’amulettes .
Les anneaux magiques devinrent aussi de quelque usage chez les chrétiens, et même beaucoup de superstitions se rattachèrent au simple anneau d’alliance. On croyait qu’il y avait dans le quatrième doigt, qu’on appela spécialement doigt annulaire ou doigt destiné à l’anneau, un nerf qui répondait directement au cœur ; on recommanda donc de mettre l’anneau d’alliance à ce seul doigt. Le moment où le mari donne l’anneau à sa jeune épouse devant le prêtre, ce moment, dit un vieux livre de secrets, est de la plus haute importance. Si le mari arrête l’anneau à l’entrée du doigt et ne passe pas la seconde jointure, la femme sera maîtresse ; mais s’il enfonce l’anneau jusqu’à l’origine du doigt, il sera chef et souverain. Cette idée est encore en vigueur, et les jeunes mariées ont généralement soin de courber le doigt annulaire au moment ou elles reçoivent l’anneau, de manière a l’arrêter avant la seconde jointure.
Les Anglaises, qui observent la même superstition, font le plus grand cas de l’anneau d’alliance, à cause de ses propriétés. Elles croient qu’en mettant un de ces anneaux dans un bonnet de nuit, et plaçant le tout sous leur chevet, elles verront en songe le mari qui leur est destiné.
Les Orientaux révèrent les anneaux et les bagues, et croient aux anneaux enchantés. Leurs contes sont pleins de prodiges opérés par ces anneaux. Ils citent surtout, avec une admiration sans bornes, l’anneau de Salomon, par la force duquel ce prince commandait à toute la nature. Le grand nom de Dieu est gravé sur cette bague, qui est gardée par des dragons, dans le tombeau inconnu de Salomon. Celui qui s’emparerait de cet anneau serait maître du monde et aurait tous les génies à ses ordres. Voy. Sakhar. — À défaut de ce talisman prodigieux, ils achètent à des magiciens des anneaux qui produisent aussi des merveilles.
L’abominable Henri VIII bénissait des anneaux d’or, qui avaient, disait-il, la propriété de guérir de la crampe . Les faiseurs de secrets ont inventé des bagues magiques qui ont plusieurs vertus. Leurs livres parlent de Vanneau des voyageurs. Cet anneau, dont le secret n’est pas bien certain, donnait à celui qui le portait le moyen d’aller sans fatigue de Paris à Orléans, et de revenir d’Orléans à Paris dans la même journée.
Anneau d’invisibilité. On n’a pas perdu le secret de Vanneau d’invisibilité. Les cabalistes ont laissé la manière de faire cet anneau, qui plaça Gygès au trône de Lydie. Il faut entreprendre cette opération un mercredi de printemps, sous les auspices de Mercure, lorsque cette planète se trouve en conjonction avec une des autres planètes favorables, comme la Lune, Jupiter, Vénus et le Soleil. Que l’on ait de bon mercure fixé et purifié ; on en formera une bague où puisse entrer facilement le doigt du milieu ; on enchâssera dans le chaton une petite pierre que l’on trouve dans le nid de la huppe, et on gravera autour de la bague ces paroles : Jésus passant au milieu d’eux s’en alla ; puis, ayant posé le tout sur une plaque de mercure fixé, on fera le parfum de Mercure ; on enveloppera l’anneau dans un taffetas de la couleur convenable à la planète, on le portera dans le nid de la huppe d’où l’on a tiré la pierre, on l’y laissera neuf jours ; et quand on le retirera, on fera encore le parfum comme la première fois ; puis on le gardera dans une petite boîte faite avec du mercure fixé, pour s’en servir à l’occasion. Alors on mettra la bague a son doigt. En tournant la pierre au dehors de la main, elle a la vertu de rendre invisible aux yeux des assistants celui qui la porte ; et quand ou veut être vu, il suffit de rentrer la pierre en dedans de la main, que l’on ferme eu forme de poing.
Porphyre, Jamblique, Pierre d’Apone et Agrippa, ou du moins les livres de secrets qui leur sont attribués, soutiennent qu’un anneau fait de la manière suivante a la même propriété. Il tant prendre des poils qui sont au-dessus de la tête de l’hyène, et en faire de petites tresses avec lesquelles son fabrique un anneau, qu’on porte aussi dans le nid de la huppe. On le laisse là neuf jours ; on le passe ensuite dans des parfums préparés sous les auspices de Mercure (planète). On s’en sert comme de l’autre anneau, excepté qu’on l’ôte absolument du doigt quand on ne veut plus être invisible.
Si, d’un autre coté, on veut se précautionner contre l’effet de ces anneaux cabalistiques, on aura une bague faite de plomb raffiné et purgé ; on enchâssera dans le chaton un œil de jeune belette qui n’aura porté des petits qu’une fois ; sur le contour on gravera les paroles suivantes : Apparuit Domina Simoni. Cette bague se fera un samedi, lorsqu’on connaîtra que Saturne est en opposition avec Mercure. On l’enveloppera dans un morceau de linceul mortuaire qui ait enveloppé un mort ; on l’y laissera neuf jours ; puis, l’ayant retiré fera trois fuis le parfum de Saturne, et on s' en servira.
Ceux qui ont imaginé ms anneaux ont raisonné sur le principe de l’antipathie qu’ils supposaient entre les matières qui les composent. Rien n’est plus antipathique a la huppe que l’hyène, et Saturne rétrograde presque toujours à Mercure ; ou, lorsqu’ils se rencontrent dans le domicile de quelques signes du zodiaque, c’est toujours un aspect funeste et de mauvais augure  Nous parlons astrologie.
On peut faire d’autres anneaux sous l’influence des planètes, et leur donner des Vertus au moyen de pierres et d’herbes merveilleuses. « Mais dans ces caractères, Herbes cueillies, constellations et charmes, le diable se coule, » comme dit Leloyer, quand ce n’est pas simplement le démon de la grossière imposture. « Ceux qui observent les heures des astres, ajoute-t-il, n’observent que les heures des démons qui président aux pierres, aux herbes et aux astres mêmes. » — Et il est de fait que ce ne sont ni des saints ni des cœurs honnêtes qui se mêlent de ces superstitions.
Anneberg, démon des mines ; il tua un jour de son souffle douze ouvriers qui travaillaient à une mine d’argent dont il avait la garde. C’est un démon méchant, rancunier et terrible. Il se montre surtout en Allemagne ; on dit qu’il a la figure d’un cheval, avec un cou immense et des yeux effroyables . C’est le même que l’annaberge.
Année. Plusieurs peuples ont célébré par des cérémonies plus ou moins singulières le retour du nouvel an. Chez les Perses, un jeune homme s’approchait du prince et lui faisait des offrandes, en disant qu’il lui apportait la nouvelle année de la part de Dieu. Chez nous, on se donne des étrennes.
Des Gaulois commençaient l’année par la cérémonie au gui de chêne, qu’ils appelaient le gui de l’an neuf ou du nouvel an. Les druides, accompagnés du peuple, allaient dans une forêt, dressaient autour du plus beau chêne un autel triangulaire de gazon, et gravaient sur le tronc et sur les deux plus grosses branches de l’arbre révéré les noms des dieux qu’ils croyaient les plus puissants : Theutatès, Hésus, Taranis, Belenus. Ensuite l’un d’eux, vêtu d’une blanche tunique, coupait le gui avec une serpe d’or ; deux autres druides étaient l’a pour le recevoir dans un linge et prendre garde qu’il ne, touchât la terre. Ils distribuaient l’eau où ils faisaient tremper ce nouveau gui, et persuadaient au peuple qu’elle guérissait plusieurs maladies et qu’elle était efficace contre les sortilèges .
Année platonique. On appelle année platonique un espace de temps à la fin duquel tout doit se retrouver à la même place. Les uns comptent seize mille ans pour cette révolution, d’autres trente-six mille . Il y en eut aussi qui croyaient anciennement qu’au bout de cette période le monde serait renouvelé, et que les antes rentreraient dans leurs corps pour commencer une nouvelle vie semblable à la précédente. On conte là-dessus cette petite anecdote :
Des Allemands, arrêtés dans une auberge de Châlons-sur-Marne, amenèrent la conversation sur cette grande année platonique où toutes les choses doivent retourner à leur premier état ; ils voulurent persuader au maître du logis qu’il n’y avait rien de si vrai que cette révolution ; « de sorte, disaient-ils, que, dans seize mille ans d’ici, nous serons à boire chez vous a pareille heure et dans cette mente chambre. »
Là-dessus, ayant très-peu d’argent, en vrais Allemands qu’ils étaient, ils prièrent l’hôte de leur faire crédit jusque-là.
Le cabaretier champenois leur répondit qu’il le voulait bien. « Mais, ajouta-t-il, parce qu’il y a seize mille ans, jour pour jour, heure pour heure, que vous étiez pareillement il boire ici comme vous faites, et que vous vous êtes retirés sans payer, acquittez le passé, et je vous ferai crédit du présent… »
Année climatérique. Le préjugé des années climatériques subsiste encore, quoiqu’on en ait à peu près démontré l’absurdité. Auguste écrivait à son neveu Caius pour l’engager à célébrer le jour de sa naissance, attendu qu’il avait passé la soixante-troisième année, — qui est cette grande climatérique si redoutable pour les humains. — Beaucoup de personnes craignent encore l’année climatérique ; cependant une foule de relevés prouvent qu’il ne meurt pas plus d’hommes dans la soixante-troisième année que dans les années qui la précèdent. Mais un préjugé se détruit avec peine. Selon ces idées, que Pythagore fit naître par ses singulières rêveries sur les nombres, notre tempérament éprouve tous les sept ans une révolution complète. Quelques-uns disent même qu’il se renouvelle entièrement. D’autres prétendent que ce renouvellement n’a lieu que tous les neuf ans : aussi les années climatériques se comptent par sept et par neuf. Quarante-neuf et quatre-vingt-un sont des années très-importantes, disent les partisans de cette doctrine ; mais soixante-trois est l’année la plus fatale, parce que c’est la multiplication de sept par neuf. Un Normand disait : Encore un des miens pendu à quarante-neuf ans ! et qu’on dise qu’il ne faut pas se méfier des années climatériques !
« On ne doit pourtant pas porter trop loin, dit M. Salgues, le mépris de la période septénaire, qui marque en effet les progrès du développement et de l’accroissement du corps humain. Ainsi, généralement, les dents de l’enfance tombent à sept ans, la puberté se manifeste à quatorze, le corps cesse de croître à vingt et un. » — Mais cette observation n’est pas complètement exacte.
Anninga, l'astre de la lune, selon les Groenlandais qui le font du genre masculin, frère de Malina, le soleil, qu'ils font du genre féminin. D'après leur opinion, tous les corps célestes furent autrefois des Groenlandais, ou des animaux, qui, par différents accidents, ont été transportés dans le ciel, et y brillent d'une lumière pâle ou rouge, selon la diversité de leur nourriture. Ils ont inventé le conte suivant sur le soleil et la lune: C’était au commencement un jeune garçon qui aimait à courir les champs avec sa sœur Malina. Or un jour qu’il la poursuivait, elle se retourna tout à coup et lui barbouilla de noir la figure. Après quoi Malina, perdant terre, s’élança dans le ciel, où elle devint le soleil. Anninga, qui n’a cessé de la poursuivre, est devenu la lune.
Annius de Viterbe (Jean Nanni), savant ecclésiastique, né à Viterbe en 1432. Il a publié une collection de manuscrits attribués à Bérose, à Fabius Pictor, à Caton, à Archiloque, à Manéthon, etc., et connus sous le nom d’Antiquités d’Annius. Ce recueil a peu de crédit. On prétend qu’il contient beaucoup de fables ; mais plusieurs de ces fables sont d’antiques légendes.
On doit encore à Annius un Traité de Vampire des Turcs, et un livre des Futurs triomphes des chrétiens sur les Turcs et les Sarrasins, etc. Ces deux ouvrages sont des explications de l’Apocalypse. L’auteur pense que Mahomet est l’Antéchrist, et que la fin du monde aura lieu quand le peuple des saints (les chrétiens) aura soumis entièrement les juifs et les mahométans.
Anocchiatura, fascination involontaire qui s’exerce soit par les yeux, soit par les paroles, selon les croyances populaires des Corses, mais dans un sens très-bizarre, les puissances mystérieuses qui président à l’anocchiatura ayant la singulière habitude d’exécuter le contraire de ce qu’on souhaite. Aussi, dans la crainte de fasciner les enfants en leur adressant des bénédictions ou des éloges, le peuple qui leur veut du bien le leur prouve par des injures et des souhaits d’autant plus favorables qu’ils sont plus affreusement exprimés.
Anpiel, l’un des anges que les rabbins chargent du gouvernement des oiseaux ; car ils mettent chaque espèce créée sous la protection d’un ou de plusieurs anges.
Anselme de Parme, astrologue né à Parme, où il mourut en 1440. Il avait écrit des Institutions astrologiques, qui n’ont pas été imprimées. Wierus et quelques démonographes le mettent au nombre des sorciers. Des charlatans, qui guérissaient les plaies au moyen de paroles mystérieuses que l’on prétend inventées par lui, ont pris le nom d’anselmistes ; et, pour mieux en imposer, ils se vantaient de tenir leur vertu de guérir non d’Anselme de Parme, mais de saint Anselme de Cantorbéry. Voy. Art de saint Anselme.
Ansuperomain, sorcier des environs de Saint-Jean-de-Luz, qui, selon des informations prises sous Henri IV par le conseiller Pierre Delancre, fut vu plusieurs fois au sabbat, à cheval sur un démon qui avait la forme de bouc, et jouant de la flûte pour la danse des sorcières.
Anthæus. Il y a, comme dit Boguet, des familles où il se trouve toujours quelqu’un qui devient loup-garou. Évanthes et après lui Pline rapportent que dans la race d’un certain Anthæus, Arcadien, on choisissait par le sort un homme que l’on conduisait près d’un étang. Là, il se dépouillait, pendait ses habits à un chêne ; et, après avoir passé l’eau à la nage, s’enfuyait dans un désert où, transformé en loup, il vivait et conversait avec les loups pendant neuf ans. Il fallait que durant ce temps il ne vît point d’hommes ; autrement le cours des neuf ans eût recommencé. Au bout de ce terme il retournait vers le même étang, le traversait à la nage et rentrait chez lui, où il ne se trouvait pas plus âgé que le jour de sa transmutation en loup : le temps qu’il avait passé sous cette forme ne faisant pas compte dans le nombre des années de sa vie .
Antamtappes, enfer indien, plein d'épines, de corbeaux à bec de fer, de chiens enragés, de moucherons piquants et d'autres animaux acharnés à tourmenter les méchants. C'est de ce lieu là que, selon la doctrine de quelques brahmines, les âmes ne reviennent jamais, et les peines y sont éternelles.
Antéchrist. Par Antéchrist on entend ordinairement un tyran impie et cruel, ennemi de Jésus-Christ. Il doit régner sur la terre lorsque le monde approchera de sa fin. Les persécutions qu’il exercera contre les élus seront la dernière et la plus terrible épreuve qu’ils auront à subir ; et même Notre-Seigneur a déclaré que les élus y succomberaient, si le temps n’en était abrégé en leur faveur ; car il se donnera pour le Messie et fera des prodiges capables d’induire en erreur les élus mêmes.
Leloyer rapporte cette opinion populaire, que les démons souterrains ne gardent que pour lui les trésors cachés, au moyen desquels il pourra séduire les peuples ; et sa persécution sera d’autant plus redoutable, qu’il ne manquera d’aucun moyen de séduire, et agira beaucoup plus par la Corruption que par la violence brutale. C’est à cause des miracles qu’il doit faire que plusieurs l’appellent le singe de Dieu.
Le mot de passe des sectateurs de l’Antéchrist sera, dit Boguet : Je renie le baptême.
Ce qui est assez grotesque, assurément, c’est que les protestants, ces précurseurs de l’Antéchrist, donnent le nom d’Antéchrist au pape, comme les larrons qui crient au voleur pour détourner d’eux les recherches . Voy. Abdeel.
On a raillé l’abbé Fiard, qui regardait Voltaire et les encyclopédistes comme des précurseurs de l’Antéchrist. Il est très-possible que les railleurs aient tort.
Antesser, démon. Voy. Blokula.
Anthropomancie, divination par l’inspection des entrailles d’hommes ou de femmes éventrés. Cet horrible usage était très-ancien. Hérodote dit que Ménélas, retenu en Égypte par les vents contraires, sacrifia à sa barbare curiosité deux enfants du pays, et chercha à savoir ses destinées dans leurs entrailles. Héliogabale pratiquait cette divination. Julien l’Apostat, dans ses opérations magiques et dans ses sacrifices nocturnes, faisait tuer, dit-on, un grand nombre d’enfants pour consulter leurs entrailles. Dans sa dernière expédition, étant à Carra, en Mésopotamie, il s’enferma dans le temple de la Lune ; et, après avoir fait ce qu’il voulut avec les complices de son impiété, il scella les portes, et y posa une garde qui ne devait être levée qu’à son retour. Il fut tué dans la bataille qu’il livra aux Perses, et ceux qui entrèrent dans le temple de Carra sous le règne de Jovien, son successeur, y trouvèrent une femme pendue par les cheveux, les mains étendues, le ventre ouvert et le foie arraché.
Anthropophages. Le livre attribué à Énoch dit que les géants nés du commerce des anges avec les filles des hommes furent les premiers anthropophages. Marc-Paul rapporte que de son temps, dans la Tartarie, les magiciens avaient le droit de manger la chair des criminels ; les sorciers ont été souvent convaincus d’anthropophagie, notamment les loups garous, et des écrivains ont relevé ce fait notable qu’il n’y a que les chrétiens qui n’aient pas été anthropophages.
Antide. Une vieille tradition populaire rapporte que saint Antide, évêque de Besançon, vit un jour dans la campagne un démon fort maigre et fort laid, qui se vantait d’avoir porté le trouble dans l’Église de Rome. Le saint appela le démon, le fit mettre à quatre pattes, lui sauta sur le dos, se fit par lui transporter à Rome, répara le dégât dont l’ange déchu se montrait si fier, et s’en revint en son diocèse par la même voiture.
Antiochus, moine de Séba, qui vivait au commencement du septième siècle. Dans ses 190 homélies, intitulées Pandectes des divines Ecritures, la 84e, De insomniis, roule sur les visions et les songes .
Antipathie. Les astrologues prétendent que ce sentiment d’opposition qu’on ressent pour une personne ou pour une chose est produit par les astres. Ainsi deux personnes nées sous le même aspect auront un désir mutuel de se rapprocher, et s’aimeront sans savoir pourquoi ; de même que d’autres se haïront sans motif, parce qu’elles seront nées sous des conjonctions opposées. Mais comment expliqueront ils les antipathies que les grands hommes ont eues pour les choses les plus communes ? On en cite un grand nombre auxquelles on ne peut rien comprendre. La Mothe-le-Vaver ne pouvait souffrir le son d’aucun instrument, et goûtait le plus vif plaisir au bruit du tonnerre. César n’entendait pas le chant du coq sans frissonner. Le chancelier Bacon tombait en défaillance toutes les fois qu’il y avait une éclipse de lune. Marie de Médicis ne pouvait supporter la vue d’une rose, pas même en peinture, et elle aimait toutes les autres fleurs. Le cardinal Henri de Càrdonne éprouvait la même aversion, et tombait en syncope lorsqu’il sentait l’odeur des roses. Le maréchal d’Albret se trouvait mal dans un repas où l’on servait un marcassin ou un cochon de lait. Henri III ne pouvait rester seul dans une chambre où il y avait un chat. Le maréchal de Schomberg avait la même faiblesse. Ladislas, roi de Pologne, se troublait et prenait la fuite quand il voyait des pommes. Scaliger frémissait à l’aspect du cresson. Érasme ne pouvait sentir le poisson sans avoir la fièvre. Tycho-Brahé défaillait à la rencontre d’un lièvre ou d’un renard. Le duc d’Épernon s’évanouissait à la vue d’un levraut. Cardan ne pouvait souffrir les œufs ; le poète Arioste, les bains ; le fils de Crassus, le pain ; Jules César Scaliger, le son de la vielle.
On trouve souvent la cause de ces antipathies dans les premières sensations de l’enfance. Une dame qui aimait beaucoup les tableaux et les gravures s’évanouissait lorsqu’elle en trouvait dans un livre ; elle en dit la raison : étant encore petite, son père l’aperçut un jour qui feuilletait les volumes de sa bibliothèque pour y chercher des images ; il les lui retira brusquement des mains, et lui dit d’un ton terrible qu’il y avait dans ces livres des diables qui l’étrangleraient si elle osait y toucher… Ces menaces absurdes, ordinaires à certains parents, occasionnent toujours de funestes effets qu’on ne peut souvent plus détruire.
Pline assure qu’il y a une telle antipathie entre le loup et le cheval, que si le cheval passe où le loup a passé, il sent aux jambes un engourdissement qui l’empêche de marcher. Un cheval sent le tigre en Amérique, et refuse obstinément de traverser une forêt où son odorat lui annonce la présence de l’ennemi. Les chiens sentent aussi très-bien les loups, avec lesquels ils ne sympathisent pas ; et peut-être serions-nous sages de suivre jusqu’à un certain point, avec les gens que nous voyons la première fois, l’impression sympathique ou antipathique qu’ils nous font éprouver, car l’instinct existe aussi chez les hommes mêmes, qui le surmontent plus ou moins à propos par la raison.
Antipodes. L’existence des antipodes était regardée naturellement comme un conte, dans le temps où l’on croyait que la terre était plate. Mais il n’est pas vrai, comme on l’a perfidement écrit, que le prêtre Virgile fut excommunié par le pape Zacharie pour avoir soutenu qu’il y avait des antipodes. Ce Virgile au contraire, à cause de sa science, fut comblé d’honneurs par le Saint-Siège et nommé à l’évêché de Salzbourg. D’ailleurs le pape Zacharie savait probablement qu’il y a des antipodes, puisque avant lui Origène, le pape saint Clément et d’autres en avaient parlé. Saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Athanase et la plupart des Pères n’ignoraient pas la forme sphérique de la terre. On en a le témoignage dans le livre de la Création du monde, écrit par Jean Philoponos au septième siècle.
La plupart des hommes à qui l’éducation n’a pas étendu les bornes de l’esprit croient encore que la terre n’est qu’un grand plateau, et il serait difficile de leur persuader qu’on trouve au-dessous de nous des humains qui ont la tête en bas, et les pieds justement opposés aux nôtres.
Les anciens mythologues citent, dans un autre sens, sous le nom d’Antipodes, des peuples fabuleux de la Libye, à qui on attribuait huit doigts aux pieds, et les pieds tournés en arrière. On ajoute qu’avec cela ils couraient comme le vent.
Antithées, anti-dieux. C'étaient, dit Arnobe, des génies malfaisants, qu'on s'imaginait occupés à tromper les hommes par des illusions. Les magiciens, les invoquaient pour le succès de leurs enchantements.
Antoine. Saint Antoine est célèbre par les tentations qu’il eut à subir de la part du diable. Ceux qui ont mis leur esprit à la torture pour donner à ces faits un côté plaisant n’ont pas toujours eu autant d’esprit qu’ils ont voulu en montrer. Ils n’égalent certainement pas le bon légendaire, qui conte qu’Antoine, ayant dompté Satan, le contraignit à demeurer auprès de lui sous sa forme la plus convenable, qui était celle d’un cochon. Voy. Ardents.
Apanthomancie, C'est l'une des innombrables formes de divination chez les Grecs. Celle-ci consistait à observer des présages qui se présentaient à l'improviste , par exemple la rencontre inattendue d'un aigle et d'un lièvre. Ou bien rencontrer au hasard un lièvre et un bouc était gage de chance imminente et ce, tout particulièrement si le lièvre tentait d'échapper en même temps à des chiens. En revanche, rencontrer un lièvre en dehors d'une partie de chasse signifie qu'il vaut mieux rentrer à la maison parce qu'un danger vous guette, voir une chauve-souris, un âne ou un corbeau étaient de mauvaise augure. Il en va de même de l'observation des pies , on disait "une pie, souci, deux pies, bonheur, trois pies, malheur" Les rencontres fortuites entre certains animaux étaient en effet porteuses de messages. Une même rencontre pouvait aussi s'interpréter différemment selon les cultures. Aux Etats-Unis comme en France, rencontrer un chat noir porte malheur , alors que pour les Britanniques c'est au contraire un signe de bonheur et de chance. Rencontrer un médecin ou un pharmacien vous avisait de faire attention à votre santé. On pouvait encore la pratiquer en observant les fleurs . Il était d'usage d'effeuiller par exemple des marguerites afin de présumer des sentiments de ceux dont on souhaitait être aimé (ce type d'usage est du reste mis en scène dans le célèbre ouvrage de Goethe "Faust" , dans la scène du jardin.
Aparctiens, peuples septentrionaux, mais fabuleux. En effet, en arrivant dans leur pays, on rencontrait d'abord des gens transparents comme du cristal, qui allaient et venaient avec une vitesse merveilleuse. Ils avaient le pied fort étroit et tranchant par dessous; ce qui les aidait à glisser. Leur barbe était longue, et ne leur pendait pas du menton comme aux humains, mais du nez, en guise de trompe d'éléphant. Au lieu de langue, ils avaient deux râteliers de dents bien garnis, qui frappaient l'un contre l'autre. Quand ils voulaient parler, on eût dit des fébricitants dans le frisson d'une grave fièvre; et, par le bruit qu'ils faisaient, on entendait ce qu'ils voulaient dire, d'où vient peut-être qu'on nommait ceux qui parlaient trop, des claque-dents. Il y en avait parmi eux qui les remuaient avec tant d'adresse, qu'on eût dit qu'ils jouaient du clavecin. Ils portaient pour ornement de grosses perles et des diamants d'une fort belle eau. Ils haïssaient toute sorte de lumière, excepté celle des étoiles, et ne sortaient guère qu'en hiver; parce que l'air froid et piquant servait beaucoup à les fortifier. L'été, ils demeuraient dans les cavernes, à cause qu'ils craignaient fort la chaleur; et c'est une chose étrange qu'étant si froids ils suaient aisément. Mais de leur sueur, on en faisait d'autres sur le champ, dont les plus accomplis se jetaient en moule. Pour les faire croître partout également, on ne faisait que les arroser au clair de la lune, mais ils n'étaient jamais plus beaux que lorsqu'ils commençaient à fondre. Ils avaient tous cette perfection, qu'ils rompaient plutôt que de plier; ils n'étaient point dissimulés, car on pouvait lire tout ce qu'ils avaient dans le cœur.
Les Aparctiens avaient un temple où leur dieu était adoré sous la figure d'un ours blanc, ce qui donnait le nom au pays. Il y avait une merveille dans ce temple, qui ne se trouvait nulle part. C'était une glace de miroir qui avait servi de moule aux dieux pour former les hommes; car, s'en étant approchés, ils animèrent leur image. Ils furent si fâchés de voir qu'elle faisait tout le contraire de ce qu'ils faisaient, et qu'elle prenait de la main gauche ce qu'ils lui présentaient de la main droite, que, pour punir ce nouvel homme, ils ne voulurent point lui donner de femme, afin d'en faire périr la race. Mais comme il aimait à se multiplier, il se présenta devant le même miroir, et anima sa ressemblance, qui, par un juste châtiment, le contredit en tout et par tout.
Apis est le nom grec d'un taureau sacré de la mythologie égyptienne vénéré dès l'époque préhistorique. Les premières traces de son culte sont représentées sur des gravures rupestres, il est ensuite mentionné dans les textes des pyramides de l'Ancien Empire et son culte perdura jusqu'à l'époque romaine. Apis est symbole de fertilité, de puissance sexuelle et de force physique.
Le dieu Apis est d'abord représenté par un taureau au pelage blanc tacheté par endroit de marques noires qui selon un code précis permettait de le distinguer de ses congénères.
Sous sa forme anthropomorphe, il est représenté par un homme vêtu de la chendjit avec une tête de taureau dont les cornes enserrent un disque solaire. Ce dernier est parfois doté d'un uraeus.
Son incarnation physique était vénérée dans tout le pays sous la forme d'un taureau vivant que les prêtres sélectionnaient selon des signes divins qu'il portait. Il était alors conduit à Memphis et gardé dans un Apieum voisin du grand temple de Ptah, dont il était également un descendant.
À Memphis, Apis est d'abord le héraut puis le fils du dieu Ptah, le créateur, puis est associé à son Ba. À partir du Nouvel Empire, il est également associé au dieu Rê, la vie, et commence à être représenté portant le disque solaire entre ses cornes. À sa mort, l'Apis était assimilé au dieu Osiris sous le nom d'Osiris-Apis et se trouve associé au culte funéraire. Ainsi, à la Basse Époque on le trouve représenté sur les sarcophages comme un taureau portant la momie du défunt sur le dos, et l'accompagnant jusqu'à son tombeau. À l'époque gréco-romaine, sa forme funéraire d'Osiris-Apis sera assimilée (notamment à Alexandrie) aux dieux Pluton et Apollon sous la forme du dieu Sérapis. D'où le nom du tombeau des Apis, le Sérapéum.
L'Apis était donc choisi selon des critères très stricts (peut-être vingt-neuf), dont les principaux étaient :
  • un pelage noir ;
  • les poils de la queue doubles ;
  • un triangle blanc sur le front prenant la forme d'un delta inversé ;
  • un signe en forme de faucon aux ailes déployées sur le dos;
  • un signe en forme de scarabée sous la langue.
Sa mère devait selon la légende avoir été fécondée par éclair, Ptah en réalité, et une fois identifiée avec son veau sacré elle faisait également l'objet d'une vénération à Memphis où elle partageait la vie de rites et d'offrandes due à son rang de mère du dieu.
On sait aussi que lorsque les prêtres trouvaient le nouvel Apis, il n'était en général âgé que d'à peine un an. Une fois identifié on lui bâtissait dans le champ où il vivait une étable orientée vers le soleil levant et on l'y nourrissait pendant quarante jours, pendant lesquels seuls les prêtres pouvaient l'approcher et lui présenter des offrandes.
Le temps prescrit écoulé il était conduit en grande pompe par un cortège de cent prêtres jusqu'à la ville de Nilopolis où il était accueilli dans le temple de la ville. Il y restait alors quatre mois pendant lesquels toutes les femmes qui le désiraient pouvaient lui rendre visite afin d'obtenir ses faveurs et un gage de fécondité.
Ces cérémonies étaient l'occasion de grandes réjouissances dans tout le pays qui venait adresser ses hommages au nouvel Apis. Au terme de ces quatre mois le taureau et les cent prêtres quittaient la cité et se rendaient à Memphis au cours d'une fastueuse procession descendant le Nil
Il faut imaginer alors le long de ce parcours d'une cinquantaine de kilomètres, le peuple tout entier amassé sur les rives du fleuve acclamant le cortège de barques qui accompagnaient la barge sacrée dans laquelle l'animal divin était abrité, et jetant dans le fleuve des offrandes, afin d'attirer la bénédiction des dieux sur l'Égypte.
Arrivée dans la grande métropole de la Basse-Égypte qui est le lieu de culte principal du dieu, la procession prenait alors le chemin des temples, faisant halte à chaque station spécialement préparée pour l'occasion afin d'y recevoir sa bénédiction. La ville devait être en effervescence et les offrandes affluaient de partout. Le taureau était officiellement introduit dans le temple de Ptah où il devait rencontrer le grand dieu de la cité au plus profond de son sanctuaire. Puis, il était enfin conduit dans le temple qui lui était réservé pour ne le quitter que lors de cérémonies religieuses précises qui rythmaient l'année des anciens égyptiens, comme notamment la grande fête du Nouvel An, à l'occasion de l'arrivée de l'inondation. Selon les témoignages des historiens de l'Antiquité classique, une fois par an on présentait au dieu dans son temple une génisse afin de satisfaire ses ardeurs sexuelles, génisse qui était le jour même abattue rituellement et donnée en offrande aux dieux.
C'est à partir de cette époque que l'oracle du dieu Apis qui était rendu dans son temple est largement diffusé. Le dieu qui y avait son étable sacrée, que les grecs baptisèrent du nom générique de secôs, était présenté aux pèlerins et suivant ses mouvements répondait à leurs interrogations par l'affirmative ou la négative. À l'époque romaine cet oracle pouvait aussi s'exprimer au travers d'enfants qui jouaient dans le temple ou devant le sanctuaire, et y répondaient par leurs expressions, gestes ou exclamations, interprétés et traduits par les prêtres d'Apis aux dévots qui assistaient à la scène.
Les récits des historiens grecs et romains qui abordent la question du culte d'Apis, font souvent référence à une pratique sacrificielle concernant l'Apis. Selon ces témoignages et de leur temps, le dieu ne pouvait vivre au-delà de vingt-cinq années. Ce temps aurait été prescrit dans les textes sacrés égyptiens eux-mêmes. Une fois atteint cet âge les prêtres auraient conduit l'animal sur les bords du Nil ou dans un bassin spécialement prévu à cet effet et l'y auraient noyé afin de respecter à la lettre les écrits et le mythe. Cette mise à mort rituelle achevant la vie du taureau sacré pourrait l'identifier à la destinée d'Osiris qui mourut une première fois de noyade par les mains de son propre frère le dieu Seth. Pour Pline le Jeune ce chiffre de vingt-cinq années correspondait à des calculs astronomiques liés au cycle combiné du soleil et de la lune, dont l'Apis était l'incarnation.
Quoi qu'il en soit, la légende veut qu'à sa mort, l'Apis se réincarne dans l'un de ses congénères, que les prêtres étaient chargés de retrouver aussitôt. Ainsi, un seul taureau était vénéré à la fois.
La mort du taureau Apis était un événement majeur et qui conduisait à un deuil national de soixante-dix jours, le temps de sa momification. L'embaumement du taureau faisait l'objet d'un rituel complexe, connu par un long papyrus de Vienne dont la première colonne se trouve à Zagreb. Les funérailles de l'Apis étaient fastueuses ; embaumé, il était déposé dans un sarcophage et inhumé dans le Sérapéum de Saqqarah, un tombeau commun grandiose aménagé au Nouvel Empire et continuellement agrandi par la suite jusqu'aux derniers Ptolémée. La mère de l'Apis avait également droit à un traitement de faveur, et était inhumée dans une nécropole particulière non loin de l'Iséum de Saqqarah.
Le taureau continuait à recevoir un culte après sa mort sous la forme du dieu Osiris-Apis. Les grecs l'assimilèrent au dieu Sérapis et le culte s'exporta d'abord à Alexandrie puis à travers toute la Méditerranée dans les principales villes du monde hellénistique puis romain. Pendant la période romaine, le Sérapéum d'Alexandrie est réputé avoir également contenu des catacombes destinées à l'enterrement des taureaux sacrés et de fait nous n'avons pas encore retrouvé la trace des sépultures des Apis au-delà des derniers lagides.
Apocalypse. Dans cette clôture redoutable du saint livre qui commence par la Genèse, l’esprit de l’homme s’est souvent égaré. La manie de vouloir tout expliquer, quand nous sommes entourés de tant de mystères que nous ne pouvons comprendre ici-bas, a fourvoyé bien des esprits. Après avoir trouvé la bête à sept têtes et l’Antéchrist dans divers personnages, on est aussi peu avancé que le premier jour. Newton a échoué, comme les autres, dans l’interprétation de l’Apocalypse. Ceux qui l’ont lue comme un poème hermétique ont leur excuse dans leur folie. Pour nous, attendons que Dieu lève les voiles.
Il y a eu plusieurs Apocalypses supposées, de saint Pierre, de saint Paul, de saint Thomas, de saint Étienne, d’Esdras, de Moïse, d’Élie, d’Abraham, de Marie, femme de Noé, d’Adam même. Porphyre a cité encore une Apocalypse de Zoroastre.
Apollinaire, plante ainsi nommée chez les païens parce qu’elle était consacrée à Apollon. Les chrétiens lui ont conservé ce nom à cause du grand saint qui l’a porté.
Apollonie de Leuttershausen. Cette femme vivait au temps où s’établit la réforme. Elle habitait avec son mari, Hans Geisselbrecht, le margraviat de Brandebourg. Son histoire a été publiée par Sixte Agricola et Georges Witmer (Ingolstadt, 1584). Gorres l’a résumée dans le quatrième volume de sa Mystique. Nous l’empruntons à ce grand ouvrage. — Hans Geisselbrecht était un chenapan qui passait sa vie à boire, à jurer et à maltraiter sa femme. Un matin, les voisines reprochèrent à la pauvre Apollonie le vacarme qui s’était fait toute la nuit chez elle. Furieuse de subir des reproches après tout ce qu’elle endurait de son mari, elle s’écria : — Si le bon Dieu ne veut pas me délivrer de cet homme violent, eh bien, que le diable vienne à mon aide. — Le soir, lorsque le bétail fut rentré, elle s’en alla traire ses vaches. Alors elle vit voler autour de sa tête deux oiseaux qui semblaient des corbeaux, quoique à cette époque il n’y en eût plus dans le pays. Puis un homme de haute taille parut à ses côtés et lui dit : — Ah ! ma pauvre femme, j’ai bien pitié de vous et de votre triste sort, avec un affreux mari qui dévorera tout ce que vous possédez. Si vous voulez être à moi, je vais vous conduire à l’instant en un lieu charmant où vous pourrez boire, manger, chanter, danser à votre aise, et mener une vie comme vous n’en avez jamais mené jusqu’ici, car le ciel n’est pas tel que vous le représentent vos prêtres ; je vous ferai voir bien autre chose. — Apollonie, sans plus réfléchir, donna sa main à l’inconnu en disant qu’elle voulait bien être à lui. Aussitôt elle fut possédée. Les voisins, un instant après, accoururent à ses cris, car elle venait de se jeter dans un égout situé près de son étable, et elle pouvait s’y noyer. Comme on la remportait dans sa maison, elle s’écriait : — Laissez-moi ! ne voyez-vous pas la vie délicieuse que je mène ; je ne fais que boire, manger, chanter et danser… Il paraît que les exorcismes la guérirent, et nous n’avons pas la suite de son histoire.
Apollonius de Tyane, philosophe pythagoricien, né à Tyane en Cappadoce, peu de temps après Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’était un de ces aventuriers qui s’occupaient de théurgie, et qui cherchaient auprès des magiciens et des jongleurs, si nombreux chez les païens, ces secrets mystérieux au moyen desquels ils étonnaient la foule. Il était oublié lorsque l’impératrice Julie, femme de Septime Sévère, princesse de mœurs dissolues, et par conséquent ennemie de l’Évangile, pria Philostrate, autre ennemi des chrétiens, de faire d’Apollonius un héros que Ton pût opposer au Christ. Avec des matériaux recueillis plus d’un siècle après la mort de cet homme, dont on ne se souvenait plus, il composa un récit que Lactance compare à l’Ane d’or d’Apulée. Apollonius de Tyane était un magicien comme Faust, et, comme lui, on l'a entouré de merveilles souvent imaginaires. Sa vie, qui n’est ainsi qu’un roman, a été traduite en français par Vigenère, un volume in-4°.
Eusèbe ne parle d’Apollonius de Tyane que comme d’un escamoteur. Leloyer dit que ce fut Simon le magicien qui lui enseigna la magie noire, et Ammien Marcellin le met au nombre des hommes qui ont été assistés d’un démon familier, comme Socrate, Numa et une foule d’autres. On sait peu de choses sur la fin d’Apollonius. Hiéroclès, qui, d’après les récits de Philostrate, voulait faire sa cour à Domitien en vantant ce faiseur de tours de passe-passe, eut le front de dire qu’il avait été enlevé au ciel, tandis que de plus avisés ont écrit qu’il avait été emporté par le diable dans un âge avancé.
Et il n’est pas le seul qui ait eu cette chance, quoique le vulgaire des philosophes n’y voie que du feu. On a dit aussi que, si Aurélien, qui venait de prendre Tyane en Cappadoce, et qui avait juré de la détruire, l’épargna cependant, c’est que le spectre d’Apollonius lui avait apparu et avait intercédé pour sa ville. — Le croira qui voudra.
Il y a eu des gens qui ont trouvé Apollonius vivant au douzième siècle. Voy. Artephius.
Apomazar. Des significations et événements des songes, selon la doctrine des Indiens, Perses et Égyptiens, par Apomazar. Vol. in-8°; Paris, 1580. Fatras oublié, mais rare.
Apone. Voy. Pierre d’Apone.
Apparitions. On ne peut pas très-bien préciser ce que c’est qu’une apparition. Dom Calmet dit que si l’on voit quelqu’un en songe, c’est une apparition. « Souvent, ajoute-t-il, il n’y a que l’imagination de frappée ; ce n’en est pas moins quelquefois un fait surnaturel quand il a des relations. »
Dans la rigueur du terme, une apparition est la présence subite d’une personne ou d’un objet contre les lois de la nature : par exemple, l’apparition d’un mort, d’un ange, d’un démon, etc.
Ceux qui nient absolument les apparitions sont téméraires. Spinoza, malgré son matérialisme, reconnaissait qu’il ne pouvait nier les apparitions ni les miracles.
On ne raisonne pas mieux lorsqu’on dit qu’une chose qui est arrivée autrefois devrait arriver encore. Il y a bien des choses qui ont eu lieu jadis et qui ne se renouvellent pas, dans le système j même des matérialistes, comme il y a bien des j choses qui ont lieu aujourd’hui et que jadis on ! n’a pas soupçonnées.
Nous devons admettre et croire les apparitions j rapportées dans les saintes Écritures. Nous ne ; sommes pas tenus à la même foi dans les simples histoires ; et il y a des apparitions qui, réelles ou ! intellectuelles, sont fort surprenantes. On lit ! dans la vie de saint Macaire qu’un homme ayant j reçu un dépôt le cacha sans en rien dire à sa mer. Saint Macaire pria, dit la légende, et le défunt apparut à sa femme, à qui il déclara que l’argent redemandé était enterré au pied de son lit, ce qui fut trouvé vrai. Ces sortes d’apparitions ne peuvent pas être repoussées, parce qu’elles ont devant Dieu un motif raisonnable. Mais Dieu ne permet jamais les apparitions ridicules, qui ne sont généralement que dé mauvaises farces. Ce sont les apparitions des morts chez les anciens qui ont donné naissance à la nécromancie. Voy. Nécromancie.
Nous ne songerons à nous occuper ici que des apparitions illusoires ou douteuses, et le nombre en est immense. Nous suivrons un moment les écrivains qui ne doutent de rien, et qui, dans leurs excès mêmes, sont encore moins stupides et moins à quatre pattes que ceux qui doutent de tout. Quelquefois, disent-ils, les apparitions ne sont que vocales : c’est une voix qui appelle. Mais dans les bonnes apparitions l’esprit se montre. — Quand les esprits se font voir à un homme seul, ajoutent-les cabalistes, ils ne présagent rien de bon ; quand ils apparaissent à deux personnes à la fois, rien de mauvais ; ils ne se montrent guère à trois personnes ensemble.
Il y a des apparitions imaginaires causées par les remords ; des meurtriers se sont crus harcelés ou poursuivis par leurs victimes. Une femme, en 1726, accusée, à Londres, d’être complice du meurtre de son mari, niait le fait ; on lui présente l’habit du mort, qu’on secoue devant elle ; son imagination épouvantée lui fait voir son mari même ; elle se jette à ses pieds et déclare qu’elle voit son mari. Mais on trouvera des choses plus inexplicables.
Les apparitions du diable, qui a si peu besoin de se montrer pour nous séduire, faibles que nous sommes, ont donné lieu à une multitude de récits merveilleux. Des sorciers brûlés à Paris ont dit en justice que, quand le diable veut se faire un corps aérien pour se montrer aux hommes, « il faut que le vent soit favorable et que la lune soit pleine ». Et lorsqu’il apparaît, c’est, toujours avec quelque défaut nécessaire, ou trop noir, ou trop pâle, ou trop rouge, ou trop grand, ou trop petit, ou le pied fourchu, ou les mains, en griffes, ou la queue au derrière et les cornes en tête, etc., à moins qu’il ne prenne une forme bizarre. Il parlait à Simon le Magicien, et à d’autres, sous la figure d’un chien ; à Pythagore, sous celle d’un fleuve ; à Apollonius, sous celle d’un orme, etc.
Excepté les démons de midi, les démons et les spectres apparaissent la nuit plutôt que le jour, et la nuit du vendredi au samedi de préférence à toute autre, comme le déclare Jean Bodin, d’après un grand nombre de témoignages.
Les apparitions des esprits, dit Jamblique, sont analogues à leur essence. L’aspect des habitants des deux est consolant, celui des archanges terrible, celui des anges moins sévère, celui des démons épouvantable. Il est assez difficile, ajoute-t-il, de se reconnaître dans les apparitions des spectres, car il y en a de mille sortes. — Delancre donne pourtant les moyens de ne point s’y tromper. « On peut distinguer les âmes des démons, dit-il. Ordinairement les âmes apparaissent en hommes portant barbe, en vieillards, en enfants ou en femmes, bien que ce soit en habit et en contenance funeste. Or les démons peuvent se montrer ainsi. Mais, ou c’est l’âme d’une personne bienheureuse, ou c’est l’âme d’un damné. Si c’est l’âme d’un bienheureux, et qu’elle revienne souvent, il faut tenir pour certain que c’est un démon, qui, ayant manqué son coup de surprise, revient plusieurs fois pour le tenter encore. Car une âme ne revient plus quand elle est satisfaite, si ce n’est par aventure une seule fois pour dire merci. — Si c’est une âme qui se dise l’âme d’un damné, il faut croire encore que c’est un démon, vu qu’à grand-peine laisse-t-on jamais sortir l’âme des damnés. » Voilà les moyens de se reconnaître que Pierre Delancre donne comme aisés .
Il dit un peu plus loin que le spectre qui apparaît sous-une peau de chien ou sous toute autre forme laide est un démon ; mais le diable est si malin, qu’il vient aussi sous des traits qui le font prendre pour un ange. Il faut donc se défier. — Voyez pour les anecdotes : Visions, Spectres, Fantômes, Hallucinations, Esprits, Lutins, Vampires, Revenants, Songes, Armées prodigieuses, etc.
Voici, sur les apparitions, un petit fait qui a eu lieu à la Rochelle, et que les journaux rapportaient en avril 1843 : « Depuis quelque temps, la population se préoccupait des revenants qui apparaissaient tous les soirs sous la forme de flammes phosphorescentes, bleuâtres et mystérieuses. Ces revenants ont été pris au trébuchet : c’étaient cinq gros réjouis de paysans des environs qui, grimpés tous les soirs sur des arbres très-élevés, lançaient des boulettes phosphoriques avec un fil imperceptible. Pendant la nuit, ils donnaient le mouvement et la direction qu’ils voulaient à leurs globes de feu, et quand les curieux couraient après une flamme, elle devenait aussitôt invisible ; mais à l’instant il en surgissait une autre sur un point opposé pour détourner l’attention. Ce jeu s’effectuait ainsi pendant quelques instants successivement, et puis simultanément, de manière à produire plusieurs flammes à la fois. — Cette jonglerie trompa bien des incrédules effrayés ; mais enfin il se trouva un esprit rassis. Caché derrière une haie, il observa attentivement la mise en scène et devina le secret de la comédie. Suffisamment édifié, il alla quérir la gendarmerie, et les cinq mystificateurs furent arrêtés au moment où ils donnaient une nouvelle représentation. Quel était leur but ? On l’ignore. Le plus curieux de l’histoire, c’est qu’une commission scientifique avait déjà préparé un rapport sur l’étonnant phénomène météorologique de ces mauvais plaisants. »
Mais il ne faut pas s’appuyer sur des farces de ce genre pour nier les apparitions. IL y en a d’incontestables, comme on le verra en divers articles de ce livre.
Apsaras, Dans le Sanātana Dharma (सनातन धर्म), c'est-à-dire l'hindouisme, les Apsaras sont des nymphes célestes d'une grande beauté, nées selon les légendes où de la fantaisie du dieu Brahma ou du Rishi Daksha ou de Kashyapa. Elles sont apparues dans la littérature védique plus précisément le Rig-Véda, mais aussi le Mahabharata.
On a pris pour mauvaise habitude de désigner les divinités représentées en bas-relief sur les murs des temples khmers par le nom d'apsara, mais s’appelant en réalité Devata.
Les apsaras désignent « celles qui glissent sur l’eau ». Elles naissent du « barattage de la mer de lait » qui est représenté à Angkor Vat, le plus grand temple d’Angkor au Cambodge.
Les Deva (dieux en sanskrit) qui étaient alors mortels, épuisés par leur lutte pour la maîtrise du monde, ont décidé d'unir leurs forces à celles des Asura (êtres divins et puissants principalement connus pour faire le mal) afin d'extraire la liqueur d’immortalité, appelée l’amrita. Après de nombreux efforts, le barattage produisit des objets et des êtres merveilleux dont les apsaras. Il faut savoir que les Deva et les Asura étaient opposés les uns aux autres.
Les apsaras sont ainsi associées aux rivières et à la mer. C’est la raison pour laquelle, on leur adjoint des oiseaux comme le cygne.
Les apsaras sont également les filles de Sattwa et les épouses des gandharvas. Ces derniers sont des hommes-chevaux, ils peuvent être chanteurs ou musiciens. Les apsaras sont représentées en tant que danseuses et sont célèbres pour leur beauté ; elles pourraient être considérées comme l'équivalent des Néréides de la mythologie grecque.
Selon la légende, les apsaras émergent des eaux pour séduire les hommes ; ceux qui les repoussent deviennent fous, tandis que ceux qui les acceptent comme maîtresse ou comme épouse gagnent l’immortalité.
Apulée. Philosophe platonicien, né en Afrique, connu par le livre de l’Âne d’or. Il vécut au deuxième siècle, sous les Antonins. On lui attribue plusieurs prodiges auxquels sans doute il n’a jamais songé. Il dépensa tout son bien en voyages, et mit tous ses soins à se faire initier dans les mystères des diverses religions païennes ; après quoi il s’aperçut qu’il était ruiné. Comme il était bien fait, instruit et spirituel, il captiva l’affection d’une riche veuve de Carthage, nommée Pudentilla, qu’il parvint à épouser. Il était encore jeune, et sa femme avait cinquante ans. Cette disproportion d’âge et la pauvreté connue d’Apulée firent soupçonner qu’il avait employé, pour parvenir à ce riche mariage, la magie et les philtres. On disait même qu’il avait composé ces philtres avec des filets de poissons, des huîtres et des pattes d’écrevisses. Les parents de la femme, à qui ce mariage ne convenait pas, l’accusèrent de sortilège ; il parut devant ses juges, et quoique les préjugés sur la magie fussent alors en très-grand crédit, Apulée plaida si bien sa cause qu’il la gagna pleinement.
Boguet et d’autres démonographes disent qu’Apulée fut métamorphosé en âne, comme quelques autres pèlerins, par le moyen des sorcières de Larisse, qu’il était allé voir pour essayer si la chose était possible et faisable . La femme qui lui démontra que la chose était possible en le changeant en âne le vendit, puis le racheta. Par la suite, il devint si grand magicien qu’il se métamorphosait lui-même au besoin en cheval, en âne, en oiseau. Il se perçait le corps d’un coup d’épée sans se blesser. Il se rendait invisible, étant très-bien servi par son démon familier. C’est même pour couvrir son asinisme, dit encore Delancre, qu’il a composé son livre de l’Ane d’or.
Taillepied prétend que tout cela est une confusion, et que s’il y a un âne mêlé dans l’histoire d’Apulée, c’est qu’il avait un esprit familier qui lui apparaissait sous la forme d’un âne . Les véritables ânes sont peut-être ici Delancre et Boguet. Ceux qui veulent jeter du merveilleux sur toutes les actions d’Apulée affirment que, par un effet de ses charmes, sa femme était obligée de lui tenir la chandelle pendant qu’il travaillait ; d’autres disent que cet office était rempli par son démon familier. Quoi qu’il en soit, il y avait de la complaisance dans cette femme ou dans ce démon.
Outre son livre de l’Ane d’or, on a encore d’Apulée un petit traité du démon de Socrate, De deo Socratis, réfuté par saint Augustin ; il a été traduit sous ce titre : De l’esprit familier de Socrate, avec des remarques, in-12. Paris, 1698.
Aquelare, ou le Bosquet du Bouc. C’est ainsi qu’on appelait dans le pays Basque un plateau où se faisait le sabbat.
Aquiel, démon que l’on conjure le dimanche. Voy. Conjurations.
Aquin (Mardochée d’), rabbin de Carpentras, mort en 1650, qui se fit chrétien, et changea au baptême son nom de Mardochée en celui de Philippe. On recherche de lui l’Interprétation de l’arbre de la cabale des Hébreux ; Paris, in-8°, sans date.
Arachula, le méchant esprit de l'air, dans l'opinion des Chinois idolâtres, qui habitent sur les confins de la Sibérie. Voy. Lune.
Arael, l’un des esprits que les rabbins du Talmud font, avec Anpiel, princes et gouverneurs du peuple des oiseaux.
Araignées. Les anciens regardaient comme un présage funeste les toiles d’araignée qui s’attachaient aux étendards et aux statues des dieux. Chez nous, une araignée qui court ou qui file promet de l’argent ; les uns prétendent que c’est de l’argent le matin, et le soir une nouvelle ; d’autres, au contraire, vous citeront ce proverbe axiome : Araignée du matin, petit chagrin ; araignée de midi, petit profit ; araignée du soir, petit espoir. « Mais, comme dit M. Salgues , si les araignées étaient le signe de la richesse, personne ne serait plus riche que les pauvres. »
Quelques personnes croient aussi qu’une araignée est toujours l’avant-coureur d’une nouvelle heureuse, si on a le bonheur de l’écraser. M. de T***, qui avait cette opinion, donna, en 1790, au théâtre de Saint-Pétersbourg, une tragédie intitulée Abaco et Moïna. La nuit qui en précéda la représentation, au moment de se coucher, il aperçut une araignée à côté de son lit. La vue de l’insecte lui fit plaisir ; il se hâta d’assurer la bonté du présage en l’écrasant ; il avait saisi sa pantoufle, mais l’émotion qu’il éprouvait fit manquer le coup, l’araignée disparut. Il passa deux heures à la chercher en vain ; fatigué de ses efforts inutiles, il se jeta sur son lit avec désespoir : « Le bonheur était là, s’écria-t-il, et je l’ai perdu ! Ah ! ma pauvre tragédie ! » Le lendemain il fut tenté de retirer sa pièce, mais un de ses amis l’en empêcha ; la pièce alla aux nues, et l’auteur n’en demeura pas moins persuadé qu’une araignée porte bonheur lorsqu’on l’écrase.
Dans le bon temps de la loterie, des femmes enfermaient le soir une araignée dans une boîte avec les quatre-vingt-dix numéros écrits sur de petits carrés de papier. L’araignée, en manœuvrant la nuit, retournait quelques-uns de ces papiers. Ceux qui étaient retournés de la sorte étaient regardés le lendemain matin comme numéros gagnants…
Cependant les toiles d’araignée sont utiles : appliquées sur une blessure, elles arrêtent le sang et empêchent que la plaie ne s’enflamme. Mais il ne faut peut-être pas croire, avec l’auteur des Admirables secrets d’Albert le Grand, que l’araignée pilée et mise en cataplasme sur les tempes guérisse la fièvre tierce.
Avant que Lalande eût fait voir qu’on pouvait manger des araignées, on les regardait généralement comme un poison. Un religieux du Mans disant la messe, une araignée tomba dans le calice après la consécration. Le moine, sans hésiter, avala l’insecte. On s’attendait à le voir enfler ; ce qui n’eut pas lieu.
Il y a de vilaines histoires sur le compte des araignées. N’oublions pourtant pas que, dans son cachot, Pellisson en avait apprivoisé une que Delille a célébrée. Mais la tarentule est aussi une araignée. Le maréchal de Saxe, traversant un village, coucha dans une auberge infestée, disait-on, de revenants qui étouffaient les voyageurs. On citait des exemples. Il ordonna à son domestique de veiller la moitié de la nuit, promettant de lui céder ensuite son lit et de faire alors sentinelle à sa place. À deux heures du matin, rien n’avait encore paru. Le domestique, sentant ses yeux s’appesantir, va éveiller son maître, qui ne répond point ; il le croit assoupi et le secoue inutilement. Effrayé, il prend la lumière, ouvre les draps, et voit le maréchal baigné dans son sang. Une araignée monstrueuse lui suçait le sein gauche. Il court prendre des pincettes pour combattre cet ennemi d’un nouveau genre, saisit l’araignée et la jette au feu. Ce ne fut qu’après un long assoupissement que le maréchal reprit ses sens ; et depuis lors on n’entendit plus parler de revenant dans l’auberge. — Nous ne garantissons pourtant pas cette anecdote ; mais elle est conservée dans plusieurs recueils.
An reste l’araignée a de quoi se consoler de notre horreur et de nos mépris. Les nègres de la côte d’Or attribuent la création de l’homme à une grosse araignée qu’ils nomment Anansiè, et ils révèrent les plus belles araignées comme des divinités puissantes.
Arbres. On sait que dans l’antiquité les arbres étaient consacrés aux dieux : le cyprès à Pluton, etc. Plusieurs arbres et plantes sont encore dévoués aux esprits de l’enfer : le poirier sauvage, l’églantier, le figuier, la verveine, la fougère, etc.
Des arbres ont parlé. Chez les anciens, dans les forêts sacrées, on a entendu des arbres gémir. Les oracles de Dodone étaient des chênes qui parlaient. Voy. Dodone.
On entendit, dans une forêt d’Angleterre, un arbre qui poussait des gémissements ; on le disait enchanté. Le propriétaire du terrain tira beaucoup d’argent de tous les curieux qui venaient voir une chose aussi merveilleuse. À la fin, quelqu’un proposa de couper l’arbre ; le maître du terrain s’y opposa, non par un motif d’intérêt propre, disait-il, mais de peur que celui qui oserait y mettre la cognée n’en mourût subitement ; on trouva un homme qui n’avait pas peur de la mort subite, et qui abattit l’arbre à coups de hache. Alors on découvrit un tuyau qui formait une communication à plusieurs toises sous terre, et par le moyen duquel on produisait les gémissements que l’on avait remarqués.
Arc-en-ciel. Le chapitre IX de la Genèse semble dire, selon des commentateurs, qu’il n’y eut point d’arc-en-ciel avant le déluge ; mais je ne sais où l’on a vu « qu’il n’y en aura plus quarante ans avant la fin du monde, « parce que la sécheresse qui précédera l’embrasement de l’univers consumera la matière de ce météore ». C’est pourtant une opinion encore répandue chez ceux qui s’occupent de la fin du monde.
L’arc-en-ciel a son principe dans la nature ; et croire qu’il n’y eut point d’arc-en-ciel avant le déluge, parce que Dieu en fit le signe de son alliance, c’est comme si l’on disait qu’il n’y avait point d’eau avant l’institution du baptême. Et puis, Dieu ne dit point, au chapitre IX de la Genèse, qu’il plaça son arc en ciel, mais son arc en signe d’alliance ; et comment attribuera-t-on à l’arc-en-ciel ce passage d’Isaïe : J’ai mis mon arc et ma flèche dans les nues !
Chez les Scandinaves, l’arc-en-ciel est un pont qui va de l’enfer au Walhalla. Les enfants croient en Alsace que toutes les fois qu’il y a dans le firmament un arc-en-ciel il tombe du ciel un petit plat d’or qui ne peut être trouvé que par un enfant né le dimanche.
Ardents (mal des), appelé aussi feu infernal. C’était au onzième et au douzième siècle une maladie non expliquée, qui se manifestait comme un feu intérieur et dévorait ceux qui en étaient frappés. Les personnes qui voyaient là un effet de la colère céleste l’appelaient feu sacré ; d’autres le nommaient feu infernal ; ceux qui l’attribuaient à l’influence des astres le nommaient sidération. Les reliques de saint Antoine, que le comte Josselin apporta de la terre sainte à la Mothe-Saint-Didier, ayant guéri plusieurs infortunés atteints de ce mal, on le nomme encore feu de saint Antoine.
Le mal des Ardents, lorsqu’il tomba sur Paris et sur Arras, au douzième siècle, était une affreuse maladie épidémique, une sorte de lèpre brûlante, plus terrible que le choléra. On en dut à Paris la guérison à sainte Geneviève. Le même bienfait est célèbre à Arras, où quelques gouttes d’un cierge miraculeux, apporté par la sainte Vierge , distillées dans l’eau, enlevaient le mal des Ardents.
On fêtait à Paris sainte Geneviève des Ardents, en souvenir des cures merveilleuses opérées alors par la châsse de la sainte sur les infortunés atteints de ce mal.
Ardents, exhalaisons enflammées qui paraissent sur les bords des lacs et des marais, ordinairement en automne, et qu’on prend pour des esprits follets, parce qu’elles sont à fleur de terre et qu’on les voit quelquefois changer de place. Souvent on en est ébloui et on se perd. Leloyer dit que lorsqu’on ne peut s’empêcher de suivre les ardents, ce sont bien en vérité des démons.
Il y eut, sous le règne de Louis XIII, une histoire de revenant qui lit assez de bruit à Marseille ; c’était une espèce de feu ardent ou d’homme de feu. Le comte et la comtesse d’Allais voyaient toutes les nuits un spectre enflammé se promener dans leur chambre, et aucune force humaine ne pouvait le forcer à se retirer. La jeune dame supplia son mari de quitter une maison et une ville où ils ne pouvaient plus dormir. Le comte, qui se plaisait à Marseille, voulut employer d’abord tous les moyens pour l’expulsion du fantôme. Gassendi fut consulté ; il conclut que ce fantôme de feu qui se promenait toutes les nuits était formé par des vapeurs enflammées que produisait le souffle du comte et de la comtesse… D’autres savants donnèrent des réponses aussi satisfaisantes. On découvrit enfin le secret. Une femme de chambre, cachée sous le lit, faisait paraître un phosphore à qui la peur donnait une taille et des formes effrayantes ; et la comtesse elle-même faisait jouer cette farce pour obliger son mari à partir de Marseille, qu’elle n’aimait pas…
Ardibèhecht, ange du feu élémentaire, de la lumière, de la médecine, et le maître du 4° ciel, suivant les Parsis ou Guèbres.
Argens (Boyer d’), marquis, né en 1704, à Aix en Provence. On trouve, parmi beaucoup de fatras, des choses curieuses sur les gnomes, les sylphes, les ondins et les salamandres, dans ses « Lettres cabalistiques, ou Correspondance philosophique, historique et critique entre deux cabalistes, divers esprits élémentaires et le seigneur Astaroth ». La meilleure édition est de 1769, 7 vol. in-12. Ce livre, d’un très-mauvais esprit, est infecté d’un philosophisme que l’auteur a désavoué ensuite.
Argent. L’argent qui vient du diable est ordinairement de mauvais aloi. Delrio conte qu’un homme ayant reçu du démon une bourse pleine d’or n’y trouva le lendemain que des charbons et du fumier.
Un inconnu, passant par un village, rencontra un jeune homme de quinze ans d’une figure intéressante et d’un extérieur fort simple. Il lui demanda s’il voulait être riche ; le jeune homme ayant répondu qu’il le désirait, l’inconnu lui donna un papier plié, et lui dit qu’il en pourrait faire sortir autant d’or qu’ils le souhaiterait, tant qu’il ne le déplierait pas, et que s’il domptait sa curiosité, il connaîtrait avant peu son bienfaiteur. Le jeune homme rentra chez lui, secoua son trésor mystérieux, il en tomba quelques pièces d’or… Mais, n’ayant pu résister à la tentation de l’ouvrir, il y vit des griffes de chat, des ongles d’ours, des pattes de crapaud, et d’autres figures si horribles, qu’il jeta le papier au feu, où il fut une demi-heure sans pouvoir se consumer. Les pièces d’or qu’il en avait tirées disparurent, et il reconnut qu’il avait eu affaire au diable.
Un avare, devenu riche à force d’usure, se sentant à l’article de la mort, pria sa femme de lui apporter sa bourse, afin qu’il pût la voir encore avant de mourir. Quand il l'a tient, il la serra tendrement, et ordonna qu’on l’enterrât avec lui, parce qu’il trouvait l’idée de s’en séparer déchirante. On ne lui promit rien précisément, et il mourut en contemplant son or. Alors on lui arracha la bourse des mains, ce qui ne se fit pas sans peine ; mais quelle fut la surprise de la famille assemblée, lorsqu’en ouvrant le sac on y trouva, non pas des pièces d’or, mais deux crapauds !… Le diable était venu, et en emportant l’âme de l’usurier il avait emporté son or, comme deux choses inséparables et qui n’en faisaient qu’une.
Voici autre chose : Un homme qui n avait que vingt sous pour toute fortune se mit à vendre du vin aux passants. Pour gagner davantage, il mettait autant d’eau que de vin dans ce qu’il vendait. Au bout d’un certain temps il amassa, par cette voie injuste, la somme de cent livres. Ayant serré cet argent dans un sac de cuir, il alla avec un de ses amis faire provision de vin pour continuer son trafic ; mais, comme il était près d’une rivière, il tira du sac de cuir une pièce de vingt sous pour une petite emplette ; il tenait le sac dans la main gauche et la pièce dans la droite ; incontinent un oiseau de proie fondit sur lui et lui enleva son sac, qu’il laissa tomber dans la rivière. Le pauvre homme, dont toute la fortune se trouvait ainsi perdue, dit à son compagnon : — Dieu est équitable ; je n’avais qu’une pièce de vingt sous quand j’ai commencé à voler ; il m’a laissé mon bien, et m’a ôté ce que j’avais acquis injustement.
Un étranger bien vêtu, passant au mois de septembre 1606 dans un village de la Franche-Comté, acheta une jument d’un paysan du lieu pour la somme de dix-huit ducatons. Comme il n’en avait que douze dans sa bourse, il laissa une chaîne d’or en gage du reste, qu’il promit de payer à son retour. Le vendeur serra le tout dans du papier, et le lendemain trouva la chaîne disparue, et douze plaques de plomb au lieu des ducatons .
Terminons en rappelant un stupide usage de quelques villageois qui croient que, quand on fait des beignets avec des œufs, de la farine et de l’eau, pendant la messe de la Chandeleur, de manière qu’on en ait de faits après la messe, on a de l’argent pendant toute l’année . On en a toute l’année aussi, quand on en porte sur soi le premier jour où l’on entend le chant du coucou, — et tout le mois, si on en a dans sa poche la première fois qu’on voit la lune nouvelle.
Argent potable. Si vous êtes versé dans les secrets de l’alchimie et que vous souhaitiez posséder cette panacée, prenez du soufre bleu céleste, mettez-le dans un vase de verre, versez dessus d’excellent esprit-de-vin, faites digérer au bain pendant vingt-quatre heures, et quand l’esprit-de-vin aura attiré le soufre par distillation, prenez une part de ce soufre, versez dessus trois fois son poids d’esprit blanc mercuriel extrait du vitriol minéral, bouchez bien le vase, faites digérer au bain vaporeux jusqu’à ce que le soufre soit réduit en liqueur ; alors versez dessus de très-bon esprit-de-vin à poids égal, digérez-les ensemble pendant quinze jours, passez le tout par l’alambic, retirez l’esprit par le bain tiède, et il restera une liqueur qui sera le vrai argent potable, ou soufre d’argent, qui ne peut plus être remis en corps. Cet élixir blanc est un remède à peu près universel, qui fait merveilles en médecine, fond l’hydropisie et guérit tous les maux intérieurs .
Argouges. Voy. Fées, à la fin.
Arignote. Lucien conte qu’à Corinthe, dans le quartier de Cranaüs, personne n’osait habiter une maison qui était visitée par un spectre. Un certain Arignote, s’étant muni de livres magiques égyptiens, s’enferma dans cette maison pour y passer la nuit, et se mit à lire tranquillement dans la cour. Le spectre parut bientôt : pour effrayer Arignote, il prit d’abord la figure d’un chien, ensuite celles d’un taureau et d’un lion. Mais, sans se troubler, Arignote prononça dans ses livres des conjurations qui obligèrent le fantôme à se retirer dans un coin de la cour, où il disparut. Le lendemain on creusa à l’endroit où le spectre s’était enfoncé ; on y trouva un squelette auquel on donna la sépulture, et rien ne parut plus dans la maison. — Cette anecdote n’est autre chose que l’aventure d’Athénodore, que Lucien avait lue dans Pline, et qu’il accommode à sa manière pour divertir ses lecteurs.
Arimane, prince des enfers chez les anciens Perses, source du mal, démon noir, engendré dans les ténèbres , ennemi d’Oromaze ou Or-mouzd, principe du bien. Mais celui-ci est éternel, tandis qu’Arimane est créé et doit périr un jour.
Arimaspes, peuples qu'on disait n'avoir qu'un œil, et être souvent aux prises avec les griffons pour ravir l'or confié à la garde de ces monstres.
Arioch, démon de la vengeance, selon quelques démonographes ; différent d’Alastor, et occupé seulement des vengeances particulières de ceux qui l’emploient.
Ariolistes sont des devins de l'antiquité, dont le métier se nommait ariolatio, parce qu'ils devinaient par les autels. Ils consultaient les démons sur leurs autels, dit Dangis. Ils voyaient ensuite si l'autel tremblait ou s'il s'y faisait quelque merveille, et prédisaient ce que le diable leur inspirait.
Aristée, charlatan de l’île de Proconèse, qui vivait du temps de Crésus. Il disait que son âme sortait de son corps quand il voulait, et qu’elle y retournait ensuite. Les uns content qu’elle s’échappait, à la vue de sa femme et de ses enfants, sous la figure d’un cerf, Wierus dit sous la figure d’un corbeau . — Hérodote rapporte, dans son quatrième livre, que cet Aristée, entrant un jour dans la boutique d’un foulon, y tomba mort ; que le foulon courut avertir ses parents, qui arrivèrent pour le faire enterrer ; mais on ne trouva plus le corps. Toute la ville était en grande surprise, quand des gens qui revenaient de quelque voyage assurèrent qu’ils avaient rencontré Aristée sur le chemin de Crolone . Il paraît que c’était une espèce de vampire. Hérodote ajoute qu’il reparut au bout de sept ans à Proconèse, y composa un poème et mourut de nouveau.
Leloyer, qui regarde Aristée comme un sorcier à extases , cite une autorité d’après laquelle, à l’heure même où ce vampire disparut pour la seconde fois, il aurait été transporté en Sicile, et s’y serait fait maître d’école.
Il se montra encore trois cent quarante ans après dans la ville de Métaponte, et il y fit élever des monuments qu’on voyait du temps d’Hérodote. Tant de prodiges engagèrent les Siciliens à lui consacrer un temple, où ils l’honoraient comme un demi-dieu.
Aristodème (-744/-724 ou -736/-716 ou -714 selon les sources) est roi de Messénie au VIIIe siècle av. J.-C.. Il est l’un des héros de la première guerre de Messénie. Il mène une résistance acharnée pendant vingt ans contre Sparte.
Il est victorieux à la forteresse d'Ithômé en -724, puis il capture le co-roi de Sparte Théopompe (-720/-675). Une légende raconte que, sur la foi d’un oracle, il sacrifia sa propre fille pour obtenir des dieux le succès de la guerre. Il sera quand même vaincu et les Messéniens seront réduits à l’état d’hilotes : Aristodème, dans la guerre contre les Spartiates, ayant entendu des chiens hurler comme des loups, et vu de l'herbe croître sur un autel domestique, effrayé par ses devins, qui tiraient de ces signes les plus funestes présages, il perdit tout espoir et se donna la mort.
Aristodème, pour obéir à un nouvel oracle, cédant à son désespoir, se suicida en se transperçant de son épée. Voy. Ophioneus et Ololygmancie.
Aristolochie, ou paille de sarasin, ou plutôt espèce de plante appelée pistoloche, avec, laquelle Apulée prétendait qu’on pouvait dénouer l’aiguillette, sans doute en l’employant à des fumigations. Voy. Ligatures.
Aristomène fut un roi et général de Messénie vers 684 av. J.-C.
Il souleva ses compatriotes contre les Lacédémoniens, et participa à la seconde guerre de Messénie. Deux fois il fut fait prisonnier, jeté au Céadas, et chaque fois il s'échappa de manière miraculeuse. Il remporta de grandes victoires et soutint dans Ira un siège de onze ans (682-671 av. J.-C.), mais ne put empêcher l'asservissement de sa patrie.
Vaincu, il se retira en Arcadie (-671) avec une partie des Messéniens, tandis que les autres allaient en Sicile puis passa à Rhodes où il mourut.
Il serait aussi, d'après Richard Francis Burton, l'inspirateur du personnage du marin Sinbad le marin dans Les Mille et Une Nuits.
Son nom a été donné de 1987 à 2010 à un dème (municipalité) de Grèce moderne, qui est aujourd'hui un district municipal du dème de Messène.
Il était si habile et si adroit, que toutes les fois qu’il tombait au pouvoir des Athéniens, ses ennemis, il trouvait moyen de s’échapper de leurs mains. Pour lui ôter cette ressource, ils le firent mourir ; après quoi on l’ouvrit et on lui trouva le cœur tout couvert de poils.
Aristote, que l’Arabe Averroès appelle le comble de la perfection humaine. Sa philosophie a été en grande vénération, et son nom a toujours de l’éclat. Mais il ne fallait pas se quereller pour ses opinions et emprisonner dans un temps ceux qui ne les partageaient pas, pour emprisonner dans un autre temps ceux qui les avaient adoptées. Ces querelles, au reste, n’ont été élevées que par les hérétiques.
Delancre semble dire qu’Aristote savait la magie naturelle ; mais il ne parle guère en homme superstitieux dans aucun de ses écrits. Quant à la vieille opinion, soutenue par Procope et quelques autres, qu’Aristote, ne pouvant comprendre la raison du flux et du reflux de l’Euripe, s’y précipita en faisant de désespoir ce mauvais calembour : — Puisque je ne puis te saisir, saisis-moi  ; — cette opinion est aujourd’hui un conte méprisé.
Nous ne citerons ici des ouvrages d’Aristote que ceux qui ont rapport aux matières que nous traitons : 1° De la divination par les songes ;Du sommeil et de la veille, imprimés dans ses œuvres. On peut consulter aussi les Remarques de Michel d’Éphèse sur le livre De la divination par les songes, et la Paraphrase de Thémistius sur divers traités d’Aristote, principalement sur ce même ouvrage .
Arithmancie ou Arithmomancie. Divination par les nombres. On en distingue de deux sortes : la 1ère était en usage chez les Grecs, qui considéraient le nombre et la valeur des lettres, dans les noms de deux combattants par exemple, et en auguraient que celui dont le nom renfermait un plus grand nombre de lettres et d'une plus grande valeur que celles qui composaient le nom de son adversaire, remporterait la victoire. C'est pour cela, disaient-ils, qu'Hector devait être vaincu par Achille. L'autre espèce était connue des Chaldéens, qui partageaient leur alphabet en 3 décades en répétant quelques lettres, changeaient en lettres numérales les lettres des noms de ceux qui les consultaient, et rapportaient chaque nombre à quelque planète de laquelle ils tiraient des présages. Les Platoniciens et les Pythagoriciens étaient fort adonnés à cette sorte de divination. Voir : CABALE.
 Arius, fameux hérétique qui niait la divinité de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Voici comment on raconte sa mort : — Saint Alexandre, évêque de Byzance, voyant que les sectateurs d’Arius voulaient le porter en triomphe, le lendemain dimanche, dans le temple du Seigneur, pria Dieu avec zèle d’empêcher ce scandale, de peur que si Arius entrait dans l’église, il lui  semblât que l’hérésie y fût entrée avec lui. Et le lendemain dimanche, au moment où l’on s’attendait à voir Arius, l’hérétique ivrogne, sentant un certain besoin qui aurait pu lui être fort incommode dans la cérémonie de son triomphe, fut obligé d’aller aux lieux secrets, où il creva par le milieu du ventre, perdit les intestins, et mourut d’une mort infâme et malheureuse, frappé, selon quelques-uns, par le diable, qui dut en recevoir l’ordre, car Arius était de ses amis.
Armanville. Une dame d’Armanville, à Amiens, fut battue dans son lit en 1746. Sa servante attesta que le diable l’avait maltraitée. La cloche de la maison sonna seule ; on entendit balayer le grenier à minuit. Il sembla même que les démons qui prenaient cette peine avaient un tambour et faisaient ensuite des évolutions militaires. La dame, effrayée, quitta Amiens pour retourner à Paris ; c’est ce que voulait la femme de chambre. Il n’y eut plus de maléfices dès lors, et l’on a eu tort de voir là autre chose que de la malice.
Armées prodigieuses. Au siège de Jérusalem par Titus, et dans plusieurs autres circonstances, on vit dans les airs des armées ou des troupes de fantômes, phénomènes non encore expliqués, et qui jamais ne présagèrent rien de bon.
Plutarque raconte, dans la Vie de Thémistocle, que pendant la bataille de Salamine on vit en l’air des armées prodigieuses et des figures d’hommes qui, de l’île d’Égine, tendaient les mains au-devant des galères grecques. On publia que c’étaient les Eacides, qu’on avait invoqués avant la bataille.
Quelquefois aussi on a rencontré des troupes de revenants et de démons allant par bataillons et par bandes. Voy. Retz, etc.
En 1123, dans le comté de Worms, on vit pendant plusieurs jours une multitude de gens armés, à pied et à cheval, allant et venant avec grand bruit, et qui se rendaient tous les soirs, vers l’heure de none, à une montagne qui paraissait le lieu de leur réunion. Plusieurs personnes du voisinage s’approchèrent de ces gens armés, en les conjurant, au nom de Dieu, de leur déclarer ce que signifiait cette troupe innombrable et quel était leur projet. Un des soldats ou fantômes répondit : Nous ne sommes pas ce que vous vous imaginez, ni de vrais fantômes ni de vrais soldats. Nous sommes les âmes de ceux qui ont été tués en cet endroit dans la dernière bataille. Les armes et les chevaux que vous voyez sont les instruments de notre supplice, comme ils l’ont été de nos péchés. Nous sommes tout en feu, quoique vous n’aperceviez en nous rien qui paraisse enflammé. — On dit qu’on remarqua en leur compagnie le comte Enrico et plusieurs autres seigneurs tués depuis peu d’années, qui déclarèrent qu’on pouvait les soulager par des aumônes et des prières. Voy. Apparitions, Phénomènes, Visions, Aurore boréale, etc.
Armide. L’épisode d’Armide, dans le Tasse, est fondé sur une tradition populaire qui est rapportée dans les chroniques de la première croisade et citée par Pierre Delancre . Cette habile enchanteresse était fille d’Arbilan, roi de Damas ; elle fut élevée par Hidraote, son oncle, puissant magicien, qui en fit une grande sorcière. La nature l’avait si bien partagée, qu’elle surpassait en attraits les plus belles femmes de l’Orient. Son oncle l’envoya comme un redoutable ennemi vers la puissante armée chrétienne que le pape Urbain II avait rassemblée sous la conduite de Godefroid de Bouillon ; et là, comme dit Delancre, « elle charma en effet quelques chefs croisés » ; mais elle ne compromit pas l’espoir des chrétiens ; et même elle fut tuée par un projectile au siège de Jérusalem .
Armomancie, Divination qui se faisait par l'inspection des épaules des bestiaux. On juge encore aujourd’hui qu’un homme qui a les épaules larges est plus fort qu’un autre qui les a étroites.
Arnauld (Angélique). Apparition de la mère Marie-Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal de Paris, peu avant la mort de la sœur Marie-Dorothée Perderaux, abbesse intruse de ladite maison ; rapportée dans une lettre écrite en 1685, par M. Dufossé, à la suite de ses mémoires sur Port-Royal. — « Deux religieuses de Port-Royal, étant à veiller le Saint-Sacrement pendant la nuit, virent tout à coup la feue mère Angélique, leur ancienne abbesse, se lever du lieu où elle avait été inhumée, ayant en main sa crosse abbatiale, marcher tout le long du chœur et s’aller asseoir à la place où se met l’abbesse pendant les vêpres.
» Étant assise, elle appela une religieuse qui se trouvait au même lieu, et lui ordonna d’aller chercher la sœur Dorothée, laquelle, ou du moins son esprit, vint se présenter devant la mère Angélique, qui lui parla quelque temps, sans qu’on pût entendre ce qu’elle lui disait ; après quoi, tout disparut.
» On ne douta point que la mère Angélique n’eût cité la sœur Dorothée devant Dieu ; et c’est la manière dont elle l’interpréta elle-même, lorsque les deux religieuses qui avaient été témoins de cette apparition la lui rapportèrent. Elle s’écria : — Ah ! je mourrai bientôt. Et en effet, elle mourut quinze jours ou trois semaines après. » Voilà !
Arnauld de Bresse (Brescia), moine du douzième siècle, disciple d’Abélard. Turbulent et ambitieux, il se fit chef de secte. Il disait que les bonnes œuvres sont préférables au sacrifice de la messe, ce qui est absurde ; car le sacrifice de la messe n’empêche pas les bonnes œuvres, il les ordonne au contraire. Il avait jeté le froc, comme tous les réformateurs. Ayant excité de grands troubles, et chargé de noirs forfaits, il fut pris et brûlé à Rome en 1155.
Cet homme est peint sous d’affreuses couleurs dans une chronique contemporaine intitulée le Maléfice, attribuée à Hues de Braye-Selves et publiée en style moderne par M. Léon Dussillet. Chassé, maudit, traqué partout, il s’est attaché à Sibylle de Bourgogne, plus connue sous le nom de la Dame aux jambes d’or, qu’on lui donna dans les croisades, que par la violence de ses passions. Pendant qu’il prépare le maléfice qui doit tuer une jeune fille dont Sibylle veut la mort, neuf gouttes de sang jaillissent d’une cicatrice qu’il avait à la joue. — Déjà ! dit le sorcier d’une voix creuse ; maître, tu comptes bien, et moi seul j’oubliais le terme. — Quel terme ? s’écria Sibylle frappée de la pâleur subite d’Arnauld de Bresse. Pour qui ce sang a-t-il coulé ? je n’avais point remarqué ce terrible stigmate, qu’on croirait imprimé avec un sceau de feu. — Ce sceau brûle en effet, répliqua le moine, toujours plus troublé et plus pâle ; et celui qui l’a imprimé ne souffre jamais qu’il s’efface. Les genoux du sorcier fléchirent sous lui, et ses membres frémiront d’une horreur invincible … Il prévoyait que bientôt celui à qui il s’était vendu allait arriver ; il acheva l’envoûtement qui amena la mort de la jeune fille ; et c’est sans doute après ces abominations qu’il gagna Rome, on ne sait dans quel but. Il y mourut sur le bûcher.
Arnauld de Villeneuve, médecin, astrologue et alchimiste, qu’il ne faut pas confondre, comme on l’a fait quelquefois, avec Arnauld de Bresse. Il était né auprès de Montpellier ; il mourut dans un naufrage en 1314.
La chimie lui doit beaucoup de découvertes ; il ne cherchait, à la vérité, que la pierre philosophale et ne songeait qu’à faire de l’or ; mais il trouva les trois acides sulfurique, muriatique et nitrique. Il composa le premier de l’alcool et du ratafia ; il fit connaître l’essence de térébenthine, régularisa la distillation, etc. Il mêlait à ses vastes connaissances en médecine des rêveries astrologiques, et il prédit la fin du monde pour l’année 1335.
On l’accusa aussi de magie. François Pegna dit qu’il devait au démon tout ce qu’il savait d’alchimie, et Mariana  lui reproche d’avoir essayé de former un homme avec de certaines drogues déposées dans une citrouille. Mais Delrio justifie Arnauld de Villeneuve de ces accusations ; et le pape Clément V ne l’eût pas pris pour son médecin s’il eût donné dans la magie. — L’inquisition de Tarragone fit brûler ses livres trois ans après sa mort, mais elle les fit brûler comme étant empreints de plusieurs sentiments hérétiques.
On recherche d’Arnauld de Villeneuve un traité de l’explication des songes  ; mais on met sur son compte beaucoup d’ouvrages d’alchimie ou de magie auxquels il n’a pas en la moindre part. Tels sont : le livre des Ligatures physiques , qui est une traduction d’un livre arabe ; et celui des Talismans des douze signes du zodiaque . On lui attribue aussi faussement le livre stupide et infâme des Trois imposteurs.
Arnold (Paul), vampire. Voy. Paul.
Arnoux, auteur d’un volume in-12 publié à Rouen en 1630, sous le titre des Merveilles de l’autre monde, ouvrage écrit dans un goût bizarre et propre à troubler les imaginations faibles par des contes de visions et de revenants.
Arnuphis, sorcier égyptien. Voyant Marc-Aurèle et son armée engagés dans des défilés dont les Quades fermaient l’issue, et mourant de soif sous un ciel brûlant, il fit tomber, par le moyen de son art, une pluie prodigieuse qui permit aux Romains de se désaltérer, pendant que la grêle et le tonnerre fondaient sur les Quades et les contraignaient à rendre les armes. C’est ce que racontent, dans un but intéressé, quelques auteurs païens. D’autres font honneur de ce prodige aux impuissantes prières de Marc-Aurèle. Les auteurs chrétiens, les seuls qui soient ici dans la vérité, l’attribuent unanimement, et avec toute raison, à la prière des soldats chrétiens qui se trouvaient dans l’armée romaine.
Arnus, fameux devin, étant allé à Naupacte, Hippotès, petit-fils d'Hercule, le tua comme un espion. Aussitôt la peste ravagea le camp des Héraclides. L'oracle consulté répondit qu'Apollon vengeait, par ce fléau, la mort de son devin, et que, pour l'apaiser, il fallait bannir le meurtrier, et établir des jeux funèbres en l'honneur d'Arnus; ce qui fut exécuté. Ces jeux devinrent célèbres dans la suite, surtout à Lacédémone.
Arot et Marot,  mauvais anges à qui le vin fit faire des sottises, sur lesquelles Mahomet bâtit la défense qu'il fit à ses sectateurs de boire cette liqueur. En voici le conte: Arot et Marot avaient été chargés, de la part de Dieu, de descendre sur la terre, et d'examiner les actions des hommes. Une femme, aussi sage que belle, les ayant un jour invités à sa table, ils trouvèrent le vin bon, et s'enivrèrent. La beauté de l'hôtesse fit impression sur leur imagination échauffée; mais cette femme, vivement sollicitée, feignit de ne vouloir se rendre à leurs désirs qu'après qu'elle aurait appris d'eux les paroles dont ils se servaient pour monter au ciel. Ayant obtenu ce qu'elle demandait, elle s'éleva sur le champ jusqu'au trône de Dieu, qui, pour récompenser sa vertu, la transforma en une étoile brillante. Quant aux anges séducteurs, ils furent condamner à demeurer suspendus par les pieds, jusqu'au jour du jugement dans le puits de Babel, qu'on fait voir encore aujourd'hui près de Bagdad.
 Arphaxat, sorcier perse, qui fut tué d’un coup de foudre, si l’on en croit Abdias de Babylone , à l’heure même du martyre de saint Simon et de saint Jude. — Dans la possession de Loudun, on a vu un démon Arphaxat.
Art de saint Anselme, moyen superstitieux de guérir, employé par des imposteurs qui prenaient le nom d’anselmistes. Ils se contentaient de toucher, avec certaines paroles, les linges qu’on appliquait sur les blessures. Ils devaient le secret de leur art, disaient-ils, à saint Anselme de Cantorbéry. Aussi l’appelaient-ils l’art de saint Anselme, voulant de la sorte se donner un certain vernis. Mais Delrio assure que leur véritable chef de file est Anselme de Parme. Voyez ce mot.
Art de saint Paul, moyen de prédire les choses futures, que des songe-creux ont prétendu avoir été enseigné à saint Paul dans son voyage au troisième ciel. Des charlatans ont eu le front de s’en dire héritiers.
Art des esprits, moyen superstitieux pour acquérir la connaissance de tout ce qu'on veut savoir, qui consiste en des conjurations, par lesquelles on oblige les démons, en vertu de quelque pacte, de révéler ce qu'ils savent et de rendre les services qu'on attend d'eux. On en distingue deux sortes, l'un obscur, qui s'exerce par voie d'élévation ou d'extase; l'autre clair et distinct, qui se pratique par le ministère des anges, qui apparaissent aux hommes sous des formes corporelles, et qui s'entretiennent avec eux. C'est de ce dernier que prétendait se servir le fameux Swedenborg.  Voy. Évocations 
Art notoire, espèce d’encyclopédie inspirée. Le livre superstitieux qui contient les principes de l’art notoire promet la connaissance de toutes les sciences en quatorze jours. L’auteur du livre dit effrontément que le Saint-Esprit le dicta à saint Jérôme. Il assure encore que Salomon n’a obtenu la sagesse et la science universelle que pour avoir lu en une seule nuit ce merveilleux livre. Il faudrait qu’il eût déjà été dicté à quelque enfant d’Israël ; car ce serait un prodige trop grand que Salomon eût lu le manuscrit de saint Jérôme. Mais les faiseurs d’écrits de ce genre ne reculent pas pour si peu.
Gilles Bourdin a publié, au seizième siècle, un grimoire obscur sous le titre de l’Art notoire. Il n’est pas probable que ce soit la bonne copie, qui sans doute est perdue.
Delrio dit que de son temps les maîtres de cet art ordonnaient à leurs élèves une sorte de confession générale, des jeûnes, des prières, des retraites, puis leur faisaient entendre, à genoux, la lecture du livre de l’Art notoire, et leur persuadaient qu’ils étaient devenus aussi savants que Salomon, les prophètes et les apôtres. Il s’en trouvait qui le croyaient.
Ce livre a été condamné par le pape Pie V. Mêlant les choses religieuses à ses illusions, l’auteur recommande entre autres soins de réciter tous les jours, pendant sept semaines, les sept psaumes de la pénitence, et de chanter tous les malins au lever du soleil le Veni Creator, en commençant un jour de nouvelle lune, pour se préparer ainsi à la connaissance de l’Art notoire. Érasme, qui parle de ce livre dans un de ses colloques, dit qu’il n’y a rien compris ; qu’il n’y a trouvé que des figures de dragons, de lions, de léopards, des cercles, des triangles, des caractères hébreux, grecs, latins, et qu’on n’a jamais connu personne qui eût rien appris dans tout cela.
Des doctes prétendent que le véritable Ars notoria n’a jamais été écrit, et que l’esprit le révèle à chaque aspirant préparé. (Mais quel esprit ?) Il leur en fait la lecture pendant leur sommeil, s’ils ont sous l’oreiller le nom cabalistique de Salomon, écrit sur une lame d’or ou sur un parchemin vierge. Mais d’autres érudits soutiennent que l’Ars notoria existe écrit, et qu’on le doit à Salomon. Le croira qui pourra.
Art sacerdotal. Les Egyptiens, selon quelques modernes, appelaient ainsi ce que nous nommons philosophie hermétique. Cet art, caché sous l'enveloppe des hiéroglyphes, n'était communiqué qu'à ceux qui, par des épreuves longues et pénibles, s'étaient rendus dignes d'être initiés à de si grands mystères. Ce secret, qu'on ne dévoilait que dans le sanctuaire, était ordonné aux prêtres, sous peine de mort.
Arts du serpent. C’est le nom qu’on donne souvent aux arts magiques.
Artémidore de Daldis ou Artémidore d'Éphèse (en grec ancien Αρτεμίδωρος) (fl. 101) est un écrivain et philosophe syrien d'expression grecque du IIe siècle. Il ne doit pas être confondu avec un autre Artémidore d'Éphèse, géographe du Ier siècle av. J.-C.
Son ouvrage principal, l’Onirocritique (Ὀνειροκριτικά / Oneirokritika, litt. « interprétation des rêves »), condense tout le savoir antique sur la divination par le rêve et servira durant des siècles d’ouvrage de référence sur la question. Il fut lu et resta un ouvrage de référence pour les recherches de Sigmund Freud. Sa patrie est sujette à caution, mais lui-même, dans l'introduction de ses deux autres ouvrages (un Traité des Augures et Traité de la Chiromancie), se surnomme « l’Éphésien ».
L’Antiquité n’a pas cessé de s’intéresser au rêve, perçu comme un lien entre l’homme et tout ce qui le dépasse. Pour paraphraser l’ouvrage Sur les rêves de Freud, on dira que les Anciens tenaient le rêve pour une information soit bienveillante soit hostile de puissances supérieures, dieux et démons. Dès l’époque des poèmes homériques, au VIIIe siècle av. J.-C., il est question de gens qui interprètent les rêves. À partir du Ve siècle av. J.-C., les textes grecs commencent à employer le terme d’oneirokritès pour désigner ces interprètes des rêves. Ce sont souvent des gens modestes qui s’adressent à un public populaire qu’ils rencontrent à l’agora ou à l’occasion des grands rassemblements de pèlerins, lors des panégyries. Pour une petite somme d’argent, ils expliquent de manière mécanique les rêves de ceux qui viennent les trouver.
Parallèlement, les rêves jouent un rôle religieux de plus en plus grand, ainsi dans le culte d’Asclépios. Cela entraîne le développement d’une médecine de sanctuaire fondée sur les rêves des malades en consultation. D’autres onirocrites se mettent au service des puissants, comme Aristandros de Telmessos avec Alexandre le Grand. Ces professionnels, conscients de la technicité de leur art qu’ils pratiquent avec méthode, suscitent la rédaction de traités théoriques et pratiques. De toute cette production, seuls les Onirocritiques d’Artémidore ont subsisté.
Artéphius, philosophe hermétique du douzième siècle, que les alchimistes disent avoir vécu plus de mille ans parles secrets de la pierre philosophale. François Pic rapporte le sentiment de quelques savants qui affirment qu’Artéphius est le même qu’Apollonius de Tyane, né au premier siècle sous ce nom, et mort au douzième sous celui d’Artéphius.
On lui attribue plusieurs livres extravagants ou curieux : 1° l’Art d’allonger sa vie (De vita Propaganda), qu’il dit dans sa préface avoir composé à l’âge de mille vingt-cinq ans ; 2° la Clef de la Sagesse suprême ; 3° un livre sur les caractères des planètes, sur la signification du chant des oiseaux, sur les choses passées et futures, et sur la pierre philosophale . Cardan, qui parle de ces ouvrages au seizième livre de la Variété des choses, croit qu’ils ont été composés par quelque plaisant qui voulait se jouer de la crédulité des partisans de l’alchimie.
Arthémia, fille de l’empereur Dioclétien. Elle fut possédée d’un démon qui résista aux exorcismes païens, et ne céda qu’à saint Cyriaque, diacre de l’Église romaine.
L’idée de rire et de plaisanter des possessions et des exorcismes de l’Église est venue quelquefois à des esprits égarés, qu’il eût été bon peut-être d’exorciser eux-mêmes.
Arthus ou Artus, roi des Bretons, célèbre dans les romans de la Table Ronde, et dont la vie est entourée de fables. On prétend qu’il n’est qu’assoupi à Avallon, et qu’il revient la nuit dans les forêts de la Bretagne chasser à grand bruit, avec des chiens, des chevaux et des piqueurs, qui ne sont que des démons et des spectres, au sentiment de Pierre Delancre . Quand le grand veneur apparut à Henri IV dans la forêt de Fontainebleau, quelques-uns dirent que c’était la chasse du roi Arthus.
La tradition conserve, aux environs de Huelgoat, dans le Finistère, le souvenir curieux de l’énorme château d’Arthus. On montre des rochers de granit entassés comme étant les débris de ses vastes murailles. Il s’y trouve, dit-on, des trésors gardés par des démons, qui souvent traversent les airs sous la forme de feux follets en poussant des hurlements répétés par les échos du voisinage . L’orfraie, la buse et le corbeau sont les hôtes sinistres qui fréquentent ces ruines merveilleuses, où de temps en temps apparaît l’âme d’Arthus endormi avec sa cour enchantée dans son vieux manoir d’Avalon. Voy. Merlin.
En Angleterre on a cru et dans plusieurs contrées de ce pays on croit encore que le roi Arthus a été par enchantement transformé en corbeau ; et pour cela on respecte beaucoup les corbeaux, car l’un d’eux pourrait être l’héroïque monarque.
Arundel (Thomas). Comme il s’était opposé (quatorzième siècle) aux séditions des wickleffites, Chassaignon, dans ses Grands et redoutables jugements de Dieu, imprimés à Morges en 1581, chez Jean Lepreux, imprimeur des très-puissants seigneurs de Berne, Chassaignon, réformé et défenseur de tous les hérétiques, dit qu’il mourut cruellement, la langue tellement enflée qu’il ne pouvait plus parler, « lui qui avait voulu empêcher, dans la bouche des disciples de Wickleff, le cours de la sainte parole… » Mais il n’ose pas rechercher si Thomas Arundel fut, comme Wickleff, étranglé par le diable.
Aruspices, ministres de la religion chez les Romains, institués par Romulus, est chargés spécialement d'examiner les entrailles des victimes, pour en tirer les présages. De tous les peuples d'Italie, les Etruriens étaient les plus savants aruspices. C'était de leur pays que les Romains faisaient venir ceux dont ils se servaient. Ils envoyaient même, tous les ans, en Etrurie, un certain nombre de jeunes gens pour s'instruire dans cette science. De peur que cet art ne vint à s'avilir par la qualité des personnes qui l'exerçaient, on choisissait ces jeunes adeptes parmi les meilleures familles de Rome. Les aruspices examinaient :
1) les victimes, avant qu'on les ouvrit;
2) les entrailles, après l'ouverture;
3) la flamme qui s'élevait des chairs brûlées;
4) la fleur de farine, l'encens, le vin et l'eau qui servaient aux sacrifices.
Et d'abord ils devaient observer si les victimes étaient trainées par force aux autels, si elles échappaient de la main de leur conducteur, si elles éludaient le coup, ou bondissaient et mugissaient en les recevant, si leur agonie était lente et douloureuse; tous pronostics sinistres, comme les pronostics opposés étaient favorables. Lorsque l'animal était ouvert, ils examinaient la couleur des parties intérieures. Un double foie, un cœur petit ou maigre, étaient de malheureux présages. Mais le plus funeste de tous était quand le cœur venait à manquer. Ainsi, le jour où César fut assassiné, on n'en trouva point dans les deux bœufs qu'on venait d'immoler. Les entrailles venaient elles à tomber de la main du prêtre, étaient elles plus sanguinolentes qu'à l'ordinaire, ou la couleur en était elle pâle et livide, ces signes annonçaient des désastres instants et une ruine prochaine. Quant à la flamme, il fallait, pour que l'augure fut heureux, qu'elle s'élevât avec force et consumât promptement la victime; qu'elle fût claire, pure, transparente, sans mélange de fumée, ni de couleur rouge ou noire; qu'elle ne fût pas pétillante, mais silencieuse, et qu'elle affectât une forme pyramidale. Elle présageait, au contraire, les plus grands malheurs, si elle avait de la peine à s'allumer; si, au lieu de s'élever en ligne droite, elle décrivait des lignes courbes, et laissait des lacunes; si, au lieu de saisir la victime, elle ne l'attaquait que graduellement; si elle venait à être dispersée par le vent, ou éteinte par une pluie soudaine, ou si elle laissait quelque partie de la victime sans la consumer. Pour l'encens, etc., leur devoir était d'observer si tous ces objets avaient la qualité, le goût, la couleur et l'odeur requis. Le collège des aruspices avait, comme tous les autres, ses registres et ses mémoires; et son art formait une science nommée Aruspicina.   Voy. Hépatoscopie.
Arzel, cheval qui a une marque blanche au pied de derrière du côté droit. Une tradition superstitieuse voulait que ces sortes de chevaux fussent malheureux dans les combats.  Voy. Cheval.
Asaphins, devins ou sorciers chaldéens, qui expliquaient les songes et tiraient les horoscopes. Ils avaient pour divinité une idole nommé Asaph.
Ascaroth. C’est le nom que donnent les démon ographes à un démon peu connu qui protège les espions et les délateurs. Il dépend du démon Nergal.
Ascèse diabolique. L’ascèse chrétienne élève les âmes à Dieu ; l’ascèse diabolique les abaisse et les enfonce jusqu’aux démons.
Ascik-Pacha, démon turc, qui favorise les intrigues secrètes, facilite les accouchements, enseigne les moyens de rompre les charmes et donne l’art d’en composer.
Asclétarion, astrologue qui se permit de faire des prophéties dont l’empereur Domitien ne fut pas content. Il le fit venir et lui dit : « Toi qui sais le moment de ma mort, connais-tu le genre de la tienne ? — Oui, répondit l’astrologue. Je serai mangé par les chiens. » Domitien pour prouver que sa science était vaine, le fit tuer sur-le-champ et ordonna que son corps fût brûlé. Mais un grand orage qui survint éteignit le bûcher et mit les exécuteurs en fuite. Des chiens vinrent, mirent le corps en pièces et le mangèrent. Suétone et Dion Cassius mentionnent ce singulier fait.
Aselle aquatique. Cet insecte figure parmi les superstitions islandaises. L'ovaire sec devient dur et lustré. Dans cet état, les habitants l'appellent onskesteen, pierre à souhaits. Autrefois, le peuple croyait qu'en tenant cet ovaire sur la langue, avec une aselle aquatique dans la bouche, on obtenait ce qu'on avait désiré.
Ases, du vieil islandais Æsir, ásafólk, ása ættir, forment le groupe de dieux principaux, associés ou apparentés à Odin, et habitant la cité d'Ásgard. Les Ases sont souvent mentionnés sous le terme de guðin ce qui signifie « dieux ». Le terme féminin est Asynes. Ils apparurent dans la religion scandinave après les invasions indo-européennes, et furent vraisemblablement incorporés au panthéon ancien, au lieu de supplanter leurs prédécesseurs, les Vanes. Cette famille, qui comprend de très nombreuses divinités, est représentée par la Rune-Dieu As. À l'inverse des dieux grecs, les dieux d'Asgard sont mortels et peuvent ressentir la douleur physiquement et psychologiquement.
L'étymologie du mot « Ases » est discutée et admet diverses interprétations. Jean Haudry, après Edgar Polomé rattache le nom des Ases au vieil islandais Æs « œillet de chaussure » (all. Öse), lat. ansa « poignée, anse ». Les Ases « dieux liens » seraient avant tout l'objet d'un culte négatif, consistant à respecter les engagements pris sous leur garantie. À l'inverse, les Vanes, « seigneurs amicaux », seraient « l'objet d'un culte positif destiné à les renforcer pour accroître leur action bénéfique ». Cette distinction entre dieux Ases et dieux Vanes remonte au minimum à la période commune des Germains, mais pourrait être bien plus ancienne.
Le prologue à l'Edda en Prose explique l'origine de leur nom en les désignant comme des hommes venant d'Asie, de Troie plus exactement, que les peuples du nord de l'Europe prirent pour des Dieux. Les traces de cette fusion sont relatées dans la Völuspá, un des principaux textes de la Mythologie nordique, où il est dit que les Ases affrontèrent les Vanes dans une guerre d'intérêt. Les Ases étaient principalement adorés par l'aristocratie tandis que les Vanes qui représentaient la fécondité et la fertilité étaient priés par les paysans. Cela pourrait être révélateur du fossé entre aristocratie d'une part et paysannerie de l'autre. Les Ases sont associés au Ciel tandis que les Vanes sont associés à la Terre. Ils gouvernent la vie humaine ainsi que ses expériences. Les Vanes représentent aussi les Dieux et les déesses associés aux forêts sauvages, aux plantes et aux animaux puis à la nature en général tandis que les Ases représentent l'ordre social, la conscience humaine ainsi que les réalisations en Art et en Technologie. Dans une plus large mesure, les Ases représentent la souveraineté de la force.
Une des trois racines de l'arbre cosmique Yggdrasil se trouve chez les Ases. Chaque jour, les Ases franchissent le pont arc-en-ciel Bifröst pour siéger près de la source d'Urd. À la fin des temps, lors du Ragnarök, seuls quelques Ases survivront pour reconstruire les mondes.
Les Ases partagent leur lieu de vie, Ásgard, avec les Vanes puisque celle-ci comprend le Vanaheim, qui est leur lieu de résidence.Ils pensent que leur destin est écrit par les Nornes et qu'au moment où ils créèrent le monde, ils étaient destinés à sombrer avec lui. Leur quête est d'affronter ce destin avec courage et résolution, afin que les bardes et les scaldes chantent pour longtemps leurs exploits.
La religion nordique apparaît comme étant avant tout la religion des Ases, qui sont également connus sous le nom des Anses ou des Oses. Odin, qui a créé le monde avec ses frères à partir de la chair et du sang du géant Ymir, est considéré comme le chef des Ases. Ceux-ci représentent par ailleurs une puissance positive puisqu'ils sont en lutte avec l'engeance maudite des géants, à l'image des dieux olympiens avec les Titans. Même si les Ases sont tous divinisés au sein du Panthéon, tous ne sont pas des dieux au sens originel du terme. C'est le cas pour Loki, qui participant activement à la vie des Ases, est en réalité un géant qui les combattra lors du Ragnarök.
Les Ases furent en guerre contre les Vanes, avec qui ils firent la paix et s'échangèrent des otages. Cette guerre, qui fut longue, s'acheva par le mariage de Njörd et de Skadi. En effet, les Vanes auraient choisi de rejoindre Ásgard, la ville des vainqueurs, après le conflit les opposant aux Ases. Les salives mêlées des Ases et des Vanes participèrent à la création du géant Kvasir dont les attributs étaient la connaissance, la sagesse ainsi que l'ensemble des sciences. Selon le mythe, c'est avec son sang mélangé à du miel qu'ils fabriquèrent l'hydromel poétique.
Elles sont au nombre de trente, dont douze dieux qui ont pour maître Odin, et dix-huit déesses, à la tête desquelles domine Frigga.
Asgard, forteresse bâtie par les dieux des Celtes au centre du monde, pour se défendre contre les entreprises des géants: c'est l'Olympe d'Homère. Là est situé l'endroit nommé Lisdkialf (porte tremblante). Lorsque Odin s'y assied sur son trône sublime, il découvre de là toutes les contrées du monde, voit les actions des hommes, et comprend tout ce qu'il voit.
 Ashmole (Élie), antiquaire et alchimiste anglais, né en 1617. On lui doit quelques ouvrages utiles et le musée ashmoléen d’Oxford. Mais il publia à Londres, en 1652, un volume in-4°, intitulé Theatrum chemicum britannicum, contenant différents poèmes des philosophes anglais qui ont écrit sur les mystères hermétiques. Six ans après, il fit imprimer le Chemin du bonheur, in-4°, 1658. Ce traité, qui n’est pas de lui, mais auquel il mit une préface, roule aussi sur la pierre philosophale. Voy. Pierre philosophale.
Asile, Les lois qui accordaient droit d’asile aux criminels dans les églises exceptaient ordinairement les sorciers, qui, d’ailleurs, ne cherchaient pas trop là leur recours.
Asima, démon qui rit quand on fait le mal. Il a été adoré à Emath, dans la tribu de Nephtali, avant que les habitants de cette ville fussent transportés à Samarie.
Aske, le frêne; nom du premier des humains, formé par les fils de Bore, d'un morceau de bois flottant sur le rivage. La femme, Embla, l'aune, fut créée de la même manière. Le 1er des fils de Bore leur donna l'âme et la vie; le 2éme, la raison et le mouvement; le 3éme, l'ouïe, la vue, la parole, et de plus, des habillements et un nom.
Asmodée est un démon de la Bible possédant de nombreux autres noms : Asmoth, Aschmédaï, Asmoday, Asmodeus, Aesma, Asmadai, Asmodius, Asmodaios, Hasmoday, Chashmodai, Azmonden, Sidonay, ou encore Asmobée. Il est présent dans les croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
Le nom Asmodée viendrait de l'altération du nom d'un démon avestique, Aešma-daeva, littéralement démon de la colère qui pourrait aussi signifier en hébreu « celui qui fait périr ». Il est mentionné dans le livre de Tobit, III.8, chassé du corps de Sara par l'archange Raphaël. Traduit en latin par Asmodeus, sa signification est « Le souffle ardent de Dieu ».
Sainte Françoise Romaine (1384-1440) relate, dans le chapitre VI de son traité sur l'enfer, qu'Asmodée était dans le ciel un Chérubin avant sa révolte contre Dieu. Il est aujourd'hui l'ange déchu qui préside à tous les péchés de luxure.
Surintendant des Enfers et des maisons de jeu, Asmodée sème dissipation et terreur. Selon certaines versions, il serait le serpent qui séduisit Ève. Azazel est aussi connu selon d'autres pour être ce serpent. Il est souvent représenté comme un démon aux ailes de chauve-souris, regardant l'intérieur des maisons en soulevant le toit.
Le Lemegeton le mentionne en 32e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Asmodée est un des rois de l'enfer. Il possède trois têtes : de buffle, d'homme et de bélier. Il a la queue d'un serpent et les pattes d'une oie. Il chevauche un dragon infernal et porte une lance. Il enseigne la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie et l'artisanat. Il peut rendre l'invocateur invisible et lui faire connaître les trésors cachés.
La Pseudomonarchia Daemonum le mentionne en 35e position de sa liste de démons sous le nom de Sidonay, alias Asmoday, et lui attribue des caractéristiques similaires.
Asmodėe est aussi le démon qui soutient le bénitier à l'entrée de l'église de Rennes le château.
Asmund et Asweith, compagnons d’armes danois. Liés d’une étroite amitié, ils convinrent, par un serment solennel, de ne s’abandonner ni à la vie ni à la mort. Asweith mourut le premier et, suivant leur accord, Asmund, après avoir enseveli son ami, avec son chien et son cheval, dans une grande caverne, y porta des provisions pour une année et s’enferma dans ce tombeau. Mais le démon, qu’ils avaient probablement assez bien servi tous deux, étant entré dans le corps du mort, le remit debout et se mit à tourmenter le fidèle Asmund, le déchirant, lui défigurant le visage et lui arrachant même une oreille, sans lui donner de raisons de sa fureur. Asmund, impatienté après un siècle de lutte, coupa la tête du mort, voyant bien enfin qu’il avait affaire ou au diable ou à un vampire. — Sur ces entrefaites, précisément, le roi de Suède, Éric, passant devant la caverne murée et entendant du vacarme, crut qu’elle renfermait un trésor gardé par des esprits. Il la fit ouvrir, et fut bien surpris d’y trouver Asmund, pâle, ensanglanté, auprès d’un cadavre puant ; il lui fit conter son histoire, et le voyant mourir lui-même, aussitôt après son récit, il le fit percer d’un pieu et brûla son corps avec celui de son féroce compagnon ; car alors déjà on connaissait les vampires, quoiqu’on ne leur donnât pas ce nom. Voy. Ghole.
Asmoug, nom d'un démon qui, suivant la tradition des Mages, ou disciples de Zoroastre, est un des principaux émissaires d'Ahriman: sa fonction est de semer les dissensions dans les familles, les procès entre voisins, et les guerres entre les peuples.
Asoors ou Asouras. C’est le nom que les Indiens donnent à certains mauvais génies qui font tomber les voyageurs dans des embûches.
Aspame. « Zorobabel était épris d’un si fol amour pour Aspame, qu’elle le souffletait comme un esclave et lui ôtait le diadème pour en orner sa tête, indigne d’un tel ornement, dit Delancre ; elle le faisait rire et pleurer, quand bon lui semblait, le tout par philtres et fascinations. » Les belles dames font tous les jours d’aussi grands excès et produisent d’aussi énormes stupidités, sans fascination et sans philtre.
Aspilcuetta (Marie d’), sorcière d’Andaye, dans le pays de Labour, sous le règne de Henri IV.
Elle fut arrêtée à l’âge de dix-neuf ans, et avoua qu’on l’avait menée au sabbat, que là elle avait baisé le derrière du diable au-dessous d’une grande queue, et que ce derrière était fait comme le museau d’un bouc.
Aspidomancie. Mode de divination pratiqué aux Indes au moyen d’un bouclier (Ασπιδος). — Voici comment on procède : Le devin se place sur un bouclier qui est lui-même déposé au milieu d’un grand cercle tracé magiquement. Il se livre à toutes sortes de contorsions pour amener l’inspiration extatique, ce qui lui permet de prophétiser et les assistants écoutent et interprètent les prophéties du devin.
Asrafil, ange qui doit sonner de la trompette au son de laquelle tous les morts doivent ressusciter pour paraître au dernier jugement.
Assa-fœtida. Les Hollandais appellent cette plante fiente du diable (duivelsdrek).
Assassinat. Ce crime a son démon.
Assassins, secte d’Ismaéliens qu’on enivrait de brachick et à qui l’on faisait un dogme de tuer. Le souverain des Assassins s’appelait le cheick ou Vieux de la Montagne. Il est célèbre dans l’histoire des croisades. Voy. Thuggisme.
Assheton (Guillaume), théologien anglican, mort en 1711. Il publia, en 1691, un petit ouvrage peu recherché, intitulé La possibilité des apparitions.
Astaroth est un démon, Grand-duc très puissant et trésorier des Enfers. Il aurait été investigateur de plusieurs possessions. La Bible mentionne Astaroth sous le nom de la déesse Astarté. Il essaie de sortir des limbes mais en est empêche 12 fois. Il lui faudra y rester jusqu'à la fin des temps. 
Astaroth est un démon présent dans les croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques. Il était adoré par les Sidoniens et les Philistins.
Le Lemegeton le mentionne en 29e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Astaroth est un puissant duc. Il a la figure d'un ange devenu fort laid, se montre chevauchant sur un dragon infernal et tient une vipère dans sa main gauche. On l'identifie à son odeur fétide, même quand il est déguisé, et celui qui le fait venir doit prendre garde à son insupportable puanteur. Pour cette raison il est conseillé aux invocateurs de tenir sous leurs narines un anneau magique en argent pour se préserver de son odeur. Il enseigne les arts libéraux et permet de connaître le présent et l'avenir. Présidant à l'Occident, procurant l'amitié des grands seigneurs, il commande à quarante légions.
La Pseudomonarchia daemonum le mentionne en 28e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires, tout en précisant qu'il répond volontiers aux questions qu'on lui pose a propos des choses les plus secrètes, et qu'il est facile de le faire causer de la création, des fautes ou de la chute des anges, dont il connaît toute l'histoire.
Collin de Plancy soutient de son côté dans son dictionnaire infernal qu'Astaroth aurait été adoré par quelques sectes juives, et qu'il se considérerait comme ayant été puni injustement lors de la chute des anges. Il lui attribue aussi le titre de trésorier des enfers.
Le Grand Grimoire le mentionne également et lui donne le titre de grand duc.
Il est cité comme l'un des sept princes de l'enfer qui visitèrent Faust, selon la tradition anglaise.
Le nom Astaroth est dérivé de celui de la déesse phénicienne Astarté. Equivalente de l'Ishtar babylonienne et de la plus ancienne déesse sumérienne Inanna, Astarté fut connue tout au long de l'âge du bronze et de l'Antiquité (3000 à 1000 av. J.-C.). Cette déesse est mentionnée dans la Bible hébraïque sous les formes Astarté (singulier) et Astaroth (pluriel, en référence aux multiples statues qui existaient d'elle). Cette dernière forme a été directement transcrite dans les premières versions grecques et latines de la Bible, où il était moins évident que cela avait été un féminin-pluriel en hébreu.
Le Testament de Salomon, texte apocryphe attribué au roi Salomon mais non reconnu par la religion juive, fait mention d'Astaroth sous le nom Asteraoth (écrit en grec) en tant qu'ange s'opposant aux pouvoirs des démons.
Il ne sera ensuite plus fait mention d'Astaroth autrement qu'en tant que démon.
Il est présent dans la Passion de Barthélemy. Barthélemy se rend dans un temple de la troisième Inde où se trouve Astaroth. À son arrivée, les anges de Dieu entourent le démon de chaînes brûlantes, le rendant incapable de rendre le moindre oracle malgré les sacrifices que les infirmes et les malades continuent à lui offrir. Astaroth est cité avec deux autres démons : Beireth et Vualdath.
Il apparaîtra ensuite dans le livre d'Abramelin le Mage. Cet ouvrage, que certains considèrent comme étant un faux forgé au XVIIIe siècle, passe pour être la traduction d'un grimoire, rédigé en hébreu et datant de 1438, dans lequel Abraham ben Siméon aurait consigné tout le savoir magique reçu de son maître Abramelin.
La mention suivante d'Astaroth sera faite dans le Livre des esperitz au XVIe siècle. C'est ce grimoire, le plus ancien qui soit conservé en français, qui inspirera le Lemegeton et la Pseudomonarchia Daemonum à la renaissance. Ce sont ces deux livres qui ancreront par la suite dans la culture populaire l'image du démon Astaroth tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Astarté, fille d'Uranos et de Ghé, épousa Kronos son frère. Elle eut 7 filles, nommées Titanides ou Dianes, et 2 fils, Pothos et Eros, le Désir et l'Amour, nés longtemps après leurs sœurs. Sanchoniaton. C'était la divinité des Sidoniens, la même que Vénus, et, selon d'autres, qu'Isis ou la Lune. Cette déesse parait évidemment n'avoir été, dans l'origine, qu'un symbole égyptien, joint avec les différents signes du zodiaque pour indiquer les différentes saisons; et c'est aux diverses représentations d'Isis qu'a dû sa naissance ce nombre de déesses honorées par les peuples sous différents noms. Lucien de Samosate. Elle était représentée tantôt sous la forme d'une génisse ou d'une brebis, tantôt sous les traits d'une femme coiffée d'une tête de bœuf avec ses cornes, pour marquer le croissant de la lune, ou la dignité royale, avec des habits longs ou courts, et quelquefois tenant en main un bâton surmonté d'une croix. Des médailles lui donnent une couronne de rayons, et d'autres une couronne de créneaux. Une médaille frappée à Césarée en Palestine la présente avec un habit court, couronnée de créneaux, tenant une tête d'homme d'une main, et de l'autre un bâton. Elle était principalement honorée dans la ville d'Hiéropolis en Syrie, où elle avait un magnifique temple, et plus de 300 prêtres employés seulement au soin des sacrifices. Le souverain pontife était vêtu de pourpre et portait une tiare d'or. On sacrifiait 2 fois le jour, et il y avait des fêtes où ces sacrifices se faisaient avec beaucoup de solennité. Salomon, et surtout Jézabel, introduisirent son culte parmi les Hébreux. Les Africains la confondaient avec Junon. Mais Lucien dit expressément que c'était la Lune, et ajoute avoir appris des prêtres phéniciens qu'elle était la même qu'Europe déifiée après sa mort pour consoler Agénor, son père, de sa perte. Cicéron l'appelle la 4ème Vénus des Syriens. Astarté avait, dit-on, consacré la ville de Tyr, en y déposant une étoile tombée; et de là, peut-être, la notion d'une étoile ou globe lumineux, lequel, à de certains temps de l'année, s'élançait de la cime du mont Liban, près de son temple d'Aphac, et se plongeait dans la rivière. Adonis s'était regardé comme l'étoile de Vénus.
Astiages, roi des Mèdes. Quand Cyrus eut vaincu l’Asie, on publia qu’Astiages, son grand-père, avait songé en dormant que dans le sein de sa fille Mandane croissait une vigne qui de ses feuilles couvrait l’Asie entière : présage de la grandeur de Cyrus, fils de Mandane.
Astier, l’un des prophètes du Dauphiné. Voy. Prophètes.
Astragalomancie, divination par les dés. Prenez deux dés, marqués comme d’usage des numéros 1, 2, 3, 4, 5, 6. On peut jeter à volonté un dé seul ou les deux dés à la fois ; on a ainsi la chance d’amener, les chiffres 1 à 12. Vous voulez deviner quelque affaire qui vous embarrasse on pénétrer les secrets de l’avenir, posez la question sur un papier que vous aurez passé, au-dessus de la fumée du bois de genièvre ; placez ce papier renversé sur la tablé, et jetez les dés. — Vous écrirez les lettres à mesuré qu’elles se présentent. En se combinant, elles vous donneront la réponse : 1 vaut la lettre A ; 2 vaut E ; 3 vaut I ou Y ; 4 vaut O ; 5 vaut U ; 6 vaut B, P ou V ; 7 vaut C, K ou Q ; 8 vaut D ou T ; 9 vaut F, S, X ou Z ; 10 vaut G ou J ; 11 vaut L ; M ou N ; 12 vaut R. — Si la réponse est obscure, il ne faut pas s’en étonner : le sort est capricieux. Dans le cas ou vous n’y pouvez rien comprendre, recourez à d’autres divinations. — La lettre H n’est point marquée, parce quélle n’est pas nécessaire. Les règles du destin se dispensent de celles de l’orthographe ; PH s’expriment fort bien par la lettre F, et CH par la lettre X.
Les anciens pratiquaient l’astragalomancie avec des osselets marqués des lettres de l’alphabet, et les lettres que le hasard amenait faisaient les réponses. C’est par ce moyen que se rendaient lés oracles d’Hercule en Achaïe. On mettait les lettres dans une urne, et on lés tirait comme on lire les numéros des loteries.
Astres, enfant d'Astréus et d'Héribée, Titans, qui, voulant escalader l'Olympe, furent foudroyés par Jupiter, ou demeurèrent attachés au ciel, d'après l'opinion de son temps, en fait des êtres animés. Les Egyptiens pensaient qu'ils voguaient dans des navires à travers les airs. Aussi voit-on, sur une ancienne pierre gravée, Osiris, type du soleil, conduit dans un vaisseau, et la table isiaque représente sur un navire Isis, symbole de la lune, avec Osiris sous la figure d'Apis, accompagné d'Horus. Sous cette image, dit Plutarque, les docteurs égyptiens voulaient faire entendre que les astres avaient pris naissance et se nourrissaient d'humidité et de vapeurs : savoir, suivant Zénon, le soleil, de celles qui s'élevaient de la mer; la lune, de celles, qui sortaient des rivières, et le reste des astres de celles qui s'exhalaient de la terre. Des philosophes grecs s'imaginèrent que le soleil et la lune étaient faits en forme de nacelles, et que les éclipses de ces astres arrivaient lorsque, venant à se retourner en divers sens, ils présentaient leurs parties concaves du côté de notre hémisphère. D'autres assurent que l'épithète skaphocide, donnée aux astres par les Chaldéens et par plusieurs des premiers philosophes grecs, n'a été employée que pour indiquer que ces astres, creux comme des nacelles, et par là plus légers que le fluide dans lequel ils nageaient, demeuraient suspendus à une grande distance du centre de leurs mouvements. Pour ajuster les allégories égyptiennes avec la mythologie grecque, les poètes postérieurs à Homère, donnèrent au soleil, outre son char, un esquif, skaphos, pour traverser l'océan, et pour passer de l'Hespérie au pays des Ethiopiens orientaux. Cet astre, selon Mimnerme, ne se repose jamais. A peine est-il arrivé au séjour de la nuit, qu'il s'embarque dans une gondole faite de l'or le plus pur, dans laquelle il se rend au palais de l'aurore, où il trouve tous les jours un nouveau char et des chevaux frais. L'auteur de la Titanomachie épargnait cette dépense à l'aurore, et faisait embarquer le soleil avec son char dans sa nacelle.  
Astrolabe, instrument dont on se sert pour observer les astres et tirer les horoscopes. Il est souvent semblable à une sphère armillaire. L’astrologue, instruit du jour, de l’heure, du moment où est né celui qui le consulte ou pour lequel on le consulte, met les choses à la place qu’elles occupaient alors, et dresse son thème suivant la position des planètes et des constellations.
Il y a eu des gens, autrefois qui faisaient le métier de découvrir les voleurs par le moyen d’un astrolabe. « Le ciel, disaient-ils, est un livre dans lequel on voit le passé, le présent et l’avenir ; pourquoi ne pourrait-on pas lire lés événements de ce monde dans un instrument qui représente la situation des corps célestes ? » 
Astrologie, art de dire la bonne aventure, de tirer les horoscopes et de prédire les événements, par l’aspect, les positions et les influences des corps célestes. — On croit que l’astrologie, qu’on appelle aussi astrologie judiciaire, parce qu’elle consiste en jugements sur les personnes et sur les choses, a pris naissance dans la Chaldée, d’où elle pénétra en Égypte, en Grèce et en Italie, Quelques antiquaires attribuent l’invention de cette science ; à Cham, fils de Noé. Le commissaire de Lamarre, dans Son Traité de police, titre VII, chap. 1er, ne repousse pas les opinions qui établissent qu’elle lui a été enseignée par le démon…
Diogène Laërce donne à entendre que les Égyptiens connaissaient la rondeur dé la terre et la cause des éclipses. On ne peut leur disputer l’habileté en astronomie ; mais, au lieu de se tenir aux règles, droites de cette science, ils en ajoutèrent d’autres qu’ils fondèrent uniquement sur leur imagination ; ce furent là les principes de l’art de deviner et de tirer les horoscopes. Ce sont eux, dit Hérodote, qui enseignèrent à quel dieu chaque mois, chaque jour est consacré ; qui observèrent les premiers sous quel ascendant un homme est né, pour prédire sa fortune, ce qui lui arriverait dans sa vie, et de quelle mort il mourrait.
« J’ai lu dans les registres du ciel tout ce qui doit vous arriver a vous et à votre fils, » disait a ses crédules enfants Bélus, prince de Babylone. Pompée, César, Crassus, croyaient à l’astrologie, Pline en parle comme d’un art respectable. Cette science gouverne encore la Perse et une grande partie de l’Asie « Rien ne se fait ici, dit Tavernier dans sa relation d’Ispahan, que de l’avis des astrologues. Ils sont plus puissants et plus redoutés que le roi, qui en a toujours quatre attachés à ses pas. Il les consulte sans cesse, et ils l’avertissent du temps où il doit se promener, de l’heure où il doit se renfermer dans son palais, se purger, se vêtir de ses habits royaux, prendre ou quitter le sceptre, etc. Ils sont si respectés dans cette cour, que le roi Schah-Sophi étant accablé depuis plusieurs années d’infirmités que l’art ne pouvait guérir, les médecins jugèrent qu’il n’était tombé dans cet état de dépérissement que par la faute des astrologues, qui avaient mal pris l’heure à laquelle il devait être élevé sur le trône. Les astrologues reconnurent leur erreur ; ils s’assemblèrent de nouveau avec les médecins, cherchèrent de nouveau dans le ciel-la véritable heure propice, ne manquèrent pas de la trouver, et la cérémonie du couronnement fut renouvelée, à la grande satisfaction de Schah-Sophi, qui mourut quelques jours après. »
Il en est de même en Chine, où l’empereur n’ose rien entreprendre sans avoir consulté son thème natal.
La vénération des Japonais pour l’astrologie est plus profonde encore : chez eux personne n’oserait construire un édifice sans avoir interrogé quelque astrologue sur la durée du bâtiment. Il yen a même qui, sur la réponse des astres, se dévouent et se tuent pour le bonheur de ceux qui doivent habiter la nouvelle maison.
Presque tous les anciens, Hippocrate, Virgile, Horace, Tibère, croyaient à l’astrologie. Lé moyen âge en fût infecté. On tira l’horoscope dé Louis XIII et de Louis XIII et Boileau dit qu’un téméraire auteur n’atteint pas le Parnasse, si son astre en naissant ne l’a formé poète.
En astrologie, on ne connaît dans le ciel que sept planètes et douze constellations dans le zodiaque. Le nombre de celles-ci n’a pas changé ; mais il y a aujourd’hui neuf fois plus de planètes. Nous ne parlerons pourtant que des sept vieilles employées seules par les astrologues. Nous n’ayons, disent-ils, aucun membre que les corps célestes ne gouvernent. Les sept planètes sont comme, on sait, le Soleil, la Lune, Vénus, Jupiter, Mars, Mercure et Saturne. Le Soleil préside à là tête, la Lune au bras droit, Vénus au bras gauche, Jupiter à l’estomac, Mars aux parties sexuelles, Mercure au pied droit, et Saturne au pied gauche ; — où bien Mars gouverne la tête, Vénus le bras droit, Jupiter le bras gauche, le Soleil l’estomac, la Lune les parties sexuelles, Mercure le pied droit, et Saturne le pied gauche.
Parmi les constellations, le Bélier gouverne la tête, le Taureau le cou, les Gémeaux les bras et les épaules, l’Écrevisse la poitrine et le cœur, le Lion l’estomac, la Vierge le ventre, la Balance les reins et les fesses, le Scorpion les parties sexuelles, le Sagittaire les cuisses, le Capricorne les genoux, le Verseau les jambes, et les Poissons les pieds.
On a mis aussi le monde c’est-à-dire les empires et les villes sous l’influence des constellations. Des astrologues, allemands, au seizième siècle, avaient déclaré Francfort sous l’influence du Bélier, Wurtzbourg sous celle du Taureau, Nuremberg, sous îles Gémeaux, Magdebourg sous l’Écrevisse, Ulm sous le Lion, Heidelberg sous la Vierge, Vienne sous la Balance, Munich sous le Scorpion, Stuttgart sous le Sagittaire, Augsbourg sous le Capricorne, Ingolstadt sous le Verseau, et Ratisbonne sous les Poissons.
Hermès a dit que c’est parce qu’il y a sept trous à la tête qu’il y a aussi dans le ciel sept planètes pour présider à ces trous : Saturne et Jupiter aux deux oreilles, Mars et Vénus aux deux narines, le Soleil et la Lune aux deux yeux, et Mercure à la bouche. Léon l’Hébreu, dans sa Philosophie d’amour, traduite par le sieur Duparc, Champenois, admet cette opinion, qu’il précise, très-bien : « Le Soleil préside à l’œil droit, dit-il, et la Lune à l’œil gauche, parce que tous les deux sont les yeux du ciel ; Jupiter gouverne l’oreille gauche, Saturne la droite, Mars le pertuis droit du nez, Vénus le pertuis gauche, et Mercure la bouche, parce qu’il préside à la parole. »
Ajoutons encore que Saturne domine sur la vie, les changements, les édifices et les sciences ; Jupiter sur l’honneur, les souhaits, les richesses et la propreté des habits ; Mars sur la guerre, les prisons, les mariages, les haines ; le Soleil sur l’espérance, le bonheur, le gain, les héritages ; Vénus sur les amitiés et les amours ; Mercure sur les maladies, les perles, les délies, le commerce et la crainte ; la Lune sur les plaies, les songes et les larcins. Ainsi, du moins, le décide le livre des Admirables secrets d’Albert le Grand.
En dominant de la sorte tout ce qui arrive à l’homme, les planètes ramènent le même cours, de choses toutes les fois qu’elles se retrouvent dans le ciel au lieu de l’horoscope. Jupiter se retrouve au bout de douze ans au même lieu, les honneurs seront les mêmes ; Vénus, au bout de huit ans, les amours, seront les mêmes, etc., mais dans un autre individu.
N’oublions pas non plus, que chaque planète gouverne un jour de la semaine : le Soleil le dimanche, la Lune le lundi, Mars le mardi, Mercure le mercredi, Jupiter le jeudi, Vénus le vendredi, Saturne le samedi, — que le jaune est la couleur du Soleil, le blanc celle de la Lune, le vert celle de Vénus, le rouge celle, de Mars, le bleu celle de Jupiter, le noir celle de Saturne, le mélangé celle de Mercure ; — que le Soleil préside à l’or,-la Lune à l’argent, Vénus à l’étain, Mars au fer, Jupiter à l’airain, Saturne au plomb, Mercure au vif-argent, etc.
Le Soleil est bienfaisant et favorable, Saturne triste, morose et froid ; Jupiter tempéré et bénin, Mars ardent, Vénus bienveillante, Mercure inconstant, la Lune mélancolique.
Dans les constellations, le Bélier, le Lion et le Sagittaire sont chauds, secs et ardents ; le Taureau, la Vierge et le Capricorne, lourds, froids et secs ; les Gémeaux, la Balance et lé Verseau, légers, chauds et humides ; l’Écrevisse, le Scorpion et les Poissons, humides, mous et froids.
Au moment de la naissance d’un enfant dont on, veut tirer l’horoscope, ou bien au jour de l’événement dont on cherche à présager les suites, il faut d’abord voir sur l’astrolabe quelles sont les constellations et planètes qui dominent dans le ciel, et tirer les conséquences qu’indiquent leurs vertus, leurs qualités et leurs fonctions. Si trois signes de la même nature se rencontrent dans le ciel, comme, par exemple, le Bélier, le Lion et le Sagittaire, ces trois signes forment le trin aspect, parce qu’ils partagent le ciel en trois et qu’ils sont séparés l’un de l’autre par trois autres constellations. Cet aspect est bon et favorable.
Quand ceux qui partagent le ciel par sixièmes se rencontrent à l’heure de l’opération, comme le Bélier avec les, Gémeaux, le Taureau avec l’Écrevisse, etc., ils forment l’aspect sextil, qui est médiocre.
Quand ceux qui partagent le ciel qui quatre, comme le Bélier avec l’Écrevisse, le Taureau avec le Lion, les Gémeaux avec la Vierge, se rencontrent dans le ciel, ils forment ; l’aspect carré, qui est mauvais.
Quand ceux qui se trouvent aux parties opposées du ciel, comme le Bélier avec la Balance, le Taureau avec le Scorpion, les Gémeaux avec le Sagittaire, etc., se rencontrent à l’heure de la naissance, ils forment l’aspect contraire, qui est méchant et nuisible.
Les astres, sont en conjonction quand deux planètes se trouvent réunies dans le même signe ou dans la même maison, et en opposition quand elles sont à deux points opposés.
Chaque signe du zodiaque occupe une pince qu’un appelle maison céleste ou maison du soleil ; ces douze maisons du soleil coupent ainsi le zodiaque en douze parties. Chaque-maison occupe trente degrés, puisque le cercle en à trois-cent soixante. Les astrologues représentent les maisons par des simples numéros, dans une figure ronde ou carrée, divisée en douze cellules.
La première maison est celle du Bélier, qu’on appelle l’angle oriental en argot astrologique. C’est la maison de la vie, parce que ceux qui naissent quand celle constellation domine peuvent vivre longtemps.
La seconde maison est celle du Taureau, qu’on appelle la porte inférieure. C’est la maison des richesses et des moyens de fortune.
La troisième maison est, celle des Gémeaux, appelée la demeure des frères. C’est la maison des héritages et des bonnes successions.
La quatrième maison est celle de l’Écrevisse. On l’appelle le fond du ciel, l’angle de la terre, la demeure des parents. C’est la maison des trésors et des biens de patrimoine.
La cinquième maison est celle du Lion, dite la demeure des enfants. C’est la maison des legs et des donations.
La sixième maison est celle de la Vierge ; on l’appelle l’amour de Mars. C’est la maison dés chagrins, des revers et des maladies.
La septième maison est Celle de la Balance, qu’on appelle l’angle occidental. C’est la maison des mariages et des noces.
La huitième maison est celle du Scorpion, appelée la porte supérieure. C’est la maison de l’effroi, des craintes et de la mort.
La neuvième maison est celle du Sagittaire, appelée l’amour du soleil. C’est la maison de la piété, de la religion, des voyages et de la philosophie.
La dixième maison est celle du Capricorne, dite le milieu du ciel. C’est la maison des charges, des dignités et des couronnes.
La onzième maison est celle du Verseau» qu’on appelle l’amour de Jupiter. C’est la maison des amis, des bienfaits et de la fortune.
La douzième maison est celle des Poissons, appelée l’amour de Saturne. C’est la plus mauvaise de toutes et la plus funeste : c’est la maison des empoisonnements, des misères, de l’envie, de l’humeur noire et de la mort violente.
Le Bélier et le Scorpion sont les maisons chéries de Mars ; le Taureau et la Balance, celles de Vénus ; les Gémeaux et la Vierge, celles de Mercure ; le Sagittaire et les Poissons, celles de Jupiter ; le Capricorne et le Verseau, celles de Saturne ; le Lion, celle du Soleil ; l’Écrevisse, celle de la Lune.
Il faut examiner avec soin les rencontres des planètes avec les constellations. Si Mars, par exemple, se rencontre avec le Bélier à l’heure de la naissance, il donne du courage, de la fierté et une longue vie ; s’il se trouve avec le Taureau, richesses et courage. En un mot, Mars augmente l’influence des constellations avec lesquelles il se rencontre, et y ajoute la valeur et la force. — Saturne, qui donne les peines, les misères, les maladies, augmente les mauvaises influences et gâte les bonnes. Vénus, au contraire, augmente les bonnes influences et affaiblit les mauvaises. — Mercure augmente ou affaiblit les influences suivant ses conjonctions : s’il se rencontre avec les Poissons, qui sont mauvais, il devient moins bon ; s’il se trouve avec le Capricorne, qui est favorable, il devient meilleur. — La Lime joint la mélancolie aux constellations heureuses ; elle ajoute la tristesse ou la démence aux constellations funestes. — Jupiter, qui donne les richesses et les honneurs, augmente les bonnes influences et dissipe à peu près les mauvaises. — Le Soleil ascendant donne les faveurs des princes ; il a sur les influences presque autant d’effet que Jupiter ; mais descendant il présage des revers.
Ajoutons que les Gémeaux, la Balance et la Vierge donnent la beauté par excellence ; le Scorpion, le Capricorne et les Poissons donnent une beauté médiocre. Les autres constellations donnent plus où moins là laideur, — La Vierge, la Balance, le Verseau et les Gémeaux donnent une belle voix ; l’Écrevisse, le Scorpion et les Poissons donnent une voix nulle où désagréable. Les autres constellations n’ont pas d’influence sur la voix.
Si les planètes et les constellations se trouvent à l’orient à l’heure de l’horoscope, on éprouvera leur influence au commencement de là vie ou de l’entreprise ; on l’éprouvera au milieu si elles sont au haut du ciel, et à la fin si elles sont à l’occident.
Afin que l’horoscope ne trompe point, il faut avoir soin d’en commencer les opérations précisément à là minute où l’enfant est né, ou à l’instant-précis d’une affaire dont ou veut savoir les suites. — Pour ceux qui n’exigent pas une exactitude si sévère, il y a des horoscopes tout dressés, d’après les constellations de la naissance. Voy. Horoscopes.
Tels sont en peu de mois, les principes de cet art, autrefois si vanté, si universellement répandu, et maintenant un peu tombé en désuétude. Les astrologues conviennent que le globe roule si rapidement, que la disposition des astres change en un moment. Il faudra donc, pour tirer les horoscopes, que les sages-femmes aient soin de regarder attentivement les horloges, de marquer exactement chaque point du jour, et de conserver à celui qui naît ses étoiles comme son patrimoine. « Mais combien dé fois, dit Barclay, le péril des mères empêche-t-il ceux qui sont autour d’elles de songer à cela ! Et combien de fois ne se trouve-t-il là personne qui soit assez superstitieux pour s’en occuper ! Supposez, cependant, qu’on y ait pris garde, si l’enfant est longtemps à naître, et si, ayant montré la tête, le reste du corps ne paraît pas de suite, comme il arrive, quelle disposition des astres sera funeste ou favorable ? sera-ce celle qui aura présidé à l’apparition de la tôle, ou celle qui se sera rencontrée quand l’enfant est entièrement né ?… »
Astrologues. Voici quelques anecdotes sur le compte des astrologues : Un valet, ayant volé son maître, s’enfuit avec l’objet dérobé. On mit des gens à sa poursuite, et, comme on ne le trouvait pas, on consulte un astrologue. Celui-ci, habile à deviner les choses passées, répondit que le valet s’était échappé parce que la lune s’était trouvée, à sa naissance, en conjonction avec Mercure, qui protégé les voleurs, et que de plus longues recherches seraient inutiles. Comme il disait ces mots, on amena le domestiqué, qu’on venait de prendre enfin, malgré la protection de Mercure.
Les astrologues tirent vanité de deux ou trois de leurs prédictions accomplies, quoique souvent, d’une manière indirecte, entre mille qui n’ont pas eu de succès, L’horoscope du poète Eschyle portait qu’il serait écrasé par la chute d’une maison ; il s’alla, dit-on, mettre en plein champ, pour éviter sa destinée ; mais un aigle, qui avait enlevé une tortue, la lui laissa tomber sur la tête, et il en fut tué. Si ce conte n’a pas été fait après coup, nous répondrons qu’un aveugle, eu jetant au hasard une multitude de flèches, peut atteindre le but une fois par hasard. Quand il y avait en Europe des milliers d’astrologues qui faisaient tous les jours de nouvelles prédictions, il pouvait s’en trouver quelques-unes que l’événement, par cas fortuit, justifiait ; et celles­-ci, quoique rares, entretenaient la crédulité que des millions de mensonges auraient du détruire.
L’empereur Frédéric-Barberousse, étant sur le point de quitter Vicence, qu’il venait de prendre d’assaut, défia le plus fameux astrologue de deviner par quelle porte il sortirait le lendemain. Le charlatan répondit au défi par un tour de son métier : il remit à Frédéric un billet cacheté, lui recommandant de ne l’ouvrir qu’après sa sortie. L’empereur fit abattre, pendant la nuit, quelques toises de mur, et sortit par la brèche. Il ouvrit ensuite le billet, et ne fut pas peu surpris d’y lire ces mots : — « L’empereur sortira par la porte neuve. » C’en fut assez pour que l’astrologue et l’astrologie lui parussent infiniment respectables.
Un homme que les astres avaient condamné en naissant à être tué par un cheval avait grand soin de s’éloigner dès qu’il apercevait un de ces animaux. Or, un jour qu’il passait dans une rue, une enseigne lui tomba sur la tête, et il mourut du coup : c’était, dit le conte, l’enseigne d’une auberge où était représenté un cheval noir.
Mais il y a d’autres anecdotes : Un bourgeois de Lyon, riche et crédule, ayant fait dresser son horoscope, mangea tout son bien pendant le temps qu’il croyait avoir à vivre. N’étant pas mort à l’heure que l’astrologue lui avait assignée, il se vit obligé de demander l’aumône, ce qu’il faisait en disant : — «Ayez pitié d’un homme qui a vécu plus longtemps qu’il ne croyait. »
Une dame pria un astrologue de deviner un chagrin qu’elle avait dans l’esprit. L’astrologue, après lui avoir demandé l’année, le mois, le jour et l’heure de sa naissance, dressa, la figure de son horoscope, et dit beaucoup de paroles qui signifiaient peu de chose, lui dame lui donna une pièce de quinze sous. — « Madame, dit alors l’astrologue, je découvre encore dans Votre horoscope que vous n’êtes pas riche. — Cela est vrai, répondit-elle. — Madame, poursuivit-il on considérant de nouveau les figures des astres, n’avez-vous rien perdu ? — J’ai perdu, lui dit-elle, l’urgent que je viens de vous donner. »
Darah, l’un des quatre fils du Grand Mogol Schah-Géhan, ajoutait beaucoup de foi aux prédictions des astrologues. Un de ces doctes lui avait prédit, au péril de sa tête, qu’il porterait la couronne. Darah comptait là-dessus. Comme on s’étonnait que cet astrologue osât garantir sur sa vie un événement aussi incertain : — « Il arrivera de deux choses l’une, répondit-il, ou Darah parviendra au trône, et ma fortune est faite ; ou il sera vaincu : dès lors sa mort est certaine, et je ne redoute pas sa vengeance. »
Heggiage, général arabe sous le calife Valid, consulta, dans sa dernière maladie, un astrologue qui lui prédit une mort prochaine. — « Je compte tellement sur votre habileté, lui répondit Heggiage, que je veux vous avoir avec moi dans l’autre monde, et je vais vous y envoyer le premier, afin que je puisse me servir de vous dès mon arrivée. » Il lui fit couper la tête, quoique le temps fixé par les astres ne fut pas encore arrivé.
L’empereur Manuel, qui avait aussi des prétentions à la science de l’astrologie, mit en mer, sur la foi des astres, une flotte qui devait faire des merveilles et qui fut vaincue, brûlée et coulée bas.
Henri VII, roi d’Angleterre, demandait à un astrologue s’il savait où il passerait les fêtes de Noël. L’astrologue répondit qu’il n’en savait rien. — « Je suis donc plus habile que Loi, répondit le roi, car je sais que tu les passeras dans la Tour de Londres. » Il l’y fit conduire en même temps. Il est vrai que c’était une mauvaise raison.
Un astrologue regardant au visage Jean Galéas, duc de Milan, lui dit : — « Seigneur, arrangez vos affaires, car vous ne pouvez vivre longtemps. — Comment le sais-tu ? lui demanda le duc. — Par la connaissance des astres. — Et toi, combien dois-tu vivre ? — Ma planète me promet une longue vie. — Oh bien ! tu vas voir qu’il ne faut pas se fier aux planètes ; » et il le fit pendre sur-le-champ.
Astronomancie, divination par les astres. C’est la même chose que l’astrologie.
Astyle, centaure et devin fameux, voulut détourner ses frères de s'engager dans la guerre des Lapithes; mais, prévoyant les suites de cette querelle, il les abandonna, et prit le parti de se retirer avec son ami Nessus.
Asuman, génie qui, suivant la superstition des mages, présidait à tout ce qui arrivait le 27ème de chaque mois. Ils croyaient que c'était le même que l'ange de la mort.
Asweith. Voy. Asmund
Até, fille de Jupiter, déesse malfaisante, odieuse aux mortels et au dieux, dont l'unique occupation était de troubler l'esprit des humains pour les livrer au malheur. Junon ayant trompé Jupiter en faisant naitre Eurysthée avant Hercule, le dieu tourna tout son ressentiment contre Até, comme auteur de tout le mal. Jupiter la saisit par les cheveux, la précipita sur la terre, et fit serment qu'elle ne rentrerait jamais dans les cieux. Depuis ce temps, elle parcourt la terre avec une célérité incroyable, et se plaît dans les injustices et les calamités des mortels. Les Lites, ou Prières, ses sœurs, filles de Jupiter comme elle, la suivent en boitant, et tâchent de réparer les maux qu'elle fait.
Athénagore (né vers 175/180) était un apologiste et philosophe chrétien de la seconde moitié du IIe siècle.
Tout ce que l'on sait de lui est qu'il fut un philosophe athénien et qu'il se convertit au christianisme. Deux traités seulement ont été conservés sous son nom : sa Supplique au sujet des chrétiens et un traité Sur la résurrection des morts. Les seules allusions à son égard de la littérature chrétienne sont des citations de la Supplique dans un fragment de Méthode d'Olympe et des détails biographiques peu fiables dans les fragments de l'Histoire chrétienne de Philippe de Side.
Ses écrits comportent les preuves d'érudition et de culture, de maîtrise de la philosophie et de la rhétorique, une bonne appréciation de l'atmosphère intellectuelle de son époque, et de tact et délicatesse dans la lutte contre ses puissants adversaires en religion.
La Supplique au sujet des chrétiens, dont la date d'écriture peut être fixée à 176 ou 177, n'était pas une défense orale du christianisme, mais une défense écrite destinée à la chancellerie impériale ou, plus vraisemblablement, à la publication, présentée par un philosophe sur des motifs philosophiques, à l'adresse des empereurs romains Marc Aurèle et Commode, vainqueurs à la guerre contre les Arméniens et les Sarmates, « mais, par-dessus tout, philosophes ». Il se plaint tout d'abord de l'injuste discrimination dont sont l'objet les Chrétiens et les calomnies qu'ils doivent supporter (ch. I-III), puis combat la charge d'athéisme (IV). Il établit le principe du monothéisme, citant des poètes et philosophes païens pour défendre les doctrines pour lesquelles les Chrétiens sont condamnés (V-VI), et démontre la supériorité de la foi chrétienne en Dieu par rapport aux croyances païennes (VII-VIII). Cette première démonstration rationnelle de l'unité de Dieu dans la littérature chrétienne est augmentée d'une exposition du futur dogme de la Trinité: « un Dieu Père, un Dieu Fils, et l'Esprit saint ».
Prenant ensuite la défensive, l'apologiste justifie l'incroyance chrétienne envers les divinités nationales (XII-XIV) sur le principe de son absurdité et de son indécence, citant longuement les poètes et philosophes païens pour illustrer sa défense (XV-XXX). Finalement, il combat la charge d'immoralité en exposant l'idéal chrétien de pureté, même en pensée, et la sainteté inviolable du institution maritale. La charge de cannibalisme est réfutée en montrant le respect des Chrétiens pour la vie humaine, qui les pousse entre autres à refuser les spectacles sanglants du cirque et à rejeter l'avortement (XXXI-XXXVI).
Le traité Sur la résurrection des morts, première exposition de cette doctrine dans la littérature chrétienne, fut écrit un peu plus tard que la Supplique, qui semble même l'annoncer. Athënagoras apporte à la défense de sa doctrine ce que la philosophie contemporaine pouvait comporter de meilleur. Après avoir réfuté les fréquentes objections de son époque (ch. I), il démontre la possibilité de la résurrection d'abord par la puissance du Créateur (II-III), puis par la nature du corps humain (IV-VIII). Exercer de tels pouvoirs n'est ni un déni de Dieu ni injuste envers les autres créatures (IX-XI). Il montre que la nature et la cause finale de l'homme demande la perpétuation de la vie de l'âme et du corps (XII-XXV). Il est possible que le traité ait été dirigé contre les croyances gnostiques en une résurrection purement spirituelle, ou réduite à la survie de l'âme détachée de son corps périssable. Son attribution à Athënagoras, donnée par la tradition manuscrite, a été mise en doute par R.M. Grant, puis N. Zeegers, mais défendue par B. Pouderon, et reconnue comme l'hypothèse la plus probable par D. Rankin (ouvrages cités ci-dessous).
Athénaïs, sibylle d’Érythrée. Elle prophétisait du temps d’Alexandre.
Athénodore, philosophe stoïcien du siècle d’Auguste. On conte qu’il y avait à Athènes une fort belle maison où personne n’osait demeurer, à cause d’un spectre qui s’y montrait la nuit. Athénodore, étant arrivé dans cette ville, ne s’effraya point de ce qu’on disait de la maison décriée, et l’acheta.
La première nuit qu’il y passa, étant occupé a écrire, il entendit tout à coup un bruit de chaînes, et il aperçut un vieillard hideux, chargé de fers, qui s’approchait de lui à pas lents. Il continua d’écrire, Le spectre l’appelant du doigt, lui lit signe de le suivre. Athénodore répondit à l’esprit, par un autre signe, qu’il le priait d’attendre, et continua son travail ; mais le spectre lit retentir ses chaînes à ses oreilles, et l’obséda tellement, que le philosophe, fatigué, se détermina a voir l’aventure. Il marcha avec le fantôme, qui disparut dans un coin de la cour, Athénodore étonné arracha une poignée de gazon pour reconnaître le lieu, rentra dans sa chambre, et, le lendemain, il lit part aux magistrats de ce qui lui était arrivé. On fouilla dans l’endroit indiqué ; on trouva les os d’un cadavre avec des chaînes, on lui rendit les honneurs de la sépulture, et, dès ce moment, ajoute-t-on, la maison fut tranquille. Voy. Ayola et Arignote.
Atinius, homme du peuple, dont Tite-Live, raconte cette anecdote: le matin d'un jour qu'on avait représenté les grands jeux, un maître avait conduit un de ses esclaves à travers le cirque, en le faisant frapper rudement à coups de verges; aussitôt après on avait commencé les jeux. quelques jours s'écoulent, Jupiter Capitolin apparaît la nuit à cet Atinius, et lui ordonne d'aller dire de sa part aux consuls: Jupiter n'a pas été content de celui qui menait la danse dans les derniers jeux; qu'on ait à lui donner un autre danseur, et qu'on recommence la fête; autrement, on s'en trouvera mal. Le romain, à son réveil, regardant son rêve comme une vaine illusion, craignit de se rendre ridicule, et n'alla pas se présenter devant les magistrats. Son fils, sans être malade, mourut subitement. La nuit suivante, nouvelle apparition. Jupiter lui demanda s'il se trouvait bien d'avoir méprisé l'ordre des dieux, et ajouta que s'il n'obéissait, il lui arriverait encore pis. Atinius, continuant de trainer la chose en longueur, fut frappé lui-même d'une paralysie qui lui ôta l'usage de ses membres; alors, il se fit porter en chaise au sénat, et raconta ce qui lui était arrivé. Il n'eut pas plutôt fini son récit, que l'usage de ses membres lui fut rendu. En réfléchissant sur toutes ces circonstances, la superstition retrouva le mauvais danseur dans l'esclave battu. Le maître fut recherché, puni, et un décret exprès ordonna de nouveaux jeux, dont la dépense fut portée au double des jeux précédents. Ces 2èmes jeux furent célèbres sous le consulat de C. Julius et de P. Pinarius, l'an de Rome 265, et avant J.-C. 487.    
Atré, divinité malfaisante, que les anciens Saxons n'honoraient que par crainte.
Atropos, une des trois Parques, coupait le fil qui mesurait la durée de la vie de chaque mortel. Les uns ont dérivé ce nom de l'hébreu tarap, qui signifie couper; les autres l'ont expliqué  par la Divinité sans raison et sans choix, parce qu'elle frappe indistinctement tous les hommes. Le sens le plus naturel est inflexible; d'a privatif, et de trépein, tourner. Dans les concerts que les trois sœurs formaient avec les Sirènes, Atropos chantait les événements à venir. Suivant Plutarque, placée dans la sphère su soleil, elle avait soin du globe terrestre, répandait sur la terre les premiers principes de la vie, et, par des révolutions particulières et utiles, en maintenait l'harmonie générale et en conservait l'ensemble. Les Platoniciens, enchérissant sur ces subtilités, assuraient que cet écrivain avait eu raison de placer Atropos dans le lieu le plus élevé, parce que la première sphère ne reçoit aucun mouvement, et est, pour ainsi dire, inconvertible, suivant l'étymologie du nom de la Parque qui la gouverne. Elle était représentée comme très âgée, avec un vêtement noir et lugubre, analogue à la sévérité de ses fonctions; près d'elle on voit plusieurs pelotons plus ou moins garnis, suivant la longueur ou la brièveté de la vie de ceux dont ils doivent mesurer les jours. Hésiode la peint comme la plus féroce des trois, et si violente, que souvent elle se déchire elle-même. Dans le tableau de Restout qui représente la demande d'Orphée à Pluton, on la distingue qui regarde attentivement le monarque infernal, pour savoir si elle peut renouer le fil des jours d'Eurydice.
Attila, dit le Fléau de Dieu, que saint Loup, évêque de Troyes, empêcha de ravager la Champagne. Comme il s’avançait sur Rome pour la détruire, il eut une vision : il vit en songe un vieillard vénérable, vêtu d’habits sacerdotaux, qui, l’épée nue au poing, le menaçait de le tuer s’il résistait aux prières du saint pape Léon. Le lendemain, quand le Pape vint lui demander d’épargner Rome, il répondit qu’il le ferait, et ne passa pas plus avant. Paul Diacre dit, dans le livre XV de son Histoire de la Lombardie, que ce vieillard merveilleux n’était autre, selon l’opinion générale, que saint Pierre, prince des apôtres. — Des légendaires ont écrit qu’Attila était fils du démon.
Attouchement, Pline dit que Pyrrhus guérissait les douleurs de rate en touchant les malades du gros doigt de son pied droit ; et l’empereur Adrien, en touchant les hydropiques du bout de l’index, leur faisait sortir l’eau du ventre. Beaucoup de magiciens et de sorciers ont su produire également des cures merveilleuses par le simple attouchement. Voy. Chaumes, Écrouelles, etc.
Aubigné (Nathan d’), en latin Albineus, fils du fameux huguenot d’Aubigné. Il était partisan de l’alchimie. Il a publié, sous le titre de Bibliothèque chimique, un recueil de divers traités, recherché par ceux qui croient à la pierre philosophale.
Aubrey (Jean), Alberius, savant antiquaire anglais, mort en 1700, Il a donné, en 1696, un livre intitulé Mélanges sur les sujets suivants : Fatalité de jours, fatalité de lieux, présages, songes, apparitions, merveilles et prodiges ; réimprimé en 1721, avec des additions.
Aubry (Nicole), jeune fille de Vervins, dont la possession a fait, très-grand bruit au treizième siècle. À l’âge de seize ans, étant allée prier sur la tombe de son père, l’esprit de cet homme lui apparut, sortant du tombeau, еt lui prescrivit combien elle devait faire dire de messes pour le repos de son âme. Elle exécuta ponctuellement tout ce qui lui était recommandé ; mais, malgré son exacte, obéissance, elle n’en continua pas moins à être tous les jour visitée par cet esprit, qui finit-par lui-avouer qu’il était un démon. Ce démon la transporta en divers lieux et l’enleva même devant de nombreux témoins, ce qui fit reconnaître évidemment qu’elle en était possédée. L’évêque de Laon la fit exorciser, et ce fut pendant trois mois sans résultat. Dix hommes, et quelquefois plus, la tenaient durant les exorcismes, et elle leur était arrachée à la vue de la foule. Des notaires publics dressaient les procès-verbaux de ces faits, qui se sont répétés deux siècles plus tard sur la tombe du diacre Paris, et qui, dans l’une et l’autre affaire, ont été constatés dans toutes les formes et avec toutes les garanties désirables. La science humaine a barboté autour de ces monstrueux phénomènes sans pouvoir les expliquer. En même temps que cette puissance qui, dans une jeune fille, rendait vains les efforts de quinze ou seize hommes robustes, Nicole Aubry parlait plusieurs langues, découvrait les choses les plus secrètes et voyait ce qui se passait à quelques lieues d’elle.
Cette première période-des exorcismes avait eu lieu à Vervins ; l’évêque, étonné, fit venir la jeune fille à Laon, où il l’exorcisa lui-même dans la cathédrale remplie continuellement à ce sujet de dix à douze mille spectateurs. Ce n’était plus un seul démon qui s’était installé dans Nicole Aubry. C’était dès lors, sans aucun doute, par la permission de Dieu, toute une légion d’esprits mauvais ; et il y eut des scènes si étranges, que le Parlement de Paris et l’Université envoyèrent des commissaires à Laon ; le nonce du pape y vint aussi. Les démons, voyant ce concours, en devinrent plus insolents : ils insultaient les exorcistes et l’évêque lui-même ; mais ils né ménageaient pas les protestants, qui demandèrent qu’on emprisonnât la possédée. Un médecin, de leur secte, ayant tenté de l’empoisonner, on ne les écouta points Les démons, malgré eux probablement, turlupinaient la réforme pur des sarcasmes si incisifs, qu’ils eurent pour résultat la conversion d’un grand nombre de calvinistes, parmi lesquels nous citerons Florimond de Rémond, qui a laissé un nom dans les sciences historiques. Les démons enfin furent vaincus et la jeune fille délivrée. On a dit qu’ils étaient au nombre de vingt-neuf, en tête desquels étaient Belzébuth, qui était venu à elle sous la figure d’un taureau, Baltazo sous celle d’un mouton, Astaroth sous celle d’un porc, les autres sous forme de chats gros comme des brebis. — L’histoire de Nicole Aubry fut publiée par la Sorbonne, en français, en latin, en espagnol, en italien et en allemand. Elle avait tant de retentissement que Charles IX en voulut voir l’héroïne, qui lui fut présentée le 27 août 1506.
Celte histoire a été tellement dénaturée par les protestants, qui ont falsifie aussi de Loudun et quelques autres, qu’il est très-rare chez nous de la trouver exacte. Gorres l’a donnée, consciencieusement dans le tome IV de sa Mustique.
Audumla. Dans la mythologie nordique, Audumla (Audhumbla en vieux norrois) est la vache nourricière du premier être vivant : le géant Ymir.
Elle est née de la glace et de l'aurore du temps. De ses trayons coulaient quatre rivières de lait qui nourrissaient Ymir.
Du sel qu'elle léchait continuellement apparut un être, Buri, qui enfanta Bor. Ce dernier eut trois enfants avec la fille d'un géant de glace appelée Bestla. Ses fils s'appelaient Odin, Vili et Vé. Ils ne pouvaient supporter Ymir et le tuèrent.
Ils se servirent de sa dépouille pour créer le monde : de ses cheveux, ils firent les arbres ; de sa chair, ils firent la terre ; avec son sang, ils remplirent les océans ; et de ses os, ils élevèrent les montagnes. Les larves qui avaient rongé le cadavre d'Ymir servirent à Odin pour créer les nains. Audhumbla peut être vu comme étant le néant cosmique dans lequel l'univers s'est créé, et Odin, Vili et Vé les trois forces qui donnèrent naissance à l'univers. La destruction (ou plutôt explosion) d'Ymir par Odin, la rétention (ou plutôt gravité) par Thor (Vili) et l'équilibre entre ces deux forces par Freyr (). Cette interprétation permet de rapprocher ce mythe de la Trimūrti hindoue.
L'interprétation la plus probable est qu'Audhumbla représente la Voie Lactée, premièrement car des mythes liés au lait sont répandus dans les mythologies anciennes, dont celui d'Héraclès buvant le sein d'Héra, et deuxièmement car il est question de 4 rivières et que la Voie Lactée est comparée à un affluent dans les autres mythes, mais surtout que ceci coïncide avec les 4 bras spiraux qui la forme. La fonction nourricière de la vache ou du lait peut être comparée à la fonction de ses bras qui contiennent une onde dense servant à la formation des étoiles.
Augerot d’Armore, sorcier. Voy. Chorropique.
Augures. Les augures étaient, chez les Romains, les interprètes des dieux. On les consultait avant toutes les grandes entreprises : ils jugeaient du succès par le vol, le chant et la façon de manger des oiseaux. On ne pouvait élire un magistrat, ni donner une bataille, sans avoir consulté l’appétit, des poulets sacrés ou les entrailles des victimes. Annibal pressant le roi Prusias de livrer bataille aux Romains, celui-ci s’en excusa en disant que les victimes s’y opposaient. — « C’est-à-dire, reprit Annibal, que vous préférez l’avis d’un mouton à celui d’un vieux général. »
Les augures prédisaient aussi l’avenir par le moyen du tonnerre et des éclairs, par les éclipses et par les présages qu’on tirait de l’apparition des comètes. Les savants n’étaient pas dupes de leurs cérémonies, et Cicéron disait qu’il ne concevait pas que deux augures pussent se regarder sans rire.
Quelques-uns méprisèrent, il est vrai, la science des augures ; mais ils s’en trouvèrent mal, parce que le peuple la respectait. On vint dire à Claudius Pulcher, prêt à livrer bataille aux Carthaginois, que les poulets sacrés refusaient de manger. — « Qu’on les jette à la mer, répondit-il, s’ils ne mangent pas, ils boiront. » Mais Famée fût indignée de ce sacrilège, et Claudius perdit la bataille.
Les oiseaux ne sont pas, chez nos bonnes gens, dépourvus du dori de prophétie. Le cri de la chouette annonce la mort ; le chant du rossignol promet de la joie ; le coucou donne de l’argent, quand on porte sur soi quelque monnaie le premier jour qu’on a le bonheur de l’entendre, etc.
Si une corneille vole devant vous, dit Cardan, elle présage un malheur futur ; si elle vole à droite, un malheur présent ; si elle vole à gauche, un malheur qu’on peut éviter par la prudence ; si elle vole sur votre tête, elle annonce la mort, pourvu toutefois qu’elle croasse ; si elle garde le silence, elle ne présage rien…
On dit que la science des augures passa des Chaldéens chez les Grecs, et ensuite chez les Romains. Elle est défendue aux Juifs par le chapitre xxix du Lévitique.
Gaspard Peucer dit que les augures se prenaient de cinq choses : 1° du ciel ; 2°dès oiseaux ; 3° des bêtes à deux pieds ; 4° des bêtes à quatre pieds ; 5° de ce qui arrive au corps humain, soit dans la maison, soit hors de la maison.
Mais les anciens livres auguraux, approuvés par Maggioli dans le deuxième colloque du supplément a ses Jours caniculaires, portent les objets d’augures a douze chefs principaux, selon le nombre des douze signes du zodiaque : 1° l’entrée d’un animal sauvage ou domestique dans une maison ; 2° la rencontre d’un animal sur la route ou dans la rue ; 3° la chute du tonnerre ; 4° un rat qui mange une savate, un renard qui étrangle une poule, un loup qui emporte une brebis, etc. ; 5° un bruit inconnu entendu dans la maison, et qu’on attribuait à quelque lutin ; 6° le cri de la corneille ou du hibou, un oiseau qui tombe sur le chemin, etc. ; 7° un chat ou tout autre animal qui entre par un trou dans la maison : on le prenait pour un mauvais génie ; 8° un flambeau qui s’éteint tout seul, ce que l’on croyait une malice d’un démon ; 9° le feu qui pétillé. Les anciens pensaient que Vulcain leur parlait alors dans le foyer ; 10° ils Liraient encore divers présages lorsque la flamme étincelait d’une manière extraordinaire ; 11° lorsqu’elle bondissait, ils s’imaginaient que les dieux Lares s’amusaient à l’agiter ; 12° enfin, ils regardaient comme un motif d’augure une tristesse qui leur survenait tout à coup.
Nous avons conservé quelques traces de ces superstitions, qui ne sont pas sans poésie.
Les Grecs modernes tirent des augures du cri des pleureuses à gages. Ils disent que si l’on entend braire un âne à jeun, on tombera infailliblement de cheval dans la journée, — pourvu toutefois qu’on aille à cheval. Voy. Ornithomancie, Aigle, Corneille, Hibou, Aruspices, etc.
Auguste. Leloyer rapporte, après quelques anciens, que la mère de l’empereur Auguste, étant enceinte de lui, eut un songe où il lui sembla que ses entrailles étaient portées dans le ciel, ce qui présageait la future grandeur de son fils. Ce nonobstant, d’autres démonographes disent, qu’Auguste était enfant du diable. — Les cabalistes n’ont pas manqué de faire de ce diable une salamandre.
Auguste était superstitieux ; Suétone rapporte que, comme on croyait de son temps que la peau d’un veau marin préservait de la foudre, il était toujours muni d’une peau de veau marin. Il eut encore la faiblesse de croire qu’un poisson qui sortait de la mer, sur le rivage d’Actium, lui présageait le gain d’une bataille. Suétone ajoute qu’ayant ensuite rencontré un ânier, il lui demanda le nom de son âne ; que l’ânier lui ayant répondu que son âne s’appelait Nicolas, qui signifie vainqueur des peuples, il ne douta plus de la victoire ; et que, par la suite, il fit ériger des statues d’airain à Panier, à l’âne et au poisson sautant. Il dit même que ces statues furent placées dans le Capitole.
On sait qu’Auguste fut proclamé dieu de son vivant, et qu’il eut des temples et des prêtres.
Augustin (saint), évêque d’Hippone, l’un des plus illustres Pères de l’Église. On lit dans Jacques de Varasc une gracieuse légende sur ce grand saint :
Un jour qu’il était plongé dans ses méditations, il vit passer devant lui un démon qui portait un livre énorme sur ses épaules. Il l’arrêta et lui demanda à voir ce que contenait ce livre. — C’est le registre dé tous les péchés des hommes, répond le démon ; je les ramasse où je les trouve, et je les écris à leur place pour savoir plus aisément ce que chacun me doit. — Montrez-moi, dit le pieux évêque d’Hippone, quels péchés j’ai faits depuis ma conversion ?… Le démon ouvrit le livre, et chercha l’article de saint Augustin, où il ne trouva que celle petite note : — « il a oublié tel jour de dire les compiles, » Le prélat ordonna au diable de l’attendre un moment ; il se-rendit à l’église, récita les complies, et revint auprès du démon, à qui il demanda de lire une seconde fois sa note. Elle se trouva effacée. — Ah ! vous m’avez joué, s’écria le diable,… mais on ne m’y reprendra plus… En disant ces mots, il s’en alla peu content.
Nous avons dit que saint Augustin avait réfuté le petit livre du Démon de Socrate, d’Apulée. On peut lire aussi de ce Père le traité de l’Antéchrist et divers chapitres de son admirable ouvrage de la Cité de Dieu qui ont rapport au genre de merveilles dont nous nous occupons.
Aumône. C'est une femme vêtue d'une longue draperie rouge, couleur symbolique de la Charité. Un voile transparent lui couvre la tête, parce qu'elle cherche à voir les besoins de l'infortune, sans être vue. Elle est couronnée d'une branche d'olivier. Près d'elle sont deux enfants qu'elle secourt; mais ses mains sont couvertes d'une draperie.  Le peuple croit, en Angleterre, que, pour les voyageurs qui ne veulent pas s’égarer dans leur route, c’est une grande imprudence de passer auprès d’une vieille femme sans lui donner l’aumône, surtout quand elle regarde en face celui dont elle sollicite la pitié  — Cette opinion, nous n’aurons pas le courage de la condamner.
Aupetit (Pierre), prêtre border du village de Fossas, paroisse de Paias, près la ville-de Chalus, en Limousin, exécuté à l’âge de cinquante ans, le 25 mai 1598. — Il rie voulut pas d’abord répondre au juge civil ; il en fut référé au parlement de Bordeaux, qui ordonna que le juge laïque connaîtrait de cette affairé, sauf à s’adjoindre un juge d’église. L’évêque de Limoges envoya un membre de l’officialité pour assister, avec le vice-sénéchal et le conseiller Peyrat, à l’audition du sorcier. — Interrogé s’il n’a pas été au sabbat de Mendras, s’il n’a pas vu Antoine Dumons de Saint-Laurent, chargé de fournir des chandelles pour l’adoration du diable ; si lui, Pierre Aupetit, n’a pas tenu le fusil pour les allumer, etc. ; il a répondu que non, et qu’à l’égard du diable, il priait Dieu de le garder de sa figure : ce qui était le langage ordinaire des sorciers. — Interrogé s’il ne se servait pas de graisses, et si, après le sabbat, il n’avait pas lu dans un livre pour faire venir une troupe de cochons qui criaient et lui répondaient : « Tiran, tiran, ramassien, ramassien, nous réclamons cercles et cernes pour faire l’assemblée que nous t’avons promise ; » il a répondu qu’il, ne savait ce qu’on lui demandait. — Interrogé s’il ne sait, pas embarrer ou désembarrer, et se rendre invisible étant prisonnier, il répond que non. — Interrogé s’il sait dire des messes pour obtenir la guérison des malades, il répond qu’il en sait dire en l’honneur des cinq plaies de Noire-Seigneur et de M. saint Côme.
Pour tirer de lui la vérité, selon les usages d’alors, on le menaça de la question. Il avoua alors qu’il était allé au sabbat ; qu’il lisait dans le grimoire ; que le diable, en forme de mouton, plus noir que blanc, se faisait baiser le derrière ; que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait appris le secret d’embarrer, d’étancher et d’arrêter le sang ; que son démon ou esprit familier s’appelait Belzébuth, et qu’il avait reçu en cadeau son petit doigt. Il déclara qu’il avait dit la messe en l’honneur de Belzébuth, et qu’il savait embarrer en invoquant le nom du diable et en mettant un liard dans une aiguillette ; il dit, de plus, que le diable parlait en langage vulgaire aux sorciers, et que, quand il voulait envoyer du mal à quelqu’un, il disait ces mots : « Vach, vech, stet, sty, stu ! » Il persista jusqu’au supplice dans ces ridicules révélations, mêlées d’indécentes grossièretés. Pour comprendre ces choses, voy. Sabbat.
Aurinie, druidesse dont les Germains vénéraient grandement la mémoire. Elle est antérieure à Velléda.
Aurore boréale, espèce de nuée rare, transparente, lumineuse., qui paraît la nuit, du côté du nord. On ne saurait croire, dit Saint-Foix, sous combien de formes l’ignorance et la superstition des siècles passés nous ont présenté l’aurore boréale. Elle produisait des visions différentes dans l’esprit des peuples, selon que ces apparitions étaient plus ou moins fréquentes, c’est-à-dire selon qu’on habitait des pays plus ou moins éloignés du pôle. Elle fut d’abord un sujet d’alarmes pour les peuples du Nord ; ils crurent leurs campagnes en feu et l’ennemi à leur porte. Mais ce phénomène devenant presque journalier, ils s’y sont accoutumés. Ils disent que ce sont des esprits qui se querellent et qui combattent dans les airs. Cette opinion est surtout très-accréditée en Sibérie.
Les Groenlandais, lorsqu’ils voient une aurore boréale, s’imaginent que ce sont les âmes qui jouent à la boule dans le ciel, avec une tête de baleine. Les habitants des pays qui tiennent le milieu entre les terres arctiques et l’extrémité méridionale de l’Europe n’y voient que des sujets tristes ou menaçants, affreux ou terribles ; ce sont dès armées en feu qui se livrent de sanglantes batailles, des têtes hideuses séparées de leurs troncs, des chars enflammés, des cavaliers qui se percent de leurs lances. On croit voir des pluies de sang ; on entend le bruit de la mousqueterie, le son des trompettes, présages funestes de guerre et de calamités publiques.
Voilà ce que nos pères ont aussi vu et entendu dans les aurores boréales. Faut-il s’étonner, après cela, des frayeurs affreuses que leur causaient ces sortes de nuées quand elles paraissaient ? — La Chronique de Louis XI rapporte qu’en 1465 on aperçut à Paris une aurore boréale qui fit paraître toute la ville en feu. Les soldats qui faisaient le guet en furent épouvantés, et un homme en devint fou. On en porta la nouvelle au roi, qui monta à cheval et courut sur les remparts. Le bruit se répandit que les ennemis qui étaient devant Paris se retiraient et mettaient le feu, à la ville. Tout le monde se rassembla en désordre, et on trouva que ce grand sujet de terreur n’était qu’un phénomène.
Ausitif, démon peu connu, qui est cité dans la possession de Loudun.
Auspice, espèce d'augure qui s'entend spécialement du vol et du chant des oiseaux. Romain: avium inspectio. Euripide n'en faisait pas grand cas. "Laissons, dit-il, l'art des auspices, invention propre à flatter la curiosité humaine, à fomenter la crédulité, ainsi qu'à enrichir ceux qui s'en servent. L'auspice le plus sûr est la raison et le bon sens. Voy. Augures, Aruspices, etc.
Automates. On croyait autrefois que ces ouvrages de l’art étaient l’œuvre du démon. Voy. Albert le Grand, Bacon, Enchantements, etc.
Autopsie, état dans lequel on avait un commerce intime avec les dieux; on se croyait revêtu de toute leur puissance, et l'on était persuadé qu'il n'y avait plus rien d'impossible. Cicéron prétend qu'on y révélait aux adeptes que des principes de morale et des vérités physiques. Voir: THEURGIE.
Autruche. Il est bien vrai qu’elle avale du fer, car elle avale tout ce qu’elle rencontre ; mais il n’est pas vrai qu’elle le-digère, et l’expérience a détruit cette opinion erronée. — Les traditions du moyen âge donnaient pour père à l’autruche un cygne et pour mère une chamelle.
Autun (Jacques d’). Voy. Chevannes.
Auxonne. On trouve dans le onzième tome des Causes célèbres l’histoire d’une possession qui eut lieu à Auxonne, au milieu du dix-septième siècle ; et l’attestation des faits a été signée par l’archevêque de Toulouse, l’évêque de Rennes, l’évêque de Rodez, l’évêque de Châlons-sur-Saône et par F. Morel, N. Cornet, Ph. Leroy, N. Grandin, tous docteurs de Sorbonne. Dix-huit femmes, les unes religieuses, les autres dû monde, se sont trouvées possédées, comme le reconnaissent les vénérables signataires de l’acte que nous citons, lequel porte la daté du 20 janvier 1652. La possession avait duré dix ans, avec des phases diverses. Toutes ces filles étaient pieuses et de mœurs pures. C’était donc une série d’épreuves. On nomme dans la déclaration authentique des faits Anne l’Écossaise, appelée sœur de la Purification ; Denise Parisot, servante du lieutenant général d’Auxonne ; la sœur M. Janini ; la sœur Humberte de Saint-François ; la sœur Marguerite de l’Enfant Jésus ; la sœur L. Arivey.
Elles étaient agitées de convulsions lorsqu’il leur fallait se confesser ; elles frémissaient à la vue du Saint-Sacrement ; elles proféraient des blasphèmes ; elles se sentaient enlevées, courbées en deux ; elles se frappaient le crâne aux piliers de l’église sans en rien souffrir. Elles étaient insensibles aux piqûres, aux brûlures. Lorsque les exorcismes eurent obtenu leur délivrance, l’une d’elles vomit un gros crapaud ; Anne l’Écossaise vomit un morceau de drap enveloppé d’un cercle de cuir ; une autre rejeta un rouleau de taffetas sur lequel étaient des caractères. L’évêque de Châlons-sur-Saône ayant ordonné au démon qui possédait Denise de sortir par une vitre qu’il lui désigna, la vitre se brisa aussitôt. Il se fit ainsi de ces choses qui sont au-dessus des forces humaines et qui ne peuvent être qu’œuvres de démons. — Personne, jusqu’ici, n’a contesté ces récits que nous ne donnons qu’en sommaire.
Avarice, elle est toujours peinte âgée, maigre, parfois hydropique, avec un teint pâle et livide, occupée à compter son argent, ou tenant une bourse étroitement serrée. On lui donne pour attribut une louve affamée. Dans les poètes, Tantale est l'emblème de l'avare. Pour exprimer qu'il ne fait du bien qu'en mourant, les Italiens lui ont donné comme devise une vipère, avec ces mots: "Offende viva, e risana morta" (Elle blesse pendant sa vie, et guérit après sa mort). On peut encore l'exprimer par une femme qui enfouit une corne d'abondance.
Avenar, astrologue qui promit aux Juifs, sur la foi des planètes, que leur Messie arriverait sans faute en 1414, ou, au plus tard, en 1464. Il donnait pour ses garants Saturne, Jupiter, l’Écrevisse et les Poissons. Tous les Juifs tinrent leurs fenêtres ouvertes pour recevoir l’envoyé de Dieu, qui n’arriva pas, soit que l’Écrevisse eût reculé, soit que les Poissons d’Avenar ne fussent que des poissons d’avril.
Avenir. C’est pour en pénétrer les secrets qu’on a inventé tant de moyens de dire la bonne aventure. Toutes les divinations ont principalement pour objet de connaître l’avenir.
Averne, marais et lac de Campanie, près de Bayes, consacrés à Pluton, d'où il sortait des exhalaisons si infectes, qu'on croyait que c'était l'entrée des Enfers, et que les oiseaux qui volaient au-dessus y tomberaient morts. Aussi les Anciens donnaient-ils le nom d'Averni à tous les endroits qui exhalaient des vapeurs infectes. C'est là qu'Homère a décrit Ulysse s'entretenant avec Tirésias; car, sur les bords de ce lac, dit-on, était l'oracle consacré aux ombres, qu'Ulysse vint consulter sur son retour. Strabon, raconte que l'infection de ce lac avait été causée en partie par les grands arbres, dont la cime, inclinée sur ses bords, formait une voûte impénétrable aux rayons du soleil. Il ajoute que, ces bois ayant été coupés par l'ordre d'Auguste, l'air se purifia et cessa de produire ces effets dangereux. Il est certain que les oiseaux volent aujourd'hui sans danger sur les eaux de ce lac, nommé maintenant, Lago di Tripergola.
Averroès, médecin arabe et le plus grand philosophe de sa nation, né à Cordoue dans le douzième siècle. Il s’acquit une si belle réputation de justice, de vertu, et de sagesse, que le roi de Maroc le fit jugé de toute la Mauritanie. Il traduisit Aristote en arabe, et composa plusieurs ouvrages sur la philosophie et la médecine. Quelques démonographes ont voulu le mettre au nombre des magiciens et lui donner un démon familier. Malheureusement, Averroès était un épicurien, mahométan pour la forme, et ne croyait pas à l’existence des démons. L’empereur de Maroc, un jour, lui fit faire amende honorable â la porte d’une mosquée, où tous les passants eurent permission de lui cracher au visage, pour avoir dit que la religion de Mahomet était une religion de pourceaux.
Aveux des sorciers. Les ennemis de l’Église disent que les aveux des sorciers ont été d’ordinaire, obtenus par la torture ; ce qui n’est pas exact. Les aveux tacites sont sans nombre. Ceux qui sont au diable, par possession ou, pacte, ne peuvent voir un prêtre, sans frémir, ni assistera la messe, ni rien supporter de ce qui est a Dieu. Ensuite la torture n’a jamais été exercée par l’Église, mais seulement, parla puissance civile.
Avicenne, célèbre médecin arabe, mort vers le milieu du onzième siècle, fameux par le grand nombre et l’étendue de ses ouvrages, et par sa vie aventureuse. On peut, en quelque sorte, le comparer à Agrippa. Les Arabes croient qu’il maîtrisait les esprits et qu’il, se faisait servir par des génies. Comme il rechercha la pierre philosophale, on dit encore, dans plusieurs contrées de l’Arabie, qu’il n’est pas mort ; mais que, grâce à l’élixir de longue vie et à l’or potable, il vit dans une retraite ignorée avec une grande puissance. — Il a composé divers livres d’alchimie recherchés, des songe-creux. Son traité de la Congélation de la pierre et son Tractatulus de alchimia se trouvent dans les deux premiers volumes de l’Ars aurifera, Bâle, 1610. Son Ars chimica a été imprimé â Berne, 1572. On lui attribue encore deux opuscules hermétiques insérés dans le Theatrum chimicum, et un volume in-8°, publié à Bâle, en 1572, sous le titre de la Porte des éléments, Porta elementorum. — Les livres de secrets merveilleux s’appuient souvent du nom d’Avicenne pour les plus absurdes recettes.
Axaphat, démon invoqué dans les litanies du sabbat.
Axinomancie, divination par le moyen d’une hache ou cognée de bûcheron. François de Torre-Blanca, qui en parle, ne nous dit pas comment les devins maniaient la hache. Nous ne ferons donc connaître que les deux moyens employés ouvertement dans l’antiquité et pratiqués encore dans certains pays du Nord.
1° Lorsqu’on veut découvrir un trésor, il faut se procurer une agate ronde, faire rougir au feu le fer de la hache, et la poser de manière que le tranchant soit bien perpendiculairement en l’air. On place la pierre d’agate sur le tranchant. Si elle s'y lient, il n’y a pas de trésor ; si elle tombe, elle roule avec rapidité. On la replace trois fois, et si elle roule trois fois vers le même lieu, c’est qu’il y a un trésor dans ce lieu même ; si elle prend à chaque fois une route différente, on peut chercher ailleurs.
2° Lorsqu’on veut découvrir des voleurs, on pose la hache à terre ; le fer en bas et le bout du manche perpendiculairement en l’air ; on danse en rond alentour jusqu’à ce que le bout du manche s’ébranle et que la hache s’étende sur le sol : le bout du manche indique la direction qu’il faut prendre pour-aller à la recherche des voleurs. Quelques-uns disent que pour cela il faut que le fer de la hache soit fiché en un pot rond : « Ce qui est absurde tout à fait, comme dit Delancre ; car quel moyen de ficher une cognée dans un pot rond, non plus que coudre ou rapiécer ce pot, si la cognée l’avait une fois mis en pièces ? »
Aym. Voy. Haborym.
Aymar (Jacques), paysan né à Saint-Véran, en Dauphiné, le 8 septembre 1662, entre minuit et une heure. De maçon qu’il était, il se rendit célèbre par l’usage de la baguette divinatoire. Quelques-uns, qui donnaient dans l’astrologie, ont attribué son rare talent à l’époque précise de sa naissance ; car son frère, né dans le même mois, deux ans plus tard, ne pouvait rien faire avec la baguette. Voy. Baguette divinatoire.
Aymon (les quatre fils ).  La Chanson des quatre fils Aymon, également intitulée Chanson de Renaud de Montauban en référence à son personnage principal, est à l'origine une chanson de geste issue du cycle carolingien. Jouée à la cour des puissants par les trouvères et les jongleurs, elle est transcrite dans la littérature médiévale à partir du XIIIe siècle. Cette histoire aux thèmes chevaleresques tient son nom de quatre preux nommés Aalard, Renaud, Richard et Guichard, fils du comte Aymon de Dordone. Renaud de Montauban en est le protagoniste, avec l'enchanteur et voleur Maugis, et le cheval-fée Bayard. Le récit raconte le conflit qui oppose les fils Aymon, vassaux de l'empereur Charlemagne, à ce dernier. Renaud tue Bertolai, neveu favori de Charlemagne, lors d'une partie d'échecs. L'empereur des Francs fait raser en représailles la forteresse des fils Aymon, Montessor, dans les Ardennes. Il les poursuit en Gascogne, où ils sont devenus maîtres de la forteresse de Montauban. Les fils Aymon restent loyaux, tandis que leur adversaire use souvent de traîtrise. Il leur tend un piège en les envoyant affronter, désarmés, plusieurs armées durant la bataille de Vaucouleurs. Roland et les douze Pairs de Charlemagne finissent par convaincre leur empereur de négocier la paix avec les fils Aymon. Charlemagne exige toutefois la remise du cheval Bayard et la réalisation d'un pèlerinage à Jérusalem par Renaud. Jeté dans la Meuse, le cheval parvient à s'enfuir dans la forêt ardennaise. La Chanson s'achève sur le martyre de Renaud, assassiné pendant la construction de la cathédrale de Cologne et sanctifié après sa mort.
Ce récit légendaire est d'origine française, et trouve quelques racines historiques dans l'époque mérovingienne. L'histoire des fils Aymon connaît une très vaste diffusion dans de nombreux pays d'Europe, notamment en Belgique, en Italie, en Allemagne et dans les Flandres, grâce à l'invention de l'imprimerie. L'apogée va de la Renaissance au XIXe siècle, avec de multiples adaptations, en vers et en prose, dans la littérature de colportage, au théâtre, ou lors de fêtes et de carnavals. De nombreuses localités revendiquent des toponymes issus des personnages de cette chanson, des reliques des quatre frères, la filiation de seigneurs avec ces derniers, ou encore la possession de forteresses des fils Aymon. Ces personnages ont leurs effigies parmi les géants du Nord dès le XVIe siècle. L'histoire des Quatre Fils Aymon se fait plus discrète depuis le XXe siècle, mais de nombreuses traditions perdurent, en particulier dans les Ardennes françaises et en Belgique.
Ils avaient un cheval merveilleux. Voy. Bayard.
Aynas, mauvais démons, ennemis des Coudais, qui sont les dieux des Tartares.
Ayola (Vasques de). Vers 1570, un jeune homme nommé Vasques de Ayola étant allé à Bologne, avec deux de ses compagnons, pour y étudier en droit, et n’ayant pas trouvé de logement dans la ville, ils habitèrent une grande et belle maison, abandonnée parce qu’il y revenait un spectre qui épouvantait tous ceux qui osaient y loger ; mais ils se moquèrent de tous ces récits et s’y installèrent.
Au bout d’un mois, Ayola veillant un soir seul dans sa chambre, et ses compagnons dormant tranquillement dans leurs lits, il entendit de loin un bruit de chaînes, qui s’approchait et qui semblait venir de l’escalier de la maison ; il se recommanda à Dieu, prit un bouclier, une épée, et, tenant sa bougie en main, il attendit le spectre, qui bientôt ouvrit la porte et parut. C’était un squelette qui n’avait que les os ; il était, avec cela, chargé de chaînes. Ayola lui demanda ce qu’il souhaitait. Le fantôme, selon l’usage, lui fit signe de le suivre. En descendant l’escalier, la bougie s’éteignit. Ayola eut le courage d’aller la rallumer, et marcha derrière le spectre, qui le mena le long d’une cour où il y avait un puits. Il craignit qu’il ne voulût l’y précipiter, et s’arrêta. L’esprit lui fit signe de continuer à le suivre ; ils entrèrent dans le jardin, où la vision disparut. — Le jeune homme arracha quelques poignées d’herbe, pour reconnaître l’endroit ; il alla ensuite raconter à ses compagnons ce qui lui était arrivé, et, le lendemain matin, il en donna avis aux principaux de Bologne. Ils vinrent sur les lieux et y firent fouiller. On trouva un corps décharné, chargé de chaînes. On s’informa qui ce pouvait être ; mais on ne put rien découvrir de certain. On fit faire au mort des obsèques convenables ; on l’enterra, et depuis ce temps la maison ne fut plus inquiétée. Ce fait est rapporté par Antoine de Torquemada, dans son Hexaméron.
Ayperos. est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
Le Lemegeton le mentionne en 22e position de sa liste de démons. Selon l'ouvrage, Ipos est un prince et comte de l’Enfer. Il apparaît sous la forme d'un ange, avec la tête d'un lion, les pattes d'une oie et une queue de lièvre. Il connaît le passé, le présent et l'avenir. Il donne du génie et de l'audace aux hommes. Il commande à trente-six légions d'esprits.
La Pseudomonarchia Daemonum le mentionne en 16e position de sa liste de démons et lui attribue des caractéristiques similaires, si ce n'est que l'ouvrage affirme qu'il se présente soit comme un ange, soit sous la forme d'un lion avec les pattes d'une oie et une queue de lièvre. C’est le même qu’Ipès. Voy. ce mot.
Azael, ange révolté, suivant la prétendue prophétie d'Hénoch, à qui Dieu fit lier les mains et les pieds par l'archange Raphael, avec ordre de le jeter dans un endroit obscur du désert, et de l'y tenir attaché sur des pierres pointues jusqu'au dernier jour.
 Azariel, ange qui, selon les rabbins du Talmud, a la surintendance des eaux de la terre. Les pêcheurs l’invoquent pour prendre de gros poissons. 
Azazel, démon du second ordre, gardien du bouc. À la fête de l’Expiation, que les Juifs célébraient le dixième jour du septième mois, on amenait au grand prêtre deux boucs qu’il tirait au sort : l’un pour le Seigneur, l’autre pour Azazel Celui sur qui tombait le sort du Seigneur était immolé, et son-sang servait pour l’expiation. Le grand prêtre niellait ensuite ses deux mains sur la tête de l’autre, confessait ses péchés et ceux du peuple, en chargeait cet animal, qui était alors conduit dans le désert et mis en liberté ; et le peuple, ayant laissé au bouc d’Azazel, appelé aussi le bouc émissaire, le soin de ses iniquités, s’en retournait en silence. — Selon Milion, Azazel est le premier porte-enseigne des armées infernales. C’est aussi le nom du démon dont se servait, pour ses prestiges, l’hérétique Marc.
Azer, l'ange du feu élémentaire et de tout ce qui se fait avec le feu, suivant les Guèbres. Azer est encore le nom du père de Zoroastre.
Aziel, l’un des démons évoqués par Faust.
Azote. L’aspiration de l’oxyde d’azote fait sur les sens l’effet du haschisch sur le cerveau. Elle amène des illusions.
Azourcheb, selon les traditions des mages de la Perse, est le plus grand de tous les anges. Il avait un temple à Balkh, dans le Korassan.
Azraël ou Azraïl, l'ange de la mort. Cet ange, passant un jour près de Salomon, sous une forme visible, regarda attentivement une personne assise auprès du roi. Celui-ci demanda qui il était, et apprenant de Salomon que c'était l'ange de la mort, dit: "Il semble m'en vouloir; ordonnez, de grâce, au vent de m'emporter dans l'Inde"; ce qui fut fait dans l'instant. Alors, l'ange dit à Salomon: "Il n'est pas étonnant que j'aie considéré cet homme avec tant d'attention; j'avais ordre de prendre son âme dans l'Inde, lorsque que l'ai trouvé près de toi en Palestine." C'est ainsi que Mahomet prouve que nul ne sait en quel pays il doit terminer ces jours.   Voy. Mort, Âme, etc.

                                                                      B
Baal, (hébreu : בָּעַל, Báʿal, qui signifie seigneur, arabe : بعل, Ba,al), akkadien : Bēl, phénicien : בעלת Baʿalat, בַּעֲלָה (Baʿalāh, en hébreu) au féminin, est un dieu sémitique, cananéen, puis phénicien, qui, sous les dynasties des Ramsès, est assimilé dans la mythologie égyptienne à Seth et à Montou.
Le terme Baal n'est pas à l'origine religieux : cet appellatif répandu dans de nombreuses langues sémitiques dénote un être respectable, le seigneur, le maître, le propriétaire ou parfois l'époux. Ce titre est particulièrement appliqué à une divinité de l'orage et de la fertilité proche-orientale, nommée Melqart en Phénicie ou Adad en Syrie. De nombreux noms de rois sont également précédés de cette particule. Le mot n'était d'ailleurs pas utilisé qu'à des fins honorifiques ; l'exemple ba‘lāh hārišôn (l'ex-mari, le veuf) démontre la portée très large de ce mot. Un rabbin particulièrement reconnu était appelé Baal Shem Tov.
Baal est une appellation générique d'un dieu, accompagnée d'un qualificatif qui révèle quel aspect est adoré : Baal Marcodés, dieu des danses sacrées ; Baal Shamen, dieu du ciel ; Baal Bek, le Baal solaire ; et surtout, Baal Hammon, le terrible dieu des Carthaginois. Ainsi, chaque région avait son dieu, son Baal local.
Baal est devenu l'appellation punique de nombreux dieux d'origine sémite dont le culte a été célébré depuis le IIIe millénaire av. J.-C. jusqu'à l'époque romaine. Bealiah (plus justement bə‘’alyâ), qui signifie « Jah (YHWH) est Baal ». Il s'agit d'un point de vue de la religion hébraïque d'un blasphème, car remettant en cause l'unicité de Dieu, puisque la Bible considère les « Baal » étrangers comme de faux dieux.
Son nom - le maître ou l'époux – se retrouve partout dans le Moyen-Orient, depuis les zones peuplées par les sémites jusqu'aux colonies phéniciennes, dont Carthage. Il est invariablement accompagné d'une divinité féminine (Astarté, Ishtar, Tanit), même s'il est hermaphrodite.
Les textes bibliques témoignent de la « lutte acharnée » qui prend place à partir du IXe siècle contre la vénération des divinités qu'incarne Baal qui concurrencent YHWH, divinité d'Israël en voie de « monothéisation ». C'est de loin la divinité vétérotestamentaire la plus mentionnée après YHWH (Jah, le Seigneur) ou Elohim, avec près de 90 occurrences. Le Coran en fait mention dans la Sourate 37 (As Saffat - الصَّافات ) versets 125 «123. Elie était, certes, du nombre des Messagers -124. Quand il dit à son peuple: « Ne craignez-vous pas [Allah]? » -125. Invoquerez-vous Ball (une idole) et délaisserez-vous le Meilleur des créateurs,-126. Allah, votre Seigneur et le Seigneur de vos plus anciens ancêtres?». Il y a aussi lieu de rapprocher Baal de Houbal, idole de pierres semi-précieuses qui était perchée sur le toit de la Kaaba jusqu'à l'instauration de l'Islam, et qui était censée représenter une des divinités suprêmes du polythéisme arabe préislamique.
On le décrit comme le culte du veau d'or dans le livre d'Osée. Dans la Bible, il n'a aucune identité précise, mais rassemble toutes les divinités qui pourraient détourner le peuple de Dieu du droit chemin. C'est pourquoi dans le Livre des Juges, chaque histoire commence par : « Le peuple de Dieu se détourna du Seigneur et adora les Baals et les Astartés. » De la même façon, « Astartés » rassemble les divinités se référant à Ishtar, la déesse de Babylone. Paradoxalement, certains passages bibliques attribuent à Dieu des spécificités « baaliques » : à l'instar de Baal, Dieu habite sur une montagne, il amène la pluie, la fertilité et les récoltes ou est qualifié de « chevaucheur des nuées ».
À ce culte est associé la prêtrise, et des sanctuaires sur chaque colline, appelés hauts lieux. À l'intérieur se trouvaient des icônes et statues de Baal, et à l'extérieur des colonnes de pierre (probablement les symboles phalliques de Baal), des poteaux sacrés qui représentaient Ishtar, et des autels à encens. Ce culte était associé aussi dans l'esprit à certains corps célestes (soleil, étoiles).
Selon la Bible, des prostitués, mâles et femelles, servaient sexuellement sur les hauts lieux et certains passages bibliques rapportent parmi les rituels chaldéens des sacrifices d'enfants pour obtenir les faveurs de la divinité, dans le livre de Jérémie (19:5 ) : « Ils ont bâti des hauts lieux à Baal, Pour brûler leurs enfants au feu en holocaustes à Baal : Ce que je n'avais ni ordonné ni prescrit, Ce qui ne m'était point venu à la pensée ». Néanmoins, les liens entre de tels sacrifices et les cultes de Baal ne sont pas nombreux dans les textes bibliques et les sources extra-bibliques ne sont pas probantes sur de tels liens.
Hannibal (en phénicien Hanni-baal) signifie « qui a la faveur de Baal ». Ce nom a été porté par le fils du général carthaginois Hamilcar Barca.
Baal comptait un temple important à Émèse en Syrie, dont la grand-prêtrise appartenait à la famille des Bassianides. En 218, son grand-prêtre devint empereur de Rome sous le nom d'Héliogabale, grâce à une parenté avec les Sévères par les femmes. Héliogabale imposa pour un temps son culte aux Romains. Ceux-ci le détrônent à cause de ses excès, notamment religieux.
Baalbérith, Seigneur de l'Alliance, dieu auquel les Carthaginois, et avant eux, les Phéniciens, adressaient leurs serments, qu'ils prenaient à témoin de leurs alliances. Hochard conjecture que Bérith est le même que Béroé, fille de Vénus et d'Adonis, donnée en mariage à Bacchus, dont Bérith, ville de Phénicie, prit le nom, et reconnut la divinité.
Baaltein. Le voyageur Pennant dit qu’il reste dans quelques pays du Nord un reste du culte de Baal ou Bel ; il y vil la cérémonie du Baaltein ou Bellane qui se fait le 1er mai. On fait cuire au four, avec certaines cérémonies, un gâteau que l’on distribue par-portions éparses aux oiseaux de proie, afin qu’ils épargnent les troupeaux.
Baalzephon est le capitaine des gardes ou sentinelles de l’enfer. Les Égyptiens l’adoraient et lui reconnaissaient le pouvoir d’empêcher leurs esclaves de s’enfuir. Néanmoins, disent les rabbins, c’est pendant un sacrifice que Pharaon faisait à cette idole que les Hébreux passèrent la mer Bouge, et on lit dans le Targum que l’ange exterminateur, ayant brisé les statues de tous les autres dieux, ne laissa debout que celle de Baalzephon.
Baaras, plante fabuleuse: "Elle ressemble, dit Josèphe (Guerre des Juifs), à une flamme qui jette sur le soir des rayons resplendissants, et se retire lorsqu'on veut la prendre. Le seul moyen de l'arrêter est de jeter dessus de l'urine de femme, ou de ce sang superflu dont elles se trouvent de temps en temps incommodées. On ne la saurait toucher sans mourir, si on n'a pas dans sa main de la racine de la même plante. Mais on a trouvé encore un autre moyen de la cueillir sans péril. On creuse tout alentour, en sorte qu'il ne reste plus qu'un peu de sa racine, et à cette racine qui reste on attache un chien, qui, voulant suivre celui qui l'a attaché, arrache la plante et meurt aussitôt, comme s'il rachetait de sa vie celle de son maître. Après cela, on peut, sans péril, manier cette plante: et elle a une vertu qui fait que l'on ne craint point de s'exposer à quelque danger pour la prendre; car ce que l'on nomme des démons, et qui ne sont autres que les âmes des méchants, qui entrent dans les corps des hommes vivants, et qui les tueraient si on n'y apportait point de remède, les quittent aussitôt que l'on approche d'eux cette plante."
Il y en a qui disent que cette plante nait au mont Liban, au dessus du chemin qui conduit à Damas, et qu'on ne commence à la voir qu'au mois de mai, lorsque la neige est fondue. Dès que la nuit est venue, cette plante commence à s'enflammer et à rendre de la clarté comme un petit flambeau; mais, aussitôt que le jour vient, cette lumière ne parait plus, et l'herbe devient invisible; les feuilles même qu'on a enveloppées dans des mouchoirs ne s'y trouvent plus, ce qui autorise l'opinion de ceux qui disent que cette plante est obsédée des démons, parce qu'elle a aussi, selon eux, un propriété occulte pour rompre les charmes et les sortilèges. D'autres assurent qu'elle est propre à transmuter les métaux en or, et c'est pour cette raison que les Arabes l'appellent l'herbe de l'or; mais ils n'oseraient la cueillir, ni même l'approcher, pour avoir, disent-ils, éprouvé plusieurs fois que cette plante fait mourir subitement celui qui l'arrache de terre sans apporter les précautions nécessaires; et comme ils ignorent ces précautions, ils la laissent sans y toucher.
 Babailanas, prêtresses des Indiens des îles Philippines. Elles sont chargées des sacrifices, et les font en tenant une lance à la main. Elles lisent dans l'avenir et le prédisent, quand elles sont en fonction. Lorsqu'elles ont prédit le bien ou le mal à ceux qui les ont consultées, elles offrent un sacrifice; c'est un cochon qu'elles tuent de leur lance, et qu'on partage entre tous les assistants; les danses commencent après les sacrifices qui sont offerts aux mauvais génies et aux âmes de leurs ancêtres. Ils croient qu'ils ont fixé leurs demeures sous de grands arbres.  Voy. Catalonos.
Babau, fantôme imaginaire, dont les nourrices de Languedoc et pays voisins font peur aux petits enfants, comme on les effraye à Paris de Croquemitaine, et en Flandre de Pier-Jan Claes, qui est Polichinelle. Mais Babau ne se contente pas de fouetter, il mange en salade les enfants qui sont méchants.
Babel. La tour de Babel fut élevée cent quinze ans après le déluge universel. On montre les ruines ou les traces de cette tour auprès de Bagdad. — On sait que sa construction amena la confusion des langues. Le poète juif Emmanuel, à propos de cette confusion, explique dans un de ses sonnets comment le mot sac est resté dans tous les idiomes. « Ceux qui travaillaient à la tour de Babel avaient, dit-il, comme nos manœuvres, chacun un sac pour ses petites provisions. Quand le Seigneur confondit leurs langages, la peur les ayant pris, chacun voulut s’enfuir, et demanda son sac. On ne répétait partout que ce mot, et c’est ce qui l’a fait passer dans toutes les langues qui se formèrent alors. »
Babinet (M.), l’un de nos savants les plus forts et les plus spirituels. Cependant il s’est permis quelques excentricités. Par exemple, dans son admiration devant nos progrès, il annonce qu’un jour l’homme actuel ne sera que le chien de l’homme plus perfectionné qui doit venir. Ne soyons donc pas trop fiers.
Bacchus. Nous ne rapporterons pas ici les fables dont l’ancienne mythologie a orné son histoire. Nous ne faisons mention de Bacchus que parce que les démonographes le regardent comme l’ancien chef du sabbat fondé par Orphée ; ils disent qu’il le présidait sous le nom de Sabasius. « Bacchus, dit Leloyer, n’était qu’un démon épouvantable et nuisant, ayant cornes en tête et javelot en main. C’était le maître guide danse, et dieu des sorciers et des sorcières ; c’est leur chevreau, c’est leur bouc cornu, c’est le prince des bouquins, satyres et silènes. Il apparaît toujours aux sorciers ou sorcières, dans leurs sabbats, les cornes en tête ; et hors des sabbats, bien qu’il montre visage d’homme, les sorcières ont toujours confessé qu’il a un pied difforme, tantôt de corne solide comme ceux du cheval, tantôt fendu comme ceux du bœuf . »
Les sorciers des temps modernes l’appellent plus généralement Léonard, ou Satan, ou le bouc, ou maître Rigoux.
Ce qui sans doute appuie cette opinion que le démon du sabbat est le même que Bacchus, c’est le souvenir des orgies qui avaient lieu aux bacchanales.
Bacis, fameux devin de Béotie, dont le nom passa à plusieurs de ce qui, après lui, se mêlèrent de prédire l'avenir. Leloyer dit que les Athéniens révéraient les vers prophétiques de leurs bacides, « qui étaient trois insignes sorciers très-connus  ».
Bacon (Roger) parut dans le treizième siècle. C’était un cordelier anglais. Il passa pour magicien, quoiqu’il ait écrit contre la magie, parce qu’il étudiait la physique et qu’il faisait des* expériences naturelles. Il est vrai pourtant qu’il y a dans ses écrits de singulières choses, et qu’il voulut élever l’astrologie judiciaire à la dignité de la science. On lui attribue l’invention de la poudre. Il paraîtrait même qu’on lui doit aussi les télescopes et les lunettes à longue vue. Il était versé dans les beaux-arts, et surpassait tous ses contemporains par l’étendue de ses connaissances et par la subtilité de son génie. Aussi on publia qu’il devait sa supériorité aux démons, avec qui il commerçait.
Cet homme savant croyait donc à l’astrologie et à la pierre philosophale. Delrio, qui n’en fait pas un magicien, lui reproche seulement des superstitions. Par exemple, François Pic dit avoir lu dans son livre des six sciences qu’un homme pouvait devenir prophète et prédire des choses futures par le moyen d’un miroir, que Bacon nomme almuchefi, composé suivant les règles de perspective ; pourvu qu’il s’en serve, ajoute-t-il, sous une bonne constellation, et après avoir tempéré son corps par l’alchimie.
Cependant Wierus accuse Bacon de magie goétique, et d’autres doctes assurent que l’Antéchrist se servira de ses miroirs magiques pour faire des miracles.
Bacon se fit, dit-on, comme Albert le Grand, un androïde. C’était, assurent les conteurs, une tête de bronze qui parlait distinctement, et même qui prophétisait. On ajoute que, l’ayant consultée pour savoir s’il serait bon d’entourer l’Angleterre d’un gros mur d’airain, elle répondit : Il est temps.
Un savant de nos jours (M. E. J. Delescluze) a publié sur Bacon une remarquable notice, qui le pose justement parmi les intelligences supérieures.
Les curieux recherchent, de Roger Bacon, le petit traité intitulé Speculum alclhimiæ, traduit en français par J. Girard de Tournas, sous le titre de Miroir d’alchimie, in-12 et in-8°, Lyon, 1557 ; Paris, 1612. Le même a traduit l’Admirable puissance de l’art et de la nature, in-8°, Lyon, 1557 ; Paris, 1729. De potestate mirabili artis et naturæ.
On ne confondra pas Roger Bacon avec François Bacon, grand chancelier d’Angleterre, mort en 1626, que Walpole appelle « le prophète (un peu aventureux) des vérités que Newton est venu révéler aux hommes. »
Bacoti, sorcier que consultent les Tonquinois. Quand un enfant vient à mourir, la mère s'adresse au Bacoti pour savoir des nouvelles de l'âme du défunt. Le sorcier bat du tambour, somme l'esprit de venir devant lui, et de lui apprendre son sort. La réponse est presque toujours favorable, et le Bacoti est récompensé en conséquence.
Bad, ange ou génie qui, selon la tradition des Mages, préside aux vents, et est comme l'Eole des Grecs. De plus, il a l'intendance de tout ce qui arrive le vingt-deuxième jours de chaque mois de l'année persane. Le mois qui porte aussi le nom de Bad, est consacré à ce génie.
Baducke, plante dont on prétend que le fruit, pris dans du lait, glace les sens. Les magiciens l’ont quelquefois employé pour nouer l’aiguillette, Il suffît, dit-on, d’en faire boire une infusion à celui qu’on veut lier.
Badumna, fée ou elfe supérieure qui domine dans les forêts : mythologie Scandinave.
Baël, démon cité dans le Grand Grimoire, en tête des puissances infernales. C’est aussi par lui que Wierus commence l’inventaire de sa fameuse Pseudomonarchia dœmonum. Il appelle Baël le premier roi de l’enfer ; ses États sont dans la partie orientale. Il se montre avec trois têtes, dont l’une a la figure d’un crapaud, l’autre celle d’un homme, la troisième celle d’un chat. Sa voix est rauque ; mais il se bat très-bien. Il rend ceux qui l’invoquent fins et rusés, et leur apprend le moyen d’être invisibles au besoin. Soixante-six légions lui obéissent. — Est-ce le même que Baal ?
Bætiles, pierres que les anciens consultaient comme des oracles et qu’ils croyaient animées. C’étaient quelquefois des espèces de talismans. Saturne, pensant avaler Jupiter, dévora une de ces pierres emmaillotée. Il y en avait de petites, taillées en forme ronde, que l’on portait au cou ; on les trouvait sur des montagnes où elles tombaient avec le tonnerre.
Souvent les Bætiles étaient des statues ou mandragores. On en cite de merveilleuses qui rendaient des oracles, et dont la voix sifflait comme celle des jeunes Anglaises. On assure même que quelques Bætiles tombèrent directement du ciel ; telle était la pierre noire de Phrygie que Scipion Nasica amena à Rome en grande pompe.
On révérait à Sparte, dans le temple de Minerve Chalcidique, des baetiles de la forme d’un casque, qui, dit-on, s’élevaient sur l’eau au son de la trompette, et plongeaient dès qu’on prononçait le nom des Athéniens. On disait ces pierres trouvées dans l’Eurotas .
Bag, idole qu'adorait la femme de Cosroës, roi de Perse, et qui donna le nom de Bagdad à la campagne circonvoisine.
Bagoé, la première femme, dit-on, qui ait rendu des oracles. Elle apprit aux Toscans l'art de deviner par le tonnerre. On prétend que c'est la sibylle Erythrée, ou Hérophile.  Voy. Bigoïs.
Bagues. Les mythologues leur donnent une origine fabuleuse. Prométhée, depuis sa punition, ayant empêche, par ses avis, Jupiter de faire la cour à Thétis, parce que l'enfant qu'il aurait  d'elle le détrônerait un jour, Jupiter, reconnaissant de ce service, consentit qu'Hercule allât le délivrer. Mais, pour ne pas violer son serment de ne jamais souffrir qu'on le déliât, il ordonna que Prométhée porterait toujours au doigt une bague de fer, à laquelle serait attaché un fragment de la roche du Caucase, afin qu'il fût vrai en quelque sorte que Prométhée restait toujours lié à cette chaine. Les prêtres de Jupiter ne pouvaient porter que des bagues vides.     Voy. Anneaux.
Baguette divinatoire, rameau fourchu de coudrier, d’aune, de hêtre ou de pommier, à l’aide duquel on découvre les métaux, les sources cachées, les trésors, les maléfices et les voleurs.
Il y a longtemps qu’une baguette est réputée nécessaire à certains prodiges. On en donne Une aux fées et aux sorcières puissantes. Médée, Circé, Mercure, Bacchus, Zoroastre, Pythagore, les sorciers de Pharaon, voulant singer la verge de Moïse, avaient une baguette ; Romulus prophétisait avec un bâton augurai. Les Alains et d’autres peuples barbares consultaient leurs dieux en fichant une baguette en terre. Quelques devins de village prétendent encore deviner beaucoup de choses avec la baguette. Mais c’est surtout à la fin du dix-septième siècle qu’elle fit le plus grand bruit : Jacques Aymar la mit en vogue en 1692. Cependant, longtemps auparavant, Delrio avait indiqué, parmi les pratiques superstitieuses, l’usage d’une baguette de coudrier pour découvrir les voleurs ; mais Jacques Aymar opérait des prodiges si variés et qui surprirent tellement, que le père Lebrun et le savant Malebranche les attribuèrent au démon, pendant que d’autres les baptisaient du nom de physique occulte ou d’électricité souterraine.
Ce talent de tourner la baguette divinatoire n’est donné qu’à quelques êtres privilégiés. On peut éprouver si on l’a reçu de la nature ; rien n’est plus facile. Le coudrier est surtout l’arbre le plus propre. Il ne s’agit que d’en couper une branche fourchue, et de tenir dans chaque main les deux bouts supérieurs. En mettant le pied sur l’objet qu’on cherche ou sur les vestiges qui peuvent indiquer cet objet, la baguette tourne d’elle-même dans la main, et c’est un indice infaillible.
Avant Jacques Aymar on n’avait employé la baguette qu’à la recherche des métaux propres à l’alchimie. À l’aide de la sienne, Aymar fit des merveilles de tout genre. Il découvrait les eaux souterraines, les bornes déplacées, les maléfices, les voleurs et les assassins. Le bruit de ses talents s’étant répandu, il fut appelé à Lyon, en 1672, pour dévoiler un mystère qui embarrassait la justice. Le 5 juillet de cette même année, sur les dix heures du soir, un marchand de vin et sa femme avaient été égorgés à Lyon, enterrés dans leur cave, et tout leur argent avait été volé. Cela s’était fait si adroitement qu’on ne soupçonnait pas même les auteurs du crime. Un voisin fit venir Aymar. Le lieutenant criminel et le procureur du roi le conduisirent dans la cave. Il parut très-ému en y entrant ; son pouls s’éleva comme dans une grosse fièvre ; sa baguette, qu’il tenait à la main, tourna rapidement dans les deux endroits où l’on avait trouvé les cadavres du mari et de la femme. Après quoi, guidé par la baguette ou par un sentiment intérieur, il suivit les rues où les assassins avaient passé, entra dans la cour de l’archevêché, sortit de la ville par le pont du Rhône, et prit à main droite le long de ce fleuve. — Il fut éclairci du nombre des assassins en arrivant à la maison d’un jardinier, où il soutint opiniâtrement qu’ils étaient trois, qu’ils avaient entouré une table et vidé une bouteille sur laquelle la baguette tournait. Ces circonstances furent confirmées par l’aveu de deux enfants de neuf à dix ans, qui déclarèrent qu’en effet trois hommes de mauvaise mine étaient entrés à la maison et avaient vidé la bouteille désignée par le paysan. On continua de poursuivre les meurtriers avec plus de confiance. La trace de leurs pas, indiqués sur le sable par la baguette, montra qu’ils s’étaient embarqués. Aymar les suivit par eau, s’arrêtant à tous les endroits où les scélérats avaient pris terre, reconnaissant les lits où ils avaient couché, les tables où ils s’étaient assis, les vases où ils avaient bu.
Après avoir longtemps étonné ses guides, il s’arrêta enfin devant la prison de Beaucaire et assura qu’il y avait là un des criminels. Parmi les prisonniers qu’on amena, un bossu qu’on venait d’enfermer ce jour même pour un larcin commis à la foire fut celui que la baguette désigna. On conduisit ce bossu dans tous les lieux qu’Aymar avait visités : partout il fut reconnu.
En arrivant à Bagnols, il finit par avouer que deux Provençaux l’avaient engagé, comme leur valet, à tremper dans ce crime ; qu’il n’y avait pris aucune part ; que ses deux bourgeois avaient fait le meurtre et le vol, et lui avaient donné six écus et demi.
Ce qui sembla plus étonnant encore, c’est que Jacques Aymar ne pouvait se trouver auprès du bossu sans éprouver de grands maux de cœur, et qu’il ne passait pas sur un lieu où il sentait qu’un meurtre avait été commis sans se sentir l’envie de vomir.
Comme les révélations du bossu confirmaient les découvertes d’Aymar, les uns admiraient son étoile et criaient au prodige, tandis que d’autres publiaient qu’il était sorcier. Cependant on ne put trouver les deux assassins, et le bossu fut rompu vif.
Dès lors plusieurs personnes furent douées du talent de Jacques Aymar, talent ignoré jusqu’à lui. Des femmes mêmes firent tourner la baguette. Elles avaient des convulsions et des maux de cœur en passant sur un endroit où un meurtre avait été commis ; ce mal ne se dissipait qu’avec un verre de vin.
Aymar faisait tant de bruit, qu’on publia bientôt des livres sur sa baguette et ses opérations. M. de Vagny, procureur du roi à Grenoble, fit imprimer une relation intitulée Histoire merveilleuse d’un maçon qui, conduit par la baguette divinatoire, a suivi un meurtrier pendant quarante-cinq heures sur la terre, et plus de trente sur l’eau. Ce paysan devint le sujet de tous les entretiens. Des philosophes ne virent dans les prodiges de la baguette qu’un effet des émanations des corpuscules, d’autres les attribuèrent à Satan. Le père Lebrun fut de ce nombre, et Malebranche adopta son avis.
Le fils du grand Condé, frappé du bruit de tant de merveilles, fit venir Aymar à Paris. On avait volé à mademoiselle de Condé deux petits flambeaux d’argent. Aymar parcourut quelques rues de Paris en faisant tourner la baguette ; il s’arrêta à la boutique d’un orfèvre, qui nia le vol et se trouva très-offensé de l’accusation. Mais le lendemain on remit à l’hôtel le prix des flambeaux ; quelques personnes dirent que le paysan l’avait envoyé pour se donner du crédit.
Dans de nouvelles épreuves, la baguette prit des pierres pour de l’argent, elle indiqua de l’argent où il n’y en avait point. En un mot, elle opéra avec si peu de succès, qu’elle perdit son renom. Dans d’autres expériences, la baguette resta immobile quand il lui fallait tourner. Aymar, un peu confondu, avoua enfin qu’il n’était qu’un charlatan adroit, que la baguette n’avait aucun pouvoir, et qu’il avait cherché à gagner de l’argent par ce petit procédé…
Pendant ses premiers succès, une demoiselle de Grenoble, à qui la réputation d’Aymar avait persuadé qu’elle était douée aussi du don de tourner la baguette, craignant que ce don ne lui vînt de l’esprit malin, alla consulter le père Lebrun, qui lui conseilla de prier Dieu en tenant la baguette. La demoiselle jeûna et prit la baguette en priant. La baguette ne tourna plus : d’où l’on conclut que c’était le démon ou l’imagination troublée qui l’agitait.
On douta un peu de la médiation du diable, dès que le fameux devin fut reconnu pour un imposteur. On lui joua surtout un tour qui décrédita considérablement la baguette. Le procureur du roi au Châtelet de Paris fit conduire Aymar dans une rue où l’on avait assassiné un archer du guet. Les meurtriers étaient arrêtés, on connaissait les rues qu’ils avaient suivies, les lieux où ils s’étaient cachés ; la baguette resta immobile.
On fit venir Aymar dans la rue de la Harpe, où l’on avait saisi un voleur en flagrant délit ; la perfide baguette trahit encore toutes les espérances.
Néanmoins la baguette divinatoire ne périt point ; ceux qui prétendirent la faire tourner se multiplièrent même, et ce talent vint jusqu’en Belgique. Il y eut à Heigne, près de Gosselies, un jeune garçon qui découvrit les objets cachés ou perdus au moyen de la baguette de coudrier. Celte baguette, disait-il, ne pouvait pas avoir plus de deux ans de pousse. — Un homme, voulant éprouver l’art de l’enfant de Heigne, cacha un écu au bord d’un fossé, le long d’un sentier qu’on ne fréquentait presque pas. Il fit appeler le jeune garçon et lui promit un escalin s’il pouvait retrouver l’argent perdu. Le garçon alla cueillir une branche de coudrier, et tenant dans ses deux mains les deux bouts de cette baguette, qui avait la forme d’un Y, après avoir pris différentes directions, il marcha devant lui et s’engagea dans le petit sentier. La baguette s’agitait plus vivement. Il passa le lieu où l’écu était caché ; la baguette cessa de tourner. L’enfant revint donc sur ses pas ; la baguette sembla reprendre un mouvement très-vif ; elle redoubla vers l’endroit qu’on cherchait. Le devin se baissa, chercha dans l’herbe et trouva le petit écu, à l’admiration de tous les spectateurs.
Sur l’observation que le bourgeois fit, pour essayer la baguette, qu’il avait perdu encore d’autre argent, le jeune garçon la reprit, mais elle ne tourna plus. — On se crut convaincu de la réalité du talent de l’enfant. On lui demanda qui l’avait instruit. « C’est le hasard, dit-il ; ayant un jour perdu mon couteau en gardant les troupeaux de mon père, et sachant tout ce qu’on disait de la baguette de coudrier, j’en fis une qui tourna, qui me fit retrouver ce que je cherchais et ensuite beaucoup d’autres objets perdus. »
C’était très bien. Malheureusement d’autres épreuves, examinées de plus près, ne réussirent pas, et on reconnut que la baguette divinatoire était là aussi une petite supercherie. Mais on y avait cru un siècle et des savants avaient fait imprimer cent volumes pour l’expliquer.
« Faut-il rassembler des arguments pour prouver l’impuissance de la baguette divinatoire ? ajoute M. Saignes [4]. Que l’on dise quel rapport il peut y avoir entre un voleur, une source d’eau, une pièce de métal et un bâton de coudrier. On prétend que la baguette tourne en vertu de l’attraction. Mais par quelle vertu d’attraction les émanations qui s’échappent d’une fontaine, d’une pièce d’argent ou du corps d’un meurtrier tordent-elles une branche de coudrier qu’un homme robuste tient fortement entre ses mains ? D’ailleurs, pourquoi le même homme trouve-t-il des fontaines, des métaux, des assassins et des voleurs quand il est dans son pays, et ne trouve-t-il plus rien quand il est à Paris ? Tout cela n’est que charlatanisme. Et ce qui détruit totalement le merveilleux de la baguette, c’est que tout le monde, avec un peu d’adresse, peut la faire tourner à volonté. Il ne s’agit que de tenir les extrémités de la fourche un peu écartées, de manière à faire ressort. C’est alors la force d’élasticité qui opère le prodige. »
Cependant on croit encore à la baguette divinatoire dans le Dauphiné et dans le Hainaut ; les paysans n’en négligent pas l’usage, et elle a trouvé des défenseurs sérieux. Formey, dans l’Encyclopédie, explique ce phénomène par le magnétisme. Ritter, professeur de Munich, s’autorisait récemment du galvanisme pour soutenir les merveilles de la baguette divinatoire ; mais il n’est pas mort sans abjurer son erreur.
L’abbé de la Garde écrivit au commencement avec beaucoup de foi l’histoire des prodiges de Jacques Aymar ; en 1692 même, Pierre Garnier, docteur médecin de Montpellier, voulut prouver que les opérations de la baguette dépendaient d’une cause naturelle Dans sa Dissertation physique en forme de lettres à M. de Sèvre, seigneur de Fléchères, etc., in-12. Lyon, 1692. ; cette cause naturelle n’était, selon lui, que les corpuscules sortis du corps du meurtrier dans les endroits où il avait fait le meurtre et dans ceux où il avait passé. Les galeux et les pestiférés, ajoute-t-il, ne transpirent pas comme les gens sains, puisqu’ils sont contagieux ; de même les scélérats lâchent des émanations qui se reconnaissent, et si nous ne les sentons pas, c’est qu’il n’est pas donné à tous les chiens d’avoir le nez fin. Ce sont là, dit-il page 23, des axiomes incontestables. « Or, ces corpuscules qui entrent dans le corps de l’homme muni de la baguette l’agitent tellement, que de ses mains la matière subtile passe dans la baguette même, et, n’en pouvant sortir assez promptement, la fait tourner ou la brise : ce qui me paraît la chose du monde la plus facile à croire… »
Le bon père Ménestrier, dans ses Réflexions sur les indications de la baguette, Lyon, 1694, s’étonne du nombre de gens qui devinaient alors par ce moyen à la mode. « A combien d’effets, poursuit-il, s’étend aujourd’hui ce talent ! Il n’a point de limites. On s’en sert pour juger de la bonté des étoffes et de la différence cle leurs prix, pour démêler les innocents des coupables, pour spécifier le crime. Tous les jours cette vertu fait de nouvelles découvertes inconnues jusqu’à présent. »
Il y eut même en 1700, à Toulouse, un brave homme qui devinait avec la baguette ce que faisaient des personnes absentes. Il consultait la baguette sur le passé, le présent et l’avenir ; elle s’abaissait pour répondre oui et s’élevait pour la négative. On pouvait faire sa demande de vive voix ou mentalement. « Ce qui serait bien prodigieux, dit le père Lebrun, si plusieurs réponses (lisez la plupart) ne s’étaient trouvées fausses . »
Un fait qui n’est pas moins admirable, c’est que la baguette ne tourne que sur les objets où l’on a intérieurement l’intention de la faire tourner. Ce serait donc du magnétisme ? Ainsi quand on cherche une source, elle ne tournera pas sur autre chose, quoiqu’on passe sur des trésors enfouis ou sur des traces de meurtre.
Pour découvrir une fontaine, il faut mettre sur la baguette un linge mouillé : si elle tourne alors, c’est une preuve qu’il y a de l’eau à l’endroit qu’elle indique. Pour trouver les métaux souterrains, on enchâsse successivement à la tête de la baguette diverses pièces de métal, et c’est un principe constant que la baguette indique la qualité du métal caché sous terre, en touchant précisément ce même métal.
Nous répétons qu’on ne croit plus à la baguette, et que cependant on s’en sert encore dans quelques provinces. Il fallait autrefois qu’elle fût de coudrier ou de quelque autre bois spécial ; depuis, on a employé toute sorte de bois, et même des côtes de baleine ; on n’a plus même exigé que la baguette fût en fourche.
Voici le secret de la baguette divinatoire et le moyen de la faire tourner, tiré du Grand Grimoire, page 87  :
Dès le moment que le soleil paraît sur l’horizon, vous prenez de la main gauche une baguette vierge de noisetier sauvage, et la coupez de la droite en trois coups, en disant : « Je te ramasse au nom d’Éloïm, Mutrathon, Adonaï et Sémiphoras, afin que tu aies la vertu de la verge de Moïse et de Jacob pour découvrir tout ce que je voudrai savoir. » Et pour la faire tourner, il faut dire, la tenant serrée dans ses mains, par les deux bouts qui font la fourche : « Je te commande, au nom d’Éloïm, Mutrathon, Adonaï et Sémiphoras, de me révéler… » (On indique ce qu’on veut savoir.)
Mais voici encore quelque chose sur cette matière, qui n’est pas épuisée. Nous empruntons ce qui suit au Quarterly Magazine :
« La baguette divinatoire n’est plus employée à la découverte des trésors, mais on dit que, dans les mains de certaines personnes, elle peut indiquer les sources d’eau vive. Il y a cinquante ans environ que lady Newark se trouvait en Provence dans un château dont le propriétaire, ayant besoin d’une source pour l’usage de sa maison, envoya chercher un paysan qui promettait d’en faire jaillir une avec une branche de coudrier ; lady Newark rit beaucoup de l’idée de son hôte et de l’assurance du paysan ; mais, non moins curieuse qu’incrédule, elle voulut du moins assister à l’expérience, ainsi que d’autres voyageurs anglais tout aussi philosophes qu’elle. Le paysan ne se déconcerta pas des sourires moqueurs de ces étrangers ; il se mit en marche suivi de toute la société, puis tout à coup s’arrêtant, il déclara qu’on pouvait creuser la terre. On le fit ; la source promise sortit, et elle coule encore. Cet homme était un vrai paysan, sans éducation : il ne pouvait expliquer qu’elle était la vertu dont il était doué, ni celle du talisman ; mais il assurait modestement n’être pas le seul à qui la nature avait donné le pouvoir de s’en servir. Les Anglais présents essayèrent sans succès. Quand vint le tour de lady Newark, elle fut bien surprise de se trouver tout aussi sorcière que le paysan provençal. À son retour en Angleterre, elle n’osa faire usage de la baguette divinatoire qu’en secret, de peur d’être tournée en ridicule. Mais en 1803, lorsque le docteur Hulton publia les Recherches d’Ozanam, où ce prodige est traité d’absurdité (t. IV, p. 260), lady Newark lui écrivit une lettre signée X. Y. Z., pour lui raconter les faits qui étaient à sa connaissance. Le docteur répondit, demandant de nouveaux renseignements à son correspondant anonyme. Lady Newark le satisfit, et alors le docteur désira être mis en rapport direct avec elle. Lady Newark alla le voir à Woolwich, et, sous ses yeux, elle découvrit une source d’eau dans un terrain où il faisait construire sa résidence d’été. C’est ce même terrain que le docteur Hulton a vendu depuis au collège de Woolwich, avec un bénéfice considérable à cause de la source. Le docteur ne put résister à l’évidence lorsqu’il vit, à l’approche de l’eau, la baguette s’animer tout à coup, pour ainsi dire, s’agiter, se ployer, et même se briser dans les doigts de lady Newark.
On cite encore en Angleterre sir Charles H. et miss Fenwik comme étant doués de la même faculté que lady Newark, et à un degré plus élevé encore. Cette faculté inexplicable a une grande analogie avec celle qui distingue les Zahoris espagnols ; mais ceux-ci ne se servent pas de la baguette de coudrier. Voy. Bletton et Paramèle.
Baguette magique, celle avec laquelle on fait les cercles qui servent aux opérations magiques. Elle doit être de coudrier, de la pousse de l'année. Il faut la couper le premier mercredi de la lune, entre 11 heures et minuit, en prononçant certaines paroles. Le couteau doit être neuf et retiré en haut pendant qu'il coupe. On bénit ensuite la baguette; l'on écrit au gros bout le mot agla, au milieu on, et le tetragrammaton au petit bout, avec une croix à chaque mot, et l'on dit: "Conjuro te cito mihi obedire. Venias per Deum vivum, une croix; per Deum verum, une deuxième; per Deum sanctum, une troisième.
Bahaman ou Bamen, nom d'un génie qui, suivant les Mages, apaise la colère, et en conséquence avait le gouvernement des bœufs, des moutons, et de tous les animaux susceptibles d'être apprivoisés ou formés à la domesticité.
Bahi (la). C’est le nom que donnent les Bohémiens à l’art de dire la bonne aventure dans la main. Voy. Main.
Bahir,  titre du plus ancien livre des rabbins, où, suivant Buxtorf, sont traités les plus profonds mystères de la haute cabale des Juifs.
Bahman, ange gardien qui veille sur les bons et les juges intègres, et qui donne la souveraineté aux princes, afin de secourir le faible et l'indigent.
Baïan. Wierus et vingt autres démonographes comptent que Baïan ou Bajan, fils de Siméon, roi des Bulgares, était si grand magicien, qu’il se transformait en loup et en léopard pour épouvanter son peuple, qu’il pouvait prendre toute autre figure de bête féroce, et même se rendre invisible ; ce qui n’est pas possible sans l’aide de puissants démons, comme dit Nynauld dans sa Lycanthropie.
Baïer (Jean-Guillaume), professeur de théologie à Altorf, mort en 1729. Il a laissé une thèse intitulée Dissertation sur Behemoth et Léviathan, l’éléphant et la baleine, d’après le livre de Job, chap. xl et xli, avec la réponse de Stieber. Baïer ne voyait que deux animaux monstrueux dans Behemoth et Léviathan.
Bâillement. Les femmes espagnoles, lorsqu’elles bâillent, ne manquent pas de se signer quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que le diable n’y entre. Cette superstition remonte à des temps reculés, et chez beaucoup de peuples on a regardé le bâillement comme une crise périlleuse. Les Indiens font craquer leurs doigts quand quelqu’un baille, pour éloigner les démons.
Bailly (Pierre), médecin, auteur d’un livre publié à Paris en 1634, in-8°, sous le titre de Songes de Phestion, paradoxes physiologiques, suivis d’un dialogue sur l’immortalité de l’âme.
Balaam, sorte de magicien madianite qui florissait vers l’an du monde 2515. Lorsque les Israélites errants dans le désert se disposaient à passer le Jourdain, Balac, roi de Moab, qui les redoutait, chargea Balaam de les maudire. Mais le magicien, ayant consulté le Seigneur, qu’il connaissait, quoiqu’il servît d’autres dieux, et que surtout il redoutait, reçut une défense précise de céder à cette invitation. Cependant, les magnifiques présents du roi l’ayant séduit, il se rendit à son camp. On sait que l’ange du Seigneur arrêta son ânesse, qui lui parla. Balaam, après s’être irrité contre la bête, aperçut l’ange, se prosterna, promit de faire ce que commanderait le Dieu d’Israël, et parut au camp de Balac très-embarrassé. Lorsqu’il fut devant l’armée des Israélites, en présence de la cour de Balac fort surprise, pendant qu’on s’attendait à entendre des malédictions, il se sentit dominé par un enthousiasme divin, et prononça, malgré lui, une magnifique prophétie sur les destinées glorieuses du peuple de Dieu. Il annonça même le Messie. Balac, furieux, le chassa ; par la suite, les Hébreux, ayant vaincu les Madianiles, firent Balaam prisonnier et le tuèrent.
Baladéva, troisième Rama, ou troisième incarnation de Vishnou.
Balai. Le manche à balai est la monture ordinaire des sorcières lorsqu’elles se rendent au sabbat. Remi conte à ce sujet que la femme d’un cordonnier allemand, ayant, sans le savoir, fourré le bout de son manche à balai dans un pot qui contenait l’onguent des sorcières, se mit machinalement aussitôt à califourchon sur ce manche, et se sentit transportée à Bruck, où se faisait le sabbat. Elle profita de l’occasion, se fit sorcière, et peu après fut arrêtée comme telle.
Il y a sur le balai d’autres croyances. Jamais, dans le district de Lesneven, en Bretagne, on ne balaye une maison la nuit : on prétend que c’est en éloigner le bonheur ; que les âmes s’y promènent, et que les mouvements d’un balai les blessent et les écartent. Ils nomment cet usage proscrit balayement des morts. Ils disent que la veille du jour des Trépassés (2 novembre) il y a plus d’âmes dans chaque maison que de grains de sable dans la mer et sur le rivage.
Balan, roi grand et terrible dans les enfers. Il a quelquefois trois têtes : celle d’un taureau, celle d’un homme, celle d’un bélier. Joignez à cela une queue de serpent et des yeux qui jettent de la flamme. Mais plus ordinairement il se montre à cheval, nu et cornu, sur un ours, et porte un épervier au poing. Sa voix est rauque et violente. Il répond sur le passé, le présent et l’avenir. — Ce démon, qui était autrefois de l’ordre des dominations, et qui commande aujourd’hui quarante légions infernales, enseigne les ruses, la finesse et le moyen commode de voir sans être vu.
Balance, septième signe du zodiaque. Ceux qui naissent sous cette constellation aiment généralement l’équité. C’est, dit-on, pour être né sous le signe de la balance qu’on donna à Louis ХПІ le surnom de Juste.
Les Persans prétendent qu’il y aura au dernier jour une balance dont les bassins seront plus grands et plus larges que la superficie des cieux, et dans laquelle Dieu pèsera les œuvres des hommes. Un des bassins de cette balance s’appellera le bassin de lumière, l’autre le bassin de ténèbres. Le livre des bonnes œuvres sera jeté dans le bassin de lumière, plus brillant que les étoiles ; et le livre des mauvaises dans le bassin de ténèbres, plus horrible qu’une nuit d’orage. Le fléau fera connaître qui l’emportera, et à quel degré. C’est après cet examen que les corps passeront le pont étendu sur le feu éternel.
Balcoin ou Balcon (Marie), sorcière du pays de Labourd, qui allait au sabbat du temps de Henri VI. On lui fit son procès, où elle fut convaincue d’avoir mangé, dans une assemblée nocturne, l’oreille d’un petit enfant. Elle fut sans doute brûlée.
Balder, deuxième fils d'Odin, l'Apollon du Nord. Il est, comme lui, beau, radieux, éloquent; ses jugements sont sans appel. Voir BELENUS. C'est aussi le génie de la piété, de la paix et de la modération: aucun éclat extérieur n'annonçait ce dieu; seulement cette vaste et paisible clarté, qui ceint la voûte du ciel nocturne, marquait l'emplacement de son palais, où il vivait avec une épouse chérie, et d'où il ne sortait que pour s'asseoir pacifiquement dans le tribunal des dieux, sans prendre part à leurs guerres, ni à leurs projets, ni à leurs jouissances bruyantes. Odin avait lu, dans la fontaine des Destins, que ce fils chéri devait être ravi au ciel et à la terre. Les dieux avaient conjuré toute la nature soumise à leur empire de ne fournir contre la vie de Balder aucune arme meurtrière; arbres, rochers, tous les êtres de la terre avaient été liés par ce serment; un faible arbrisseau, le gui seul, avait été oublié. Loke en tailla une branche  en forme de javelot, qui, placé dans les mains de Hoder, dieu aveugle du Hasard, donna la mort à Balder, au milieu d'une de ces espèces de tournois qui remplissaient les loisirs des habitants d'Asgard. Hermode, fils d'Odin, surnommé l'Agile, descendit aux enfers, et obtint sa délivrance, à condition que tous les êtres qui étaient sur la terre demanderaient sa résurrection par leurs larmes. Loke se déguisa en magicienne, refusa de pleurer, et fit échouer l'espoir des dieux et les efforts d'Hermode. Odin posa sur le bûcher, ou fut consumé le corps de Balder, un anneau d'or, auquel il donna ensuite la propriété de produire, chaque neuvième nuit, huit anneaux d'un poids pareil. Ce dieu doit ressusciter après l'embrasement des mondes, et retourner habiter les plaines d'Ida, l'ancienne demeure céleste.
 Baleine. Mahomet place dans le ciel la baleine de Jonas. Pline et nos légendaires parlent de baleines longues de neuf cents pieds romains et de taille à avaler une barque.
Bali, divinité qui préside à l'enfer. Vaincu par Vishnou, cet esprit des ténèbres sort tous les ans de son noir séjour pour contempler la terre, mais Vishnou le force à y entrer; et c'est en honneur de cette victoire annuelle que les Indiens célèbrent la fête qu'ils appellent Oman.
Sacrifice ou plutôt offrande de riz qu'on fait aux Larves ou Farfadets, pour qu'ils viennent la nuit s'en nourrir.
Balkis ou Belkis, Dans le Coran, la reine de Saba appelée «Balkis » (XXVII, verset 23 : « J'ai trouvé qu'une femme est leur reine, que de toute chose elle a été comblée et qu'elle a un trône magnifique »). L’histoire y est similaire à celle de la Bible et des sources juives.
Bien que le Coran ait préservé la plus ancienne forme littéraire de la légende, certains des éléments développés par les commentateurs musulmans sont dérivés du Midrash. Tabari, Zamakhshari, Baydawi complètent l'histoire sur de nombreux points ; ainsi nomment-ils la reine Bilkis, nom probablement dérivé du grec παλλακίς ou de la forme hébraïsée pilegesh, « concubine ». Les djinns de l'entourage de Salomon, effrayés à l’idée qu'il puisse épouser l'intruse, répandent la rumeur selon laquelle elle aurait les jambes velues et des sabots à la place des pieds. Salomon conçoit donc une ruse, plaçant au sol des miroirs que la reine prend pour de l’eau. Afin de traverser, elle soulève sa robe, dévoilant une paire de jambes humaines. Le roi ordonne ensuite à ses démons de préparer un dépilatoire spécial, pour la défaire de ses poils disgracieux. Selon certaines traditions, Salomon épouse la reine, quand d’autres la lui font donner en mariage à un seigneur de Hamdan.
Les textes bibliques sur la reine de Saba et ses bateaux en provenance d’Ophir ont servi de base à la légende selon laquelle des israélites auraient voyagé avec sa cour, lorsqu’elle retourna dans son pays en portant l’enfant de Salomon. Selon la légende, les premiers juifs du Yémen y seraient arrivés au temps du roi Salomon, grâce à l’alliance politico-économique passée entre la reine de Saba et lui.
Balles. On a cru autrefois que certains guerriers avaient un charme contre les balles, parce qu’on tirait sur eux sans les atteindre. Pour les tuer, on mettait dans les cartouches des pièces d’argent, car rien, dit-on, ne peut ensorceler la monnaie.
Balsamo. Voy. Cagliostro.
 Baltazo, l’un des démons de la possession de Laon. Voy. Aubry. On conte qu’un chenapan, se faisant passer pour le démon, alla souper dans la maison de Nicole Aubry, la possédée, sous prétexte de combiner sa délivrance, qu’il n’opéra pas. On remarqua en soupant qu’il buvait très-sec ; ce qui prouve, dit Leloyer, que l’eau est contraire aux démons .
Balthazar, dernier roi de Babylone, petit-fils de Nabuchodonosor. Un soir qu’il profanait dans ses orgies les vases sacrés de Jérusalem, il aperçut une main qui traçait sur la muraille, en lettres de feu, ces trois mots : Mane, thecel, phares. Ses devins et ses astrologues ne purent expliquer ces caractères ni en interpréter le sens. Il promit de grandes récompenses à qui lui en donnerait l’interprétation. Ce fut Daniel qui, méprisant ses récompenses, lui apprit que les trois mots signifiaient que ses années étaient comptées, qu’il n’avait plus que quelques moments à vivre, et que son royaume allait être divisé. Tout se vérifia peu d’instants après.
Baltus (Jean-François), né le 8 juin 1667 à Metz (France) et mort le 9 mars 1743 à Reims (France) est un prêtre jésuite français, théologien, orateur et écrivain.
Entré dans l'ordre des jésuites en 1682, il enseigne successivement les humanités à Dijon, la rhétorique à Pont-à-Mousson, l'Écriture sainte, l'hébreu et la théologie à Strasbourg, où il devient recteur de l'université. Il est ensuite censeur général à Rome, en 1717, puis recteur à Dijon, Metz, Pont-à-Mousson et Châlons.
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages d'apologétique chrétienne, notamment d'une Réponse à l'Histoire des oracles de Fontenelle, dans laquelle il défend les Pères de l'Église en combattant les arguments d'Antonius van Dale avancés par Fontenelle, et d'une Défense des saints Pères, où il réfute le Platonisme dévoilé du pasteur réformé Jacques Souverain.
Bamétrie, sorcière qui fut accusée en 1566 d’avoir ensorcelé les orphelins d’Amsterdam. Voy. Orphelinats.
Banians, Indiens idolâtres, répandus surtout dans le Mogol. Ils reconnaissent un Dieu créateur ; mais ils adorent le diable, qui est chargé, disent-ils, de gouverner le monde. Ils le représentent sous une horrible figure. Le prêtre de ce culte marque au front d’un signe jaune ceux qui ont adoré le diable, qui dès lors les reconnaît et n’est plus si porté à leur faire du mal .
Banshées, fées à l'existence desquelles croient fermement les habitants du nord de l'Ecosse et les Irlandais. Dans la persuasion de ces derniers surtout, il en habite une sur chaque monticule; il en passe une dans chaque tourbillon de poussière, et le paysan qui les rencontre ne manque pas de leur dire: Dieu vous bénisse! Ils sont d'ailleurs très attentifs à se conserver la bienveillance de ces êtres merveilleux, en respectant les collines sur lesquelles elles ont établi leur habitation. Un des emplois principaux de ces fées était d'annoncer les morts. En Ecosse, lorsqu'il devait mourir une personne considérable, la Banshée paraissait dans les environs sous la figure d'une vieille femme, et faisait entendre une voix plus qu'humaine.  Voy. Femmes blanches.
Baptême. Dans le nord de l’Angleterre, lorsqu’on présente à la fois plusieurs enfants pour recevoir le baptême anglican, on veille attentivement à ce que les filles ne passent pas avant les garçons. On croit que les garçons baptisés après les filles n’ont point de barbe. — Les sorcières, dans leurs cérémonies abominables, baptisent au sabbat des crapauds et de petits enfants. Les crapauds sont habillés de velours rouge, les petits enfants de velours noir. Pour cette opération infernale, le diable urine dans un trou ; on prend de cette déjection avec un goupillon noir, on en jette sur la tête de l’enfant ou du crapaud, en faisant des signes de croix à rebours avec la main gauche, et disant : In nomine Patrica, Matrica, araguaco Petrica agora, agora Valentia ; ce qui veut dire : « Au nom de Patrique, de Matrique, Pétrique d’Aragon, à cette heure, à cette heure, Valentia. » Cette stupide impiété s’appelle le baptême du diable. Le diable, ou celui qui le représente au sabbat, rebaptise aussi, avec du soufre, du sel et de l’urine, les adultes des deux sexes qui se font recevoir à ses assemblées.
Baptême de la Ligne. Lorsqu’on traverse la Ligne, les matelots font subir aux personnes qui la passent pour la première fois une cérémonie qu’ils appellent le baptême de la Ligne. Ce baptême consiste en une aspersion plus ou moins désagréable, dont on évite souvent les ennuis par une générosité. Les personnages qui font la plaisanterie se travestissent ; le Père la Ligne arrive dans un tonneau, escorté par un diable, un courrier, un perruquier et un meunier. Le passager qui ne veut pas donner pour boire aux matelots est arrosé ou baigné, après avoir été poudré et frisé. On ne sait trop l’origine de cet usage, ni pourquoi le diable y figure.
Baraboulé. Voy. Kacher.
Barat, maladie de langueur, ordinairement le résultat d’un sort jeté, qui conduit infailliblement à la mort, et qui, selon les opinions bretonnes, est guérie par les eaux de la fontaine de Sainte-Candide, près de Scaer, dans le Finistère. Il n’est pas d’enfant qu’on ne trempe dans cette fontaine quelques jours après sa naissance ; on croit qu’il vivra s’il étend les pieds, et qu’il mourra dans peu s’il les retire.
Barbas, démon. Voy. Marbas.
Barbatos, grand et puissant démon, comte-duc aux enfers, type de Robin des Bois ; il se montre sous la figure d’un archer ou d’un chasseur ; on le rencontre dans les forêts. Quatre rois sonnent du cor devant lui. Il apprend à deviner par le chant des oiseaux, le mugissement des taureaux, les aboiements des chiens et les cris des divers animaux. Il connaît les trésors enfouis par les magiciens. Il réconcilie les amis brouillés. Ce démon, qui était autrefois de l’ordre des vertus des cieux ou de celui des dominations, est réduit aujourd’hui à commander trente légions infernales. Il connaît le passé et le futur .
Barbe. Les Romains gardaient avec un soin superstitieux leur première barbe. Néron faisait conserver la sienne dans une boîte d’or enrichie de pierreries.
Barbe-à-Dieu. Thiers, dans son Traité des superstitions, rapporte la prière dite la Barbe-à-Dieu ; c’est une prière superstitieuse encore populaire, et qui se trouve dans divers recueils. La voici : « Pécheurs et pécheresses, venez à moi parler. Le cœur me dut trembler au ventre, comme fait la feuille au tremble, comme fait la Loisonni quand elle voit qu’il faut venir sur une petite planche, qui n’est plus grosse ni plus membre que trois cheveux de femme grosse ensemble. Ceux qui la Barbe-à-Dieu sauront, par-dessus la planche passeront, et ceux qui ne la sauront, au bout de la planche s’assiéront, crieront, braieront : Mon Dieu ! hélas ! malheureux état ! Est comme petit enfant celui qui la Barbe-à-Dieu n’apprend. »
Barbe bleue. Voy. Retz.
Barbe de Saint-Michel, religieuse de Louviers. Voy. Louviers.
Barbeloth, Des gnostiques, appelés barbeliots ou barboriens, disaient qu’un Éon immortel avait eu commerce avec un esprit vierge appelé Barbeloth, à qui il avait successivement accordé la prescience, l’incorruptibilité et la vie éternelle ; que Barbeloth, un jour, plus gai qu’à l’ordinaire, avait engendré la lumière, qui, perfectionnée par l’onction de l’esprit, s’appela Christ ; que Christ désira l’intelligence et l’obtint ; que l’intelligence, la raison, l’incorruptibilité et Christ s’unirent ; que la raison et l’intelligence engendrèrent Autogène ; qu’Autogène engendra Adamas, l’homme parfait, et sa femme la connaissance parfaite ; qu’Adamas et sa femme engendrèrent le bois ; que le premier ange engendra le Saint-Esprit, sagesse ou Prunic ; que Prunic engendra Protarchonte ou premier prince, qui fut insolent et sot ; que Protarchonte et Arrogance engendrèrent les vices et toutes leurs branches. Les barbeliots débitaient ces merveilles en hébreu, et leurs cérémonies n’étaient pas moins abominables que leur doctrine était extravagante.
Barbier. Pline le jeune avait un affranchi, nommé Marc, homme quelque peu lettré, qui couchait dans un même lit avec son jeune frère, Marc, dans le sommeil, crut voir une personne assise au chevet de son lit, qui lui coupait les cheveux du haut de la tête. À son réveil, il se trouva rasé, et ses cheveux jetés au milieu de la chambre. — La même chose arriva, dans le même temps, à un jeune garçon qui dormait avec plusieurs autres dans une pension. Il vit entrer par la fenêtre deux hommes vêtus de blanc, qui lui coupèrent les cheveux comme il dormait. À son réveil, on trouva ses cheveux répandus sur le plancher. « À quoi cela peut-il être attribué, dit D. Calmet , si ce n’est à des follets ? » — ou aux compagnons de lit ?
Il y a quelques lutins, du genre de ceux-là, qui ont fait pareillement les fonctions de barbiers. Les contes populaires de l’Allemagne vous apprendront que les revenants peuvent ainsi faire la barbe aux vivants.
Barbieri. Dialogues sur la mort et sur les âmes séparées : Dialoghi délia morte e dell’anime separate, di Barbieri. In-8°. Bologna, 1600.
Barbu. On appelle démon barbu le démon qui enseigne le secret de la pierre philosophale ; on le connaît peu. Son nom semblerait indiquer que c’est le même que Barbatos, qui n’a rien d’un démon philosophe. Ce n’est pas non plus Barbas, qui se mêle de mécanique. On dit que le démon barbu est ainsi appelé à cause de sa barbe remarquable.
Barcabas et Barcoph. Voy. Basilide.
Barkokebas ou Barchochebas, imposteur ; qui se fit passer pour le Messie juif, sous l’empire d’Adrien. Après avoir été voleur de grand chemin, il changea son nom de Barkoziba, fils du mensonge, en celui de Barkokebas, fils de l’étoile, et prétendit qu’il était l’étoile annoncée par Balaam. Il se mit à faire des prodiges. Saint Jérôme raconte qu’il vomissait du feu par la bouche, au moyen d’un morceau d’étoupes allumées qu’il se mettait dans les dents, ce que font maintenant les charlatans des foires. Les Juifs le reconnurent pour leur Messie. Il se fit couronner roi, rassembla une armée, et soutint contre les Romains une guerre assez longue ; mais enfin, en l’année 136, l’armée juive fut passée au fil de l’épée et Barkokebas tué. Les rabbins assurent que, lorsqu’on voulut enlever son corps pour le porter à l’empereur Adrien, un serpent se présenta autour du cou de Barkokebas, et le fit respecter des porteurs et du prince lui-même
Barnaud (Nicolas). (c. 1539-1604 ?), originaire de Crest dans le Dauphiné, est un médecin, alchimiste paracelsien et pamphlétaire huguenot. Proche des Monarchomaques Théodore de Bèze et François Hotman, il est l'auteur probable, sous le pseudonyme d'"Eusèbe philadelphe Cosmopolite", du Réveille-matin des François (1574) .
Sa vie itinérante est mal connue, ses écrits permettent de savoir qu'il a voyagé en Espagne, en Angleterre, en Bohême, en Pologne.
Bourgeois de Genève (où il s'est réfugié après les massacres de la Saint-Barthélemy), à partir de 1567, il fréquente le paracelsien Joseph du Chesne et est immatriculé à l'université de Bâle en 1574-1575. En 1592, il est à Prague où le retrouve son ami Bernard Gilles Penot.
De 1597 à 1601, (période pendant laquelle il est installé à Leyde puis comme médecin à Gouda), il publie à Leyde cinq petits recueils alchimiques. Le premier (Commentariolum in aenigmaticum quoddam epitaphium) contient son interprétation de l'inscription énigmatique de Bologne Ælia Lælia Crispis, ainsi que la messe alchimique de Melchior de Sibiu. Le second (Triga Chemica) contient sa traduction en latin du poème Lapide philosophico de Lambspring (dont c'est la première publication imprimée mais sans les illustrations). Dans le Quadriga aurifera il donne des versions latines des œuvres attribuées à l'alchimiste anglais George Ripley. Les deux derniers recueils « valent moins par les textes anonymes, fragmentaires, brefs et obscurs qui y sont édités que par les préfaces et les dédicaces politiques qui en font de véritables libelles de propagande calviniste, alchimique et quasi millénariste ». Tous ces traités seront repris dans le troisième tome de la grande anthologie alchimique du Theatrum Chemicum (1602). Menacé d'excommunication pour socinianisme, il vend sa maison de Crest en 1604, et meurt probablement peu après.
Barrabas. « Quand les sorcières sont entre les mains de la justice, dit Pierre Delancre, elles font semblant d’avoir le diable leur maître en horreur, et l’appellent par dédain Barrabas ou Barrabam. »
Barron, un des démons auxquels sacrifiait le maréchal de Retz. Voy. Retz.
Barscher (Anne), femme de Kôge, près de Copenhague, qui subit en 1609 et plus tard un ensorcellement jeté sur elle, sur son mari et ses enfants. Elle a publié en danois le récit curieux de ses souffrances, récit approuvé et attesté par des autorités imposantes. On peut lire cette histoire assez compliquée dans les Energumeni Koagienses, Lipsiœ, 1695.
Barthole, jurisconsulte, mort à Pérouse en 1356. Il commença à mettre de l’ordre dans la jurisprudence ; mais on retrouve les bizarreries de son siècle dans quelques-uns de ses ouvrages. Ainsi, pour faire connaître la marche d’une procédure, il imagina un procès entre la sainte Vierge et le diable, jugé par Notre-Seigneur Jésus-Christ . Les parties plaident en personne. Le diable demande que le genre humain rentre sous son obéissance ; il fait observer qu’il en a été le maître depuis Adam ; il cite les lois qui établissent que celui qui a été dépouillé d’une longue possession a le droit d’y rentrer. La sainte Vierge lui répond qu’il est un possesseur de mauvaise foi, et que les lois qu’il cite ne le concernent pas. On épuise des deux côtés toutes les ressources de la chicane du quatorzième siècle, et le diable est débouté de ses prétentions.
Bartholin (Thomas), né à Copenhague en 1619. On recherche de lui le livre De unguento armario. Ce traité de la poudre de sympathie se ressent du temps et de la crédulité de l’auteur ; il contient cependant des choses singulières et qui ne sont pas indignes de quelque attention.
Barton (Elisabeth), (née vers 1506 dans le Kent et exécutée le à Tyburn), connue comme la « Nonne du Kent » (The Nun of Kent), et la « jeune fille sainte de Londres » (The Holy Maid of London), ou encore la sainte du Kent », fut une religieuse anglaise.
Elle est célèbre pour avoir vivement critiqué Henri VIII pour la séparation de l'Église d'Angleterre de celle de Rome, à l'origine de l'anglicanisme.
Religieuse au couvent du Saint-Sépulcre à Cantorbéry, elle se donna pour prophétesse. Des hommes graves, entre autres l'évêque John Fisher, crurent à sa bonne foi.
Elle fut une fervente partisane de l'Église catholique romaine pendant une période troublée de l'histoire de l'Angleterre, lorsque le roi Henri VIII se déclara chef de l'Église d'Angleterre dans le but de divorcer de sa femme Catherine d'Aragon et épouser Anne Boleyn. Le pape avait interdit ce divorce, excommuniant Henri du même coup.
Elizabeth Barton prétendait qu'elle recevait des messages de Dieu pendant ses crises d'épilepsie, prophétisant la mort du roi en six mois s'il se mariait avec Anne Boleyn. Comme porte-parole de l'opposition contre les actions du roi, elle devint très célèbre à Londres et à travers toute l'Angleterre. Ses revendications furent soutenues par beaucoup de dirigeants de l'Église catholique. Les prophéties d'Elizabeth Barton se révélèrent néanmoins fausses, puisque Henri survécut près de quinze ans.
La protection de Thomas Morus, loin de la sauver, la perdit : en 1533, cette pieuse et sainte fille fut mise à mort avec beaucoup d’autres, sous prétexte de sorcellerie, par les réformés, qui se vantaient d’apporter la lumière et la liberté.
Bas. Qui a chaussé un de ses bas à l’envers recevra dans la journée un conseil, — probablement celui de le retourner.
Bascanie, sorte de fascination employée par les magiciens grecs ; elle troublait tellement les yeux, qu’on voyait tous les objets à rebours : blanches les choses noires, rondes les choses pointues, laides les plus jolies figures, et jolies les plus laides.
Basile. Michel Glycas raconte que l’empereur Basile, ayant perdu son fils bien-aimé, obtint de le revoir peu après sa mort, par le moyen d’un moine magicien ; qu’il le vit en effet et le tint embrassé assez longtemps, jusqu’à ce qu’il disparut d’entre ses bras, a Ce n’était donc qu’un fantôme qui disparut sous la forme de son fils. »
Basile-Valentin, alchimiste, qui est pour les Allemands ce que Nicolas Flamel est pour nous. Sa vie est mêlée de fables qui ont fait croire à quelques-uns qu’il n’a jamais existé. On le fait vivre au douzième, au treizième, au quatorzième et au quinzième siècle ; on ajoute même, sans la moindre preuve, qu’il était bénédictin à Erfurt. C’est lui qui, dans ses expériences chimiques, découvrit l’antimoine, qui dut son nom à cette circonstance, que, des pourceaux s’étant prodigieusement engraissés pour avoir avalé ce résidu de métal, Basile en fit prendre à des religieux qui en moururent.
On raconte que, longtemps après la mort de Basile-Valentin, une des colonnes de la cathédrale d’Erfurt s’ouvrit comme par miracle, et qu’on y trouva ses livres sur l’alchimie. Les ouvrages de Basile, ou du moins ceux qui portent son nom, écrits en haut allemand, ont été traduits en latin, et quelques-uns du latin en français. Les adeptes recherchent de lui l’Azoth, les Douze clefs de la philosophie de frère Basile-Valentin, traitant de la vraie médecine métallique , à la suite de la traduction de l’Azoth, in-12, 1660 ; in-8°, 1669 ; l’Apocalypse chimique ; la Révélation des mystères des teintures essentielles des sept métaux et de leurs vertus médicinales, in-/r\ Paris, 15/|6 ; Du microcosme, du grand mystère du monde et de la médecine de l’homme  ; Traité chimico-philosophique des choses naturelles et surnaturelles des minéraux et des métaux ; Haliographie, de la préparation, de l’usage et des vertus de tous les sels minéraux, animaux et végétaux, recueillis par Antoine Salmincius, dans les manuscrits de Basile-Valentin , etc. La plupart de ces ouvrages ont fait faire des pas à la chimie utile.
Basilic, petit serpent, long d’un demi-mètre, qui n’a été connu que des anciens. Il avait deux ergots, une tête et une crête de coq, des ailes, une queue de serpent ordinaire, etc. Quelques-uns disent qu’il naît de l’œuf d’un coq couvé par un serpent ou par un crapaud. Boguet, au chapitre xiv de ses Discours des sorciers, le fait produire de l’accouplement du crapaud et du coq, comme le mulet naît d’un âne et d’une jument.
C’est une opinion encore répandue dans les campagnes que les vieux coqs pondent un œuf duquel naît un serpent. Ce petit œuf, imparfait, n’est, comme on sait, que l’effet d’une maladie chez les poules ; et l’absurdité de ce conte bleu n’a plus besoin d’être démontrée.
Il est possible que les anciens, dans leurs expériences, aient pris des œufs de serpent pour des œufs de coq. Voy. Coq. — Quoi qu’il en soit, on croit que le basilic tue de ses regards ; et Matthiole demande comment on a su que le basilic tuait par son regard, s’il a tué tous ceux qui l’ont vu. On cite toutefois je ne sais quel historien qui raconte qu’Alexandre le Grand ayant mis le siège devant une ville d’Asie, un basilic se déclara pour les assiégés, se campa dans un trou des remparts, et lui tua jusqu’à deux cents soldats par jour. Une batterie de canons bien servie n’eût pas fait mieux.
« Il est vrai, ajoute M. Salgues , que si le basilic peut nous donner la mort, nous pouvons lui rendre la pareille en lui présentant la surface polie d’un miroir : les vapeurs empoisonnées qu’il lance de ses yeux iront frapper la glace, et, par réflexion, lui renverront la mort qu’il voudra donner. C’est Aristote qui nous apprend cette particularité. »
Des savants ont regardé en face le serpent qu’on appelle aujourd’hui basilic, et qui n’a pas les accessoires dont les anciens l’ont embelli ; malgré tous les vieux contes, ils sont sortis bien portants de cette épreuve. Mais, nous le répétons, le reptile auquel les modernes donnent le nom de basilic n’est peut-être pas le basilic des anciens, car il y a des races perdues.
Au moyen âge, on donnait au basilic une couronne native ornée d’une pierre précieuse, et on voyait en lui le roi des serpents.
Basilide, hérétique du deuxième siècle, qui se fit un système en mêlant les principes de Pythagore et de Simon, les dogmes des chrétiens et les croyances des Juifs. Il prétendit que le monde avait été créé par les anges. « Dieu (Abracax), disait-il, produisit l’Intelligence, laquelle produisit le Verbe, qui produisit la Prudence ; la Prudence eut deux filles : la Puissance et la Sagesse, lesquelles produisirent les vertus, les princes de l’air et les anges. Les anges étaient de trois cent soixante-cinq ordres ; ils créèrent trois cent soixante-cinq deux ; les anges du dernier ciel firent le monde sublunaire ; ils s’en partagèrent l’empire. Celui auquel échurent les Juifs, étant puissant, lit pour eux beaucoup de prodiges ; mais, comme il voulait soumettre les autres nations, il y eut des querelles et des guerres, et le mal fit de grands progrès. Dieu, ou l’Être supérieur, touché des misères d’ici-bas, envoya Jésus, son premier Fils, ou la première intelligence créée, pour sauver le monde. Il prit la figure d’un homme, fit les miracles qu’on raconte, et, pendant la passion, il donna son apparence à Simon le Gyrénéen, qui fut crucifié pour lui, pendant que, sous les traits de Simon, il se moquait des Juifs ; après quoi il remonta aux deux sans avoir été précisément connu. »
Basilide, à côté de ce système étrange, enseignait encore la métempsycose, et il donnait aux hommes deux âmes, pour accorder les combats qui s’élèvent sans cesse entre la raison et les passions.
Il était très-habile, ajoute-t-on, dans la cabale des Juifs. C’est lui qui inventa le puissant talisman Abracadabra, dont nous avons parlé, et dont l’usage fut longtemps extrêmement répandu. Il fit un évangile apocryphe et des prophéties qu’il publia sous les noms de Bareabas et de Barcoph. Il plaçait Dieu dans le soleil, et révérait prodigieusement les trois cent soixante-cinq révolutions de cet astre autour de la terre. Voy. Abracax et Achamoth.
Basilius. Il y eut à Rome, du temps de saint Grégoire, un sénateur de bonne et ancienne famille, nommé Basilius, magicien, scélérat et sorcier, lequel, s’étant fait moine pour éviter la peine de mort, fut enfin brûlé avec son compagnon Prétextatus, comme lui sénateur romain et de maison illustre. « Ce qui montre, dit Delancre , que la sorcellerie n’est pas une tache de simple femmelette, rustiques et idiots. »
Bassantin (Jacques), astrologue écossais qui, en 1562, prédit à sir Robert Melvil, si l’on en croit les mémoires de Jacques Melvil, son frère, une partie des événements arrivés depuis à Marie Stuart, alors réfugiée en Angleterre. Il ne fallait pour cela que quelque connaissance du temps et des hommes. Les autres prédictions de Bassantin ne se réalisèrent pas. Son grand Traité d’astronomie, ou plutôt d’astrologie, a été publié en français et en latin. On recherche l’édition latine de Genève, 1599, que les éditeurs appellent ingens et doctum volumen. Tous ses ouvrages présentent un mélange d’heureuses observations et d’idées superstitieuses .
Bateleurs, faiseurs de tours en plein air, avaleurs de couleuvres, d’étoupes et de baguettes ; ils passaient autrefois pour sorciers, comme les escamoteurs et même les comédiens.
Bathym ou Bathin ou Machin ou Marthym,  est le nom d'un Grand duc des Enfers, en 16e position dans la liste des démons du Livre des esperitz, le plus ancien traité démonologique conservé en français, datant du XVIe siècle. Il correspond au démon Bathym du traité Pseudomonarchia daemonum, dans lequel il est en 10e position, et Bathin dans le Lemegeton, où il figure en 18e position.
Le Livre des esperitz le décrit ainsi :
« Machin est ung grant duc qui est en similitude et semblance d'un home fort, et enseigne la vertu des herbes et des pierres precieuses, et porte le maistre de region en region partout ou le maistre vieult ; et a XXXVII legions. »
Le Lemegeton et la Pseudomonarchia Daemonum lui donnent des caractéristiques similaires, précisant que Bathin possède le pouvoir de transporter des hommes d'un pays à un autre soudainement. Il est décrit dans ces livres comme un homme fort avec une queue de serpent chevauchant un cheval d'une blancheur livide. Il possède trente légions infernales à son service.
Autres orthographes : Mathim, Marthim, Bathym, Bathin, Batin ou Bathyn.
Bâton du diable. On conserve, dit-on, à Tolentino, dans la marche d’Ancône, un bâton dont on prétend que le diable a fait usage.
Bâton du bon voyageur. « Cueillez, le lendemain de la Toussaint, une forte branche de sureau, que vous aurez soin de ferrer par le bas ; ôtez-en la moelle ; mettez à la place les yeux d’un jeune loup, la langue et le cœur d’un chien, trois lézards verts et trois cœurs d’hirondelles, le tout réduit en poudre par la chaleur du soleil, entre deux papiers saupoudrés de salpêtre ; placez par-dessus, dans le cœur du bâton, sept feuilles de verveine cueillies la veille de la Saint-Jean-Baptiste, avec une pierre de diverses couleurs qui se trouve dans le nid de la huppe ; bouchez ensuite le bout du bâton avec une pomme à votre fantaisie, et soyez assuré que ce bâton vous garantira des brigands, des chiens enragés, des bêtes féroces, des animaux venimeux, des périls, et vous procurera la bienveillance de tous ceux chez qui vous logerez… »
Le lecteur qui dédaigne de tels secrets ne doit pas oublier qu’ils ont eu grand crédit, et qu’on cherche encore, dans beaucoup de villages, à se procurer le bâton du bon voyageur, avec lequel on marche si vite, qu’on doit se charger les pieds.
Batrachyte, pierre ainsi nommée de batrachos, grenouille, parce qu'on a cru qu'elle se trouvait dans les grenouilles. On lui attribuait de grandes vertus contre toute sorte de venins.
Batscum-Bassa ou Batscum-Pacha, démon turc que l’on invoque en Orient pour avoir du beau temps ou de la pluie. On se le rend favorable en lui offrant des tartines de pain grillé, dont il est très-friand.
Baume universel, élixir composé par les alchimistes : c’est, disent-ils, le remède souverain et infaillible de toutes les maladies. Il peut même, au besoin, ressusciter des morts.
Bavent (Madeleine), possédée de Louviers, qui raconta en justice les orgies infâmes du sabbat, auxquelles, comme tant d’autres âmes perdues, elle avait pris part. Voy. Louviers.
Baxter, écrivain anglais qui publia, à la fin du dix-septième siècle, un livre intitulé Certitude du monde des esprits.
Bayard, cheval des quatre fils Aymon. Il avait la taille d’un cheval ordinaire lorsqu’il ne portait qu’un des frères, et s’allongeait lorsqu’il les fallait porter tous quatre. On conte beaucoup de merveilles sur cette monture célèbre, qui se distinguait surtout par une vitesse incroyable, et qui a laissé la trace d’un de ses pieds dans la forêt de Soignes en Brabant. On trouve aussi la marque d’un de ses fers sur un rocher près de Dinant.
Bayemon. Le grimoire attribué stupidement au pape Honorius donne ce nom à un roi de l’occident infernal. On le conjure par cette prière : « Ô roi Bayemon, très-fort, qui règne aux parties occidentales, je t’appelle et invoque au nom de la Divinité : je te commande, en vertu du Très-Haut, de m’envoyer présentement devant ce cercle (on nomme l’esprit dont on veut se servir, Passiel, Rosus, etc.), et les autres esprits qui te sont sujets, pour répondre à tout ce que je leur demanderai. Si tu ne le fais, je te tourmenterai du glaive du feu divin ; j’augmenterai tes peines et te brûlerai. Obéis, roi Bayemon ! »
Bayer.. En 1726, un curé du diocèse de Constance, nommé Bayer, pourvu de la cure de Rutheim, fut inquiété par un spectre ou mauvais génie qui se montrait sous la forme d’un paysan mal vêtu, de mauvaise mine et très-puant. Il vint frapper à sa porte ; étant entré dans son poêle, il lui dit qu’il était envoyé par le prince de Constance, son évêque, pour certaine commission qui se trouva fausse. Il demanda ensuite à manger. On lui servit de la viande, du pain et du vin. Il prit la viande à deux mains et la dévora avec les os, disant : « Voyez comme je mange la chair et les os ; faites-vous de même  ? » Puis il prit le vase où était le vin, et l’avala d’un trait ; il en demanda d’autre qu’il but de même. Après cela il se retira sans dire adieu ; et la servante, qui le conduisait a la porte, lui ayant demandé son nom, il répondit : a Je suis né à Rutsingue, et mon nom est Georges Raulin ; » ce qui était faux encore.
Il passa le reste du jour à se faire voir dans le village, et revint, le soir à minuit, à la porte du curé, en criant d’une voix terrible : Mynheer Bayer, je vous montrerai qui je suis…
Pendant trois ans, il revint tous les jours vers quatre heures après midi, et toutes les nuits avant le point du jour. Il paraissait encore sous diverses formes, tantôt sous la figure d’un chien barbet, tantôt sous celle d’un lion ou d’un autre animal terrible ; quelquefois sous les traits d’un homme, sous ceux d’une femme ; certains jours il faisait dans la maison un fracas semblable à celui d’un tonnelier qui relie des tonneaux ; d’autrefois on aurait dit qu’il voulait renverser le logis par le grand bruit qu’il y causait. Le curé fit venir comme témoins un grand nombre de personnes. Le spectre répandait partout une odeur insupportable, mais ne s’en allait pas. On eut recours aux exorcismes, qui ne produisirent aucun effet ; on résolut de se munir d’une branche bénite le dimanche des Rameaux, et d’une épée aussi bénite, et de s’en servir contre le spectre. On le fit deux fois, et depuis ce temps il ne revint plus.
Ces choses, rapportées par dom Calmet, peuvent-elles s’expliquer, comme le proposent les esprits forts, par les frayeurs qu’un garnement aura causées au curé, frayeurs qui ont dû lui donner des visions ?…
Bayer (Jean), ministre protestant, né à Augsbourg au seizième siècle. On recherche de lui une thèse sur cette question : « Si l’existence des anges peut se démontrer par les seules lumières naturelles ? »
Bayerin (Anne), servante qui fit pacte avec le diable à Salzbourg ; elle causa de grands dégâts à un forgeron chez qui elle servait, et passa dans une autre maison où elle mit pareillement le désordre. Interrogée sur ses méchancetés ou maléfices, elle avoua, sans en être pressée, qu’elle s’était donnée au démon et qu’elle avait assisté au sabbat ; on ne voit pas qu’elle ait été brûlée.
Bayle (François), professeur de médecine à Toulouse, mort en 1709. Nous ne citerons de ses ouvrages que la Relation de l’état de-quelques personnes prétendues possédées, faite de l’autorité du parlement de Toulouse, in-12 ; Toulouse, 1682. Il veut prouver que les démoniaques, s’ils ne sont pas des charlatans, sont très-souvent des fous ou des malades.
Bazine, célèbre reine des Tongres, qui épousa Childéric et qui fut mère de Clovis. Elle est représentée par les vieux historiens comme une habile magicienne. On sait qu’elle était femme de Bising, roi des Tongres ; que Childéric, chassé de ses États par une révolution et réfugié à la cour de Bising, plut à sa femme ; que lorsqu’il fut rétabli sur le trône, Bazine quitta tout pour venir le trouver. Childéric l’épousa. Le soir de ses noces, quand elle fut seule avec lui, elle le pria de passer la première nuit dans une curieuse observation. Elle l’envoya à la porte de son palais en lui enjoignant de venir lui rapporter ce qu’il y aurait vu. — Childéric, connaissant le pouvoir magique de Bazine, qui était un peu druidesse, s’empressa d’obéir. Il ne fut pas plutôt dehors, qu’il vit d’énormes animaux se promener dans la cour:c’étaient des léopards, des licornes, des lions. Étonné de ce spectacle, il vint en rendre compte à son épouse ; elle lui dit, du ton d’oracle qu’elle avait pris d’abord, de ne point s’effrayer, et de retourner une deuxième et même une troisième fois. Il vit à la deuxième fois des ours et des loups, et à la troisième des chiens et d’autres petits animaux qui s’entre-déchiraient. — « Les prodiges que vous avez vus, lui dit-elle, sont une image de l’avenir ; ils représentent le caractère de toute notre postérité. Les lions et les licornes désignent le fils qui naîtra de nous ; les loups et les ours sont ses enfants, princes vigoureux et avides de proie ; et les chiens, c’est le peuple indocile au joug de ses maîtres, soulevé contre ses rois, livré aux passions des puissants et souvent victime . » — Au reste, on ne pouvait mieux caractériser les rois de cette première race; et si la vision n’est qu’un conte, il est bien imaginé .
Beal. Voy. Bérith.
Beauchamp. Voy. Abdeel
Beauffort (le comte Amédée de) a publié, en 184O, un volume in-8° intitulé Légendes et traditions populaires de la France, recueil piquant où les faits surnaturels ont grande part..
Beausoleil (Jean du Châtelet, baron de), astrologue et alchimiste allemand, qui précéda Jacques Aymar dans la recherche des sources inconnues et des trésors souterrains. Il avait épousé Martine Berthereau, qui avait ou à qui il souffla les mêmes penchants qui le dominaient. Ils furent les premiers qui firent profession de découvrir les sources cachées au moyen de baguettes mystérieuses. Ils cherchaient aussi les mines et annonçaient que, par l’aide d’instruments merveilleux, ils connaissaient tout ce que la terre recèle dans son sein. Ces instruments étaient l’astrolabe minéral, le râteau métallique, la boussole à sept angles (à cause des sept planètes), les verges hydrauliques, etc. Les baguettes, ou verges hydrauliques et métalliques, étaient préparées, disaient-ils, sous l’influence des constellations qui dominaient l’art. On les accusa de magie ; ce qui motiva ce jugement, c’est qu’en visitant les coffres de Martine Berthereau, on y trouva des grimoires et autres objets qui sentaient à plein la sorcellerie. Le baron de Beausoleil, heureux du bruit qu’il faisait en Hongrie, était venu exploiter la France. Le cardinal de Richelieu le fit enfermer à la Bastille (1641) en même temps qu’on détenait sa femme Martine à Vincennes. On ne sait pas autre chose de leurs exploits.
Beauvoys de Chauvincourt, gentilhomme angevin, fit imprimer en 1599 un volume intitulé Discours de la Lycanthropie ou de la transmutation des hommes en loups.
Bebal, prince de l’enfer, assez inconnu. Il est de la suite de Paymon. Voy. ce mot.
Bechard, démon désigné dans les Clavicules de Salomon comme ayant puissance sur les vents et les tempêtes. Il fait grêler, tonner et pleuvoir, au moyen d’un maléfice qu’il compose avec des crapauds fricassés et autres drogues.
Bechet, démon que l’on conjure le vendredi. Voy. Conjurations.
Bédargon, l’un des lieutenants de Samaël, dans la cabale judaïque.
Bède (le vénérable), né au septième siècle, dans le diocèse de Durham, en Angleterre. Il mourut à soixante-trois ans. On dit qu’il prévit l’heure précise de sa mort. Un instant avant d’expirer, il dictait quelques passages qu’il voulait extraire des œuvres de saint Isidore ; le jeune moine qui écrivait le pria de se reposer parce qu’il parlait avec peine : — « Non, répondit Bède, prenez une autre plume, et écrivez le plus vite que vous pourrez. » — Lorsque le jeune eut dit : — C’est fait. — « Vous avez dit la vérité, » répliqua Bède ; et il expira.
Peu de temps après sa mort, on dit qu’il se fit voir à un moine nommé Gamèle, à qui il témoigna le désir d’être enterré à Durham, auprès de saint Cuthbert. On se hâta de le satisfaire, car on avait un grand respect pour sa mémoire.
Béguins. Voy. Digonnet.
Béhémoth, démon lourd et stupide, malgré ses dignités. Sa force est dans ses reins ; ses domaines sont la gourmandise et les plaisirs du
ventre. Quelques démonomanes disent qu’il est aux enfers sommelier et grand échanson. Bodin croit  que Béhémoth n’est autre chose que le Pharaon d’Egypte qui persécuta les Hébreux. Il est parlé de Béhémoth dans Job comme d’une créature monstrueuse. Des commentateurs prétendent que c’est la baleine, et d’autres que c’est l’éléphant ; mais il y eut d’autres monstres dont les races ont disparu. On voit dans le procès d’Urbain Grandier que Béhémoth est bien un démon. Delancre dit qu’on l’a pris pour un animal monstrueux, parce qu’il se donne la forme de toutes les grosses bêtes. Il ajoute que Béhémoth se déguise aussi avec perfection en chien, en éléphant, en renard et en loup.
Si Wierus, notre oracle en ce qui concerne les démons, n’admet pas Béhémoth dans son inventaire de la monarchie infernale, il dit, livre I er, des Prestiges des démons, chapitre xxi, que Béhémoth ou l’éléphant pourrait bien être Satan lui-même, dont on désigne ainsi la vaste puissance.
Enfin, parce qu’on lit, au chapitre xi de Job, que Béhémoth mange du foin comme un bœuf, les rabbins ont fait de lui le bœuf merveilleux réservé pour le festin de leur Messie. Ce bœuf est si énorme, disent-ils, qu’il avale tous les jours le foin de mille montagnes immenses, dont il s’engraisse depuis le commencement du monde. Il ne quitte jamais ses mille montagnes, où l’herbe qu’il a mangée le jour repousse la nuit pour le lendemain. Ils ajoutent que Dieu tua la femelle de ce bœuf au commencement ; car on ne pouvait laisser multiplier une telle race. Les Juifs se promettent bien de la joie au festin où il fera la pièce de résistance. Ils jurent par leur part du bœuf Béhémoth.
Béherit, démon sur lequel on a peu de renseignements, à moins qu’il ne soit le même que Bérith. Voy. ce mot. Il est cité dans la possession de Loudun. Il avait même promis d’enlever la calotte du sieur commissaire, et de la tenir en l’air à la hauteur de deux piques ; ce qui n’eut pas lieu, à sa honte .
Remarquons pourtant que, sur cette possession de Loudun, le calviniste qui en fit l’histoire a imaginé beaucoup de quolibets, pour écornifler d’autant l’Église romaine, qu’il voulait, comme tant d’autres, démolir un peu, — mais qu’on ne démolit pas.
Bekker (Balthasar), docteur en théologie réformée, et ministre à Amsterdam, né en 1634. « Ce Balthasar Bekker, grand ennemi de l’enfer éternel et du diable, et encore plus de la précision, dit Voltaire, fit beaucoup de bruit en son temps par son gros livre du Monde enchanté. » Alors la sorcellerie, les possessions, étaient en vogue depuis la réforme, qui livrait de l’espace aux esprits malins ; c’est ce qui le détermina à combattre le diable. « On eut beau lui dire, en prose et en vers, qu’il avait tort de l’attaquer, attendu qu’il lui ressemblait beaucoup, étant d’une laideur horrible rien ne l’arrêta; il commença par nier absolument le pouvoir de Satan, et s’enhardit jusqu’à soutenir qu’il n’existe pas. « S’il y avait un diable, disait-il, il se vengerait de la guerre que je lui fais. » Le laid bonhomme se croyait important. « Les ministres, ses confrères, prirent le parti de Satan et déposèrent Bekker. »
Il avait déjà fait l’esprit fort dans de précédents ouvrages. Dans l’un de ses catéchismes, le Mets de carême, il réduisait les peines de l’enfer au désespoir des damnés, et il en bornait la durée. On l’accusa de socinianisme, et son catéchisme fut condamné par un synode. Il publia, à l’occasion de la comète de 1680, des recherches sur les comètes, imprimées en flamand, in-8°, Leuwarde, 1683. — Il s’efforce de prouver que ces météores ne sont pas des présages de malheurs, et combat les idées superstitieuses que le peuple attache à leur apparition. Cet ouvrage fut reçu sans opposition. Il n’en fut pas de même de son livre De Belooverde wereld (Le monde ensorcelé), imprimé plusieurs fois, et traduit en français sous ce titre : « Le monde enchanté, ou examen des communs sentiments touchant les esprits, leur nature, leur pouvoir, leur administration et leurs opérations, et touchant les effets que les hommes sont capables de produire par leur communication et leur vertu ; divisé en quatre livres ; » 4 forts volumes petit in-12, avec le portrait de l’auteur , Amsterdam, 1694.
L’auteur, dans cet ouvrage, qui lui fit perdre sa place de ministre , cherche à prouver qu’il n’y a jamais eu ni possédés ni sorciers ; que tout ce qu’on dit des esprits malins n’est que superstition, etc. Un peu plus tard pourtant, dans une défense de ses opinions, il admit l’existence du diable ; mais il ajouta qu’il le croyait enchaîné dans les enfers et hors d’état de nuire.
Il ne fallait pas, pour des calvinistes qui se disent si tolérants et qui le sont si peu, poursuivre si sérieusement un livre que sa prolixité seule devait rendre invisible. « II y a grande apparence, dit encore Voltaire, qu’on ne le condamna que par le dépit d’avoir perdu son temps à le lire. » Voy. Chassen.
Bel, le grand dieu des Chaldéens. "Il y eut un temps, disaient-ils, que tout n'était qu'eau et ténèbres, et cette eau, ces ténèbres renfermaient des animaux monstrueux. Bel, ayant formé le ciel et la terre, donna la mort à tous ces monstres, dissipa les ténèbres, sépara la terre d'avec le ciel, et arrangea l'univers. Ensuite, voyant le monde inhabité, il se fit couper la tête par l'un des dieux, qui devait ensuite détremper la terre avec son sang, et en former les hommes et les animaux." 
Belaam, démon dont on ne sait rien, sinon qu’en 1632 il entra dans le corps d’une des possédées de Loudun, avec Isaacarum et Béhémoth : on le força de déloger.
Belbach ou Belbog, le dieu blanc des vieux Slavons. Voy. Belzébuth.
Belephantes, astrologue chaldéen qui prédit à Alexandre, selon Diodore de Sicile, que son entrée à Babylone lui serait funeste : ce qui advint, comme chacun sait.
Belette. Les anciens croyaient que la belette faisait ses petits par la gueule, parce qu’elle les porte souvent entre ses lèvres, comme font les chattes. — Plutarque remarque que les Thébains honoraient la belette, tandis que les autres Grecs regardaient sa rencontre comme un présage funeste.
On prétend que sa cendre, appliquée en cataplasme, guérit les migraines et les cataractes ; et le livre des Admirables secrets d’Albert le Grand assure que si on fait manger à un chien le cœur et la langue d’une belette, il perdra incontinent la voix. Il ajoute imprudemment un secret qu’il dit éprouvé, et qu’il certifie infaillible : c’est qu’un amateur n’a qu’à manger le cœur d’une belette encore palpitant pour prédire les choses à venir…
Bélial, démon adoré des Sidoniens. L’enfer n’a pas reçu d’esprit plus dissolu, plus crapuleux, plus épris du vice pour le vice même. Si son âme est hideuse et vile, son extérieur est séduisant. Il a le maintien plein de grâce et de dignité. Il eut un culte à Sodome et dans d’autres villes ; mais jamais on n’osa trop lui ériger des autels. Delancre dit que son nom signifie rebelle ou désobéissant. — Wiérus, dans son inventaire de la monarchie de Satan, lui consacre un grand article. « On croit, dit-il, que Bélial, l’un des rois de l’enfer, a été créé immédiatement après Lucifer, et qu’il entraîna la plupart des anges dans la révolte : aussi il fut renversé du ciel un des premiers. Lorsqu’on l’évoque, on l’oblige par des offrandes à répondre avec sincérité aux questions qu’on lui fait. Mais il conte bien vite des mensonges, si on ne l’adjure pas, au nom de Dieu, de ne dire que la vérité. Il se montre quelquefois sous la figure d’un ange plein de beauté, assis dans un char de feu ; il parle avec aménité ; il procure les dignités et les faveurs, fait vivre les amis en bonne intelligence, donne d’habiles serviteurs. Il commande quatre-vingts légions de de l’ordre des Vertus et de l’ordre des Anges. Il est exact à secourir ceux qui se soumettent à lui ; s’il y manquait, il est facile de le châtier, comme fit Salomon, qui l’enferma dans une bouteille avec toutes ses légions, lesquelles font une armée de cinq cent vingt-deux mille deux cent quatre-vingts démons. Il fallait que la bouteille fût de grande taille.
Mais Salomon était si puissant que, dans une autre occasion, il emprisonna pareillement six mille six cent soixante —six millions de diables qui ne purent lui résister. — Des doctes racontent encore que Salomon mit la bouteille où était Bélial dans un grand puits, qu’il referma d’une pierre, près de Babylone ; que les Babyloniens descendirent dans ce puits, croyant y trouver un trésor ; qu’ils cassèrent la bouteille, que tous les diables s’en échappèrent, et que Bélial, qui avait peur d’être repris, se campa dans une idole qu’il trouva vide, et se mit à rendre des oracles ; ce qui fit que les Babyloniens l’adorèrent.
Bélias, démon invoqué comme prince des Vertus dans les litanies du sabbat.
Beliche. C’est le nom qu’on donne au diable à Madagascar. Dans les sacrifices, on lui jette les premiers morceaux de la victime, avec la persuasion qu’il ne fait point de mal tant qu’il a de quoi mettre sous la dent.
Bélier. Le diable s’est quelquefois transmué en bélier, et des maléficiés ont subi cette métamorphose. C’est même sur une vieille tradition populaire de cette espèce qu’Hamilton a bâti son conte du Bélier.
Il paraît que le bélier a des propriétés magiques ; car, lorsqu’on accusa Léonora Galigaï, femme du maréchal d’Ancre, d’avoir fait des sorcelleries, on prétendit que, pendant qu’elle s’occupait de maléfices, elle ne mangeait que des crêtes de coq et des rognons de bélier.
Pour l’influence du bélier, signe du zodiaque, voyez Astrologie et Horoscopes.
Belin (Albert), bénédictin, né à Besançon en 1610. On recherche parmi ses ouvrages:1° le Traité des talismans, ou Figures astrales, dans lequel il est montré que leurs effets ou vertus admirables sont naturels, ensemble la manière de les faire et de s’en servir avec profit, in-12, Paris, 1671. On a joint à l’édition de 1709 un traité du même auteur, de la Poudre de sympathie justifiée ; 2° les Aventures du philosophe inconnu en la recherche et invention de la pierre philosophale, divisées en quatre livres, au dernier desquels il est parlé si clairement de la manière de la faire que jamais on en a traité avec tant de candeur. In-12 ; Paris, 1664 et 1674.
Belinuncia, herbe consacré à Apollon, dont les Gaulois employaient le suc pour empoisonner leurs flèches. Ils lui attribuaient aussi la vertu de faire tomber la pluie; et lorsque le pays était affligé d'une sécheresse, ils cueillaient cette herbe avec cérémonie. Les femmes assemblées choisissaient une jeune vierge, qui présidait à la fête. Elle quittait ses habits, et marchait toute nue à la tête des autres femmes, cherchant cette herbe divine, qui, dans cette occasion, se nommait balisa. Quand elle l'avait trouvée, elle la déracinait avec le petit doigt de la main droite. En même temps ces compagnes coupaient des branches d'arbres, et les portaient à la main, en suivant la jeune fille, qui allait se rendre sur le bord d'une rivière voisine. Là, elle plongeait dans l'eau l'herbe sacrée. Ses compagnes y plongeaient aussi leurs branches, et les secouaient sur le visage de la jeune fille. Après cette cérémonie, chacun se retirait à sa maison; mais la jeune vierge était obligée de marcher à reculons pendant toute la route.
Belkis. Voy. Balkis.
Belladone,  plante herbacée vivace de la famille des Solanacées. Elle est parfois appelée Belle Dame, Bouton-noir, Cerise du diable, Guigne de côte, Herbe empoisonnée, Morelle furieuse, Morelle marine ou Permenton.
Cette plante peut se révéler très toxique, ses baies noires contenant de l'atropine, substance active sur le système nerveux du fait de ses propriétés anticholinergiques.
Jadis l’Atropa belladonna était considérée comme une plante magique associée à la magie noire.
Au XIIIe siècle, sainte Hildegarde indique : « Il est dangereux pour l'homme de manger ou de boire de la belle dame, car elle frappe son esprit et en quelque sorte le tue ».
Son nom générique, Atropa, correspond à celui de l'une des trois Moires, Atropos (« inflexible » en grec ancien), celle qui coupait le fil de la vie.
Le latin botanique belladona vient en 1602 de l'italien bella donna « belle dame ». En effet, à la Renaissance, les Italiennes élégantes instillaient dans leurs yeux du jus de belladone pour dilater leur pupille (mydriase) sous action de l'atropine et donner ainsi plus d'attirance à leur regard .
Au Moyen Âge, selon certaines croyances chrétiennes, les sorcières avaient pour usage, notamment lors des sabbats, de la mélanger à d'autres plantes toxiques, dosées entre elles afin d'en annuler les effets vénéneux, le tout formant une pommade. Celle-ci était appliquée sur la peau et, en pénétrant l'organisme, provoquait des hallucinations qui, du point de vue moderne occidental, donnaient alors l'impression aux sorcières de voler ou encore de « voir le diable ». Il semblerait ainsi que les pommades étaient introduites dans les muqueuses vaginales, à l'aide d'un bâton, ce qui expliquerait l'imagerie de la sorcière volant sur son balais...
Belloc (Jeanne), sorcière du pays de Labourd, prise à vingt-quatre ans, sous Henri IV. Pierre Delancre, qui l’interrogea, dit qu’elle commença d’aller au sabbat dans l’hiver de 1609 ; qu’elle fut présentée au diable, dont elle baisa le derrière, car il n’y avait que les notables sorcières qui le baisassent au visage. Elle conta que le sabbat est une espèce de bal masqué où les uns se promènent en leur forme naturelle, tandis que d’autres sont transmués en chiens, en chats, en ânes, en pourceaux et autres bêtes ; qu’ils se rapetissent ou se grandissent à leur gré, par des moyens qu’elle ignore…Voy. Sabbat.
Belmonte, conseiller du parlement de Provence, qui eut au pied une petite plaie où la gangrène se mit ; le mal gagna vite, et il en mourut. Comme il avait poursuivi les sorciers protestants et les perturbateurs réformés, les écrivains calvinistes virent dans sa mort prompte un châtiment et un prodige . C’était au seizième siècle.
Bélomancie, divination par les flèches. Lorsque les Chaldéens voulaient entreprendre quelque chose ou quelque voyage, ils écrivaient sur des flèches, qu'ils mêlaient dans un carquois, le nom des villes où ils voulaient aller, ou des choses qu'ils voulaient entreprendre; puis, tirant au hasard les flèches du carquois, ils se déterminaient par ce qui était sur celle qui sortait la première. Les Arabes se servent encore aujourd'hui de trois flèches enfermées dans un sac. Sur l'une ils écrivent: Commandez-moi, Seigneur; sur l'autre: Empêchez-moi, Seigneur; et ils n'écrivent rien sur la troisième. La flèche qu'on tire du sac la première détermine les consultants.  Voy. Flèches, Rhabdomancie.
Belphégor est une divinité ancienne révérée sur le mont Pe’or, inspiré du dieu Baal Phégor (בעל פעור), mentionné dans l'Ancien Testament : les Hébreux menés par Moïse font halte avant leur arrivée au pays de Canaan, et se laissent entraîner à la débauche par des femmes moabites et madianites (Nombres 25. 1-3).
Dans la démonologie chrétienne, Belphégor est le démon qui séduit ses victimes en leur inspirant des découvertes et des inventions ingénieuses destinées à les enrichir. Il prend souvent un corps de jeune femme. Rachi ayant expliqué par ailleurs qu'on déféquait devant lu , certains érudits l'ont identifié avec Crepitus, dieu des flatulences ou Priape, dieu obscène.
Les mystifications et identifications de Belphégor ont nourri les légendes. Il est représenté dans certains dessins animés ou films comme dans le Belphégor ou le Fantôme du Louvre de 1965.
Belphégor est cité dans la chanson "Lost" du groupe français Noir Désir, extraite de l'album Des visages des figures datant de 2001.
Un groupe de black metal Autrichien porte aussi le nom de ce démon ; Belphegor
On retrouve également Belphégor dans le manga populaire Beelzebub, décrit comme l'un des 7 anciens souverains du royaume des démons.
Beltram, Génois, donc l’âme revint après sa mort et posséda une femme de Ponte-Nuovo ; les parents de cette femme l’avaient volé. Quand on eut restitué, il se retira en fumée.
Bélus, premier roi des Assyriens ; on dit qu’il se fit adorer dans des temples de son vivant. Il était grand astrologue : a J’ai lu dans les registres du ciel tout ce qui doit vous arriver, disait-il à ses enfants, et je vous dévoilerai les secrets de vos destinées. » Il rendit des oracles après sa mort. Bélus pourrait être le même que Bel.
Belzébuth ou Belzebub ou Beelzebuth, prince des démons, selon les Écritures ; le premier en pouvoir et en crime après Satan, selon Milton ; chef suprême de l’empire infernal, selon la plupart des démonographes. — Son nom signifie seigneur des mouches. Bodin  prétend qu’on n’en voyait point dans son temple. C’était la divinité la plus révérée des peuples de Chanaan, qui le représentaient quelquefois sous la figure d’une mouche, le plus souvent avec les attributs de la souveraine puissance. Il rendait des oracles, et le roi Ochozias le consulta sur une maladie qui l’inquiétait ; il en fut sévèrement repris par le prophète Elisée.
On lui attribuait le pouvoir de délivrer les hommes des mouches qui ruinent les moissons.
Presque tous les démonomanes le regardent comme le souverain du ténébreux empire ; et chacun le dépeint au gré de son imagination. Milton lui donne un aspect imposant, et une haute sagesse respire sur son visage. L’un le fait haut comme une tour ; l’autre d’une taille égale à la nôtre ; quelques-uns se le figurent sous la forme d’un serpent ; il en est qui le voient aussi sous les traits d’une femme.
Le monarque des enfers, dit Palingène, in Zodiaco vitœ, est d’une taille prodigieuse, assis sur un trône immense, ayant le front ceint d’un bandeau de feu, la poitrine gonflée, le visage bouffi, les yeux étincelants, les sourcils élevés et l’air menaçant. Il a les narines extrêmement larges, et deux grandes cornes sur la tête ; il est noir comme un Maure : deux vastes ailes de chauve-souris sont attachées à ses épaules ; il a deux larges pattes de canard, une queue de lion, et de longs poils depuis la tête jusqu’aux pieds.
Les uns disent de plus que Belzébuth est encore Priape ; d’autres, comme Porphyre, le confondent avec Bacchus. On a cru le trouver dans le Belbog ou Belbach (dieu blanc) des Slavons, parce que son image ensanglantée était toujours couverte de mouches, comme celle de Belzébuth chez les Syriens. On dit aussi que c’est le même que Pluton. Il est plus vraisemblable de croire que c’est Baël, que Wierus fait empereur des enfers ; d’autant mieux que Belzébuth ne figure pas sous son nom dans l’inventaire de la monarchie infernale.
On voit dans les Clavicules de Salomon que Belzébuth apparaît quelquefois sous de monstrueuses formes, comme celle d’un veau énorme ou d’un bouc suivi d’une longue queue ; souvent, néanmoins, il se montre sous la figure d’une mouche d’une extrême grosseur. Il s’est montré à Faust « habillé en bœuf, avec deux oreilles effroyables, des cheveux peints de toutes couleurs et une queue de dragon  ». Le maréchal de Retz l’a vu en léopard. Quand il est en colère, ajoute-t-on, il vomit des flammes et hurle comme un loup. Quelquefois enfin Astaroth apparaît à ses côtés, sous les traits d’un âne.
Benedict (Jean), médecin allemand du seizième siècle. On lui doit un livre Sur les visions et les révélations naturelles et surnaturelles, qui n’est presque pas connu .
Benoît VIII, cent quarante-huitième pape, élu en 1012, mort en 1024. On lit dans Platina, cité par Leloyer et par Wierus, que quelque temps après sa mort Benoît VIII apparut, monté sur un cheval noir, à un saint évêque dans un lieu solitaire et écarté ; que l’évêque lui demanda comment il se faisait qu’étant mort il se montrât ainsi sur un cheval noir. A quoi le pape répondit que pendant sa vie il avait été convoiteux d’amasser des biens ; qu’il était en purgatoire ; mais qu’il n’était pas damné, parce qu’il avait fait des aumônes. Il révéla ensuite le lieu où il avait caché des richesses, et pria le saint évêque de les distribuer aux pauvres. — Après cela, le fantôme (selon le récit) se montra pareillement au Pape son successeur, et le supplia d’envoyer en diligence un courrier à Cluny, et de recommander à saint Odilon de prier Dieu pour le repos de son âme. Saint Odilon le fit ; et peu de jours après on vit un homme lumineux entrer dans le cloître, avec d’autres personnages habillés de blanc, et se mettre à genoux devant saint Odilon. Un religieux demanda qui était cet homme de si haute apparence qui faisait tant d’honneur à l’abbé. Il lui fut répondu que c’était le pape Benoît VIII qui, par les prières d’Odilon, jouissait de la gloire des bienheureux.
Benoît IX, cent cinquantième pape, élu en 1033, dans un temps de troubles, où les partis se disputaient Rome. Il eut à lutter contre des antipapes qui l’ont fort noirci. On a dit qu’il était magicien, et que, renversé du Saint-Siège par ses ennemis, il y remonta deux fois par son pouvoir magique. C’est un peu niais. On a dit encore avec autant de bon sens qu’il prédisait les choses futures, et qu’il était habile enchanteur : ce que Naudé a pulvérisé.
Bensozia. Certains canonistes des douzième et treizième siècles s’élèvent fortement contre les femmes d’alors qui allaient à une espèce de sabbat sur lequel il ne nous est parvenu que très-peu de notions. On disait que des fées ou des démons transformés en femmes s’associaient toutes les dames qui voulaient prendre part à leurs plaisirs ; et que toutes, dames et fées ou démons, montées sur des bêtes ailées, elles allaient de nuit faire des courses et des fêtes dans les airs. Elles avaient pour chef la fée Bensozia, à qui il fallait obéir aveuglément, avec une soumission sans réserve. C’était, dit-on, la Diane des anciens Gaulois ; on l’appelait aussi Nocticula, Hérodias ou la Lune.
On voit dans des manuscrits de l’église de Couserans que des dames au quatorzième siècle avaient le renom d’aller à cheval aux courses nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les sorcières au sabbat, faisaient inscrire leur nom sur un catalogue, et après cela se croyaient fées. On remarquait encore au dernier siècle, à Montmorillon en Poitou, sur le portique d’un ancien temple, une femme enlevée par deux serpents dans les airs. C’était sans doute le modèle de la contenance des sorcières ou fées dans leurs courses de nuit .
Benthaméléon. Titus, ayant pris Jérusalem, publia un édit qui défendait aux Juifs d’observer le sabbat et de se circoncire, et qui leur ordonnait de manger toute espèce de viande. Les Juifs, consternés, envoyèrent à Titus le rabbin Siméon, qui passait pour un homme très-habile. Siméon s’étant mis en chemin avec le rabbin Eléazar, ils rencontrèrent un démon nommé, dirent-ils, Benthaméléon, qui demanda à les accompagner, leur avouant quelle était sa nature, mais se disant enclin à rendre service aux Juifs et leur promettant d’entrer dans le corps de la fille de Titus, et d’en sortir aussitôt qu’ils le lui commanderaient, afin qu’ils pussent gagner l’empereur par ce prodige. Les deux rabbins acceptèrent sa proposition avec empressement ; et, Benthaméléon ayant tenu sa parole, ils obtinrent en effet la révocation de l’édit.
Berande, sorcière brûlée à Maubec, près Beaumont de Lomaignie, en 1577. En allant au supplice, elle accusa une demoiselle d’avoir été au sabbat ; la demoiselle le nia. Berande lui dit :. « Oublies-tu que la dernière fois que nous fîmes la danse, à la croix du pâté, tu portais le pot de poison ?… » Et la demoiselle fut réputée sorcière, parce qu’elle ne sut que répondre .
Berbiguier (Alexis-Vincent-Charles Berbiguier de Terre-Neuve du Thym), né à Carpentras, est un auteur qui vit peut-être encore et qui a publié en 1821 un ouvrage dont voici le titre : les Farfadets, ou tous tes démons ne sont pas de l’autre monde, 3 vol. in-8°, ornés de huit lithographies et du portrait de l’auteur, entouré d’emblèmes, surmonté de cette devise : Le fléau des farfadets. — L’auteur débute par une dédicace à tous les empereurs, rois, princes souverains des quatre parties du monde. — « Réunissez vos efforts aux miens, leur dit-il, pour détruire l’influence des démons, sorciers et farfadets qui désolent les malheureux habitants de vos États. »
Il ajoute qu’il est tourmenté par le diable depuis vingt-trois ans, et il dit que les farfadets se métamorphosent sous des formes humaines pour vexer les hommes. Dans le chapitre II de son livre, il nomme tous ses ennemis par leurs noms, en soutenant que ce sont des démons déguisés, des agents de Belzébuth ; qu’en les appelant infâmes et coquins, ce n’est pas eux qu’il insulte, mais les démons qui se sont emparés d’eux. « On me fait passer pour fou, s’écrie-t-il ; mais si j’étais fou, mes ennemis ne seraient pas tourmentés comme ils le sont tous les jours par, mes lardoires, mes épingles, mon soufre, mon sel, mon vinaigre et mes cœurs de bœuf. »
Les trois volumes sont en quelque sorte les Mémoires de l’auteur, que le diable ne quitte pas. Il établit le pouvoir des farfadets ; il conte, au chapitre IV, qu’il s’est fait dire la bonne aventure en 1796 par une sorcière d’Avignon, appelée la Mansotte, qui se servait pour cela du jeu de tarots, « Elle y ajouta, dit-il, une cérémonie qui, sans doute, est ce qui m’a mis entre les mains des farfadets. Elles étaient deux disciples femelles de Satan ; elles se procurèrent un tamis propre à passer de la farine, sur lequel on fixa une paire de ciseaux par les pointes. Un papier blanc plié était posé dans le tamis. La Mansotte et moi nous tenions chacun un anneau des ciseaux, de manière que le tamis était, par ce moyen, suspendu en l’air. Aux divers mouvements du tamis, on me faisait des questions qui devaient servir de renseignements à ceux qui voulaient me mettre en leur possession. Les sorcières demandèrent trois pots : dans l’un elles enfermèrent quelques-uns des tarots jetés sur la table, et préférablement les cartes à figures. Je les avais tirées du jeu les yeux bandés. Le second pot fut garni de sel, de poivre et d’huile ; le troisième de laurier. Les trois pots, couverts, furent déposés dans une alcôve, et les sorcières se retirèrent pour attendre l’effet… Je rentrai chez moi à dix heures du soir ; je trouvai mes trois croisées ouvertes, et j’entendis au-dessus de ma tête un bruit extraordinaire. J’allume mon flambeau ; je ne vois rien. Le bruit que j’entendais ressemblait au mugissement des bêtes féroces ; il dura toute la nuit. Je souffris trois jours diverses tortures, pendant lesquelles les deux sorcières préparaient leurs maléfices. Elles ne cessèrent, tant que dura leur manège, de me demander de l’argent. Il fallait aussi que je fusse là pour leur donner du sirop, des rafraîchissements et des comestibles ; car leurs entrailles étaient dévorées par le feu de l’enfer. Elles eurent besoin de rubans de différentes couleurs, qu’elles ne m’ont jamais rendus. Pendant huit jours que dura leur magie, je fus d’une tristesse accablante. Le quatrième jour, elles se métamorphosèrent en chats, venant sous mon lit pour me tourmenter. D’autres fois elles venaient en chiens : j’étais accablé par le miaulement des uns et l’aboiement des autres. Que ces huit jours furent longs ! »
Berbiguier s’adressa à un tireur de cartes, qui se chargea de combattre les deux sorcières ; mais il ne lui amena que de nouveaux tourments.
Dans les chapitres suivants, fauteur se fait dire encore sa bonne aventure et se croit obsédé ; il entend sans cesse à ses oreilles des cris de bêtes affreuses ; il a des peurs et des visions. Il vient à Paris pour un procès, fait connaissance d’une nouvelle magicienne, qui lui tire les cartes. « Je lui demandai, dit-il, si je serais toujours malheureux ; elle me répondit que non ; que, si je voulais, elle me guérirait des maux présents et à venir, et que je pouvais moi-même faire le remède. — Il faut, me dit-elle, acheter une chandelle de suif chez la première marchande dont la boutique aura deux issues, et lâcher, en payant, de vous faire rendre deux deniers. « Elle me recommanda de sortir ensuite parla porte opposée à celle par laquelle je serais entré, et de jeter les deux deniers en l’air ; ce que je fis. Je fus grandement surpris d’entendre le son de deux écus au lieu de celui des deux deniers.
» L’usage qu’elle me dit de faire de la chandelle fut d’allumer d’abord mon feu, de jeter dedans du sel, d’écrire sur un papier le nom de la première personne qui m’a persécuté, de piquer ce papier dans tous les sens, d’en envelopper la chandelle en l’y fixant avec une épingle, et de la laisser brûler entièrement ainsi.
» Aussitôt que j’eus tout exécuté, ayant eu la précaution de m’armer d’un couteau en cas d’attaque, j’entendis un bruit effroyable dans le tuyau de ma cheminée ; je m’imaginai que j’étais au pouvoir du magicien Moreau, que j’avais consulté à Paris. Je passai la nuit à alimenter le feu, en y jetant de grosses poignées de sel et de soufre, pour prolonger le supplice de mes ennemis… »
M. Berbiguier fit neuf jours de suite la même opération, sans se voir débarrassé des farfadets et des magiciens.
Ses trois volumes sont partout de cette force, et nous ne dirons rien de trop en rangeant cet ouvrage parmi les plus extravagantes productions. L’auteur se croyait en correspondance avec des sorciers et des démons. Il rapporte des lettres faites par des plaisants assez malhabiles, et qu’il attribue à Lucifer, à Rolhomago et à d’autres dont elles portent les signatures. En voici une qu’il a transcrite scrupuleusement :
          À M. Berbiguier.
« Abomination de la détestation ! tremblement de terre, déluge, tempête, vent, comète, planète, Océan, flux, reflux, génie, sylphe, faune, satyre, Sylvain, dryade et hamadryade !
» Le mandataire du grand génie du bien et du mal, allié de Belzébuth et de l’enfer, compagnon d’armes d’Astaroth, auteur du péché originel et ministre du Zodiaque, a droit de posséder et de tourmenter, de piquer, de purger, de rôtir, empoisonner, poignarder et liquéfier le très-humble et très-patient vassal Berbiguier, pour avoir maudit la très-honorable et indissoluble société magique : en foi de quoi nous avons fait apposer les armes de la société.
» Fait au soleil, en face de la lune, le grand officier, ministre plénipotentiaire, le 5818e jour et la 105819e heure de nuit, grand-croix et tribun de la société magique. Le présent pouvoir aura son effet sur son ami Coco (c’était l’écureuil de M. Berbiguier).
                     »Thésaurochrysonicochrysidès.
                         »Par Son Excellence, le secrétaire}}
                                  »Pirichichi-Pinchi.

   »30 mars 1848.
»P. S. Dans huit jours tu seras en ma puissance ; malheur à toi, si tu fais paraître ton ouvrage ! »
Bérenger, hérétique du onzième siècle. Guillaume de Malmesbury raconte qu’à l’heure de sa mort Bérenger reçut la visite de son ancien ami Fulbert, lequel recula devant le lit où gisait le malade, disant qu’il n’en pouvait approcher, parce qu’il voyait auprès de lui un horrible et grand démon très-puant. Les uns racontent qu’on chassa ce démon ; d’autres assurent qu’il tordit le cou à l’hérétique mal converti et qu’il remporta.
Bérésith, branche de la cabale. C’est l’étude des vertus occultes que le monde renferme.
Bergers. On est encore persuadé dans beaucoup de villages que les bergers commercent avec le diable, et qu’ils font des maléfices. Il est dangereux, assure-t-on, de passer près d’eux sans les saluer ; ils fourvoient loin de sa route le voyageur qui les offense, font naître des orages devant ses pas et des précipices à ses pieds. On conte là-dessus beaucoup d’histoires terribles.
Un voyageur passant à cheval à l’entrée d’une forêt du Mans renversa un vieux berger qui croisait sa route, et ne s’arrêta pas pour relever le bonhomme. Le berger, se tournant vers le voyageur, lui cria qu’il se souviendrait de lui. L’homme à cheval ne fit pas d’abord attention à cette menace ; mais bientôt, réfléchissant que le berger pouvait lui jeter un maléfice, et tout au moins l’égarer, il eut regret de n’avoir pas été plus honnête. — Comme il s’occupait de ces pensées, il entendit marcher derrière lui ; il se retourne et entrevoit un spectre nu, hideux, qui le poursuit c’est sûrement un fantôme envoyé par le berger… Il pique son cheval, qui ne peut plus courir. Pour comble de frayeur, le spectre saute sur la croupe de son cheval, enlace de ses deux longs bras le corps du cavalier, et se met à hurler. Le voyageur fait de vains efforts pour se dégager du monstre, qui continue de crier d’une voix rauque. Le cheval s’effraye, et cherche à jeter à terre sa double charge ; enfin une ruade de l’animal renverse le spectre, sur lequel le cavalier ose à peine jeter les yeux. Il a une barbe sale, le teint pâle, les yeux hagards ; il fait d’effroyables grimaces Le voyageur fuit au plus vite : arrivé au prochain village, il raconte sa mésaventure. On lui apprend que le spectre qui lui a causé tant de frayeur est un fou échappé qu’on cherche depuis quelques heures .
Les maléfices de bergers ont eu quelquefois des suites plus fâcheuses, et il a été prouvé, dans le passé, qu’ils composaient des poudres mystérieuses avec lesquelles ils empoisonnaient certains pâturages et donnaient aux troupeaux des vertiges. Un boucher avait acheté des moutons sans donner le 44pourboire44 au berger de la ferme. Celui-ci se vengea ; en passant le pont qui se trouvait sur leur route, les moutons se ruèrent dans l’eau la tête la première.
On conte aussi qu’un certain berger avait fait un sort avec la corne des pieds de ses bêtes, comme cela se pratique parmi eux pour conserver les troupeaux en santé. Il portait ce sort dans sa poche : un berger du voisinage parvint à le lui escamoter, et, comme il lui en voulait depuis longtemps, il mit le sort en poudre, et l’enterra dans une fourmilière avec une taupe, une grenouille verte et une queue de morue, en disant : 44Maudition, perdition, destruction !44 et au bout de neuf jours, il déterra son maléfice et le sema dans l’endroit où devait paître le troupeau de son voisin, qui fut détruit.
D’autres bergers, avec trois cailloux pris en différents cimetières et certaines paroles magiques, donnent des dysenteries, envoient la gale à leurs ennemis, et font mourir autant d’animaux qu’ils souhaitent. C’est du moins l’opinion hasardée des gens du village. Quoique les bergers ne sachent pas lire, on craint si fort leur savoir et leur puissance, dans quelques hameaux, qu’on a soin de recommander aux voyageurs de ne pas les insulter, et de passer auprès d’eux sans leur demander quelle heure il est, quel temps il fera, ou telle autre chose semblable, si l’on ne veut avoir des nuées, être noyé par des orages, courir de grands périls, et se perdre dans les chemins les plus ouverts.
Il est bon de remarquer que, dans tous leurs maléfices, les bergers emploient des Pater, des Ave, des neuvaines de chapelet. Mais ils ont d’autres oraisons et des prières pour la conservation des troupeaux. Voy. Troupeaux, et pour les bergers, voy. Hocque, etc.
Bergmaenlen, nains de la classe des esprits follets, qui fréquentent les fermiers de l’Oberland, et leur rendent de petits services.
Berith, duc aux enfers, grand et terrible. Il est connu sous trois noms ; quelques-uns le nomment Beal, les Juifs Bérith et les nécromanciens Bolfri. Il se montre sous les traits d’un jeune soldat habillé de rouge des pieds à la tête, monté sur un cheval de même couleur, portant la couronne au front ; il répond sur le passé, le présent et l’avenir. On le maîtrise par la vertu des anneaux magiques ; mais il ne faut pas oublier qu’il est souvent menteur. Il a le talent de changer tous les métaux en or : aussi on le regarde quelquefois comme le démon des alchimistes. Il donne des dignités et rend la voix des chanteurs claire et déliée. Vingt-six légions sont à ses ordres. C’était l’idole des Sichemites, et peut-être est-ce le même que le Béruth de Sanchoniaton, que des doctes croient être Pallas ou Diane.
L’auteur du Solide trésor du Petit Albert conte de Bérith une aventure qui ferait croire que ce démon n’est plus qu’un follet ou lutin, si toutefois c’est le même Bérith.
« Je me suis trouvé, dit-il, dans un château où se manifestait un esprit familier qui depuis six ans avait pris soin de gouverner l’horloge et d’étriller les chevaux. Je fus curieux un matin d’examiner ce manège : mon étonnement fut grand de voir courir l’étrille sur la croupe du cheval, sans qu’elle parût conduite par aucune main visible. Le palefrenier me dit que, pour attirer ce farfadet à son service, il avait pris une petite poule noire, qu’il l’avait saignée dans un grand chemin croisé ; que de ce sang il avait écrit sur un morceau de papier : « Bérith fera ma besogne pendant vingt ans, et je le récompenserai ; » qu’ayant ensuite enterré la poule à un pied de profondeur, le même jour le farfadet avait pris soin de l’horloge et des chevaux, et que de temps en temps lui-même faisait des trouvailles qui lui valaient quelque chose… »
L’historien semble croire que ce lutin était une mandragore. Les cabalistes n’y voient autre chose qu’un sylphe.
Berkeley, savant irlandais, — supposé, nous l’espérons, — que M. Michel Masson a représenté comme voulant usurper la puissance divine et faire un géant haut, comme Og, de quinze pieds ; il séquestra pour cela un enfant, et au moyen d’un régime alimentaire habilement combiné, il fit grandir cet enfant, qui, en croissant prodigieusement, devint inerte et stupide. Le savant n’y prenait pas garde ; il voulait un géant, et il caressait l’espoir d’entendre dire un jour : Og, le roi de Bazan, est retrouvé. Le géant de Berkeley a quinze pieds ! Mais ce que Dieu ne veut pas n’a pas lieu. La victime du savant, ayant à peine atteint la moitié de la taille qu’on en attendait, s’éteignit épuisée à quinze ans.
Berna (Benedetto), sorcier qui, au rapport de Bodin et de quelques autres démonographes, avoua à l’âge de quatre-vingts ans qu’il avait eu des liaisons pendant quarante années avec un démon qu’il nommait Hermione ou Hermeline, et qu’il menait partout avec lui sans que personne l’aperçût il s’entretenait fréquemment, dit-on, avec cet esprit qu’on ne voyait pas; de manière qu’on le prenait pour un fou (et ce n’était pas autre chose). Il confessa aussi avoir humé le sang de divers petits enfants, et fait plusieurs méchancetés exécrables. Pour ces faits atroces il fut brûlé.
Bernache ou Bernacle, voy. Macreuses.
Bernard. Cardan pense que la sorcellerie ne fut souvent qu’une espèce de maladie hypocondriaque, causée par la mauvaise nourriture des pauvres diables que l’on poursuivait comme sorciers. Il raconte que son père sauva un jour un paysan nommé Bernard, que l’on allait condamner à mort pour sorcellerie, en lui changeant sa façon ordinaire de vivre. Il lui donna le matin quatre œufs frais, et autant le soir avec de la viande et du vin ; le bonhomme perdit son humeur noire, n’eut plus de visions et évita le bûcher.
Bernard de Côme, inquisiteur de la foi au quinzième siècle, dit, dans son traité des stryges ou sorciers, que la sorcellerie était de son temps très-répandue. C’était la Vauderie.
Bernard (Samuel). Voy. Poule noire.
Bernard de Thuringe, ermite allemand qui vers le milieu du dixième siècle annonçait la fin du monde. Il appuyait son sentiment sur un passage de l’Apocalypse qui porte qu’après mille ans l’ancien serpent sera délié. Il prétendait que ce serpent était l’Antéchrist ; que par conséquent l’année 960 étant révolue, la venue de l’Antéchrist était prochaine. Il disait aussi que, quand le jour de l’annonciation de la sainte Vierge se rencontrerait avec le vendredi saint, ce serait une preuve certaine de la fin du monde ; cette prédiction a eu vainement des occasions de se vérifier .
Bernard le Trévisan, alchimiste du quinzième siècle, que quelques-uns croient avoir été sorcier, né à Padoue en 1406. Il a beaucoup travaillé sur le grand œuvre, et ses ouvrages inintelligibles sont recherchés des alchimistes ; ils roulent tous sur la pierre philosophale .
Bernardi (Pierre), d’Aréia, en Toscane, mordait le nez et les oreilles de ceux qui l’approchaient, hurlait sans cesse comme une bête féroce et faisait la terreur de la contrée. On l’exorcisa ; il déclara qu’il était possédé, et qu’on ne le délivrerait qu’en ôtant un maléfice caché sous sa porte. On ne voulut pas le faire, parce qu’on croyait que ces paroles étaient un mensonge du démon. Le savant Raggiolo, qui s’occupait de lui, parvint à contraindre le démon, qui fit en sortant des cris si effroyables que l’église en fut ébranlée. Alors les parents de Bernardi fouillèrent sous le seuil de sa porte ; ils y trouvèrent, dans un linge, un morceau de peau d’âne chargé de caractères mystérieux, avec un os d’enfant et des cheveux de femme..Ils brûlèrent le tout, et la possession ne reparut pas.
Berne (les moines de). Voy. Jetzer.
Bernold. Voy. Berthold.
Berquin (Louis), né vers 1490 à Vieux-Berquin et brulé le place Maubert à Paris, est un avocat, fonctionnaire, linguiste et réformateur religieux français.
Louis Berquin, gentilhomme d’Artois, avait un siège au conseil d’État. Un des hommes les plus estimés de son temps, ce gentilhomme de la Cour était un des hommes les plus savants du royaume, « le plus savant, dit Josse Bade, de toute la noblesse » Les réformés l’ayant entrainé dans leur parti, Berquin accusa d’hérésie les professeurs de théologie de la Sorbonne. Dénoncé, il fut jeté en prison et sommé d’abjurer ses erreurs. Il refusa. Il était à la Conciergerie, privé de toutes les commodités de la vie. Il demanda qu’on voulût bien, du moins, lui permettre d’avoir une écritoire, du papier et des livres. Par dérision, ses anciens collègues du Parlement lui envoyèrent les Épitres de saint Jérôme, mais l’encre et le papier lui furent interdits. La princesse Marguerite de Navarre et le grand maitre, à sa prière, intercédèrent pour lui. Le roi François Ier qui, rentré de sa captivité à Madrid, était à Amboise, envoya deux archers pour l’enlever à la Conciergerie et le conduire au Louvre. Le parlement s’opposa provisoirement à ce transport : on travaillait au château du Louvre, et comme il y avait un grand nombre d’ouvriers employés à ces travaux, quelque complice de Berquin aurait pu se mêler à ces gens et favoriser son évasion. Or, un si grand criminel ne pouvait être trop étroitement surveillé et, à la requête de Noël Beda, la cour allait le juger, c’est-à-dire l’envoyer au bucher, quand le roi, sollicité de toutes parts en faveur de Berquin, ordonna de sursoir au jugement.
Il voulait libérer la France du pouvoir du pape et recommença bientôt ses prédications. Il fut alors arrêté de nouveau. Louise de Savoie et Duprat étaient bien décidés à se débarrasser d’un homme si dangereux. Les fréquentes absences de Marguerite depuis son mariage avec le roi de Navarre en 1527 eurent pour conséquence d’affaiblir son action immédiate sur son frère, ce que le parti de l’intolérance sut mettre à profit. Dans la nuit du lundi de la Pentecôte, 1er juin 1528, une statue de la Vierge avait été abattue et mutilée au quartier Saint-Antoine, on en rendit responsable tous les réformés, et on reprit le procès de Berquin qui, le 16 avril 1529, fut condamné à faire triple amende honorable au Palais, à la Grève, et au parvis Notre-Dame, pour « avoir tenu la secte de Luther » et pour les « mauvais livres faits par lui contre la majesté de Dieu et de sa glorieuse mère », puis à être enfermé pour toute sa vie dans les prisons de l’évêque de Paris, sans livres, encre, ni plume. » Ses livres furent d’abord brulés en sa présence ; on le mit ensuite au pilori, on lui perça la langue avec un fer rouge, on lui imprima sur le front l’image d’une fleur de lis, et on l’envoya mourir dans les prisons.
Après avoir subi ce supplice, Berquin, espérant que le roi interviendrait encore en sa faveur, appela devant la cour de Rome et devant le grand conseil de la sentence contre lui rendue. Cet appel n’eut d’autre résultat que de le faire bruler le lendemain. Sur son refus de se rétracter, dès le lendemain le Parlement le condamna à être brulé avec ses livres et ordonna l’exécution place Maubert, le jour même, « en grande diligence afin qu’il ne fût secouru du roi ni de Madame la régente qui étaient alors à Blois », dit le Journal d'un bourgeois de Paris. On le conduisit au supplice dans un tombereau. Il voulut parler, mais les cris des soldats étouffèrent sa voix, et il se livra sans murmure à ses exécuteurs en disant : « Pourquoi les haïrais-je, ils me conduisent à la maison de mon père. » Toutes ses œuvres originales sont perdues ; seules demeurent quelques-unes de ses traductions d’Érasme.
Berrid. Voy. Purgatoire.
Berson, docteur en théologie et prédicateur visionnaire de la cour, sous Henri III. Il s’imaginait être Enoch, et il voulait aller porter l’Évangile dans le Levant, avec un prêtre flamand qui ^e vantait d’être Élie. Taillepied dit avoir entendu Berson prêcher cette bizarrerie devant le frère du roi, à Château-Thierry .
Berthe. Voy. Robert, roi.
Berthereau (Martine). Voy. Beausoleil.
Berthier (Guillaume-François),  né le à Issoudun et mort le à Bourges, est un jésuite français.
Il professa les humanités au collège royal de Blois, la philosophie à Rennes et à Rouen, puis la théologie à Paris, et rédigea de 1745 à 1763 le Journal de Trévoux. Il eut de vifs démêlés avec Voltaire et avec les encyclopédistes, dont il avait hardiment censuré les écrits. À la fin de 1762, le Dauphin le fit nommer garde de la Bibliothèque royale, et adjoint à l'éducation du duc de Berry (Louis XVI) et de Monsieur. Après la dissolution de la Société des Jésuites, il alla se fixer à Offenburg, rentra en France au bout de 10 ans et se fixa à Bourges. Il a continué l'histoire de l'Église gallicane commencée par le Père Jacques Longueval, et a composé une Réfutation du Contrat social, un Commentaire sur les Psaumes, etc.
Voltaire a publié la relation de la maladie, de la mort et de l’apparition du jésuite Berthier ; mais ce n’est qu’une assez mauvaise plaisanterie. Le père Berthier vivait encore.
Berthold. Après la mort de Charles le Chauve, un bourgeois de Reims, nommé Berthold ou Bernold, gravement malade, ayant reçu les sacrements, fut quatre jours sans prendre aucune nourriture et se sentit alors si faible, qu’à peine lui trouvait-on un peu de palpitation et de respiration. Vers minuit il appela sa femme et lui dit de faire promptement venir son confesseur. Le prêtre était à peine dans la cour, que Berthold dit:— Mettez ici un siège, car le prêtre vient. — Le confesseur, étant entré, récita quelques prières, auxquelles Berthold répondit ; puis il tomba dans une longue extase, et, quand il en sortit, il raconta un voyage que son âme venait de faire en purgatoire, où il avait vu le roi défunt et d’autres personnages. Après son récit, il se remit à dormir et vécut encore quatorze ans .
Berthomé du Lignon, dit Champagnat, sorcier jugé à Montmorillon, en Poitou, dans l’année 1599. Il avoua que son père l’avait mené au sabbat dès sa jeunesse ; qu’il avait promis au diable son âme et son corps ; qu’à la Saint-Jean dernière, il avait vu un grand sabbat où le diable faisait danser les gens en rond ; qu’il se mettait au milieu de la danse en forme de bouc noir, donnant à chacun une chandelle allumée, avec laquelle ils allaient lui baiser le derrière ; que le diable lui octroyait à chaque sabbat quarante sous en monnaie, et des poudres pour faire des maléfices ; que, quand il le voulait, il appelait le diable, qui venait à lui comme un tourbillon ; que la nuit dernière il était venu le visiter en sa prison et lui avait dit qu’il n’avait pas moyen de le tirer d’où il était. Il dit encore que le diable défendait à tous les siens de prier Dieu, d’aller à la messe, de faire leurs Pâques, et que, pour lui, il avait fait mourir plusieurs personnes et plusieurs bêtes au moyen des poudres qu’on lui donnait au sabbat .
Berthomée de la Bedouche. Voy. Bonnevault (Mathurin).
Béruth. Voy. Bérith.
Bête-bigourne. Voy. Lycanthropie.
Bêtes. Il y a dans les choses prodigieuses de ce monde beaucoup de bêtes qui figurent avec distinction. Les bêtes ont été longtemps des instruments à présages : les sorciers et les démons ont emprunté leurs formes, et souvent on a brûlé des chats et des chiens dans lesquels on croyait reconnaître un démon caché ou une sorcière.
Dans les campagnes, on effraye encore les enfants avec la menace de la Bête à sept têtes, dont l’imagination varie en tous lieux la laideur. L’opinion de cette bête monstrueuse remonte à la Bête de l’Apocalypse. Selon quelques-uns, les sept têtes sont les sept péchés capitaux. Depuis les troubles des Cévennes, on a aussi effrayé les imaginations par l’image de la Bête du Gévaudan, qui n’est autre chose que la sombre hérésie de cette contrée, laquelle produisait les excès des calvinistes, entés sur les abominations des Albigeois.
Des personnes accoutumées aux visions extraordinaires ont vu quelquefois des spectres de bêtes. On sait la petite anecdote de ce malade à qui son médecin disait : — Amendez-vous, car je viens de voir le diable à votre porte. — Sous quelle forme ? demanda le moribond. — Sous celle d’un âne. — Bon, répliqua le malade, vous avez eu peur de votre ombre.
Des doctes croient encore que les animaux, à qui ils n’accordent point d’âme, peuvent revenir, et on cite des spectres de ce genre.
Meyer, professeur à l’université de Halle, dans son Essai sur les apparitions, § 17, dit que les revenants et les spectres ne sont peut-être que les âmes des bêtes, qui, ne pouvant aller ni dans le ciel ni dans les enfers, restent ici errantes et diversement conformées. Pour que cette opinion eût quelque fondement, il faudrait croire, avec les péripatéticiens, que les bêtes ont une âme quelconque ; ce qui n’est pas facile.
Les pythagoriciens sont allés plus loin ; ils ont cru que par la métempsycose les âmes passaient successivement du corps d’un homme dans celui d’un animal.
Le père Bougeant, de la compagnie de Jésus, dans un petit ouvrage plein d’esprit, l’Amusement philosophique sur le langage des bêtes, adopta par plaisanterie un système assez singulier. Il trouve aux bêtes trop d’esprit et de sentiment pour n’avoir pas un âme ; mais il prétend qu’elles sont animées par les démons les moins coupables, qui font pénitence sous cette enveloppe, en attendant le jugement dernier, époque où ils seront renvoyés en une contrée de l’enfer. Ce système est soutenu de la manière la plus ingénieuse : ce n’était qu’un amusement ; on le prit trop au sérieux. L’auteur fut gravement réfuté, et obligé de désavouer publiquement des opinions qu’il n’avait mises au jour que comme un délassement.
Cependant le père Gaston de Pardies, de la même société de Jésus, avait écrit quelque temps auparavant que les bêtes ont une certaine âme , et on ne l’avait pas repris. Mais on pensa qu’auprès de quelques esprits l’ingénieux amusement du père Bougeant pouvait faire naître de fausses idées.
Betterave, plante potagère. Le Register de Newark, à l’occasion de la mort d’un jeune homme noyé dans les puits argileux d’Olivier-Streets, raconte un fait qui s’est passé il y a quelques années au même endroit.
« Un manœuvre allemand travaillait dans un jardin situé près d’un de ces puits. Tout à coup il aperçut une feuille blanche croissant sur une plante de betterave. Les Allemands regardent cette rencontre comme un signe de malheur, et le superstitieux ouvrier en eut l’esprit extrêmement frappé. En rentrant à la maison, il fit part à sa femme du nouveau présage et des sinistres pressentiments qui s’y rattachaient dans son esprit. Celle-ci entraîna aussitôt son mari dans le petit enclos qui entourait leur demeure et lui montra une seconde feuille blanche de betterave qu’elle avait également trouvée dans la matinée. Les deux époux, de plus en plus convaincus qu’un affreux malheur allait fondre sur eux, rentrèrent tout tristes dans leur maison, et dînèrent silencieusement, livrés aux plus sombres pensées.
» Après le repas, l’ouvrier retourna à son travail. Au commencement de la soirée, quelques personnes passant parla remarquèrent des vêtements au bord de l’eau. N’apercevant pas de baigneur, ils supposèrent qu’un malheur était arrivé.
L’eau fut draguée, et l’on retira le corps du malheureux Allemand. On suppose qu’en se baignant il sera tombé dans quelque trou profond, et que, ne sachant pas nager, il y aura trouvé la mort.
» Mais voici le fait le plus curieux de cette singulière histoire. Le malheureux noyé avait une sœur à Brooklyn. Dans l’après-midi de la fatale journée, elle fut frappée tout à coup d’une espèce de sommeil somnambulique ; elle vit son frère lutter contre l’eau qui allait l’engloutir ; elle l’entendit appeler au secours. Quand elle se réveilla, elle avait la figure brûlante et portait les signes de la plus grande terreur. Elle raconta son rêve à son mari ; elle lui dit qu’elle était décidée à aller à Newark s’informer de son frère.
» Son mari tâcha de retenir sa femme, dont l’état d’excitation lui inspirait des inquiétudes. Il lui représenta la folie de prêter ainsi foi à un songe et de s’alarmer sans sujet. Mais rien n’y fit. La sœur partit pour Newark, et elle arriva précisément au moment où le cadavre du pauvre noyé était transporté dans sa demeure. Ses pressentiments, ne l’avaient point trompée ! »
Beurre. On croit dans plusieurs villages empêcher le beurre de se faire en récitant à rebours le psaume Nolite fieri. Bodin ajoute que, par un effet d’antipathie naturelle, on obtient le même résultat en mettant un peu de sucre dans la crème ; et il conte qu’étant à Chelles, en Valois, il vit une chambrière qui voulait faire fouetter un petit laquais, parce qu’il l’avait tellement maléficiée en récitant à rebours le psaume cité, que depuis le matin elle ne pouvait faire son beurre. Le laquais récita alors naturellement le psaume, et le beurre se fit.
Dans le Finistère, dit-on, l’on ensorcelle encore le beurre. On croit aussi dans ce pays que si l’on offre du beurre à saint Hervé, les bestiaux qui ont fourni la crème n’ont rien à craindre des loups, parce que ce saint, étant aveugle, se faisait guider par un loup.
Beurre des sorcières. Le diable donnait aux sorcières de Suède, entre autres animaux destinés à les servir, des chats qu’elles appelaient emporteurs, parce qu’elles les envoyaient voler dans le voisinage. Ces emporteurs, qui étaient très-gourmands, profitaient de l’occasion pour se régaler aussi, et quelquefois ils s’emplissaient si fort le ventre, qu’ils étaient obligés en chemin de rendre gorge. Leur vomissement se trouve habituellement dans les jardins potagers. « Il a une couleur aurore, et s’appelle le beurre des sorcières . »
Beverland (Adrien), avocat hollandais de Middelburg, auteur des Recherches philosophiques sur le péché originel pleines de grossièretés infâmes. Les protestants mêmes, ses coreligionnaires, s’en indignèrent et mirent cet homme en prison à Leyde ; il s’en échappa et mourut fou à Londres en 1712. Sa folie était de se croire constamment poursuivi par deux cents hommes qui avaient juré sa mort .
Beyrevra, démon indien, chef des âmes qui errent dans l’espace changées en démons aériens.
On dit qu’il a de grands ongles très-crochus. Brahma ayant un jour insulté un dieu supérieur, Beyrevra, chargé de le punir, lui coupa une tête avec son ongle. Brahma, humilié, demanda pardon, et le dieu Eswara lui promit pour le consoler qu’il ne serait pas moins respecté avec les quatre têtes qui lui restaient qu’il ne l’était auparavant avec cinq têtes.
Bézuel. Voy. Desfontaines.
Bhargheist ou Bhar-geist, spectre errant connu des Teutons. Les Anglais le voient encore quelquefois dans le Yorkshire.
Bibésia. C’était dans la mythologie païenne, que Boileau admirait si niaisement, la déesse protectrice des buveurs et des ivrognes.
Bible du diable. C’est sans doute le grimoire ou quelque autre fatras de ce genre. Mais Delancre dit que le diable fait croire aux sorciers qu’il a sa Bible, ses cahiers sacrés, sa théologie et ses professeurs ; et un grand magicien avoua, étant sur la sellette au parlement de Paris, qu’il y avait à Tolède soixante-treize maîtres en la faculté de magie, lesquels prenaient pour texte la Bible du diable .
Bibliomancie, divination ou sorte d’épreuve employée autrefois pour reconnaître les sorciers. Elle consistait à mettre dans un des côtés d’une balance la personne soupçonnée de magie, et dans l’autre la Bible ; si la personne pesait moins, elle était innocente ; si elle pesait plus, elle était jugée coupable : ce qui ne manquait guère d’arriver, car bien peu d’in-folio pèsent un sorcier.
On consultait encore la destinée ou le sort en ouvrant la Bible avec une épingle d’or, et en tirant présage du premier mot qui se présentait.
Bietka. Il y avait en 1597 à Wilna, en Pologne, une fille nommée Bietka, qui était recherchée par un jeune homme appelé Zacharie. Les parents de Zacharie ne consentant point à son mariage, il tomba dans la mélancolie et s’étrangla. Peu de temps après sa mort il apparut à Bietka, lui dit qu’il venait s’unir à elle et tenir sa promesse de mariage. Elle se laissa persuader ; le mort l’épousa donc, mais sans témoins. Cette singularité ne demeura pas longtemps secrète, on sut bientôt le mariage de Bietka avec un esprit, on accourut de toutes parts pour voir la mariée ; et son aventure lui rapporta beaucoup d’argent, car le revenant se montrait et rendait des oracles ; mais il ne donnait ses réponses que du consentement de sa femme, qu’il fallait gagner. Il faisait aussi beaucoup de tours ; il connaissait tout le présent, et prédisait un peu l’avenir.
Au bout de trois ans, un magicien italien, ayant laissé échapper depuis cette époque un esprit qu’il avait longtemps maîtrisé, vint en Pologne, sur le bruit des merveilles de l’époux de Bietka ; il reconnut que le prétendu revenant était le démon qui lui appartenait ; il le renferma de nouveau dans une bague, et le remporta en Italie, en assurant qu’il eût causé de très-grands maux en Pologne s’il l’y eût laissé . De sorte que la pauvre Bietka en fut pour trois années de mariage avec un démon.
Le fait est raconté par un écrivain qui croit fermement à ce prodige, et qui s’étonne seulement de ce que ce démon était assez matériel pour faire tous les jours ses trois repas. Des critiques n’ont vu là qu’une suite de supercheries, à partir de la prétendue strangulation de l’homme qui fit ensuite le revenant.
Bifrons, démon qui paraît avec la figure d’un monstre. Lorsqu’il prend forme humaine, il rend l’homme savant en astrologie, et lui enseigne à connaître les influences des planètes ; il excelle dans la géométrie ; il connaît les vertus des herbes, des pierres précieuses et des plantes ; il transporte les cadavres d’un lieu à un autre. On l’a vu aussi allumer des flambeaux sur les tombeaux des morts. Il a vingt-six légions à ses ordres.
Bifröst, arc-en-ciel, pont qui, suivant l'Edda, va de la terre au ciel. Il est de trois couleurs, extrêmement solide et construit avec plus d'art qu'aucun ouvrage du monde; mais, malgré sa solidité, il sera mis en pièces, lorsque les fils de Muspell (les mauvais génies), après avoir traversé les grands fleuves des enfers, passeront sur ce pont à cheval. Ce pont est en feu; c'est ce qu'on voit de rouge dans l'arc-en-ciel; car les géants des montagnes monteraient tous les jours au ciel par ce pont, s'il était aisé à tout le monde d'y marcher.
Bigoïs ou Bigotis, sorcière toscane qui, dit-on, avait rédigé un savant livre sur la connaissance des pronostics donnés par les éclairs et le tonnerre. Ce savant livre est perdu, et sans doute Bigoïs est la même que Bagoé.
Bigourne. Voy. Lycanthropie.
Bilis, anges du septième ordre à Madagascar, formé du diable et du nombre infini de ses compagnons.
Billard (Pierre), né dans le Maine en 1653, mort en 1726, auteur plat d’un volume in-12 intitulé la Bête à sept têtes, qui a paru en 1693. Cet ouvrage lourd, dirigé contre les jésuites, est très-niais. Selon Pierre Billard, la bête à sept têtes prédite par l’Apocalypse était la société de Jésus. L’auteur mourut à Charenton.
Billis, espèce d'enchanteurs très redoutés des Quojas, Nègres de la côte de Malaguette. Leur puissance va jusqu'à empêcher le riz de croître ou d'arriver à maturité. Ces peuples s'imaginent que Sova (le diable) s'empare de ceux qui se livrent à l'excès de la mélancolie; et que, dans cet état, il leur apprend à connaître les herbes et les racines qui peuvent servir aux enchantements; qui leur montre les gestes, les paroles, les grimaces, et qu'il leur donne le pouvoir continuel de nuire. Aussi la mort est-elle la punition infaillible de ceux qui sont accusés de ces noires pratiques. Les Quojas ne traverseraient point un bois sans être accompagnés, dans la crainte de rencontrer quelque Billi occupé à chercher ses racines et ses plantes. Ils portent avec eux une certaine composition à laquelle ils croient la vertu de les préserver contre Sova et tous ses ministres.
Binet (Claude). On recherche de Claude Binet, avocat du seizième siècle, les Oracles des douze sibylles, extraits d’un livre antique, avec les figures des sibylles portraites au vif, par Jean Rabel, traduit du latin de Jean Dorât en vers français. Paris, 1586, in-folio.
Biragues (Flaminio de), auteur d’une facétie intitulée l’Enfer de la mère Cardine, traitant de l’horrible bataille qui fut aux enfers aux noces du portier Cerberus et de Cardine. In-8°, Paris, 1585 et 1597. C’est une satire qui ne tient que si on le veut bien à la démonographie. P. Didot l’a réimprimée à cent exemplaires en 1793. L’auteur était neveu du chancelier de France René de Biragues.
Birck (Humbert), bourgeois d’Oppenheim dont l’âme revint après sa mort, en 1620, et se manifesta, comme les esprits frappeurs, pour obtenir des messes, ce qu’on lui accorda ; après quoi il ne revint plus .
Biron. Le maréchal de Biron, que Henri IV fit décapiter pour trahison en 1602, croyait aux prédictions. Pendant le cours de son procès, il demanda de quel pays était le bourreau. On lui répondit qu’il était Parisien. — Bon, dit-il. — Et il s’appelle Bourguignon. — Ah ! je suis perdu ! s’écria le maréchal ; on m’a prédit que si je pouvais éviter par derrière le coup d’un Bourguignon, je serais roi.
M. Chabot de Bouin a écrit très-agréablement cette légende, développée dans l’Almanach prophétique de 1846.
Biscar (Jeannette), sorcière boiteuse du Labourd, que le diable, en forme de bouc, transportait au sabbat, où, pour le remercier, elle faisait, au dire de Delancre, des culbutes et des cabrioles.
Biscayens, vagabonds de l’espèce des bohémiens. Ils disaient la bonne aventure dans les villages.
Bisclavaret. C’est le nom que donnent les Bretons au loup-garou. C’est souvent un renard et quelquefois un loup, qui se jette devant les chevaux des chasseurs et les effraye. On croit que cet animal est un sorcier qui en a pris la forme ; et dans les temps passés, si une châtelaine inconnue venait offrir des rafraîchissements aux chasseurs à l’instant où le Bisclavaret s’était montré, on la prenait pour une fée et on se défiait d’elle. M. Edouard d’Anglemont a consacré une de ses légendes poétiques au Bisclavaret.
Bithies, sorcières célèbres parmi les anciens Scythes. Elles avaient, dit-on, à l'un des yeux la prunelle double, à l'autre la figure d'un cheval, et le regard si dangereux, qu'elles tuaient ou ensorcelaient ceux sur qui elles l'attachaient.
Bitru, démon. Voy. Sytry.
Blaise de Vilfracuria, femme qui magnétisait en Lorraine, avant que l’on connût le nom du magnétisme. Remi conte dans sa Démonatrie qu’en 1689 un homme qui venait lui faire des réclamations fut invité par elle à manger des pommes qu’elle faisait cuire. La première pomme qu’il prit, toute brûlante, s’attacha à sa main ; il voulut l’arracher de l’autre main, qui se trouva prise aussi. Il sortit en poussant des cris de douleur. Les voisins lui dirent qu’il devait retourner à la femme qui lui avait donné sa pomme. Biaise se moqua de lui, et lui fit sur les bras des passes qui ôtèrent la douleur en faisant tomber la pomme. Elle appelait sa malice une farce.
Blanc (M. Hippolyte), auteur d’un livre intitulé De l’inspiration des Camisards, recherches nouvelles sur les phénomènes extraordinaires observés parmi les protestants des Cévennes à la fin du dix-septième et au commencement du dix-huitième siècle, pour servir à l’intelligence de certaines manifestations modernes. In—12, 1859. Henri Pion, éditeur. Ce savant travail établit par d’incontestables faits la part démoniaque de ces inspirations.
Blanc d’œuf (Divination par le). Voyez Oomancie.
Blanchard (Élisabeth), une des démoniaques de Loudun. Elle se disait possédée de plusieurs démons : Astaroth, Belzébuth, Pérou et Marou, etc. Voy. Loudun.
Blasphème. Souvent il est arrivé malheur aux gens grossiers qui blasphémaient. On en a vu, dans des accès de colère, mourir subitement. Étaient-ils étouffés par la colère ? ou frappés d’un coup d’apoplexie ? ou châtiés par une puissance suprême ? ou, comme on l’a dit quelquefois, étranglés par le diable ? Torquemada parle, dans la troisième journée de son Hexaméron, d’un blasphémateur qui fut tué un jour par le tonnerre, et l’on reconnut avec stupeur que la foudre lui avait arraché la langue. Si c’est un hasard, il est bien singulier.
Il est allégorisé par un homme qui, les cheveux hérissés et les poings fermés, brave le ciel, d'où partent des éclairs et des tonnerres. Il foule aux pieds un autel renversé, des statues brisées, ou d'autres emblèmes religieux.
Blendic. On exorcisa à Soissons, en 1582, cinq énergumènes. La relation de leurs réponses et de leurs convulsions a été écrite par Charles Blendic, Artésien.
Bletton (Barthélémy), hydroscope qui, vers la fin du siècle dernier, renouvela à Paris les prodiges de la baguette divinatoire appliquée à la recherche des sources et des métaux. Sa gloire s’est promptement évanouie. Voy. Baguette divinatoire et Beausoleil.
Bloemardine, femme de Bruxelles qui, au commencement du quatorzième siècle, troubla le Brabant, où elle établit une sorte de saint-simonisme, abolissant le mariage et les mœurs v et donnant à ses disciples dissolus le nom de frères et de sœurs du libre esprit. Elle avait un fauteuil d’argent que ses adeptes regardaient comme un talisman puissant en prodiges .
Blokula. Vers l’année 1670, il y eut en Suède, au village de Mohra, dans la province d’Elfdalen, une affaire de sorcellerie qui fit grand bruit. On y envoya des juges. Soixante-dix sorcières furent condamnées à mort ; une foule d’autres furent arrêtées, et quinze enfants se trouvèrent mêlés dans ces débats.
On disait que les sorcières se rendaient de nuit dans un carrefour, qu’elles y évoquaient le diable à l’entrée d’une caverne en disant trois fois : « Antesser ! viens, et nous porte à Blokula ! »
C’était le lieu enchanté et inconnu du vulgaire où se faisait le sabbat. Le démon Antesser leur apparaissait sous diverses formes, mais le plus souvent en justaucorps gris, avec des chausses rouges ornées de rubans, des bas bleus, une barbe rousse, un chapeau pointu. Il les emportait à travers les airs à Blokula, aidé d’un nombre suffisant de démons, pour la plupart travestis en chèvres ; quelques sorcières plus hardies accompagnaient le cortège à cheval sur des manches à balai. Celles qui menaient des enfants plantaient une pique dans le derrière de leur chèvre ; tous les enfants s’y perchaient à califourchon à la suite de la sorcière, et faisaient le voyage sans encombre.
Quand ils sont arrivés à Blokula, ajoute la relation, on leur prépare une fête ; ils se donnent au diable, qu’ils jurent de servir ; ils se font une piqûre au doigt et signent de leur sang un engagement ou pacte ; on les baptise ensuite au nom du diable, qui leur donne des raclures de cloches. Ils les jettent clans l’eau en disant ces paroles abominables : « De même que cette raclure ne retournera jamais aux cloches dont elle est venue, que mon âme ainsi ne puisse jamais entrer dans le ciel !… »
La plus grande séduction que le diable emploie est la bonne chère, et il donne à ces gens un superbe festin, qui se compose d’un potage aux choux et au lard, de bouillie d’avoine, de beurre, de lait et de fromage. Après le repas, ils jouent et se battent ; et si le diable est de bonne humeur, il les rosse tous avec une perche, « ensuite de quoi il se met à rire à plein ventre ». D’autres fois il leur joue de la harpe.
Les aveux que le tribunal obtint apprirent que les fruits qui naissaient du commerce des sorcières avec les démons étaient des crapauds ou des serpents. Des sorcières révélèrent encore cette particularité, qu’elles avaient vu quelquefois le diable malade, et qu’alors il se faisait appliquer des ventouses par les sorciers de la compagnie.
Le diable enfin leur donnait des animaux qui les servaient et faisaient leurs commissions : à l’un un corbeau, à l’autre un chat, qu’ils appelaient emporteur, parce qu’on l’envoyait voler ce qu’on désirait et qu’il s’en acquittait habilement. Il leur enseignait à traire le lait par charme, de cette manière : le sorcier plante un couteau dans une muraille, attache à ce couteau un cordon qu’il tire comme le pis d’une vache, et les bestiaux qu’il désigne dans sa pensée sont traits aussitôt jusqu’à épuisement. Ils employaient le même moyen pour nuire à leurs ennemis, qui souffraient des douleurs incroyables pendant tout le temps qu’on tirait le cordon. Ils tuaient même ceux qui leur déplaisaient en frappant l’air avec un couteau de bois.
Sur ces aveux on brûla quelques centaines de sorciers, sans que pour cela il y en eût moins en Suède  ; mais ce qui est surprenant, c’est que les mêmes scènes de magie se reproduisent en Suède de nos jours. Voy. Magie.
Bobin (Nicolas), sorcier jugé à Montmorillon, en Poitou, dans l’année 1599. Il fit à peu près la même confession que Berthomé du Lignon. Il était allé comme lui au sabbat, et s’était donné au diable, qui lui avait fait renier Dieu, le baptême et ses parents. Il conte qu’après l’offrande le diable se montrait quelquefois en forme d’homme noir ayant la voix cassée d’un vieillard ; que, quand il appelait le diable, il venait à lui en homme ou en bouc ; que, lorsqu’il allait au sabbat, il y était porté par un vent ; qu’il y rendait compte de l’usage de ses poudres, qu’il avait toujours fidèlement employées à mal faire ; qu’il portait la marque du diable sur l’épaule ; que, quand il donnait des maladies, il les donnait au nom du diable et les guérissait au même nom ; qu’il en avait fait mourir ainsi, et guéri plusieurs …
Bodry. Voy. Revenants.
Boèce, l’un des plus illustres Romains du sixième siècle, auteur des Consolations de la philosophie. Il s’amusait, dans ses moments de loisir, à faire des instruments de mathématiques, dont il envoya plusieurs pièces au roi Clotaire. Il avait construit des cadrans pour tous les aspects du soleil, et des clepsydres qui, quoique sans roues, sans poids et sans ressorts, marquaient aussi le cours du soleil, de la lune et des astres, au moyen d’une certaine quantité d’eau renfermée dans une boule d’étain qui tournait sans cesse, entraînée, dit-on, par sa propre pesanteur. C’était donc le mouvement perpétuel. Théodoric avait fait présent d’une de ces clepsydres à Gondebaud, roi des Bourguignons. Ces peuples s’imaginèrent que quelque divinité, renfermée dans cette machine, lui imprimait le mouvement: c’est là sans doute l’origine de l’erreur où sont tombés ceux qui l’ont accusé de magie. Ils en donnent pour preuves ses automates ; car on assure qu’il avait fait des taureaux qui mugissaient, des oiseaux qui criaient et des serpents qui sifflaient. Mais Delrio dit  que ce n’est là que de la magie naturelle, c’est-à-dire de la mécanique.
Boehm (Jacob), né en 1575, dans la haute Lusace. De cordonnier qu’il était il se fit alchimiste, homme à extases et chef d’une secte qui eut le nom de boehmistes. Il publia, en 1612, un livre de visions et de rêveries, intitulé l’Aurore naissante, que l’on poursuivit. Il expliquait le système du monde par la philosophie hermétique, et présentait Dieu comme un alchimiste occupé à tout produire par distillation. Les écrits de cet illuminé, qui forment plus de cinquante volumes inintelligibles, ne sont pas connus en France, excepté ce que Saint-Martin en a traduit: l’Aurore naissante, les Trois principes et la Triple vie. Ce songe-creux était anthropomorphite  et manichéen ; il admettait pour deuxième principe du monde la colère divine ou le mal, qu’il faisait émaner du nez de Dieu. On recherche, parmi ses livres d’alchimie, son Miroir temporel de l’éternité, ou de la Signature des choses, traduit en français, in—8°, Francfort, 1669. Ses doctrines philosophiques ont conservée des partisans en Allemagne.
Bœuf. Le bœuf de Moïse est un des dix animaux que Mahomet place dans son paradis.
On attache à Marseille quelques idées superstitieuses au bœuf gras qu’on promène , dans cette ville, au son des flûtes et des timbales, non pas, comme partout, le jour du carnaval, mais la veille et le jour de la Fête-Dieu. Des savants ont cru voir là une trace du paganisme ; d’autres ont prétendu que c’était un usage qui remontait au bouc émissaire des Juifs. Mais Rulfi, dans son Histoire de Marseille, rapporte un acte du quatorzième siècle qui découvre l’origine réelle de cette coutume. Les confrères du Saint-Sacrement, voulant régaler les pauvres, achetèrent un bœuf et en avertirent le peuple en le promenant par la ville. Ce festin fit tant de plaisir qu’il se renouvela tous les ans ; depuis il s’y joignit de petites croyances. Les vieilles femmes crurent préserver les enfants de maladie en leur faisant baiser ce bœuf ; tout le monde s’empressa d’avoir de sa chair, et on regarde encore aujourd’hui comme très-heureuses les maisons à la porte desquelles il veut bien, dans sa marche, déposer ses déjections.
Parmi les bêtes qui ont parlé, on peut compter les bœufs. Fulgose rapporte qu’un peu avant la mort de César un bœuf dit à son maître qui le pressait de labourer : — « Les hommes manqueront aux moissons, avant que la moisson manque aux hommes. »
On voit dans Tite-Live et dans Valère-Maxime que pendant la deuxième guerre punique un bœuf cria en place publique : — « Rome, prends garde à toi !)) — François de Torre-Blanca pense que ces deux bœufs étaient possédés de quelque démon . Le père Engelgrave (Lux evangelica, page 286 des Dominicales) cite un autre bœuf qui a parlé. Voy. Béhémoth.
Bogaha, arbre de l'île de Ceylan, que les Européens ont nommé l'Arbre-Dieu. Le plus renommé se trouve à Annarodgburre, ville ruinée, et située dans la partie septentrionale des Etats du roi de Candy, dont les sujets ont seuls la faculté d'approcher de ce sanctuaire. Selon la tradition reçue, le Bogaha traversa les airs pour se rendre à Ceylan, de quelque pays éloigné, et enfonça lui-même ses racines en terre à la place qu'il occupe actuellement. Il fit ce voyage pour servir d'abri au dieu Budhou, qui se reposa à l'ombre de cet arbre tout le temps qu'il demeura sur la terre. Quatre-vingt-dix-neuf rois, qui, par les temples et les images qu'ils ont dédiés à Budhou, ont mérité que leur âme fût reçue dans le séjour de la félicité, ont été enterrés près de ce lieu sacré. Transformés actuellement en bons génies, ils sont chargés de veiller à la sûreté des adorateurs de ce dieu, et surtout de les préserver du joug des Européens, calamité qu'ils doivent chercher sans cesse à détourner par leurs prières. Il y a autour de l'arbre un grand nombre de huttes, destinées aux pèlerins. Des hommes gagés en balaient continuellement les approches, et servent aussi les prêtres durant les cérémonies. Toutes les parties de l'île en offrent un grand nombre, que les Ceylanais se font un mérite de planter, et sous lesquels ils allument des lampes et placent des images. On en trouve dans les villes et sur les grands chemins, la plupart environnés d'un pavé entretenu fort proprement, les Ceylanais se faisant un devoir de payer des gens chargés de le garantir de toute souillure. En un mot, le Bogaha est l'objet de la même vénération parmi les sectateurs de Budhou, que l'arbre des Banians parmi les brahmines. Cet arbre est fort grand, et ses feuilles tremblent sans cesse, comme celle du peuplier. Il ne porte aucun fruit, et n'est remarquable que par la superstition qui l'a fait planter.
Bogarmiles, Bogomiles et Bongomiles. Sorte de manichéens qui parurent à Constantinople au douzième siècle. Ils disaient que ce n’est pas Dieu, mais un mauvais démon qui a créé le monde. Ils étaient iconoclastes.
Boggarts (ou bwcas, bogan, bogle, boggle) sont issus du folklore britannique. Ils y sont décrits comme des nains hideux, velus et malveillants. On raconte souvent d'eux qu'ils hantent les landes et dévastent les chaumières sans raison valable, dans l'unique but de nuire. Il existe une version plus nuancée, présentée par Jacques Ier d'Angleterre dans son traité de démonologie, publié à Londres en 1597. Il parle ainsi d'un « homme hirsute qui hante diverses maison sans y faire aucun mal, mais [se] comporte parfois comme s'il était nécessaire de mettre la maison sens dessus dessous. » Pour s'en débarrasser, on disait qu'il fallait soit appeler un exorciste, soit deviner son nom qu'il gardait secret.
Édouard Brasey prétend que le boggart serait dans l'imaginaire anglais le cousin dégénéré du brownie, un esprit servant britannique. En effet, il existe des légendes où le boggart est décrit comme un esprit domestique attaché à une famille, mais à la différence de ses « cousins », il ne rend aucun service et joue des tours aux habitants, allant même jusqu'à les voler. Il peut suivre sa famille où qu'elle aille, dans le but de la harceler. On suspendait parfois un fer à cheval devant les portes des maisons pour éloigner les boggarts. Dans le folklore du nord-ouest de l'Angleterre, les boggarts vivent sous les ponts, et cela porte malheur de ne pas les saluer si on les croise.




















  • De nombreuses cartes appartenant à une des éditions (Lorwyn) d'un jeu mettant en scène des créatures mythologiques, Magic : L'assemblée, édité par Wizards of the Coast et conçu par Richard Garfield, sont à l'effigie de boggarts. Ils y représentent une nouvelle version du gobelin présent depuis la première édition du jeu.
  • Édouard Brasey rapporte le cas d'une fille de ferme avait réussi à prendre à son service un boggart pour filer de la laine. Celui-ci refusait obstinément de lui donner son nom. Dévorée par la curiosité, elle vint l'épier la nuit, et apprit en l'écoutant parler tout seul qu'il se nommait « Gwawyn-A-Throt ». Hilare, elle sortit de l'ombre et prononça son nom à haute voix. Furieux, le boggart s'enfuit dans la nuit, pour ne plus revenir.
  • Bogart est un nom de famille, dont le plus célèbre possesseur est l'acteur Humphrey Bogart.
  • Au Chili, un jeune journaliste de l'Université de Santiago, Fernando Olmos Galleguillos, utilise le pseudonyme « boggart » pour signer ses articles.
  • À Manchester, il existe un parc municipal appelé Boggart Hole Clough, bordé des quartiers de Moston et de Blackley. Clough est un mot d'un dialecte du nord de l'Angleterre, utilisé pour désigner une vallée boisée et abrupte. Une grande partie du Boggart Hole Clough est composé de ce genre de vallées qui seraient selon la légende peuplées par des boggarts. On attribue à ces boggarts de nombreuses disparitions inexpliquées survenues dans la région, en particulier au début du XIXe siècle.
  • À Manchester, il existe un parc municipal appelé Boggart Hole Clough, bordé des quartiers de Moston et de Blackley. Clough est un mot d'un dialecte du nord de l'Angleterre, utilisé pour désigner une vallée boisée et abrupte. Une grande partie du Boggart Hole Clough est composé de ce genre de vallées qui seraient selon la légende peuplées par des boggarts. On attribue à ces boggarts de nombreuses disparitions inexpliquées survenues dans la région, en particulier au début du XIXe siècle.
  • Dans un vieux conte du village de Mumby dans le Lincolnshire, le boggart est décrit comme velu et malodorant. L'histoire raconte qu'un agriculteur avait acheté un lopin de terre habité par un boggart. Lorsque l'agriculteur tenta de cultiver le domaine du boggart, celui-ci se fâcha, et après de nombreuses discussions, ils décidèrent de travailler la terre en même temps et de partager les richesses. Cependant, l'agriculteur était gourmand. Il commença à réfléchir à une manière de tromper le boggart. Lorsqu'ils débattaient quoi planter, il lui demanda : « Quelle moitié de la récolte souhaitez-vous, la partie inférieure ou la partie supérieure au sol ? ». Le boggart réfléchit pendant un certain temps avant de répondre « La partie inférieure du sol ». L'agriculteur sema donc de l'orge dans le domaine. Au moment de la récolte, l'agriculteur prit une grande pile d'orge, alors que la récompense que le boggart recevait en échange de son travail se résumait à un peu de chaume. Il entra dans une rage folle et hurla que la prochaine fois, il faudrait qu'il prenne ce qui poussait au-dessus du sol. La fois suivante, l'agriculteur sema des pommes de terre. Au moment de la récolte, il rit en regardant son énorme tas de pommes de terre tandis que le boggart ne recevait rien. Frémissant de rage, le boggart partit, et ne revint jamais.
    Voyez la légende d’un de ces esprits dans les Légendes des esprits et des démons.
    Bogies, lutins écossais, de l’espèce des Kobolds et des Gobelins.
    Boglia. Les indigènes de l’Australie donnent le nom de Boglia à l’homme endiablé que nous appelons un sorcier.
    Boguet (Henri), grand juge de la terre de Saint-Claude au comté de Bourgogne, mort en 1619, auteur d’un livre plein d’une crédulité souvent puérile et d’un zèle outré contre la sorcellerie. Ce livre, publié au commencement du dix-septième siècle, est intitule Discours des sorciers, avec six avis en fait de sorcellerie et une instruction pour un juge en semblable matière [1]. C’est une compilation des procédures auxquelles, comme juge, l’auteur a généralement présidé. On y trouve l’histoire de Louise Maillât, possédée de cinq démons à l’âge de huit ans ; de Françoise Secrétain, sorcière, qui avait envoyé lesdits démons ; des sorciers Gros-Jacques et Willermoz, dit le Bailla ; de Claude Gaillard, de Rolande Duvernois et de quelques autres. L’auteur détaille les abominations qui se font au sabbat ; il dit que les sorciers peuvent faire tomber la grêle, ce qui n’est pas ; qu’ils ont une poudre avec laquelle ils empoisonnent, ce qui est vrai : qu’ils se graissent les jarrets avec un onguent pour s’envoler au sabbat ; qu’une sorcière tue qui elle veut par son souffle seulement ; qu’elles ont mille indices qui les feront reconnaître : par exemple, que la croix de leur chapelet est cassée, qu’elles ne pleurent pas en présence du juge, qu’elles crachent à terre quand on les force à renoncer au diable, qu’elles ont des marques sous leur chevelure, lesquelles se découvrent si on les rase ; que les sorciers et les magiciens ont le talent de se changer en loups ; que sur le simple soupçon mal lavé d’avoir été au sabbat, même sans autre maléfice, on doit les condamner ; que tous méritent d’être brûlés, et que ceux qui ne croient pas à la sorcellerie sont criminels. C’est un peu trop violent, mais il faut remarquer qu’en ces choses ce n’était pas le clergé qui était sévère ; c’étaient ces juges laïques qui se montraient violents et féroces.
    À la suite de ces discours viennent les Six avis, dont voici le sommaire :
    1° Les devins doivent être condamnés au feu, comme les sorciers et les hérétiques, et celui qui a été au sabbat est digne de mort. Il faut donc arrêter, sur la plus légère accusation, la personne soupçonnée de sorcellerie, quand même l’accusateur se rétracterait ; et l’on peut admettre en témoignage contre les sorciers toutes sortes de personnes. On brûlera vifs, ajoute-t-il, les sorciers opiniâtres, et, par grâce, on se contentera d’étrangler celui qui confesse.
    2° Dans le crime de sorcellerie, on peut condamner sur de simples indices, conjectures et présomptions ; on n’a pas besoin pour de tels crimes de preuves très-exactes.
    3° Le crime de sorcellerie est directement contre Dieu (ce qui est vrai dans ce crime, quand il existe réellement, puisque c’est une négation de Dieu et un reniement) : aussi il faut punir sans ménagement ni considération quelconque…
    4° Les biens d’un sorcier condamné doivent être confisqués comme ceux des hérétiques ; car sorcellerie est pire encore qu’hérésie, en ce que les sorciers renient Dieu. Aussi on remet quelquefois la peine à l’hérétique repenti ; on ne doit jamais pardonner au sorcier…
    5° On juge qu’il y a sorcellerie quand la personne accusée fait métier de deviner, ce qui est l’œuvre du démon ; les blasphèmes et imprécations sont encore des indices. On peut poursuivre enfin sur la clameur publique.
    6° Les fascinations, au moyen desquelles les sorciers éblouissent les yeux, faisant paraître les choses ce qu’elles ne sont pas, donnant des monnaies de corne ou de carton pour argent de bon aloi, sont ouvrages du diable ; et les fascinateurs, escamoteurs et autres magiciens doivent être punis de mort.
    Le volume de Boguet est terminé par le code des sorciers. Voy. Code.
    Bogounskis, mauvais esprits russes, qui dansent la nuit sur le lac de Goplo et quelquefois sur la Vistule.
    Bohémiens. Il n’y a personne qui n’ait entendu parler des Bohémiennes et de ces bandes vagabondes qui, sous les noms de Bohémiens, de Biscaïens et d’Égyptiens ou Gitanos, se répandirent au quatorzième siècle sur l’Europe, dans l’Allemagne surtout, la Hollande, la Belgique, la France et l’Espagne, avec la prétention de posséder l’art de dire la bonne aventure et d’autres secrets merveilleux. Les Flamands les nommaient heyden, c’est-à-dire païens, parce qu’ils les regardaient comme des gens sans religion. On leur donna divers autres sobriquets.
    Les historiens les ont fait venir, sur de simples conjectures, de l’Assyrie, de la Cilicie, du Caucase, de la Nubie, de l’Abyssinie, de la Chaldée. Bellon, incertain de leur origine, soutient qu’au moins ils n’étaient pas Égyptiens ; car il en rencontra au Caire, où ils étaient regardés comme étrangers aussi bien qu’en Europe. Il eût donc été plus naturel de croire les Bohémiens eux-mêmes sur leur parole, et de dire avec eux que c’était une race de Juifs, mêlés ensuite de chrétiens vagabonds. Voici ce que nous pensons être la vérité sur ces mystérieux nomades.
    Vers le milieu du quatorzième siècle, l’Europe, et principalement les Pays-Bas, l’Allemagne et la France, étant ravagée par la peste, on accusa les Juifs, on ne sait pourquoi, d’avoir empoisonné les puits et les fontaines. Cette accusation souleva la fureur publique contre eux. Beaucoup de Juifs s’enfuirent et se jetèrent dans les forêts. Ils se réunirent pour être plus en sûreté et se ménagèrent des souterrains d’une grande étendue. On croit que ce sont eux qui ont creusé ces vastes cavernes qui se trouvent encore en Allemagne et que les indigènes n’ont jamais eu intérêt à fouiller.
    Cinquante ans après, ces proscrits ou leurs descendants ayant lieu de croire que ceux qui les avaient tant haïs étaient morts, quelques-uns se hasardèrent à sortir de leurs tanières. Les chrétiens étaient alors occupés des guerres religieuses suscitées par l’hérésie de Jean Huss. C’était une diversion favorable. Sur le rapport de leurs espions, ces Juifs cachés quittèrent leurs cavernes, sans aucune ressource, il est vrai, pour se garantir de la misère ; mais pendant leur demi-siècle de solitude, ils avaient étudié les divinations et particulièrement l’art de dire la bonne aventure par l’inspection de la main ; ce qui ne demande ni instrument, ni appareil, ni dépense aucune ; et ils comptèrent bien que la chiromancie leur procurerait quelque argent.
    Ils se choisirent d’abord un capitaine, nommé Zundel. Puis, comme il fallait déclarer ce qui les amenait en Allemagne, qui ils étaient, d’où ils venaient, et qu’on pouvait les questionner aussi sur leur religion ; pour ne pas se découvrir trop clairement, ni pourtant se renier, ils convinrent de dire que leurs pères habitaient autrefois l’Égypte, ce qui est vrai des Juifs ; et que leurs ancêtres avaient été chassés de Leur pays pour n’avoir pas voulu recevoir la Vierge Marie et son fils Jésus. — Le peuple comprit ce refus, du temps où Joseph emmena le divin Enfant en Égypte pour le soustraire aux recherches d’Hérode ; au lieu que les vagabonds juifs l’entendaient de la persécution qu’ils avaient soufferte cinquante ans auparavant. De là vient le nom d’Égyptiens qu’on leur donna et sous lequel l’empereur Sigismond leur accorda un passe-port.
    Ils s’étaient formé un argot ou un jargon déguisé, mêlé d’hébreu et de mauvais allemand, qu’ils prononçaient avec un accent étranger. Des savants, qui ne voyaient pas plus loin, furent flattés de reconnaître certains termes de la langue allemande dans un patois qu’ils prenaient pour de l’égyptien. Ils dénaturaient aussi plusieurs appellations ; ils appelaient un enfant un criard, un manteau un preneur de vent, un soulier un marcheur, un oiseau un volant. Toutefois, la multitude de mots hébreux qui est restée dans le langage des Bohémiens suffirait seule pour trahir leur origine juive.
    Ils avaient des mœurs particulières et s'étaient fait des lois qu'ils respectaient. Chaque bande se choisissait un chef, à qui tout le monde était tenu d'obéir. Quand parmi eux une femme se mariait, elle se bornait, pour toute cérémonie, à briser un pot de terre devant l'homme dont elle voulait devenir la compagne ; et elle le respectait comme son mari autant d'années que le vase avait produit de morceaux. Au bout de ce temps, les époux étaient libres de se quitter ou de rompre ensemble un nouveau pot de terre. On citerait beaucoup de bizarreries de ce genre.
    Dès que les nouveaux Égyptiens virent qu'ils n'étaient pas repoussés, ils implorèrent la pitié des Allemands. Pour ne pas paraître à charge , ils assuraient que, par une grâce particulière du ciel, qui les protégeait encore en les punissant, les maisons où ils étaient une fois reçus n'étaient plus sujettes a l'incendie. Ils se mirent aussi à dire la bonne aventure, sur l'inspection du visage, des signes du corps, et principalement sur l'examen des lignes de la main et des doigts. Ils guérissaient les malades désespérés, par des remèdes que les Anglais ont conservés et qu'ils appellent héroïques, parce qu'ils tuent net les apoplectiques, s'ils ne les relèvent pas.
    Cependant la fureur contre les Juifs s'était apaisée ; ils furent admis de nouveau dans les villages, puis dans les villes. Mais il resta toujours de ces bandes vagabondes qui continuèrent la vie nomade, découvrant partout l'avenir, et joignant à cette profession de nombreuses friponneries plus matérielles. Bientôt, quoique la nation juive fût le noyau de ces bandes, il s'y fit un tel mélange de divers peuples, qu'il n'y eut pas plus entre eux de religion dominante qu'il n'y avait de patrie. Ils parcoururent les Pays-Bas et passèrent en France, où on les appela les Bohémiens, parce qu’ils venaient de la Bohême.
    Pasquier, dans ses Recherches, raconte à peu près ainsi leur apparition mystérieuse sur le sol français et leur arrivée aux portes de Paris en 1427 : — ils étaient au nombre de cent vingt ; l’un de leurs chefs portait le titre de duc, un autre celui de comte ; ils avaient dix cavaliers pour escorte. Ils disaient qu’ils venaient de la basse Egypte, chassés de leur pays par les Sarrasins, qu’ils étaient allés à Rome confesser leurs péchés au Pape, qui leur avait enjoint pour pénitence d’errer sept ans par le monde, sans coucher sur aucun lit. (Les gens éclairés n’ajoutèrent sans doute pas foi à ce conte.) — On les logea au village de la Chapelle, près Paris ; et une grande foule alla les voir. — Ils avaient les cheveux crépus, le teint basané, et portaient aux oreilles des anneaux d’argent. Comme leurs femmes disaient la bonne aventure et se livraient à des pratiques superstitieuses et mauvaises, l’évêque de Paris les excommunia, défendit qu’on les allât consulter et obtint leur éloignement.
    Le seizième siècle fut infesté de Bohémiens. Les états d’Orléans, en 1560, les condamnèrent au bannissement, sous peine des galères, s’ils osaient reparaître. Soufferts dans quelques contrées que divisait l’hérésie, chassés en d’autres lieux comme descendants de Cham, inventeur de la magie, ils ne paraissaient nulle part que comme une plaie. On disait en Flandre qu’ils étaient si experts en sorcellerie, que dès qu’on leur avait donné une pièce de monnaie, toutes celles qu’on avait en poche s’envolaient aussitôt et allaient rejoindre la première, opinion populaire qui peut se traduire en d’autres termes et qui veut dire que les Bohémiens étaient des escrocs. — Leurs bandes diminuèrent au dix-septième siècle. Pourtant on en voit encore quelques rares détachements. Sous les nouvelles lois de police des États européens, les sociétés bohémiennes sont dissoutes. Mais il y a toujours çà et là des individus qui disent la bonne aventure, et des imbéciles qui vont les consulter. Voy. Chiromancie.
    Bohinum, idole des Arméniens, qui était faite d’un métal noir, symbole de la nuit. Son nom vient du mot hébreu bohu, désolation, à ce que dit Leloyer. C’est le démon du mal.
    Bohmius (Jean). Quelques-uns recherchent sa Psychologie, ou Traité des esprits, publiée en 1632, à Amsterdam livre qui ne manque pas d’hérésies.
    Bohon-Hupas, arbre-poison qui croît dans l’île de Java, à trente lieues de Batavia. Les criminels condamnés allaient autrefois recueillir une gomme qui en découle, et qui est un poison si prompt et si violent, que les oiseaux qui traversent l’air au-dessus de cet arbre tombent morts ; du moins ces choses ont été contées. Après que leur sentence était prononcée, lesdits criminels pouvaient choisir de périr de la main du bourreau, ou de tenter de rapporter une boîte de gomme de l’hupas.* Foerssech rapporte qu’ayant interrogé un prêtre malais qui habitait ce lieu sauvage, cet homme lui dit qu’il avait vu passer environ sept cents criminels, sur lesquels il n’en était revenu que vingt-deux ; qu’il n’y avait pas plus de cent ans que ce pays était habité par un peuple qui se livrait aux iniquités de Sodome et de Gomorrhe ; que Mahomet ne voulut pas souffrir plus longtemps leurs mœurs abominables ; qu’il engagea Dieu à les punir ; et que Dieu fit sortir de la terre le bohon-hupas, qui détruisit les coupables, et rendit à jamais le pays inhabitable. Les Malais regardent cet arbre comme l’instrument de la colère du Prophète ; et, toutefois, la mort qu’il procure passe chez eux pour honorable ; voilà pourquoi les criminels qui vont chercher le poison se revêtent en général de leurs plus beaux habits .
    Bois. Les anciens avaient une divination qui se pratiquait par le moyen de quelques morceaux de bois. Voy. Xylomancie.
    Ils croyaient les forêts habitées par des divinités bizarres ; et dans les pays superstitieux, on y redoute encore les lutins. Les Kamtschadales disent que les bois sont pleins d’esprits malicieux. Ces esprits ont des enfants qui pleurent sans cessé pour attirer les voyageurs ; ils les égarent ensuite, et ils leur ôtent quelquefois la raison. — Enfin, c’est généralement dans les bois que les sorciers font le sabbat. C’était autrefois dans des bois dits sacrés qu’on honorait les faux dieux.
    Bois de vie. C’est le nom que les alchimistes donnent à la pierre parfaite du grand œuvre, plus clairement appelée baume universel ou panacée, qui guérit tous les maux, et assure à ceux qui la possèdent une jeunesse inaltérable.
    Les Juifs nomment bois de vie les deux bâtons qui tiennent la bande roulée sur laquelle est écrit le livre de leur loi. Ils sont persuadés que l’attouchement de ces bâtons affermit la vue et rend la santé. Ils croient aussi qu’il n’y a pas de meilleur moyen de faciliter l’accouchement des femmes que de leur faire voir ces bois, qu’il ne leur est pas permis de toucher.
    Boistuau ou Boaistuau (Pierre), dit Launay, Nantais, mort à Paris en 1566. On recherche de lui deux ouvrages rares et curieux : 1° Histoires prodigieuses, extraites de divers auteurs, in-8°, 1561. Aux quarante histoires de Boistuau, Tesserant en ajouta quinze. Belleforêt, Hoyer et Marionville les firent réimprimer avec une nouvelle continuation, en 1575, six vol. in-16. — 2° Histoires tragiques, extraites des œuvres italiennes de Bandel, et mises en langue française, 1568 et années suivantes, 7 vol. In-16. Il n’y a que les six premières histoires du premier volume qui aient été traduites par Boistuau; les autres sont de la traduction de Belleforêt, qui lui était bien inférieur.
    Bojani (Michel). On peut lire de lui une Histoire des songes , publiée en 1587. Nous ne la connaissons que par le titre.
    Bolacré (Gilles), bonhomme qui habitait une maison d’un faubourg de Tours, où il prétendit qu’il revenait des esprits qui l’empêchaient de dormir. C’était au seizième siècle. Il avait loué cette maison ; et comme il s’y faisait un bruit et un tintamarre d’esprits invisibles, sabbats et lutins, qui ne lui laissaient aucun repos, il voulut à toute force faire résilier son bail. La cause fut portée devant le siège présidial à Tours, qui cassa le bail. Le propriétaire en appela au parlement de Paris ; son avocat, maître René Chopin, soutint que les visions d’esprits n’étaient autre chose que des contes de vieilles, épouvantails de petits enfants. Le parlement ne décida rien et renvoya la cause au tribunal de la Tournelle, qui par son arrêt maintint la résiliation du bail.
    Boléguéans, ou poulpiquets. Ce sont en Bretagne des lutins du genre des Coboldes. Voyez quelques détails sur un de ces bons petits lutins dans les Légendes des esprits et des démons.
    Bolfri. Voy. Bérith.
    Bolingbroke. Voy. Glocester.
    Bolomancie. C’est la Bélomancie. Voy. ce mot.
    Bolotoo, île imaginaire que les naturels des îles Tonga, dans la mer Pacifique, croient située au nord-ouest, mais à une telle distance qu'il serait dangereux pour leurs canots d'essayer d'y aborder. Ils y placent leur paradis et les âmes des chefs qui y deviennent des divinités du second ordre. C'est de là que sont venus les hommes qui consistaient en deux frères, leurs femmes et leur suite; mais on ne sait pas comment ils avaient été créés. Ils supposent cette île beaucoup plus grande que toutes leurs îles réunies. On y trouve toutes les plantes, et tous les arbres, toujours chargés des meilleurs fruits et couverts des plus belles fleurs. A peine a t-on cueilli ces fleurs et ces fruits, que d'autres prennent leur place. Ces plantes et ces arbres sont immortels, et répandent le parfum le plus délicieux que l'imagination puisse concevoir. L'île est remplie d'une multitude innombrable d'oiseaux des plus belles espèces; on y trouve des chiens en abondance. Tous ces animaux sont aussi immortels, à moins qu'on ne les tue pour la nourriture des dieux; mais aussitôt que l'un deux est tué, un autre le remplace, et se trouve à l'instant même au degré de perfection de son espèce. Il n'y existe pas d'autre mode de propagation des végétaux et des animaux.  
    Bombast (Philippe). Voy. Paracelse.
    Bona (Jean), savant et pieux cardinal, mort en 1674. On recherche de lui un Traité du discernement des esprits, in-12, publié en 1673 et traduit par l’abbé Leroy de Hautefontaine, 1676. Le chapitre xx de cet ouvrage traite avec beaucoup de lumières de ce qu’il y a de plus difficile dans la matière des visions et des révélations particulières .
    Bonasses. Voy. Gullets.
    Bonati (Gui), astrologue florentin du treizième siècle. Il vivait, dit-on, d’une manière originale, et possédait l’art de prédire l’avenir. Les troupes de Rome, sous le pontificat de Martin IV, assiégeaient Forli, ville de la Romagne, défendue par le comte de Montferrat. Bonati, qui s’y était retiré, voyant la ville prête à faire une sortie, annonça au comte qu’il serait blessé dans la mêlée. L’événement justifia la prédiction ; et le comte de Montferrat, qui avait porté avec lui ce qu’il fallait pour panser sa blessure, fit depuis le plus grand cas de l’astrologie. Bonati, sur la fin de sa vie, reconnut pourtant la vanité de sa science, se fit franciscain, et mourut pénitent en 1300. Ses ouvrages ont été recueillis par Jacques Cauterus, sous le titre de Liber astronomicus, in-4°, rare. Augsbourg, 1491.
    Bongomiles. Voy. Bogarmiles.
    Bonica, île fabuleuse du Nouveau-Monde, où Déodatus, médecin spagirique, place une fontaine dont les eaux, plus précieuses que le vin le plus délicat, ont la vertu de changer le vieillesse en jeunesse. 
    Boniface VIII, pape, élu le 2 décembre 1294. On a conté que, n’étant encore que cardinal, il fit percer une muraille qui avoisinait le lit du pape Célestin, et lui cria au moyen d’une sarbacane, qu’il eût à déposer la tiare s’il voulait être sauvé ; que le bon pape Célestin obéit à cette voix qu’il croyait venir du ciel, et céda la place à Boniface. — Mais ce récit n’est qu’une imposture entièrement supposée par les protestants, qui ont imaginé cette calomnie comme tant d’autres. La vérité est que le pape Célestin déposa la tiare pour s’occuper uniquement de son âme. Le cardinal Cajetan (depuis Boniface VIII) n’y fut pour rien .
    Bonne aventure. Les diseurs de bonne aventure et les magiciens étaient devenus si nombreux à Home du temps des premiers empereurs, qu’ils y avaient une confrérie. Pour l’art de dire la bonne aventure, voy. Chiromancie, Cartomancie, Astrologie, Métoposcopie, Horoscopes, Cranologie, et les cent autres manières.
    Bonnes. On appelle bonnes, dans certaines provinces, des fées bienveillantes, des espèces de farfadets femelles sans malice, qui aiment les enfants et qui se plaisent à les bercer. On a sur elles peu de détails ; mais c’est d’elles, dit-on, que vient aux berceuses le nom de bonnes d’enfants. Habondia est leur reine.
    Bonnet (Jeanne), sorcière de Boissy en Forez, brûlée le 15 janvier 1583 pour s’être vantée d’avoir eu des liaisons abominables avec le diable.
    Bonnet pointu, ou esprit au bonnet. Voy. Hekdeckin.
    Bonnevault (Pierre). Un sorcier poitevin du seizième siècle, nommé Pierre Bonnevault, fut arrêté parce qu’il allait au sabbat. Il confessa que la première fois qu’il y avait été mené par ses parents il s’était donné au diable, à qui il avait permis de prendre ses os après sa mort ; mais qu’il n’avait pas voulu donner son âme. Un jour, venant de Montmorillon, où il avait acheté deux charges d’avoine qu’il emportait sur deux juments, il entendit des gens d’armes sur le chemin ; craignant qu’ils ne lui prissent son avoine, il invoqua le diable, qui vint à lui comme un tourbillon de vent, et le transporta avec ses deux juments à son logis. Il avoua aussi qu’il avait fait mourir diverses personnes avec ses poudres ; enfin il fut condamné à mort. Voy. Tailletroux. C’était sa femme.
    Bonnevault (Jean), frère de Pierre, fut aussi, accusé de sorcellerie ; et le jour du procès, devant l’assemblée, il invoqua le diable, qui l’enleva de terre à une hauteur d’environ quatre ou cinq pieds, et le laissa retomber sur le carreau, comme un sac de laine, sans aucun bruit, quoiqu’il eût aux pieds des entraves. Etant relevé par deux archers, on lui trouva la peau de couleur bleue tirant sur le noir ; il écumait et souffrait beaucoup. Interrogé là-dessus, il répondit qu’ayant prié le diable de le tirer de peine, il n’avait pu l’enlever, attendu que, comme il avait prêté serment à la justice, le diable n’avait plus pouvoir sur lui.
    Bonnevault (Mathurin), parent des deux précédents, accusé comme eux de sorcellerie, fut visité par experts. On lui trouva sur l’épaule droite une marque de la figure d’une petite rose, dans laquelle on planta une longue épingle sans qu’il en ressentît aucune douleur, d’où on le jugea bien sorcier. Il confessa qu’ayant épousé en premières noces Berthomée de la Bedouche, qui était sorcière comme ses père et mère, il l’avait vue faire sécher au four des serpents et des crapauds pour des maléfices ; qu’elle le mena alors au sabbat, et qu’il y vit le diable, ayant des yeux noirs, ardents comme une chandelle. Il dit que le sabbat se tenait quatre fois l’an la veille de la Saint-Jean-Baptiste, la veille de Noël, le mardi-gras et la veille de Pâques. On le convainquit d’avoir fait mourir sept personnes par maléfices; se voyant condamné, il avoua qu’il était sorcier depuis l’âge de seize ans. — Il y aurait de curieuses études à faire sur tous ces procès, si nombreux pendant les troubles sanglants de la réforme.
    Bonsovanis (Barthélemy de), brave homme du diocèse de Trévise, dont un démon appelé Belzéout, quoique de rang inférieur dans son infernale hiérarchie, parvint à s’emparer en le rendant, jaloux de sa femme, qui était pieuse et chaste. Il devint si furieux qu’il fallut le lier, et ne pouvant plus tuer les autres, il se fût lue lui-même, si on ne l’eût délivré de son démon et de sa jalousie par l’exorcisme.
    Bonzes. Les bonzes chinois font généralement profession de prédire l’avenir et d’exorciser les démons ; ils cherchent aussi la pierre philosophale. Lorsqu’un bonze promet de faire pleuvoir, si dans l’espace de six jours il n’a pas tenu sa promesse, on lui donne la bastonnade.
    Il existe des bonzes au Congo. On croit que leurs âmes sont errantes autour des lieux qu’ils ont habités. Quand on voit un tourbillon balayer la plaine et faire lever la poussière et le sable, les naturels s’écrient que c’est l’esprit des bonzes.
    Bophomet. Voy. Tête de Bophomet.
    Borak, jument ou mule de Mahomet, qu’il a mise dans son paradis. Elle avait une belle tête de femme, et s’allongeait à chaque pas aussi loin que la meilleure vue peut s’étendre.
    Borax, sorte de pierre qui se trouve, disent les doctes, dans la tête des crapauds ; on lui attribue divers effets merveilleux, comme celui d’endormir. Il est rare, qu’on la puisse recueillir, et il n’est pas sûr qu’elle soit autre chose qu’un os durci.
    Borborites. Voy. Génies.
    Bordelon (Laurent), né à Bourges en 1653, mort en 1730 ; écrivain médiocre, qui toutefois savait beaucoup de choses, et s’était occupé de recherches sur les superstitions, les sciences occultes et les erreurs populaires. Il est fâcheux qu’il ait écrit si pesamment. On achète encore ses entretiens sur l’Astrologie judiciaire, qui sont curieux. Le plus connu de ses ouvrages (et il a été réimprimé plusieurs fois) est intitulé « Histoire des imaginations extravagantes de monsieur Oufle, causées par la lecture des livres qui traitent de la magie, du grimoire, des démoniaques, sorciers, loups-garous, incubes, succubes, et du sabbat ; des fées, ogres, esprits, follets, génies, fantômes et autres revenants ; des songes, de la pierre philosophale, de l’astrologie judiciaire, des horoscopes, talismans, jours heureux et malheureux, éclipses, comètes et almanachs ; enfin de toutes les sortes d’apparitions, de divinations, de sortilèges, d’enchantements et d’autres superstitieuses pratiques. »
    On voit par ce titre, que nous avons copié tout entier, que l’auteur avait pris un cadre assez vaste. Dans ses deux volumes in-12, ornés de figures, il s’est trouvé à l’étroit, et son travail, qui se modèle un peu sur le Don Quichotte, n’est recherché que pour les notes, très-nombreuses, lesquelles valent mieux que le texte.
    Bordi ou Al-Bordi, montagne qui, selon les Persans, est l’œuf de la terre ; ils disent qu’elle était d’abord très-petite, qu’elle grossit au commencement, produisit le monde, et s’accrut tellement, qu’elle supporte aujourd’hui le soleil sur sa cime. Ils la placent au milieu de notre globe. Ils disent encore qu’au bas de cette montagne fourmillent quantité de dives ou mauvais génies, et qu’au-dessous est un pont où les âmes passent pour aller dans l’autre monde, après qu’elles ont rendu compte de ce qu’elles ont fait dans celui-ci.
    Borgia (César). On lui attribue l’honneur d’avoir eu un démon familier.
    Borri (Joseph-François), imposteur et alchimiste du dix-septième siècle, né à Milan en 1627. Il débuta par des actions qui l’obligèrent à chercher un refuge dans une église jouissant du droit d’asile. Il parut depuis changer de conduite ; puis il se dit inspiré du ciel, et prétendit que Dieu l’avait choisi pour réformer les hommes et pour rétablir son règne ici-bas. Il ne devait y avoir, disait-il, qu’une seule religion soumise au pape, à qui il fallait des armées, dont lui, Borri, serait le chef, pour exterminer tous les non catholiques. Il montrait une épée miraculeuse que saint Michel lui avait donnée ; il disait avoir vu dans le ciel une palme lumineuse qu’on lui réservait. Il soutenait que la sainte Vierge était de nature divine, conçue par inspiration, égale à son fils et présente comme lui dans l’Eucharistie, que le Saint-Esprit s’était incarné dans elle, que la seconde et la troisième personne de la Trinité sont inférieures au Père ; que la chute de Lucifer entraîna celle d’un grand nombre d’anges qui habitaient les régions de l’air. Il disait que c’est par le ministère de ces anges rebelles que Dieu a créé le monde et animé les brutes, mais que les hommes ont une âme divine ; que Dieu nous a faits malgré lui, etc. Il finit par se dire lui-même le Saint-Esprit incarné.
    Il fut arrêté après la mort d’Innocent X, et le 3 janvier 1661, condamné comme hérétique et comme coupable de plusieurs méfaits. Mais il parvint à fuir dans le Nord, et il fit dépenser beaucoup d’argent à la reine Christine, en lui promettant la pierre philosophale. Il ne lui découvrit cependant pas ses secrets. Il voulait passer en Turquie, lorsqu’il fut arrêté de nouveau dans un petit village comme conspirateur. Le nonce du pape le réclama, et il fut conduit à Rome, où il vécut en prison jusqu’au 10 août 1695, jour de sa mort.
    Il est l’auteur d’un livre intitulé la Clef du cabinet du chevalier Borri, où Von trouve diverses lettres scientifiques, chimiques et très-curieuses, ainsi que des instructions politiques, autres choses dignes de curiosité, et beaucoup de beaux secrets. Genève, 1681, petit in-12 . Ce livre est un recueil de dix lettres, dont les deux premières roulent sur les esprits élémentaires. L’abbé de Villars en a donné un abrégé dans l’ouvrage intitulé le Comte de Gabalis.
    Bortisme. Parmi les nouvelles religions qui s’établissent à Genève, la plus curieuse est celle de M. Bort, ministre du saint Évangile, qui s’est ouvert un temple et n’a pas d’autre autel qu’une table tournante. Les détails que nous allons donner sont empruntés aux Annales catholiques de Genève.
    La réunion des fidèles qui ont admis ce culte est composée d’hommes, de femmes, et même de toutes jeunes personnes, rangés autour d’un guéridon. La table est tenue par trois influents, dont M. Bort est le principal acteur. Autrefois, la table répondait en frappant à mesure qu’on lui nommait une lettre de l’alphabet ; aujourd’hui, il y a, au milieu de la table, un pivot surmonté d’une tige et d’un plus petit guéridon, sur lequel se trouvent, à la circonférence, les lettres de l’alphabet, puis du pied part une autre tige fixe, qui se replie de manière à présenter sa pointe sur les lettres du petit guéridon, et quand la table veut répondre, ce petit guéridon tourne de manière que les lettres s’arrêtent sous la tige. Avec les lettres on fait des mots, avec les mots des phrases, et avec des phrases les révélations divines et mystérieuses. Quand il s’agit d’un oui ou d’un non, la table se penche ou frappe.
    Il y a plusieurs secrétaires sténographes ; il y a le secrétaire qui rédige le procès-verbal et un lecteur. Pour gagner du temps, lorsque la table commence un mot, une ou deux lettres suffisent à M. Bort pour le compléter, sans attendre les interminables tours du guéridon supérieur. Lorsque c’est l’ange Gabriel qui parle par la table, les auditeurs sont assis ; mais lorsque c’est Jésus-Christ, tout le monde se lève dans l’attitude et le sentiment du respect. Quand c’est l’ange Gabriel qui répond, il commence ordinairement par ces mots : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Jésus-Christ s’écrie : « Pais mes agneaux ! Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Dans le livre des Révélations divines et mystérieuses, arrangé par M. Bort, il n’y aurait absolument rien de lui. « La préface elle-même aurait été dictée par le Sauveur. » Puis « la préface de l’ange Gabriel, » puis « la déclaration de l’ange Gabriel, à l’occasion de quelques propos tenus » par quelques personnes qui attribuaient à Satan, déguisé en ange de lumière, ces dictées qui étaient pour les auditeurs un sujet d’allégresse et d’actions de grâces… » Puis une oraison dominicale dictée par le Sauveur, différente de celle des Évangiles ; puis les paroles de l’ange et du Sauveur, jour par jour ; puis une préface, toujours « dictée par le Sauveur, pour l’ouvrage intitulé Du repentir envers Dieu, traduit de l’anglais par Gustave Petit-Pierre, et lu à la table du Sauveur » ; puis les paroles du Sauveur à une maîtresse de pension ; puis les histoires du Millenium, ou de la vallée sauvage ; de Mon règne s’avance, ou la cabane du pauvre nègre ; de la sanctification du chrétien par l’épreuve, ou de deux petits agneaux ; de l’heureuse famille, ou de la main paternelle de Jéhovah. Puis les prières, les actions de grâces, les invocations, les supplications, réceptions, odes, entretiens, psaumes, hymnes, magnificat, etc. Et tout cela absolument de Jésus-Christ, de l’ange Gabriel, de l’ange Luther, de l’ange Uriel, de l’archange Michel, de l’ange L…, de l’ange M…, de l’ange David, etc.
    Le tout imprimé à Lausanne, chez Pache, cité Drapière, n° 3.
    La préface dictée par le Sauveur fait Notre-Seigneur Jésus-Christ Genevois et calviniste renforcé. Remarquez bien que c’est le Sauveur lui-même qui a parlé de Genève comme suit :
    « Cette table n’est point à Bethléem. Tu ne la trouveras ni sur le Golgotha ni sur le Calvaire ; non. Cette table n’est point non plus à Jérusalem ; mais elle est à Genève, dans la petite ville que me prépara mon serviteur Calvin ; oui, c’est la fille de ce digne missionnaire qui reçoit aujourd’hui les honneurs des cieux.
    » Bethléem fut bénie ; mais Dieu regarde Genève. Le Sinaï trembla sous le pied de Jéhovah ; mais Genève chante sous son regard d’amour. Le Calvaire se fendit à l’ouïe de la voix de Dieu ; mais Genève s’épanouit comme une fleur à l’appel de sa douce voix. La colère de Jéhovah couvrit Jérusalem comme un déluge ; mais Genève va se couvrir de la rosée de son souffle paternel. La foudre de Jéhovah frappera la ville rebelle et maudite ; mais un bon père sourit à Genève.
    » Oui, Genève ! ville bénie qui fus dès ton enfance couchée sur les bras de ton Dieu, appelle tes eaux el tes riantes campagnes pour bénir le jour de l’Éternel !
    » Un Dieu, jadis, fit la garde sur tes remparts, et tes enfants écrivirent de leur sang sur tes murs : « La liberté et l’amour d’un Dieu et de leur patrie ! » Genève ! relève-toi !… debout !… monte sur les cadavres de tes ennemis… et proclame encore la liberté de ton Dieu ! Genève, tu as encore des remparts… ne crains point ! car ces remparts sont l’Éternel ton Dieu, l’Éternel des armées, le Dieu des combats, le maître des batailles…
    » Genève, petite ville d’entre les villes, tu es grande devant le Seigneur, parce que tu as gardé la foi pour servir de flambeau aux nations de la terre !
    » Genève, Genève, ô Genève ! Rome s’avance tenant à la main un joug de fer. Genève, tu es libre, prends garde ! tu porteras la couronne de victoire, mais tes pieds ne seront jamais souillés par les fers ennemis. Ton épée se rougira, mais ton front restera pur comme le lis sous la rosée.
    » Enfants de Genève, restez dans vos murs pour défendre la mère qui vous cacha au jour du danger. Tes portes, Genève, c’est le bras de l’Éternel, et "sa voix est ton canon d’alarme.
    » Ami lecteur, si tu as un cœur patriotique, tu me pardonneras ma petite digression ; mais je n’ai pu retenir le torrent qui bouillonnait dans mon âme. Aimes-tu ta patrie ? Oh ! si tu l’aimes, cours aux armes, car sa voix t’appelle, et tu pourrais un jour pleurer le sang qu’elle versa sous le feu ennemi. Oui, enfants libres d’un même Dieu, prenez vos armes et courez à la frontière ! Mais vos armes, ô enfants de Genève ! c’est la Bible de votre Roi. »
    Bos (Françoise). Le 30 janvier 1606, le juge de Gueille procéda contre une femme de mauvaise vie que la clameur publique accusait d’avoir un commerce abominable avec un démon incube. Elle était mariée et se nommait Françoise Bos. De plus elle avait séduit plusieurs de ses voisines et les avait engagées à se souiller avec ce prétendu démon, qui avait l’audace de se dire capitaine du Saint-Esprit, mais qui, au témoignage desdites voisines, était fort puant. Cette dégoûtante affaire se termina par la condamnation de Françoise Bos, qui fut brûlée le 14 juillet 1606. — On présume, par l’examen des pièces, que le séducteur était un misérable vagabond .
    Bosc (Jean du), président de la cour des aides de Rouen, décapité comme rebelle en 1562. On a de lui un livre intitulé Traité de la vertu et des propriétés du nombre septénaire.
    Botanomancie, divination par le moyen des feuilles ou rameaux de verveine et de bruyère, sur lesquelles les anciens gravaient les noms et les demandes du consultant.
    On devinait encore de cette manière : lorsqu’il y avait eu un grand vent pendant la nuit, on allait voir de bon matin la disposition des feuilles tombées, et des charlatans prédisaient ou déclaraient là-dessus ce que le peuple voulait savoir.
    Botis. Voy. Otis.
    Botris ou Botride, plante dont les feuilles sont velues et découpées, et les fleurs en petites grappes. Les gens à secrets lui attribuent des vertus surprenantes, et particulièrement celle de faire sortir avec facilité les enfants morts du sein de leur mère.
    Boubenhore (Michel-Louis de), jeune Allemand de bonne famille qui, entraîné par la passion du jeu, se donna au démon dans un moment où il avait tout perdu, fut possédé aussitôt et poussé au crime. Les exorcismes le délivrèrent devant une foule immense de personnages considérables, et son histoire ne peut être contestée : on peut la lire dans les Légendes infernales.
    Bouc. C’est sous la forme d’un grand bouc noir aux yeux étincelants que le diable se fait adorer au sabbat ; il prend fréquemment cette figure dans ses entrevues avec les sorcières, et le maître des sabbats n’est pas autrement désigné dans beaucoup de procédures que sous le nom de bouc noir ou grand bouc. Le bouc et le manche à balai sont aussi la monture ordinaire des sorcières, qui partent par la cheminée pour leurs assemblées nocturnes.
    Le bouc, chez les Égyptiens, représentait le dieu Pan, et plusieurs démonographes disent que Pan est le démon du sabbat. Chez les Grecs, on immolait le bouc à Bacchus ; d’autres démonomanes pensent que le démon du sabbat est Bacchus. Enfin le bouc émissaire des Juifs (Azazel) hantait les forêts et les lieux déserts consacrés au démon : voilà encore, dans certaines opinions, les motifs qui ont placé le bouc au sabbat. Voy. Sabbat.
    L’auteur des Admirables secrets d’Albert le Grand dit, au chapitre m du livre II, que si on se frotte le visage de sang de bouc qui aura bouilli avec du verre et du vinaigre, on aura incontinent des visions horribles et épouvantables. On peut procurer la même surprise à des étrangers qu’on voudra troubler. Les villageois disent que le diable se montre fréquemment en forme de bouc à ceux qui le font venir avec le Grimoire. Ce fut sous la figure d’un grand bouc qu’il emporta Guillaume le Roux, roi d’Angleterre.
    Voici une aventure de bouc qui peut tenir ici sa place. Un voyageur couché dans une chambre d’auberge avait pour voisinage, sans le savoir, une compagnie de chèvres et de boucs, dont il n’était séparé que par une cloison de bois  fort mince, ouverte en plusieurs endroits. Il s’était couché sans examiner son gîte et dormait paisiblement lorsqu’il reçut la visite d’un bouc son voisin : l’animal avait profité d’une ouverture pour venir le voir. Le bruit de ses sabots éveilla l’étranger, qui le prit d’abord pour un voleur. Le bouc s’approcha du lit et mit ses deux pieds dessus. Le voyageur, balançant entre le choix d’une prompte retraite ou d’une attaque vigoureuse, prit le parti de se saisir du voleur prétendu. Ses pieds, qui d’abord se présentent au bord du lit, commencent à l’intriguer ; son effroi augmente, lorsqu’il touche une face pointue, une longue barbe, des cornes…… Persuadé que ce ne peut être que le diable, il saute de son lit tout troublé. Le jour vint seul le rassurer en lui faisant connaître son prétendu démon. Voy. Grimoire.
    Boucher. Ambroise Paré raconte, dans son livre des Monstres, chapitre 28, qu’un valet nommé Boucher étant plongé dans des pensées impures, un démon ou spectre lui apparut sous la figure d’une femme. Il suivit le tentateur ; mais incontinent son ventre et ses cuisses s’enflammèrent, tout son corps s’embrasa, et il en mourut misérablement.
    Bouchey (Marguerite Ragum), femme d’un maçon de la Sologne, vers la fin du seizième siècle ; elle montrait une sorte de marionnette animée, que les gens experts découvrirent être un lutin. En juin 1603, le juge ordinaire de Romorantin, homme avisé, se mit en devoir de procéder contre cette femme. Elle confessa que maître Jehan, cabaretier de Blois, à l’enseigne du Cygne, chez qui elle était servante, lui avait fait gouverner trois mois cette marionnette ou mandragore, qu’elle lui donnait à manger avec frayeur d’abord, car elle était fort méchante, que quand son maître allait aux champs, il lui disait : — Je vous recommande ma bête, et que personne ne s’en approche que vous.
    Elle conta qu’une certaine fois Jehan étant allé en voyage, elle demeura trois jours sans donner à manger à la bête, si bien qu’à son retour elle le frappa vivement au visage… Elle avait la forme d’une guenon; et on la cachait bien, car elle était si hideuse, que personne ne l’osait regarder. Sur ces dépositions, le juge fit mettre la femme Bouchey à la question, et plus tard le parlement de Paris la condamna comme sorcière. Il est assez probable que la marionnette était simplement une vraie guenon.
    Bouddha, dieu des Hindous. Mais ce dieu n’était d’abord qu’un homme, et c’est un parvenu.
    Bouillon du sabbat. Pierre Delancre assure, dans l’Incrédulité et mêcréance du sortilège pleinement convaincue, traité dixième, que les sorcières, au sabbat, font bouillir des enfants morts et de la chair de pendu, qu’elles y joignent des poudres ensorcelées, du millet noir, des grenouilles, qu’elles tirent de tout cela un bouillon qu’elles boivent en disant ; « J’ai bu du tympanon ., et me voilà professe en sorcellerie. » On ajoute qu’après qu’elles ont bu ce bouillon, les sorcières prédisent l’avenir, volent dans les airs, et possèdent le pouvoir de faire des sortilèges.
    Boule de cristal. Plusieurs devins se sont servis d’une boule de cristal devant laquelle ils plaçaient un enfant qui voyait dans cette boule ce que l’on désirait apprendre. Voy. Encre.
    Boules de Maroc. Il existe à Maroc une tour surmontée de trois boules d’or, si artistement fixées au monument, que l’on a vainement tenté de les en détacher. Le peuple croit qu’un esprit garde ces boules et frappe de mort ceux qui essayent de les enlever .
    Boullé (Thomas), vicaire de Picard, sorcier comme lui, et impliqué dans l’affaire de Madeleine Bavent et de la possession de Louviers. On le convainquit d’avoir noué et dénoué l’aiguillette, de s’être mis sur des charbons ardents sans avait commis des actes infâmes en grand nombre, il fut, après amende honorable, brûlé vif, à Rouen, sur le Vieux-Marché, le 22 août 1647 . Voy. Louviers.
    Boullenc (Jacques), astrologue à Bologne, natif du diocèse de Dol en Bretagne. Il lit plusieurs traités d’astrologie que nous ne connaissons pas ; il prédit les troubles de Paris sous Charles VI, ainsi que la prise de Tours par le Dauphin. Il dressa aussi, dit-on, l’horoscope de Pothon de Saintrailles, en quoi on assure qu’il rencontra juste.
    Boulvèse, professeur d’hébreu au collège de Montaigu. Il a écrit l’histoire de la possession de Laon en 1556 ; c’est l’aventure de Nicole Aubry.
    Boundschesch, ou Livre de l’éternité, très-révéré des anciens Persans. C’est là qu’on voit qu’Ormusd est l’auteur du bien et du monde pur, Arimane l’auteur du mal et du monde impur. Un jour qu’Ormusd l’avait vaincu, Arimane, pour se venger, tua un bœuf qu’Ormusd avait créé : du sang de ce bœuf naquit le premier homme, sur lequel Ormusd répandit la force et la fraîcheur d’un adolescent de quinze ans, en jetant sur lui une goutte d’eau de santé et une goutte d’eau de vie. Ce premier homme s’appela Kaid-Mords ; il vécut mille ans et en régna cinq cent soixante. Il produisit un arbre, des fruits duquel naquit le genre humain. Arimane, ou le diable, sous la figure d’un serpent, séduisit le premier couple et le corrompit ; les premiers hommes déchus se couvrirent alors de vêtements noirs et attendirent tristement la résurrection ; car ils avaient introduit le péché dans le monde. On voit là une tradition altérée de la Genèse.
    Bounsio, Japonaise que favorisaient les Kamis, esprits familiers du Japon. Elle désirait avoir des enfants. Par l’aide de ces esprits, elle pondit cinq cents œufs, d’où sortirent cinq cents enfants éclos au four.
    Bourget ou Burgot, sorcier compromis avec Michel Verdung. Voy. Verdung.
    Bourignon (Antoinette), visionnaire, née à Lille en 1616, morte en 1680 dans la Frise. Elle était si laide, qu’à sa naissance on hésita si on ne l’étoufferait pas comme un monstre. Elle se consola de l’aversion qu’elle inspirait par la lecture mal digérée de livres qui enflammèrent son imagination vive et ardente. Elle eut des visions et des extases. Elle se mit à prêcher, se fit chasser de Lille, et se retira en Hollande. Elle voyait partout des démons et des magiciens ; et ses nombreux ouvrages, qui furent tous imprimés sous ses yeux, en français, en flamand et en allemand, combattent tout culte extérieur et toute liturgie, en faveur d’une perfection mystique qui ne vient pas de Dieu. Les plus célèbres de ces écrits sont le traité du Nouveau ciel et du règne de l’Antéchrist, et son livre De l’aveuglement des hommes et de la lumière née en ténèbres.
    Bourreau. Le maître des hautes œuvres avait jadis diverses prérogatives. On lui attribuait même, dans plusieurs provinces, le privilège de guérir certaines maladies, en les touchant de la main lorsqu’il revenait d’une exécution de mort . On disait autrefois à Paris qu’il était dangereux de se jouer avec le bourreau, peut-être à cause de ce fait : Un soir du dernier siècle, le marquis de Lally, revenant d’un petit souper, s’avisa de vouloir s’introduire, avec deux de ses amis, dans une maison où l’on dansait. C’était la maison du bourreau ; et le bourreau, lui-même, leur ouvrit la porte en se faisant connaître. Vingt ans après, le marquis de Lally mourait de la main de ce bourreau.
    Bourru. Les Parisiens faisaient autrefois beaucoup de contes sur un fantôme imaginaire qu’ils appelaient le moine bourru. Ils en effrayaient les enfants. Croque-mitaine lui a succédé.
    Boury, agent de sorcellerie. Voy. Flaque.
    Bousanthropie, maladie d’esprit qui frappait certains visionnaires, et leur persuadait qu’ils étaient changés en bœufs. Mais les bousanthropes sont bien moins communs que les loups garous ou lycanthropes dans les annales des égarements de l’esprit humain.
    Bouton de bachelier. Les jeunes paysans anglais prétendaient autrefois savoir d’avance quels seraient leurs succès auprès des jeunes tilles qu’ils voulaient rechercher en mariage, en portant dans leur poche une plante nommée bouton de bachelier, de l’espèce des lychnis, et dont la fleur ressemble à un bouton d’habit. Ils jugeaient s’il fallait espérer ou désespérer, selon que ces boutons s’épanouissaient ou non .
    Boville ou Bovelles, Bovillus (Charles de), Picard, mort vers 1553. Il veut établir, dans son livre De sensu, cette opinion que le monde est un animal, opinion d’ailleurs ancienne, renouvelée plusieurs fois depuis et assez récemment par Félix Nogaret  . On cite encore de Bovillus ses Lettres , sa Vie de Raymond Lulle, son Traité des douze nombres et ses Trois dialogues sur l’immortalité de l’âme, la résurrection et la fin du monde .
    Boxhorn (Marc Zuerius), critique hollandais, né à Berg-op-Zoom en 1612. On recherche de lui un Traité des songes, qui passe pour un ouvrage rare et curieux .
    Braccesco (Jean), alchimiste de Brescia, qui florissait au seizième siècle. Il commenta l’ouvrage arabe de Geber, dans un fatras aussi obscur que le livre commenté. Le plus curieux de ses traités est Le bois de vie, où l’on apprend la médecine au moyen de laquelle nos premiers pères ont vécu neuf cents ans .
    Brag, lutin nocturne qui s’annonce chez les Anglais par un bruit de grelots si fort qu’on peut le prendre pour un cheval de poste. On ne le voit pas d’abord, mais son plaisir est de poser ses deux pattes de devant sur les épaules du passager qu’il veut intriguer. Après s’être fait traîner ainsi quelques pas, il s’enfuit en poussant un joyeux hennissement. Il a eu l’audace de se montrer en 1809 dans la ville d’York.
    Bragadini (Marc-Antoine), alchimiste, originaire de Venise, décapité dans la Bavière, en 1595, parce qu’il se vantait de faire de l’or, qu’il ne tenait que des libéralités d’un démon, comme disent les récits du temps. Son supplice eut lieu à Munich, par l’ordre du duc Guillaume II. On arrêta aussi deux chiens noirs qui accompagnaient partout Bragadini, et que l’on reconnut être ses démons familiers. On leur fit leur procès ; ils furent tués en place publique à coups d’arquebuse.
    Brahma, dieu créateur des Indiens. Ils lui reconnaissent neuf fils, qui sont autant de petits Brahmas : Takin, né de l’orteil du dieu ; Poulaguin, de son nombril ; Poulalien, de son oreille ; Pirrougou, de son épaule ; Méraclou, de ses mains ; Chanabadi, de son visage ; Anguira, de son nez ; Narissen, de son esprit, et Atri, de ses yeux.
    Brahmanes, Brahmes et Brahmines, sectateurs de Brahma dans l’Inde. Ils croient que l’âme de Brahma passa successivement dans quatre-vingt mille corps différents, et s’arrêta un peu dans celui d’un éléphant blanc avec plus de complaisance ; aussi révèrent-ils l’éléphant blanc.
    Ils sont la première des quatre castes du peuple qui adore Brahma. Ces philosophes, dont on a conté tant de choses, vivaient autrefois en partie dans les bois, où ils consultaient les astres et faisaient de la divination, et en partie dans les villes pour enseigner la morale aux princes indiens. Quand on allait les écouter, dit Strabon, on devait le faire dans le plus grand silence. Celui qui toussait ou crachait était exclu.
    Les Brahmanes croient à la métempsycose, ne mangent que des fruits ou du lait, et ne peuvent toucher un animal sans se rendre immondes. Ils disent que les bêtes sont animées par les âmes des anges déchus, système dont le père Bougeant a tiré un parti ingénieux.
    Il y avait dans les environs de Goa une secte de brahmanes qui croyaient qu’il ne fallait pas attendre la mort pour aller dans le ciel. Lorsqu’ils se sentaient bien vieux, ils ordonnaient à leurs disciples de les enfermer dans un coffre et d’exposer le coffre sur un fleuve voisin qui devait les conduire en paradis. Mais le diable était là qui les guettait ; aussitôt qu’il les voyait embarqués, il rompait le coffre, empoignait son homme ; et les habitants du pays, retrouvant la boîte vide, s’écriaient que le vieux brahmane était allé auprès de Brahma.
    Ce Brahma, chef des brahmanes ou brahmes, ou brahmines, est, comme on sait, l’une des trois personnes de la trinité indienne. Il resta plusieurs siècles, avant de naître, à réfléchir dans un œuf d’or, de la coquille duquel il fit le ciel et la terre. Il avait cinq têtes ; il en perdit une dans une bataille, et se mit ensuite à produire quatorze mondes, l’un de son cerveau, l’autre de ses yeux, le troisième de sa bouche, le quatrième de son oreille gauche, le cinquième de son palais, le sixième de son cœur, le septième de son estomac, le huitième de son ventre, le neuvième de sa cuisse gauche, le dixième de ses genoux, le onzième de son talon, le douzième de l’orteil de son pied droit, le treizième de la plante de son pied gauche et le dernier de l’air qui l’environnait. Les habitants de chacun de ces mondes ont des qualités qui les distinguent, analogues à leur origine ; ceux du monde sorti du cerveau de Brahma sont sages et savants.
    Les brahmines sont fatalistes ; ils disent qu’à la naissance de chaque être mortel, Brahma écrit tout son horoscope qu’aucun pouvoir n’a plus le moyen de changer.
    Les brahmines, toujours astrologues et magiciens, jouissent encore à présent du privilège de ne pouvoir être mis à mort pour quelque crime que ce soit. Un Indien qui aurait le malheur de tuer un brahmine ne peut expier ce crime que par douze années de pèlerinage, en demandant l’aumône et faisant ses repas dans le crâne de sa victime.
    Les brahmanes de Siam croient que la terre périra par le feu, et que de sa cendre il en renaîtra une autre qui jouira d’un printemps perpétuel.
    Le juge Boguet, qui fut dans son temps le fléau des sorciers, regarde les brahmanes comme d’insignes magiciens, qui faisaient le beau temps et la pluie en ouvrant ou fermant deux tonneaux qu’ils avaient en leur puissance. Leloyer assure, page 337, que les brahmanes, ou brahmines, vendent toujours les vents par le moyen du diable ; et il cite un pilote vénitien qui leur en acheta au seizième siècle.
    Brandebourg. On assure encore, dans les villages de la Poméranie et de la Marche électorale, que toutes les fois qu’il doit mourir quelqu’un de la maison de Brandebourg, un esprit apparaît dans les airs, sous l’apparence d’une grande statue de marbre blanc. Mais c’est une femme animée. Elle parcourt les appartements du château habité par la personne qui doit mourir, sans qu’on ose arrêter sa marche. Il y a longtemps que cette apparition n’a lieu ; et l’on conte qu’un page ayant eu l’audace un jour de se placer devant la grande femme blanche, elle le jeta à terre avec tant de violence qu’il resta mort sur la place.
    Bras de fer, berger sorcier. Voy. Hocque.
    Brebis. Voy. Troupeaux.
    Brennus, général gaulois. Après qu’il se fut emparé de Delphes, et qu’il eut profané le temple d’Apollon, il survint un tremblement de terre, accompagné de foudres et d’éclairs et d’une pluie de pierres qui tombait du mont Parnasse ; ce qui mit ses gens en tel désarroi qu’ils se laissèrent vaincre ; Brennus, déjà blessé, se donna la mort.
    Briffaut, démon peu connu, quoique chef de légion. Il s’était logé dans le corps d’une possédée de Beauvais, au commencement du dix-septième siècle.
    Brigitte (sainte). Il y a dans les Révélations de sainte Brigitte de terribles peintures de l’enfer. Les ennemis de la religion ont trouvé dans ces écrits un thème à leurs déclamations. Mais ce ne sont pas là des livres canoniques ; l’Église n’ordonne pas de les croire, et ils ne s’adressent pas à toute sorte de lecteurs.
    Brinvilliers (Marie-Marguerite, marquise de), femme qui, de 1666 à 1672, empoisonna, ou du moins fut accusée d’avoir empoisonné, sans motifs de haine, quelquefois même sans intérêt, parents, amis, domestiques ; elle allait jusque dans les hôpitaux donner du poison aux malades. Il faut attribuer tous ces crimes à une horrible démence ou à cette dépravation atroce dont on ne voyait autrefois d’autre explication que la possession du diable. Aussi a-t-on dit qu’elle s’était vendue à Satan.
    Dès l’âge de sept ans, la Brinvilliers commença, dit-on, sa carrière criminelle, et il a été permis à des esprits sérieux de redouter en elle un affreux démon possesseur. Elle fut brûlée en 1676. Les empoisonnements continuèrent après sa mort. Voy. Voisin.
    Dans l’Almanach prophétique de 1842, M. Eugène Bareste a tenté de justifier la marquise de Brinvilliers. Mais il n’est pas possible qu’on l’ait noircie. — Gôrres, dans sa Mystique, reconnaît dans les crimes de cette femme l’influence satanique, comme on a pu la voir de nos jours dans un monstre appelé Dumollard.
    Brioché (Jean), arracheur de dents qui, vers l’an 1650, se rendit fameux par son talent dans l’art de faire jouer les marionnettes. Après avoir amusé Paris et les provinces, il passa en Suisse et s’arrêta à Soleure, où il donna une représentation en présence d’une assemblée nombreuse, qui ne se doutait pas de ce qu’elle allait voir, car les Suisses ne connaissaient pas les marionnettes. À peine eurent-ils aperçu Pantalon, le diable, le médecin, Polichinelle et leurs bizarres compagnons, qu’ils ouvrirent des yeux effrayés. De mémoire d’homme, on n’avait entendu parler dans le pays d’êtres aussi petits, aussi agiles et aussi babillards que ceux-là. Ils s’imaginèrent que ces petits hommes qui parlaient, dansaient, se battaient et se disputaient si bien ne pouvaient être qu’une troupe de lutins aux ordres de Brioché.
    Cette idée se confirmant par les confidences que les spectateurs se faisaient entre eux, quelques-uns coururent chez le juge, et lui dénoncèrent le magicien.
    Le juge, épouvanté, ordonna à ses archers d’arrêter le sorcier, et l’obligea à comparaître devant lui. On garrotta Brioché, on l’amena devant le magistrat, qui voulut voir les pièces du procès ; on apporta le théâtre et les démons de Dois, auxquels on ne touchait qu’en frémissant ; et Brioché fut condamné à être brûlé avec son attirail. Cette sentence allait être exécutée, lorsque survint un nommé Dumont, capitaine des gardes suisses au service du roi de France : curieux de voir le magicien français, il reconnut le malheureux Brioché qui l’avait tant fait rire à Paris. Il se rendit en toute hâte chez le juge : après avoir fait suspendre d’un jour l’arrêt, il lui expliqua l’affaire, lui fit comprendre le mécanisme des marionnettes, et obtint l’ordre de mettre Brioché en liberté. Ce dernier revint à Paris, se promettant bien de ne plus songer à faire rire les Suisses dans leur pays  .
    Brizomantie, divination par l’inspiration de Brizo, déesse du sommeil ; c’était l’art de deviner les choses futures ou cachées par les songes naturels.
    Brocéliande est une forêt mythique de la légende arthurienne, où se déroulent de nombreux récits mettant en scène Merlin, les fées Morgane et Viviane, ainsi que certains chevaliers de la table ronde. Les textes y situent plusieurs hauts lieux et hauts faits, notamment le val sans retour où Morgane piège les hommes infidèles jusqu'à être déjouée par Lancelot du lac, et la fontaine de Barenton réputée pour faire pleuvoir. Brocéliande serait aussi le lieu de la retraite, de l'emprisonnement ou de la mort de Merlin.
    Le premier texte à la citer est le Roman de Rou, par le poète anglo-normand Robert Wace, autour de 1160. C’est dans les textes postérieurs qu’elle trouve son nom actuel et la plupart de ses attributions, sans que les indices sur sa localisation soient concordants. Sa première localisation physique revendiquée remonte au lorsque les Usemens et Coustumes de la foret de Brecilien sont écrits au château de Comper, par un certain Lorence, chapelain du comte de Laval.
    Anciennement, Brocéliande était assimilée à la Forêt de Lorge (dite aussi forêt de Quintin), mais depuis le milieu du XIXe siècle, les différents auteurs l'associent de préférence à la forêt de Paimpont. Cette théorie est la plus largement admise par la culture populaire, et en France, seules les communes autour de la forêt de Paimpont utilisent officiellement le nom « Brocéliande ». Cette dénomination revêt désormais un intérêt économique pour cette région.
    D'autres théories postulent sa localisation près de Huelgoat, de Dol, à Paule, ou en Normandie, notamment près du Mont Saint-Michel.
    Brognoli, savant religieux italien de l’ordre des frères mineurs, a exorcisé et délivré plusieurs énergumènes et laissé un livre curieux, intitulé Alexicacon, hoc est de maleficiis ac moribus maleficis cognoscendis. Venise, 1714>
    Brohon (Jean), médecin de Coutances, au seizième siècle. Des amateurs recherchent de lui : 1° Description d’une prodigieuse et merveilleuse comète, avec un traité présagique des comètes ; in-8°, Paris, 1568. — 2° Almanach, ou Journal astrologique, avec les jugements pronostiques pour l’an 1572; Rouen, 1571, in—12.
    Brolic (Corneille), jeune garçon du pays de Labourd, que Pierre Delancre interrogea comme sorcier au commencement du dix-septième siècle. Il avoua qu’il fut violenté pour baiser le derrière du diable, a Je ne sais s’il dit cela par modestie, ajoute Delancre ; car c’est un fort civil enfant. Mais il ajouta qu’il soutint au diable qu’il aimerait mieux mourir que lui baiser le derrière, si bien qu’il ne le baisa qu’au visage ; et il eut beau coup de peine à se tirer du sabbat, dont il n’approuvait pas les abominations. »
    Bronzet, lutin qui fréquentait l’abbaye de Montmajor, près d’Arles. Voy. Puck.
    Brossier (Marthe), fille d’un tisserand de Romorantin, qui se dit possédée et convulsionnaire en 1569, à l’âge de vingt-deux ans. Elle se fit exorciser ; les effets de la possession devinrent de plus en plus merveilleux. Elle parcourait les villes, et le diable, par sa bouche, parlait hébreu, grec, latin, anglais, etc. On disait aussi qu’elle découvrait les secrets ; on assure que dans ses cabrioles elle s’élevait quelquefois à quatre pieds de terre.
    L’official d’Orléans, qui se défiait d’elle, lui dit qu’il allait l’exorciser, et conjugua, dans Despautère, les verbes nexo et texo. Le démon aussitôt la renversa à terre, où elle fit ses contorsions. Charles Miron, évêque d’Angers, devant qui elle fut conduite, la fit garder dans une maison de confiance. On mit à son insu de l’eau bénite dans sa boisson, qui n’opéra pas plus d’effet que l’eau ordinaire ; on lui en présenta dans un bénitier, qu’elle crut bénite, et aussitôt elle tomba par terre, se débattit et fit les grimaces accoutumées. L’évêque, un Virgile à la main, feignit de vouloir l’exorciser, et prononça d’un ton grave : Arma virumque cano. Les convulsions de Marthe ne manquèrent pas de redoubler. Certain alors de l’imposture, Charles Miron chassa la prétendue possédée de son diocèse, comme on l’avait chassée d’Orléans.
    À Paris, les médecins furent d’abord partagés sur son état ; mais bientôt ils prononcèrent qu’il y avait beaucoup de fraude, peu de maladie, et que le diable n’y était pour rien : Nihil a dœmone, multa ficta, a morbo pauca. Le parlement prit connaissance de l’affaire, et condamna Marthe à s’en retourner à Romorantin, chez ses parents, avec défense d’en sortir, sous peine de punition corporelle.
    Cependant elle se fit conduire quelque temps après devant l’évêque de Clermont qu’elle espérait tromper ; mais un arrêt du parlement la mit en fuite. Elle se réfugia à Rome, où elle fut enfermée dans une communauté; là finit sa possession. On peut voir sur cette affaire les lettres du cardinal d’Ossat et une brochure intitulée Discours véritable sur le fait de Marthe Brossier, par le médecin Marescot, qui assista aux exorcismes (in-8°, Paris, 1599).
    Brothers (Richard), enthousiaste anglais qui, au dix-septième siècle, se disait prophète et neveu de Dieu, à peu près comme David-Georges. Il enseignait que toutes les âmes avaient été créées en même temps que celle d’Adam, et avaient péché avec lui dans le paradis terrestre. Il croyait à la métempsycose, et disait que son âme était celle de saint Jacques le Mineur. Il se proposait d’aller rétablir le royaume d’Israël, et il s’adressa dans ce but au roi et au parlement. Il avait beaucoup de disciples, à qui il promettait un miracle éclatant. Il devait changer son bâton en serpent, au milieu du Strand, à l’heure de midi ; ce qui échoua. Il annonçait aussi un tremblement de terre ; à propos de cette prophétie, beaucoup de personnes désertèrent Londres. Mais le tremblement de terre n’eut pas lieu, et le prophète fut mis en prison. Nous n’en savons pas plus sur le compte de cet homme.
    Broucolaques. Voy. Vampires.
    Brouette de la Mort. C’est une opinion généralement reçue parmi les paysans de la basse Bretagne que, quand quelqu’un est destiné à rendre bientôt le dernier soupir, la brouette de la Mort passe dans le voisinage. Elle est couverte d’un drap blanc, et des spectres la conduisent ; le moribond entend même le bruit de sa roue. Dans certains cantons, cette brouette est le char de la Mort, carrick an Nankou, et le cri de la fresaie annonce son passage .
    Brown (Thomas), médecin anglais, mort en 1682. Il combattit les erreurs dans un savant ouvrage [1] que l’abbé Souchay a traduit en français sous le titre d'Essai sur les erreurs populaires, ou examen de plusieurs opinions reçues comme vraies et qui sont fausses ou douteuses. vol. in-12. Paris, 1733 et 1742. Ce livre, utile quand il parut, l’est encore aujourd’hui, quoique beaucoup de ses erreurs soient dissipées. Les connaissances du docteur Brown sont vastes, ses jugements souvent justes ; quelquefois cependant il remplace une erreur par une autre.
    L’Essai sur les erreurs populaires est divisé en sept livres. On recherche dans le premier la source des erreurs accréditées ; elles doivent naissance à la faiblesse de l’esprit humain, à la curiosité, à l’amour de l’homme pour le merveilleux, aux fausses idées, aux jugements précipités.
    Dans le second livre on examine les erreurs qui attribuent certaines vertus merveilleuses aux minéraux et aux plantes : telles sont les qualités surnaturelles qu’on donne à l’aimant et le privilège de la rose de Jéricho qui, dans l’opinion des bonnes gens, fleurit tous les ans la veille de Noël.
    Le troisième livre est consacré aux animaux, et combat les merveilles qu’on débite sur leur compte et les propriétés que des charlatans donnent à quelques-unes de leurs parties ou de leurs sécrétions.
    Le quatrième livre traite des erreurs relatives à l’homme. L’auteur détruit la vertu cordiale accordée au doigt annulaire, le conte populaire qui fait remonter l’origine des éternuements à une épidémie dans laquelle on mourait en éternuant, la puanteur spéciale des Juifs, les pygmées, les années climatériques.
    Le cinquième livre est consacré aux erreurs qui nous sont venues par la faute des peintres ; comme le nombril de nos premiers parents, le sacrifice d’Abraham, où son fils Isaac est représenté enfant, tandis qu’il avait quarante ans.
    L’auteur discute dans le livre sixième les opinions erronées ou hasardées qui ont rapport à la cosmographie et à l’histoire. Il combat les jours heureux ou malheureux, les idées vulgaires sur la couleur des nègres.
    Le septième livre enfin est consacré à l’examen de certaines traditions reçues, sur la mer Morte, la tour de Babel, les rois de l’Épiphanie, etc.
    Le savant ne se montre pas crédule ; cependant il croyait, comme tout chrétien, aux sorciers et aux démons. Le docteur Hutchinson cite de lui un fait à ce sujet dans son Essai sur la sorcellerie. En 1664, deux personnes accusées de sorcellerie allaient être jugées à Norwich ; le grand jury consulta Brown, dont on révérait l’opinion et le savoir. Brown signa une attestation dont on a conservé l’original, dans laquelle il reconnaît l’existence de sorciers et l’influence du diable ; il y cite même des faits analogues à ceux qui faisaient poursuivre les deux accusés, et qu’il présente comme incontestables. Ce fut cette opinion qui détermina la condamnation des prévenus.
    Brownie, lutin écossais. Le roi Jacques regardait Brownie comme un agent de Satan ; Kirck en fait un bon génie. Aux îles d’Arkney, on répand encore des libations de lait dans la cavité d’une pierre appelée la pierre de Brownie, pour s’assurer sa protection. Le peuple de ces îles croit Brownie doux et pacifique ; mais si on l’offense il ne reparaît plus. Dans quelques châteaux de l’Écosse, on croit avoir un Brownie, qui est un démon familier.
    Brudemort, démon noir qui est dans la Normandie l’épouvante des campagnes. Il est servi par ses dix mille huarts, qui sont des lutins ténébreux, hurlant la nuit et mettant leur joie à faire peur aux bonnes gens.
    Bruhesen (Pierre Van), docteur et astrologue de la Campine, mort à Bruges en 1571. Il publia dans cette ville, en 1550, son Grand et perpétuel almanach, où il indique scrupuleusement, d’après les principes de l’astrologie judiciaire, les jours propres à purger, baigner, raser, saigner, couper les cheveux et appliquer les ventouses. Ce modèle de l’almanach de Liège fit d’autant plus de rumeur à Bruges, que le magistrat, qui donnait dans l’astrologie, fit très-expresses défenses à quiconque exerçait dans sa ville le métier de barbier de rien entreprendre sur le menton de ses concitoyens pendant les jours néfastes.
    François Rapaërt, médecin de Bruges, publia contre Bruhesen le Grand et perpétuel almanach, ou fléau des empiriques et des charlatans. Mais Pierre Haschaert, chirurgien partisan de l’astrologie, défendit Bruhesen dans son Bouclier astrologique contre le fléau des astrologues de François Rapaërt , et depuis on a fait des almanachs sur le modèle de Bruhesen, et ils n’ont pas cessé d’avoir un débit immense.
    Brulefer. C’est le nom que donnent les Véritables clavicules de Salomon à un démon ou esprit qu’on invoque quand on veut se faire aimer.
    Brunehaut, reine d’Austrasie. Elle contracta avec Satan un marché en teneur duquel il devait lui faire en une nuit une route sur Tournay. Elle devait être finie avant le chant du coq. Mais Brunehaut fit chanter son coq au moment où le diable apportait la dernière pierre ; ce qui rompait le marché. Cette pierre énorme est encore visitée et s’appelle la pierre de Brunehaut .
    Bruno (Giordano), né à Nole dans le royaume de Naples, au milieu du seizième siècle. Il quitta l’habit monastique pour se jeter dans la philosophie hostile, et publia à Londres, en 1584, son livre de l’Expulsion de la bête triomphante . Ce livre fut supprimé. C’était une critique, stupide dans le fond, maligne dans les détails, de toutes les religions, et spécialement de la religion chrétienne.
    Ayant voulu revoir sa patrie, il fut arrêté à Venise en 1598, transféré à Rome, condamné et brûlé le 17 février de l’an 1600, moins pour ses impiétés flagrantes que pour ses doctrines effroyables et ses mauvaises mœurs. Il avait consumé beaucoup de temps à l’étude des rêveries hermétiques ; il a même laissé des écrits sur l’alchimie , et d’autres ouvrages dont quelques-uns ont partagé son bûcher . Si on s’étonne de celte rigueur, il faut songer que les crimes qu’on poursuivait ainsi et qui troublaient la société, la corrompaient et hâtaient sa dissolution, inspiraient plus d’horreur alors que n’en inspire aujourd’hui chez nous l’assassinat.
    Brunon. « L’empereur Henri III allait en bateau sur le Danube, en son duché de Bavière, accompagné de Brunon, évêque de Wurtzbourg, et de quelques autres seigneurs. Comme il passait près du château de Grein, il se trouva en péril imminent de se noyer, lui et les siens, dans un lieu dangereux ; cependant il se tira heureusement de ce péril. Mais incontinent on aperçut au haut d’un rocher un homme noir qui appela Brunon, lui disant : — Évêque, sache que je suis un diable, et qu’en quelque lieu que tu sois, tu es à moi. Je ne puis aujourd’hui te mal faire ; mais tu verras avant peu. » Brunon, qui était homme de bien, fit le signe de la croix, et après qu’il eut conjuré le diable, on ne sut ce qu’il devint. Mais bientôt, comme l’empereur dînait à Ebersberg avec sa compagnie, les poutres et le plafond d’une chambre basse où ils étaient s’écroulèrent ; l’empereur tomba dans une cuve où il ne se fit point de mal, et Brunon eut en sa chute tout le corps tellement brisé qu’il en mourut. — De ce Brunon ou Bruno nous avons quelques commentaires sur les Psaumes . » — Il n’y a qu’un petit malheur dans ce conte rapporté par le Leloyer, c’est que tout en est faux.
    Brur, nom donné dans le Dauphiné à certaines femmes qui sont, en quelque sorte, possédées. Voy. Kurgon.
    Brutus. Plutarque rapporte que, peu de temps avant la bataille de Philippes, Brutus, étant seul et rêveur dans sa tente, aperçut un fantôme d’une taille démesurée, qui se présenta devant lui en silence, mais avec un regard menaçant. Brutus lui demanda s’il était dieu ou homme, et ce qu’il voulait. Le spectre lui répondit:— Je suis ton mauvais génie, et je t’attends aux champs de Philippes. « Eh bien ! nous nous y verrons ! » répliqua Brutus. Le fantôme disparut ; mais on dit qu’il se montra derechef au meurtrier de César, la nuit qui précéda la bataille de Philippes, où Brutus se tua de sa main.
    Bucaille (Marie), jeune Normande de Valognes, qui, au dernier siècle, voulut se faire passer pour béate. Mais bientôt ses visions et ses extases devinrent suspectes ; elle s’était dite quelquefois assiégée par les démons ; elle se faisait accompagner d’un prétendu moine, qui disparut dès qu’on voulut examiner les faits; elle se proclama possédée. Pour s’assurer de la vérité des prodiges qu’elle opérait, on la fit enfermer au secret. On reconnut que les visions de Marie Bucaille n’étaient que fourberies ; qu’elle n’était certainement pas en commerce avec les anges. Elle fut fouettée et marquée, et tout fut fini.
    Bucer (Martin), grand partisan de Luther, mort à Cambridge en 1551. On l’a peint suivi d’un démon qui le soufflait. « Comme il était aux abois de la mort, assisté de ses amis, le diable s’y trouva aussi, l’accueillant avec une figure si hideuse, qu’il n’y eut personne qui, de frayeur, n’y perdît presque la vie. Icelui diable l’empoigna rudement, lui creva le ventre, le tua en lui tordant le cou, et emporta son âme, qu’il poussa rudement devant lui aux enfers . »
    Buckingham (George Villiers, duc de), favori de Jacques I er, mort à Portsmouth en 1628, illustre surtout par sa fin tragique. — On sait qu’il fut assassiné par Felton, officier à qui il avait fait des injustices. Quelque temps avant sa mort, Guillaume Parker, ancien ami de sa famille, aperçut à ses côtés en plein midi le fantôme du vieux sir George Villiers, père du duc, qui depuis longtemps ne vivait plus. Parker prit d’abord cette apparition pour une illusion de ses sens ; mais bientôt il reconnut la voix de son vieil ami, qui le pria d’avertir le duc de Buckingham d’être sur ses gardes, et disparut. Parker, demeuré seul, réfléchit à cette commission, et, la trouvant difficile, il négligea de s’en acquitter. Le fantôme revint une seconde fois et joignit les menaces aux prières, de sorte que Parker se décida à lui obéir ; mais il fut traité de fou, et Buckingham dédaigna son avis.
    Le spectre reparut une troisième fois, se plaignit de l’endurcissement de son fils, et tirant un poignard de dessous sa robe : « Allez encore, dit-il à Parker, annoncer à l’ingrat que vous avez vu l’instrument qui doit lui donner la mort. »
    Et de peur qu’il ne rejetât ce nouvel avertissement, le fantôme révéla à son ami un des plus intimes secrets du duc. — Parker retourna à la cour. Buckingham, d’abord frappé de le voir instruit de son secret, reprit bientôt le ton de la raillerie, et conseilla au prophète d’aller se guérir de sa démence. Néanmoins, quelques semaines après, le duc de Buckingham fut assassiné. On ne dit pas si le couteau de Felton était ce même poignard que Parker avait vu dans la main du fantôme.
    Bucon, mauvais démon, cité dans les Clavicules de Salomon. Il sème la jalousie et la haine.
    Budas, hérétique qui fut maître de Manès, et auteur de l’hérésie manichéenne. C’était, dit Pierre Delancre, un magicien élève des Brahmanes, et en plein commerce avec les démons. Un jour qu’il voulait faire je ne sais quel sacrifice magique, le diable l’enleva de terre et lui tordit le cou : digne récompense de la peine qu’il avait prise de rétablir par le manichéisme la puissance de Satan !
    Buer, démon de seconde classe, président aux enfers ; il a la forme d’une étoile ou d’une roue à cinq branches, et s’avance en roulant sur lui-même. Il enseigne la philosophie, la logique et les vertus des herbes médicinales. Il se vante de donner de bons domestiques et de rendre la santé, aux malades. Il commande cinquante légions.
    Bugnot (Étienne), gentilhomme de la chambre de Louis XIV, auteur d’un livre rare intitulé Histoire récente pour servir de preuve à la vérité du purgatoire, vérifiée par procès-verbaux dressés en 1663 et 1664, avec un Abrégé de la vie d’André Bugnot, colonel d’infanterie, et le récit de son apparition après sa mort. In-12, Orléans, 1665. Cet André Bugnot était le frère d’Etienne. Son apparition et ses révélations n’ont rien d’original.
    Buisson d’épines. Selon une coutume assez singulière, quand il y avait un malade dans une maison, chez les anciens Grecs, on attachait à la porte un buisson d’épines, pour éloigner les esprits malfaisants.
    Bullet ( Jean-Baptiste), académicien de Besançon, mort en 1775. On recherche ses Dissertations sur la mythologie française et sur plusieurs points curieux de l’histoire de France. In-12, Paris, 1771.
    Bune, également connu les noms de Buné, Bime ou Bimé est un démon issu des croyances de la goétie, science occulte de l'invocation d'entités démoniaques.
    Le Lemegeton le mentionne en 26e position de sa liste de démons tandis que la Pseudomonarchia daemonum le mentionne en 24e position.
    Grand-duc aux enfers, il commande trente légions et apparaît sous la forme d'un dragon à trois têtes. L'une de ces têtes est celle d'un homme et les deux autres sont, selon les ouvrages, une tête de chien et une de griffon ou deux têtes de dragon.
    Il accorde à ceux qui le servent la richesse et l'éloquence et semble être fidèle à ses engagements. Il ne s'exprime que par signes, déplace les cadavres, hante les cimetières et rassemble les démons sur les sépulcres.
    Les démons qui le servent sont appelés Bunis. Les peuples Tartares les craignent car ils ont la réputation d'être très malfaisants, puissant et nombreux. C'est néanmoins par leur biais, après les avoir apprivoisés, que les sorciers de ces peuples prétendent connaître l'avenir.
    Bungey (Thomas), moine anglais, élève, ami et serviteur de Roger Bacon, avec qui les démonographes l’accusent d’avoir travaillé sept ans à la merveilleuse tête d’airain qui parla, comme on sait . On ajoute qu’il était magicien, et on en donne pour preuve qu’il publia un livre de la magie naturelle, De magia naturali, aujourd’hui peu connu.
    Les bonnes gens racontent que l’illustre religieux, ayant formé le projet d’entourer l’Angleterre d’un mur d’airain, avait fabriqué une tête de bronze, prodigieux androïde qui devait avertir son serviteur, le frère Bungey, du moment favorable à l’érection de la muraille. Un jour la tête dit : Il est temps. Bungey dormait. Un autre jour elle répéta : Il est temps. Bungey dormait encore. Une troisième fois elle ouvrit la bouche et s’écria : Il n’est plus temps. Aussitôt la maison, ébranlée dans ses fondements, ensevelit Bungey sous ses ruines.
    Delrio l’absout de l’accusation de magie , et il avoue que son livre ne contient qu’une certaine dose d’idées superstitieuses. Une autre preuve qu’il n’était pas magicien, mais seule— ment un peu mathématicien, c’est qu’on l’élut provincial des franciscains en Angleterre.
    Bunis, démons tartares. Voy. Bune.
    Buplage ou Buptage. « Après la bataille donnée entre le roi Antiochus et les Romains, un officier nommé Buplage, tué dans le combat, où il avait reçu douze blessures mortelles, se leva tout d’un coup au milieu de l’armée romaine victorieuse, et cria d’une voix grêle à l’homme qui le pillait :
       Cesse, soldat romain, de dépouiller ainsi
       Ceux qui sont descendus dans l’enfer obscurci…
    » Il ajouta en vers que la cruauté des Romains serait bientôt punie, et qu’un peuple sorti de l’Asie viendrait désoler l’Europe ; ce qui peut marquer l’irruption des Francs sur les terres de l’empire. Après cela, bien que mort, il monta sur un chêne, et prédit qu’il allait être dévoré par un loup ; ce qui eut lieu, quoiqu’il fût sur un chêne. Quand le loup eut avalé le corps, la tête parla encore aux Romains et leur défendit de lui donner la sépulture. Tout cela paraît très-incroyable . Ce ne furent pas les peuples d’Asie, mais ceux du Nord qui renversèrent l’empire romain ; mais on a cru longtemps que les Francs venaient de la Troade. »
    Burgifer, démon ennemi de Brudemort.
    Burgot (Pierre), loup-garou brûlé à Besançon en 1521 avec Michel Verdung.
    Burrough ( George), ministre de la religion anglicane à Salem, dans la Nouvelle-Angleterre, pendu comme sorcier en 1692. On l’accusait d’avoir maléficiés deux femmes qui venaient de mourir. La mauvaise habitude qu’il avait de se vanter sottement qu’il savait tout ce qu’on disait de lui en son absence fut admise comme preuve qu’il communiquait avec le diable.
    Burton (Robert), auteur d’un ouvrage intitulé Anatomie de la mélancolie, par Démocrite le jeune, in-4°, 1624 ; mort en 1639. L’astrologie était de son temps très-respectée en Angleterre, sa patrie. Il y croyait et voulait qu’on ne doutât pas de ses horoscopes. Ayant prédit publiquement le jour de sa mort, quand l’heure fut venue il se tua pour la gloire de l’astrologie et pour ne pas avoir un démenti dans ses pronostics. Cardan et quelques autres personnages habiles dans la science des astres ont fait la même chose .
    Busas, prince infernal. Voy. Pruflas.
    Butadieu, démon rousseau, cité dans des procédures du dix-septième siècle.
    Buxtorf (Jean), Westphalien, savant dans la littérature hébraïque, mort en 1629. Les curieux lisent son Abrégé du Talmud, sa Bibliothèque rabbinique et sa Synagogue judaïqu. Cet ouvrage, qui traite des dogmes et des cérémonies des Juifs, est plein des rêveries des rabbins, à côté desquelles on trouve des recherches curieuses.
    Byleth, démon fort et terrible, l’un des rois de l’enfer, selon la Pseudomonarchie de Wierus. Il se montre assis sur un cheval blanc, précédé de chats qui sonnent du cor et de la trompe.
    L’adjurateur qui révoque a besoin de beaucoup de prudence, car il n’obéit qu’avec fureur. Il faut pour le soumettre avoir à la main un bâton de coudrier ; et, se tournant vers le point qui sépare l’orient du midi, tracer hors du cercle où l’on s’est placé un triangle ; on lit ensuite la formule qui enchaîne les esprits, et Byleth arrive dans le triangle avec soumission. S’il ne paraît pas, c’est que l’exorciste est sans pouvoir, et que l’enfer méprise sa puissance. On dit aussi que quand on donne à Byleth un verre de vin, il faut le poser dans le triangle ; il obéit plus volontiers et sert bien celui qui le régale. On doit avoir soin, lorsqu’il paraît, de lui faire un accueil gracieux, de lé complimenter sur sa bonne mine, de montrer qu’on fait cas de lui et des autres rois ses frères : il est sensible à tout cela. On ne négligera pas non plus, tout le temps qu’on passera avec lui, d’avoir au doigt du milieu de la main gauche un anneau d’argent qu’on lui présentera devant la face. Si ces conditions sont difficiles, en récompense celui qui soumet Byleth devient le plus puissant des hommes. — Il était autrefois de l’ordre des puissances ; il espère un jour remonter dans, le ciel sur le septième trône, ce qui n’est guère croyable. Il commande quatre-vingts légions.
    Byron. Le Vampire, nouvelle traduite de l’anglais de lord Byron, par H. Faber ; in-8°, Paris, 1819. Cette nouvelle, publiée sous le nom de lord Byron, n’est pas l’ouvrage de ce poète, qui l’a désavouée. L’auteur n’a pas suivi les idées populaires sur les vampires ; if a beaucoup trop relevé le sien. C’est un, spectre qui voyage dans la Grèce, qui fréquente les sociétés d’Athènes, qui parcourt le monde, qui se marie pour sucer sa femme. Les vampires de Moravie étaient extrêmement redoutés ; mais ils avaient moins de puissance. Celui-ci, quoiqu’il ait l’œil gris-mort, fait des conquêtes. C’est, dit-on, une historiette populaire de la Grèce moderne que lord Byron raconta dans un cercle et qu’un jeune médecin écrivit à tort ; car il remit à la mode, un instant, des horreurs qu’il fallait laisser dans l’oubli.
    Bythies. Voy. Bithies.

                                                                   C
    Caaba. Voy. Kaaba.
    Caacrinolaas, nommé aussi Caassimolar et Glassialabolas, grand président aux enfers, il se présente sous la forme d’un chien, et il en a la démarche, avec des ailes de griffon. Il donne la connaissance des arts libéraux, et, par un bizarre contraste, il inspire les homicides. On y dit qu’il prédit bien l’avenir. Ce démon rend l’homme invisible et commande trente-six légions. Le Grand Grimoire le nomme Classyalabolas, et n’en fait qu’une espèce de sergent qui sert quelquefois de monture à Nébiros ou Naberus. Voy. Cerbère.
    Cabadès. Voy. Zoubdadeyer.
    Cabale ou Cabbale. Pic de la Mirandole dit que ce mot, dans son origine hébraïque, signifie tradition. L’ancienne cabale des Juifs est, selon quelques-uns, une sorte de maçonnerie mystérieuse ; selon d’autres, ce n’est que l’explication mystique de la Bible, l’art de trouver des sens cachés dans la décomposition des mots, et la manière d’opérer des prodiges par la vertu de ces mots prononcés d’une certaine façon. Voyez Thémura et Théomancie. Cette science merveilleuse, si l’on en croit les rabbins, affranchit ceux qui la possèdent des faiblesses de ¡’humanité, leur procure des biens surnaturels, leur communique le don de prophétie, le pouvoir de faire des miracles, et l’art de transmuer les métaux en or, c’est-à-dire la pierre philosophale. Elle leur apprend aussi que le monde sublunaire ne doit durer que sept mille ans, et que tout ce qui est supérieur à la lune en doit durer quarante-neuf mille.
    Les Juifs conservent la cabale par tradition orale ; ils croient que Dieu l’a donnée à Moïse, au pied du mont Sinaï ; que le roi Salomon, auteur d’une figure mystérieuse que l’on appelle l’arbre de la cabale des Juifs, y a été très-expert, et qu’il faisait des talismans mieux que personne. Tostat dit même que Moïse ne faisait ses miracles avec sa verge que parce que le grand nom de Dieu y était gravé. Valderame remarque que les apôtres faisaient pareillement des miracles avec le nom de Jésus, et les partisans de ce système citent plusieurs saints dont le nom ressuscita des morts.
    La cabale grecque, inventée, dit-on, par Pythagore et par Platon, renouvelée par les Valentiniens, tira sa force des lettres grecques combinées et fit des miracles avec l’alphabet.
    La grande cabale, ou la cabale dans le sens moderne proprement dite, est l’art de commercer avec les esprits élémentaires ; elle tire parti pour cela de certains mots mystérieux. Elle explique les choses les plus obscures par les nombres, par le changement de l’ordre des lettres et par des rapports dont les cabalistes se sont formés des règles. Or, voici quels sont, selon les cabalistes, les divers esprits élémentaires :
    Les quatre éléments sont habités chacun par des créatures particulières, beaucoup plus parfaites que l’homme, mais soumises comme lui aux lois de la mort. L’air, cet espace immense qui est entre la terre et les deux, a des hôtes plus nobles que les oiseaux et les moucherons. Ces mers si vastes ont d’autres habitants que les dauphins et les baleines. Les profondeurs de la terre ne sont pas destinées aux-taupes seulement et l’élément du feu, plus sublime encore que les trois autres, n’a pas été fait pour demeurer inutile et vide.
    Les salamandres habitent donc la région du feu ; les sylphes, le vague de l’air ; les gnomes, l’intérieur de la terre ; et les ondins ou nymphes, le fond des eaux. Ces êtres sont composés des plus pures parties des éléments qu’ils habitent Adam, plus parfait qu’eux tous, était leur roi naturel ; mais, depuis sa faute, étant devenu impur et grossier, il n’eut plus de proportion avec ces substances ; il perdit tout l’empire qu’il avait sur elles.
    Que l’on se console pourtant ; on a trouvé dans la nature les moyens de ressaisir ce pouvoir perdu. Pour recouvrer la souveraineté sur les salamandres, et les avoir à ses ordres, on attire le feu du soleil, par des miroirs concaves, dans un globe de verre ; il s’y forme une poudre solaire qui se purifie elle-même des autres éléments, et qui, avalée, est souverainement propre a exhaler le feu qui est en nous, et à nous faire devenir pour ainsi dire de matière ignée. Dès lors, b habitants de la sphère du feu deviennent nos inférieurs, et ont pour nous toute l’affection qu’ils ont pour leurs semblables, tout le respect qu’ils doivent au lieutenant de leur créateur.
    De même, pour commander aux sylphes, ans gnomes, aux nymphes, on emplit d’air, de Lèvre ou d’eau, un globe de verre ; on le laisse, bien fermé, exposé au soleil pendant un mois. Chacun de ces éléments, ainsi purifié, est un aimant qui attire les esprits qui lui sont propres.
    Si on prend tous les jours, durant quelques mois, de la drogue élémentaire, formée, aimée qu’on vient de le dire, dans le bocal ou globe de verre, on voit bientôt dans les airs la république volante des sylphes, les nymphes venir en foule au rivage, les gnomes, gardiens des trésors et des mines, étaler leurs richesses. On ne risque rien d’entrer en commerce avec eux, on les trouvera honnêtes, savants, bienfaisants et craignant Dieu. Leur âme est mortelle, et ils n’ont pas l’espérance de jouir un jour de l’être suprême, qu’ils connaissent et qu’ils adorent. Ils vivent fort longtemps, et ne meurent qu’après plusieurs siècles. Mais qu’est-ce que le temps auprès de l’éternité ? Ils gémissent donc de leur condition. Pourtant, il n’est pas impossible de trouver du remède à ce mal ; car, de même que l’homme, par l’alliance qu’il a contractée avec Dieu, a été fait participant de la Divinité, les sylphes, les gnomes, les nymphes et les salamandres deviennent participants de l’immortalité, en contractant alliance avec l’homme. (Nous transcrivons toujours les docteurs cabalistes.) Ainsi, l’âme d’une nymphe ou d’une sylphide devient immortelle quand elle est assez heureuse pour se marier à un sage ; un gnome ou un salamandre cesse d’être mortel en son âme du moment qu’il épouse une fille des hommes. On conçoit par là que ces êtres se plaisent avec nous quand nous les appelons. Les cabalistes assurent que les déesses de l’antiquité, et ces nymphes qui prenaient des époux parmi les hommes, et ces démons incubes et succubes des temps barbares, et ces fées qui, dans le moyen âge, se montraient au clair de la lune, ne sont que des sylphes, ou des salamandres, ou des ondins.
    Il y a pourtant des gnomes qui aiment mieux mourir que risquer, en devenant immortels, d’être aussi malheureux que les démons. C’est le diable (disent toujours nos auteurs) qui leur inspire ces sentiments ; il ne néglige rien pour empêcher ces pauvres créatures d’immortaliser leur âme par notre alliance.
    Les cabalistes sont obligés de renoncer à tout commerce avec l’espèce humaine, s’ils veulent ne pas offenser les sylphes et les nymphes dont ils recherchent l’alliance. Cependant, comme le nombre des sages cabalistes est fort petit, les nymphes et les sylphides se montrent quelquefois moins délicates, et emploient toutes sortes d’artifices pour les retenir. Un jeune seigneur de Bavière était inconsolable de la mort de sa femme. Une sylphide prit la figure de la défunte, et s’alla présenter au jeune homme désolé, disant que Dieu l’avait ressuscitée pour le consoler de son extrême affliction. Ils vécurent ensemble plusieurs années, mais le jeune seigneur n’était pas assez homme de bien pour retenir la sage sylphide ; elle disparut un jour, et ne lui laissa que ses jupes et le repentir de n’avoir pas voulu suivre ses bons conseils.
    Plusieurs hérétiques des premiers siècles mêlèrent la cabale juive aux idées du christianisme, et ils admirent entre Dieu et l’homme quatre sortes d’êtres intermédiaires, dont on a fait plus tard les salamandres, les sylphes, les ondins et les gnomes. Les Chaldéens sont sans doute les premiers qui aient rêvé ces êtres ; ils disaient que ces esprits étaient les âmes des morts, qui, pour se montrer aux gens d’ici-bas, allaient prendre un corps solide dans la lune.
    La cabale des Orientaux est encore l’art de commercer avec les génies, qu’on évoque par des mots barbares. Au reste, toutes les cabales sont différentes pour les détails ; mais elles se ressemblent beaucoup dans le fond. On conte sur ces matières une multitude d’anecdotes. On dit qu’Homère, Virgile, Orphée furent de savants cabalistes.
    Parmi les mots les plus puissants en cabale, le fameux mot Agla est surtout révéré. Pour retrouver les choses perdues, pour apprendre par révélations les nouvelles des pays lointains, pour faire paraître les absents, qu’on se tourne vers l’Orient, et qu’on prononce à haute voix le grand nom Agla. Il opère toutes ces merveilles, même lorsqu’il est invoqué par les ignorants, s’ils sont convenablement disposés. Voy. Agla.
    Les rabbins définissent la cabale : « Une science qui élève à la contemplation des choses célestes et au commerce avec les esprits bienheureux ; elle fait connaître les vertus et les attributs de la divinité, les ordres et les fonctions des anges, le nombre des sphères, les propriétés des astres, la proportion des éléments, les vertus des plantes et des pierres, les sympathies, l’instinct des animaux, les pensées les plus secrètes des hommes. »
    » Cinquante entrées différentes, d’après les rabbins, conduisent à la connaissance générale des mystères ; c’est ce qui s’appelle les cinquante portes de l’intelligence. Dieu en fit connaître quarante-neuf à Moïse ; celui-ci renferma toute cette doctrine, toute, l’étendue de la science que Dieu lui avait donnée, dans les cinq livres du Pentateuque ; elle y est contenue, ou dans le sens littéral ou dans le sens allégorique, ou dans la valeur et la combinaison arithmétiques des lettres, dans les figures géométriques des caractères, dans les consonances harmoniques des sons. C’est à l’y découvrir que travaillent tous ceux qui se sont occupés de la cabale. On comprend par ce court exposé que, s’il est cinquante portes ouvertes à l’intelligence, le nombre de celles qui sont ouvertes à l’erreur doit être infini.
    » Quelques savants même chrétiens se sont occupés de la cabale, et ont voulu lui assigner une place dans les études sérieuses. Le fameux Pic de la Mirandole a composé un livre tout exprès pour en faire sentir l’importance.
    » Il y dit sérieusement que celui qui connaît la vertu du nombre 10, et la nature du premier nombre sphérique, qui est 5, aura le secret des cinquante portes d’intelligence, du grand jubilé de cinquante ans des Juifs, de la millième génération de l’Apocalypse et du règne de tous les siècles dont il est parlé dans l’Évangile. Il enseignait en outre que, pour son compte, il y avait trouvé toute la doctrine de Moïse, la religion chrétienne, les mystères de la Trinité et de la Rédemption, les hiérarchies des anges, la chute des démons, les peines de l’enfer, etc. Toutes ces assertions forment les soixante— douze dernières propositions des neuf cents qu’il soutint à Rome, avec l’admiration générale, à l’âge de vingt-quatre ans . »
    Le savant juif Cahen, qui était réaliste, ne regardait guère la cabale que comme un enchaînement de superstitions. Voy. Ensoph.
    On peut puiser sur les rêveries de la cabale des instructions plus étendues dans les divers ouvrages qui en traitent spécialement, mais qui sont peu recommandables : 1° le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, par l’abbé de Villars. La meilleure édition est de 1742, in— 12 ; 2° les Génies assistants, suite du Comte de Gabalis, in-12, même année ; 3° le Gnome irréconciliable, suite des Génies assistants ; 4° Nouveaux entretiens sur les sciences secrètes, suite nouvelle du Comte de Gabalis, même année ; 5° Lettres cabalistiques, par le marquis d’Argens, la Haye, 1741, 6 volumes in-12. Cet ouvrage est plein, beaucoup plus que les précédents, de passages condamnés. Voy. Zédéchias.
    Cabanda. Hideux démon de l’Inde ; il est gros comme un rocher, n’a ni tête, ni jambes, mais des bras longs d’une lieue et qui ont été raccourcis par Râma.
    Cabires, dieux des morts, adorés très-anciennement en Égypte. Bochard pense qu’il faut entendre sous ce nom les trois divinités infernales : Pluton, Proserpine et Mercure.
    D’autres ont regardé les cabires comme des magiciens qui se mêlaient d’expier les crimes des hommes, et qui furent honorés après leur mort. On les invoquait dans les périls et dans les infortunes. Il y a de grandes disputes sur leurs noms, qu’on ne déclarait qu’aux seuls initiés. Ce qui est certain, c’est que les cabires sont des démons qui présidaient autrefois à une sorte de sabbat. Ces orgies, qu’on appelait fêtes des Cabires, ne se célébraient que la nuit : l’initié, après des épreuves effrayantes, était ceint d’une ceinture de pourpre, couronné d’une branche d’olivier et placé sur un trône illuminé, pour représenter le maître du sabbat, pendant qu’on exécutait autour de lui des danses hiéroglyphiques plus ou moins infâmes.
    Cacodémon, mauvais démon. C’est le nom que les anciens donnaient aux esprits malfaisants. Mais ils appelaient spécialement ainsi un monstre effrayant, un spectre horrible, qui n’était pas assez reconnaissable pour être désigné autrement. Chaque homme avait son bon et son mauvais démon, eudémon et cacodémon. Les astrologues appelaient aussi la douzième maison du soleil, qui est la plus mauvaise de toutes, cacodémon, parce que Saturne y répand ses malignes influences, et qu’on n’en peut tirer que des pronostics redoutables.
    Cacoux. Voy. Caqueux.
    Cactonite, pierre que quelques une prennent pour la barde ou la cornaline, et à laquelle des visionnaires ont attribué des propriétés merveilleuses. On en a fait un talisman qui assurait la victoire à ceux qui le portaient.  
    Cacus, espèce d’ogre de l’antiquité. Il était fils de Vulcain et vomissait du feu par la gueule. Ce monstre, de taille gigantesque, moitié homme et moitié bouc, mangeait les passants dans sa caverne, au pied du mont Aventin, et accrochait leurs têtes à sa porte. Il fut étranglé par Hercule. — Cacus a été peint quelquefois avec une tête de bête sur un corps d’homme.
    Cadavre. Selon la loi des Juifs, quiconque avait touché un cadavre était souillé ; il devait se purifier avant de se présenter au tabernacle du Seigneur. Quelques censeurs des lois de Moïse ont jugé que cette ordonnance était superstitieuse. Il nous paraît au contraire, dit Bergier, qu’elle était très sage. C’était une précaution contre la superstition des païens, qui interrogeaient les morts pour apprendre d’eux l’avenir ou les choses cachées : abus sévèrement interdit aux Juifs, mais qui a régné chez la plupart des nations. Voy. Aimant, Cercueil, etc.
    Cadière. Voy. Girard.
    Cadmée ou Cadmie, pierre minérale qu'on fait fondre avec le cuivre rouge pour en faire de jaune, ainsi nommée, parce qu'on dit que Cadmus la découvrit en fondant Thèbes. C'est la calamine.  
    Cadmus. M. Appert a établi que l’écriture nous vient d’Adam, et que le Cadmus célébré par les Grecs comme l’inventeur de l’écriture n’est autre qu’Adam, Adamus, qui a reçu ce don en même temps que celui de la parole. On a altéré le nom d’Adamus, en mettant une aspiration orientale devant la première lettre .
    Caducée,  est un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque, représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmonté de deux ailes et entouré de deux serpents entrelacés. Le caducée sert à guérir les morsures de serpents et c'est pourquoi il en est orné.
    Le caducée est souvent confondu, à tort, avec l'emblème du corps médical, le bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape, avec la coupe d'Hygie des pharmaciens ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés de ces derniers.
    Le caducée est un des attributs du dieu Hermès dans la mythologie grecque, représenté comme une baguette de laurier ou d'olivier surmonté de deux ailes et entouré de deux serpents entrelacés. Le caducée sert à guérir les morsures de serpents et c'est pourquoi il en est orné. Il est parfois représenté avec une paire d'ailes. À l'origine ce n'était qu'un bâton orné de rubans qui flottaient au vent, remplacés avec le temps par les fameux serpents. Le Caducée symbolise tout ce qui se rapporte au commerce et au transport voire l'alchimie : les deux serpents se faisant face symboliseraient les substances élémentaires que sont le soufre et le mercure quand elles se trouvent en parfait équilibre.
    Outre Hermès, la déesse Iris était aussi représentée avec un caducée car elle était la messagère d'Héra, pendant féminin d'Hermès, messager de Zeus.
    Selon l'hymne homérique qui lui est dédié, c'est Apollon qui a donné à Hermès son bâton emblématique. En effet, alors qu'il était encore enfant, il lui déroba une partie de son troupeau et se cacha dans une grotte pour échapper à la colère olympienne. Le dieu du Soleil se mit alors à sa recherche pour le punir de ce larcin. Pourtant, lorsqu'il trouva Hermès, ce dernier se mit à jouer de la lyre qu'il avait inventée. Apollon en fut si charmé que sa colère fut immédiatement apaisée. Un accord eut lieu entre les deux divinités : Apollon épargna Hermès en échange de l'instrument mélodieux, et fut tellement ravi qu'il en gratifia en outre le dieu des carrefours en lui offrant le caducée.
    Selon une autre version, après que Hermès eut donné sa lyre à Apollon, il inventa la flûte de Pan, et, en échange de l'instrument, Apollon lui offrit le caducée et lui apprit à prédire l'avenir avec des cailloux.
    Jacques de Guyse au Moyen Âge, dans ses chroniques du Hainaut, reprenant des chroniqueurs ou auteurs plus anciens que lui présente le caducée tenu par l'idole d'or représentant le dieu Mercure (dans le temple de Mercure de la mythique ville de Belgis) comme « une baguette qui avait une vertu somnifère »
    Ce caducée est le sceptre porté par les hérauts, qui rend leur personne inviolable. À l'origine, il est simplement en olivier, encore avec ses branches. Par la suite, les branches sont enroulées autour du bâton pour figurer des serpents.
    Il reste aujourd'hui encore un symbole du commerce comme de l'éloquence (il figure notamment sur la tribune de l'Assemblée nationale). Alors que le caducée d'Asclépios est un symbole de la médecine en Europe, celui d'Hermès représente la médecine en Amérique
    Le caducée ne doit pas être confondu avec le bâton d'Asclépios (ou Esculape, dans sa version romaine) autour duquel ne s'enroule qu'un seul serpent, symbolisant la couleuvre que promenait ce dieu antique. Par ailleurs, le bâton d'Esculape ne porte jamais l'attribut hermaïque que sont les ailes mais est parfois surmonté d'un miroir symbolisant la prudence. Le bâton d'Esculape est l'emblème de la médecine. On parle tout aussi abusivement de « caducée » pour désigner l'emblème des pharmaciens, la coupe d'Hygie qui représente en réalité une coupe enlacée d'un unique serpent. Enfin, par extension, le terme caducée s'emploie pour désigner d'autres emblèmes dérivés des précédents tel le bâton surmonté d'un diapason des audioprothésistes ou le serpent représentant la courbure du ventre de la femme enceinte pour les sages-femmes.
    Les ésotéristes de toutes époques ont interprété à leur façon ce symbole. Voici l'interprétation de Omraam Mikhaël Aïvanhov. Le caducée a un axe, deux lignes s'élevant en "un mouvement de spirales entrelacées", cinq renflements. Il représente la structure occulte de l'anatomie humaine, telle que la voient Tantra-Yoga et Kundalinî Yoga. Le bâton central est le canal (nâdî) médian sushumnâ, à l'intérieur de la moelle épinière ; le long de ce canal, qui est "l'axe de la colonne vertébrale", s'élève l'énergie kundalinî ; les deux serpents sont les deux canaux Idâ, "polarisé négativement et lié à la Lune", et Pingalâ, "polarisé positivement et lié au Soleil" ; de haut en bas, pour les cinq renflements : cerveau (hémisphère droit et gauche), poumons (poumon gauche, cœur ; poumon droit), foie et rate (foie à droite, rate à gauche), rein (rein gauche, rein droit), glandes génitales (glande à droite, glande à gauche).
    « D'après la Science initiatique, deux courants partent des hémisphères droit et gauche du cerveau et descendent en passant alternativement de part et d'autre de la colonne vertébrale. Le courant qui part de l'hémisphère droit du cerveau passe par le poumon gauche et le cœur, se dirige vers le foie, passe ensuite par le rein gauche et la glande génitale droite, puis se rend dans la jambe droite. Le second courant part de l'hémisphère gauche du cerveau, se rend au poumon droit, puis dans la rate et de là dans le rein droit, puis dans la glande génitale gauche et la jambe gauche. Ces courants se croisent donc et, à chaque croisement, s'opère le passage du positif au négatif, du masculin au féminin, et inversement. »
    Dans l'Ancien Testament, on trouve déjà mention d'un bâton orné de serpents d'airain, qui joue un rôle thérapeutique (guérir des morsures de serpent) :
    « 8 - L'Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.
    9 - Moïse fit un serpent d'airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d'airain, conservait la vie. »
    Le suffixe -an spécifie qu'il y a en réalité deux serpents sur le bâton d'airain, un symbole alors très proche des serpents entrelacés du caducée d'Hermès.
    Il existe deux forces selon le yoga qui s'entremêlent autour d'une troisième et forment ainsi schématiquement un caducée le long de la colonne vertébrale, en remontant du premier chakra jusqu'au septième. Le yoga parle même d'une énergie primitive lovée au niveau du premier chakra, symbolisé par un serpent, dénommé kundalini, qu'il faut faire jaillir afin d'atteindre l'hypothétique état appelé "éveil". Dans de nombreux livres yogiques, on peut retrouver le symbole de ces trois forces : ida, pingala et sushumna.
    Cadulus, pieux soldat dont la légende rapporte qu’il était obsédé par le diable en forme d’ours . Il s’en délivra par la prière.
    Cæculus, petit démon né d’une étincelle qui vola de la forge de Vulcain dans le sein de Prenesta. Il fut élevé parmi les bêtes sauvages. On le reconnut à cette particularité, qu’il vivait dans le feu comme dans son élément ; ses yeux, qui étaient fort petits, étaient seulement un peu endommagés par la fumée. Les cabalistes font de lui un salamandre.
    Caf. Voy. Kaf.
    Cagliostro ( Joseph-Balsamo), célèbre aventurier du dix-huitième siècle, connu sous le nom d’Alexandre, comte de Cagliostro, naquit, dit-on, à Païenne en 1743, de parents obscurs. Il montra dans ses premières années un esprit porté à la friponnerie ; tout jeune, il escroqua soixante onces d’or à un orfèvre, en lui promettant de lui livrer un trésor enfoui dans une grotte, sous la garde des esprits infernaux ; il le conduisit dans cette grotte, où le bonhomme fut assommé de coups de bâton. Cagliostro s’enfuit alors et voyagea, avec un alchimiste nommé Althotas, en Grèce, en Egypte, en Arabie, en Perse, à Rhodes, à Malte. Ayant perdu là son compère, il passa en Angleterre et d’Angleterre en France, vivant du produit de ses compositions chimiques. Il donnait dans la pierre philosophale, le magnétisme et diverses jongleries et intrigues ignobles.
    Il se rendit à Strasbourg, où il fut reçu, en 1780, avec une sorte de triomphe ; il y guérit certains malades qui l’attendaient, avec une adresse si prompte que l’on a cru qu’ils étaient apostés et leur mal supposé, à moins que le diable ne fût aux ordres de Cagliostro, comme beaucoup l’ont dit, et comme le faisait penser sa physionomie patibulaire.
    Les uns ont regardé Cagliostro comme un homme extraordinaire, un inspiré ; d’autres comme un charlatan ; quelques-uns ont vu en lui un membre voyageur de la maçonnerie templière, constamment opulent par les secours nombreux qu’il recevait des diverses loges de l’ordre ; mais le plus grand nombre s’accorde à donner au faste qu’il étalait une source moins honorable encore. Il se vantait de converser avec les anges, et il faisait entendre en rase campagne (par ventriloquie) des voix venant du ciel. Il institua une espèce de cabale égyptienne. De jeunes garçons et de jeunes filles, qu’il appelait ses pupilles ou colombes, se plaçaient dans l’état d’innocence devant une boule de cristal, et là, abrités d’un paravent, ils obtenaient, par l’imposition des mains du grand cophte (c’était lui qui était le grand cophte), la faculté de communiquer avec les esprits. Ils voyaient dans cette boule tout ce qu’ils voulaient voir. — Les travaux de ces pupilles ou colombes ne se bornaient pas à cette cérémonie ; Cagliostro leur enseignait à découvrir les choses occultes, les événements à venir et les matières curieuses. On ajoute qu’il a fait paraître aux grands seigneurs de Paris et de Versailles, dans des glaces, sous des cloches de verre et dans des bocaux, des spectres animés et mouvants, ainsi que des personnes mortes qu’on lui demandait à voir. — Un soir qu’il se trouvait à Versailles avec plusieurs des seigneurs de la cour, ceux-ci témoignèrent l’envie de connaître ce que faisait en ce moment une dame de leur société, qui était restée à Saint-Germain. Aussitôt il forma sur le parquet un carré, passa la main dessus, et l’on vit se tracer la figure de la dame jouant aux tressettes avec trois de ses amies, toutes assises sur un tapis. On envoya au logis de cette dame, qu’on trouva effectivement dans la même attitude, la même occupation, et avec les mêmes personnes.
    On rapporte aussi que, dans des soupers qui ont fait grand bruit à Paris, il invoquait les morts illustres, tels que Socrate, Platon, Corneille, d’Alembert, Voltaire, etc. Dans sa lettre au peuple français, datée de Londres, le 20 juin 1786, il prédit que la Bastille serait détruite. Mais depuis longtemps on en avait le projet.
    Cagliostro était très-lié avec un joueur de gobelets qui se disait assisté d’un esprit, lequel esprit, à ce que l’on prétend, était l’âme d’un juif cabaliste qui avait tué son père par art magique avant la venue de Notre-Seigneur. Il disait effrontément que les prodiges qu’il opérait étaient l’effet d’une protection spéciale de Dieu sur lui… ; que l’Être suprême, pour l’encourager, avait daigné lui accorder la vision béatifique, etc. ; qu’il venait convertir les incrédules. Il se vantait d’avoir assisté aux noces de Cana… ; il était par conséquent contemporain de Notre-Seigneur.
    Il est dit ailleurs que Cagliostro était né avant le déluge [1]. — II fut arrêté à Rome en 1789, et condamné comme pratiquant, à l’ombre de la franc-maçonnerie, de criminels mystères. Il s’étrangla dans sa prison en 1795.
    Il a écrit, dit-on, la relation de quelques opérations prétendues magiques, ainsi que d’une transmutation de métaux vils en or, faites à Varsovie en 1780. — On met sur son compte une plate brochure qui apprenait aux vieilles femmes à trouver les numéros de la loterie dans leurs rêves. On vendait tous les ans à Paris un grand nombre d’exemplaires de ce fatras dont voici le titre : Le Vrai Cagliostro, ou le Régulateur des actionnaires de la loterie, augmenté de nouvelles cabales faites par Cagliostro, etc., in-8°, avec le portrait de l’auteur, au bas duquel on a mis ces treize syllabes : Pour savoir ce qu’il est, il faudrait être lui-même.
    Cagots, individus des Pyrénées qui y sont des sortes de parias. Les autres habitants les évitent comme gens maudits. Ce sont, dit-on, des restes de la race des Goths, appelés Ca-Goths, en en abréviation de canes Gothi, chiens de Goths.
    Caïn. Les musulmans et les rabbins disent qu’Ève, ayant deux fils, Caïn et Abel, et deux filles, Aclima et Lébuda, voulut unir Caïn avec Lébuda, et Aclima avec Abel. Or, Caïn était épris d’Aclima. Adam, pour mettre ses fils d’accord, leur proposa un sacrifice ; et, comme on le sait, l’offrande de Caïn fut rejetée. Il ne voulut pourtant pas céder Aclima ; il résolut, pour l’avoir plus sûrement, de tuer son frère Abel ; mais il ne savait comment s’y prendre. Le diable, qui l’épiait, se chargea de lui donner une leçon. Il prit un oiseau, qu’il posa sur une pierre, et, avec une autre pierre, il lui écrasa la tête. Caïn, bien instruit alors, épia le moment où Abel dormait, et lui laissa tomber une grosse pierre sur le front .
    Caïnan. On attribue à Caïnan, fils d’Arphaxad, la conservation d’un traité d’Astronomie qu’il trouva gravé sur deux colonnes par les enfants de Seth, ouvrage antédiluvien qu’il transcrivit. On prétend aussi que Caïnan découvrit encore d’autres ouvrages écrits par les géants, lesquels ouvrages ne sont pas venus jusqu’à nous.
    Caïnites. Il y a eu, dans le deuxième siècle, une secte d’hommes effroyables qui glorifiaient le crime et qu’on a appelés caïnites. Ces misérables avaient une grande vénération pour Caïn, pour les horribles habitants de Sodome, pour Judas et pour d’autres scélérats. Ils avaient un évangile de Judas, et mettaient la perfection à commettre sans honte les actions les plus infâmes.
    Caiumarath ou Kaid-Mords, premier roi de Perse, que quelques historiens de cette nation croient avoir été le premier roi du monde, et le même que l'Adam des Hébreux. On lui donne ordinairement mille ans de vie et cinq cent soixante de règne. Il fut l'inventeur des maisons, des étoffes de poil, de laine, de coton et de soie, dont il enseigna la fabrique et l'usage. C'est de lui qu'on tient l'usage de la fronde, et des autres instruments propres à lancer des pierres. Il fut le premier roi et le fondateur de la première dynastie de Perse, et descendit du trône pour retourner dans la grotte qui avait été sa première demeure, où il vaquait à la prière. Une tradition fabuleuse porte qu'Adam, séparé de sa femme, s'étant endormi, crut embrasser Eve; cette illusion forma une plante qui prit la figure humaine, et devint le Caiumarath dont il est ici question. Les auteurs orientaux lui attribuent l'origine du magisme.  Voy. Boundschesch.
    Cala (Charles), Calabrais qui écrivait au dix-septième siècle. On recherche son Mémoire sur l’apparition des croix prodigieuses, imprimé à Naples en 1651.
    Calamités. On a souvent attribué aux démons ou à la malice des sorciers les calamités publiques. Pierre Delancre dit que les calamités des bonnes âmes sont les joies et les festoiements des démons pipeurs .
    Calaya, le troisième des cinq paradis des Indiens. C'est une montagne toute d'argent, sur laquelle réside Ixora, monté sur un bœuf. Tous ceux qui ont honoré ce dieu durant leur vie, sont transportés après leur mort sur cette montagne que les Indiens placent vers le Nord. Là, leur bonheur consiste à lui rendre différents services. Les une le rafraichissent, en agitant sans cesse devant lui de grands éventails; les autres portent des flambeaux pour l'éclairer la nuit: ceux-ci lui présentent des crachoirs d'argent. Plusieurs font la fonction d'eunuques de son sérail, qui est peuplé de concubines: ce sont eux qui conduisent dans le lit du dieu celles qui doivent passer la nuit avec lui. Tous les autres bienheureux ont de même chacun son département. 
    Calcerand-Rochez. Pendant que Hugues de Moncade était vice-roi de Sicile pour le roi Ferdinand d’Aragon, un gentilhomme espagnol, nommé Calcerand-Rochez, eut une vision. Sa maison était située près du port de Païenne. Une nuit qu’il ne dormait pas, il crut entendre des hommes qui cheminaient et faisaient grand bruit dans sa basse-cour ; il se leva, ouvrit la fenêtre, et vit, à la clarté du crépuscule, des soldats et des gens de pied en bon ordre, suivis de piqueurs ; après eux venaient des gens de cheval divisés en escadrons, se dirigeant vers la maison du vice-roi. Le lendemain, Calcerand conta le tout à Moncade, qui n’en tint compte ; cependant, peu après, le roi Ferdinand mourut, et ceux de Palerme se révoltèrent. Cette sédition, dont la vision susdite donnait clair présage, ne fut apaisée que par les soins de Charles d’Autriche (Charles-Quint) .
    Calchas (en grec ancien Κάλχας / Kálkhas), est un devin grec qui apparaît dans les récits de la guerre de Troie, en particulier dans l'Iliade. Fils de Thestor, il est décrit dans cette épopée comme « de beaucoup le meilleur des devins, qui connaît le futur, le présent, le passé. Il tient son don de vision d'Apollon.
    Avant le départ de l'expédition grecque, il prédit qu'Achille serait nécessaire aux Grecs et que la guerre durerait dix ans. Pendant le voyage vers Troie, il indique à Agamemnon pourquoi Artémis a immobilisé les navires grecs en Aulide, et comment l'apaiser en sacrifiant sa fille Iphigénie. Quand Apollon décime les rangs grecs devant Troie, il explique que c'est parce que Agamemnon a refusé de rendre Chryséis, fille du prêtre troyen d'Apollon. Enfin, c'est lui qui contribue au stratagème du cheval de Troie.
    En rentrant de la guerre, Calchas préfère un parcours par voie de terre, car il prévoit un retour difficile à cause du courroux d'Athéna. Il rencontre ainsi le devin Mopsos, petit-fils de Tirésias et, après avoir perdu contre lui dans un concours d'art divinatoire, il meurt de dépit. Il ressuscite après vingt années de mort grâce au dieu des souterrains Hadès. Voy. Mopsus.
    Calegueiers, quatrième tribu des géants ou génies malfaisants. C'est la plus terrible et la plus puissante. Elle habite le Patala (l'Enfer)
    Calendrier. L’ancien calendrier des païens se rattachait au culte des astres ; et presque toujours il était rédigé par des astrologues.
    Ce serait peut-être ici l’occasion de parler du Calendrier des bergers, de l’Almanach du bon laboureur, du Messager boiteux de Bâle en Suisse, et de cent autres recueils où l’on voit exactement marqués les jours où il fait bon rogner ses ongles et prendre médecine ; mais ces détails mèneraient trop loin. Voy. Almanach.
    Cali, ce nom, qui est du féminin en indien, est celui de l'épouse de Mahadeva considéré comme Jupiter Stygien, ou Pluton, et semble correspondre à celui de Proserpine.  On la représente tout à fait noire, avec un collier de crânes d’or. On lui offrait autrefois des victimes humaines.
    Calice du Sabbat. On voit dans Pierre Delancre que, lorsque les prêtres sorciers disent la messe au sabbat, ils se servent d’une hostie et d’un calice noirs, et qu’à l’élévation ils disent ces mots : Corbeau noir ! corbeau noir ! invoquant le diable.
    Calice du Soupçon. Superstition des anciens chrétiens d'Egypte. Quand ils soupçonnaient leurs femmes d'infidélité, ils leur faisaient avaler de l'eau soufrée, dans laquelle ils mettaient de la poussière et de l'huile de la lampe de l'église, prétendant que si elle était coupable, ce breuvage lui ferait souffrir des douleurs insupportables.   Voy. Infidélité.
     Caligula. On prétend qu’il fut empoisonné ou assassiné par sa femme. Suétone dit qu’il apparut plusieurs fois après sa mort, et que sa maison fut infestée de monstres et de spectres, jusqu’à ce qu’on lui eût rendu les honneurs funèbres.
    Callo. Voy. Spes.
    Calmet (Dom Augustin), bénédictin de la congrégation de Saint-Vannes, l’un des savants les plus laborieux et les plus utiles du dernier siècle, mort en 1757, dans son abbaye de Senones. Voltaire même mit ces quatre vers au bas de son portrait:
          Des oracles sacrés que Dieu daigna nous rendre
          Son travail assidu perça l’obscurité ;
          Il fit plus, il les crut avec simplicité,
          Et fut, par ses vertus ; digne de les entendre.
    Nous le citons ici pour sa Dissertation sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de Bohême, de Moravie et de Silésie, in-12, Paris, 1746. La meilleure édition est « de 1751 ; Paris, 2 vol. in-12. Ce livre est fait avec bonne foi ; l’auteur est peut-être un peu crédule ; mais il rapporte ce qui est contraire à ses idées avec autant de candeur que ce qui leur est favorable. Voy. Vampires.
    Calundronius, pierre merveilleuse dont on ne donne aucune description, mais à laquelle en récompense on attribue la vertu de rendre victorieux, de chasser la mélancolie, de résister aux enchantements, et d'écarter les esprits malins.
    Calvin (Jean), l’un des chefs de la réforme prétendue, né à Noyon en 1509. Ce fanatique, qui se vantait, comme les autres protestants, d’apporter aux hommes la liberté d’examen, et qui fit brûler Michel Servet, son ami, parce qu’il différait d’opinion avec lui, n’était pas seulement hérétique ; on l’accuse encore d’avoir été magicien. « Il faisait des prodiges à l’aide du diable, qui quelquefois ne le servait pas bien ; car un jour il voulut donner à croire qu’il ressusciterait un homme qui n’était pas mort ; et, après qu’il eut fait ses conjurations sur le compère, lorsqu’il lui ordonna de se lever, celui-ci n’en fit rien, et on trouva qu’icelui compère était mort tout de bon, pour avoir voulu jouer cette mauvaise comédie . » Quelques-uns ajoutent que Calvin fut étranglé par le diable ; il ne l’aurait pas volé. En son jeune âge, Calvin avait joué la comédie et fait des tours d’escamotage .
    Cambions, enfants des démons. Delancre et Bodin pensent que les démons incubes peuvent s’unir aux démons succubes, et qu’il naît de leur commerce des enfants hideux qu’on nomme cambions, lesquels sont beaucoup plus pesants que les autres, avalent tout sans être plus gras, et tariraient trois nourrices qu’ils n’en profiteraient pas mieux . Luther, qui était très-superstitieux, dit dans ses Colloques que ces enfants-là ne vivent que sept ans ; il raconte qu’il en vit un qui criait dès qu’on le touchait, et qui ne riait que quand il arrivait dans la maison quelque chose de sinistre.
    Maïole rapporte qu’un mendiant galicien excitait la pitié publique avec un cambion ; qu’un jour un cavalier, voyant ce gueux très-embarrassé pour passer un fleuve, prit, par compassion, le petit enfant sur son cheval, mais qu’il était si lourd que le cheval pliait sous le poids. Peu de temps après, le mendiant étant pris, avoua que c’était un petit démon qu’il portait ainsi, et que cet affreux marmot, depuis qu’il le traînait avec lui, avait toujours agi de telle sorte que personne ne lui refusait l’aumône .
    Caméléon. Démocrite, au rapport de Pline, avait fait un livre spécial sur les superstitions auxquelles le caméléon a donné lieu. Un plaideur était sûr de gagner son procès s’il portait avec lui la langue d’un caméléon arrachée à l’animal pendant qu’il vivait. On faisait tonner et pleuvoir en brûlant la tête et le gosier d’un caméléon sur un feu de bois de chêne, ou bien en rôtissant son foie sur une tuile rouge. Boguet n’a pas manqué de remarquer cette merveille dans le chapitre xxiii de ses Discours des sorciers. L’œil droit d’un caméléon vivant arraché et mis dans du lait de chèvre formait un cataplasme qui faisait tomber les taies des yeux. Sa queue arrêtait le cours des rivières. On se guérissait de toute frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.
    Des curieux assurent encore que cette espèce de lézard ne se nourrit que de vent. Mais il est constant qu’il mange des insectes ; et comment aurait-il un estomac et tous les organes de la digestion, s’il n’avait pas besoin de digérer ? Comment encore, s’il ne mange pas, produit-il des excréments, dont les anciens faisaient un onguent magique pour nuire à leurs ennemis ? La couleur du caméléon paraît varier continuellement, selon la réflexion des rayons du soleil et la position où l’animal se trouve par rapport à ceux qui le regardent : c’est ce qui l’a fait comparer à l’homme de cour. — Delancre dit, d’un autre côté, que le caméléon est l’emblème des sorciers, et qu’on en trouve toujours dans les lieux où s’est tenu le sabbat.
    Camephis, le plus ancien des dieux de l’Égypte ; il est triple : aïeul, père et fils. Nom commun aux trois plus anciennes divinités égyptiennes, c'est-à-dire, à Phthas ou Vulcain, à Neith ou Minerve, et au Soleil.
    Camérarius (Joachim), savant allemand du seizième siècle. On recherche son traité De la nature et des affections des démons et son Commentaire sur les divinations .
    Nous indiquerons aussi de Barthélemi Camerario, Bénéventin, mort en 1564, un livre Sur le feu du purgatoire ; les Centuries de Jean-Rodolphe Camérarius, médecin allemand du dix-septième siècle, Sur les horoscopes et l’astrologie , et le fatras du même auteur Sur les secrets merveilleux de la nature .
    Enfin, Élie Camérarius, autre rêveur de Tubingue, a écrit, en faveur de la magie et des apparitions, des livres que nous ne connaissons pas.
    Camisards. Voy. Dauphiné.
    Camnuz (l’esprit de). Sigebert raconte dans sa chronique les malices d’un esprit frappeur qui fréquenta assez longtemps Camnuz, près de Bingen, faisant divers bruits insolites et jetant des pierres sans se montrer. Il en arriva à dérober divers objets et à dénoncer comme voleurs ceux à qui il en voulait et chez qui il portait ses larcins. Il mit le feu à des maisons et à des récoltes, et vexa le pays assez longtemps. On l’entendait parler sans le voir. C’était à la fin du seizième siècle. Enfin, l’évêque de Mayence envoya des exorcistes qui le chassèrent.
    Campanella (Thomas), homme d’esprit, mais de peu de jugement, né dans un bourg de la Calabre en 1568. Tout jeune il rencontra, dit-on, un rabbin qui l’initia dans les secrets de l’alchimie, et qui lui apprit toutes les sciences en quinze jours, au moyen de l’Art Notoire. Avec ces connaissances, Campanella, entré dans l’ordre des dominicains, se mit à combattre la doctrine d’Aristote, alors en grande faveur. Ceux qu’il attaqua l’accusèrent de magie ; et il fut obligé de s’enfuir de Naples. On s’empara de ses cahiers. L’inquisition, y trouvant des choses répréhensibles, condamna l’auteur à la retraite dans un couvent. Notez que c’était l’inquisition d’État, et que la vraie cause qui lui fit imposer le silence dans une sorte de séquestration fut une juste critique qu’il avait faite, dans son Traité de la monarchie espagnole, des torts graves de cette nation, dominée alors par un immense orgueil. Il sortit de sa retraite par ordre du pape, en 1626, et vint à Paris, où il mourut chez les jacobins de la rue Saint-Honoré, le 21 mai 1639. — On a dit qu’il avait prédit l’époque de sa mort et les gloires du règne de Louis XIV. Nous ne citerons de ses ouvrages que ses quatre livres Du sens des choses et de la magie et ses six livres d’astrologie ; l’auteur, qui faisait cas de cette science, s’efforce d’accorder les idées astrologiques avec la doctrine de saint Thomas.
    Campbell (Gilbert). Son histoire. Voy. Esprits frappeurs.
    Campetti, hydroscope, qui renouvela, à la fin du dernier siècle, les merveilles de la baguette divinatoire. Il était né dans le Tyrol. Mais il a fait moins de bruit que Jacques Aymar. Au lieu de baguette pour découvrir les sources, les trésors cachés et les traces de vol ou de meurtre, il se servait d’un petit pendule formé d’un morceau de pyrite, ou de quelque autre substance métallique suspendue à un fil qu’il tenait à la main. Ses épreuves n’ont pas eu de suites.
    Camuz ( Philippe), romancier espagnol du seizième siècle. On lui attribue la Vie de Robert le Diable , qui fait maintenant partie de la Bibliothèque Bleue.
    Canate, montagne d’Espagne, fameuse dans les anciennes chroniques ; il y avait au pied une caverne où les mauvais génies faisaient leur résidence, et les chevaliers qui s’en approchaient étaient sûrs d’être enchantés, s’il ne leur arrivait pas pis.
    Cancer ou l’Écrevisse, fut l'animal que Junon envoya contre Hercule, lorsqu'il combattit l'hydre du marais de Lerne, et dont il fut mordu au pied; mais il la tua, et Junon la mit au nombre des douze signes du zodiaque. Voy. Horoscopes.
    Candelier, démon invoqué dans les litanies du sabbat.
    Cang-Hy, divinité honorée parmi les Chinois, comme le dieu des cieux inférieurs, ayant pouvoir de vie et de mort. Elle a toujours à ses côtés trois esprits subalternes, dont le premier, nommé Tanquam, dispense la pluie pour rafraichir et nourrir la terre; le deuxième, appelé Tsuiquam, est le dieu de la mer, et c'est à lui que tous les navigateurs font des vœux en partant, et des remerciements à leur retour; le troisième, nommé Teiquam, préside aux naissances, à l'agriculture, et s'appelle le Dieu de la guerre. Cang-Hy est apparemment quelque ancien astronome, mis au rang des dieux après sa mort.
    Canicida, surnom sous lequel Hécate était adorée, avec la plus grande pompe, dans l'île de Samothrace, où on lui immolait un grand nombre de chiens. On lui avait consacré, dans cette île, un antre immense, nommé Zerinthe; là, dans le silence et les ténèbres de la nuit, les prêtres Cabires célébraient, en son honneur, ces mystères révérés dont l'usage se répandit en Grèce et en Italie.  Voy. Zerinthe.
    Canicule, constellation qui s'élève dans le temps des grandes chaleurs. Les Romains, persuadés de la malignité de ses influences, lui sacrifiaient tous les ans un chien roux. La Canicule est, dit-on, le chien que Jupiter donna à Europe pour la garder, et dont Minos fit présent à Procris, et celle-ci à Céphale; ou c'est la chienne d'Erigone. Une vieille opinion populaire exclut les remèdes pendant cette saison, et remet à la nature la guérison de toutes les maladies. C’est aussi une croyance encore répandue qu’il est dangereux de se baigner pendant la canicule.
    Canidia,  est une magicienne et une sorcière de l'Antiquité romaine, qui apparaît dans les Satires et les Épodes d'Horace.
    On aurait pu rapprocher le mot Canidia du mot français canidé qui désigne les mammifères carnassiers tels que le loup, le chien (en latin canis) et cela aurait renforcé l'aspect animal ou sauvage du personnage. Mais le a initial de Canidia est long, comme dans les mots de la famille de l'adjectif canus, qui signifie « blanc », ou « gris ». Ainsi, Canidia signifierait plutôt étymologiquement « la vieille aux cheveux blancs ».
    Il existe une gens Canidia apparue récemment dans l'histoire romaine dont cette sorcière est peut-être une représentante.
    Pomponius Porphyrion, commentateur d'Horace, indique que ce sobriquet de Canidia désignait en réalité pour Horace une parfumeuse napolitaine de nom de Gratidia, nom construit sur l'adjectif latin Gratus, a, um, qui signifie agréable, charmant en français. Canidia, au sens de la vieille, aurait pu désigner Gratidia par une volonté de dérision fondée sur une antonymie.
    Canidia n'est ni réelle, ni totalement fictive : il semble qu'elle ait été créée en reprenant les caractéristiques de personnages réels, avec peut-être une allusion plus spécifique à une sorcière en particulier.
    C'est un personnage récurrent dans les textes d'Horace. L'auteur la décrit comme une sorcière (venefica), une nécromancienne en fonction des scènes et de ses actes. Canidia apparaît chez Horace dans les épodes III, V et XVII, ainsi que dans les Satires I, 8 et II, 8.
    Canidia est laide, « à la hideuse face » et très vieille. Elle porte une robe, ses cheveux ne sont pas attachés et sont entrelacés avec des serpents, elle a les pieds nus : « J’ai vu moi-même, sa robe noire retroussée, pieds nus et cheveux épars, Canidia » ; et « entrelaçant de vipères ses cheveux épars. » Elle est pâle, blême, tout comme sa compagne Sagane.
    Canidia est possédée par une folie qui transparaît dans son apparence physique : ses cheveux sont détachés, signe d'aliénation ou de négligence chez une femme dans l'Antiquité. Elle est amoureuse, puisqu'elle cherche à faire revenir son amant, qui s'est détourné d'elle : « Il dort, oublieux, sur le lit de toutes ses maîtresses ». Elle cherche à envoûter les hommes; Ne voulant pas se résigner, elle confectionne un philtre d'amour à partir du corps d'un enfant mort de faim, qu'elle torture en suscitant chez lui l'envie de se nourrir :
    « et de sa moelle desséchée et de son foie avide on devait faire un breuvage d’amour, quand ses prunelles dardées sur la nourriture interdite se seraient éteintes. »
    Elle est profondément cruelle et sans pitié. Son amour pour l'homme qui l'a délaissée l'empêche d'éprouver de la compassion ou tout autre sentiment positif. Elle reste impassible face au sort du garçon, plus dure qu'un Thrace. En effet, les Thrace étaient, à cette époque, considérés comme un peuple de barbares.
    « Les autres Thraces ont coutume de vendre leurs enfants, à condition qu'on les emmènera hors du pays. Ils ne veillent pas sur leurs filles, et leur laissent la liberté de se livrer à ceux qui leur plaisent ; mais ils gardent étroitement leurs femmes, et les achètent fort cher de leurs parents. Ils portent des stigmates sur le corps ; c'est chez eux une marque de noblesse ; il est ignoble de n'en point avoir. Rien de si beau à leurs yeux que l'oisiveté, rien de si honorable que la guerre et le pillage, et de si méprisable que de travailler à la terre. Tels sont leurs usages les plus remarquables. »
    Par ailleurs, les serpents qui s'enroulent dans ses cheveux en font une figure monstrueuse par référence au personnage mythologique de la Méduse. Dans l'épode V d'Horace, Canidia est confiante, sûre d'elle :
    « Et sous les mers je veux que le ciel traîne, tandis qu'aux cieux la terre ira, si ton cœur sec ne se brûle à mes flammes comme ce bitume à ces feux. »
     Canidia fait partie d'un groupe composé exclusivement de femmes : « Que veut ce bruit, ce groupe féminin? » Nous connaissons deux des compagnes de Canidia : Sagana, en français Sagane, et Veia. Elle fait partie d'un groupe de personnes appelé Satyres, comptant les Saganas, les Pantilius, les Tigellius et leurs semblables. C'est une criminelle :
    « En haletant creusait la terre fraîche Où plongé, le menton dehors, Tel qu'un nageur dont la tête s'élève Au-dessus du large courant, L'enfant doit voir, trois fois le jour durant, Des mets servis fuir comme en rêve. Et quand la mort enfin clora ses yeux »
    Canidia tuerait donc des enfants qu'elle aurait précédemment enlevés. L’Épode V nous raconte également que Canidia a enlevé un enfant portant la toge prétexte.
    Canidia vend des potions ou des philtres d'amour : « Que servirait d'acheter mon venin? » Horace dit la « trop puissante Canidia » mais, en disant cela, il feint de lui demander grâce, en lui faisant de nouvelles insultes.
    Canidia et Sagana, pratiquent la magie noire : « Elles se mirent à gratter la terre de leurs ongles et à déchirer de leurs dents une agnelle noire. » Canidia sait parler aux esprits et aux dieux.
    Elle connaît les principes de magie sympathique, décrits par Frazer, ethnologue anglais, ou magie de contact, qui permettent d'agir à distance sur autrui, comme nous le montre Horace dans l’Épode V : « L'enfant doit voir, trois fois le jour durant, des mets servis fuir comme un rêve. » L'enfant enterré jusqu'à la tête mourra de faim devant des plats hors de sa portée après trois jours, ce qui est comparable au supplice de Tantale dans la mythologie grecque. Canidia se servira de son corps mort dans l'envie contre son amant qui la délaisse pour lui donner de nouveau envie de revenir auprès d'elle.
    Sa science semble venir de Colchide, pays de Médée : Horace, dans l'épode V contre la magicienne Canidie nous parle de poisons dont l'Ibérie abonde ainsi que des feux de Colchos. Dans ce texte, ces éléments lui servent à fabriquer un philtre amoureux. Les potions qu'elle prépare ont un grand pouvoir: « Par des philtres inusités Tu reviendras, et tes sens hébétés. » De plus, elle utilise des produits venus d'ailleurs: « joint aux poisons que produit Iolcos. » Canidia n'est pas, malgré tout, la magicienne la plus puissante : « Ah! ah! il marche ... une autre, plus savante, de mes chaînes l'a délivré. » Elle compare sa recette au poison de Médée :
    « Et parfumé d'un nard de ma recette la plus sûre. Qu'arrive-t-il ? Est-ce là ce poison dont Médée, à l'âme infernale, tua de loin sa superbe rivale, la fille du puissant Créon. »
     Canigou, montagne de France dans le Roussillon. Elle a aussi sa légende. Gervais de Tilbury nous apprend, dans sa chronique, qu’au sommet presque inaccessible de cette montagne il y a un lac d’eau noire dont on ne connaît pas le fond, que les hôtes de l’enfer ont un palais au fond de ce lac, et que si l’on y jette une pierre, les démons aussitôt font surgir une tempête qui effraye la contrée.
    Canterme, nom que donnaient les anciens à certains enchantements et maléfices.
    Cantwell (André-Samuel-Michel), mort bibliothécaire des Invalides le 9 juillet 1802. Il est auteur d’un roman intitulé le Château d’Albert ou le Squelette ambulant. 1799, 2 vol. in-18.
    Canwyll-Corph, chandelle du mort ou chandelle de la mort. Superstition du pays de Galles, mais bornée, dit-on, au diocèse de Saint-David. Les Gallois racontent que saint David, en mourant, demanda au ciel une faveur spéciale pour ses diocésains, et qu’il obtint qu’aucun d’eux ne mourrait sans avoir reçu d’avance un avis de sa fin prochaine. À cet effet une lumière, qu’on appelle chandelle de la mort, sort de la maison dont un habitant doit mourir, se dirige vers le cimetière et s’évanouit à la place que doit occuper le futur défunt ; mais comme cette merveille a lieu la nuit, il est rare qu’on la voie.
    Caous. Les Orientaux donnent ce nom à des génies malfaisants qui habitent les cavernes du Caucase.
    Capnomancie, divination dans laquelle les anciens observaient la fumée pour en tirer des présages. On en distinguait deux sortes: l'une qui se pratiquait en jetant sur des charbons ardents des graines de jasmin ou de pavot, on observant la fumée qui en sortait; l'autre, qui était la principale et la plus usitée, consistait à examiner la fumée des sacrifices. C'était un bon augure, quand celle qui s'élevait de l'autel était légère, peu épaisse, et montait en ligne droite, sans se répandre autour. On pratiquait encore la capnomancie en humant ou respirant la fumée des victimes; ou celle qui sortait du feu qui les consumait.
    Cappautas, grosse pierre brute qui, dans les croyances populaires, guérissait de la frénésie ceux qui allaient s’y asseoir ; elle se trouvait à trois stades de Gytheum en Laconie.
    Caperon, doyen de Saint-Maixant. Il publia, dans le Mercure de 1726, une lettre sur les fausses apparitions ; Lenglet-Dufresnoy l’a réimprimée dans son recueil. Il montre peu de crédulité et combat les fausses apparitions avec des raisons assez bonnes. Il conte qu’un jour il fut consulté sur une femme qui disait voir chaque jour, à midi, un esprit en figure d’homme, vêtu de gris, avec des boutons jaunes, lequel la maltraitait fort, lui donnant même de grands soufflets ; ce qui paraissait d’autant plus certain qu’une voisine protestait qu’ayant mis sa main contre la joue de cette femme dans le temps qu’elle se disait maltraitée, elle avait senti quelque chose d’invisible qui la repoussait. Ayant reconnu que cette femme était fort sanguine, Caperon conclut qu’il fallait lui faire une saignée, avec la précaution de lui en cacher le motif ; ce qui ayant été exécuté, l’apparition s’évanouit.
    Tous les traits qu’il rapporte et tous ses raisonnements prouvent que les vapeurs ou l’imagination troublée sont la cause de beaucoup de visions. Il admet les visions rapportées dans les livres saints ; mais il repousse les autres un peu trop généralement. Il parle encore d’une autre femme à qui un esprit venait tirer toutes les nuits la couverture. Il lui donna de l’eau, en lui disant d’en asperger son lit, et ajoutant que cette eau, particulièrement bénite contre les revenants, la délivrerait de sa vision. Ce n’était que de l’eau ordinaire ; mais l’imagination de la vieille femme se rassura par ce petit stratagème, qu’elle ne soupçonnait pas, et elle : ne vit plus rien. Voyez Hallucinations.
     Capricorne, le dieu Pan, qui, craignant le géant Typhon, se changea en bouc, et fut mis, par Jupiter, au nombre des douze signes du zodiaque. On dit aussi que c'est la chèvre Amalthée, laquelle allaita Jupiter.  Voy. Horoscopes.
    Capucin. Ce sont les protestants qui ont mis à la mode ce stupide axiome superstitieux que la rencontre d’un capucin était un mauvais présage. Un jour que l’abbé de Voisenon était allé à la chasse sur un terrain très-giboyeux, il aperçut un capucin. Dès ce moment il ne tira plus un coup juste, et comme on se moquait de lui : « Vraiment, messieurs, dit-il, vous en parlez fort à votre aise ; vous n’avez pas rencontré un capucin . »
    Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nommés caqueux ou cacoux, en Bretagne, sont relégués dans certains cantons du pays comme des espèces de parias ; on les évite ; ils inspirent même de l’horreur, parce qu’ils font des cordes, autrefois instruments de mort et d’esclavage. Ils ne s’alliaient jadis qu’entre eux, et l’entrée des églises leur était interdite. Ce préjugé commence à se dissiper ; cependant ils passent encore pour sorciers. Ils profitent de ce renom ; ils vendent des talismans qui rendent invulnérable, des sachets à l’aide desquels on est invincible à la lutte ; ils prédisent l’avenir ; on croit aussi qu’ils jettent de mauvais vents. On les disait, au quinzième siècle, Juifs d’origine, et séparés par la lèpre du reste des hommes. Le duc de Bretagne, François II, leur avait enjoint de porter une marque de drap rouge sur un endroit apparent de leur robe. On a conté que le vendredi saint tous les caqueux versent du sang par le nombril. Néanmoins on ne fuit plus devant les cordiers ; mais on ne s’allie pas encore aisément avec leurs familles . N’est-ce pas ici la même origine que celle des cagots ? Voy. ce mot.
    Carabia ou Decarabia, démon peu connu, quoiqu’il jouisse d’un grand pouvoir au sombre empire. Il est roi d’une partie de l’enfer, et comte d’une autre province considérable. Il se présente, comme Buer, sous la figure d’une étoile à cinq rayons. Il connaît les vertus des plantes et des pierres précieuses ; il domine sur les oiseaux, qu’il rend familiers. Trente légions sont à ses ordres.
    Caracalla. L’empereur Caracalla venait d’être tué par un soldat. Au moment où l’on n’en savait encore rien à Rome, on vit un démon en forme humaine qui menait un âne, tantôt au Capitole, tantôt au palais de l’empereur, en disant tout haut qu’il cherchait un maître. On lui demanda si ce n’était pas Caracalla qu’il cherchait ? Il répondit que celui-là était mort. Sur quoi il fut pris pour être envoyé à l’empereur, et il dit ces mots : « Je m’en vais donc, puisqu’il le faut, non à l’empereur que vous pensez, mais à un autre ; » et là-dessus on le conduisit de Rome à Capoue, où il disparut sans qu’on ait jamais su ce qu’il devint.
    Caractères. La plupart des talismans doivent leurs vertus à des caractères mystérieux que les anciens regardaient comme de sûrs préservatifs. Le fameux anneau qui soumit les génies à la volonté de Salomon devait toute sa force à des caractères cabalistiques. Origène condamnait chez quelques-uns des premiers chrétiens l’usage de certaines plaques de cuivre ou d’étain chargées de caractères qu’il appelle des restes de l’idolâtrie l’Enchiridion, attribué stupidement au pape Léon III, le Dragon rouge, les Clavicules de Salomon, indiquent dans tous leurs secrets magiques des caractères incompréhensibles, tracés dans des triangles ou dans des cercles, comme des moyens puissants et certains pour l’évocation des esprits.
    Souvent aussi des sorciers se sont servis de papiers sur lesquels ils avaient écrit avec du sang des caractères indéchiffrables ; et ces pièces ; produites dans les procédures, ont été admises en preuves de maléfices jetés. Nous avons dit quel était le pouvoir des mots agla, abracadabra, etc. Voy. Talismans.
    Caradoc (Saint), patron de Donzy en Nivernais, sous le nom de saint Caradeu. Comme d’autres saints, il fut obsédé par le diable ; mais sa vertu était si vive que le diable ne put rien contre lui.
    Cardan (Jérôme), médecin astrologue et visionnaire, né à Pavie en 1501, mort à Rome en 1576. Il nous a laissé une histoire de sa vie, où il avoue sans pudeur tout ce qui peut tourner à sa honte. Il se créa beaucoup d’ennemis par ses mœurs ; du reste, ce fut un des hommes habiles de son temps. Il fit faire des pas aux mathématiques, et il paraît qu’il était savant médecin ; mais il avait une imagination presque toujours délirante, et on l’a souvent excusé en disant qu’il était fou. Il rapporte, dans le livre De vita propria, que quand la nature ne lui faisait pas sentir quelque douleur, il s’en procurait lui-même en se mordant les lèvres, ou en se tiraillant les doigts jusqu’à ce qu’il en pleurât, parce que s’il lui arrivait d’être sans douleur, il ressentait des saillies et des impétuosités si violentes qu’elles lui étaient plus insupportables que la douleur même. D’ailleurs, il aimait le mal physique à cause du plaisir qu’il éprouvait ensuite quand ce mal cessait.
    Il dit, dans le livre VIII de la Variété des choses, qu’il tombait en extase quand il voulait, et qu’alors son âme voyageait hors de son corps, qui demeurait impassible et comme inanimé. — Il prétendait avoir deux âmes, l’une qui le portait au bien et à la science, l’autre qui l’entraînait au mal et à l’abrutissement. Il assure que, dans sa jeunesse, il voyait clair au milieu des ténèbres ; que l’âge affaiblit en lui cette faculté : que cependant, quoique vieux, il voyait encore en s’éveillant au milieu de la nuit, mais moins parfaitement que dans son âge tendre. Il avait cela de commun, disait-il, avec l’empereur Tibère ; il aurait pu dire aussi avec les hiboux.
    Il donnait dans l’alchimie, et on reconnaît dans ses ouvrages qu’il croyait à la cabale et qu’il faisait grand cas des secrets cabalistiques. Il dit quelque part que, dans la nuit du 13 au 14 août 1491, sept démons ou esprits élémentaires de haute stature apparurent à Fazio Cardan, son père (presque aussi fou que lui), ayant l’air de gens de quarante ans, vêtus de soie, avec des capes à la grecque, des chaussures rouges et des pourpoints cramoisis ; qu’ils se dirent hommes aériens, assurant qu’ils naissaient et mouraient ; qu’ils vivaient trois cents ans ; qu’ils approchaient beaucoup plus de la nature divine que les habitants de la terre ; mais qu’il y avait néanmoins entre eux et Dieu une distance infinie. Ces hommes aériens étaient sans doute des sylphes.
    Il se vantait, comme Socrate, d’avoir un démon familier, qu’il plaçait entre les substances humaines et la nature divine, et qui se communiquait à lui par les songes. Ce démon était encore un esprit élémentaire ; car, dans le dialogue intitulé Tetim, et dans le traité De libris propriis, il dit que son démon familier tient de la nature de Mercure et de celle de Saturne. On sent bien qu’il s’agit ici des planètes. Il avoue ensuite qu’il doit tous ses talents, sa vaste érudition et ses plus heureuses idées à son démon. Tous ses panégyristes ont fait la part de son démon familier, ce qu’il est bon de remarquer pour l’honneur des esprits. Cardan assurait aussi que son père avait été servi trente ans par un esprit familier.
    Comme ses connaissances en astrologie étaient grandes, il prédit à Édouard VI, roi d’Angleterre, plus de cinquante ans de règne, d’après les règles de l’art. Mais par malheur Édouard VI mourut à seize ans. Ces mêmes règles lui avaient fait voir clairement qu’il ne vivrait que quarante-cinq ans. Il régla sa fortune en conséquence, ce qui l’incommoda fort le reste de sa vie. Quand il dut avouer qu’il s’était trompé dans ses calculs, il refit son thème, et trouva qu’au moins il ne passerait pas la soixante-quinzième année. La nature s’obstina encore à démentir l’astrologie. Alors, pour soutenir sa réputation, et ne pas supporter davantage la honte d’un démenti (car il pensait que l’art est infaillible et que lui seul avait pu se tromper), on assure que Cardan se laissa mourir de faim.
    « De tous les événements annoncés par les astrologues, je n’en trouve qu’un seul qui soit réellement arrivé tel qu’il avait été prévu, dit un écrivain du dernier siècle , c’est la mort de Cardan, qu’il avait lui-même prédite et fixée à un jour marqué. Ce grand jour arriva : Cardan se portait bien ; mais il fallait mourir ou avouer l’insuffisance et la vanité de son art ; il ne balança pas ; et, se sacrifiant à la gloire des astres, il se tua lui-même ; il n’avait pas expliqué s’il périrait par une maladie ou par un suicide. »
    Il faut rappeler, parmi les extravagances astrologiques de Cardan, qu’il avait dressé l’horoscope de Notre-Seigneur Jésus-Christ : il le publia en Italie et en France. Il trouvait dans la conjonction de Mars avec la lune au signe de la Balance le genre de mort de l’Homme-Dieu ; et il voyait le mahométisme dans la rencontre de Saturne avec le Sagittaire, à l’époque de la naissance du Sauveur.
    En somme, Jérôme Cardan fut un homme superstitieux, qui avait plus d’imagination que de jugement. Ce qui est bizarre, c’est que, croyant à tout, il croyait mal aux seules merveilles vraies, celles que l’Église admet. On le poursuivit à la fois comme magicien et comme impie. Delancre dit qu’il avait été bien instruit en la magie par son père, lequel avait eu trente ans un démon enfermé dans une cassette, et discourait avec ce démon sur toutes ses affaires . On trouve donc des choses bizarres dans presque tous ses ouvrages, qui ont été recueillis en dix volumes in-folio, principalement dans le livre de la Variété des choses, de La Subtilité des démons, etc., et dans son Traité des songes . Voy. Métoposcopie et Onguents.
    Carenus (Alexandre), auteur d’un Traité des songes publié à Padoue en 1575.
    Carlostad (André Bodenstein de), archidiacre de Wurtemberg, d’abord partisan, ensuite ennemi de Luther, mais toujours dissident comme lui. Le jour où il prononça son dernier prêche, un grand homme noir, à la figure triste et décomposée, monta derrière lui l’escalier de la chaire et lui annonça qu’il irait le voir dans trois jours. D’autres disent que l’homme noir se tint ensuite devant lui le regardant d’un œil fixe, à quelques pas de la chaire et parmi les auditeurs. Carlostad se troubla ; il dépêcha son prêche, et, au sortir de la chaire, il demanda si l’on connaissait l’homme noir qui en ce moment sortait du temple. Mais personne que lui ne l’avait vu. — Cependant le même fantôme noir était allé à la maison de Carlostad et avait dit au plus jeune de ses fils : « Souviens-toi d’avertir ton père que je reviendrai dans trois jours, et qu’il se tienne prêt. » Quand l’archidiacre rentra, son fils lui raconta cette autre circonstance. Carlostad épouvanté se mit au lit, et trois jours après, le 25 décembre 1541, qui était la fête de Noël, on le trouva mort, le cou tordu. L’événement eut lieu à Bâle .
    Carmentes, déesses tutélaires des enfants chez les anciens. Elles ont été remplacées par nos fées ; elles présidaient à la naissance, chantaient l’horoscope du nouveau-né, lui faisaient un don, comme les fées en Bretagne, et recevaient de petits présents de la part des mères. Elles ne se montraient pas ; cependant on leur servait à dîner dans une chambre isolée pendant les couches.
    On donnait aussi, chez les Romains, le nom de carmentes ou {charmeuses) aux devineresses célèbres ; et l’une des plus fameuses prophétesses de l’Arcadie s’est nommée Garmentia. On l’a mise dans le ci-devant Olympe.
    Carnaval. Voy. Mascarades.
    Carniveau, démon invoqué dans les litanies du sabbat.
    Carnoet. Voy. Trou du château.
    Carnus. Acarnanien, qu'Apollon avait instruit dans l'art de la divination. Sous le règne de Codrus, les Héraclides marchant dans l'Etolie contre les Athéniens, un prêtre d'Apollon, nommé Carnus, se présenta, et leur prédit de grands malheurs. Ils le prirent pour un magicien, et le tuèrent à coups de flèches. La peste qui suivit fut attribuée à la mort du devin; et, pour apaiser le dieu dont il était ministre, on éleva à Apollon un temple sous le nom de Carnéen, et on institua des fêtes.
    Caron. La fable du batelier des enfers vint, dit-on, de Memphis, en Grèce. Fils de l’Erèbe et de la Nuit, il traversait le Cocyte et l’Achéron dans une barque étroite. Vieux et avare, il n’y recevait que les ombres de ceux qui avaient reçu la sépulture et qui lui payaient le passage. Nul mortel pendant sa vie ne pouvait y entrer, à moins qu’un rameau d’or consacré à Proserpine ne lui servît de sauf-conduit ; et le pieux Énée eut besoin que la sibylle lui fît présent de cette passe lorsqu’il voulut pénétrer dans le royaume de Pluton. Longtemps avant le passage de ce prince, le nocher infernal avait été exilé pendant un-an dans un lieu obscur du Tartare, pour avoir reçu dans son bateau Hercule, qui ne s’était pas muni du rameau.
    Mahomet, dans le Koran, chap. 28, a confondu Caron avec Coré, que la terre engloutit lorsqu’il outrageait Moïse. L’Arabe Mutardi, dans son ouvrage sur l’Égypte, fait de Caron un oncle du législateur des Hébreux, et comme il soutint toujours son neveu avec zèle, ce dernier lui apprit l’alchimie et le secret du grand œuvre, au moyen duquel il amassa des sommes immenses. Rien ici n’est conforme aux saintes Écritures.
    Selon Hérodote, Caron, d’abord simple prêtre de Vulcain, usurpa le souverain pouvoir en Egypte. Devenu roi, il imposa sur les inhumations un gros tribut ; et de l’or qu’il en tira il fit bâtir le célèbre labyrinthe d’Égypte.
    Carpentier (Richard), bénédictin anglais du dix-septième siècle. On recherche de lui : 1° la Ruine de l’Antéchrist, in-8°, 1648 ; 2° Preuves que l’astrologie est innocente, utile et précise, in-4°, Londres, 1653. Il a publié une autre singularité intitulée « la Loi parfaite de Dieu, sermon qui n’est pas sermon, qui a été prêché et n’a pas été prêché, 1652 ».
    Carpocratiens, hérésiarques du deuxième siècle qui reconnaissaient pour chef Carpocrate, professeur de magie, selon l’expression de saint Irénée. Ils contaient que les anges venaient de Dieu par une suite de générations infinies, que lesdits anges s’étaient avisés un jour de créer le monde et les âmes, lesquelles n’étaient unies à des corps que parce qu’elles avaient oublié Dieu. Carpocrate prétendait que tout ce que nous apprenons n’est que réminiscence. Il regardait les anges comme nous les démons ; il les disait ennemis de l’homme, et croyait leur plaire en se livrant à toutes ses passions et aux plaisirs les plus honteux. Ses disciples cultivaient la magie, faisaient des enchantements et avaient des secrets merveilleux. Ils marquaient leurs sectateurs à l’oreille et commettaient beaucoup d’abominations. Cette secte ne subsista pas longtemps.
    Carra (Jean-Louis), aventurier du dernier siècle, qui se fit girondin, et fut guillotiné en 1793. Il a laissé entre autres ouvrages un Examen physique du magnétisme animal, in-8°, 1785.
    Carreau, démon invoqué comme prince des puissances dans les litanies du sabbat.
    Carrefours, lieux où quatre chemins aboutissent. C’est aux carrefours que les sorciers se réunissent ordinairement pour faire le sabbat. On montre encore, dans plusieurs provinces, quelques-uns de ces carrefours redoutés, au milieu desquels étaient placés des poteaux que les sorciers ou les démons entouraient de lanternes pendant la fête nocturne. On fait remarquer aussi sur le sol un large rond où les démons dansaient ; et l’on prétend que l’herbe ne peut y croître. C’est aussi dans un carrefour que l’on tue la poule noire pour évoquer le diable.
    Cartagra, région du purgatoire. Voy. Gamygyn.
    Cartes. Voy. Cartomancie. Mais, outre l’art de tirer les cartes, qui est exposé plus bas, on pratique avec ce jeu d’autres divinations. Les journaux de janvier 1862 contenaient à ce sujet une anecdote que nous croyons devoir reproduire :
    « Le 6 janvier, jour des Rois, trois jeunes gens, deux frères et un de leurs amis, jouaient, le soir, aux cartes au coin du feu, dans la maison de l’un d’eux, à Pignicourt (Aisne). Après quelques parties, il vint à un des joueurs la bizarre fantaisie d’interroger le sort par la voie des cartes, et de jouer à l’écarté et au dernier restant quel serait celui des trois qui mourrait le premier. Le plus jeune s’opposait vivement à ce que l’on tentât ainsi le hasard ; mais, malgré lui, les deux autres s’attablèrent et commencèrent leur jeu de mort. La première partie fut perdue par le plus âgé, qui est mort le 16 février. Le plus jeune, celui qui avait d’abord refusé de jouer, perdit la seconde et mourut dix jours après son frère, c’est-à-dire le 26 février. Le dernier restant à l’écarté, celui qui aurait du, ce semble, survivre, frappé peut-être plus vivement que les autres de la fatale prédiction, est mort le premier de tous, le 26 janvier. Ils étaient âgés de vingt, vingt-huit et trente-trois ans. (Journal de l’Aisne). »
    Carticeya, fils de Shiva et de Parvati, et divinité du deuxième ordre. Il a six faces et une multitude d'yeux. Ses bras nombreux sont armés de massues, de sabres et de flèches; il a un paon pour monture. On le regarde comme le commandant de l'armée céleste; et, sous ce rapport, il paraît avoir quelque affinité avec le Mars des Romains.
    Cartomancie, divination par les cartes, plus connue sous le nom d’art de tirer les cartes. On dit que les cartes ont été inventées pour amuser la folie de Charles VI ; mais Alliette, qui écrivit sous le nom d’Etteilla, nous assure que la cartomancie, qui est l’art de tirer les cartes, est bien plus ancienne. Il fait remonter cette divination au jeu des bâtons d’Alpha (nom d’un Grec fameux exilé en Espagne, dit-il). Il ajoute qu’on a depuis perfectionné cette science merveilleuse. On s’est servi de tablettes peintes ; et quand Jacquemin Gringoœur offrit les cartes au roi Charles le Bien-Aimé, il n’avait eu que la peine de transporter sur des cartons ce qui était connu des plus habiles devins sur des planchettes. Il est fâcheux que cette assertion ne soit appuyée d’aucune preuve.
    Cependant les cartes à jouer sont plus anciennes que Charles VI. Boissonade a remarqué que le petit Jehan de Saintré ne fut honoré de la faveur de Châties V que parce qu’il ne jouait ni aux cartes ni aux dés. Il fallait bien aussi qu’elles fussent connues en Espagne lorsque Alphonse XI les prohiba en 1332, dans les statuts de l’ordre de la Bande. Quoi qu’il en soit, les cartes, d’abord tolérées, furent ensuite condamnées ; et c’est une opinion encore subsistante dans l’esprit de quelques personnes que qui tient les cartes tient le diable. C’est souvent vrai, au figuré. « Ceux qui font des tours de cartes sont sorciers le plus souvent, » dit Boguet. Il cite un comte italien qui vous mettait en main un dix de pique, et vous trouviez que c’était un roi de cœur. Que penserait-il des prestidigitateurs actuels ?
    Il n’est pas besoin de dire qu’on a trouvé tout dans les cartes, histoire, sabéisme, sorcellerie. Il y a même eu des doctes qui ont vu toute l’alchimie dans les figures ; et certains cabalistes ont prétendu y reconnaître les esprits des quatre éléments. Les carreaux sont les salamandres, les cœurs sont les sylphes, les trèfles les ondins, et les piques les gnomes.
    Arrivons à l’art de tirer les cartes. On se sert presque toujours, pour la cartomancie, d’un jeu de piquet de trente-deux cartes, où les ligures n’ont qu’une tête. Les cœurs et les trèfles sont généralement bons et heureux ; les carreaux et les piques, généralement mauvais et malheureux. Les figures en cœur et en carreau annoncent des personnes blondes ou châtain-blond ; les figures en pique ou en trèfle annoncent des personnes brunes ou châtain-brun. Voici ce que signifie chaque carte : Les huit cœurs. — Le roi de cœur est un homme honorable qui cherche à vous faire du bien ; s’il est renversé, il sera arrêté dans ses loyales intentions. La dame de cœur est une femme honnête et généreuse de qui vous pouvez attendre des services ; si elle est renversée, c’est le présage d’un retard dans vos espérances. Le valet de cœur est un brave jeune homme, souvent un militaire, qui doit entrer dans votre famille et cherche à vous être utile ; il en sera empêché s’il est renversé. L’as de cœur annonce une nouvelle agréable ; il représente un festin ou un repas d’amis quand il se trouve entouré de figures. Le dix de cœur est une surprise qui fera grande joie ; le neuf promet une réconciliation, il resserre les liens entre les personnes qu’on veut brouiller. Le huit promet de la satisfaction de la part des enfants. Le sept annonce un bon mariage.
    Les huit carreaux. — Le roi de carreau est un homme assez important qui pense à vous nuire, et qui vous nuira s’il est renversé. La dame est une méchante femme qui dit du mal de vous, et qui vous fera du mal si elle est renversée. Le valet de carreau est un militaire ou un messager qui vous apporte des nouvelles désagréables ; et s’il est renversé, des nouvelles fâcheuses. L’as de carreau annonce une lettre ; le dix de carreau, un voyage nécessaire et imprévu ; le neuf, un retard d’argent ; le huit, des démarches qui surprendront de la part d’un jeune homme ; le sept, un gain de loterie ; s’il se trouve avec l’as de carreau, assez bonnes nouvelles.
    Les huit piques. — Le roi représente un commissaire, un juge, un homme de robe avec qui on aura des disgrâces ; s’il est renversé, perte d’un procès. La dame est une veuve qui cherche à vous tromper : si elle est renversée, elle vous trompera. Le valet est un jeune homme qui vous causera des désagréments ; s’il est renversé, présage de trahison. L’as, grande tristesse ; le dix, emprisonnement ; le neuf, retard dans les affaires ; le huit, mauvaise nouvelle ; s’il est suivi du sept de carreau, pleurs et discordes. Le sept, querelles et tourments, à moins qu’il ne soit accompagné de cœurs.
    Les huit trèfles. — Le roi est un homme juste, qui vous rendra service ; s’il est renversé, ses intentions honnêtes éprouveront du retard. La dame est une femme qui vous aime ; une femme jalouse, si elle est renversée. Le valet promet un mariage, qui ne se fera pas sans embarras préliminaires, s’il est renversé. L’as, gain, profit, argent à recevoir ; le dix, succès ; s’il est suivi du neuf de carreau, retard d’argent ; perte s’il se trouve à côté du neuf de pique. Le neuf, réussite ; le huit, espérances fondées : le sept, faiblesse, et s’il est suivi d’un neuf, héritage.
    Quatre rois de suite, honneurs ; trois de suite, succès dans le commerce ; deux rois de suite, bons conseils. Quatre dames de suite, grands caquets ; trois dames de suite, tromperies ; deux dames de suite, amitié. Quatre valets de suite, maladie contagieuse ; trois valets de suite, paresse ; deux valets de suite, dispute. Quatre as de suite, une mort ; trois as de suite, libertinage ; deux as de suite, inimitié. Quatre dix de suite, événements désagréables ; trois dix de suite, changement d’état ; deux dix de suite, perte. Quatre neuf de suite, bonnes actions ; trois neuf de suite, imprudence ; deux neuf de suite, argent. Quatre huit de suite, revers ; trois huit de suite, mariage ; deux huit de suite, désagréments. Quatre sept de suite, intrigues ; trois sept de suite, divertissements ; deux sept de suite, petites nouvelles.
    Il y a plusieurs manières de tirer les cartes. La plus sûre méthode est de les tirer par sept, comme il suit : Après avoir mêlé le jeu, on le fait couper de la main fauche par la personne pour qui on opère ; on compte les cartes de sept en sept, mettant de côté la septième de chaque paquet. On répète l’opération jusqu’à ce qu’on ait produit douze cartes. Vous étendez ces douze cartes sur la table les unes à côté des autres, selon l’ordre dans lequel elles sont venues ; ensuite vous cherchez ce qu’elles signifient, d’après la valeur et la position de chaque carte, ainsi qu’on l’a expliqué. Mais avant de tirer les cartes, il ne faut pas oublier de voir si la personne pour laquelle on les tire est sortie du jeu. On prend ordinairement le roi de cœur pour un homme blond marié ; le roi de trèfle pour un homme brun marié ; la dame de cœur pour une dame ou une demoiselle blonde ; la dame de trèfle pour une dame ou une demoiselle brune ; le valet de cœur pour un jeune homme blond ; le valet de trèfle pour un jeune homme brun. — Si la carte qui représente la personne pour qui on opère ne se trouve pas dans les douze cartes que le hasard vient d’amener, on la cherche dans le reste du jeu, et on la place simplement à la fin des douze cartes sorties. Si, au contraire, elle s’y trouve, on fait tirer à la personne pour qui on travaille (ou l’on lire soi-même si c’est pour soi que l’on consulte) une treizième carte à jeu ouvert. On la place pareillement à la fin des douze cartes étalées, parce qu’il est reconnu qu’il faut treize cartes. Alors, on explique sommairement l’ensemble du jeu. Ensuite, en partant de la carte qui représente la personne pour qui on interroge le sort, on compte sept et on s’arrête ; on interprète la valeur intrinsèque et relative de la carte sur laquelle on fait station ; on compte sept de nouveau, et de nouveau on explique, parcourant ainsi tout le jeu à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’on revienne précisément à la carte de laquelle on est parti. On doit déjà avoir vu bien des choses, il reste cependant une opération importante. On relève les treize cartes, on les mêle, on fait à nouveau couper de la main gauche. Après quoi on dispose les cartes à couvert sur dix paquets : 1° pour la personne ; 2° pour la maison ou son intérieur ; 3° pour ce qu’elle attend ; 4° pour ce qu’elle n’attend pas ; 5° pour sa surprise ; 6° pour sa consolation ou sa pensée. — Les six premières cartes ainsi rangées sur la table, il en reste sept dans la main. On fait un second tour, mais on ne met une carte que sur chacun des cinq premiers paquets. Au troisième tour, on pose les deux dernières cartes sur les numéros 1 et 2. On découvre ensuite successivement chaque paquet, et on l’explique en commençant par le premier, qui a trois cartes ainsi que le deuxième, en finissant par le dernier qui n’en a qu’une. — Voilà tout entier l’art de tirer les cartes ; les méthodes varient ainsi que la valeur des cartes, auxquelles on donne dans les livres spéciaux des sens très-divers et très-arbitraires ; mais les résultats ne varient pas.
    Nous terminerons en indiquant la manière de faire ce qu’on appelle la réussite. — Prenez également un jeu de piquet de trente-deux cartes. Faites huit paquets à couvert de quatre cartes chacun, et les rangez sur la table ; retournez la première carte de chaque paquet ; prenez les cartes de la même valeur deux par deux, comme deux dix, deux rois, deux as, etc., en retournant toujours à découvert sur chaque paquet la carte qui suit celle que vous enlevez. Pour que la réussite soit assurée, il faut que vous retiriez de la sorte toutes les cartes du jeu, deux par deux, jusqu’aux dernières. — On fait ces réussites pour savoir si un projet ou une affaire aura du succès, ou si une chose dont on doute a eu lieu.
    Alliette, sous le nom d’Etteilla, a publié un long traité sur cette matière. Citons encore l’Oracle parfait, ou nouvelle manière de tirer les cartes, au moyen de laquelle chacun peut faire son horoscope. In-12, Paris, 1802. Ce petit livre, de 92 pages, est dédié au beau sexe par Albert d’Alby. L’éditeur est M. de Valembert, qui fait observer que l’Oracle parfait devait paraître en 1788 ; que la censure l’arrêta, et qu’on n’a pu qu’en 1802 en gratifier le public. La méthode de ce livre est embrouillée ; l’auteur veut qu’on emploie vingt cartes disposées en cinq tas, de cette manière : un au milieu, un au-dessus, un au-dessous, et un de chaque côté ; ce qui fait une croix. Les cartes d’en haut signifient ce qui doit arriver bientôt, les cartes de droite ce qui arrivera dans un temps plus éloigné ; les cartes d’en bas sont pour le passé ; les cartes de gauche pour les obstacles ; les cartes du milieu pour le présent. On explique ensuite d’après les principes.
    Mais c’en est assez sur la cartomancie. Nous n’avons voulu rien laisser ignorer du fondement de cette science aux dames qui consultent leurs cartes et qui doutent de Dieu. Cependant nous les prierons d’observer que ce grand moyen de lever le rideau qui nous cache l’avenir s’est trouvé quelquefois en défaut. Une des plus fameuses tireuses de cartes fit le jeu pour un jeune homme sans barbe qui s’était déguisé en fille. Elle lui promit un époux riche et bien fait, trois garçons, une fille, des couches laborieuses, mais sans danger. — Une dame qui commençait à hésiter dans sa confiance aux cartes se fit un jour une réussite pour savoir si elle avait déjeuné. Elle était encore à table devant les plats vides ; elle avait l’estomac bien garni ; toutefois les cartes lui apprirent qu’elle était à jeun, car la réussite ne put avoir lieu.
    Casaubon (Médéric), fils d'Isaac Casaubon, né à Genève en 1599. On a de lui un Traité de l’Enthousiasme, publié en 1655, in-8°. Cet ouvrage est dirigé contre ceux qui attribuent l’enthousiasme à une inspiration du ciel ou à une inspiration du démon. On lui doit de plus un Traité de la crédulité et de l’incrédulité dans les choses spirituelles, in-8°, Londres, 1670. Il y établit la réalité des esprits, des merveilles surnaturelles et des sorciers . Nous citerons aussi sa Véritable et fidèle relation de ce qui s’est passé entre Jean Dée et certains esprits, 1659, in-folio.
    Casi, lieu où se trouve une pagode fameuse sur les bords du Gange, dont le territoire jouit d'un singulier privilège. Lorsque ceux qui y meurent sont à l'agonie, Eswara ne manque point de leur venir souffler dans l'oreille droite, et de les purifier ainsi de tous leurs péchés; c'est pour cela que les hommes et les bêtes meurent couchés sur l'oreille gauche. Si quelqu'un s'était par mégarde couché sur l'oreille droite, il ne manque pas de se tourner de l'autre côté au moment d'expirer; et les tentatives des esprits forts ont confirmé la vérité du prodige. Comme les âmes de ceux qui meurent à Casi ne doivent pas retourner sur terre, leurs corps se changent en pierre.
    Casmann (Othon), savant Allemand du seizième siècle, auteur d’un livre sur les anges intitulé Angélographie . Il a laissé un autre ouvrage, que quelques personnes recherchent, sur les mystères de la nature .
    Cassandre (en grec ancien Κασσάνδρα / Kassándra) est la fille de Priam (roi de Troie) et d'Hécube. Elle porte parfois le nom d'Alexandra en tant que sœur de Pâris-Alexandre. Elle reçoit d'Apollon le don de prédire l'avenir mais, comme elle se refuse à lui, il décrète que ses prédictions ne seront jamais crues, même de sa famille. Certaines sources en font également la sœur jumelle du devin Hélénos.
    Cassandre était connue pour sa très grande beauté, « semblable à l'Aphrodite d'or » nous dit Homère, ce qui amena Apollon à tomber amoureux d'elle. Il lui accorda le don de prophétie en échange de leurs futurs ébats. Cassandre accepta le don mais se refusa au dieu. Apollon lui cracha à la bouche, ce qui l'empêcherait à jamais de se faire comprendre ou d'être crue, même par sa propre famille.
    Alors que sa mère était à nouveau enceinte, Cassandre lui prédit que le fruit de sa chair causerait la perte de Troie. Sa mère écarta donc son frère Pâris de la ville si chère à ses yeux. Cassandre prévint Pâris, à son retour, que son voyage à Sparte l'amènerait à enlever Hélène et causerait ainsi la perte de Troie. Lorsque Pâris ramena Hélène à Troie, Cassandre était seule à prédire le malheur, les Troyens étant subjugués par sa beauté.
    Elle avertit également que le cheval offert par les Grecs était un subterfuge qui conduirait Troie à sa perte. Plus Cassandre voyait l'avenir avec précision, moins on l'écoutait. En transe, elle annonça des événements terribles dans un délire qui la fit passer pour folle. De ce fait, chacun la fuit. Elle répandit aussi le malheur : les princes étrangers qui la courtisaient, luttant aux côtés des Troyens, tombèrent sous le coup des guerriers grecs ; Cassandre était ainsi vouée à rester seule, elle ne se maria jamais. Par exemple, avant la Guerre de Troie, le roi Priam avait promis la main de sa fille à Othryonée, un habitant de la ville de Cabésos, en échange de sa participation à la guerre, mais Idoménée tua ce dernier d'un coup de lance dans le ventre.
    Télèphe, fils d'Héraclès, refusa de combattre contre Troie à la demande des Grecs. Le père de Cassandre, Priam, sollicita le fils de Télèphe, Eurypyle, de prendre son parti et de conduire ses hommes à la guerre avec les Troyens. Si Télèphe refusa aux Grecs de prendre part à la guerre à cause de son épouse Astyoché, liée à la maison de Troie (elle est la tante de Cassandre), Priam parvint à convaincre Eurypyle de le rejoindre en achetant la réticence de sa mère Astyoché : la récompense était un pied de vigne d'or divin. Mais pour l'auteur Dictys de Crète, Priam aurait surenchéri en offrant la main de Cassandre.
    C'est Cassandre depuis le sommet de la citadelle qui, la première, alors que l'aube se levait, vit le char mené par l'illustre Priam revenant vers les portes Scées de la ville, reconduisant le corps sans vie de son frère Hector qu'Achille avait bien voulu rendre.
    Pendant que tous les soldats grecs envahissaient la ville, Cassandre, qui s'était réfugiée près du Palladium, fut violée par Ajax, alors qu'elle s’agrippait à la statue d'Athéna. Pour expier cet acte profanatoire, les Locriens furent condamnés à envoyer chaque année à Troie deux jeunes filles vierges, destinées à être des servantes du Palladium ; si les habitants s'en emparaient avant qu'elles arrivent au temple, elles étaient immolées.
    À la suite du drame, Cassandre fut retrouvée par les Grecs, qui décidèrent de l'épargner à la demande d'Agamemnon, celui-ci la trouvant à son goût. Rentré dans son royaume, il fut assassiné par Égisthe, l'amant de son épouse Clytemnestre, laquelle était furieuse de cette liaison et de l'immolation de sa fille Iphigénie. Elle poursuivit Cassandre et l'assassina à son tour. Cassandre avait eu au préalable une vision de son propre meurtre et de celui d'Agamemnon, mais ce dernier n'avait pas voulu la croire. Elle mourut sans regrets, ayant assisté au massacre de sa famille.
    Gustav Hinrichs voyait en Cassandre une contrepartie d'Hélène, elle-même double humain de la déesse Aphrodite. Selon Paul Wathelet, elle s'identifie à la déesse Alexandra, connue en Laconie et en Daunie, « où elle est invoquée par les jeunes filles qui veulent se débarrasser d'un fiancé non souhaité ». Son nom a été interprété comme « celle qui écarte les hommes ». Wathelet rappelle que tous les hommes qui l'ont approchée ont eu un destin funeste : Othrynée et Corèbe qui meurent misérablement, Ajax qui est foudroyé, Agamemnon qui est assassiné. Pour Jean Haudry, elle est « celle qui fait le malheur des hommes », initialement par le blâme.
    Cassius de Parme. Antoine venait de perdre la bataille d’Actium ; Cassius de Parme, qui avait suivi son parti, se retira dans Athènes : là, au milieu de la nuit, pendant que son esprit s’abandonnait aux inquiétudes, il vit paraître devant lui un homme noir qui lui parla avec agitation. Cassius lui demanda qui il était. — Je suis ton démon  — répondit le fantôme. Ce mauvais démon était la peur. À cette parole, Cassius s’effraya et appela ses esclaves ; mais le démon disparut sans se laisser voir à d’autres yeux. Persuadé qu’il rêvait, Cassius se recoucha et chercha à se rendormir ; aussitôt qu’il fut seul, le démon reparut avec les mêmes circonstances. Le Romain n’eut pas plus de force que d’abord; il se fit apporter des lumières, passa le reste de la nuit au milieu de ses esclaves, et n’osa plus rester seul. Il fut tué peu de jours après par l’ordre du vainqueur d’Actium .
    Casso ou Alouette. On assure que celui qui portera sur soi les pieds de cet oiseau ne sera jamais persécuté ; au contraire, il aura toujours l’avantage sur ses ennemis. Si on enveloppe l’œil droit de l’alouette dans un morceau de la peau d’un loup, l’homme qui le portera sera doux, agréable et plaisant ; et si on le met dans du vin, on se fera chérir de la personne qui le boira.
    Cassotide. Nom d'une fontaine de Delphes, dont l'eau allait sous terre dans le lieu le plus secret du temple où sa vertu prophétique inspirait des femmes qui y rendaient des oracles.
    Castaigne (Gabriel de), aumônier de Louis XIII, cordelier et alchimiste. On lui doit l’Or potable qui guérit de tous maux, in-8°, rare, Paris, 1611 ; le Paradis terrestre, où l’on trouve la guérison de toute maladie, in-8°, Paris, 1615 ; « le Grand Miracle de nature métallique, que en imitant icelle sans sophistiqueries, tous les métaux imparfaits se rendront en or fin, et les maladies incurables se guériront, » in-8°, Paris, 1615.
    Castalie, fontaine d'Asie, près d'Antioche, au faubourg de Daphné. Il y avait là un oracle célèbre, qui prédit l'empire à Adrien. Ce prince, parvenu à la souveraine puissance, fit boucher la fontaine avec de grosses pierres, dans la crainte que d'autres ne recherchassent et n'obtinssent une semblable faveur. 
    Castalin (Diégo). Discours prodigieux et épouvantable de trois Espagnols et une Espagnole, magiciens et sorciers qui se faisaient porter par les diables de ville en ville, avec leurs déclarations d’avoir fait mourir plusieurs personnes et bétail par leurs sortilèges, et aussi d’avoir fait plusieurs dégâts aux biens de la terre. Ensemble, l’arrêt prononcé contre eux par la cour du parlement de Bordeaux, in-8°, rare. Paris, 1626.
    « Trois Espagnols, accompagnés d’une femme espagnole, aussi sorcière et magicienne, se sont promenés par l’Italie, Piémont, Provence, Franche-Comté, Flandre, et ont, par plusieurs fois, traversé la France, et tout aussitôt qu’ils avaient reçu quelque déplaisir de quelques-uns, en quelques villes, ils ne manquaient, par le moyen de leurs pernicieux charmes, de faire sécher les blés et les vignes ; et pour le regard du bétail, il languissait quelques trois semaines, puis demeurait mort, tellement qu’une partie du Piémont a senti ce que c’était que leurs maudites façons de faire.
    » Quand ils avaient fait jouer leurs charmes en quelques lieux par leurs arts pernicieux, ils se faisaient porter par les diables dans les nuées, de ville en ville, et quelquefois faisaient cent lieues le jour. Mais comme la justice divine ne veut pas longuement souffrir les malfaiteurs, Dieu permit qu’un curé, nommé messire Benoît la Fave, passant près de Dôle, rencontrât ces Espagnols avec leur servante, lesquels se mirent en compagnie avec lui et lui demandèrent où il allait. Après leur avoir déclaré et conté une partie de son ennui pour la longueur du chemin, un de ces Espagnols, nommé Diégo Castalin, lui dit : — Ne vous déconfortez nullement, il est près de midi ; mais je veux que nous allions aujourd’hui coucher à Bordeaux.
    » Le curé ne répliqua rien, croyant qu’il le disait par risée, vu qu’il y avait près de cent lieues. Néanmoins, après s’être assis tous ensemble, ils se mirent à sommeiller. Au réveil du curé, il se trouve aux portes de Bordeaux avec ces Espagnols. Un conseiller de Bordeaux fut averti de cette merveille ; il voulut savoir comment cela s’était passé : il dénonce les trois Espagnols et la femme. On fouille leurs bagages, où se trouvent plusieurs livres, caractères, billets, cires, couteaux, parchemins et autres denrées servant à la magie. Ils sont examinés ; ils confessent le tout, disant, entre autres choses, d’avoir fait, par leurs œuvres, périr les fruits de la terre aux endroits qu’il leur plaisait, d’avoir fait mourir plusieurs personnes et bestiaux, et qu’ils étaient résolus de faire plusieurs maux du côté de Bordeaux. La cour leur fit leur procès extraordinaire, qui fut prononcé le 1 er mars 1610, et condamna Diégo Castalin, Francisco Ferdillo, Vincentio Torrados et Catalina Fiosela à être pris et menés par l’exécuteur de la haute justice en la place du marché aux porcs, et être conduits sur un bûcher, pour là être brûlés tout vifs, et leurs corps être mis en cendres, avec leurs livres, caractères, couteaux, parchemins, billets et autres choses propres servant à la magie.
    » L’Espagnole qui les servait, nommée Catalina Fiosela, confessa une infinité de méchancetés par elle exercées, entre autres que, par ses sortilèges, elle avait infecté, avec certains poisons, plusieurs fontaines, puits et ruisseaux, et aussi qu’elle avait fait mourir plusieurs bétails, et fait, par ses charmes, tomber pierres et grêles sur les biens et fruits de la terre.
    » Voilà qui doit servir d’exemple à plusieurs personnes qui s’étudient à la magie ; d’autres, sitôt qu’ils ont perdu quelque chose, s’en vont au devin et sorcier, et ne considèrent pas qu’allant vers eux, ils vont vers le diable, prince des ténèbres. »
    On ne peut voir dans ce récit que l’histoire d’une bande de malfaiteurs.
    Castellini (Luc), frère prêcheur du dix-septième siècle. On rencontre des prodiges infernaux dans son Traité des miracles .
    Castor. C’est une opinion très-ancienne et très-commune que le castor se mutile pour se dérober à la poursuite des chasseurs. On la trouve dans les hiéroglyphes des Égyptiens, dans les fables d’Ésope, dans Pline, dans Aristote, dans Élien ; mais cette opinion n’en est pas moins une erreur aujourd’hui reconnue .
    Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda. On en fit des dieux marins ; et, dans l’antiquité, les matelots appelaient feux de Castor et Pollux ce que nos marins appellent feux Saint-Elme. Les histoires grecques et romaines sont remplies d’apparitions de Castor et Pollux. Pendant que Paul-Émile faisait la guerre en Macédoine, Publius Vatinius, revenant à Rome, vit subitement devant lui deux jeunes gens beaux et bien faits, montés sur des chevaux blancs, qui lui annoncèrent que le roi Persée avait été fait prisonnier la veille. Vatinius se hâta de porter au sénat cette nouvelle ; mais les sénateurs, croyant déroger à la majesté de leur caractère en s’arrêtant à des puérilités, firent mettre cet homme en prison. Cependant, après qu’on eut reconnu par les lettres du consul que le roi de Macédoine avait été effectivement pris ce jour-là, on tira Vatinius de sa prison ; on le gratifia de plusieurs arpents de terre, et le sénat reconnut que Castor et Pollux étaient les protecteurs de la république.
    Pausanias explique cette apparition : « C’étaient, dit-il, des jeunes gens revêtus du costume des Tyndarides et apostés pour frapper les esprits crédules. »
    On sait que Castor et Pollux sont devenus la constellation des Gémeaux.
    Castro (Alphonse de), célèbre prédicateur né au Pérou, et l’un des plus savants théologiens du seizième siècle, auteur d’un livre contre les magiciens .
    Cataboliques. « Ceux qui ont lu les anciens savent que les démons cataboliques sont des démons qui emportent les hommes, les tuent, brisent et fracassent, ayant cette puissance sur eux. De ces démons cataboliques, Fulgence raconte qu’un certain Campester avait écrit un livre particulier, qui nous servirait bien, si nous l’avions, pour apprendre au juste comment ces diables traitaient leurs suppôts, les magiciens et les sorciers . »
    Cathaï-Khann, prince de la mer chez les Tartares. Ce démon est un affreux cannibale qui se saisit un jour de son compère Djilbeguenn, dit le trompeur, le fit bouillir et le mangea. Il possède une flèche qui lui revient toujours quand elle a accompli sa mission. Elle a percé un jour une montagne de cuivre et lui est revenue après avoir fait le tour de la terre. Un serpent aux écailles d’or, qui avait sur sa tête une corne d’argent et des yeux d’escarboucle, distants de douze arpents l’un de l’autre, avec une queue sans fin, dévora son enfant. Cataï lui décocha sa flèche au front, qu’elle sépara en deux. Le prince de la mer trouva son enfant dans le ventre du serpent ; l’enfant vivait encore là, en compagnie de quelques héros, vivants encore aussi, avec leurs chevaux. Alors le cheval de Cataï dit à son maître : « Enlève la couverture qui est sous ma selle ; et je donnerai à l’enfant le peu de lait qui me reste du temps où je tétais ma mère ; » et l’enfant vécut ; et plus tard il mangea aussi son père . Ce sont là des traditions tartares.
    Catalde, évêque de Tarente au sixième siècle. Mille ans après sa mort, on raconte qu’il se montra une nuit, en vision, à un jeune Tarentin du seizième siècle, et le chargea de creuser en un lieu qu’il lui désigna, où il avait caché et enterré un livre écrit de sa main pendant qu’il était au monde, lui disant qu’incontinent qu’il aurait recouvré ce livre, il ne manquât point de le faire tenir à Ferdinand, roi d’Aragon et de Naples, qui régnait alors. Le jeune homme n’ajouta point foi d’abord à cette vision, quoique Catalde lui apparût presque tous les jours pour l’exhorter à faire ce qu’il lui avait ordonné. Enfin, un matin, avant l’aurore, comme il était en prière, il aperçut Catalde vêtu de l’habit épiscopal, lequel lui dit avec une contenance sévère : — Tu n’as pas tenu compte de chercher le livre que je t’avais enseigné et de l’envoyer au roi Ferdinand ; sois assuré, cette fois pour toutes, que si tu n’exécutes ce que je t’ai commandé, il t’en adviendra mal.
    Le jouvenceau, intimidé de ces menaces, publia sa vision ; le peuple ému s’assembla pour l’accompagner au lieu marqué. On y arriva ; on creusa la terre ; on trouva un petit coffre de plomb, si bien clos et cimenté que l’air n’y pouvait pénétrer, et au fond du coffret se vit le livre où toutes les misères qui devaient arriver au royaume de Naples, au roi Ferdinand et à ses enfants, étaient décrites en formes de prophétie, lesquelles ont eu lieu ; car Ferdinand fut tué au premier conflit ; son fils Alphonse, à peine maître du trône, fut mis en déroute par ses ennemis, et mourut en exil. Ferdinand, le puîné, périt misérablement à la Heur de son âge, accablé de guerres, et Frédéric, petit-fils du défunt Ferdinand, vit brûler, saccager et ruiner son pays .
    Catalepsie, semblance d’apoplexie, état d’où résulte, dit M. Lecouturier, « une insensibilité capable de faire supporter sans douleur l’opération chirurgicale la plus cruelle. La catalepsie est causée par l’obstruction des agents, nerveux. Il en naît une singulière combinaison de roideur et de souplesse dans les muscles, qui fait que les cataleptiques, complètement immobiles par eux-mêmes, se laissent aller à tous les mouvements réguliers qu’on leur imprime et restent fixés dans toutes les attitudes normales qu’on leur communique. On peut même leur faire prendre des attitudes pénibles dans lesquelles il serait impossible à l’homme le plus robuste de se maintenir. »
    Cette maladie, qui explique quelques phénomènes de la sorcellerie, est provoquée ou spontanée. Voy. Hypnotisme et Sommeil magnétique.
    Catalonos ou Babailanas, prêtresses des Indiens des îles Philippines. Elles lisent dans l’avenir et prédisent ce qui doit arriver. Quand elles ont annoncé le bien ou le mal à ceux qui les consultent, elles font le sacrifice d’un cochon, qu’elles tuent d’un coup de lance et qu’elles offrent en dansant aux mauvais génies et aux âmes des ancêtres, lesquelles, dans l’opinion des Indiens, fixent leurs demeures sous de grands arbres.
    Catanancée. Le grec katanánkhê (κατανάγχη), latinisé en catanance, a eu le sens secondaire d'« incantation, sortilège » (c'est, proprement, tout moyen de contrainte et, en particulier, ceux permettant d'obliger à aimer, d'où le sens de philtre). La plante est désignée ainsi par Dioscoride, médecin grec du premier siècle de notre ère. Il semble que Pline ait utilisé le nom pour désigner la plante Ornithopus compressus. Il évoque de toute façon les pouvoirs magiques qu'aurait eus la catananche dans la préparation de philtres d'amour. D'où son autre nom de cupidone, ou encore le fait que les bergers l'aient parfois appelée philtre d'amour.
    Comme les autres composées, la catananche présente des fleurs (ou fleurons) regroupées en capitules entourés d'un involucre de bractées. La principale caractéristique du genre est son involucre arrondi formé de bractées écailleuses et brillantes. Les feuilles supérieures, très petites, sont semblables aux bractées. Les feuilles inférieures sont très allongées et velues. Les fleurs sont toutes ligulées.
    Cataramonachia, anathème que fulminent les popes grecs. Dans quelques îles de la Morée, on dit que cet anathème donne une fièvre lente dont on meurt en six semaines.
    Catelan (Laurent), pharmacien de Montpellier au dix-septième siècle. Il a laissé une Histoire de la nature, chasse, vertus, propriétés et usages de la licorne, Montpellier, in-8°, 1624, et un rare et curieux discours de la plante appelée mandragore, Paris, in-12, 1639.
    Cathares. Membres d'une secte religieuse du Moyen Âge, d'origine chrétienne. 
    La doctrine des cathares, qui trouve en pays d'oc une terre d'élection, s'apparente à la doctrine des bogomiles ou des pauliciens. Le catharisme, apparu dans le Limousin à la fin du xie s., s'étend au xiie dans le midi de la France : Toulouse, Carcassonne, Foix, Béziers en sont les principaux foyers. La doctrine repose sur un dualisme affirmant l'existence de deux principes premiers, celui du Bien, créateur du monde spirituel, et celui du Mal, créateur du monde matériel. L'homme, en se détachant de la matière, échappe à l'empire de Satan et s'unit au Dieu bon. Rejetant les sacrements de l'Église catholique, les cathares administraient un baptême de l'esprit, ou consolamentum, qui astreignait ceux qui l'avaient reçu (par imposition des mains) à une vie chaste et austère ; dans la hiérarchie cathare, on les appelait les « parfaits ». Les simples croyants, dits aussi « bons hommes », étaient tenus à des observances moins rigoureuses et recevaient le consolamentum à l'heure de la mort. Les cathares avaient leurs évêques et se considéraient comme une Église. Leur vie, empreinte de charité évangélique, leur valut de nombreux adeptes, mais l'Église catholique vit dans le catharisme un danger pour son unité et ses dogmes. La croisade des albigeois (1209-1229), voulue par Innocent III et conduite par Simon de Montfort au profit des Capétiens, désorganisa le mouvement cathare, soutenu par les grands féodaux du sud de la France. La chrétienté ne gagna rien à la féroce répression exercée contre les hérétiques ; le patrimoine culturel français en fut appauvri et le seul bénéficiaire fut la dynastie capétienne.
    Catharin (Ambroise), dominicain de Florence, mort à Rome en 1553, auteur d’une réfutation de la doctrine et des prophéties de Savonarole , et d’un Traité de la mort et de la résurrection.
    Catherine Voy. Revenants.
    Catherine (Sainte). Voy. Incombustibles.
    Catherine de Médicis, célèbre reine de France, singulièrement maltraitée dans l’histoire, où l’esprit de la réforme n’a pas ménagé les princes catholiques : née à Florence en 1519, morte en 1589. Elle avait foi à l’astrologie judiciaire et, s’il faut en croire les protestants, à la magie ; ils l’accusaient même d’avoir porté sur l’estomac une peau de vélin, peut-être d’un enfant égorgé (voyez l’effet de ce peut-être en histoire), laquelle peau, semée de figures, de lettres et de caractères de différentes couleurs, devait la garantir de toute entreprise contre sa personne. Elle fit faire la colonne de l’hôtel de Soissons , dans le fut de laquelle il y avait un escalier avis pour monter à la sphère armillaire qui est au haut. Elle allait y consulter les astres avec ses astrologues.
    Cette princesse, que l’on a fort noircie, eut beaucoup d’ennemis, surtout les huguenots, qui alors ne reculaient devant aucune calomnie. Ils la représentent comme ayant été très-versée dans l’art d’évoquer les esprits ; ils ajoutent que, sur la peau d’enfant qu’elle portait au cou, étaient représentées plusieurs divinités païennes. Étant tombée gravement malade, elle remit, disent-ils, à M. de Mesmes une boîte hermétiquement fermée, en lui faisant promettre de ne jamais l’ouvrir et de la lui rendre si elle revenait à la vie. Longtemps après, les enfants du dépositaire, ayant ouvert la boîte, dans l’espoir d’y trouver des pierreries ou un trésor, n’y découvrirent qu’une médaille de forme antique, large et ovale, où Catherine de Médicis était représentée à genoux, adorant les Furies et leur présentant une offrande.
    Ce conte absurde donne la mesure de vingt autres. Catherine de Médicis survécut à M. de Mesmes, et elle n’aurait pas manqué de retirer la cassette.
    Elle avait attaché à sa personne, suivant l’usage du temps, quelques astrologues, parmi lesquels il ne faut pas oublier l’illustre Luc Gauric. Ils lui prédirent que Saint-Germain la verrait mourir. Dès lors elle ne voulut plus demeurer à Saint-Germain en Laye et n’alla plus à l’église de Saint-Germain d’Auxerre. Mais l’évêque de Nazareth, l’ayant assistée à l’heure de sa mort, on regarda la prédiction comme accomplie, attendu que ce prélat s’appelait Nicolas de Saint-Germain.
    Catho (Angelo), savant habile dans l’astrologie, qui prédit à Charles le Téméraire sa mort funeste. Le duc de Bourgogne n’en tint compte, et perdit tout, comme on sait. Malheureusement, rien ne prouve que la prédiction ait été faite en temps utile.
    Louis XI estimait tant Angelo Catho, à cause de sa science, qu’il lui donna l’archevêché de Vienne, en Dauphiné. C’est peut-être pour cela que les protestants en ont fait un astrologue.
    Catiau, sorcier contemporain, condamné par le tribunal de Béthune, le 30 juillet 1850. Voici le résumé des faits à cette date :
    « Salvien-Édouard-Joseph Catiau, aujourd’hui âgé de soixante ans, tisserand, demeurant à Loos, près Lens, vivait péniblement de son travail, lorsqu’il eut, il y a cinq ans environ, la pensée de vivre aux dépens de la sottise humaine. Bien des gens de la campagne, beaucoup de nos villes aussi, sont disposés, lorsque plusieurs accidents ou malheurs leur arrivent, à les attribuer à une influence secrète et maligne. On leur a jeté un sort ; c’est ce sort que Catiau va entreprendre de conjurer. Sa clientèle, d’abord restreinte, s’augmente peu à peu. Nous voyons une femme de Douvrin, la dame Cappe, qui perd successivement ses poulets et sa basse-cour ; Catiau lui fait faire une neuvaine ; des Pater, des Ave Maria récités journellement enlèveront le sort.
    » Plus tard, Catiau élargit le cercle de ses opérations : ce ne sera plus le sort jeté sur les animaux qu’il conjurera, c’est aux maladies humaines qu’il va s’attaquer. Charles Delhaye, âgé de soixante-huit ans, rentier à Richebourg-l’Avoué, est atteint d’une hernie ; il va voir Catiau chez son gendre. Catiau lui dit qu’il a reçu des missionnaires d’Amiens le pouvoir de guérir les hernies ; pour cela il faut boire de l’eau que Catiau a heureusement chez lui et qui vient d’une fontaine de Rome où Y ange va se baigner une fois par an. Cette consultation merveilleuse coûte 150 Fr. au père Delhaye. Il prend encore plusieurs bouteilles d’eau ; toutes lui sont cédées généreusement au prix de 10 fr. chacune.
    » Comme on le voit, la matière exploitable était bonne. Catiau ne se fait pas faute d’en user ; il fait croire à Delhaye que ses intelligences avec les puissances surnaturelles lui font entrevoir que la guerre de Crimée reviendra envahir la France ; qu’il faut se hâter de faire des provisions de blé, parce que tout va être pillé, et que ceux qui seront pris au dépourvu mourront de faim. Pour arriver à ce but, il faut que Delhaye retire des mains d’un notaire (car les notaires vont disparaître avec tout le reste, sort fatal !) tout l’argent qu’il lui a donné en dépôt ; avec cet argent, qu’il achète de grandes quantités de blé qu’il mettra dans des sacs tissus par la main de filles vierges, et que Catiau a seul le bonheur de posséder, mais qu’il cédera au prix modeste de 9 fr. la pièce. Delhaye retire en effet un peu d’argent, pas trop, car le paysan commence à se réveiller et à retrouver sa malice ; il achète un peu de blé qu’il met dans des sacs immaculés. Mais le blé ne se conserve pas ; et puis Catiau s’avise de découvrir qu’outre sa hernie, Delhaye est atteint de la pierre. Pour le coup, c’en est trop ; Catiau lui a pris plus de 1, 200 Fr., il veut encore le gratifier d’une souffrance qu’il est sûr de ne pas avoir. Il porta sa plainte, et c’est ainsi que les hauts faits du sorcier arrivent à la connaissance du public, et malheureusement pour lui à celle de la justice, qui poursuit ses investigations, découvre une énorme série de faits et condamne le sorcier à cinq ans de prison. »
    Catillus. Voy. Gilbert.
    Catoblepas, serpent qui donne la mort à ceux qu’il regarde, si on en veut bien croire Pline. Mais la nature lui a fait la tête fort basse, de manière qu’il lui est difficile de fixer quelqu’un. On ajoute que cet animal habite près de la fontaine Nigris, en Éthiopie, que l’on prétend être la source du Nil.
    Caton le Censeur. Dans son livre De re rustica, il enseigne, parmi divers remèdes, la manière de remettre les membres démis, et donne même les paroles enchantées dont il faut se servir.
    Catoptromancie, divination par le moyen d’un miroir. On trouve encore dans beaucoup de villages des devins qui emploient cette divination, autrefois fort répandue. Quand on a fait une perte, essuyé un vol, ou reçu quelques coups clandestins dont on veut connaître l’auteur, on va trouver le sorcier ou devin, qui introduit le consultant dans une chambre à demi éclairée. On n’y peut entrer qu’avec un bandeau sur les yeux. Le devin fait les évocations, et le diable montre dans un miroir le passé, le présent et le futur. Malgré le bandeau, les crédules villageois, dans de telles occasions, ont la tête tellement montée qu’ils ne manquent pas de voir quelque chose.
    On se servait autrefois pour cette divination d’un miroir que l’on présentait, non devant, mais derrière la tête d’un enfant à qui l’on avait bandé les yeux…
    Pausanias parle d’un autre effet de la catoptromancie. « Il y avait à Patras, dit-il, devant le temple de Cérès, une fontaine séparée du temple par une muraille ; là on consultait un oracle, non pour tous les événements, mais seulement pour les maladies. Le malade descendait dans la fontaine un miroir suspendu à un fil, en sorte qu’il ne touchât la surface de l’eau que par sa base. Après avoir prié la déesse et brûlé des parfums, il se regardait dans ce miroir, et, selon qu’il se trouvait le visage hâve et défiguré ou gras et vermeil, il en concluait très-certainement que la maladie était mortelle ou qu’il en réchapperait. »
    Cattani ( François), évêque de Fiesole, mort en 1595, auteur d’un livre sur les superstitions de la magie .
    Cattéri, démon du Malabar, qui possède surtout les femmes et les rend folles ou furieuses. Si elles sont belles et bien faites, il leur donne des difformités.
    Cauchemar. On appelle ainsi un embarras dans la poitrine, une oppression et une difficulté de respirer qui surviennent pendant le sommeil, causent des rêves fatigants, et ne cessent que quand on se réveille. On ne savait pas trop autrefois, et encore au quinzième siècle, ce que c’était que le cauchemar, qu’on appelait aussi alors chasse-poulet. On en fit un monstre ; c’était un moyen prompt de résoudre la difficulté. Les uns imaginaient dans cet accident une sorcière ou un spectre qui pressait le ventre des gens endormis, leur dérobait la parole et la respiration, et les empêchait de crier et de s’éveiller pour demander du secours ; les autres, un démon qui étouffait les gens. Les médecins n’y voyaient guère plus clair. On ne savait d’autre remède pour se garantir du cauchemar que de suspendre une pierre creuse dans l’écurie de sa maison ; et Delrio, embarrassé, crut décider la question en disant que Cauchemar était un suppôt de Belzébuth ; il l’appelle ailleurs incubas morbus.
    Dans les guerres de la république française en Italie, on caserna en une église profanée un de nos régiments. Les paysans avaient averti les soldats que la nuit on se sentait presque suffoqué dans ce lieu-là, et que l’on voyait passer un gros chien sur sa poitrine. Les soldats en riaient ; ils se couchèrent après mille plaisanteries. Minuit arrive, tous se sentent oppressés, ne respirent plus et voient, chacun sur son estomac, un chien noir qui disparut enfin, et leur laissa reprendre leurs sens. Ils rapportèrent le fait à leurs officiers, qui vinrent y coucher eux-mêmes la nuit suivante, et furent tourmentés du même fantôme. — Comment expliquer ce fait ? — « Mangez peu, tenez-vous le ventre libre, ne couchez point sur le dos, et votre cauchemar vous quittera sans grimoire, » dit M. Salgues . Il est certain que dans les pays où l’on ne soupe plus, on a moins de cauchemars.
    Bodin conte  qu’au pays de Valois, en Picardie, il y avait de son temps une sorte de sorciers et de sorcières qu’on appelait cauchemares, qu’on ne pouvait chasser qu’à force de prières.
    Cauchon (Pierre), évêque intrus de Beauvais au quinzième siècle, poursuivit Jeanne d’Arc comme sorcière et la fit brûler à Rouen. Il mourut subitement en 1443. Le pape Calixte III excommunia après sa mort ce prélat déshonoré, dont le corps fut déterré et jeté à la voirie. Ce qui est assez curieux, c’est que son nom a été donné depuis à l’animal immonde qu’on n’appelait auparavant que porc ou pourceau.
    Causathan, espèce de génie ou de démon, que le philosophe Porphyre se vantait d'avoir chassé d'un bain public. 
    Causimomancie, divination par le feu, que pratiquaient les Mages, c'était un heureux présage, si les objets combustibles jetés dans le feu venaient à n'y pas brûler.
    Cautzer, fleuve du paradis des mahométans, se trouve dans le huitième ciel, que Dieu promit de donner à Mahomet, en échange de la postérité dont il était dépourvu. Le cours de ce fleuve est d'un mois de chemin; ses rivages sont de pur or; les cailloux qu'il roule sont des perles et des rubis; son sable est plus odoriférant que le musc, son eau plus douce et plus blanche que le lait; son écume plus brillante que les étoiles; et celui qui boit une seule fois de sa liqueur n'est plus jamais altéré.   
    Cayet (Pierre-Victor-Palma), savant écrivain tourangeau du seizième siècle. Outre la Chronologie novennaire et la Chronologie septennaire, il a laissé l’Histoire prodigieuse et lamentable du docteur Faust, grand magicien, traduite de l’allemand en français. Paris, 1603, in-12 ; et l’Histoire véritable comment l’âme de l’empereur Trajan a été délivrée des tourments de l’enfer par les prières de saint Grégoire le Grand, traduite du latin d’Alphonse Chacon ; in-8°, rare. Paris, 1607.
    Cayet rechercha la pierre philosophale, qu’il n’eut pas le talent de trouver ; on débita aussi qu’il était magicien ; mais on peut voir qu’il ne pensait guère à se mêler de magie, dans l’épître dédicatoire qu’il a mise en tête de l’histoire de Faust. Ce sont les huguenots, dont il avait abandonné le parti, qui l’accusèrent d’avoir fait pacte avec le diable, pour qu’il lui apprît les langues. C’était alors une grande injure ; Cayet s’en vengea vivement dans un livre où il défendit contre eux la doctrine du purgatoire .
    Caym, démon de classe supérieure, grand président aux enfers ; il se montre habituellement sous la figure d’un merle. Lorsqu’il paraît en forme humaine, il répond du milieu d’un brasier ardent ; il porte à la main un sabre effilé. C’est, dit-on, le plus habile sophiste de l’enfer ; et il peut, par l’astuce de ses arguments, désespérer le logicien le plus aguerri. C’est avec lui que Luther eut cette fameuse dispute dont il nous a conservé les circonstances. Caym donne l’intelligence du chant des oiseaux, du
    mugissement des bœufs, de l’aboiement des chiens et du bruit des ondes. Il connaît l’avenir. Quelquefois il s’est montré en homme coiffé d’une aigrette et orné d’une queue de paon. Ce démon, qui fut autrefois de l’ordre des anges, commande à présent trente légions aux enfers .
    Cayol, propriétaire à Marseille, mort au commencement de ce siècle. Un de ses fermiers lui apporta un jour douze cents francs ; il les reçut et promit la quittance pour le lendemain, parce qu’il était alors occupé. Le paysan ne revint qu’au bout de quelques jours. M. Cayol venait subitement de mourir d’apoplexie. Son fils avait pris possession de ses biens ; il refuse de croire au fait que le paysan raconte, et réclame les douze cents francs en justice. Le paysan fut condamné à payer une seconde fois. Mais la nuit qui suivit cette sentence, M. Cayol apparut à son fils bien éveillé, et lui reprocha sa conduite. — « J’ai été payé, ajouta-t-il ; regarde derrière le miroir qui est sur la cheminée de ma chambre, tu y trouveras mon reçu. »
    Le jeune homme se lève tremblant, met la main sur la quittance de son père et se hâte de payer les frais qu’il avait faits au pauvre fermier, en reconnaissant ses torts …
    Cazotte (Jacques), né à Dijon en 1720, guillotiné en 1793, auteur du poème d’Olivier, où beaucoup d’épisodes roulent sur les merveilles magiques. Le succès qu’obtint cette production singulière le décida à faire paraître le Diable amoureux. Comme il y a dans cet ouvrage des conjurations et autres propos de grimoire, un étranger alla un jour le prier de lui apprendre à conjurer le diable, science que Cazotte ne possédait pas.
    Ce qui lui obtient encore place dans ce recueil, c’est sa prophétie rapportée par la Harpe ; où il avait pronostiqué la révolution dans la plupart de ses détails. Mais on n’avait imprimé, dit-on, qu’un fragment de cette pièce. On l’a plus tard découverte plus entière, et quelques-uns disent à présent que cette prophétie a été supposée, ce qui n’est pas prouvé. On a publié en l’an VI, à Paris, une Correspondance mystique de Cazotte, saisie par le tribunal révolutionnaire, et où brille un certain esprit prophétique inexplicable.
    Cébus ou Céphus, monstre adoré à Memphis. C'était une espèce de satyre ou de singe, qui avait, dit Pline, les pieds de derrière semblables à ceux de l'homme, et ceux de devant semblables à nos mains. Il ajoute que Pompée en fit venir d'Ethiopie à Rome, et qu'on n'en a jamais vu que cette fois là. Diodore lui donne une tête de lion, le corps d'une panthère, et la taille d'une chèvre.
    Cecco d’Ascoli ( François Stabili, dit), professeur d’astrologie, né dans la Marche d’Ancône, au treizième siècle. Il se mêlait aussi de magie et d’hérésie. On dit, ce qui n’est pas certain, qu’il fut brûlé en 1327, avec son livre d’astrologie, qui est, à ce qu’on croit, le commentaire sur la sphère de Sacrobosco .
    Il disait qu’il se formait dans les cieux des esprits malins qu’on obligeait, par le moyen des constellations, à faire des choses merveilleuses. Il assurait que l’influence des astres était absolue, et reconnaissait le fatalisme. Selon sa doctrine, Notre-Seigneur Jésus-Christ n’avait été pauvre et n’avait souffert une mort ignominieuse que parce qu’il était né sous une constellation qui causait nécessairement cet effet…… ; au contraire, l’Antéchrist sera riche et puissant, parce qu’il naîtra sous une constellation favorable. Cette doctrine stupide fut condamnée en 1327.
    « Une preuve que Cecco était fou, disent Naudé et Delrio, c’est : 1° qu’il interprète le livre de Sacrobosco dans le sens des astrologues, nécromanciens et chiroscopistes ; 2° qu’il cite un grand nombre d’auteurs falsifiés, comme les Ombres des idées de Salomon, le Livre des esprits d’'Hipparchus, les Aspects des étoiles, d’Hippocrate, etc. »
    On demandait un jour à Cecco ce que c’était que la lune ; il répondit : « C’est une terre comme la nôtre, ut terra terra est. »
    On a beaucoup disputé sur cet astrologue, connu aussi sous le nom de Cecus Ascutan, et plus généralement sous celui de Chicus Eseulanus. Delrio ne voit en lui qu’un homme superstitieux, qui avait la tête mal timbrée. Naudé, ainsi que nous l’avons noté, le regarde comme un fou savant. Quelques auteurs, qui le mettent au nombre des nécromanciens, lui prêtent un esprit familier, nommé Floron, de l’ordre des Chérubins, lequel Floron l’aidait dans ses travaux et lui donnait de bons conseils ; ce qui ne l’empêcha pas de faire des livres ridicules.
    Cécile. Vers le milieu du seizième siècle, une femme nommée Cécile se montrait en spectacle à Lisbonne ; elle possédait l’art de si bien varier sa voix qu’elle la faisait partir tantôt de son coude, tantôt de son pied, tantôt de son ventre. Elle liait conversation avec un être invisible qu’elle nommait Pierre-Jean, et qui répondait à toutes ses questions. Cette femme ventriloque fut réputée sorcière et bannie dans file Saint-Thomas .
    Ceintures magiques. Plusieurs livres de secrets vous apprendront qu’on guérit toutes sortes de maladies intérieures en faisant porter au malade une ceinture de fougère cueillie la veille de la Saint-Jean, à midi, et tressée de manière à former le caractère magique HVTY. Le synode tenu à Bordeaux en 1600 a condamné ce remède, et la raison, d’accord avec l’Église, le condamne tous les jours.
    Celse, philosophe éclectique du deuxième siècle, ennemi des chrétiens. En avouant les miracles de Jésus-Christ, il disait qu’ils avaient été opérés par la magie, et que les chrétiens étaient des magiciens. Il a été réfuté par Origène.
    Celsius (André), Suédois, mort en 1744, auteur d’une Lettre sur les comètes, publiée à Upsal l’année de sa mort.
    Cenchroboles, nation imaginaire dont parle Lucien. Il dit que les Cenchroboles allaient au combat montés sur de grands oiseaux, couverts d’herbes vivaces au lieu de plumes.
    Cendres. On soutenait dans le dix-septième siècle, entre autres erreurs, qu’il y avait des semences de reproduction dans les cadavres, dans les cendres des animaux et même des plantes brûlées ; qu’une grenouille, par exemple, en se pourrissant, engendrait des grenouilles, et que les cendres de roses avaient produit d’autres roses. Voy. Palingénésie.
    Le Grand Albert dit que les cendres de bois astringent resserrent, et qu’on se relâche avec des cendres de bois contraire. « Et, ajoute-t-il, Dioscoride assure que la lessive de cendres de sarments, bue avec du sel, est un remède souverain contre la suffocation de poitrine. Quant à moi, ajoute-t-il, j’ai guéri plusieurs personnes de la peste en leur faisant boire une quantité d’eau où j’avais fait amortir de la cendre chaude, et leur ordonnant de suer après l’avoir bue . »
    Cène. Au sabbat, les meneurs qui veulent singer ou contrefaire tout ce qui est du culte divin font même la cène ou communion, c’est-à-dire qu’ils donnent ce nom à une horrible scélératesse. On lit ceci dans les déclarations de Madeleine Bavent. « J’ai vu faire une fois la cène au sabbat, la nuit du jeudi saint. On apporta un enfant tout rôti, et les assistants en mangèrent. Pendant ce repas horrible, un démon circulait en disant à tous : Aucun de vous ne me trahira. » Et ces horreurs ne sont pas des contes. Voy. Sabbat.
    Cénéthus, second roi d’Écosse. Désirant venger la mort de son père, tué par les Pictes, il exhortait les seigneurs du pays à reprendre les armes ; mais, parce qu’ils avaient été malheureux aux précédentes batailles, les seigneurs hésitaient. Cénéthus, sous prétexte de les entretenir des affaires du pays, manda les plus braves chefs à un conseil. Il les fit loger dans son château, où il avait caché dans un lieu secret quelques soldats accoutrés de vêtements horribles faits de grandes peaux de loups marins, qui sont très-fréquents dans le pays, voisin de la mer. Ils avaient à la main gauche des bâtons de ce vieux bois qui luit la nuit, et dans la droite des cornes de bœuf percées par le bout. Ils se tinrent reclus jusqu’à ce que les seigneurs fussent ensevelis dans leur premier sommeil : alors ils commencèrent à se montrer avec leurs bois qui éclairaient, et firent résonner leurs cornes de bœuf, disant qu’ils étaient envoyés pour leur annoncer la guerre contre les Pietés. — Leur victoire, ajoutaient-ils, était écrite dans le ciel. Ces fantômes jouèrent bien leur rôle, et s’évadèrent sans être découverts. Les chefs émus vinrent trouver le roi, auquel ils communiquèrent leur vision ; et ils assaillirent si vivement les Pietés qu’ils ne les défirent pas seulement en bataille, mais qu’ils en exterminèrent la race .
    Céphalonomancie, divination qui se pratiquait en faisant diverses cérémonies sur la tête cuite d'un âne. Elle était familière aux Germains. Les Lombards y substituèrent une tête de chèvre. Delrio soupçonne que ce genre de divination, en usage chez les Juifs infidèles, donna lieu à l'imputation qui leur fut faite d'adorer un âne. Les anciens la pratiquaient en mettant sur des charbons allumés la tête d'un âne, en récitant des prières, en prononçant les noms de ceux qu'on soupçonnait d'un crime, et en observant le moment où les mâchoires se rapprochaient avec un léger craquement. Le nom prononcé en cet instant désigné le coupable. Voy. Képhalonomancie.
    Céram, grande île des Indes, l'une des Moluques. Sur la côte méridionale de cette île, est une montagneuse célèbre par la superstition des chrétiens d'Amboine. Lorsqu'ils passent devant, ils font une offrande à leur mauvais génie, qui, selon eux, réside à cet endroit, et pour qu'il n'arrive aucun accident à leurs embarcations. Cette offrande consiste à prendre quelques coques vides de cocos, dans lesquelles ils mettent des fleurs et une petite pièce d'argent, qu'ils laissent ainsi flotter sur la mer. Quand il fait nuit, ils y mettent de l'huile avec de petites mèches en forme de lampes, bien persuadés que le génie satisfait ne leur suscitera point de tempêtes.
    Cérambe, habitant du mont Othrys en Thessalie. S'étant retiré sur le Parnasse pour éviter l'inondation du déluge de Deucalion, il y fut changé en oiseau par les nymphes de cette montagne, ou, selon d'autres, en cette espèce d'escargot qui a des cornes.  Il en est la tige ou la souche, dans l’ancienne mythologie.
    Ceraunoscopie. Divination qui se pratiquait, chez les anciens, par l’observation de la foudre et des éclairs, et par l’examen des phénomènes de l’air.
    Cerbère. Cerberus ou Naberus est chez nous un démon. Wierus le met au nombre des marquis de l’empire infernal. Il est fort et puissant ; il se montre, quand il n’a pas ses trois têtes de chien, sous la forme d’un corbeau ; sa voix est rauque : néanmoins il donne l’éloquence et l’amabilité ; il enseigne les beaux— arts. Dix-neuf légions lui obéissent.
    On voit que ce n’est plus là le Cerbère des anciens, ce redoutable chien, portier incorruptible des enfers, appelé aussi la bête aux cent têtes, centiceps bellua, à cause de la multitude de serpents dont ses trois crinières étaient ornées. Hésiode lui donne cinquante têtes de chien ; mais on s’accorde généralement à ne lui en reconnaître que trois. Ses dents étaient noires et tranchantes, et sa morsure causait une prompte mort. On croit que la fable de Cerbère remonte aux Égyptiens, qui faisaient garder les tombeaux par des dogues. Mais c’est principalement ici du démon Cerberus qu’il a fallu nous occuper. En 1586, il fit alliance avec une Picarde nommée Marie Martin. Voy. Martin.
    Cercles magiques. On ne peut guère évoquer les démons avec sûreté sans s’être placé dans un cercle qui garantisse de leur atteinte, parce que leur premier mouvement serait d’empoigner, si l’on n’y mettait ordre. Voici ce qu’on lit à ce propos dans le fatras intitulé Grimoire du pape Honorius : « Les cercles se doivent faire avec du charbon, de l’eau bénite aspergée, ou du bois d’une croix bénite… Quand ils seront faits de la sorte, et quelques paroles de l’Évangile écrites autour du cercle, sur le sol, on jettera de l’eau bénite en disant une prière superstitieuse dont nous devons citer quelques mots : « — Alpha, Oméga, Ély, Élohé, Zébahot, Élion, Saday. Voilà le lion qui est vainqueur de la tribu de Juda, racine de David. J’ouvrirai le livre et ses sept signets… » Il est fâcheux que l’auteur de ces belles oraisons ne soit pas connu, on pourrait lui faire des compliments.
    On récite cela après quelque formule de conjuration, et les esprits paraissent. Voy. Conjuration. Le Grand Grimoire ajoute qu’en entrant dans le cercle, il faut n’avoir sur soi aucun métal impur, mais seulement de l’or ou de l’argent, pour jeler la pièce à l’esprit. On plie cette pièce dans un papier blanc, sur lequel on n’a rien écrit ; on l’envoie à l’esprit pour l’empêcher de nuire ; et, pendant qu’il se baisse pour la ramasser devant le cercle, on prononce la conjuration qui le soumet. Le Dragon rouge recommande les mêmes précautions.
    Il nous reste à parler des cercles que les sorciers font au sabbat pour leurs danses. On en montre encore dans les campagnes ; on les appelle cercles du sabbat ou cercles des fées, parce qu’on croyait que les fées traçaient de ces cercles magiques dans leurs danses au clair de la lune. Ils ont quelquefois douze ou quinze toises de diamètre et contiennent un gazon pelé à la ronde de la largeur d’un pied, avec un gazon vert au milieu. Quelquefois aussi tout le milieu est aride, desséché, et la bordure tapissée d’un gazon vert. Jessorp et Walker, dans les Transactions philosophiques, attribuent ce phénomène au tonnerre : ils en donnent pour raison que c’est le plus souvent après des orages qu’on aperçoit ces cercles. D’autres savants ont prétendu que les cercles magiques étaient l’ouvrage des fourmis, parce qu’on trouve souvent ces insectes qui y travaillent en foule. On regarde encore aujourd’hui, dans les campagnes peu éclairées, les places arides comme le rond du sabbat. Dans la Lorraine, les traces que forment sur le gazon les tourbillons des vents et les sillons de la foudre passent toujours pour les vestiges de la danse des fées, et les paysans ne s’en approchent qu’avec terreur .
    Cercueil. L’épreuve ou jugement de Dieu par le cercueil a été longtemps en usage. Lorsqu’un assassin, malgré les informations, restait inconnu, on dépouillait entièrement le corps de la victime ; on le mettait dans un cercueil, et tous ceux qui étaient soupçonnés d’avoir eu part au meurtre étaient obligés de le toucher. Si l’on remarquait un mouvement, un changement dans les yeux, dans la bouche ou dans toute autre partie du mort, si la plaie saignait, — celui qui touchait le cadavre dans ce mouvement extraordinaire était regardé et poursuivi comme coupable. Richard Cœur de lion s’était révolté contre Henri il son père, à qui il succéda. On rapporte qu’après la mort de Henri II, Richard s’étant rendu à Fontevrault, où le feu roi avait ordonné sa sépulture, à rapproche du fils rebelle, le corps du malheureux père jeta du sang par la bouche et par le nez, et que ce sang jaillit sur le nouveau souverain. On cite plusieurs exemples semblables, dont la terrible morale n’était pas trop forte dans les temps barbares :
    Voici un petit fait qui s’est passé en Écosse : — Un fermier, nommé John Mac Intos, avait eu quelques contestations avec sa sœur Fanny MacAllan. Peu de jours après il mourut subitement. Les magistrats se rendirent chez lui et remarquèrent qu’il avait sur le visage une large blessure, de laquelle aucune goutte de sang ne s’échappait. Les voisins de John accoururent en foule pour déplorer sa perte ; mais, quoique la maison de sa sœur fût proche de la sienne, elle n’y entra pas et parut peu affectée de cet événement. Cela suffit pour exciter parmi les ministres et les baillis le soupçon qu’elle n’y était peut être pas étrangère. En conséquence, ils lui ordonnèrent de se rendre près du défunt et de placer la main sur son cadavre. Elle y consentit ; mais avant de le faire, elle s’écria d’une voix solennelle : Je souhaite humblement que le Dieu puissant qui a ordonné au soleil d’éclairer l’univers fasse jaillir de cette plaie un rayon de lumière dont le reflet désignera le coupable. Dès que ces paroles furent achevées, elle s’approcha, posa légèrement un de ses doigts sur la blessure, et le sang coula immédiatement. Les magistrats crurent y voir une révélation du ciel ; et Fanny, condamnée, fut exécutée le jour même.
    On voit dans la vie de Charles le Bon, par Gualbert, que les meurtriers en Flandre, au douzième siècle, après avoir tué leur victime, mangeaient et buvaient sur le cadavre, dans la persuasion qu’ils paralysaient par cette cérémonie toute poursuite contre eux à l’occasion du meurtre. Les assassins de Charles le Bon avaient pris cette précaution ; ce qui ne les empêcha pas d’être tous mis au supplice.
    Cercopes, démons méchants et impies, dont Hercule réprima les brigandages.
    Cerdon, hérétique du deuxième siècle, chef des cerdoniens. Il enseignait que le monde avait été créé par le démon, et admettait deux principes égaux en puissance.
    Cérès. « Qu’étaient-ce que les mystères de Cérès à Éleusis, sinon les symboles de la sorcellerie, de la magie et du sabbat ? À ces orgies, on dansait au son du clairon, comme au sabbat des sorcières ; et il s’y passait des choses abominables, qu’il était défendu aux procès de révéler  ; » On voit dans Pausanias que les Arcadiens représentaient Cérès avec un corps de femme et une tête de cheval. On a donné le nom de Cérès à une planète découverte par Piazzi en 1801. Cette planète n’a encore aucune influence sur les horoscopes. Voy. Astrologie.
    Cerf. L’opinion qui donne une très-longue vie à certains animaux, et principalement aux cerfs, est fort ancienne. Hésiode dit que la vie de l’homme finit à quatre-vingt-seize ans, que celle de la corneille est neuf fois plus longue, et que la vie du cerf est quatre fois plus longue que celle de la corneille. Suivant ce calcul, la vie du cerf est de trois mille quatre cent cinquante-six ans.
    Pline rapporte que, cent ans après la mort d’Alexandre, on prit dans les forêts plusieurs cerfs auxquels ce prince avait attaché lui-même des colliers. On trouva, en 1037, dans la forêt de Senlis, un cerf avec un collier portant ces mots : Cœsar hoc me donavit. « C’est César qui me l’a donné ; » mais quel César ? Ces circonstances ont fortifié toutefois le conte d’Hésiode. Les cerfs ne vivent pourtant que trente-cinq à quarante ans. Ce que l’on a débité de leur longue vie, ajoute Buffon, n’est appuyé sur aucun fondement ; ce n’est qu’un préjugé populaire, dont Aristote lui même a révélé l’absurdité. Le collier du cerf de la forêt de Senlis ne peut présenter une énigme qu’aux personnes qui ignorent que tous les empereurs d’Allemagne ont été désignés par le nom de César.
    Une autre tradition touchant le cerf, c’est que la partie destinée à la génération lui tombe chaque année. Après avoir ainsi observé ce qui a lieu par rapport à son bois, on s’est persuadé que la même chose arrivait à la partie en question. L’expérience et la raison détruisent également une opinion si absurde .
    Cerinthe, hérétique du temps des apôtres. Il disait que Dieu avait créé des génies chargés de gouverner le monde ; qu’un de ces génies avait fait tous les miracles de l’histoire des Juifs ; que les enfants de ces esprits étaient devenus des démons, et que le Fils de Dieu n’était descendu sur la terre que pour ruiner le pouvoir des mauvais anges. Il avait écrit des révélations qu’il prétendait lui avoir été faites par un ange de bien, avec qui il se vantait de converser familièrement. « Mais cet ange, comme dit Leloyer, était un chenapan de démon, et pas autre chose. »
    Cerne, mot vieilli. C’était autrefois le nom qu’on donnait au cercle que les magiciens traçaient avec leur baguette pour évoquer les démons.
    Céromancie ou Ciromancie. Divination par le moyen de la cire, qu’on faisait fondre et qu’on versait goutte à goutte dans un vase d’eau, pour en tirer, selon les figures que formaient ces gouttes, des présages heureux ou malheureux. Les Turcs cherchaient surtout à découvrir ainsi les crimes et les larcins. Us faisaient fondre un morceau de cire à petit feu, en marmottant quelques paroles ; puis ils étaient cette cire fondue de dessus le brasier, et y trouvaient des figures qui indiquaient le voleur, sa maison et sa retraite. Dans l’Alsace, au seizième siècle, et peut être encore aujourd’hui, lorsque quelqu’un est malade et que les bonnes femmes veulent découvrir qui lui a envoyé sa maladie, elles prennent autant de cierges d’un poids égal qu’elles soupçonnent d’êtres ou de personnes ; elles les allument, et celui dont le cierge est le premier consumé passe dans leur esprit pour l’auteur du maléfice .
    Cerveau. Les quarterons de savants qui ont attaqué le dogme de l’unité de l’espèce humaine ont avancé que le cerveau des nègres était inférieur au cerveau des blancs. Mais le savant Tiedman a parfaitement établi et prouvé qu’il n’existe aucune différence appréciable dans le poids moyen et les dimensions moyennes du cerveau du nègre et de l’Européen. La légère différence qu’on remarque dans sa forme extérieure disparaît dans la structure interne.
    Cervelle. On fait merveille avec la cervelle de certaines bêtes. L’auteur des Admirables secrets d’Albert le Grand dit, au liv. III, que la cervelle de lièvre fait sortir les dents aux enfants, lorsqu’on leur en frotte les gencives. Il ajoute que les personnes qui ont peur des revenants se guérissent de leurs terreurs paniques, si elles mangent souvent de la cervelle de lièvre. La cervelle de chat ou de chatte, si on s’en frotte les dehors du gosier, guérit en moins de deux jours les inflammations qui s’y font sentir, mais après une crise de fièvre violente. Les premiers hommes ne mangeaient la cervelle d’aucun animal, par respect pour la tête, qu’ils regardaient comme le siège de la vie et du sentiment.
    Cesaire ou Cesarius d’Heisterbach (Pierre), moine de Cîteaux, mort en 12/[0. On lui doit un recueil de miracles où les démons figurent très-souvent . Ce recueil, nous ne saurions trop en dire la raison, a été mis à l’index en Espagne. Il est cité plusieurs fois dans ce dictionnaire.
    Cesaire (Saint). Voy. Mirabilis liber.
    Césalpin (André), médecin du seizième siècle, né à Arezzo en Toscane, auteur de Recherches sur les Démons, où l’on explique le passage d’Hippocrate, relatif aux causes surnaturelles de certaines maladies . Ce traité, composé à la prière de l’archevêque de Pise, parut au moment où les religieuses d’un couvent de cette ville étaient obsédées du démon. L’archevêque demandait à tous les savants si les contorsions de ces pauvres filles avaient une cause naturelle ou surnaturelle. Césalpin, particulièrement consulté, répondit par lé livre que nous citons. Il commence par exposer une immense multitude de faits attribués aux démons et à la magie. Ensuite il discute ces faits ; il avoue qu’il y a des démons, mais qu’ils ne peuvent guère communiquer matériellement avec l’homme ; il termine en se soumettant à la croyance de l’Église, Il déclare que la possession des religieuses de Pise est surnaturelle; que les secours de la médecine y sont insuffisants, et qu’il est bon de recourir au pouvoir des exorcistes.
    César (Caius Julius). On a raconté de cet homme fameux quelques merveilles surprenantes.
    Suétone rapporte que, César étant avec son armée sur les bords du Rubicon que ses soldats hésitaient à traverser, il apparut un inconnu de taille extraordinaire qui s’avança en sifflant vers le général. Les soldats accoururent pour le voir ; aussitôt le fantôme saisit la trompette de l’un d’eux, sonne la charge, passe le fleuve ; et César s’écrie, sans délibérer davantage : — Allons où les présages des dieux et l’injustice de nos ennemis nous appellent. — L’armée le suivit avec ardeur.
    Lorsqu’il débarqua en Afrique pour faire la guerre à Juba, il tomba à terre. Les Romains se troublèrent de ce présage ; mais César rassura les esprits en embrassant le sol et en s’écriant, comme si sa chute eût été volontaire : « Afrique, tu es à moi, car je te tiens dans mes bras. »
    On a vanté l’étonnante force de ses regards ; on a dit que des côtes des Gaules, il voyait ce qui se passait dans l’île des Bretons. Roger Bacon, qui ne doute pas de ce fait, dit que Jules César n’examinait ainsi tout ce qui se faisait dans les camps et dans les villes d’Angleterre qu’au moyen de grands miroirs destinés à cet usage.
    On assure que plusieurs astrologues prédirent à César sa mort funeste ; que sa femme Calpurnie lui conseilla de se défier des ides de mars ; qu’un devin célèbre tâcha également de l’effrayer par de sinistres présages lorsqu’il se rendait au sénat, où il devait être assassiné : toutes choses contées après l’événement.
    On ajoute qu’une comète parut à l’instant de sa mort. On dit encore qu’un spectre poursuivit Brutus, son meurtrier, à la bataille de Philippes ; que, dans la même journée, Cassius crut voir au fort de la mêlée César accourir à lui à toute bride, avec un regard foudroyant, et qu’effrayé de cette vision terrible, il se perça de son épée.
    Quoi qu’il en soit, Jules César fut mis au rang des dieux par ordre d’Auguste ? qui prétendit que Vénus avait emporté son âme au ciel. On le représentait dans ses temples avec une étoile sur la tête, à cause de la comète qui parut au moment de sa mort.
    César, charlatan qui vivait à Paris sous Henri IV, et qui était astrologue, nécromancien, chiromancien, physicien, devin, faiseur de tours magiques. Il disait la bonne aventure par l’inspection des lignes de la main. Il guérissait en prononçant des paroles et par des attouchements. Il arrachait les dents sans douleur, vendait assez cher de petits joncs d’or émaillés de noir, comme talismans qui avaient des propriétés merveilleuses contre toutes les maladies. Il escamotait admirablement et faisait voir le diable avec ses cornes. Quant à cette dernière opération, il semble qu’il voulait punir les curieux d’y avoir cru ; car ils en revenaient toujours si bien rossés par les sujets de Belzébuth, que le magicien lui-même était obligé de leur avouer qu’il était fort imprudent de chercher à les connaître. Le bruit courut à Paris, en 1611, que l’enchanteur César et un autre sorcier de ses amis avaient été étranglés parle diable. On publia même, dans un petit imprimé, les détails de cette aventure infernale. Ce qu’il y a de certain, c’est que César cessa tout à coup de se montrer. Il n’était cependant pas mort ; il n’avait même pas quitté Paris. Mais il était devenu invisible, comme quelques autres que l’État se charge de loger. Voy. Ruggiéri.
    Césara, petite-fille de Noé, suivant la tradition fabuleuse des Irlandais, se retira dans leur île, pour s'y mettre à l'abri des eaux du Déluge.
    Césonie, femme de Caligula. Suétone conte que, pour s’assurer le cœur de son auguste époux, elle lui fit boire un philtre qui acheva de lui faire perdre l’esprit. On prétend qu’il y avait dans ce philtre de l’hippomane, qui est un morceau de chair qu’on trouve quelquefois, diton, au front du poulain nouveau né. Voy. Hippomane.
    Ceurawats, sectaires indiens, qui ont si grande peur de détruire des animaux, qu’ils se couvrent la bouche d’un linge pour ne pas avaler d’insectes. Ils admettent un bon et un mauvais principe, et croient à des transmigrations perpétuelles dans différents corps d’hommes ou de bêtes.
    Cévennes. Voy. Dauphiné.
    Ceylan, cette île, selon les Ceylanais, fut ou le paradis terrestre qu'habitait le père des humains, ou le premier endroit qu'il toucha, après avoir été chassé de ce lieu de délices.
    Chabbalach. Voy. Malache.
    Chacon (Alphonse), en latin Ciaconius, dominicain espagnol du seizième siècle, auteur du traité traduit par Cayet : Comment l’âme de Trajan fut délivrée de l’enfer .
    Chacran, tonnerre de Vishnou. Arme faite en cercle, qui vomit continuellement du feu, et qui, par la force des prières que récite Vishnou en la lançant, a le pouvoir de traverser la terre et les cieux, et de tuer tous ses ennemis.
     Chahriver, amschaspand qui préside aux richesses métalliques enfouies dans le sein de la terre.
    Chaîne du diable. C’est une tradition parmi les vieilles femmes de la Suisse que saint Bernard tient le diable enchaîné dans quelqu’une des montagnes qui environnent l’abbaye de Clairvaux. Sur cette tradition est fondée la coutume des maréchaux du pays de frapper tous les lundis, avant de se mettre en besogne, trois coups de marteau sur l’enclume pour resserrer la chaîne du diable, afin qu’il ne puisse s’échapper.
    Chaire salée. On donnait ce nom en Champagne à une monstrueuse effigie de dragon que l’on promenait à Troyes dans les processions des Rogations. C’était un symbole de l’hérésie domptée par saint Loup. Le jansénisme a supprimé de nos fêtes ces accessoires, qui attiraient la foule et qui rappelaient des souvenirs utiles.
    Chaires de magie. Il y a eu de ces chaires tenues secrètement à l’université de Salamanque, à Tolède, au pays de Naples et en d’autres lieux, au moyen âge ; et assurément il y en a encore aujourd’hui.
    Chais (Pierre), ministre protestant, né à Genève en 1701. Dans son livre intitulé le Sens littéral de l’Ecriture sainte, etc., traduit de l’anglais, de Stackhouse, 3 volumes in-8°, 1738, il a mis une curieuse dissertation, dont il est l’auteur, sur les démoniaques.
    Chalcédoine, ville d'Asie sur le Bosphore, nom qu'elle prit d'une rivière voisine appelée Chalcis. On dit que, les Chalcédoniens ayant négligé le culte de Vénus, cette déesse les affligea d'une maladie qui a quelque rapport avec celle à laquelle on s'expose aujourd'hui, non par le culte qu'on lui refuse, mais par celui qu'on lui rend. Arrien ajoute que les Chalcédoniens, ne trouvant point de remède à ce mal, crurent que le plus court était de retrancher la partie malade, quelque importante qu'elle pût être pour la conservation du tout. Autre prodige: les Perses ayant ruiné Chalcédoine, Constantin entreprit de le rebâtir, et l'eût sans doute préférée à Byzance; mais les aigles vinrent enlever avec leurs serres les pierres d'entre les mains des ouvriers. Ce prodige fut répété plusieurs fois, et toute la cour en fut frappée.
    Chaldéens. On prétend qu’ils trouvèrent l’astrologie ou du moins qu’ils la perfectionnèrent. Ils étaient aussi habiles magiciens.
    Cham, troisième fils de Noé, inventeur ou conservateur de la magie noire. II perfectionna les divinations et les sciences superstitieuses. Cecco d’Ascoli dit, dans le chapitre iv de son Commentaire sur la Sphère de Sacrobosco, avoir vu un livre de magie composé par Cham, et contenant les Éléments et la pratique de la nécromancie. Il enseigna cette science redoutable à son fils Misraïm, qui, pour les merveilles qu’il faisait, fut appelé Zoroastre, et composa, sur cet art diabolique, cent mille vers, selon Suidas, et trois cent mille, selon d’autres. — Les monstruosités de Cham lui attirèrent, dit-on, un  châtiment terrible ; il fut emporté par le diable à la vue de ses disciples.
    Bérose prétend que Cham est le même que Zoroastre. Annius de Viterbe pense que Cham pourrait bien être le type du Pan des anciens païens , Kircher dit que c’est leur Saturne et leur Osiris. D’autres prétendent que c’est Cham ou Chamos qui fut adoré sous le nom de Jupiter-Ammon. On dit encore que Cham a inventé l’alchimie, et qu’il avait laissé une prophétie dont l’hérétique Isidore se servait pour faire des prosélytes. Nous ne la connaissons pas autrement que par un passage de Christophe Sand, qui dit que Cham, dans cette prophétie, annonçait l’immortalité de l’âme .
    Chamans, prêtres sorciers des Yacouts. Voy. Mang-Taar.
    Chambres infestées. Voy. Chat, Deshoulièbes, Despilliers, Athénagore, Ayola, etc.
    Chameau. Les musulmans ont pour cet animal une espèce de vénération ; ils croient que c’est un péché de le trop charger ou de le faire travailler plus qu’un cheval. La raison de ce respect qu’ils ont pour le chameau, c’est qu’il est surtout commun dans les lieux sacrés de l’Arabie, et que c’est lui qui porte le Koran, quand on va en pèlerinage à la Mecque.
    Mahomet a mis dans son paradis la chamelle du prophète Saleh .
    Les conducteurs des chameaux, après les avoir fait boire dans un bassin, prennent l’écume qui découle de leur bouche et s’en frottent dévotement la barbe, en disant : « Ô père pèlerin ! ô père pèlerin ! » Ils croient que cette cérémonie les préserve de méfaits dans leur voyage. — Les Turcs croient aussi que la peau du chameau a "des vertus propres aux opérations magiques.
    On voit dans les 'Admirables Secrets d’Albert le Grand, livre II, chap. iii, que « si le sang du chameau est mis dans la peau d’un taureau pendant que les étoiles brillent, la fumée qui en sortira fera qu’on croira voir un géant dont la tête semblera toucher le ciel. Hermès assure l’avoir éprouvé lui-même. Si quelqu’un mange de ce sang, il deviendra bientôt fou ; et si l’on allume une lampe qui aura été frottée de ce même sang, on s’imaginera que tous ceux qui seront présents auront des têtes de chameau, Chammadai, le même qu’Asmodée. Voy. Jean-Baptiste.
    Chamos, démon de la flatterie, membre du conseil infernal. Les Ammonites et les Moabites adoraient le soleil, sous le nom de Chamos, Kamosch ou Kemosch ; et Milton l’appelle l’obscène terreur des enfants de Moab. D’autres le confondent avec Jupiter-Ammon. Vossius a cru que c’était le Cornus des Grecs et des Romains, qui était le dieu des jeux, des danses et des bals.
    Ceux qui dérivent ce mot de l’hébreu Kamos prétendent qu’il signifie le dieu caché, c’est-à-dire Pluton, dont la demeure est aux enfers.
    Chamouillard, noueur d’aiguillette et coquin coupable de plusieurs méfaits, qui fut condamné, par arrêt du parlement de Paris, en 1597, à être pendu et brûlé, pour avoir maléficié une demoiselle de la Barrière. Voy. Ligatures.
    Champ du rire, place où Annibal avait campé, lorsqu'il faisait le siège de Rome, qu'il eût pris aisément s'il ne se fût retiré de devant cette ville, épouvanté de vaines terreurs et de fantômes qui le troublèrent. Les Romains, le voyant lever le siège, firent de grands éclats de rire, et élevèrent là un autel au dieu Rire.
    Champier (Symphorien), Lyonnais du quinzième siècle, qui a publié en 1503 la Nef des dames vertueuses, en quatre livres mêlés de prose et de vers, dont le troisième contient les prophéties des sibylles. On l’a soupçonné à tort d’être l’auteur du traité des Trois Imposteurs ; mais il a laissé un petit livre intitulé De Triplici disciplina. In-8°, Lyon, 1508. On lui doit aussi des dialogues sur la nécessité de poursuivre les magiciens .
    Champignon. Les Hollandais appellent le champignon pain du diable (duivels-brood).
    Chandelle. Cardan prétend que, pour savoir si un trésor est enfoui dans un souterrain où l’on creuse dans ce but, il faut avoir une grosse chandelle, faite de suif humain, enclavée dans un morceau de coudrier en forme de croissant, de manière à figurer avec les deux branches une fourche à trois rameaux. Si la chandelle, étant allumée dans le lieu souterrain, y fait beaucoup de bruit en pétillant avec éclat, c’est une marque qu’il y a un trésor. Plus on approchera du trésor, plus la chandelle pétillera ; enfin elle s’éteindra quand elle en sera tout à fait voisine.
    Ainsi il faut avoir d’autres chandelles dans des lanternes, afin de ne pas demeurer sans lumière. Quand on a des raisons solides pour croire que ce sont les esprits des hommes défunts qui gardent les trésors, il est bon de tenir des cierges bénits au lieu de chandelles communes ; et on les conjure de la part de Dieu de déclarer si l’on peut faire quelque chose pour les mettre en lieu de repos ; il ne faudra jamais manquer d’exécuter ce qu’ils auront demandé .
    Les chandelles servent à plus d’un usage. On voit dans tous les démonographes que les sorcières, au sabbat, vont baiser le derrière du diable avec une chandelle noire à la main. Boguet dit qu’elles allument ces chandelles à un flambeau qui est sur la tête de, bouc du diable, entre ses deux cornes, et qu’elles s’éteignent et s’évanouissent dès qu’on les lui a offertes .
    N’oublions pas que trois chandelles ou trois bougies sur une table sont de mauvais augure ; et que quand de petits charbons se détachent de la lumière d’une chandelle, ils annoncent, selon quelques-uns, une visite  ; mais, selon le sentiment plus général, une nouvelle, agréable s’ils augmentent la lumière, fâcheuse s’ils l’affaiblissent.
    Chandelle de la mort. Voy. Canwyll-Corph.
    Chant. Le chant des possédés est toujours altéré, de manière que les femmes ont une voix d’homme et les hommes une voix de femme.
    Chant du coq. Il dissipe le sabbat.
    Chaomancie, art de prédire les choses futures par le moyen des observations qu’on fait sur l’air. Cette divination est employée par quelques alchimistes, qui ne nous en ont pas donné le secret.
    Chapeau venteux. Voy. Eric.
    Chapelet, objet de dévotion généralement constitué de perles enfilées en collier sur un cordon.
    Il est utilisé par de nombreuses religions pour compter les prières récitées d'une manière répétitive en égrenant les perles qui peuvent être constituées de toutes sortes de matériaux ordinaire (bois, os, noyaux, métal) ou précieux (ivoire, corail, pierre précieuse, perle...).
    Il est utilisé entre autres par les catholiques pour compter les Je vous salue Marie. Un chapelet est constitué de cinq dizaines, chaque dizaine consistant à réciter dix Je vous salue Marie. Quatre chapelets dits successivement - vingt dizaines pour les vingt mystères de la vie de Marie (joyeux, lumineux, douloureux et glorieux) - constituent un 'rosaire'.
     On a remarqué pertinemment que tous les chapelets de sorcières avaient une croix cassée ou endommagée : c’était même un indice de sorcellerie qu’une croix de chapelet qui n’était pas entière.
    Chapelle du damné. Raymond Diocres, chanoine de Notre-Dame de Paris, mourut en réputation de sainteté vers l’an 1084. Son corps ayant été porté dans le chœur de la cathédrale, il leva la tête hors du cercueil à ces graves paroles de l’office des morts : — Répondez-moi, quelles sont mes iniquités ? Responde mihi quantas habeo iniquitates ? etc., et qu’il dit : Justo judicio Dei accusatus sum. (J’ai été cité devant le juste jugement de Dieu.) Les assistants effrayés suspendirent le service et le remirent au lendemain. En attendant, le corps du chanoine resta déposé dans une chapelle de Notre-Dame, la même qu’on appelle depuis la Chapelle du damné. Le lendemain on recommença l’office ; lorsqu’on fut au même verset, le mort parla de nouveau et dit : — Justo Dei judicio judicatus sum. (J’ai été jugé au juste jugement de Dieu.) On remit encore l’office au jour suivant, et au même verset le mort s’écria : — Justo Dei judicio condemnatus sum. (J’ai été condamné au juste jugement de Dieu.) Là-dessus, dit la chronique, on jeta le corps à la voirie ; et ce miracle effrayant fut cause, selon quelques-uns, de la retraite de saint Bruno, qui s’y trouvait présent.
    Quoique cette anecdote soit contestée, elle est consacrée par des monuments. La peinture s’en est emparée, et le Sueur en a tiré parti dans sa belle galerie de Saint-Bruno.
    Chapuis (Gabriel), né à Amboise en 1546. Nous citerons de ses ouvrages celui qui porte ce titre : les Mondes célestes, terrestres et infernaux, etc., tiré des Mondes de Doni ; in-8°, Lyon, 1583. C’est un ouvrage satirique.
    Char de la mort. Voy. Brouette.
    Charadrius, oiseau fabuleux, dont le regard seul guérit la jaunisse; mais il faut que le malade le regarde, et que l'oiseau lui renvoie ses regards assez fixement; car, s'il détournait la vue, le malade mourrait infailliblement.
    Charbon d’impureté, l’un des démons de la possession de Loudun. Voy. Loudun.
    Charité. Les offenses à la charité sont quelquefois punies par la justice divine. On lit dans les Acta sanctorum « qu’un Espagnol connu sous le nom de Michel de Fontarabie, ayant craché dans la main d’un pauvre mendiant qui lui demandait l’aumône, fut aussitôt renversé par terre, et, devenu furieux et possédé, se démena en criant que saint Yves et d’autres personnages vêtus de blanc le rouaient de coups. » — On cite beaucoup d’autres hommes durs aux pauvres qui ont été possédés des démons.
    Charlatans. On attribuait souvent autrefois aux sorciers ou au diable ce qui n’était que l’ouvrage des charlatans. Si nous pensions comme au seizième siècle, tous nos escamoteurs seraient des sorciers.
    Voici ce qu’on lit pourtant dans le Voyage de Schouten aux Indes orientales :
    « Il y avait au Bengale un charlatan qui, en faisant plusieurs tours de souplesse, prit une canne longue de vingt pieds, au bout de laquelle était une petite planche large de trois ou quatre pouces-, il mit cette canne à sa ceinture, après quoi une fille de vingt-deux ans lui vint sauter légèrement par derrière sur les épaules, et, grimpant au haut de la canne, s’assit dessus, les jambes croisées et les bras étendus. Après cela, l’homme ayant les deux bras balancés commença à marcher à grands pas, portant toujours cette fille sur le bout de la canne, tendant le ventre pour l’appuyer, et regardant sans cesse en haut pour tenir la machine en équilibre. La fille descendit adroitement, remonta derechef et se pencha le ventre sur le bâton, en frappant des mains et des pieds les uns contre les autres. Le charlatan ayant mis alors le bâton sur sa tête, sans le tenir ni des mains ni des bras, cette même fille et une autre petite Mauresque de quinze ans montèrent dessus l’une après l’autre ; l’homme les porta ainsi autour de la place en courant et se penchant, sans qu’il leur arrivât le moindre mal. Ces deux mêmes filles marchèrent sur la corde la tête en bas, et firent une multitude d’autres tours de force très* merveilleux. Mais quoique plusieurs d’entre nous crussent que tous ces tours de souplesse fussent faits par art diabolique, il me semble qu’ils pouvaient se faire naturellement ; car ces filles, qui étaient très-adroites, subtiles, et dont les membres étaient grandement agiles, faisaient tout cela à force de s’y être accoutumées et exercées. »
    Il y a eu des charlatans de toutes les espèces : en 1728, du temps de Law, un certain Villars confia à quelques amis que son oncle, qui avait vécu près de cent ans, et qui n’était mort que par accident, lui avait laissé le secret d’une eau qui pouvait aisément prolonger la vie jusqu’à cent cinquante années, pourvu qu’on fût sobre. Lorsqu’il voyait passer un enterrement, il levait les épaules de pitié, a Si le défunt, disait-il, avait bu de mon eau, il ne serait pas où il est. » Ses amis, auxquels il en donna généreusement, et qui observèrent un peu le régime prescrit, s’en trouvèrent bien et le prônèrent ; alors il vendit la bouteille six francs ; le débit en fut prodigieux. C’était de l’eau de Seine avec un peu de nitre. Ceux qui en prirent et qui s’astreignirent au régime, surtout s’ils étaient nés avec un bon tempérament, recouvrèrent en peu de jours une santé parfaite. Il disait aux autres : — C’est votre faute si vous n’êtes pas entièrement guéris. — On sut enfin que l’eau de Villars n’était que de l’eau de rivière ; on n’en voulut plus et on alla à d’autres charlatans. Mais celuilà avait fait sa fortune. Voy. Ane, Chèvre, Alexandre de Paphlagonie, etc.
    Charles-Martel. On attribue à saint Eucher, évêque d’Orléans, une vision dans laquelle, transporté par un ange dans le purgatoire, il vit Charles-Martel qui expiait les pillages qu’il avait soufferts contre les biens de l’Église. À cette vision, on ajoute ce conte que le tombeau de Charles-Martel fut ouvert, et qu’on y trouva un serpent, lequel n’était qu’un démon. Et là-dessus les philosophes, s’en prenant au clergé, l’ont accusé de fraudes. Mais le tombeau de Charles-Martel n’a été ouvert à Saint-Denis que par les profanateurs de 1793 .
    Charlemagne. On lit dans la légende de Berthe au grand pied que, Pépin le Bref voulant épouser Berthe, fille du comte de Laon, qu’il ne connaissait pas, ceux qui la lui amenaient lui substituèrent une autre femme qu’il épousa, ils avaient chargé des assassins de tuer la princesse dans la forêt des Ardennes. Ayant ému leur pitié, elle en obtint la vie, à condition de se laisser passer pour morte. Elle se réfugia chez un meunier, où elle vécut plusieurs années.
    Un jour Pépin, égaré à la chasse, vint chez ce meunier. Son astrologue lui annonça qu’il se trouvait là une fille destinée à quelque chose de grand. Berthe fut reconnue, rétablie dans ses droits ; elle devint mère de Charlemagne. — La légende ajoute que la première épouse de Pépin avait donné le jour à un fils, lequel, par la suite, élu pape sous le nom de Léon III, couronna Charlemagne empereur d’Occident .
    Il serait long de rapporter ici tous les prodiges que l’on raconte de Charlemagne. Son règne est l’époque chérie de nos romans chevaleresques. On voit toujours auprès de lui des enchanteurs, des géants, des fées. On a même dit qu’il ne porta la guerre en Espagne que parce que saint Jacques lui avait apparu pour l’avertir qu’il retirât son corps des mains des Sarrasins. Ses guerres de Saxe ne sont pas moins fécondes en merveilles, et les circonstances de sa vie privée sont rapportées également d’une manière extraordinaire par les chroniqueurs.
    On dit qu’en sa vieillesse il devint si éperdument épris d’une Allemande, qu’il en négligea non seulement les affaires de son royaume, mais même le soin de sa propre personne. Cette femme étant morte, sa passion ne s’éteignit pas ; de sorte qu’il continua d’aimer son cadavre, dont il ne voulait pas se séparer. L’archevêque Turpin, ayant appris la durée de cette effroyable passion, alla un jour, pendant l’absence du prince, dans la chambre où était le cadavre, afin de voir s’il n’y trouverait pas quelque sort ou maléfice qui fût la cause de ce dérèglement. Il visita exactement le corps mort, et trouva en effet sous la langue un anneau qu’il emporta. Le même jour Charlemagne, étant rentré dans son palais, fut fort étonné d’y trouver une carcasse si puante ; et, se réveillant comme d’un profond sommeil, il la fit ensevelir promptement. Mais la passion qu’il avait eue pour le cadavre, il l’eut alors pour l’archevêque Turpin, qui portait l’anneau : il le suivait partout et ne pouvait le quitter. Le prélat, effrayé de cette nouvelle folie, et craignant que l’anneau ne tombât en des mains qui en pussent abuser, le jeta dans un lac, afin que personne n’en pût faire usage à l’avenir. Dès lors Charlemagne devint amoureux du lac, ne voulut plus s’en éloigner, y bâtit auprès un palais et un monastère, et y fonda La ville d’Aix-la-Chapelle, où il voulut être enseveli. On sent que tout ce récit n’est qu’un conte, mais il est fort répandu. Charlemagne, dans ses Capitulaires, consigna contre les sorciers des mesures qui méritent d’être mentionnées. Nous citerons spécialement ce passage : « Quant aux conjurateurs, aux augures, aux devins, à ceux qui troublent le temps ou commettent d’autres maléfices, l’archiprêtre du diocèse les fera interroger soigneusement et les amènera à avouer le mal qu’ils auront fait. Alors ils resteront en prison jusqu’à ce que, par l’aide de Dieu, ils se montrent disposés à se convertir. » Voy. OldenBerg, Vétin, etc.
    Charles le Chauve, deuxième du nom de Charles parmi les rois des Francs. Il eut une vision qui le transporta au purgatoire et en enfer : il y vit beaucoup de personnages qu’il avait connus, entre autres son père, Louis le Débonnaire. De plusieurs il reçut des conseils et des prédictions ; et il écrivit lui-même la relation de ce voyage, relation qui a quelque peu l’air d’une brochure politique.
    Charles VI, roi de France. Ce prince, chez qui on avait déjà remarqué une raison affaiblie, allant faire la guerre en Bretagne, fut saisi en chemin d’une frayeur qui acheva de lui déranger entièrement le cerveau. Il y vit sortir d’un buisson, dans la forêt du Mans, un inconnu d’une figure hideuse, vêtu d’une robe blanche, ayant la tête et les pieds nus, qui saisit la bride de son cheval, et lui cria d’une voix rauque : — « Roi, ne chevauche pas plus avant ; retourne, tu es trahi ! » Le monarque, hors de lui-même, tira son épée et ôta la vie aux quatre premières personnes qu’il rencontra, en criant : — « En avant sur les traîtres ! »
    Son épée s’étant rompue et ses forces épuisées, on le plaça sur un chariot et on le ramena au Mans.
    Le fantôme de la forêt est encore aujourd’hui un problème difficile à résoudre. Était-ce un insensé qui se trouvait là par hasard ? était-ce un émissaire du duc de Bretagne contre lequel Charles marchait ? Tous les raisonnements du temps aboutissaient au merveilleux ou au sortilège. Quoi qu’il en soit, le roi devint tout à fait fou. Un médecin de Laon, Guillaume de Harsely, fut appelé au château de Creil, et, après six mois de soins et de ménagements, la santé du roi se trouva rétablie. — Mais en 1393 son état devint désespéré, à la suite d’une autre imprudence. La reine, à l’occasion du mariage d’une de ses femmes, donnait un bal masqué. Le roi y vint déguisé en sauvage, conduisant avec lui de jeunes seigneurs dans le même costume, attachés par une chaîne de fer. Leur vêtement était fait d’une toile enduite de poix-résine, sur laquelle on avait appliqué des étoupes. Le duc d’Orléans, voulant connaître les masques, approcha un flambeau : la flamme se communiqua avec rapidité, quatre des seigneurs furent brûlés ; mais un cri s’étant fait entendre : — « Sauvez le roi, » Charles dut la vie à la présence d’esprit de la duchesse de Berri, qui le couvrit de son manteau et arrêta la flamme.
    L’état du roi empira de cette frayeur et s’aggrava de jour en jour ; le duc d’Orléans fut soupçonné cle l’avoir ensorcelé. Jordan de Mejer, De divin., cap. xlii, écrit que ce duc, voulant exterminer la race royale, confia ses armes et son anneau à un apostat, pour les consacrer au diable et les enchanter par des prestiges ; qu’une matrone évoqua le démon dans la tour de Montjoie, près de Ligny ; qu’ensuite le duc se servit des armes ensorcelées pour ôter la raison au roi Charles, son frère, si subtilement qu’on ne s’en aperçut pas d’abord.
    Le premier enchantement, selon cette version, se fit près de Beauvais ; il fut si violent que les ongles et les cheveux en tombèrent au roi. Le second, qui eut lieu dans le Maine, fut plus fort encore ; personne ne pouvait assurer si le roi vivait ou non. Aussitôt qu’il revint à lui : — Je vous supplie, dit-il, enlevez-moi cette épée, qui me perce le corps par le pouvoir de mon frère/ d’Orléans. — C’est toujours Mejer qui parle. Le médecin qui avait guéri le roi n’existait plus ; on fit venir du fond de la Guyenne un charlatan qui se disait sorcier, et qui s’était vanté de guérir le roi d’une seule parole : il apportait avec lui un 1 grimoire qu’il appelait Simagorad, par le moyen duquel il était maître de la nature. Les courtisans lui demandèrent de qui il tenait ce livre ; il répondit effrontément que « Dieu, pour consoler Adam de la mort d’Abel, le lui avait donné, et que ce livre, par succession, était venu jusqu’à lui ». Il traita le roi pendant six mois et ne fit qu’irriter la maladie. — Dans ses intervalles lucides, le malheureux prince commandait qu’on enlevât tous les instruments dont il pourrait frapper. — J’aime mieux mourir, disait-il, que de faire du mal. — Il se croyait de bonne foi ensorcelé. Deux moines empiriques, à qui on eut l’imprudence de l’abandonner, lui donnèrent des # breuvages désagréables, lui firent des scarifications magiques ; puis ils furent pendus, comme ils s’y étaient obligés en cas que la santé du roi ne fut pas rétablie au bout de six mois de traitement. Au reste, la mode de ce temps-là était d’avoir près de soi des sorciers ou des charlatans, comme depuis les grands eurent des fous, des nains et des guenons .
    Charles IX, roi de France. Croirait-on qu’un des médecins astrologues de Charles IX lui ayant assuré qu’il vivrait autant de jours qu’il pourrait tourner de fois sur son talon dans l’espace d’une heure, il se livrait tous les matins à cet exercice solennel, et que les principaux officiers de l’État, les généraux, le chancelier, les vieux juges pirouettaient tous sur un seul pied pour imiter le prince et lui faire leur cour  !
    On assure qu’après le massacre politique de la Saint-Barthélemy, par suite surtout de l’effroi que lui causaient les conspirateurs, Charles IX vit des corbeaux sanglants, eut des visions effroyables et reçut par divers tourments le présage de sa mort prématurée. On ajoute qu’il mourut au moyen d’images de cire faites à sa ressemblance, et maudites par art magique, que ses ennemis, les magiciens protestants, faisaient fondre tous les jours par les cérémonies de l’envoûtement, et qui éteignaient la vie du roi à mesure qu’elles se consumaient . En ces temps-là, quand quelqu’un mourait de consomption ou de chagrin, on publiait que les sorciers l’avaient envoûté. Les médecins rendaient les sorciers responsables des malades qu’ils ne guérissaient pas ; — à moins qu’il n’y ait, dans ce crédit universel des sorciers, un mystère qui n’est pas encore expliqué.
    Charles II, duc de Lorraine. Voy. Sabbat.
    Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Il disparut après la bataille de Morat ; et, parmi les chroniqueurs, il en est qui disent qu’il fut emporté par le diable, comme Rodéric ; d’autres croient qu’il se réfugia en une solitude et se fit ermite. Cette tradition a fait le sujet du roman de M. d’Arlincourt intitulé le Solitaire.
    Charles II, roi d’Angleterre. Quoique assez instruit, Charles II était, comme son père, plein de confiance dans l’astrologie judiciaire. Il recherchait aussi la pierre philosophale.
    Charme, enchantement, sortilège, certain arrangement de paroles, en vers ou en prose, dont on se sert pour produire des effets merveilleux. Une femme de je ne sais quelle contrée, ayant grand mal aux yeux, s’en alla à une école publique et demanda à un écolier quelques mots magiques qui pussent charmer son mal et le guérir, lui promettant récompense. L’écolier lui donna un billet enveloppé dans un chiffon et lui défendit de l’ouvrir. Elle le porta et guérit. Une des voisines ayant eu la même maladie porta le billet et guérit pareillement. Ce double incident excita leur curiosité ; elles développent le chiffon et lisent : « Que le diable t’écarquille les deux yeux et te les bouche avec de la boue… »
    Delrio cite un sorcier qui, en allumant une certaine lampe charmée, excitait toutes les personnes qui étaient dans la chambre, quelque graves et réservées qu’elles fussent, à danser devant lui. « Ces sortes de charmes, dit-il, s’opèrent ordinairement par des paroles qui font agir le diable. » Toute l’antiquité a remarqué que les sorciers charmaient les serpents, qui quelquefois tuent le charmeur. Un sorcier de Salzbourg, devant tout le peuple, fit assembler en une fosse tous les serpents d’une lieue à la ronde, et là les fit tous mourir, hormis le dernier, qui était grand, lequel, sautant furieusement contre le sorcier, le tua. « En quoi il appert que ce n’est pas le mot hipokindo, comme dit Paracelse, ni autres mots semblables, ni certaines paroles du psaume 9e qui font seuls ces prodiges ; car comment les serpents eussent-ils ouï la voix d’un homme d’une lieue à la ronde, si le diable ne s’en fût mêlé .
    Nicétas indique à ce propos un charme qui s’opère sans le secours des paroles : « On tue un serpent, une vipère et tout animal portant aiguillon, dit-il, en crachant dessus avant déjeuner… » Figuier prétend qu’il a tué diverses fois des serpents de cette manière, « mouillant de sa salive un bâton ou une pierre, et en donnant un coup sur la tête du serpent… »
    On cite un grand nombre d’autres charmes dont les effets sont moins vrais qu’étonnants. Dans quelques villages du Finistère, on emploie celui-ci : on place secrètement sur l’autel quatre pièces de six liards, qu’on pulvérise après la messe ; et cette poussière, avalée dans un verre de vin, de cidre ou d’eau-de-vie, rend invulnérable à la course et à la lutte . Ces charmes se font au reste à l'insu du curé ; car l’Église a toujours sévèrement interdit ces superstitions.
    Le Grand Grimoire donne un moyen de charmer lés armes à feu et d’en rendre l’effet infaillible ; il faut dire en les chargeant : « Dieu y ait part, et le diable la sortie ; » et, lorsqu’on met en joue, il faut dire en croisant la jambe gauche sur la droite : Non tradas… Mathon. Amen, etc.
    La plupart des charmes se font ainsi par des paroles dites ou tracées dans ce sens. Charme vient du mot latin carmen, qui signifie non-seulement des vers et de la poésie, mais une formule de paroles déterminées dont on ne doit point s’écarter. On nommait carmina les lois, les formules des jurisconsultes, les déclarations de guerre, les clauses d’un traité, les évocations des dieux . Tite-Live appelle lex horrendi carminis la loi qui condamnait à mort Horace meurtrier de sa sœur.
    Quand les Turcs ont perdu un esclave qui s’est enfui, ils écrivent une conjuration sur un papier qu’ils attachent à la porte de la hutte ou de la cellule de cet esclave, et il est forcé de revenir au plus vile, devant une main invisible qui le poursuit à grands coups de bâton.
    Pline dit que de son temps, par le moyen de certains charmes, on éteignait les incendies, on arrêtait le sang des plaies, on remettait les membres disloqués, on guérissait la goutte, on empêchait un char de verser, etc. — Tous les anciens croyaient fermement aux charmes, dont la formule consistait ordinairement en certains vers grecs ou latins.
    Bodin rapporte, au chap. v du liv. III de la Démonomanie, qu’en Allemagne les sorcières tarissent par charme le lait des vaches, et qu’on s’en venge par un contre-charme qui est tel : — On met bouillir dans un pot du lait de la vache tarie, en récitant certaines paroles (Bodin ne les indique pas) et frappant sur le pot avec un bâton.
    En même temps le diable frappe la sorcière d’autant de coups, jusqu’à ce qu’elle ait ôté le charme.
    On dit encore que si, le lendemain du jour où l’on est mis en prison, on avale à jeun une croûte de pain sur laquelle on aura écrit : Senozam, Gozoza, Gober, Dom, et qu’on dorme ensuite sur le côté droit, on sortira avant trois jours.
    On arrête les voitures en mettant au milieu du chemin un bâton sur lequel sont écrits ces mots : Jérusalem, omnipolens, etc., convertis-toi, arrête-toi là. Il faut ensuite traverser le chemin par où l’on voit arriver les chevaux.
    On donne à un pistolet la portée de cent pas, en enveloppant la balle dans un papier où l’on a inscrit le nom des trois rois. On aura soin, en ajustant, de retirer son haleine, et de dire : « Je te conjure d’aller droit où je veux tirer. »
    Un soldat peut se garantir de l’atteinte des armes à feu avec un morceau de peau de loup ou de bouc, sur lequel on écrira, quand le soleil entre dans le signe du bélier : « Arquebuse, pistolet, canon ou autre arme à feu, je te commande que tu ne puisses tirer, de par l’homme, etc. »
    On guérit un cheval encloué en mettant trois fois les pouces en croix sur son pied, en prononçant le nom du dernier assassin mis à mort, en récitant trois fois certaines prières…
    Il y a une infinité d’autres charmes.
    On distingue le charme de l’enchantement, en ce que celui-ci se faisait par des chants. Souvent on les a confondus. Voy. Contre-Charmes, Enchantements, Maléfices, Talismans, Paroles, Phylactères, Ligatures, Chasse, Philtres, etc.
    Chartier (Alain), poète du commencement du quinzième siècle. On lui attribue un traité sur la Nature du feu de l’enfer, que nous ne sommes pas curieux de connaître.
    Chartumins, enchanteurs de Chaldée, avaient un grand crédit du temps du prophète Daniel.
    Chasdins, astrologues de la Chaldée. Ils tiraient l’horoscope, expliquaient les songes et les oracles et prédisaient l’avenir par divers moyens.
    Chassanion (Jean de), écrivain protestant du seizième siècle. On lui doit le livre « des Grands et redoutables jugements et punitions de Dieu advenus au inonde, principalement sur les grands, à cause de leurs méfaits. » In-8°, Morges, 1581. Dans cet ouvrage très-partial, il se fait de grands miracles en faveur des protestants ; ce qui est prodigieux. Chassanion a écrit aussi un volume sur les géants.
    Chasse. — Secrets merveilleux pour la chasse.
    — Mêlez le suc de jusquiame avec le sang et la peau d’un jeune lièvre ; cette composition attirera tous les lièvres des environs. — Pendez le gui de chêne avec une aile d’hirondelle à un arbre ; tous les oiseaux s’y rassembleront de deux lieues et demie. — On dit aussi qu’un crâne d’homme caché dans un colombier y attire tous les pigeons d’alentour. — Faites tremper une graine, celle que vous voudrez, dans la lie de vin, puis jetez-la aux oiseaux ; ceux qui en tâteront s’enivreront, et se laisseront prendre à la main.
    Et le Petit Albert ajoute : « Ayez un hibou que vous attacherez à un arbre : allumez tout près un gros flambeau, faites du bruit avec un tambour ; tous les oiseaux viendront en foule pour faire la guerre au hibou, et on en tuera autant qu’on voudra avec du menu plomb. »
    Pour la chasse de Saint-Hubert, Voy. Veneur. Voy. aussi Arthus, M. de la Forêt, Écureuils, etc.
    En 1832, on vit à Francfort, aux premiers jours du printemps, un chasseur surnaturel qui est supposé habiter les ruines du vieux château gothique de Rodenstein. Il traversa les airs dans la nuit, avec un grand fracas de meutes, de cors de chasse, de roulements de voitures, ce qui infailliblement annonce la guerre, selon le préjugé du peuple .
    Chassen (Nicolas), petit sorcier de Franeker, au dix-septième siècle ; il se distingua dès l’âge de seize ans. Ce jeune homme, Hollandais et calviniste, étant à l’école, faisait des grimaces étranges, roulait les yeux et se contournait tout le corps ; il montrait à ses camarades des cerises mûres au milieu de l’hiver ; puis, quand il les leur avait offertes, il les retirait vivement et les mangeait.
    Dans le prêche, où les écoliers avaient une place à part, il faisait sortir de l’argent du banc où il était assis. Il assurait qu’il opérait tous ces* tours par le moyen d’un esprit malin qu’il appelait Sérug. — Balthazar Bekker dit dans le Monde enchanté qu’étant à cette école, il vit sur le plancher un cercle fait de craie, dans lequel on avait tracé des signes dont l’un ressemblait à la tête d’un coq ; quelques chiffres étaient au milieu. Il remarqua aussi une ligne courbe comme la poignée d’un moulin à bras ; tout cela était à demi effacé. Les écoliers avaient vu Chassen faire ces caractères magiques. Lorsqu’on lui demanda ce qu’ils signifiaient, il se tut d’abord ; il dit ensuite qu’ils les avait faits pour jouer. On voulut savoir comment il avait des cerises et de l’argent ; il répondit que l’esprit les lui donnait.
    — Qui est cet esprit ?
    Beelzébuth, répondit-il.
    Il ajouta que le diable lui apparaissait sous forme humaine quand il avait envie de lui faire du bien ; d’autres fois sous forme de bouc ou de veau ; qu’il avait toujours un pied contrefait, etc. « Mais, dit Bekker, on finit par reconnaître que tout cela n’était qu’un jeu que Chassen avait essayé pour se rendre considérable parmi les enfants de son âge ; on s’étonne seulement qu’il ait pu le soutenir devant tant de personnes d’esprit pendant plus d’une année. »
    Chassi, démon auquel les habitants des îles Mariannes attribuaient le pouvoir de tourmenter ceux qui tombaient dans ses mains. Ainsi l'enfer était pour eux la maison de Chassi.
    Chastenet (Léonarde), vieille femme de quatre-vingts ans, mendiante en Poitou, vers 1591, et sorcière. Confrontée avec Mathurin Bonnevault, qui soutenait l’avoir vue au sabbat, elle confessa qu’elle y était allée avec son mari ; que le diable, qui s’y montrait en forme de bouc, était une bête fort puante. Elle nia qu’elle eût fait aucun maléfice. Cependant elle fut convaincue, par dix-neuf témoins, d’avoir fait mourir cinq laboureurs et plusieurs bestiaux. Quand elle se vit condamnée, pour ses crimes reconnus, elle confessa qu’elle avait fait pacte avec le diable, lui avait donné de ses cheveux, et promis de faire tout le mal qu’elle pourrait ; elle ajouta que la nuit, dans sa prison, le diable était venu à elle, en forme de chat, « auquel ayant dit qu’elle voudrait être morte, icelui diable lui avait présenté deux morceaux de cire, lui disant qu’elle en mangeât, et qu’elle mourrait ; ce qu’elle n’avait voulu faire. Elle avait ces morceaux de cire ; on les visita, et on ne put juger de quelle matière ils étaient composés. Cette sorcière fut donc condamnée, et ces morceaux de cire brûlés avec elle . »
    Chasteté, les Romains en avaient fait une déesse, et la représentaient sous l'habit d'une dame romaine, tenant un sceptre en main, et ayant à ses pieds deux colombes blanches. C'est ainsi qu'on la voit sur le revers d'une médaille de la jeune Faustine. Ailleurs, c'est une femme vêtue de blanc et voilée, qui s'appuie sur une colonne, et tient une branche de cinnamome. Elle a aussi un crible rempli d'eau, allusion à cette vestale romaine qui, dit-on, soutint cette épreuve. Cochin ajoute des pièces de monnaie à ses pieds, la tête d'un serpent qu'elle écrase, et des charbons ardents sur lesquels elle marche. D'autres iconologistes lui ont donné pour symbole l'hermine, avec une ceinture sur laquelle on lit ces mots: Me castigo; je me réprime. On ajoute au pied de la figure, un Amour dont l'arc est rompu, et dont les yeux sont couverts d'un bandeau.
    Les livres de secrets merveilleux, qui ne respectent rien, indiquent des potions qui, selon eux, ont pour effet de révéler la chasteté, mais qui, selon l’expérience, ne révèlent rien du tout.